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[FB] The She-Knight from Essos [solo]

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The She-Knight from Essos

Goëville, an 303, lune 4, semaine 3



Solo

Goëville. La demeure des Grafton avait désormais l’allure étrange d’un refuge. Le lieu qu’elle avait quitté voilà bien des lunes et qu’elle ne pensait pas revoir avant longtemps. D’abord parce que leur court premier séjour à La Haye-Pierre lui avait laissé penser que tels des fugitifs, ils ne pourraient rester très longtemps au même endroit. C’était effectivement le cas de Viserys, plus d’un an après leur arrivée. Plus encore maintenant que son retour est connu de tous et particulièrement de son frère honni. Mais ce n’était plus son cas-à-elle. En débarquant sur ces terres inconnues d’elle, elle avait d’abord cru, sans doute un peu naïvement, que liée par son serment, elle ne quitterait jamais les traces de celui qu’elle s’était juré de protéger. C’était une erreur. A Essos, il n’était rien de plus qu’un prince mendiant qui ne pouvait aller très loin sans elle et plus largement sans ceux qui lui avaient juré allégeance. A Westeros, les cartes étaient rebattues. Il n’appartenait plus à la meereenienne de veiller constamment sur lui. Plus que de le protéger, elle avait juré de le servir jusqu’à la mort. Et pour cela, elle devait accepter de retrouver le confort étranger de la cité valoise et accepter l’idée terrifiante de ne rien savoir de ce que faisait son roi en cet instant.

Un instant, elle perdit la notion du temps, rêveuse, les yeux rivés sur l’immensité bleutée qui se déchirait sur les falaises qui la surplombait. Le Targaryen devait être loin des côtes, assurément. Les hauteurs escarpées du Val promettaient un abri bien plus sûr. Mais plus aussi sûr que par le passé, c’était un fait. Les phalanges de Cassandre se crispèrent dans le vide tandis qu’elle suivait le rythme tranquille des vagues. L’eau était paisible pour une fois, cela lui rappelait brièvement la mer d’huile qu’elle avait parfois connu lorsqu’elle vivait à Meereen. Depuis son arrivée ici, on ne pouvait dire que les éléments aient été les plus calmes qui soient. Son voyage jusqu’à Fort-Terreur quelques lunes plus tôt lui revint alors en mémoire. Tant de choses s’était produit depuis. Celle qu’on appelait autrefois la Faiseuse de Morts, qu’on avait façonnée tel un présage mortel, avait manqué plus d’une fois goûter au suave baiser de la Mort durant ce périple. Elle en était finalement sortie terriblement marquée et affaiblie mais aussi grandie et changée à jamais. Elle était loin la fille de rien des rues de Meereen.

Elle tendit l’oreille en direction du couloir où elle ne percevait guère de bruit. Le château avait été vidé de certains de ses occupants. Lord Gerold avait été contraint une fois de plus de faire bonne figure et de retrouver ses nobles voisins pour assister au mariage de leur suzerain et profiter assurément du banquet gargantuesque qui l’accompagnait. Un énième jeu de dupes qui commençait à lasser sérieusement l’ancienne gladiatrice qui n’avait jamais été bonne menteuse et qui ne peinait encore à comprendre l’intérêt de l’échiquier politique et des manipulations qui en résultaient. Elle ne connaissait d’autre langage que celui du fer et ne trouvait nul attrait au reste, là où au contraire l’homme qu’elle servait aveuglément excellait. Depuis qu’il avait pris la décision de l’éduquer, elle devait bien admettre qu’elle n’était pas très bonne élève dans ce domaine, malgré tous ses efforts. Elle avait appris les rudiments de la lecture et de l’écriture du mieux qu’elle avait pu, maîtrisait désormais assez bien la langue commune et reconnaissait la plupart des blasons qu’on pouvait lui mettre sous les yeux. Mais les subtilités géopolitiques qui régissaient cette partie du globe restaient profondément nébuleuses pour elle.

