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Hard times will always reveal true friends ~ Marianne

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   Marianne & Camelya
   Hard times will always reveal true friends.

C
’était un rêve sans fin. Une histoire ponctuée de cris, de corps désarticulés sans vie et d’habitations en feu. Un rêve ou plutôt un cauchemar qui hantait chacune des nuits de la belle de Beaumarché. Il lui était tout simplement impossible de trouver le sommeil, les récents événements étant encore bien trop frais et son cœur peinait tellement à cicatriser. La mort dans l’âme, l’âme mourante.. Une fatigue implacable la retenait prisonnière. De quoi, de qui ? Elle n’en savait rien. Mais les faits et son visage tendu parlaient pour elle. La couturière se tournait sur ce lit qui n’était pas le sien et se retournait encore entrainant ce drap soyeux qui la recouvrait, allant même jusqu’à la magnifier en épousant à merveille la moindre de ses formes. Un contraste d’apparence ayant le mérite d’exister. Le cœur peiné et l’esprit bouleversé, Camelya avait beaucoup de mal à surmonter cette épreuve que les Dieux lui avaient imposé. Une injustice d’après elle, un coup de folie pour d’autre. Bien heureusement, sa famille était sauve ce qui était sans doute le seul point appréciable en ces temps d’une obscurité effrayante. Se redressant pour prendre appuie sur l’un de ses coudes, la brunette vit son jeune frère allongé, juste transpercé des pieds à la tête par le faible éclat de l’astre lunaire. Il ne restait maintenant jamais bien loin de son ainée étant que trop inquiet pour elle, se comportant comme l’homme de la famille en l’absence de leur père. Le jeune frère se trouvait être d’un appui solide malgré son jeune âge alors que là, ainsi ensommeillé dans cette pièce du château de Castel-Bois, il semblait si jeune, si innocent. Un léger sourire marqua le visage de la demoiselle, une chose si rare depuis son arrivée en ces lieux. Elle n’en avait tout simplement ni la force, ni l’envie. Mais, Camelya s’efforçait de faire bonne impression face à sa famille de sang, mais aussi celle de cœur, menée par cette chère Marianne bien qu’au fond d’elle il lui manquait l’assurance de certaines choses. Des éléments manquaient à ce puzzle brisé du bonheur. Bien décidée à fermer les yeux, la petite brune essayait incorrigiblement de sombrer dans ce sommeil sans étoiles alors que son regard lui-même devenait brillant, une fois de plus..

Elle fut ainsi l’une des premières personnes occupant cet endroit à se lever tout en attrapant son lainage léger afin de recouvrir ses épaules face à cette fraicheur nocturne qui avait bien radouci l’atmosphère. Le soleil pointait timidement le bout de son nez pour une nouvelle journée qui allait forcément ressembler inlassablement aux autres. La demoiselle se glissa habilement et sans bruit hors de cet endroit afin de laisser ceux qui avaient cette chance de pouvoir profiter de ce tout début de matinée pour dormir encore un peu. Sa mère et sa grand-mère en avaient bien besoin. Même si ce n’était pas sa passion, la couture était un art qu’elle maitrisait à la perfection si bien que Camelya n’avait pas besoin de se concentrer à en avoir des migraines pour réaliser de belles choses. Une faculté innée en quelque sorte.. C’est pourquoi, la belle décida de rejoindre son petit poste de travail improvisé et qui se trouvait un peu à l’écart de cette douce agitation qui semblait maintenant éveillée Castel-Bois. En rejoignant cet endroit qui ne se trouvait pas bien loin, elle avait tout de même croisé quelques personnes qui lui semblaient plus ou moins familières quant à ses souvenirs de jeunesse. Certains semblaient la saluer de bonne grâce, ce qui mit la brunette mal à l’aise en se sentant incapable de rendre la pareille. Pouvaient-ils comprendre qu’elle n’était pas tout à fait elle-même avec ce qui s’était passé à Beaumarché ? Le savaient-ils seulement ou allait-elle être considérée comme « l’étrange personne » de Castel-Bois ? Plusieurs questions sans réponses qui s’ajoutaient à cette liste fulgurante qui s’amusait à assaillir la conteuse. Sa cuisse entaillée, en plus de lui donner une démarche subtilement étrange, lui rappelait sans cesse ce qui s’était passé si jamais elle avait espoir de mettre tout cela de côté. Heureusement que Marianne avait été là pour la soigner au plus tôt possible..

Enfin installée, la demoiselle contemplait ces tissus face à elle avec un nouveau sourire. Ils étaient destinés à devenir une pièce magnifique, à la hauteur de la bonté et de la gentillesse de son hôte et pour cela, Camelya allait user et abuser de ce talent qui habitait en elle. De ses mains habiles naissait une robe qui allait être parée de multiples détails pour la magnifier au possible. Et oui, la petite couturière tenait à faire plaisir à son amie qui avait toujours été là pour elle et surtout, la remercier pour ce qu’elle faisait pour elle. Ce travail méticuleux la forçait à tourner le dos à ces démons qui dévoraient ses nuits et avait au moins le bon sens de l’occuper. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, constamment, au risque de sombrer dans la folie. Appliquée, elle posait ses points avec une infime délicatesse et une précision à en faire pâlir plus d’une. Si certains étaient doués à croiser les lames la brunette, elle, excellait pour croiser ses aiguilles. Une preuve d’adresse.. Au moins, dans une telle condition, elle n’avait aucune idée du temps qui passait. Ses seules visites étaient rendues par Ayden, qui venait voir si son ainée n’avait pas besoin de quelque chose. La jeune femme avait pleinement conscience de cette chance qu’elle avait d’avoir un frère comme lui. Se redressant pour observer l’avancée de son travail, un sourire plus franc se fit une place tout de même timide sur ces traits accumulant peine et fatigue.. Plus que quelques petits passements de fil et la belle Marianne n’aurait plus qu’à l’enfiler pour les dernières retouches.


WILDBIRD
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   Camelya & Marianne
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L
oin était la tempête de fer et avec elle les volutes épaissies des fumées nauséabondes et furibondes qui s’élevaient dans le ciel ombragé. Ce ciel, dont les nuages s’étaient estompés délicatement au cours d ce trajet du retour, mais dont le voile persistant n’indiquait rien qui vaille. Menaçant malgré lui, il ne cessait de rappeler à l’être humain que seuls les Sept décidaient du sort de tout un chacun et que seuls eux pouvaient accorder leur clémence ou peut être abattre leur courroux sur les âmes qui foulaient les chemins arides de Westeros. Et même si cet astre ensoleillé veillait à apporter un peu de chaleur dans le cœur des diverses personnes présentes, il n’en restait pas moins que ses rayons avaient un peu de mal à transpercer la couche glaciale qui enveloppait le corps de la jeune fille. Meurtrie à la fois par le spectacle qu’elle avait du voir, mais aussi perdue par les pertes qui ne cessaient de se faire entendre dans les méandres de son esprit, Marianne se trouvait confuse et inquiète quand à l’avenir des siens. Son sort ne lui souciait guère d’intérêt tant elle voyait que ce dernier n’en serait probablement pas des plus vieillissants. Sa condition d’héritière mais surtout de femme allait certainement l’entraîner dans les méandres d’un fin sans fond, d’une survie qui ne pourrait rien lui apporter. Mais son sacrifice ne devrait pas être vain. Au contraire, qu’allait-il advenir des siens ? De ce peuple qui lui insufflait toujours énormément d’espoir pour ainsi oser croire en un avenir meilleur. Jamais, la jeune fille ne désirerait que le sort de ses fidèles en soit tâché de ce liquide épais et carmin, de ce fluide qui n’épanchait la soif d’aucun tyran mais qui au contraire amenait les plus ambitieux à en vouloir davantage. Par les Sept qu’elle aurait simplement désiré n’être qu’une pauvre paysanne et non pas ce qu’elle était… Les responsabilités qui lui incombaient étaient grandes, trop grandes, trop lourdes pour qu’elle ne parvienne à les endosser seule. Son oncle s’était trompé en plaçant ses espoirs sur elle, en lui apprenant comment elle pourrait n’en ressortir que plus forte. Elle ne le serait jamais, du moins de son point de vue. Et il lui avait suffit d’un bref coup d’œil derrière elle pour se rendre compte de leurs pertes. Des pertes qui leur couteraient cher à un moment donné, des pertes qu’elle avait su cependant limiter à sa manière. Les mots ne cessaient de se répéter dans son esprit, les expressions faciales se redessinaient encore une fois devant ses yeux, lui indiquant les joies mais aussi les peines encourues et connues par ses décisions. Non elle n’avait pu envoyer le restant de ses troupes entières aider les Desdaings, non elle n’avait pu laisser les siens courir à leur perte, il lui semblait avoir fait le bon choix sur l’instant. Il lui semblait avoir pris la bonne décision en demandant à Roanney de choisir dix soldats des plus fugaces et de les envoyer rejoindre les rangs de Mallister pour venir en aide à ses troupes. Mais elle n’avait pu se résoudre à le perdre lui et d’autres d’avantages. Cette décision était trop lourde en conséquence et même si elle le cachait comme elle le pouvait en dessinant un masque des plus imperceptibles, il n’en restait pas moins que le doute se prenait d’elle. Mais bien au-delà de ce sentiment, la peur d’avoir failli à sa tâche et de décevoir les êtres chers à son cœur. Aussi, c’est dans un silence assez grand et profond que la jeune fille s’était enfermée durant le trajet du retour. Pensant chacune de ses décisions, mais aussi sans quitter un seul instant le cortège qui transportait Torvald. Son état la touchait énormément et ne cessait d’accroître l’inquiétude à son sujet. La fièvre s’apaisait doucement, mais pas assez rapidement selon elle. Elle craignait pour sa vie et priait davantage les Sept pour qu’ils leur accordent une clémence particulière. Pourvu que le temps leur soit favorable. Heureusement, elle pouvait compter sur le soutien de son amie retrouvée. Camelya lui avait été d’une grande aide pour trouver assez de force dans sa foi et ainsi lui permettre de croire en un avenir meilleur pour son chevalier. Heureuse de pouvoir la compter à elle et sa famille à nouveau parmi les siens, la jeune Harlton n’osait trop aborder le sujet de ses inquiétudes dès lors qu’elle remarquait une tristesse profonde dans les yeux de son amie. Quelque chose la troublait, et la jeune fille pensait qu’il s’agissait du résultat des atrocités qu’elle avait du voir mais surtout connaître de son côté. Cela éveillait un peu plus sa haine vis-à-vis de ces fer-nés et laissait à nouveau la culpabilité prendre le dessus.

Mais une fois dans sa demeure, la jeune lady n’hésita pas une seule seconde en accordant les appartements des quelques domestiques de sa maisonnée à ses amis. Leur permettant ainsi asile, Marianne leur accordait la protection mais également le gîte let couvert à ses propres frais. Lord Harlton accueillait déjà sa nièce avec la plus grande des joies. Heureux de la voie en vie, heureux de la savoir de retour mais coupable de n’avoir pu participer à cette bataille. Un homme se devait toujours de prendre arme et bouclier dès lors que l’appel veillait à le mener vers les chemins de la guerre, mais lui… Pauvre Lord Arwood, réduit à n’être qu’un pauvre témoin de ce qu’il pouvait advenir dans sa région ou même sur ses terres à cause da sa condition. Aussi et dans un souci de ne pas augmenter un peu plus sa culpabilité vis-à-vis de cette infirmité, la jeune fille s’était empressée de s’entretenir avec lui de manière intime. Seuls, elle savait qu’elle pouvait laisser son masque fuir ne serait-ce que pour quelques minutes et ainsi lui rapporter ses diverses craintes quant à ce qu’il était advenu en ces lieux. L’absence de la plupart de leurs alliés, le manque de soutien, le désordre au sein même des troupes et la débandade des ennemis, Marianne contait avec le plus de détails possibles les divers discours qu’on avait pu lui rapporter pendant le siège, mais aussi les diverses étapes qu’elle avait pu vivre de son côté. Le regard de son oncle n’en devenait que des plus graves, des plus sévères, comme elle avait pu s’en douter, alors qu’elle lui rapportait sa décision finale. « Tu n’aurais pu mieux faire pour notre maison. » Le regard de Marianne s’était embrumé légèrement alors que ses yeux se portaient au niveau de ceux de son oncle qui continuait avec cette même sévérité. « Nous ne pouvons pas mettre en péril les nôtres et payer les conséquences des choix des autres. Tu as prouvé aux Desdaings que nous étions leurs alliés en t’y rendant, en ramenant avec toi des survivants. Tu as surtout montré aux ennemis que nous sommes sages dans nos agissements. La fureur ne résolve pas toujours les méandres de la terreur. » Ces mots se répétaient dans l’esprit de la jeune fille. Devait t-elle en être rassurée ? Ou plutôt en craindre les conséquences ? Elle acquiesça d’un signe de tête, silencieuse, alors que le masque reprenait doucement l’expression sévère de son visage.

