Two meetings at once. - ft. Arys

Two brides who meet – Part 1

Alyria n’avait jamais été à Noirport, pas dans ses souvenirs en tout cas puisque les Manning avaient toujours fait le déplacement vers Port-Réal. Cela aurait pu être le cas pour le mariage de ser Arys mais Alyria, alors fiancée au roi, avait assisté avec la famille royale aux funérailles de la reine-mère Rhaella Targaryen qui venait de rendre son dernier souffle. Cependant, elle côtoyait depuis sa nomination au conseil le seigneur de la maison, lord Corlys qui était, au fil des lunes, devenu un ami. Ils avaient même discuté ensemble d’une alliance entre leurs deux familles. Anton était encore le seigneur de la maison Farring et tous trois avaient engagé des discussions pour marier l’héritier d’Anton et la jeune Zhoe. Celle-ci était dans le collimateur de la reine depuis plusieurs lunes maintenant. Elle ne pouvait en faire sa dame de compagnie puisqu’elle en avait déjà quatre mais comme la jeune couronnienne lui plaisait bien, elle pensa tout de suite à elle lorsqu’Anton lui parla de marier le jeune héritier. Elle serait parfaite pour lui. Les discussions se poursuivirent mais la guerre dans le Nord et la mort d’Anton interférèrent avec les projets en cours. Alyria eut bien du mal à reprendre contact avec le vieux Manning. La mort d’Anton était difficile à accepter et son chagrin était si immense. Pourtant, le mariage était nécessaire, en plus maintenant que Jaremy était le seigneur de Castel-Farring. Il avait beau avoir une floppée de frères et sœurs, il lui fallait désormais assurer sa descendance. Il était alors venu à Port-Réal rencontrer une première fois Zhoe et récemment, par lettre, il avait été convenu entre la reine et le seigneur couronnien qu’ils les feraient de nouveau rencontrer à Noirport où tout le monde semblait s’être donné rendez-vous pour le mariage de Godric et Melara.

- Tu es beau, mon neveu. Je suis sûr que lady Zhoe est honorée et heureuse d’être ta future épouse. L’es tu ?

- Bien sûr, Votre Majesté. Je suis très heureux que vous m’ayez choisi lady Zhoe et merci pour vos compliments. Ils me vont droit au cœur.

Le jeune Jaremy était le portrait craché de son père mais était bien différent dans le caractère. Pourtant, ils partageaient les mêmes valeurs et les mêmes principes. Alyria les lui avait inculqués ces dernières semaines passées avec lui à Port-Réal. Aujourd’hui, ils étaient tous deux à Noirport alors que le doux printemps se faisait ressentir. Comme convenu avec Corlys, une rencontre avait été organisée entre Jaremy et Zhoe. Ils seraient tous deux chaperonnés par la reine elle-même, qui avait tenu à être là, et par Arys Manning, le frère de Zhoe. Ce serait alors l’occasion pour la reine de discuter avec le jeune et beau Arys, héritier de la maison Manning. Alyria et Jaremy s’étaient déjà installés dans le petit salon prévu pour la rencontre. C’était un programme chargé que la reine avait alors qu’elle enchaînait les voyages avec son époux le roi depuis le départ de Port-Réal quelques semaines plus tôt. Ils avaient en premier lieu assisté au mariage de Jacaerys Velaryon et étaient désormais à Noirport pour celui de Godric et Melara. C’était par ailleurs le matin même du mariage qu’avait été prévue la rencontre entre les deux fiancés. Les jours étaient chargés et bien que le Soleil demeurât levé un peu plus longtemps désormais, les journées n’avaient rallongé leur durée et étaient bien trop courtes selon la reine.

- Ton père serait fier de toi, Jaremy. Je suis fier de toi. N’oublie jamais ça.

- Promis.

Cela sonnait si solennel dans la bouche du jeune seigneur. Alyria lui adressa un large sourire lorsque la porte s’ouvrit et laissa apparaître lady Zhoe et son frère, ser Arys. Il était bien sûr de coutume que la reine soit saluée en premier. Elle avait le rang le plus haut dans la pièce. Aussi attendit-elle les révérences avant de s’avancer et de saluer les deux Manning.