Cela lui était d’autant plus difficile maintenant qu’elle était un membre à part entière de cet échiquier qui lui restait si étranger. Chevalier sur ordre de Sa Majesté. Lord Commandant de la Garde Régine. Née sur des contrées étrangères, née esclave et surtout née femme. Elle était désormais élevée à un rang que n’importe quel petit garçon westerosi convoiterait. Et elle peinait à se sentir pleinement légitime. Oh, bien sûr, elle savait se battre mieux que quiconque et elle l’avait encore prouvé lors de cette fameuse nuit d’horreur. Mais elle savait qu’un tel titre attendait bien d’autres talents que ceux qu’elle possédait. Elle voulait être à la hauteur de l’honneur qui lui était fait. De l’honneur qu’il lui avait fait. Mais à mesure que ses leçons avançaient, elle sentait sa patience l’abandonner. Elle ne parvenait ni à retenir ni même à comprendre et encore moins à appliquer toutes ces notions qu’elle devrait pourtant adopter.. Et face à cette situation d’échec elle devenait irritable, cynique et impatiente. Et là où elle s’était montrée si appliquée durant ses années d’éducation auprès de Viserys, elle se révélait bien plus dissipée face à un Marq Grafton pourtant plein de bonne volonté. L’aube se levait et Cassandre soupira. Presque à regret, elle prit la décision de quitter son poste d’observation. Elle se retourna et s’empara du fourreau qu’elle avait placé sur son lit avant de quitter finalement sa chambre pour y rejoindre la bibliothèque où ser Marq l’attendrait d’un instant à l’autre.

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Goëville, an 303, lune 4, semaine 3



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La bibliothèque de la demeure des Grafton était un lieu fort agréable pour qui avait l’œil et l’esprit pour de si jolies choses. Ce n’était en rien le cas de Cassandre, élevée à la dure, et pourtant la meereenienne se sentait presque subjuguée par le charme des lieux. Vaste et lumineuse, elle offrait une vue imprenable sur la baie et le port de Goëville où malgré l’aube à peine naissante les marins s’affairaient déjà et éveillaient les alentours de leurs appels et de leurs cris. De là où elle se trouvait Cassandre prenait plaisir à les observer évoluer en dessous d’elle telles des fourmis. Elle n’entendait rien, évidemment, mais elle se faisait aisément une idée de la teneur de leurs conversations, elle qui avait grandi dans pareil univers. Elle se souvenait des premiers temps, où telle une petite souris elle se faufilait sur les quais de Meereen en rêvant que de voyage et de liberté. Fuir. Sans se retourner. Quitter la phange meereenienne pour des levers de soleil plus doux. Elle n’était alors qu’une enfant que seule la mort attendait. Déjà revêche et frondeuse, sans nulle trace d’innocence au fond de l’âme. Mais une enfant tout de même. Une enfant aux rêves trop grands pour elle. L’occasion de quitter Meereen s’était présentée des années plus tard. Asha se nommait la charismatique fer-née qui lui avait fait cette proposition. Capitaine de son propre navire, reine sur les flots et guerrière émérite, son aura et sa ténacité avaient manqué de peu convaincre Cassandre. Mais l’enfant brisée aux joues creuses et aux yeux beaucoup trop grands pour son visage était alors bien loin et cela faisait longtemps qu’elle ne traînait plus sur les quais en recherche d’aventure. Reine, elle l’était aussi. Une sordide illusion, reine enchaînée mais reine tout de même. Et elle avait donc choisi de rester gladiatrice, reine en sa prison à ciel ouvert. Ce choix peut-être lui était-il venu de le regretter à l’époque, en quelques rares occasions où son statut d’esclave lui revenait en pleine figure. Mais depuis maintenant trois ans, si les regret il y eut ils l’avaient quittée depuis longtemps. Si elle avait choisi de suivre le chemin tracé par @Asha Greyjoy jamais n’aurait-elle croisé celui de @Viserys Targaryen.