Les journées qui suivirent furent difficiles, mais moins pire que les nuits. Marianne s’enfermer dans un semblant de contenance presque impénétrable alors que les récits de ses braves gens s’enchaînaient les uns après les autres. Certains pleuraient des êtres perdus, d’autres des états d’âmes douloureux et d’autres encore n’avaient plus d’espoir. La jeune Harlton veillait néanmoins à leur montrer que l’espoir était toujours là et que les Sept finiraient par les remercier. Offrant des sourires forcés à chacun, mais d’aucun n’en lisait le mensonge derrière.  Il fallait qu’elle garde l’esprit clair et son dos ne devait pas se courber après cette chute. Il n’y avait que lorsqu’elle rendait visite à Torvald que le masque s’enlevait. Elle avait veillé à ce qu’il soit ramené chez ses parents, et qu’il ne manque d’aucun soin. Le mestre lui administrait les soins nécessaires à son bien être et à sa convalescence, si bien que la fièvre avait finit par tomber. Mais encore alité, il ne pouvait pas encore reprendre sa place à ses côtés. C’est pourquoi elle veillait à rectifier ce problème, en se montrant elle à ses côtés à lui. Les conversations s’enchainaient, les nouvelles s’échangeaient et à chaque fois qu’elle le quittait, la jeune Harlton avait la sensation d’avoir le cœur un peu moins lourd. Mais dès qu’elle se retrouvait seule dans sa chambre, les cris, les odeurs, les tumultes et les images lui revenaient en mémoire et avec elles toutes les vies qui avaient disparus. Cela l’entraînait à chaque fois vers ses terreurs nocturnes qui lui rappelait l’exécution de son père. L’obligeant à se relever avec des sueurs froides perlant le long de son échine et de ses tempes. La jeune lady finissait la plupart de ses nuits assise devant cette large fenêtre à contempler l’horizon assombrie, veillant à ne pas se faire surprendre par les reflets écarlates des piques et des lances des ennemis. Néanmoins, le sommeil finissait toujours par lui revenir, la plongeant dans une noirceur, l’englobant dans un silence et lui permettant ainsi un certain repos. Les reflets du soleil qui venaient tout juste de transpercer les vitres épaisses de la pièce, vinrent trouver refuge sur le visage de porcelaine de la jeune fille. L’obligeant à ouvrir un œil, Marianne tenta de se cacher en vain de cette attaque soudaine en tournant sa tête. Mais cela était sans compter l’arrivée de la jeune fille charger de la tenir éveillée à l’heure choisie par son oncle. Le masque reprenait doucement sa place sur son visage et c’est avec un sourire quelque peu endormi que la jeune fille finit par se lever. Ses pas la guidèrent jusque dans la grand-salle dans laquelle son oncle l’attendait déjà pour discuter des diverses affaires qui leur incombait. Marianne se contenta de manger à sa convenance tout en acceptant les dires de son oncle, duquel ne cessait de retourner à moindre mesure les diverses atteintes aux Desdaings par l’absence de leurs fidèles vassaux. S’étaient-ils ralliés à la cause de Viserys ? Devait-il lui-même allé présenter ses hommages au roi légitime, Rhaegar ? Ces questions levèrent le cœur de la jeune fille songeant à ce que l’absence de son oncle mais surtout le retour à Vivesaigues pourrait entraîner. En connaissance de cause quant aux idées de son oncle, Marianne n’osait rien dire ni même élaborer ne serait-ce qu’une esquisse d’idée allant contre la sienne. Cela l’obligerait à partir véritablement dans ses retranchements et agir comme il ne le désirerait pas. Voilà pourquoi, elle baissait ses yeux et prenait sur elle pour ainsi garder sa place face à son lord. « Votre esprit est bien plus affiné que le mien mon oncle. Je ne peux qu’accepter vos requêtes et en espérer un meilleur dessein pour nous. » Bien entendu cela ravivait la flamme de sévérité du lord, qui continuait à donner ses intentions quant à ses tactiques politiques. Cela avait tendance à fatiguer la jeune fille, qui trouva l’occasion de s’extirper de ses dires en lui rapportant les faits qu’elle comptait établir dans la journées et du temps qui lui était compter pour ainsi les mener à bien. Elle se releva à une vitesse assez grande et bien remarquée par son oncle qui en profita pour lui demander des nouvelles de Torvald. Marianne rassura ce dernier en lui expliquant que ses jours étaient saufs et qu’il fallait laisser le temps faire le reste, avant de partir en direction du tisserand du domaine. Le chemin pour s’y rendre n’en fut pas des plus longs, tant elle connaissait par cœur les sentiers de sa maisonnée. Mais avant d’y parvenir, Marianne s’arrêta juste au niveau de l’auberge afin de récupérer quelques mets pour son amie. Camelya serait surement heureuse de pouvoir goûter à cette merveille tarte aux myrtilles. Du moins, l’espoir de la jeune fille s’en trouvait des plus aiguisé quant à cette idée. Le masque pourrait à nouveau tomber pour elle et ainsi veillerait-elle à lui apporter un peu de bonheur par sa présence ? Le temps les avait séparés, néanmoins elle était certaine que ce dernier leur serait clément à présent. Toquant une première fois à la porte, il était rare qu’une dame de sa condition face cela pour annoncer son arrivée, mais quand il s’agissait des siens, Marianne laissait tomber les barrières et savait que le protocole était dérisoire. « Bien le bonjour ma chère amie. » Son sourire avait pris une teinte bien plus appréciable et sincère dès qu’elle avait poussé un peu la porte pour ainsi pénétrer la pièce. La jeune fille vint machinalement poser le plat en fonte sur une table aux côtés de son amie. « Un petit encas ne nous fera pas de mal. J’espère que tu aimes toujours les myrtilles, Sybil vient tout juste de la sortir de ses fourneaux. » Sans l’ombre d’un doute, Marianne s’enquit de l’état de son amie et l’aida à trouver refuge dans ses bras dans une étreinte amicale et emplie d’une réelle empathie envers elle. « Et je me suis dis qu’elle ferait réapparaître le sourire de ton visage. » La jeune fille s’écarta légèrement de son amie pour ainsi prendre connaissance de son visage dans sa globalité. Camelya était une jeune fille très jolie qui méritait que le sourire ne revienne s’immiscer doucement sur les pommettes de ses joues.



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   Marianne & Camelya
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R
ien n’allait jamais plus être comme avant. Il fallait s’en faire une raison. L’attaque menée par les femmes et les hommes des Iles de Fer allait rester longtemps dans la mémoire des habitants de Beaumarché et de ses alentours. Et bien évidemment, Camelya ne manquerait pas à cet appel puissant lancé par l’angoisse de perdre une personne chérie, la rage de voir tout son travail anéanti en un claquement de doigt ou bien même l’espoir de ne plus avoir cette peine colossale en ouvrant les yeux chaque matin en imaginant le pire. Des sentiments que la petite brune apprenait davantage à subir sans trop courber le dos plus qu’elle ne les vivait, n’arrivant que difficilement à les dompter. Ils prenaient le dessus à chaque fois, profitant de cette faille qui s’était déclarée. Bien souvent le temps d’un sourire à moitié voilé ou d’une parole qui se voulait rassurante, mais il lui était impossible d’en faire plus. Le sourire qui éblouissait les rues de Beaumarché était loin de là, coincé entre deux orages menaçants. Il n’était pourtant pas parti en fumée, non. De loin pas. Il attendait simplement des jours plus heureux pour refaire surface et inonder de sa grâce tout ce qui se trouvait à sa portée. Car oui, le jour où il percera à nouveau, Camelya scintillera enfin comme avant. Mais sur le moment, elle se devait de relever la tête le plus rapidement possible. Pour sa famille, pour Marianne également, pour elle-même cela allait sans dire.. Mais aussi pour lui. Où qu’il soit. Au fond d’elle, la couturière avait l’intime conviction que tout allait bien se finir comme dans ces contes qu’elle appréciait et que le cauchemar qu’elle vivait cesserait enfin. Elle avait juste besoin de temps et nul doute qu’elle finirait bien par renaitre de ses cendres tel un phénix, plus forte et réfléchie. La jeune femme avait tellement besoin de repos que même son doux regard semblait absent. Un sommeil lourd sans grisaille, le tout accompagné d’une lune étincelante pour faire barrage à cet obscur nuage et le repousser pour un long moment.. Voilà ce dont elle avait besoin. Elle ne comptait plus le nombre de fois où son jeune frère l’avait aperçu se réveiller en pleine nuit pour la rassurer et l’aider à se retrouver le calme des songes. Une chance qu’elle partageât cette pièce avec lui et non avec d’autres. Camelya tirait de ce soutien fraternel une force qui lui permettait d’avancer, chaque fois un peu plus.

Tout en croisant ses aiguilles à la perfection, Camelya se souvenait des mots de son amie lorsqu’elle avait déchiré un morceau de sa robe pour soigner sa blessure. Tu pourras m’en faire une autre, elle sera encore plus belle que celle là. Dans un contexte plus joyeux, la brunette lui aurait aisément répondu qu’il lui serait facile de lui faire une plus belle robe que celle qu’elle portait sur ce campement. Pourquoi ? Et bien, puisque ce vêtement n’avait pas été conçu de ses mains. Son travail n’était sans doute pas le plus passionnant et certainement pas le plus facile dans la tâche.. et même si la demoiselle se plaignait en silence sur sa condition de couturière, elle devait tout de même reconnaitre qu’elle appréciait grandement les éloges faits sur son travail. Une fierté personnelle en quelque sorte, qui la poussait à continuer encore et encore. Depuis qu’elle avait débuté dans cet art fastidieux, la demoiselle n’en comptait plus les longueurs de tissus et de fils qui étaient passés entre ses mains. Sans doute aurait-elle pu refaire la décoration de bien des murs de ce château en comptabilisant toutes ces étoffes. Malgré son jeune âge, la qualité de l’enseignement de sa mère et de sa grand-mère, un savoir transmis depuis bien longtemps, lui permettait d’être efficace tant dans sa vitesse de travail que pour les choix de couleurs ou de telle matière. Cette robe qui était sur le point d’être prête à l’essai était digne d’une princesse. Digne de son amie et grande sœur de cœur. Le Soleil commençait à réchauffer l’air tout en accordant aux habitants de Castel-Bois une luminosité presque magique. Un moment idéal pour que Marianne l’essaie enfin. Bien entendu, la brunette de Beaumarché s’était gardée de tout commentaire à son sujet pour lui laisser l’entière surprise. Alors qu’elle s’apprêtait à changer ses aiguilles, passant de la robe de Marianne à cette surprise qu’elle réservait à Torvald, la demoiselle releva son regard vers la porte de cette pièce. Quelqu’un frappait doucement dessus et cela n’était pas Ayden.. Cette voix, la brune ne pouvait que la reconnaitre. Elle vit alors son hôte entrer dans la pièce et, instantanément, un doux sourire se forma sur le visage de Camelya qui lâcha ses aiguilles pour venir presqu’à elle, la laissant poser ce plat qui l’intriguait et duquel s’échappait une odeur à en faire saliver plus d’un gourmand.

« Marianne. Quel plaisir de te voir ! Tu arrives au bon moment.. » dit-elle d’une voix légère, trompant facilement le mal qui la rongeait.

Au bon moment.. Sans même s’en rendre compte, elle avait donné un double sens à cette simple expression. Avait-elle juste besoin de Marianne pour l’essayage de cette robe ou bien est-ce que cela allait bien plus loin que cela ? Comme une envie de parler, peut-être ? Même la petite couturière ne le savait pas au final. Ces maux ne partiraient pas aussi vite, ça elle le savait. Elle en avait même la certitude que cela mettrait du temps. La cicatrisation de sa blessure renforçait ce sentiment-là. Grâce aux bons soins de Marianne à ce sujet, la jeune femme ne devait prendre garde qu’à une seule chose : faciliter la guérison en restant sagement à sa place. Posant l’une de ses mains sans même s’en apercevoir à cet endroit diminué, la brune porta son regard vers ce plat tout en écoutant son amie.

« Un petit encas ne nous fera pas de mal. J’espère que tu aimes toujours les myrtilles, Sybil vient tout juste de la sortir de ses fourneaux.. Et je me suis dis qu’elle ferait réapparaître le sourire de ton visage. »

Oh.. Il n’y avait pas à dire, Marianne savait comment attirer l’attention de la demoiselle. Une belle tarte aux myrtilles tout juste sortie du feu. De quoi en saliver rien qu’en y pensant. Remerciant son amie pour cette douce attention en la prenant dans ses bras, elle savait très bien que cette dernière s’inquiétait pour elle et son regard inquisiteur quant à son état n’en était qu’une preuve parmi d’autres. La rassurant d’un sourire une fois que cette étreinte amicale prit fin, Camelya haussa légèrement ses épaules.

« Le jour où ma gourmandise m’aura quitté, je pense que tu pourras véritablement t’inquiéter pour moi. » Assura-t-elle avec une pointe d’humour qui lui arracha un sourire bien plus tranquille. « Merci Marianne. Elle sera sans aucun doute divinement bonne ! »

Tout en subissant cette inspection du regard, la brune tentait de cacher au mieux ses traits de fatigue et de tristesse. Mais, elle n’était pas folle. Marianne était l’une des personnes qui la connaissaient au mieux et elle commençait déjà à chercher une excuse à lui donner pour son état déplorable. Ainsi, elle était loin d’être sortable. Même ses cheveux n’étaient pas démêlés, mais après tout, cela n’avait aucune importance. Tirant une des chaises pour que sa belle amie prenne place, Camelya prit soin de placer du tissu sur la robe faite pour Marianne qu’elle lui ferait essayer une fois cette tarte entamée et ainsi, la cacher encore à son regard pour préserver la surprise.

« J’ai aussi quelque chose spécialement pour toi. Mais cela peut encore attendre un peu. » dit-elle avec un petit sourire au coin des lèvres.

Avec tout cela, Camelya ne mangeait pas vraiment plus qu’elle ne dormait. Cette tarte réveilla tout de même sa faim et son intérêt pour le présent. S’inquiétant pour son sauveur dont elle avait toujours la dague, la brunette en profita pour glisser un petit..

« Comment se porte Torvald ? »

Bien entendu, elle était inquiète pour lui. Cet homme qui avait tout de même risqué sa vie pour sauver la sienne ainsi que celles des membres de sa famille. Les seules nouvelles que la brune pouvait avoir à son sujet venaient de son amie. Non, Camelya n’était pas aveugle. Elle sentait que quelque chose de spécial liait ces deux âmes au courage et à la bonté sans limites. Et si parler de cette personne pouvait subtilement dévier la curiosité de Marianne sur son état, ce n'était pas de refus même si cela n'allait que repousser les éventuelles questions de son amie.