- Lady Zhoe, quel plaisir de vous revoir, ma chérie. Vous resplendissez.

La reine vint alors embrasser la jeune femme avec laquelle elle avait tant sympathiser lorsque celle-ci était à Port-Réal. Elle avait même partagé un délicieux moment bien avant tout le tumulte de l’année 302 déjà entaché par la fin en demi-teinte de l’année précédente. C’était là le lot d’être une Targaryen, membre de la famille royale, reine des Sept Couronnes même. Elle n’avait jamais un moment de répit. Elle se tourna ensuite vers le jeune héritier de la maison et le salua à son tour.

- Ser Arys, ravie de vous revoir également et merci à vous et votre famille pour l’accueil que vous nous faites.

Alyria était suivie de près par son neveu qui adressa quelques mots à lady Zhoe pour la saluer. Un compliment pouvait même être entendue. Il est vrai que la jeune femme était vraiment très belle. Puis le jeune seigneur salua son futur beau-frère très respectueusement. Maintenant que les salutations étaient faites et que l’étiquette avait été respectée, la rencontre entre les fiancés pouvaient commencer.

Two brides who meet – Part 2

Après les dernières vérifications de la reine, il était temps pour la tante et le neveu d’accueillir dans cette pièce préparée pour eux, l’héritier des lieux et sa jeune sœur, lady Zhoe. Cela faisait un moment que la reine n’avait pas vu la jeune Manning mais elle n’en perdit pas la proximité qu’elle avait avec elle. Elle se souvient encore de leur rencontre au Donjon Rouge alors qu’elle songeait à lui trouver une place auprès d’elle. Finalement, c’est aux côtés de son jeune neveu qu’elle allait prendre place alors que celui-ci était désormais seigneur comme tous ceux qui avaient malheureusement perdu un père, un frère, un oncle, un cousin seigneur lors de la bataille de Winterfell. Son regretté frère, lord Anton, serait fier de son fils, de le voir prendre ses responsabilités au sérieux, quand bien même il ait peur ou appréhende la suite. Il n’en montrait pourtant aucun signe. Alyria était fière. Se tournant alors vers le jeune Arys – par les Sept, les enfants de Corlys Manning étaient d’une beauté à faire des jaloux et des jalouses – elle le salua à son tour. Les mots du frère et la sœur sont accueillis avec un large sourire de la reine tandis que le jeune Jaremy semblait quelque peu intimidé. Cela amusait la reine et alors qu’il salua à son tour sa promise, la reine accepta l’invitation à s’asseoir. Du coin de l’œil, elle voyait bien que son neveu ne savait pas trop comment s’y prendre mais la jeune dame entamant la conversation, il ne fait aucun doute qu’il se détendrait à mesure de lui répondre.

- Lady Manning. C’est… c’est un plaisir pour moi aussi que de vous revoir. Si je puis me permettre de poursuivre les dires de ma tante, vous êtes ravissante.

Il marqua une courte pause, probablement pour reprendre un peu ses esprits. Alyria ne put qu’afficher un sourire amusé alors qu’elle se tourna vers Arys qui lui faisait face. Les deux chaperons étaient à quelques fauteuils des deux jeunes fiancés. Cela permettait de garder un œil sur eux sans pour autant être intrusif dans leur conversation à venir. Il fallait bien qu’ils fassent plus amples connaissances. La dernière rencontre datait d’il y a quelques semaines et ils n’avaient fait que se présenter l’un à l’autre et s’échanger quelques banalités. Là, ils pourraient développer un peu plus tout comme la reine avec Arys. Bien sûr, les Manning étaient très présents à la cour royale mais rares avaient été les échanges entre la reine et le chevalier.

- Le voyage s’est bien passé. Je dois avouer que je n’ai pas énormément voyagé. Je connaissais la capitale puisque ma tante y réside mais j’ai pu découvrir Lamarck et Noirport, votre fief. Et vous, lady Zhoe ? Comment vous portez-vous ?