Les embruns marins que les flots menaient jusqu’à elle vinrent lui caresser les narines. Sentimentale, Cassandre ne l’avait jamais vraiment été, d’aussi loin qu’elle se souvienne. Mais si désormais, elle vomissait Meereen de toute son âme, elle devait reconnaître (avec difficulté cependant) qu’il lui arriver parfois de regretter certaines petites choses. Très rares en vérité mais la mer en faisait indéniablement partie avait-elle récemment découvert. De là à qualifier cela de nostalgie… Un pas qu’elle se refusait catégoriquement de franchir. Au loin sur l’horizon se trouvait Essos. Ce vaste continent qui l’avait vu naître et que pourtant elle connaissait si peu. La majeure partie de ce qu’elle connaissait de la vie en dehors des murs de Meereen, elle l’avait appris de la bouche de ceux qu’elle avait côtoyé dans les arènes, puis plus tard elle avait pu compter sur l’enseignement de Viserys. Elle ne reverrait probablement jamais Essos, cela elle l’avait compris dès l’instant où elle avait posé le pied sur le navire qui les avait conduit jusqu’à Westeros. Est-ce qu’Essos viendrait à lui manquer ? Assurément non. Si elle avait encore du mal à se faire aux coutumes westerosi et plus encore à s’adapter au climat, exécrant chaque jour un peu plus le froid et l’humidité, Essos comme Westeros n’étaient rien de plus que des points sur une carte. Ici ou ailleurs, cela changeait finalement peu de choses. Et tandis que l’aube baignait le port et la mer d’une douce lueur orangée, Cassandre finit par quitter son observatoire.

Nostalgique elle ne l’était pas, ne l’avait jamais été. Qu’avait-elle donc à regretter de son existence d’autrefois ? Pourquoi arrivait-elle alors à penser soudainement à Essos ? Cela n’avait aucun sens et ce qui la chagrinait d’autant plus c’était que ce n’était pas la première fois. Et plus que du chagrin, c’était de l’agacement qu’elle ressentait. Elle préféra donc se détourner et vint à porter son attention sur les ouvrages qui occupaient les étagères. Elle était une femme d’armes, née de la poussière et forgée dans le sang, la sueur et la douleur. La lecture et les livres n’avaient alors aucunement leur place dans sa vie et elle ne leur octroyait qu’un intérêt très limité, pour ne pas dire nul. Mais depuis que sa route avait croisé celle de Viserys elle ne ménageait pas ses efforts. Ce fut difficile, laborieux et cela le restait une grande partie du temps, au grand désespoir de ser Marq qui pour son malheur faisait face à une élève bien moins attentive et docile que lorsqu’elle se trouvait en présence du Targaryen. Mais aussi revêche et frondeuse pouvait-elle être on ne pouvait lui retirer sa force de volonté et sa propension à ne jamais baisser les bras même lorsque les difficultés semblaient insurmontables. Cela l’avait sauvée plus d’une fois au cours de son ancienne vie mais jamais n’aurait-elle imaginé qu’un jour ces qualités viendraient la soutenir dans des apprentissages aussi académiques.

Elle s’empara d’un ouvrage au hasard et entreprit de le feuilleter sans but précis, essayant de déchiffrer ça et là des mots qu’elle reconnaissait désormais. Nonchalamment adossée contre les étagères, elle vint effleurer du bout des doigts la couverture de cuir, dont le vert à l’éclat fatigué indiquait l’ancienneté du livre. C’était précisément le genre d’objets qu’elle n’aurait jamais imaginé tenir entre ses mains. Rien de plus qu’un simple livre. Comme il s’en trouvait plusieurs dizaines dans cette pièce. Rien ne la prédestinait à une existence pareille. De la vue qui s’offrait à elle jusqu’au livre qu’elle tenait entre ses mains. De son apparence nouvelle jusqu’à la langue qu’elle parlait désormais. Ses récents exploits comme le titre qu’elle portait à présent avec fierté. Rien de tout cela ne lui était destiné. Cette existence-là n’aurait jamais du être la sienne. Là-bas, dans cette Baie qui l’avait vue naître, sans doute son nom était-il déjà oublié. L’esclave devenue combattante légendaire n’était finalement rien de plus que cela, une esclave. Et les esclaves étaient faits pour être remplaçables et remplacés. En son cœur pourtant, la reine des arènes qu’elle était autrefois était tenace et si elle ne lui manquait pas vraiment, elle avait du mal à tirer complètement un trait sur ce passé qui l’avait forgée et qui l’avait conduite jusqu’ici. Comme si le costume qu’elle portait désormais paraissait toujours trop grand. N’était-ce pas pourtant le fruit des rêves qu’elle n’avait jamais osé formuler ?