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D
’ordinaire léger et revitalisant, l’air de Castel-Bois commençait à devenir quelque peu lourd et oppressant depuis que les troupes étaient de retour. La joie des retrouvailles passées, s’était bien vite estompée dès lors que le temps des pourparlers était arrivé. La pression qu’elle avait ressentie tout au long de son voyage revenait de plus belle, lui affligeant ainsi des remords sans pareils. Avait –elle fait le bon choix ? Avait-elle agi telle une lady ? Les dires de son oncle se voulaient pourtant rassurants quant à ces sujets, mais il perdurait une certaine partie de son âme qui continuait sans arrêt de se questionner quant aux desseins qu’elle avait probablement infligés à son peuple. La guerre allait-elle être aux portes de sa maisonnée ? Ou au contraire, parviendraient-ils à être oubliés de ce jeu des trônes dont ils ne désiraient en aucun cas participer ? Les espoirs de la jeune fille se fondaient dans cette seconde option, même si la réalité en serait probablement tout autre. En attendant, il fallait juste aller de l’avant. Il fallait appréhender ce qu’il était advenu et pour se faire veiller à ce que chacun trouve sa place bien définie au sein du maillon de cette chaîne de survie. Marianne ne lésinait pas à cette tâche et remettait ainsi sa condition de lady entre les mains de son oncle, le temps qu’elle puisse venir en aide à ceux qui en exprimaient le besoin. Il fallait bien admettre également, qu’elle profitait de cet intermède pour oublier les tracas qui la tourmentaient. Dynamique dans sa tâche, la jeune fille essayait de garder à l’esprit que tous méritait la plus grande des attentions car tous avaient été touché par les pertes et les blessures de cette bataille. L’espoir se devait de grandir et ce malgré les tourments. Ils ne pouvaient se laisser abattre alors même que la guerre était aux portes du Conflans. Ils ne pouvaient accepter la reddition tant que cela engendrerait la perte de leur être tout entier. La peur du changement, mais bien au-delà de cette dernière, la crainte de ne pas être à la hauteur s’immisçait dans les tourments de la jeune Harlton. Si bien, qu’elle commençait à vivre sa condition bien plus comme une malédiction que comme une sécurité à proprement parlé. Elle qui n’avait plus de parents depuis sa plus tendre enfance, elle, dont les souvenirs quant à l’idée d’une famille s’évaporaient avec l’âge et ce malgré sa volonté de les préserver. Comment pouvait-elle croire en un avenir meilleur ? La réponse était simple : en admirant les gens de sa maison. En assistant aux diverses étapes de leur vie, en les soutenant, en gardant cette fierté quant à cette vie qu’ils partageaient entre eux et qui veillait à la rendre heureuse à sa manière. Il n’y avait que pour eux qu’elle se devait d’aller de l’avant. Pour assurer leur protection mais bien au-delà de cela pour assurer leur pérennité. Les habitants de Castel-Bois étaient ses obligés autant qu’elle pouvait l’être aussi de son côté pour eux et la jeune fille le partageait avec eux avec une très grande noblesse de cœur. La vie courait dans ses veines, un peu de la même façon qu’elle pouvait le faire également dans celles des gens qui la côtoyait. Voilà pourquoi, elle se devait de laisser de côté ses tourments pour ainsi aller de l’avant et ce même si l’effort en était difficile.

Aussi et tout en songeant au bonheur qu’elle pourrait ressentir en sortant de l’enceinte du château, la jeune fille se mit en route pour retrouver sa grande amie et rescapée Camelya. Son cœur n’avait fait qu’un bon de plus dans sa poitrine dès lors que leurs routes s’étaient à nouveau croisées. Bien heureusement pour elles, les Sept avaient été cléments quant à la santé de son amie, ne lui affligeant qu’une blessure au niveau de sa cuisse. Certes, cette dernière serait probablement une marquer qu’elle garderait pour le restant de ses jours, néanmoins, il n’en restait pas moins que sa santé lui était bonne et qu’elle avait pu retrouver les siens. De quoi apaiser le cœur de la jeune Harlton, même si elle avait pu constater que le chagrin avait pris également une place importante dans le cœur de celle qu’elle considérait comme une sœur. Si seulement, elle en disposait les pouvoirs. La jeune fille aurait veillé à apaiser ses troubles et lui permettre de retrouver le sourire d’antan, celui là même qu’elles se plaisaient à partager dans leurs âges les plus tendres alors qu’elles se contaient des histoires chacune à leur tour. Les souvenirs agréables et réconfortants ne cessaient de lui revenir en mémoire alors que ses pas quittaient les fours encore bien chauds de l’auberge de sa demeure. Le plat qu’elle tenait bien fermement sur ses mains lui réchauffaient ces dernières et lui laissait par la même présager de la bonne augure de cet instant à venir. Marianne espérait tant pouvoir apporter un peu de réconfort à son amie. Voilà pourquoi, le sourire s’était aussi vite retrouvé sur ses lèvres alors qu’elle pénétrait dans la pièce où Camelya se tenait. A peine avait-elle pu l’admirer que déjà la bonne humeur la gagnait. Un sentiment de joie qui n’avait de cesse de grandir alors qu’elle retrouvait également le sourire, même amoindri, de sa grande amie. Cette vision de retrouver les siens était plaisante et chère à son cœur. Mais pourtant, un voile de tristesse réussit à passer devant leurs yeux alors qu’elles pouvaient très bien ressentir que quelque chose avait disparut. Ou du moins c’était légèrement fissuré. Leur innocence avait été mise à rude épreuve à toutes les deux et ainsi s’en trouvaient-elles grandis à présent. Le temps des rires, et des plaisanteries enfantines étaient très loin à présent, restait à préserver le temps des confidences et de la fidélité dans une réelle amitié à présent. « Au bon moment ? » Aussi et sans se faire attendre davantage, la jeune lady avait présenté ses intentions quant à son désir de revoir le sourire franchir la barrière des lèvres de son amie. Peut être que ce simple geste éveillerait en elle une meilleure humeur alors que l’attention était sincère ? C’est ce qu’espérait la jeune fille alors qu’elle s’empressait de prendre dans ses bras celle qui méritait la plus grande des attentions selon elle. Camelya était fragile, ou du moins lui avait-elle paru au court de leur dernière entrevue, Marianne n’avait jamais désiré que cette dernière puisse connaître des tourments. Et si elle pouvait inverser le cours du temps, elle l’aurait très probablement retenue de manière à ce qu’elle ne parte pas pour Beaumarché. Mais malheureusement, elle n’en n’avait pas le pouvoir et savait pertinemment que faire ses propres choix et vivre ses propres expériences étaient souvent une meilleure chose que de les songer. Ses mains avaient trouvé naturellement le chemin vers le visage de son amie, de manière à ce que leurs yeux puissent se croiser et qu’elle puisse ainsi prendre entièrement connaissance de sa santé. Car il n’y avait pire mal que lorsque ce dernier s’en prenait à l’esprit d’un être.

Le sourire se partageait volontiers avec celui de son amie. Un sourire qu’elle voulait garder intact et sincère, alors que les tourments les avaient accablé à toutes les deux. Et alors qu’elles se retrouvaient, Marianne porta son regard en direction de la jambe de son amie sans dire un seul mot. Espérant une nouvelle fois silencieusement que cette dernière ne la fasse pas trop souffrir. Néanmoins, elle laissa ses pensées de côté pour quelques instants alors que Camelya la rassurait vis-à-vis de la tourte aux myrtilles qu’elle venait de lui rapporter. Souriant de plus belle, Marianne lâcha l’étreinte de son amie et se retourna de manière à commencer à couper cette dernière. « Tu te rappelles ce que Martha nous disait. » Prenant le couteau entre ses doigts, la jeune fille essaya tant bien que mal d’imiter le caractère abrupt de son ancienne nourrice, hélas disparue depuis quelques années. « On est riches en espoir dès qu’on savoure le goût d’une bonne tourte au sucre. » Un rire s’échappa d’entre les poumons de la jeune fille avant qu’elle ne torse son nez tout en commentant avec une voix légèrement plus faible. « Je ne lui ai jamais dis, mais j’en avais horreur. » Et sur ses mots, la jeune fille commença à découper quelques quartiers de la tarte. Sa position ne lui permit pas de prendre connaissance des mouvements de son amie dans son dos. Néanmoins elle put entendre que cette dernière avait quelque chose pour elle. Souriant de plus belle, Marianne continua sa besogne tout en songeant au caractère généreux de sa grande amie. Comme si rien ne pourrait jamais tarir cette qualité qui la rendait si unique. « Je ne mérite qu’un seul présent mon amie, celui de pouvoir te revoir heureuse. » Cette fois-ci le sourire qu’elle afficha n’en fut que plus triste alors qu’elle prenait conscience de ce constat. Quelque chose au fond d’elle lui disait qu’elle n’y parviendrait pas, parce qu’elle n’en n’avait pas le pouvoir. Cependant, elle veillerait à lui apporter un minimum de paix pour ainsi l’aider à appréhender sa vie. Prenant place sur une chaise, la jeune lady regarda son amie se mouvoir dans la pièce. Elle boitait énormément encore et ce constat lui fit mal au cœur. Si bien qu’elle ne put retenir plus longtemps encore ses pensées. « Comment se porte ta jambe ? Le mestre est-il venu te rendre visite dernièrement ? » La jeune fille tapota sur la chaise face à elle de manière à inviter son amie à prendre place face à elle et c’est en lui saisissant les mains pour l’accueillir qu’elle vérifia de son état. Mais ce fut à son tour d’être prise légèrement de court dès lors qu’elle entendit son amie demander des nouvelles de son chevalier. Affichant un sourire attristé, la jeune Harlton relâcha ses mains en baissant son regard. « J’ai bon espoir quant à sa survie. La fièvre est descendue complètement et la plaie paraît plus jolie. » Elle rassembla ses mains l’une vers l’autre et commença à les serrer l’une avec l’autre, trahissant son mal être. « Merci de prendre de ses nouvelles, il sera heureux que je lui rapporte. » Un léger sourire en coin se dessina sur ses lèvres, léger et rapide. Si bien qu’il s’estompait déjà alors que la jeune fille sentait les remords l’assaillir. « J’aurai dû être à vos places. Ainsi en seriez-vous saufs et plus heureux… » Ses lèvres se mirent à frémir doucement alors que le masque finissait de se laisser entraîner vers le sol. « J’ai faillis Camelya. Et je vous ai entraîné dans ma chute… »


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P
lusieurs jours depuis l’attaque sur la ville de Beaumarché s’étaient passés maintenant. Si l’antre des Harlton avait toujours été un refuge pour la petite couturière, quelque chose trompait les souvenirs qu’elle s’était faits de cet endroit. En se baladant dans les rues, rien n’était pareil. C’était flagrant. La quiétude de ces lieux était bafouée par les nombreuses séquelles de ces combats et des survivants de la bataille. Certains priaient les Dieux sans relâche pour les remercier de ces vies sauves alors que d’autres pleuraient à chaudes larmes ces pertes familiales mais aussi amicales. Et dire qu’elles étaient importantes n’était qu’une méprise. Même si l’idée de se balader dans les rues qui lui étaient si familières lui arrachait un sourire, la brunette ne pouvait décemment pas encore déambuler comme si de rien était. Sans doute, était-elle encore bien trop faible pour affronter la tristesse des autres alors qu’elle-même n’arrivait pas encore à surmonter la sienne ? C’était donc plus par une sorte d’égoïsme qui ne lui ressemblait pas qu’elle préférait rester à l’écart. Une chose certainement indispensable pour que chacun puisse reprendre le cours de sa vie bousculée. Même si sa mère lui avait dit que Castel-Bois n’était qu’une étape et qu’ils retourneraient à Beaumarché dès que cela serait possible à cause des souvenirs de son mari disparu, Camelya était heureuse malgré les apparences de retrouver les paysages et les visages de son enfance. Surtout la présence de Marianne qui lui avait tellement manqué pendant toute cette année. Tous ces rêves de jeune fille qu’elles avaient partagés dans cette ville lui réchauffaient le cœur à tel point que la brunette osait espérer retrouver le chemin de ses songes. Et une fois de plus, la jeune Harlton était là pour elle ramenant une délicieuse tarte.. Que de si douces attentions.

« Au bon moment ? »

Acquiesçant d’un léger signe de tête tout en haussant les épaules dans une moue qui ne lui ressemblait pas, Camelya ne savait pas quoi répondre à cette interrogation qui n’en était finalement pas une. Son amie n’était pas dupe et naïve au point de ne pas comprendre que quelque chose lui broyait le ventre avec une telle force qu’elle en devenait presque malade de jour en jour. De la tristesse et énormément de regrets.. Voilà à quoi se résumait ses nuits mais aussi ses journées. Et si Isendre n’avait pas survécu à l’attaque de Beaumarché ? S’il était mort, une lame enfoncée en son ventre ? Si la vie lui avait été injustement retirée en ce sombre jour ? Et si elle ne pouvait jamais plus plonger son regard dans le sien.. Sans doute ne trouverait-elle pas la force de se relever et de marcher à nouveau la tête haute. Car oui, toutes ses craintes et son angoisse portaient le seul nom de cet homme. Des regrets. Oh qu’elle en aurait tellement si elle apprenait cette sordide nouvelle qui planait au dessus de sa tête tel un vautour affamé de désespoir, qui ne lui laisserait aucun répit en la terrassant toujours plus. Celui de ne pas avoir trouvé le courage afin de lui avouer que ce Prince auquel elle donnait vie dans ses histoires sur la petite place de la ville et bien, c’était lui. Personne d’autre que lui. Que cette princesse qu’il aurait pu aimer s’il le désirait lui aussi, c’était elle. Qu’elle serait prête à lui coudre une chemise entièrement au fil d’or s’il lui demandait. Le regret, tout simplement, de ne pas avoir su lui faire comprendre plus tôt et la tristesse de ne pas savoir. Et s’ils étaient ensemble, à passer du bon temps comme ils en prenaient l’habitude alors que l’attaque venait d’être donnée ? Peut-être aurait-il été près d’elle à ce moment là, lui enlevant ainsi le poids de tous ces doutes de ses fines épaules et la rassurant sur ce qu’ils pourraient devenir en lui accordant une place entre ses bras. Et si.. Si le simple fait d’y croire lui interdisait tout simplement d’y renoncer ?

La petite brune ne savait même plus sur quel pied danser. Déjà qu’elle n’était pas une brillante étoile de ce côté-là. Si en plus on lui donnait un handicap.. Certainement pas sur cette jambe qui lui arrachait encore par moments des grimaces de douleur bien qu’elles se faisaient de plus en plus rares, au rythme de cette guérison orchestrée par le mestre des Harlton en personne. Si cette blessure physique se résorbait avec le temps, l’autre bien plus profonde et ancrée en sa personne se fissurait un peu plus. Il n’y avait aucun doute possible, sa famille et elle-même se trouvaient entre de bonnes mains. C’était déjà un immense soulagement. Une chose pour laquelle elle ne savait pas comment remercier son amie et cela l’angoissait. Mais heureusement, face au sourire de son amie, Camelya sortait de ses sombres pensées..