Un regard maternel pouvait se voir dans les yeux d’Alyria. Elle était fière de son neveu et malgré la distance qui les avait éloignés toutes ces années, elle était heureuse d’avoir pu se lier au fils de son frère de la sorte. Il lui ressemblait tellement. C’en était aussi douloureux qu’agréable. Le deuil de son frère serait long, très long voir infini. Peut-on guérir d’une telle souffrance ? D’une telle absence ? Alyria avait cru ne jamais s’en relever mais elle avait pu compter sur la présence de ses dames mais surtout de ses enfants. Aerion et Rhaenys, dont elle était le plus proche, lui donnaient des raisons de se battre. Malgré toutes les pertes endurées, il lui restait encore des proches pour qui elle voulait vivre. Son temps n’était de toute façon pas venu. Faisant de nouveau face au jeune homme, elle entama la conversation après avoir demandé à une servante affiliée à son service le temps du séjour, d’apporter boissons et mets.

- Pardonnez mon absence de réponse, ser Arys. Voir ces deux jeunes gens ensemble, à leurs âges, sur le point de s’unir d’ici quelques lunes, je dois dire que cela me ravit. Cette union était importante pour mon frère. Se lier à votre famille est un honneur. S’il avait pu être des nôtres aujourd’hui, il en aurait été ravi.

La reine garda son doux sourire et poursuivit sur le même ton, répondant finalement au jeune héritier.

- Tout va bien pour ma part. Je dois dire que votre accueil a été parfait et je n’oublierai pas de transmettre mes remerciements à votre père. Je n’étais jamais venu à Noirport et je dois dire que je suis agréablement surprise. Cela change de Port-Réal mais je pense que je dirai cela de n’importe quel fief où je me trouve.

Alyria laissa échapper un petit rire. Il est vrai que face à la fourmilière port-réalaise, n’importe quel fief marquait le changement. Il y en avait pourtant certains pour lesquels elle n’avait aucune affinité comme les Épois mais il va de soi qu’il y avait un contexte derrière. Son premier mariage avec ser Simon n’avait pas été glorieux et était resté sans postérité. Quoiqu’il en soit Noirport rayonnait de mille feux pour le mariage du second fils de Corlys. La reine pouvait espérer en faire de même à Castel-Farring pour le mariage de la dernière de la fratrie Manning alors que pour la fratrie Farring, bien plus jeune, le bal des mariages ne faisait que commencer.

Two brides who meet – Part 3

Les choses avaient changé en si peu de temps. Alyria avait perdu un frère. Jaremy avait perdu un père. Il était devenu seigneur de Castel-Farring. Il était encore si jeune et pourtant pas si jeune que ça. Alyria avait tendance à le voir encore comme cet enfant qu’elle connaissait que trop peu. Elle ne l’avait pas vu grandir et en le voyant dans le courant de la lune 2, celui lui avait fait un choc. Quelques années auparavant, elle l’avait vu mais le changement avait été flagrant quant à sa ressemblance avec son père, elle était évidente. Il était le digne héritier de feu lord Anton Farring. Il ferait la fierté de son père, de son grand-père dont il portait le prénom et de la famille tout entière. L’enfance et l’insouciance de son neveu avaient laissé place à l’âge adulte et aux responsabilités. Alyria ne le traiterait pas comme un enfant mais comme un seigneur vassal du roi, son époux. Il avait beau être son neveu, il représentait une famille de la Couronne. Étant donné ce statut, il fallait désormais qu’il assure l’avenir de la famille Farring. Elle n’était pas encore menacée d’extinction mais il fallait reconnaître que le nombre de membres avait grandement diminué depuis la rébellion du Cerf. La branche principale ne comptait plus que les enfants d’Anton, aussi nombreux soient-ils, tandis que la branche secondaire n’était guère nombreuse. Le mariage de Jaremy avec lady Zhoe Manning puis celui de Falyse avec lord Vaemond Celtigar permettaient aux Farring d’ouvrir un nouveau chapitre de leur histoire. Ces deux mariages orchestrés par la reine feraient la fierté d’Anton, elle n’en doutait aucunement. Ils permettaient la continuité de la lignée directe des seigneurs de Castel-Farring et d’obtenir des alliances solides avec des familles amies. Les Manning étaient très liés aux Targaryen et Alyria tenait en haute estime les membres de cette famille. Elle avait jeté son dévolu sur la jeune Zhoe dès le premier regard posé sur elle. Quant au Celtigar, son amitié avec Vaelle serait encore plus renforcée en permettant au seigneur de sa famille natale d’enfin se marier et de faire perdurer leur nom.