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Goëville, an 303, lune 4, semaine 3



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Des pas résonnèrent dans le couloir et firent sortir la gladiatrice devenue chevalier de sa rêverie. Elle referma le livre et le reposa aussitôt à sa place comme s’il venait de lui brûler les doigts. L’idée d’être ainsi découverte le nez plongé dans un livre la dérangeait étrangement. Parce qu’elle n’avait rien d’une érudite, qu’elle n’avait jamais ne serait-ce qu’aperçu l’ombre d’une couverture avant sa rencontre avec Viserys et qu’elle se trouvait encore gauche lorsqu’elle tenait un livre ou un parchemin, que son niveau de lecture restait médiocre et qu’elle ne voulait pas en faire ainsi étalage. Mais plus encore c’était le simple fait d’être surprise perdue dans ses pensées qu’elle ne parvenait pas à supporter. Elle était née et resterait jusqu’à sa mort aux aguets et ferait en sorte que tous et chacun ne l’oublient pas.
Alors qu’elle reprenait sa position initiale, elle vit apparaître dans l’encadrement de la porte la silhouette désormais familière de ser Marq Grafton. « Vous voici bien matinale, ser » ne put-il s’empêcher de commenter sur le ton de la plaisanterie. « Plu qu’vous, c’est certain. » répondit-elle sans attendre de sa voix rude et grave, un sourcil levé avec un feint mépris. Et malgré le ton sec et la mine austère de la guerrière, le chevalier valois ne put retenir un bref sourire. Depuis Winterfell leurs relations s’étaient grandement réchauffées et le mépris souverain qu’elle lui réservait par le passé s’était atténué à la même vitesse que la méfiance du Grafton à son égard. Combattre la Mort côte-à-côte et survivre au milieu des ennemis de leur désormais roi étaient parvenu à dissiper les barrières que leur défiance commune avait su ériger. Par deux fois elle l’avait sauvé de la mort, pas vraiment par bonté d’âme mais bien parce qu’il était alors le seul visage ‘ami’ qu’elle pouvait trouver au milieu de cette marée de cadavres. Elle n’oubliait pas non plus qu’il n’avait pas hésité un seul instant à puiser dans ses dernières forces pour la traîner littéralement dans les entrailles de la forteresse Stark, elle qu’il considérait alors comme ‘la créature de Viserys’ et qu’il aurait pu aisément laisser crever là sans que personne n’y trouve à redire. Tous deux étaient désormais liés par cette dette de sang qui les avait sensiblement rapprochés.

Mais cela n’empêchait pas l’ancienne gladiatrice de continuer à faire la vie dure à celui qui était devenu par la force des choses son mentor, un peu malgré lui. D’ailleurs elle remarquait que derrière son air chaleureux et volontiers taquin, le chevalier n’était guère à son aise. « Nous reviendrons ici dans le courant de la matinée… » commença-t-il en donnant la nette impression de marcher sur des œufs. Cassandre leva les yeux au ciel. L’histoire de Westeros et de la chevalerie et tous les bouquins poussiéreux qui en faisait étalage l’ennuyaient ferme. Elle en avait soupé son aise lors des premières lunes d’apprentissages auprès de Viserys et pensait avoir suffisamment fait ses preuves pour être désormais tranquille. Si elle avait fini par apprécier découvrir tout ce savoir et le détenir au creux de ses mains, apprendre et retenir les leçons était un exercice difficile pour elle qui n’avait jamais reçu la moindre éducation. Mais elle devait se plier à ses règles aussi contraignant tout ceci puisse-t-il être, elle le savait. C’était le seul moyen de se faire accepter en tant que Lord Commandant. Tout ce qu’elle était jouait contre elle et bien qu’elle soit déterminée à faire taire toutes les mauvaises langues par le seul moyen qu’elle connaissait, ser Marq avec patience et force persuasion était parvenu à lui faire comprendre qu'avec pour seules armes la violence et l’intimidation sa légitimité resterait limitée.