« Tu te rappelles ce que Martha nous disait. On est riches en espoir dès qu’on savoure le goût d’une bonne tourte au sucre. »

Laissant sa grande sœur de cœur découper cette tarte qui était si délicieuse rien qu’à l’œil, la petite brune l’écoutait avec une pointe de nostalgie qui vint cueillir un nouveau sourire sur son visage. Baissant un peu sa tête, le regard vers ce met alléchant, elle prenait enfin conscience de son appétit grandissant. Marianne avait vu tellement juste une fois de plus. Cette surprise gustative annonçait une éclaircie perçante dans le ciel ombragé de la demoiselle. Ces paroles de Martha et cette imitation si parfaite de Marianne arrachèrent un petit rire à la conteuse. Une sonorité pure et réelle qu’elle-même redécouvrait avec un plaisir exquis.

« C’est vrai que c’était.. Spécial. » avoua-t-elle, bien amusée par ces souvenirs. Se mordillant la lèvre face à ces couleurs et cette odeur, elle ajouta.. « Sans vouloir porter atteinte à sa douce mémoire, je peux aisément parier que cette tarte que tu as ramené nous rendra, pour sûr, bien plus riches de gourmandise ! »

Laissant son regard dérivé vers la robe à présent cachée par d’autres étoffes, la petite couturière avait tellement hâte de la lui faire essayer et surtout, de voir si elle avait rempli son objectif. Celui de faire, pour Marianne, la plus belle des robes possible. Ce modeste présent revêtait plusieurs significations. Tout d’abord, un remerciement des plus sincères pour tout ce que son amie avait engagé pour la sauver, sa famille et elle des griffes du feu et des Fer-Nés. Par moments, la brunette se demandait ce qui aurait pu lui arriver si Torvald n’était pas arrivé aussi vite près d’elle. Aurait-elle été violée ou tuée ? Les deux même peut-être bien.. En y pensant, un frisson parcourut son corps alors que ses poings se serrèrent. Masquant ces méditations par un sourire, la Fleur de Beaumarché ajouta même.

« Ne t’en fait pas trop pour moi. Il me faut juste un peu de temps pour oublier ce qui s’est passé même si.. Cela sera surement impossible. » Tout en contournant cette table où Marianne prit place, la brune n’hésita pas à compléter ses dires. « Tu as fait tellement pour nous. C’est la moindre des choses. Promets-moi de l’accepter sans rien dire. » Ses lèvres s’étirèrent doucement sur son visage pour un nouveau sourire des plus sincères envers son amie. Tout en prenant place face à cette dernière qui la questionna au sujet de sa jambe, Camelya prit ses mains dans les siennes pour les serrer doucement. Le contact avec des personnes chères sont toujours un moyen efficace de lutter contre les maux les plus douloureux. « Il est venu hier matin. D’après ses dires, tout est en très bonne voie et ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir. Je .. Merci pour tout Marianne… »

Alors qu’elle la questionnait sur l’état de santé de son sauveur, Torvald, la tristesse de son amie n’échappa pas à la conteuse. Tout en la regardant baisser le regard, la brune ne souhaitait pas la brusquer en comprenant très bien les difficultés de ces derniers jours. Rien n’avait été facile et personne n’avait été épargné.

« J’ai bon espoir quant à sa survie. La fièvre est descendue complètement et la plaie paraît plus jolie. Merci de prendre de ses nouvelles, il sera heureux que je lui rapporte. »

Camelya se contentait de ces paroles pour espérer qu’il s’en sorte. Elle craignait que la peur de son amie ne lui cache certains faits quant à la santé de cet homme, mais au fond, pourquoi lui mentirait-elle ? C’était tout à fait normal que malgré le fait que sa vie soit maintenant hors de danger, une part d’angoisse continue de ronger la belle Harlton, chose qui ne s’estompera qu’avec le temps. Décidément, tout devenait une question d’attente et de patience. Des choses qui n’étaient pas vraiment la spécialité de la petite couturière. Essayant d’attirer son regard vers elle pour lui adresser un mince sourire plein de compassion, elle lui dit..

« Marianne.. Torvald est un homme fort et courageux cela ne fait aucun doute. Ces nouvelles que tu me donnes à son sujet me rassurent. J’étais inquiète pour lui. Cela se voit qu’il tient à toi et inversement. » accorda-t-elle avec un petit sourire complice et qui se voulait amusé alors qu’elle laissait ses mains se frayer un chemin jusqu’à celles de son amie. Marianne avait été là pour elle, pour la rassurer et l’aider. Si seulement elle pouvait lui rendre la pareille.. « Tu es là, à veiller sur lui. C’est la meilleure chose qui puisse lui arriver. Je suis persuadée qu’il va s’en sortir rapidement. »

Et soudain, c’était comme si le ciel lui tombait sur la tête. Les paroles de Marianne qui suivaient laissaient la petite brune presque sans voix. Resserrant sa prise sur les mains de son amie, elle se pencha un peu plus sur la table pour forcer le regard de la belle de Castel-Bois à se poser sur elle. Ce n’était juste impensable ce qu’elle venait de lui dire. Jamais elle n’aurait du être à leurs places. Le bonheur aurait pu être anéanti pour bien moins que cela de toute façon et il finirait par revenir quoiqu’il arrive. Camelya n’avait pas à se plaindre de l’état des siens. Au final, il n’y avait qu’elle qui était un peu entaillée. Et encore, grâce à son amie, elle était hors de danger. Plus aucun risque d’infection. Pour Torvald, la brunette était certaine qu’elle allait bientôt le croiser dans les allées de Castel-Bois bien vivant. Et quand bien même.. Marianne avait agit avec réflexion et justesse.

« J’ai énormément de respect pour toi, tu le sais très bien. Mais s’il y a bien des paroles que je ne peux accepter de ta part, ce sont bien celles-ci. Tu as été exemplaire, employant tes forces avec brio. Et non. Non, tu n’avais pas à être à nos places pour subir tout cela à toi seule. Tu ne nous as pas entrainé dans ta chute. » Baissant légèrement son regard coloré de tristesse malgré ce sourire qui se voulait rassurant, elle ne s’arrêta pas sur ces paroles. « Et tu n’as pas faillis. Crois-moi. »

Tout en marquant ces derniers mots par un sourire, Camelya reporta son attention vers cette tarte que son amie avait prit soin de couper. Une fois que le danger de ces paroles semblait s’éloigner, la demoiselle relâcha les mains de sa grande sœur pour désigner le met d’un signe de tête accompagné d’une expression rappelant sa gourmandise de petite fille.

« Allons Marianne. Enrichissons-nous d’un peu de gourmandise. Cela ne nous fera pas de mal. » lui dit-elle pour alléger un peu l’humeur de son amie. En effet la demoiselle partait dans l’idée que ce qui n’était pas de bon augure pour Marianne ne l’était pas non plus pour elle. L’appel de la gourmandise ne tarda pas à faire des siennes et Camelya prit l’une des parts de cette tarte. Elle en avait oublié à quel point une bonne tarte pouvait être si agréable..

« Aussi délicieuse que dans mes souvenirs. Un régal.. »

Maintenant qu’elle avait quelque chose dans le ventre, Camelya ne pouvait que mieux se sentir. Si bien qu’elle ne pouvait pas mentir plus longtemps à son amie et qu’elle lâcha sans même s’en rendre compte un en reposant sur la table le reste de sa part qui avait déjà bien diminuée..

« J’ai peur Marianne. Terriblement peur.. »

Elle n’avait pas réussi à résister, la brunette devait se confier à quelqu’un pour pouvoir sortir la tête de l’eau avant de finir noyée. Et qui pouvait remplir cette mission mieux que cette sœur non de sang mais bel et bien de cœur ?

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L
’espoir ne pouvait être vain. L’Humain pouvait croire en sa disparition totale, néanmoins ce sentiment ne pouvait complètement s’effacer d’un être de manière totale. Il suffisait de s’intéresser aux aspirations les plus primitives de ce dernier pour ainsi en prendre conscience. L’oxygène, l’eau, la nourriture, tous ces instincts de survie ne quittaient jamais le cœur de tout un chacun et ce malgré les aléas que l’on pouvait connaître. Il s’agissait simplement d’habitudes, de quelques usages ancrés dans nos esprits, si bien que nous n’en avions simplement plus conscience. Ainsi, l’espoir perdurait à chacune des inspirations que l’on pouvait prendre et tout le mal être et les tensions qui nous environnaient s’échapper dans une expiration des plus délicates. Du moins, il s’agissait là d’une pensée que la jeune Harlton se plaisait à garder dans son esprit, dès lors que le désespoir savait prendre possession de son âme, comme aujourd’hui. Castel-Bois reflétait, d’ordinaire, l’image même d’un petit domaine fier de ses origines et bienheureux de sa situation. Les rires s’accompagnaient ben souvent d’appels et autres joyeusetés, qui laissaient entendre des chants chaleureux aux travers les petites ruelles du village. Bien portant, les habitants de ce domaine laissait largement entrevoir leur bien être par ces petites attentions qu’ils savaient se donner les uns aux autres. Un vrai havre de paix pour l’étranger qui désirait passer quelques journées loin de chez lui. Malheureusement, toutes les bonnes choses avaient une fin et la tristesse de Beaumarché avait fini par s’étendre au-delà des frontières du domaine. Des voiles se percevaient sur les yeux les plus fatigués de chaque famille, le sourire s’effaçait pour laisser place à une moue emplie de chagrin dès lors que les familles étaient accablées de pertes. L’espoir s’envolait en même temps que les feuilles qui tremblaient sur l’arbre, menaçantes tant leur chute se voulait douloureuse. Cette dernière se voulait abrupte, alors même que le vent essayait simplement d’en apaiser les blessures les plus douloureuses. Ainsi étaient-ils tous perdus ? Des conclusions hâtives s’échappaient d’entre les lèvres de certains, ceux dont le désespoir était tel qu’il les rendait aveugle de jours meilleurs. Peut être avaient-ils raison ? Peut-être même fallait-il se laisser aller et ainsi attendre simplement que le dénouement terrible ne vienne abattre son courroux sur tous ? Peut être … Non, la jeune Harlton se refusait à laisser ce néfaste sentiment courir un peu plus ses veines. Jamais, elle ne le pourrait, tant elle voulait croire en des jours meilleurs. Le temps effacerait les blessures les plus profondes ou du moins les apaiseraient-elles. Lui, seul était la clé de ce mal qui rongeait l’ensemble des habitants de ce domaine. Voilà pourquoi, elle ne pouvait oser prétendre en une quelconque défaite, même si son cœur ne cessait de l’accabler d’une culpabilité croissante quant aux maux de ses gens. Ainsi désirait-elle assumer l’entière responsabilité de sa défaite, s’en rejeter toutes les fautes sur sa personne pour ainsi pouvoir libérer ceux qui aspiraient à une vie meilleure. N’était-ce point là le rôle d’une lady ? Ne devait-elle pas encourir le risque de cette tristesse pour ainsi veiller au mieux à la survie des siens ? Si le remède était celui là, la jeune fille se sacrifierait mille fois juste pour entendre à nouveau les rires de son domaine. D’ailleurs, elle aspirait à prendre cette route et veillait comme elle le pouvait d’accorder un peu de paix dans le cœur de tout un chacun. Ben sûr et pour l’heure, les personnes qui en bénéficiaient se trouvaient être celles dont elle tenait le plus. Torvald était celui avec qui elle passait le plus de temps. N’hésitant pas à peut être abuser de sa gentillesse et de sa bonté, pour ainsi s’assurer de son bien être. La crainte de le perdre, mais surtout celle de perdre ses faveurs avait su s’immiscer dans le cœur de la jeune fille qui se sentait coupable de sa position. Après tout, comment n’aurait-elle pu s’en vouloir d’un tel sort ? S’il se trouvait en ce triste état, en quête d’une meilleure santé pour ainsi veiller au mieux à remplir ses fonctions, ce n’était uniquement de sa faute à elle. Si seulement, elle avait veillé à le garder auprès d’elle et non pas l’envoyer dans les ruines enflammées de cette grande place. Peut être en serait-il entièrement sauf ? Son cœur pleurait à chaque fois qu’elle était le témoin de ses souffrances, si seulement les rôles avaient pu s’inverser ? Mais dès lors que la conversation se tournait vers son amie et confidente Camelya, le cœur de la jeune Harlton trouvait un peu d’apaisement. Ainsi n’avait-elle point faillis plus que de raison ? Puisque grâce au courage de son chevalier et à sa bonté d’âme, ils avaient pu sauver des êtres chers à leurs cœurs. Ensemble peut être aspiraient-ils à réaliser de grandes choses ? La rêverie prenait place à cet instant, celle durant laquelle, la jeune fille se permettait d’oser entrevoir un avenir bien meilleur et idéalisé. Celle qui témoignait de son jeune âge vis-à-vis de la maturité grandissante dont elle se devait d’obtenir par tous les moyens. Mais là n’était pas le sujet, car il lui suffisait de songer à Camelya pour que son cœur ne se reprenne et que son caractère protecteur et bienveillant ne désire subvenir à ses besoins. Ainsi, et dans cette volonté, Marianne se plaisait à admirer son amie d’enfance et petite sœur d’âme chère à son cœur. Et le spectacle qu’elle pouvait admirer lui rappelait non sans aucune difficulté la même image qu’il lui arrivait de voir dès qu’elle se voyait dans un miroir. La tristesse, la crainte, mais surtout la culpabilité se dessinaient de manière alternative sur le visage fatiguée de son amie. L’accablant probablement de maux qu’elle envisageait comme incurables ou pi encore, comme étant incompris. Comment pouvait-elle assister à cette chute sans même oser y tenter d’en offrir un remède ?