Les deux jeunes fiancés s’étaient déjà rencontrés plus brièvement à Port-Réal mais cette nouvelle rencontre se voulait plus officielle. Chaperonnés par la reine elle-même et l’héritier de Noirport, les deux jeunes gens faisaient ainsi connaissance. Ils étaient si mignons ensemble et Alyria était plus que ravie de les voir devenir complice. Elle espérait bien qu’ils s’entendent bien. Elle misait énormément sur la jeune Zhoe qu’elle avait eu plaisir à rencontrer au Donjon Rouge il y a un peu plus d’un an. Cette jeune femme avait été une bouffée d’air frais si agréable. Elle ferait une excellente épouse pour son jeune neveu. Attendrie par le futur couple, elle fit part de son ravissement à ser Arys qui lui tenait compagnie. C’était également une joie et un honneur pour elle que de passer quelques instants avec l’héritier Manning. Tandis que les deux jeunes couronniens discutaient de leurs fiefs natals respectifs, Arys présentait ses condoléances à la reine. Cette-dernière, préférant le silence, de peur de montrer son chagrin encore présent à la mention de la disparition d’Anton, la remercia en silence, d’un signe de tête et d’un sourire. La conversation bifurqua assez rapidement sur la différence entre Port-Réal et Noirport d’ailleurs. La reine reconnaissait aisément que le fief des Manning est des plus reposants comparé à la fourmilière qu’était la capitale. Le jeune Arys confirmait les dires de la reine et partageait son expérience de la ville royale.

- C’est le cas, soyez en assuré, ser Arys. Nos deux séjours, à Lamarck ainsi que chez vous, actuellement, sont des plus reposants. Cela me fait penser à mon fief natal, Castel-Farring, que j’aurai plaisir à vous faire découvrir d’ici quelques lunes. C’est si paisible, loin du tumulte de la capitale. C’est si reposant, bien plus que Peyredragon même.

De l’autre côté de la pièce, Jaremy, dont le rouge sur les joues commençait peu à peu à s’effacer, poursuivait la conversation avec sa jeune promise. Courtois, respectueux et n’ayant d’yeux que pour elle, il aimait l’écouter. Sa première impression sur cette jeune femme qu’il ne connaissait encore que trop peu, était plutôt bonne et avait déjà hâte de pouvoir en parler en privé à sa tante. Il avait également hâte de la faire venir à Castel-Farring, son futur foyer.

- Je vous rejoins totalement. Le temps passe à la fois si vite et pas assez. Je me vois encore jeune enfant à Castel-Farring, loin de toutes ses responsabilités qui m’incombent désormais ou encore aux côtés de ma tante il y a encore quelques lunes sans imaginer une seule seconde que je vous serai promis.

Il marqua une courte pause, buvant alors une gorgée de vin qu’on leur avait servi.

- Mais j’ose espérer que le temps passe vite dans les semaines à venir. Je serai ravi de pouvoir découvrir Noirport à vos côtés mais je le serai encore plus de vous faire, à mon tour, découvrir Castel-Farring.

Les deux fiefs étaient bien différents mais tous deux charmants. Ils aspiraient tous deux à être des havres de paix pour ses habitants. La reine en convenait aisément et le jeune Jaremy ne pouvait que partager cette pensée. Il appréciait lady Zhoe, la trouvait charmante, agréable, cultivée. Dans les premiers instants, il avait semblé intimider. Alyria les regardait à nouveau et la timidité des premiers instants avait laissé place à l’aisance, aux sourires assurés, aux rires. Tout se passait à merveille, la reine en était satisfaite. Elle revint alors vers ser Arys dont la compagnie lui était fort plaisante et agréable. Elle n’avait pas eu l’occasion d’énormément échanger avec le jeune chevalier contrairement avec sa sœur, lady Zhoe ou bien leur père, lord Corlys. La reine profitait donc de ce court séjour pour le mariage de ser Godric et lady Melara pour saisir les occasions de s’entretenir avec les différents membres de cette famille qu’elle affectionnait particulièrement.