Un sourire dans lequel se dessinait l’appréhension et l’amusement se dessina furtivement sur les lèvres du chevalier tandis qu’il poursuivait ses explications. « Mais…avant toute chose… Je me suis dit qu’il était peut-être temps de nous rendre…hmmm… De nous rendre jusqu’au septuaire… » Cassandre resta interdite à ses mots et son visage se ferma aussitôt. Les lèvres scellées par la colère, elle lança un regard meurtrier au Grafton qui ne put que s’en amuser sincèrement. « Vous ne pouviez y échapper plus longtemps… Je vous rappelle que tout chevalier est avant tout… » « Vous m’avez fait venir à l’aube POUR ÇA ? Je n’arrive pas à y croire… VOUS PLAISANTEZ ?! » « Ser Cassandre, voyons... Vous ne comptiez pas dormir davantage de toutes façons, si ? » La jeune femme serra les mâchoires, refreinant à grand peine son envie de le cogner. « Raison de plus pour ne pas vouloir m’enfermer là-dedans. » Elle n’en croyait pas ses yeux. N’y avait-il donc rien de plus intéressant à voir qu’un vieil édifice aux effluves si fortes et entêtantes qu’elle pouvait vous faire rendre gorge dans l’instant ? « Allons -y, vous aurez tout le loisir de me maudire en chemin. » conclut ser Marq avec un entrain qu’elle trouvait insupportable. Le maudire, c’était précisément ce qu’elle comptait faire et ses précieux Sept ne pourraient pas l’en empêcher.


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The She-Knight from Essos

Goëville, an 303, lune 4, semaine 3



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Le septuaire de Goëville était plongé dans une douce pénombre qui força Cassandre à marquer un temps d’arrêt lorsqu’elle pénétra à l’intérieur. Une fois ses yeux habitués à cette soudaine semi-obscurité elle remarqua un petit homme râble vêtu d’une longue tunique de lin blanche se diriger vers eux avec empressement, faisant frotter ses sandales sur le sol. Le bruit arracha une grimace d’inconfort à la meereenienne. Le visage rond, le front nu et les jambes courtes, l’homme semblait aimable et affable. Ser Marq le salua aussitôt avec une déférence qui força immanquablement sa comparse à lever les yeux au ciel. Le septon tourna vers elle un regard emprunt de curiosité sans se départir de son sourire poli. « Septon Oswald, je crois ne jamais avoir eu l’occasion de vous présenter Dame Cassandre. »

Tandis que le petit homme la saluait avec une amabilité suave qui lui tapait déjà sur les nerfs, elle tourna vers le Grafton un regard irrité. Depuis quand lui donnait-il du « Dame » ? Dame, elle n’en avait ni le titre ni l’allure. Que leurs précieux Sept soient loués, comme ils aimaient tant à le rabâcher. Et elle ne comprenait pas pourquoi subitement elle devait être traitée comme telle. La mine du septon derrière son apparente politesse ne la trompait guère, il goûtait autant qu’elle ce nom quand il voyait l’accoutrement dans lequel se présentait la jeune femme. Grince des dents tant que tu veux, vieux bigot… Je me ferai un plaisir de te les arracher une à une. Au moins les autres souffriront moins de te voir sourire à longueur de journée… « Nous venons simplement nous recueillir, nous ne comptons pas vous embêter longtemps. » poursuivit ser Marq à l’attention du septon qui s’éclipsa aussitôt.