Le sourire, la bonté, le partage étaient à présents les guides certains de cette atmosphère. Veillant à y apporter un peu de quiétude et intimant une certaine confidence, quant à un meilleur état d’âme. La jeune Harlton ne préférait s’avouer aucunement vaincue face aux viles aspirations du désespoir. Certainement pas pour celle qu’elle considérait depuis tant d’années comme sa véritable amie. Nul ne méritait un tel dessein, nul n’était apte à endosser de cette responsabilité tant bien même que les faits s’étaient imposés injustement contre eux. Camelya méritait ce qu’il y avait de plus agréable et de plus sain. Voilà pourquoi, la jeune fille s’était prévalut d’apporter un peu de légèreté à cette situation. Ramenant ainsi de façon naturelle mais tout aussi moqueuse des dires jadis rapportés par une nourrice qu’elles affectionnaient.  Ses intentions furent doucement suivies par le caractère généreux de son amie. Le sourire veillait à ne plus quitter leurs lèvres alors que des bribes commençaient à s’imager lentement devant les yeux de Marianne. Pauvre Martha… Si elle les entendait, elle était certaine qu’elle n’aurait pas hésité longuement à remettre à leur place ces jeunes filles impudentes. Un trait de son caractère qui avait toujours amusé Marianne. Cependant, sa curiosité n’en fut que piquée davantage à vif dès lors que le sujet d’une surprise était venu s’immiscer dans ce partage.  Le cœur de la jeune fille était empli de joie avec cette fine part de respect qu’elle veillait à offrir volontiers à sa petite sœur de cœur. Camelya était une jeune fille dont la douceur et la générosité n’avait d’aucunes égales. Une jeune fille dont seul les prémices d’une vie meilleure et emplie de joie devaient s’offrir à elle et non pas cette tristesse qui veillait à rester bien présente dans le fond de son regard. Marianne n’en fut que des plus touchée par ses propos. Tant la fierté piquait son cœur alors que la chaleur lui semblait indivisible de ce dernier. « Accorde au temps un peu de ses bienséances. Je puis te jurer qu’avec le recul, la douleur s’estompe. Jamais elle ne s’effacera, mais elle sait s’en trouver légèrement apaiser. » Autant rapporter des faits qu’elle ne connaissait que trop bien. Des conseils qu’elle n’avait jamais entendu à un moment où peut être cela lui aurait été bénéfique. La perte de son feu père, la vision de son exécution, son jeune âge n’avaient jamais trouvé une éradication totale de ce manque. Néanmoins, le temps avait eu raison de la douleur, l’apaisant petit à petit sans jamais la faire disparaître totalement. Ses mains jointes à celles de Camelya, les pouces de Marianne dessinaient délicatement des ronds sur les paumes de celles de son amie. Comme si cette volonté veillait ainsi à apporter un peu de courage à sa confidente. « Je te promets de l’accepter avec la plus grande des joies et le plus profond des respects. » Ses paroles se joignaient avec cette même volonté de générosité que les attentions de son amie. Mais ces dernières furent quelque peu déviées au moment où Marianne désirait entendre du bon rétablissement de Camelya. Soucieuse, la jeune fille veillait à regarder de manière insistante l’ensemble du visage de son amie, désireuse d’y lire de la sincérité dans ses propos. Attentive et désireuse de garder les réponses avec minutie, la jeune fille acquiesça doucement d’un signe de tête, rassurée d’entendre le bon suivi de son mestre, mais surtout de la meilleure santé de Camelya. Ainsi, la cicatrice qu’elle portera ne lui portera aucunement préjudice. Du moins, celle-ci. Car Marianne voyait qu’un autre mal rongeait son amie. Celui-là même qui ravivait la culpabilité qu’elle ne cessait de taire en son sein et qui avait fini par se dévoiler devant les yeux amicaux et rassurants de celle qu’elle considérait comme sa confidente.

Le sujet de Torvald aurait pu devenir l’un de ceux qui savait faire sourire Marianne dès lors qu’elle en prononçait son prénom. Malheureusement, les divers évènements ainsi que les conséquences par rapport à cette boucherie barbare étaient si difficiles pour elle, que la culpabilité était déjà en train de couler le long de ses veines. Courbant l’échine, s’offrant volontiers à ce mal, Marianne n’avait pu que se résoudre à laisser les mots suivre un court qu’elle ne contrôlait plus. Son cœur parlait et à mesure qu’il pouvait agir sous cet ordre, sa tristesse prenait le dessus. Accablée de toute part, les remords ne cessaient de l’attaquer encore et encore, tant est si bien que le désir de vouloir disparaître commençait déjà à se faire ressentir. Cependant, un rayon de bonté parvint à percer par delà les nuages assombrissant de cette culpabilité dès lors que son amie lui témoigna d’une réelle gratitude en rapport avec son chevalier. « C’est un robuste oui. » l’assura t-elle sans même relever ses yeux alors que sa tête acquiescer ses dires. Marianne n’avait jamais douté de la force de Torvald et ne le ferait jamais, de même qu’elle était certaine de ne plus jamais douter de sa fidélité pour elle. « Je tiens à lui autant qu’il tient à moi. » Cette constatation se voulait solennelle, naturelle dès lors qu’un seigneur veillait au bien être des siens, mais le ton que Marianne venait d’employer révéler d’un autre sentiment. Les non-dits et les interdictions se devaient de rester là où ils auraient dû être. Mais l’envie de les garder indemne était une chose très difficile pour la jeune fille. Mais il lui suffisait de songer à la protection de Torvald pour que la raison ne vienne la guider et que son amour se taise en sacrifice à sa survie. Elle ne savait pas si Camelya avait pris conscience de quelque chose à ce sujet. Néanmoins, la jeune Harlton se devait de le dissimuler aux yeux de tous.

Des larmes vinrent doucement trouver un chemin connu le long des joues de la jeune fille. Timides, elles savaient pourtant quelle direction prendre pour l’avoir escarpé tant de fois déjà. Les remords perçaient davantage dans son cœur. Si bien, qu’elle les laissa s’exprimer une nouvelle fois par des phrases qu’elle en venait à penser. Sa condition l’amenait au devant des limites qu’elle ne pourrait jamais franchir et cette position ne lui plaisait pas. Si seulement, elle avait pu elle-même partir à la recherche de Camelya et la ramener. Ainsi aurait-elle pu sauver et Torvald et son amie et sa famille ? Mais une femme du Conflans ne pouvait aspirer à tant de volontés, les envisager en était déjà une erreur. Les mains de Camelya semblèrent se resserrer un peu dans les siennes, ce simple geste obligea la jeune fille à relever son regard légèrement orageux pour ainsi trouver les yeux rassurants de celle qu’elle voyait comme une sœur. Sa colère la frappa assez rapidement, mais ses propos toujours aussi délicats et rassurants allaient à l’encontre de cette dernière et permettait ainsi à la jeune lady d’y trouver un léger apaisement. Ainsi son amie, celle avec qui elle avait vécu de si bon souvenirs et celle pour laquelle elle veillerait à tout pour son bien être, lui rapportait une vision, sa vision, comme étant juste et loyale. Ses tentatives en raison de sa volonté de la rassurer, parvinrent à trouver une bonne oreille, puisque déjà les larmes s’effaçaient doucement. « Il y a tant d’évènements que je ne comprends pas. Ces zones d’ombres… Sans réponse. » La politique était un art qu’elle avait du mal à envisager mais dont elle parvenait à en comprendre les moindres attraits avec le temps, mais surtout avec la dextérité de son oncle. Cependant, le sentiment d’avoir tout perdu restait bien là. Ce sentiment qu’elle ne savait comment se libérer. « Si les Nerboscs n’étaient pas venus… Qu’en serait-il de nous ? » Mais ils étaient venus et les avaient sauvé d’une certaine manière. Cependant, ces questions restaient toujours en suspend dans son esprit et les images qu’elle gardait intactes la hantaient de plus belle. « Pardonne moi, mes craintes n’ont aucune raison d’être, puisque nous voilà réunies à nouveau. » Il  valait mieux se reprendre, du moins tant que son amie n’irait pas mieux. Car la raison de sa présence allait dans le sens de Camelya. Marianne désirait la revoir sourire et lui apporter un peu de réconfort et non pas en recevoir. « Merci pour tes paroles sages et justes. Elles savent rassurer mon âme. » Un timide sourire parvenait à se dessiner sur le coin de ses lèvres, alors que ses mains serraient derechef celles de son amie.

S’accordant dans le même temps au regard de la jolie fleur de Beaumarché, le regard émeraude de Marianne vint également trouver les reliefs généreux de la tourte aux myrtilles qui semblaient les appeler ensemble vers la bonne voie de la dégustation. Si bien qu’un léger rire émana de sa bouche au moment même où Camelya exprimait sa réelle envie de goûter à cette dernière. Peut être que Marianne avait réussi à sa tâche ? Camelya semblait plus apaisée, ou du moins lui en donnait-elle l’impression à présent. L’accompagnant dans cette dégustation, la jeune lady savoura le caractère gouteux de ces baies qu’elle raffolait depuis toute petite. « Que ferait-on sans notre chère cuisinière n’est-ce pas. » Retrouvant petit à petit la légèreté désirée par son amie, Marianne avala une nouvelle bouchée avant de déposer le plat sur la table.

Prête à assouvir sa curiosité quant au cadeau qu’elle allait recevoir, la jeune fille se ravisa rapidement dès que ses yeux trouvèrent la peine et la crainte dans ceux de sa petite sœur. Ramenant ses mains aux siennes, c’était au tour de la jeune fille d’apporter un peu de réconfort quant aux avancées de Camelya. « Allons mon amie, ta famille et toi êtes saufs. Nous disposons d’une nouvelle protection grâce à la maison suzeraine actuelle. Personne n’entravera vos vies, je t’en fais le serment. » Cette peine toucha davantage la jeune fille qui essayait de capter à son tour l’attention de celle qu’elle appréciait pour ainsi lui rapporter une réelle sincérité vis-à-vis de ses dires. Cependant, les questionnements ne purent que reprendre, dès lors que cette crainte qu’elle évoquait ne paraissait pas être tout à fait celle d’une protection mais bien d’autre chose. Aussi et sans attendre plus encore, la jeune fille veilla à prendre son amie dans ses bras de manière à ce que sa force puisse la guider pour ainsi l’amener sur les voies de la confidence. « Quel mal te ronge ? Qu’as-tu laissé la bas pour en être si affectée ? » Visiblement, une partie de Camelya était toujours dans les cendres de la ville de Beaumarché. Et impuissante, Marianne désirait juste pouvoir apporter un peu de réconfort auprès de celle qui en méritait tant.



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A
pprendre à vivre dans ces conditions était quelque chose qui semblait inévitable. Le danger des combats, la férocité des armées allaient devenir de plus en plus courant tellement les enjeux stratégiques semblaient inévitables dans tout le royaume. Les forces du Conflans allaient très certainement être malmenées à de nombreuses reprises pour les temps à venir. Et même les rêveries de Camelya ne pourraient rien faire contre cela. Elle se sentait tellement impuissante et inutile que cela en devenait une obsession. A croire que dans sa tête, si elle seule avait su manier autre chose que des aiguilles, la brune aurait pu changer le cours des choses. Ce qui n'était tout simplement pas possible. Mais, elle se plaisait à le croire, renforçant ainsi sa culpabilité toujours plus. Il fallait bien trouver une justification à ce nuage sombre qui planait au-dessus d'elle, et c'était la seule chose qui lui traversait l'esprit. Marcher dans les rues même de Castel-Bois était une véritable épreuve pour elle. La gaieté de ses souvenirs d'enfance semblait si loin qu'elle ne reconnaissait pas cet environnement. La brunette se sentait si étrangère dans ces ruelles qu'elle connaissait pourtant si bien qu'elle pût les arpenter les yeux clos. Lorsqu'elle devait chercher du tissu, ses petits pas redoublaient de nombre, la forçant à faire un détour pour ne pas passer devant l'ancienne forge de son père et ne pas se rajouter plus de poids sur les épaules. Tout avait changé.. Et pas qu'en bien.

Heureusement, le soutien et l'amitié sans faille de Marianne étaient intacts. Peut-être même bien plus forts qu'avant. Et ça, c'était l'une des choses permettant à la petite fleur de garder la tête hors de l'eau. Ainsi attablée avec son amie près d'elle, la demoiselle se trouvait des forces improbables qui lui permettaient de se remettre en selle après cette terrible chute. Si ces deux jeunes femmes pouvaient partager la même douleur, c'était bien celle de la perte de leur père respectif. Certes, pour Karl, il n'y avait aucune certitude, son corps n'ayant jamais été retrouvé. Mais, plus le temps passait et plus les espoirs de le revoir sain et sauf s'amenuisaient. Ainsi, elles pouvaient se comprendre, parlant la même langue de cette personne au combien importante pour toute petite fille. La brunette fit un petit signe de la tête, voyant très bien ce à quoi sa grande soeur faisait référence. Il était inévitable pour toutes personnes se disant proche de la jeune Harlton de connaître sa peine quant à son père. Et elle avait raison. Parfaitement raison.. Même si dans ce cas là, les pions alignés étaient différents et revêtaient d'une importance toute autre. L'absence de son père la rongeait. Toute fille a besoin de l'appui de son père. De ses conseils, de sa vision des choses. De sa protection aussi. Même si les années aident à dépasser ce sentiment, il reste toujours enfoui à quelque part. Baissant la tête une nouvelle fois, la brunette admettait silencieusement qu'elle était d'accord pour accorder un peu de temps au temps. Raisonnablement, tout de même. Les traits sur le visage de la demoiselle se radoucirent face à toute l'attention que Marianne lui portait. Combien de personnes pouvaient se vanter d'avoir une amie telle que cette grande dame en devenir ? Très peu. C'est d'ailleurs pour cela que ce présent l'attendait.

J'espère bien que tu l'accepteras. Tu n'as de toute façon pas le choix. Accorda la demoiselle avec un sourire dissimulé au coin de ses lèvres. Mais, d'abord cette bonne tarte. Ce serait dommage de la salir si vite. Ajouta-t-elle dans un petit gloussement amusé.