- Maintenant que j’y songe, il est donc fort possible que nous nous sommes croisés du temps où vous fréquentiez souvent la capitale. Vous excuserez par ailleurs ma mémoire si j’omets que nous nous sommes réellement rencontrés à l’époque sans que je puisse m’en souvenir aujourd’hui.

Il fallait dire qu’à l’époque, Alyria était une femme de l’ombre. Dame de compagnie de la princesse Rhaenys, elle était rarement sur le devant de la scène. Elle officiait auprès de la jeune princesse qu’elle appréciait et considérait comme sa fille. Elle en avait croisé des courtisans et autres nobles de la cour. À cet instant, cherchant dans sa mémoire, elle ne se souvenait pas pour autant d’avoir croisé la route d’un jeune Manning. Elle espérait que cela ne serait vraiment pas le cas. Alyria ne souhaitait aucunement vexer Arys sans quoi elle s’en voudrait assurément.

From yesterday to tomorrow

Jaremy Farring a toujours été un garçon très poli, agréable et respectueux. L’éducation faite par Anton et son épouse ont porté ses fruits et Alyria était fier du jeune homme qu’il était devenu. Ce n’est pas parce qu’il s’agissait de son neveu mais elle le trouvait différent. Il n’a pas été, du peu qu’elle l’ait vu à l’époque, un enfant turbulent comme ils pouvaient l’être parfois. Son petit frère Renfred, et actuel héritier, semblait bien plus rebelle que lui. Tout comme la jeune Marla était plus intrépide que sa sœur Falyse. La reine se demandait alors pourquoi les aînés semblaient sages tandis que les cadets étaient parfois dissipés. Une question d’âge peut-être, de rôle, de statut au sein de la fratrie. Ils étaient nombreux, c’était là la chance que son frère avait eu, d’avoir plein d’enfants et ce, malgré la perte d’une petite fille il y a quelques années. De son côté, la reine espérait encore pouvoir donner un second enfant au roi, pourquoi pas une fille même. Elle en faisait souvent le rêve, elle qui aurait aimé plusieurs enfants. Elle ne se plaignait pourtant pas. Elle avait eu la chance d’élever la jeune Rhaenys, d’être au contact des jeunes Aegon et Robb, rencontrant parfois les enfants de la cour comme avait pu l’être Arys Manning en son temps. Une multitude de petites têtes étaient présentes à la cour royale en tout temps et en toute heure. Avant cet entretien chaperonné par ses soins, elle avait pu discuter un peu avec son neveu. Elle était en quelque sorte en charge de son éducation désormais. Il était seigneur et sur le point d’épouser une fille d’une maison amie et proche de la Couronne. Alyria avait bien des choses à lui apprendre, à lui transmettre, à lui conseiller. Le jeune homme était intelligent et conscient du devoir qui l’incombait désormais. Cela ne pouvait encore une fois que la rendre plus fière.

Quelques petits coups d’œil alors qu’elle discutait avec ser Arys lui permit de voir que Jaremy et Zhoe semblaient s’entendre à merveille. La discussion se passait bien. Des sourires, voire quelques rires, pouvaient être perçus. Son neveu semblait surpasser sa timidité avec brio. Il le fallait. D’ici quelques semaines, la jeune femme allait être son épouse et tous deux dirigeraient alors Castel-Farring. Ils étaient jeunes et avaient beaucoup à apprendre mais ils y arriveraient. Alyria espérait un mariage heureux sur tous les plans. C’est ce qu’elle souhaitait pour ses nièces et ses neveux. Jaremy était rassuré face à sa promise et ses dires. Il lui avait fallu quelques minutes mais il était désormais plus détendu et il l’était encore plus que la dernière fois, lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Il se sentait plus à l’aise en sa présence et rougissait de moins en moins. C’était amusant à voir pour sa tante qui n’était pas très loin. Sa présence l’aidait, l’obligeant en quelque sorte à se tenir comme il le devait, tel un seigneur de la Couronne. Car c’est ce qu’il était désormais, par la force des choses. Son regard ne déviait aucunement de celui de Zhoe et un sourire habillait son visage depuis qu’ils parlaient tous deux. Elle lui parlait du mariage de son frère, ser Godric, ce pourquoi ils étaient présents, et il n’avait d’yeux que pour elle jusqu’à ce qu’elle lui déclare son espoir qu’il soit son cavalier pour la fête. C’était là une demande soudaine mais il n’hésita pas une seule seconde.