« J’comprends toujours pas c’qu’on vient foutre ici… » lui murmura Cassandre avec agacement une fois qu’il n’était plus à portée d’oreilles indiscrètes. « Et d’puis quand ai-je l’air d’une dame, j’peux vous l’demander ? Vous vous êtes fracassé la tête ou vous levant c’matin ou quoi ? » Le chevalier valois l’attrapa par le bras et l’entraîna jusqu’au fond du septuaire. Ils s’arrêtèrent finalement au pied d’une statue à l’effigie d’un homme de haute et grande carrure portant une épée à longue lame. « Maintenant que voyez-vous ? » Les statues étaient au nombre de sept et faisaient ainsi le tour du septuaire. « Vous m’prenez pour une idiote ? J’en soupe assez d’vos machins depuis qu’je suis ici… J’suis p’têtre jamais rentrée là-d’dans mais j’sais qui sont vos Sept. » « Nos Sept sont aussi les vôtres désormais, ser Cassandre. Entendez-le bien. Je… » Marq Grafton marqua un temps d’arrêt, baissant la tête en signe d’impuissance. « Je sais que cela vous ennuie et croyez bien que je le comprends. Mais… Sa Majesté vous a fait chevalier, devant les Hommes mais aussi devant les Dieux. Il vous a épargné tout le rituel qui accompagne parfois l’adoubement mais ce serment que vous avez prêté vous l’avez prêté devant les Sept. Si vous souhaitez commander les armées du roi, il vous faudra garder cela en tête. »

Cassandre se radoucit. Aussi pénible cela puisse être, elle savait qu’elle n’avait pas le choix que de s’y plier. Pour tout signe d’approbation, elle garda le silence. Ser Marq la connaissait désormais bien assez pour savoir que cela était amplement suffisant pour poursuivre. Comment une telle femme avait pu être esclave, il se le demandait parfois. « Nous sommes devant le Guerrier. C’est lui que les hommes prient avant chaque bataille, c’est devant lui que nous autres chevaliers promettons de défendre ceux qui ne peuvent se défendre eux-mêmes. Il nous donne la force de vaincre, Il guide notre épée et… » « Mon bras guide mon épée. » « Allez-vous finir par vous taire, par pitié ? » La guerrière décocha à son instructeur un sourire insolent mais le chevalier ne s’en formalisa pas. On pouvait même voir une pointe d’amusement briller au fond de ses yeux. « Les Dieux que nous prions sont au nombre de Sept, cela vous le savez… » Il poursuivit ainsi en expliquant à la jeune femme quelles étaient désormais ses obligations. Que le Père l’enjoignait à se montrer juste tandis que la Mère lui demandait de protéger veuves et orphelins.

Cassandre n’écoutait que d’une oreille mais elle savait au fond d’elle que ce serment ô combien barbant était pourtant utile. Le Grafton avait raison, elle ne pouvait espérer se faire obéir des hommes qui seraient sous son commandement si elle jugeait leurs dieux avec mépris. Son statut était déjà suffisamment compliqué, il serait idiot pour ne pas dire suicidaire de ne pas se faciliter la tâche. Elle ne coupa plus la leçon et ne fit preuve d’aucun signe de mauvaise humeur jusqu’à ce qu’ils aient enfin quitté le septuaire. Elle avait vu ce qu’elle avait à voir, avait entendu ce qu’elle avait à entendre, elle ne comptait pas y remettre les pieds de sitôt. « Comprenez-vous enfin ce que votre nouvelle charge implique, Cassandre ? Vous avez fait le serment de protéger notre Roi au péril de votre vie. Mais pour cela nul besoin d’être chevalier, ce serment là vous l’avez fait depuis longtemps, je le sais. Désormais votre charge va bien au-delà de tout ceci. Vous vous portez également garante du royaume tout entier. Une fois Viserys couronné, votre œuvre sera bien plus grande que tout ce que vous avez connu jusqu’ici. Winterfell n’était qu’un avant-goût. Et Meereen est loin de vous désormais. » Sans qu’elle ne sache expliquer pourquoi, l’ancienne gladiatrice sentit redoubler les battements de son cœur au fond de sa poitrine.