Elle espérait tellement que cette robe comble son amie. La petite couturière s'était donnée un mal fou pour la rendre aussi parfaite que possible. Juste parce que la Harlton le méritait tellement et que cela lui faisait si plaisir de croiser ses aiguilles pour l'habiller. Si cette robe pouvait également mettre un peu de baume à son coeur, cela serait un franc succès. La petite brune savait très bien que son amie n'était pas au top de sa forme à la suite de ces fâcheux événements. Certes, ce n'étaient que des bouts de tissus assemblés les uns avec les autres, mais c'était réalisé avec tellement de reconnaissance et de sincérité que cette robe valait à elle seul un vrai trésor. Mais alors qu'elle avait évoqué la santé de Torvald, la conteuse regretta rapidement ses questions voyant tout le mal que cela causait à son amie. Marianne avait un coeur énorme, cela n'était plus à prouver. Mais quelque chose d'autre teintait cette crainte et cette tristesse. Une chose que la brunette identifia plus rapidement qu'elle ne l'aurait espéré.

Il serait capable de tout pour toi, cela se remarque bien rapidement. Et inversement. Ta façon de parler de lui est.. Touchante. Lui dit-elle en lui adressant un regard plein de compassion tout en serrant doucement ses mains dans les siennes.

Si elle pouvait faire n'importe quoi pour remonter le temps et empêcher tous ces drames, la brune ne le ferait sans aucune hésitation. Elle préférait tellement ses rêves de petites filles que de découvrir la vie dans son côté cruel et sanglant. Ainsi, elle épargnerait tellement de douleurs à ces âmes peinées, à Marianne qui s'inquiétait au sujet de son chevalier au point que même un aveugle le verrait, à ce jeune homme qui ne serait pas blessé mais aussi à elle. Rien que le fait de savoir qu'il avait risqué sa vie pour sauver la sienne et celles de sa famille lui donnait la certitude que son âme était bonne et qu'il était béni des Dieux pour son courage et sa bravoure. Ils se ressemblaient tellement que s'en était troublant. Marianne comme Torvald, tout deux faisaient au mieux et donnaient de leur personne. Certes, différemment, mais le résultat était le même. Le chevalier était blessé physiquement alors que la jeune Harlton l'était moralement. Tellement de maux apparus si soudainement.. D'un geste calme et posé, l'une des mains se détacha de celle de son amie pour venir balayer ses joues humides. Il était évident que si cela ne tenait qu'à elles, les choses se seraient passées différemment. Mais elles ne possédaient pas ce pouvoir, malheureusement.

Il y a tant d’évènements que je ne comprends pas. Ces zones d’ombres… Sans réponse. Si les Nerboscs n’étaient pas venus… Qu’en serait-il de nous ? Pardonne moi, mes craintes n’ont aucune raison d’être, puisque nous voilà réunies à nouveau.

Complètement perdue, la demoiselle reporta sa main vers celle de Marianne pour retrouver cette sorte de sécurité.

Je dois bien t'avouer que je n'en ai pas la moindre idée. Toutes ces questions me sont si étrangères. Comme toi, je ne comprends pas. Avoua-t-elle à demi-mot, sa voix lui manquant à cet instant. S'il y a quelque chose à comprendre..

Et c'était peu dire. La brune ne s'était jamais penchée sur ce genre de questions et de problèmes laissant cette tâche aux Desdaings. Elle, la seule chose à laquelle elle se devait de faire attention dans son quotidien était la qualité des étoffes et d'en avoir suffisamment à disposition pour ne pas se retrouver à court en pleine commande. Camelya était comme ça. Toute tâche commencée se devait d'être terminée au plus vite. Et quel enfer cela pouvait être lorsqu'elle devait retourner chez le tisserand en plein travail pour refaire le plein.

L'heure de la dégustation sonna enfin. Le manque d'appétit de ces derniers jours fut rapidement oublié tellement l'odeur était exquise et la tarte si douce en bouche. Cette part de tarte représentait l'un de ses rares repas de ces derniers jours. Son ventre était si noué qu'il lui était impossible d'avaler autant de choses que sa mère lui donnait. Mais, sous le regard intransigeant de son frère, la belle s'était toujours forcée d'avaler quelques maigres bouchées. Cela se remarquait sur sa silhouette qui était déjà légèrement marquée par ce manque d'appétit. Déjà qu'elle n'avait jamais été bien épaisse..

Que ferait-on sans notre chère cuisinière n’est-ce pas.

Tout en dévorant du regard, surtout, cette tarte sous son nez, la couturière adressa un grand sourire à son amie. C'était là une très bonne question. Ce plaisir gustatif était si plaisant ! Marianne avait eu, là encore, une idée merveilleuse pour sortir la brunette de son isolement. Elle était si délicieuse ... Que le temps de cette dégustation, la petite fleur ne pensait à rien d'autre. Même son esprit remerciait la jeune Harlton pour ce répit offert, toutes ces questions martelant ses pensées semblant être passées en sourdine. Offrant un regard aussi pétillant que ses yeux le lui permettaient, elle répondit..

Oh non, c'est une chose si inimaginable. Ses tartes sont les meilleures et savent redonner le sourire rien qu'à l'odeur.

Malheureusement, cette paix retrouvée l'espace de ces quelques bouchées s'envola aussi vite qu'elle était arrivée. Une nouvelle vague de doute et de tristesse s'échouait en elle. Un changement qui n'échappa pas à son hôte.

Allons mon amie, ta famille et toi êtes saufs. Nous disposons d’une nouvelle protection grâce à la maison suzeraine actuelle. Personne n’entravera vos vies, je t’en fais le serment. Lui dit alors Marianne, étreignant les petites mains habiles de la brune dans les siennes.

Une nouvelle maison suzeraine. Avait-elle bien entendu les paroles de sa grande soeur de coeur ? Face à cette révélation, Camelya sentit le sol se dérober sous ses pieds, l'attirant dans une chute sans fin. Un océan d'espoirs déchut aussi noir qu'étaient les âmes de ces assaillants Fer-Nés qui demeuraient la cause et le principal mal de toute cette situation, s'étendait devant elle à l'écoute de ces quelques mots. Une chance qu'elle ait été assise à ce moment-là, sa maladresse légendaire lui aurait sans doute joué un tour si cela n'avait pas été le cas. Ainsi donc, tout cet espoir qu'elle nourrissait semblait vain. Ses mains se posèrent calmement sur le bord de la table comme pour s'assurer qu'elle ne nageait pas en plein cauchemar. Une rage qu'elle ne s'était jamais encore connue la frappa soudainement, brisant en de multiples éclats ce sourire qu'elle avait arboré peu avant. Qu'était-il donc arrivé à Beaumarché ? Qu'advenait-il de la famille Desdaings ? Isendre était-il seulement encore vivant ? Et même s'il était encore en vie.. Etait-il suffisamment fort autant physiquement que moralement pour s'en sortir ? La conteuse s'en voulait tellement. Elle se sentait coupable de bien des choses à son sujet. Son regard qu'elle dressa vers Marianne devenait presque suppliant, criant pour elle d'une quête de vérité qui paraissait s'éterniser. D'une parfaite incompréhension de ce qu'il se passait. Bien entendu, elle avait cette chance incroyable d'avoir été sauvée par Torvald et constater que son heure n'était pas encore venue. Par elle ne savait quelles autres merveilles, toute sa famille était rassemblée à Castel-Bois, de la grand-mère au caractère bien trempé à son jeune frère qu'elle aimait tant. D'autres n'avaient pas eu cette chance-là. Elle le savait et s'en voulait de faire preuve d'autant d'égoïsme. Un trait de caractère qui n'était pas le sien, mais qu'elle ne pouvait, pour le coup, ne pas ignorer. Gardant le silence, elle entendit Marianne ajouter..

Quel mal te ronge ? Qu’as-tu laissé la bas pour en être si affectée ?

Ainsi, c'était le moment de confier ce qui se révélait être son plus grand secret. Qui elle avait abandonné.. Un fait que personne ne connaissait pas même Ayden. Marianne allait être dans la confidence. S'il y avait bien une personne à qui la petite couturière pouvait faire confiance, c'était bien elle. Son amie, sa grande soeur. Sa famille, dans un sens. Et peut-être qu'avec un nouveau miracle, cette personne si chère allait pouvoir lui apporter des réponses à ses nombreuses questions. Se retrouvant une nouvelle fois dans ses bras si accueillants, la petite fleur ne fit plus attention et ne se força même plus à retenir cette larme ruisselée le long de sa joue. Elle s'était tellement retenue devant tout le monde que cet instant de révélation la soulageait autant qu'il ne l'inquiétait. Cela n'était pas facile pour Camelya d'exposer cette situation sans trop en dire. Elle ne pouvait même pas en parler à sa mère, elle qui, avant l'attaque, avait décelé que quelque chose changeait chez sa fille lorsque ce fils de Criston Desdaings était auprès de son aînée. Voulant protéger cette dernière, la mère de la famille la mit en garde au sujet de la réputation que s'était faite le père d'Isendre envers les femmes. Tel père, tel fils avait-elle dit. Et pourtant, la brunette était persuadée au plus profond de son coeur que ce n'était pas vrai, allant même jusqu'à oser défier sa génitrice à ce sujet.

Promets-moi de garder cela pour toi. C'est.. Difficile à dire. Baissant légèrement la tête tout en détournant son regard de Marianne, un très léger sourire voila subtilement ses lèvres en imaginant celui de cet homme. Qui j'ai laissé à Beaumarché serait plus exact.. C'est une bonne personne, Marianne. Je peux te l'assurer. Passant du sourire au visage aux traits tendus, la petite brune haussa légèrement ses délicates épaules. Ne pas savoir s'il est encore vivant ou si les Dieux l'ont rappelé m'est insupportable. J'ai peur pour cet homme. Pour le fils de Criston Desdaings... Pour Isendre.

Libérée de ce poids, la conteuse n'osait tout de même pas porter son regard vers son amie. Jamais elle n'aurait dû ne serait-ce qu'éprouver ce genre de choses pour cet homme. Même s'il était un fils illégitime, il restait que son père avait été suzerain du Conflans et qu'elle, à côté, n'avait que le titre de princesse des aiguilles..


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   Camelya & Marianne
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L
'obscurité avait eu raison de ces temps, les plongeant dans une difficulté insoutenable, mais surtout amenant avec elle une sensation d’étouffement sans pareille. Affublant l’espoir de coups les uns beaucoup plus virulents que les autres, il n’en restait pas moins que la force de caractère de tout un chacun parvenait à se révéler doucement de ce tourment.  Le doute, la peur, mais surtout la douleur venaient hanter les visages de chaque protagoniste, entraînant avec eux des indignations et des dénis qui mettaient à mal ce sentiment si cher à leur cœur. Espérer devenait une épreuve bien difficile, et pourtant, il fallait parvenir à le garder intact. Car tel l’arbre, il savait puiser dans ses racines pour n’en devenir que plus fort. Voilà là une pensée bien rêveuse, utopique, voire même idéaliste pour certaines personnes, mais pourtant, à bien y regarder, cette dernière ne s’en portait pas moins véritable. Et alors que la conversation menait bon train dans cette pièce, alors que les échanges aussi bien tactiles que verbaux ne cessaient de foisonner entre les deux jeunes filles, la jeune Harlton parvenait à prendre conscience de cette réalité qui s’était tue, sous le joug de sa culpabilité. Il suffisait de prendre état de sa jeune amie, de cette petite couturière qu’elle avait toujours considéré comme une véritable sœur et confidente, pour se rendre compte que son égoïsme quant à une crainte à venir n’avait aucunement lieu d’être. D’ailleurs, le sourire parvenait délicatement à percer les nuages. Tel un rayon de soleil, qui, d’abord timide, arrivait à capter une attention particulière sur un petit lopin de terre et apporter un peu de réconfort à cette petite fleur en quête d’attention. Elle la laissait grandir de plus belle, lui laissant ainsi présager de sa force intérieure pour ainsi l’amener à découvrir un monde qui finirait par lui être plaisant. Les difficultés qu’elle connaîtrait n’en seraient que des plus redoutables, pourtant, il fallait qu’elle trouve cette volonté nécessaire à sa survie et à la réalisation indemne de ses rêves. Les mains de Marianne continuaient de serrer un peu plus celles de Camelya, alors même que le tourment veillait à la submerger. Quelque chose parvenait à la guider d’une manière à croire en ses dires : cette amitié indéfectible et délicate qu’elles entretenaient. Mais c’était surtout ce désir de partager cette bienveillance et d’accorder ainsi à son tour un peu de répit à son amie qui ne cessait de guider son cœur. Après tout, même si le mal les rongeait chacune à leur façon, il n’en restait pas moins qu’elles étaient ainsi réunies dans ce lieu. Cette pensée réchauffait davantage le cœur de la jeune fille, qui commençait par ce biais à comprendre que le mal infligé n’était certainement pas le pis qu’elle aurait pu envisager. La douleur, la peur de mourir, mais surtout cette crainte veillant à alimenter ses cauchemars quant aux fait des pertes conséquentes qu’elle aurait pu avoir à connaître n’avaient pas lieu d’être. Du moins pas encore et il valait peut être mieux profité de l’instant présent. Cet instant, qu’elle se plaisait à partager en compagnie de cette petite couturière qui ne cessait d’attiser sa curiosité quant à ce présent qu’elle tenait tant à lui offrir. Si seulement elle savait… Le simple fait de pouvoir partager un peu de sa compagnie et de parvenir à laisser le sourire et la quiétude prendre une place naturelle et sincère dans son cœur était les plus présents que Camelya lui offrait. Serrant un peu plus encore ses mains dans celles de son amie, la jeune fille posa un regard protecteur et chargé de reconnaissance sur cette petite conteuse si chère à son cœur. « Mangeons. » lui répondit t-elle de ce même ton amical et empli de ce bonheur certain quant aux retrouvailles qu’elles partageaient. Il n’était pas nécessaire de commenter le reste, tant la santé d son amie lui importait bien plus. Veillant d’ailleurs à surveiller ses mouvements, Marianne remarquait sans encombre à quel point les maux devaient la ronger de l’intérieur. Ses traits tirés, son amaigrissement conséquent, son comportement tout aussi incertain démontraient les souffrances de Camelya. Et intérieurement, la jeune fille espérait que ses agissements et attentions lui apporteraient un peu de répit quant à ce mal qui la rongeait. Peut être même y parvenait t-elle, car il lui sembla retrouver dans son comportement et dans ses dires la véritable personnalité de son amie. Une victoire qui saurait la rassurer quant à l’état de sa confidente.