- Comment pourrais-je vous refuser cela, ma Dame ? D’ici quelques semaines, nous serons mariés et je dois bien avouer qu’il me tarde d’y être. Alors, si cela est accepté par nos chaperons...

Il jeta un œil vers sa tante et son futur beau-frère qui discutaient, faisant mine de ne pas les regarder. Il revint rapidement vers elle et poursuivit ainsi.

- … ce sera un plaisir pour moi que d’être votre cavalier pour le mariage de votre frère.

Jaremy ne pouvait qu’en être ravi. Si son mariage avait été arrangé sans qu’il prenne part aux discussions par son père et sa tante, cela ne l’empêchait pas d’espérer y inclure de l’amour. Il avait été subjugué par la beauté de la jeune femme et aujourd’hui encore, il ne regardait qu’elle. Bien sûr, il faudrait attendra encore quelque temps pour que de véritables sentiments viennent se mêler à ce mariage arrangé mais Jaremy avait bon espoir. Il appréciait ces petits moments passés à ses côtés pour qu’ils en apprennent plus sur l’autre. Cela était bien plus pratique. Il n’aurait pas souhaité, quand bien même on ne lui demandait pas son avis, rencontrer sa promise le jour-même de son mariage. Cela arrivait bien souvent, il en était conscient. Sa jeune sœur, Falyse, promise à lord Celtigar était dans ce cas présent. Une rencontre au préalable ne semblait pas pouvoir se faire. Falyse demeurait à Castel-Farring, pleurant la mort de son papa chéri. Elle aurait été incapable de tenir tout le long d’une cérémonie de mariage. Quant à rencontrer son promis ? Hors de question. Jaremy ne voulait pas donner une mauvaise image de sa maison et surtout de sa petite sœur. Il était donc fort probable que celle-ci ne rencontre son fiancé que le jour des noces prévues pour la fin de l’année.

Alyria et Arys parlaient, eux, de la tranquillité des campagnes, des fiefs loin de Port-Réal. Que le jeune chevalier ne se méprenne pas. La reine adorait la capitale, elle y habitait depuis plus de quinze ans désormais et s’était habituée à cette fourmilière bourdonnante. Néanmoins, elle ne pouvait que reconnaître l’avantage des autres fiefs de la Couronne, bien moins imposant et bien moins bruyant que la capitale. Castel-Farring était un petit havre de paix et elle adorait y retourner quand l’occasion s’y présentait. La dernière en date était celle de l’hommage pour son frère, loin d’être une bonne occasion pour retrouver son foyer natal. Mais la reine avait su passer outre cela, difficilement mais sûrement. Heureusement, la prochaine fois, ce sera pour le mariage de son neveu. Certes imbibé d’un certain chagrin causé par l’absence de son frère, il n’en demeurera pas moins un événement joyeux auquel elle sera heureuse d’assister. La discussion se poursuivit sur un ton des plus nostalgiques. La reine et le chevalier se remémoraient les temps passés et à quel point tant de choses avaient changé. S’excusant de sa mémoire quelque peu défaillante, la reine fut contente que le jeune homme ne lui en tienne pas rigueur. Ils avaient probablement dû se croiser du temps où le jeune Manning parcourait les couloirs du Donjon Rouge mais cela remontait à si longtemps et tant d’enfants les avaient parcourus. Aujourd’hui, tout était différent. Alyria était devenue reine et croulait sous les responsabilités dues à son rang tandis qu’Arys, héritier de sa maison, avait désormais une famille à s’occuper. Lady Jyana lui avait donné deux enfants déjà. Une nouvelle génération se dessinait là, celle qui les remplacerait dans quelques décennies.

- En effet, tant de choses ont changé et le temps est passé si vite.