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Pour la première fois depuis le jour de son adoubement par Viserys, Cassandre angoissait. Elle d’ordinaire si sûre d’elle, à la limite de l’insolence, perdait soudain de sa superbe. Depuis le début de ses leçons, ser Marq avait notamment appuyé sur les charges officielles qui incomberaient à la jeune femme dès lors qu’elle serait présentée comme Lord Commandant. Il lui avait fait état de ce qu’était la Garde Royale des Targaryen, lui avait expliqué en quoi consisterait son rôle. Mais la chevalerie dans tout ce qu’elle représentait de noble ou de sacré, c’était la première fois qu’elle l’entendait. Ou du moins qu’elle l’intégrait, car malgré toute la mauvaise foi dont elle faisait souvent preuve, elle se doutait bien que le valois avait déjà dû essayer d’avoir cette conversation.

Pourtant quelque chose clochait et si elle avait écouté avec le plus de sérieux possible, elle ne parvenait pas à intégrer tout ceci. Parce qu’elle n’avait compté que sur elle durant près de trois décennies et qu’elle n’avait nul autre âme à sa charge. Les choses avaient été bouleversées lorsque Viserys était entré dans sa vie. Elle qui ne s’occupait que d’elle-même avait alors fait le serment de veiller sur une autre vie que la sienne. Et à présent voilà qu’on lui annonçait qu’elle devrait faire un serment devant les dieux, celui de veiller sur toutes les âmes que comptait Westeros. Tout ceci était difficile à avaler, surtout pour elle qui n’avait jamais rien eu à faire que de tout faire pour sa simple survie. A peine âgée de trois ans, crevant de faim et de soif, épuisée et d’une maigreur atroce, elle n’aurait jamais imaginé survivre aussi longtemps dans ce monde. Mais elle ne parvenait toujours pas à en remercier les dieux, quels qu’ils soient. Si les dieux existaient pourquoi se montraient-ils d’une cruauté extrême au point de laisser à une gosse le choix entre crever de faim ou se vider de son sang dans une arène ?

Beaucoup de gens ici ne comprenaient pas son athéisme farouche. Elle se souvenait de la première véritable conversation qu’elle avait tenu avec lady Jayne Bracken à La Haye-Pierre. La seule conversation qu’elles avaient partagé en vérité. Elle avait dès lors compris que la profonde piété de la jeune dame serait un frein à tout semblant de respect sincère venant de Cassandre. Et l’autre ne devait pas en pensait moins, l’ancienne gladiatrice n’était pas dupe. Cassandre avait choisi de ne croire en rien. Car croire en des entités quelconques c’était prendre le risque de mépriser leur cruauté arbitraire. La meereenienne préférait croire les hommes suffisamment cruels eux-même pour ne pas avoir besoin de divinités plus odieuses encore.

Après un long moment sans rien dire au cours duquel elle préféra se concentrer sur tout ce qui se trouvait autour d’eux plutôt que sur Marq Grafton, elle finit par tourner ses prunelles faites d’acier en direction du valois avant que sa voix grave et chaude ne vienne à briser le silence. « Vos dieux s’ront jamais les miens. Ni aucun autre d’ailleurs. De toutes les concessions qu’je dois faire, de tous les serments qu’je vais d’voir prêter, c’ui là s’ra d’trop. » Un sourire compréhensif dans lequel semblait se dessiner une pointe de cynisme étira les lippes du chevalier. « Si vous croyez que tous les chevaliers qui sont oint devant les Sept respectent chacun de leurs serments, alors votre année de vie ici ne vous aura pas appris grand-chose, ser Cassandre. Nombreux sont les chevaliers à ne rien respecter de la chevalerie. Moi-même en tournant le dos au roi légitime, je me parjure. Aussi essentielle soit cette décision, aux yeux des Dieux et des hommes, cela reste un parjure. Vous n’avez pas à faire de nos dieux les vôtres. Mais le faire croire vous sera sans doute bénéfique… » laissa glisser ser Marq à une Cassandre qui se contenta d’acquiescer.