La bonne humeur, ou du moins ce qui paraissait en être à moindre mesure, était parvenue à s’installer dans l’enceinte de cette pièce à demie éclairée. Le soleil perçait par delà les vitres assombries, mais surtout, il irradiait de ces deux âmes qui se dévoilaient. Même si, il donnait à cet instant précis, une sensation de chaleur incommensurable dans le cœur de la jeune Harlton. Il lui suffisait simplement que le nom de son chevalier soit prononcé, pour que son visage parvienne à se dessiner devant ses yeux. Un visage dont les traits si charmants et si attentionnés à son égard se transformaient petit à petit en un masque malheureux. O combien la jeune fille aurait désiré que le mal ne le ronge jamais ? Son cœur se serrait davantage à mesure que la culpabilité l’assaillait et lui faisait prendre conscience du danger dans lequel elle avait pu entraîner Torvald. La délivrance quant à ce qu’ils avaient pu partager était bien présente et restait tout de même une aubaine pour son cœur, mais les conséquences qui en découlaient veillaient à alimenter cette peur de le perdre à nouveau. Combien l’Amour pouvait-il être douloureux… Néanmoins, l’espoir quant à sa meilleure santé n’en restait pas moins une légère consolation pour Marianne. Bien maigre en comparaison de ce qu’elle aurait désiré lui offrir, mais pourtant véritablement sincère. D’ailleurs, ses dires pourtant si naturels dès lors qu’une lady tend à préserver la santé de son chevalier, avaient en réalité un sens tout autre dans le cœur de la jeune fille. Elle tenait à lui autant qu’il tenait à elle. De cet amour interdis qu’ils se devaient de garder sous silence, sous peine de se perdre à jamais. Peut être que Camelya avait entendu cette légère tristesse dans cette constatation, puisque déjà, elle pouvait ressentir à son tour ses petites mains serrer un peu plus les siennes. Ce geste lui instigua la force de relever son regard en direction de sa petite sœur. Un regard empli d’une émotion chargée de crainte et de tant de volonté de pouvoir mieux faire, alors que ses dires commençaient à la rassurer sur ce qu’elle percevait. Un timide sourire vint se dessiner sur le coin de ses lèvres alors qu’elle commençait simplement en lui expliquant qu’elle avait pu voir que Torvald ferait tout pour elle. Ses joues prirent une teinte rosie, dégageant avec elles un sentiment de gêne et de timidité quant aux dires qui suivirent. Bien sûr qu’elle ferait tout pour lui, elle le prouvait déjà en se sacrifiant afin de sauver sa vie. « Je ne veux pas le perdre. » Les confidences en amenant d’autres, le naturel venait de prendre le dessus et Marianne s’exposait ouvertement à cet interdit qu’elle avouait à son amie. Et contrairement à ce qu’elle aurait pu croire, ce n’était pas la culpabilité qui s’immisçait dans son cœur, mais plutôt la délivrance quant au fait de pouvoir le partager avec une personne de confiance. Camelya ne la trahirait pas, elle le savait depuis leur plus tendre enfance. Elle était la seule personne qui jamais ne trahirait sa confiance. Les yeux de Marianne croisèrent le sol, allant même à ne plus oser s’en relever pour laisser le temps calmer ses ardeurs quant à ses révélations.

Il lui fallut d’ailleurs quelques minutes pour ainsi taire ces dernières et laisser les évènements passés l’affublaient de nouveaux tracas. Causant le doute aussi bien dans son esprit que dans son cœur, Marianne ne cessait de se laisser submerger par les questions tant politiques que stratégiques des royaumes environnants. Par les Sept qu’elle aurait tant désiré obtenir les bonnes grâces des dieux pour ainsi pouvoir comprendre les rudiments pour les moins délicats de la politique. Son oncle se plaisait à le lui instiguer, et pourtant, jamais elle n’aurait l’impression de pouvoir avoir sa sagesse quant aux aspirations qu’il alimentait. Comment comprendre ? Comment faire pour parvenir à juger d’un homme d’un simple regard, comme lui pouvait le faire ? Lord Arwood était un fin stratège mais surtout un érudit dans ce domaine, alors qu’elle… Sa jeunesse ne cessait de lui faire défaut, tout comme sa condition de femme. Des défauts qui ne cessaient de l’entraîner sur la pente des culpabilités et de la non certitude de parvenir à mener à bien son rôle. Il lui suffisait de songer aux divers évènements et à tout de qui avait pu se passer autour de son domaine pour prendre conscience de cette réelle tare dont elle disposait. Jamais elle n’aurait pu penser que les Nerboscs, pourtant si fervents des Tully à l’époque, auraient pu se trouver une nouvelle alliance avec le roi Rhaegar. Cette dernière ne cessait d’alimenter le doute dans le cœur de la jeune fille, tant la rancœur quant à sa perte passée ne s’était jamais tue. Pourtant, elle voulait bien admettre que ces nouveaux suzerains n’en seraient pas moins plus bénéfiques dans leur région, voire même meilleur que les précédents. Ils disposaient d’un sens de l’honneur semblable aux Harlton, ce qui pouvait ainsi laisser présager d’une véritable alliance auprès des deux familles. Une nouvelle question que la jeune fille essayait de taire dans son esprit alors que sa belle amie essayait de lui rapporter ses pensées sur ce même sujet. Marianne apprécia la sincérité des dires de Camelya. Rien ne pouvait être plus enrichissant et bien plus agréables que le naturel et la vérité dans les yeux et les dires de sa confidente. Cela lui permit d’ailleurs de dessiner un sourire sur le coin de ses lèvres, avant que son regard ne termine sa course en se portant sans les reliefs généreux de cette tourte qui ne cessait de tenter sa gourmandise. Ni une ni deux, les deux jeunes filles se servirent et laissèrent ainsi percer davantage les rayons de ce soleil qui les réchauffait, dans la pièce. A mesure de cette dégustation improvisée, la légèreté prenait place, effaçant avec elle les tourments passés et amenant également une certaine bonté quant au partage qui en résultait. Le passé n’en serait jamais plus intact, mais ce présent n’en devenait pas moins beaucoup plus fort qu’auparavant. Leur amitié se dévoilait bien plus forte aujourd’hui et cela faisait partie des plus belles étapes de la vie de Marianne. Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres, alors que toutes les deux se rappelaient de quelques épisodes passés. La jeune fille entendait même la voix de cette aïeule qui cherchait toujours à engraisser les jeunes filles qu’elle trouvait bien trop chétives pour leur âge. En vain… Enfin, sauf pour quelques exceptions tout de même. Car il suffisait que des framboises apparaissent devant ses yeux pour que la gourmandise de Marianne prenne le dessus et que déjà toute petite, elle cherche à en mettre dans sa bouche et dans ses poches.  Mais ce souvenir s’effaça rapidement de devant les yeux de la jeune fille dès lors qu’elle remarquait le voile de tristesse qui s’épanchait doucement sur le visage de sa grande amie. Veillant à laisser de côté toutes ces histoires, Marianne s’empressa de déposer son assiette sur cette table basse et reprendre les mains de son amie dans les siennes tout en veillant à lui apporter le réconfort qu’elle-même lui avait offert auparavant. Cherchant à trouver les bons mots, la jeune fille avait pourtant cru qu’en laissant entendre cet espoir quant à un avenir meilleur apaiserait un peu le cœur de sa petite belle de Beaumarché. Malheureusement, au lieu d’avoir la chance de pouvoir revoir son sourire sur ses lèvres, c’est avec tristesse qu’elle assista à la décomposition faciale de cette jeune fille qu’elle appréciait tant. N’y comprenant là aucunement ses intentions, Marianne veilla à garder la jeune fille près de son cœur pour peut être lui transmettre cette petite force intérieure qu’elle avait pu lui donner.

Les remords recommencèrent à l’attaquer de toute parts, lui laissant ainsi prendre conscience de ses failles à mesure que Camelya perdait un peu plus son espoir. Caressant doucement son dos à mesure que les soubresauts de son amie se distinguaient, la jeune fille veilla à bercer légèrement cette étreinte de manière à prouver à sa chère amie de sa présence. Elle était présente et le veillerait à le rester encore et encore tant elle désirait apaiser ce mal qui rongeait la belle Camelya. Impuissante face à ce malheur qui semblait la tourmenter, la jeune lady n’avait eu d’autres moyens que de lui demander doucement et avec une compassion bien grande quel mal pouvait tant ronger le cœur de son amie. Après tout, elle comprenait parfaitement le sentiment qui la tourmentait quant à la perte d’un être cher tel que son père. La jeune lady serait à même de pouvoir lui offrir ce réconfort qu’elle n’avait jamais eu quand son père avait été exécuté sous ses yeux. Elle s’attendait d’ailleurs à entendre le prénom de Karl dans la bouche de son amie dès lors que les confidences parvinrent à les rapprocher de plus belles. Mais la surprise commença à se lire sur son propre visage à mesure que Marianne comprenait des sentiments de son amie vis-à-vis d’un amoureux qu’elle aurait laissé à Beaumarché. L’étonnement n’en fut que de courtes durée tant elle comprenait que des soupirants devaient très certainement chercher à butiner autour de sa très belle amie. Néanmoins la révélation qui s’en suivit n’en fut que des plus surprenantes dès lors qu’elle commença à prononcer le nom des Desdaings. Alessander ? Voici le premier prénom qui lui vint en tête alors même que Camelya sanglotait toujours contre elle. Mais dès lors qu’elle entendit le prénom d’Isendre, son cœur se calme légèrement. Même si ce dernier s’en trouvait quelque peu abasourdi par cette révélation. Cependant, la jeune fille ne pouvait que comprendre ou du moins songer à ce ressentis qui la rongeait de l’intérieur. Il lui suffisait de songer à l’absence de Torvald pour ainsi se souvenir des maux qui n’avaient cessé de lui faire perdre espoir. « Shhh allons mon amie. » resserra t-elle étroitement ses bras autour de son amie pour ainsi lui prouver de sa présence et de son soutien. Essayant de remettre ses idées en place et ainsi de laisser la surprise s’échapper de cet instant soudain, Marianne essaya de remettre les divers évènements dans l’ordre dans lequel elle avait pu les apprendre pour ainsi trouver une réponse qui aurait pu soulager ne serait-ce que légèrement son amie. « Isendre est un brave garçon… Je ne l’ai que très peu côtoyé, néanmoins il m’a parut courageux. » Ses mains remontèrent doucement sur les épaules de sa confidente et très grande amie, alors qu’elle essayait de se reculer pour ainsi capter son regard et reprendre avec une conviction certaine. « Je ne peux te rapporter ce qu’il en est de sa personne. Les seuls faits que l’on nous a communiqué ne tiennent qu’aux trépas de Criston et Alessander. Tytos Nerbosc nous a également apprit de la survie de Cerenna Desdaings qu’il a recueillit au sein de sa maison. Personne ne nous a apporté de nouvelles concernant Alyssa et Isendre pour l’heure. » Une de ses mains relâcha son emprise sur son épaule pour venir ainsi caresser délicatement la joue humide de son amie et y effacer par la même les trace de ses larmes perlâtes. « Je veillerai à t’apporter des nouvelles dès que j’en aurai connaissance. Je ne peux que comprendre le mal qui te ronge pour l’avoir déjà vécu. Et sache que je n’aurai de cesse que de pouvoir répondre à tes tourments que par une sureté. » Ses mains ramenèrent son amie vers cette étreinte amicale qu’elle se plaisait à lui offrir une nouvelle fois. « Je t’en fais le serment Camelya. » Ses paroles se répercutèrent contre les murs de la pièce leur donnant ainsi un caractère solennel, alors qu’elle laissait le temps calmer les soubresauts encore bien présents de son amie. Marianne aurait tant désiré lui apporter plus, cependant elle veillerait à réaliser sa quête avec le plus de ténacités possibles et ce malgré les incartades que cela engendrerait vis-à-vis de sa position. Car il n’y avait rien de plus important pour son cœur que de pouvoir rassurer les tourments de celle qu’elle aimait comme une sœur.



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M
ême son ventre semblait prendre la pleine considération de ce simple mot « Mangeons », tant il convoitait cette si belle tarte du coin de l’œil depuis son apparition relevant presque de la magie sur la table. Il faut dire que ce pauvre corps bien fragilisé avait été soumis à une rude diète involontaire, la peur et la tristesse empêchant toute bouchée gourmande jusqu’alors. Se nourrir était devenue une épreuve pour la petite couturière qui avait vu son monde s’effondrer sous ses pieds et une nuit sans étoile planer sans fin sur ses rêves, revenant inlassablement dès que ses yeux se fermaient. Le poids de la culpabilité, toutes ces questions laissées en suspend n’étaient de loin pas pour l’aider. Elle n’était tout de même pas au point de se laisser mourir de faim, se sustentant simplement d’un rien. Et pourtant, qu’était-elle gourmande en des temps plus sereins.. Hélas, sa famille, à commencer par son frère, s’inquiétait de la dégradation de son état, mais ils ne comprenaient pas. Ils ne comprendraient pas. S’ils savaient seulement que l’aînée n’accusait toujours pas le coup.. Mais que pouvaient-ils donc bien faire ? Rien. Définitivement rien. Et si Isendre était en vie, s’il apprenait cette chute physique ? Un sourire timide se dessina sur ses lèvres. Sans doute troquerait-il cette timidité si attirante chez lui pour lui dire de prendre soin d’elle. C’était cette simple pensée qui l’obligeait à prendre en compte ses besoins. Elle allait devoir mener à bien ce combat comme elle le faisait jusqu’à présent. Ayden comptait sur elle, il avait besoin de sa sœur.. Et sa mère également. Même si elle ne le montrait pas, elle en était ressortie elle aussi fragilisée par ces événements. Il faut dire qu’elle avait perdu énormément dans cette attaque. La famille de Camelya n’était de loin pas pauvre, n’ayant pas de mal à trouver de quoi se nourrir chaque jour contrairement à bien d’autres familles moins chanceuses. La qualité de travail de leurs aiguilles leur conférait et leur accordait une certaine forme de richesse. Un juste retour pour tout ce mal qu’elles se donnaient toutes pour rendre chaque pièce des plus uniques. Il avait ainsi fallu compter sur la présence de Marianne pour réveiller certaines choses endormies chez la petite brune comme cet appétit qu’elle retrouvait face à cette si délicieuse tarte. Son amitié des plus sincères et son sourire des plus amicales étaient tels qu’ils savaient lui parler et redorer son cœur. Ce n’était pas pour rien que cette Harlton était pour Camelya comme une grande sœur qu’elle n’avait jamais eu, du moins par le sang. Bien heureusement, elle savait stopper cette gourmandise qui risquait de la mettre à mal si elle se jetait sur cette tarte. Comme quoi, elle était encore parfaitement raisonnable. Mais tout de même, la tentation de cette succulente tarte restait bien présente.. Peut-être qu’un autre morceau finirait par raviver leurs palais un peu plus tard ?