Aux dires d’Arys, la reine avait laissé son rire s’échapper, un petit rire discret et sincère. La plaisanterie du jeune héritier avait réussi sur la reine qui ne pouvait qu’acquiescer ses dires. Elle se souvenait elle-même du jeune Aegon qui n’était pas en reste pour les bêtises de son âge. Il n’était jamais seul, cela va sans dire. Le jeune Loup ne devait pas être loin et tous deux avaient su trouver des alliés de choix dans les enfants présents à la cour royale en ces temps qui paraissaient si lointain. La reine fut alors touchée par une vague de nostalgie et de mélancolie. Il était effectivement loin le temps où la jeune Rhaenys lui demandait une histoire ou bien de coiffer ses cheveux comme elle. Le temps où le jeune Aegon était insouciant et innocent, bien loin des responsabilités, quand bien même il portait le titre d’héritier à l’époque. Le temps a passé. Rhaenys était une femme, une princesse digne de ses parents, mélange parfait entre le roi Rhaegar et la reine Elia. Aegon avait renoncé au trône contre toute attente et devait vivre désormais avec le poids de ce choix et de toutes les épreuves qu’il avait subi jusqu’ici. Ses deux enfants, puisqu’elle les considérait comme tel, avaient bien grandi. Heureusement, elle avait eu entre temps un fils, son propre fils. Aerion. Il lui manquait atrocement alors que le couple royal s’était rendu à Lamarck puis ici, à Noirport. Reportant toute son attention vers Arys, elle répliqua, amusée.

- Je ne peux que vous donner raison, ser Arys. Mais après tout, quel enfant ne devient pas terrible lorsque les parents tournent le dos ? Je pense actuellement à mon petit Aerion, resté à Port-Réal avec sa sœur. J’ai toute confiance en elle mais je sais que parfois, le jeune prince peut être difficile, surtout quand je suis loin de lui.

Une pointe de tristesse put se ressentir dans cette dernière portion de phrase mais Alyria ne la laissa pas s’installer. Elle était heureuse d’être ici, à Noirtport. Cela changeait de Port-Réal où elle passait sa vie. Voir d’autres paysages, rencontrer des gens qu’elle connaissait dans un autre cadre que celui du Donjon Rouge la ravissait. Être loin de son Aerion était dur mais cela ne l’empêchait pas de profiter de cette petite pérégrination dans les Terres de la Couronne.

Time’s up

La reine avait eu à cœur de reprendre les discussions avec lord Corlys malgré la mort de son frère. Elle avait tout de suite rassuré le seigneur de Noirport en disant que la mort d’Anton n’enterrerait aucunement la possibilité d’une alliance entre leurs deux familles. Au contraire, cela renforçait même cette volonté, comme un ultime hommage au frère de la reine qui était heureux de pouvoir marier son fils à une Manning. Cela faisait également la joie de la reine. Zhoe était une jeune femme charmante qu’elle avait eu plaisir à rencontrer au Donjon Rouge. Elle serait allée jusqu’à la prendre sous son aile si elle avait pu. Sa fraicheur et sa jeunesse avaient apporté à la reine une vague de bonheur rien que dans la journée où elles se virent. Alors voir son neveu et elle apprendre à se connaître était une autre source de joie. Farring et Manning étaient amis mais cette alliance venait confirmer cette amitié que les uns avaient pour les autres. Alyria avait plaisir à rencontrer la fratrie Manning, le seigneur – qu’elle côtoyait régulièrement à la capitale – et son épouse, du temps où elle était encore parmi eux. Aujourd’hui, c’est Noirport qu’elle découvrait, majestueuse cité portuaire, émerveillée par l’événement qui avait attiré bien du monde.