Mentir donc. Une seconde nature ici, avait-elle compris depuis longtemps. Ce n’était pas l’exercice dans lequel elle excellait le plus. La plupart du temps les traits durs de son visage et son regard étincelant de rage difficilement contenue parlaient pour elle. Lorsqu’elle désapprouvait ou méprisait quelqu’un elle avait bien du mal à ne rien dire, encore moins à ne rien laisser voir. Mais le monde était fait de faux-semblant et dans les hautes sphères des Sept Couronnes plus encore semblait-il.
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Goëville | An 303, lune 4, semaine 3

La journée avait ensuite filé à un rythme certain qui avait épuisé la meereenienne. Pourtant elle n’avait jamais été du genre à se plaindre et avait connu des situations bien plus difficiles que ces derniers jours passés dans le Val. Mais un épais brouillard semblait avoir pris possession de son esprit et ses gestes lui paraissaient aussi ralentis que ses pensées. Elle avait l’étrange sensation d’avoir quitté son corps et de l’observer de loin, sans pouvoir ni rien dire ni rien faire. Après plusieurs heures d’études et quelques passes d’échauffement pour se dérouiller l’un l’autre, ser Marq finit par quitter sa disciple d’infortune pour la laisser vaquer à ses occupations. De retour dans la chambre que le seigneur de Goëville avait mise à sa disposition dès son premier passage dans la cité portuaire, Cassandre profita du calme et du silence retrouvés et s’effondra sur son lit, la tête enfouie entre ses mains. Elle retint de justesse un hurlement de frustration.

Elle resta ainsi durant de longues minutes, plongée dans le noir de ses paumes, la vie de l’extérieur lui parvenant de loin sans qu’elle n’y porte grande attention. Était-elle en train de se perdre ? S’était-elle perdue depuis longtemps et n’en prenait-elle conscience que maintenant ? Sa vie d’avant était déjà loin derrière elle mais jamais elle ne s’était trouvée si proche de sa vie d’après. Gladiatrice devenue chevalier. L’hérétique étrangère devenue Lord Commandant. Ils ne l’accepteraient pas songea-t-elle soudain. Et elle ne supporterait pas de se laisser piétiner sans rien dire. Pourtant il le faudrait bien. Elle ne les empêcherait jamais, les médisants, les jaloux et les hargneux. Tout jouait contre elle, ses origines, son sexe et ses croyances. Cassandre n’avait jamais été une femme faible, loin de là. Toujours répondait-elle au mépris avec colère, tantôt froide tantôt explosive. Mais elle n’avait jamais eu pour habitude de courber la tête sans rien dire. Parfois ravalait-elle son orgueil mais c’était toujours pour le faire ressurgir plus violemment au moment voulu. Par loyauté, par amour pour Viserys, elle avait fait son possible pour gommer ce qu’elle était, se fondre dans ce monde qui n’était pas le sien. Mais parviendrait-elle à achever ce parcours de funambule sur la durée ?

Elle se leva finalement pour venir se poster face à la vue qu’elle préférait ici. Le port de Goëville et les éclats scintillants de la mer au loin. Une vue pour ne pas se perdre, la mer comme lien de son passé. Et les bras croisés sous la poitrine comme signe de provocation, le visage fermé et le regard dur comme l’acier, Cassandre fixait l’horizon avec une promesse en tête. Elle ne se perdrait pas. Jamais. Elle était ser Cassandre de Meereen. Qu’ils viennent donc, qu’ils osent lui cracher à la figure les petits seigneurs et chevaliers médiocres. Elle ne comptait pas s’oublier. Son roi avait fait d’elle quelqu’un et elle comptait le rester. Nul ne pourrait jamais l’abaisser. Des efforts elle en ferait, à commencer par respecter ces Sept qui ne lui étaient rien. Mais qu’ils ne lui demandent pas de s’écraser. Elle était Lord Commandant de la Garde Royale. Gladiatrice et chevalier, bourreau du Roi de la Nuit. Elle ne s’écraserait pas. Jamais.

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