Jaremy Farring ne s’était pas attendu à ce que son père chercher coûte que coûte une épouse pour lui. Certes, il était son héritier et il fallait qu’il se marie mais Anton était encore jeune. Rien ne pressait. Malgré tout, le jeune chevalier s’en remettait complètement au jugement et à la volonté de son père. Il lui trouverait une bonne épouse, assurément. Le lien qui les unissait tous les deux était si fort. Ils se comprenaient, s’entendaient à merveille. C’était une relation père-fils dont tout jeune garçon espérait d’avoir. Alyria n’avait malheureusement pas été témoin de cela et lorsqu’Anton ne revint pas du Nord, elle avait été là pour son neveu, même si une tante ne remplaçait pas un père. Quoiqu’il en soit, le jeune homme, malgré le chagrin immense qu’il avait d’avoir perdu son père et repère dans ce monde bien complexe, était ravi de cette nouvelle rencontre avec sa promise. Encore quelque peu timide en sa présence, il tenait tout de même la conversation, la complimentant sur sa tenue, sa beauté, apprenant à la connaître en lui demandant ses habitudes. Elle de son côté, voyait déjà une union heureuse entre eux et cela ne pouvait que confirmer ce que Jaremy s’était dit en la voyant. Il avait de plus en plus hâte de l’épouser, qu’elle vienne à Castel-Farring et qu’il lui fasse découvrir son domaine, l’arrière-pays des terres de la Couronne, bien loin du rivage, bien loin de la mer mais également loin de la route royale. Il connaissait quelques endroits agréables où il faisait bon d’aller se promener. Le mariage entre les deux jeunes couronniens était annoncé pour bientôt. Manning et Farring se retrouveraient à nouveau pour célébrer cette union et leur rapprochement.

De son côté, la reine poursuivait ses petits regards çà et là en direction des deux jeunes promis. Ils étaient si beaux. Ils feraient, à n’en pas douter, un couple merveilleux. C’est ce que la reine leur souhaitait en tout cas. La discussion avec Arys était d’ailleurs bien différente de celle que devaient avoir Jaremy et Zhoe. Ils parlaient enfants et à quel point certains pouvaient être de véritables petites terreurs. Alyria témoignait que le prince Aerion pouvait parfois l’être avec ses dames ou tout autre personne qu’elle-même. Elle assurait également que loin d’elle, il avait beaucoup de mal. Il faut dire que le jeune garçon, qui se dirigeait vers ses trois ans maintenant, côtoyait énormément sa mère. Il était hors de question pour la reine de laisser constamment son fils dans les bras ou les jupons d’une nourrice. C’était son fils en plus d’être l’héritier de Rhaegar, ce qui rajoutait de l’inquiétude pour la jeune couronnienne qui n’en finissait plus d’avoir peur pour son fils. De son côté, l’héritier de Noirport mentionna sa propre fille, Lyessa. Elle lui sourit amusée, imaginant une rencontre entre Aerion et Lyessa. S’ils partageaient le même caractère bien trempé, effectivement, il faudrait éviter à tout prix cette réunion.

- Maintenant que nos deux familles sont sur le point d’être liées, j’ai peur que nous n’ayons pas le choix de les faire se croiser.

Alyria laissa échapper un petit rire amusé avant de rajouter.

- Mais nous pouvons faire en sorte que la rencontre se passe après leur période de terreur.

Les enfants. Alyria adorait les enfants et elle ne le cachait pas. Malgré leurs comédies qui frôlent parfois la tragédie, elle les adorait. Elle avait été heureuse en s’occupant de la princesse Rhaenys mais c’est bien lorsqu’Aerion est arrivé qu’elle fut comblée de bonheur. Ce petit être était le sien, l’enfant qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Dans une autre vie, elle aurait souhaité être entourée d’enfants mais il fallait croire qu’ici, maintenant, les Sept ne lui permettent pas ce bonheur. Ce n’était pas faute d’essayer à nouveau avec le roi depuis son retour de la guerre.

- Ils sont si merveilleux que nous sommes obligés de leur pardonner. Je dois bien admettre que parfois, je suis faible face à mon petit prince.

Un nouveau regard vers les deux promis. Jaremy avait grandi si vite. Elle se souvient encore de lui tout bébé, avant qu’elle ne parte pour la capitale. Plongée dans ses souvenirs, la reine sursauta presque lorsque la porte s'ouvrit et qu'une servante vint interrompre la double rencontre qui se déroulait dans la pièce. Alors qu'elle adresse quelques mots à l'héritier des lieux, la reine se plongea dans le fil de ses propres pensées, espérant que tout se passe bien à Port-Réal entre Rhaenys, son frère et son neveu, que le roi se porte au mieux malgré toutes les sollicitations à son égard et, portant à nouveau un regard vers la jeunesse fleurissante, elle espérait que ce mariage se déroule sans encombre.