Pour la fleur de Beaumarché, Marianne n’avait plus aucun secret. Elle avait certainement ce don pour apercevoir n’importe quelle petite contrariété chez son amie si bien qu’il lui fût si facile de deviner son humeur à chaque instant. Cette facilité de compréhension l’amenait à être présente pour son aînée dès que la tristesse s’emparait de son regard ou que la colère lui faisait serrer le poing. Toutes ces années passées auprès d’elle avaient toutes été plus merveilleuses les unes que les autres. Tellement de souvenirs, de rire et de jeux avaient été partagé. Déjà, Camelya s’était prise d’affection pour le royaume des rêves, n’hésitant pas à embarquer sa douce amie dans ses folles aventures dans tout Castel-Bois sous le regard intransigeant de sa mère, chargé de garder la petite Harlton. Elles en avaient déjà vécues des choses.. Et pour le coup, échanger ces paroles sur Torvald laissait une expression qu’elle n’avait que rarement aperçue sur les traits de son amie qui restait la même malgré cette année éloignée d’elle. Quelque chose l’inquiétait. Pire, encore, la tourmentait.. Et ce qui n’était pas bon pour elle ne l’était pas non plus, d’une certaine façon, pour la couturière. Voir cette crainte dans son regard et cette chose en plus concernant ce chevalier lui laissait ce sentiment étrange de ne pas pouvoir lui être utile bien plus que cela. Si seulement elle, petite couturière et conteuse à ses heures perdues pouvait faire quelque chose pour elle.. Bien entendu qu’elle le ferait. Plutôt deux fois qu’une même. Le bonheur de cette femme était un vecteur important pour que son moral puisse être au beau fixe, ou du moins, qu’elle se sente moins égarée. Avec ces images au campement, la brunette se doutait bien de ce problème qui semblait ronger son amie. Ne cessant de maintenir les mains de Marianne dans les siennes, la petite brune apprécia ce sourire qui s’installait sur le visage de cette dernière et d’avantage encore, ce rosissement sur ses douces joues qu’elle ne pouvait pas ignorer. Ainsi donc, elles semblaient toutes deux dans le même genre de situations à quelques différences prêts. Un homme, et pas n’importe lequel, celui-là même qui lui avait sauvé la vie semblait trouver une importance toute trouvée dans le cœur de sa grande sœur..

Je ne veux pas le perdre.

Par cet aveu quant à cette crainte qui ne semblait pas vouloir quitter son cœur, Marianne confirmait l’analyse que la petite conteuse avait su comprendre. Elle tenait à cet homme d’une façon qui laissait présager bien plus qu’une simple relation entre une dame et ses chevaliers. Il devait y avoir bien plus que cela. Et quand bien même, un sourire illumina le visage de Camelya qui ne pouvait que les imaginer tout deux. Après tout, ils étaient ses sauveurs et étaient donc rapprochés par ce fait. Des traits moraux qu’ils semblaient partager et qui devaient très certainement les rapprocher. Bien plus qu’il ne le faudrait, si cette crainte qu’elle lisait dans les yeux de son amie était exacte. Sans quitter Marianne du regard, la fleur la questionna de sa douce voix sans vouloir la brusquer de quelque façon que ce soit..

Pourquoi devrais-tu le perdre ? Il semble aussi heureux à tes côtés que tu ne l’es près de lui. Il fallait être aveugle ou ne pas connaître la Harlton pour ne pas le comprendre même si cette dernière avait un cœur énorme qui ne demandait qu’à faire régner la paix partout où elle allait. Cette dame en devenir était juste, pleine de courage et d’un sens de l’amitié infaillible. Marianne, dis-moi si je suis dans l’erreur, mais.. Tu tiens à lui bien plus que s’il n’était qu’un simple chevalier.. Une sorte de question qui n’en était pas vraiment une. Resserrant doucement ses mains sur celles de son amie, Camelya voulait lui prouver qu’elle pouvait lui faire confiance pour ne pas lui cacher la vérité. Et si cela pouvait soulager son âme de se confier de la sorte.. Elle aurait au moins réussi cela en ce jour. Son sourire ne la quittait pas comme s’il était une invitation de plus à ouvrir son cœur. Tu me connais mieux que personne, tu peux tout me dire. Surtout si cela peut enlever de tes épaules tout ce poids qu’elles supportent. Ou subissent. Et que cela était vrai.. Jamais elle ne saurait trahir la confiance de son amie. Jamais elle n’en trouverait force et envie. Camelya préférerait mentir plutôt que d’accorder cette tentative de trahison.

Une confiance si réciproque qui ne tarda pas à échanger leurs rôles.. Si bien que ce fût alors au tour de la petite fleur d’être l’objet de l’attention de son amie.

Shhh allons mon amie. Isendre est un brave garçon… Je ne l’ai que très peu côtoyé, néanmoins il m’a parut courageux.

Bien entendu, la conteuse devait se douter que cette révélation pût surprendre son amie. Mais c’était ainsi.. Il était si serviable, toujours présent lorsqu’elle avait besoin de lui comme pour chercher ces rouleaux de tissu chez le tisserand. Jamais il ne lui disait qu’il n’avait pas envie, ou alors qu’il n’avait pas le temps. Au contraire, il semblait même ravi de pouvoir se rendre utile. Une autre Camelya se reflétait en elle lorsqu’elle était en sa compagnie. Pas moins rêveuse, oh non ! Bien au contraire..

Il l’est, sans aucun doute. Je n’ai jamais rencontré un homme aussi.. Attentionné et serviable. Avoua-t-elle, un léger sourire marquant ces derniers mots alors qu’elle restait dans les bras de son amie, passant ses petites mains autour de cette dernière jusqu’au moment où Marianne remonta ses mains sur les épaules de la conteuse.

Je ne peux te rapporter ce qu’il en est de sa personne. Ainsi, même Marianne ne savait rien à son sujet. Le regard de la jeune femme se brisa tout en se détournant d’elle alors que son âme imaginait déjà le pire, se déchirant un peu plus. Bien entendu, elle appréciait tellement le fait que sa grande sœur de cœur lui parle en toute franchise plutôt que de la laisser espérer en vain.. Et puis, peut-être qu’avec de la chance.. Les seuls faits que l’on nous a communiqué ne tiennent qu’aux trépas de Criston et Alessander. Criston Desdaings et son fils aîné n’étaient ainsi plus. Baissant légèrement la tête face à cette nouvelle, la brunette fut soudainement projetée en arrière, se souvenant très bien des mots qu’employait Isendre pour lui décrire cet homme qu’avait été son père. Une personne à l’honneur et qui était un appui solide pour son second fils. La brune savait au fond d’elle que si cet homme qu’elle aimait éperdument était encore vivant, cette perte avait forcément un effet néfaste sur lui. Et elle pouvait comprendre cette sensation désagréable de perdre un parent aimant, même si pour sa part, la fleur de Beaumarché avait bien plus de chance avec le reste de sa famille. Il devait se sentir si seul.. Et Alessander. Un homme que la petite brune avait eu la chance de rencontrer une seule et unique fois. Il s’était montré bien aimable avec elle. Baissant un peu plus la tête, la conteuse était persuadée qu’ils avaient fait au mieux. Tytos Nerbosc nous a également apprit de la survie de Cerenna Desdaings qu’il a recueillit au sein de sa maison. Cerenna Desdaings. L’un de ces noms qui lui faisait froid dans le dos. Une femme dont la beauté était à la hauteur de la noirceur de son âme. Par chance, elle ne l’avait jamais rencontré. Mais à en croire certains bruits qu’elle avait entendus aux détours des ruelles, il valait mieux rester loin d’elle. La simple idée qu’elle ait pu survivre à cette attaque à défaut de son mari ou de son fils lui paraissait injuste. Et que dire si Isendre n’était plus de ce monde.. Chassant cette pensée en fermant ses yeux un très bref instant, elle constata que les paroles de Marianne ne s’arrêtèrent pas. La demoiselle l’écoutait en silence. Personne ne nous a apporté de nouvelles concernant Alyssa et Isendre pour l’heure. Aucune nouvelle de son « Illusion » et de sa jeune sœur qu’elle lui savait bien proche. Est-ce que cela voulait dire qu’ils avaient réussis à s’échapper d’une manière ou d’une autre ? S’ils ne les avaient pas retrouvés, leurs corps dépourvus de tout signe de vie.. Qu’est-ce qui avait donc bien pu se passer entre les murs de ce château ? C’était un mystère pour la demoiselle, un questionnement incessant qui n’était pas prêt de trouver une quelconque conclusion, à son grand malheur.

Ainsi donc les Desdaings avaient été péniblement touché par cette attaque. Les conséquences étaient bien plus sévères que celles imaginées par l’innocence de la petite brune. Combien de vies avaient été malmenées depuis ? Un nombre indéterminable très certainement. La peur pouvait se lire dans ses yeux si meurtris malgré l’absence de cette nouvelle tant redoutée. Le doute et l’incertitude, la tristesse et l’angoisse n’allaient pas finir de tirailler son corps et son âme. Ces confessions quant au sort de cette famille n’avaient pas rassuré la conteuse qui y voyait là de bien sombres échos.

Ce ne sont pas des nouvelles très réjouissantes que tu m’annonces là, Marianne. A ce moment-là, il était impossible pour la jeune femme de regarder son amie dans les yeux. Même si les larmes s’étaient presque asséchées, l’une de leurs sœurs continuaient à parcourir ces joues de temps à autre. Mais je préfère tellement les apprendre de ta personne plutôt que de subir ces bruits de rue. Avait-elle dit en luttant pour pouvoir ramener son regard vers celui de son amie.

Toutes ces rumeurs, certaines infondées et d’autres plus vraies étaient une chose que la belle souhaitait au moins s’épargner. Elle était persuadée que si elle captait certaines conversations, l’espoir qu’elle entretenait saurait trouver des fondations sur lesquelles se reposer pour continuer d’y croire alors que d’autres, au contraire, pourraient tout simplement l’anéantir. Il valait mieux pour la brune qu’elle n’y prête pas plus d’intérêt que cela pour préférer des nouvelles bien plus officielles de sa sœur de cœur.

S’il a pu survivre à tout cela, j’espère simplement que.. Qu’il se porte au mieux. Une douce pensée destinée à celui qui était à l’origine de la moindre des siennes en apprenant la mort de ses proches. La petite fleur était plus que jamais avec lui de part son âme et son cœur, qu’importe le lieu où il pouvait se trouver. Elle osait même jusqu’à se demander si lui-même avait eu une mince pensée pour elle. Peut-être bien que oui.. Peut-être était-ce pour cette raison-là qu’elle se battait pour continuer d’y croire. L’une des mains de la jeune Harlton se posa alors sur sa joue humidifiée par toutes ces révélations. Fermant à nouveau ses yeux telle une barrière qu’elle souhaitait dresser face à ces perles humides, la petite conteuse ne cessait de formuler de silencieuses prières pour que dans tout ce malheur, un avenir plus lumineux arrive à déjouer cette obscurité aveuglante. En entendant Marianne reprendre la parole, son regard s’éveilla à nouveau pour chercher celui de son amie.

Je veillerai à t’apporter des nouvelles dès que j’en aurai connaissance. Je ne peux que comprendre le mal qui te ronge pour l’avoir déjà vécu. Et sache que je n’aurai de cesse que de pouvoir répondre à tes tourments que par une sûreté.

La générosité et la bienveillance de son amie n’étaient de loin plus à prouver. Ces quelques mots, utilisés avec brio avaient cette finalité de rassurer la brunette. Bien entendu, elle savait de quoi elle parlait. Entre son père, l’inquiétude inévitable qu’elle avait eu pour Torvald.. Marianne était certainement l’une des mieux placées pour comprendre, même si chaque histoire demeurait unique. Préférant le silence, une fois de plus, la demoiselle retrouva la tranquillité des bras de cette femme qui, elle en était persuadée, allait devenir une grande dame. Le fait même d’avoir confié ce secret si personnel soulageait la petite couturière qui ne se sentait plus seule face à sa peine. Elle avait maintenant une alliée dans cette quête de vérité qui allait, Camelya le savait, l’aider autant qu’elle le pouvait. Cette sûreté promise lui fit même chaud au cœur, sachant très bien que ces paroles échangées étaient réelles et sans la moindre once de petitesse. Restant aussi sagement qu’une petite sœur dans les bras réconfortants d’une aînée, la petite brune tentait de retrouver ses esprits en rattachant les éléments entre eux.

Je t’en fais le serment Camelya.

Aucune source officielle ne venait à peindre la perte d’Isendre et de sa sœur. Il valait mieux garder la fougue de l’espérance que de voir s’abattre la fatalité du désespoir. Sa lèvre inférieure subit alors un assaut, la conteuse se la mordillant doucement comme pour se rappeler à l’ordre. Les seuls mots qui se firent une place dans sa tête n’étaient que de simples remerciements. Merci pour tout.. Avait-elle simplement murmuré avant de profiter encore de cette douce accolade.

Les minutes semblaient se suivre dans ce même silence d’or loin d’être pesant, mais surtout apaisant. Cette part de tarte savourée peu de temps avant lui avait redonné suffisamment de force pour se relever en douceur. La belle posa son regard non loin d’elles, le posant alors sur cette robe cachée. Gratifiant son amie d’un léger sourire qui se voulait rassurant quant à son état, la petite couturière n’hésita plus une seule seconde pour laisser cette douce étreinte, se dirigeant vers ces tissus.. Dos à sa grande amie, elle lui dit alors, caressant du bout des doigts ces étoffes si précieuses.

Il parait que je te dois une pièce.. Une pointe d’humour dans la voix pour ramener une ambiance plus légère était de la partie. Bien entendu, elle faisait référence aux dires de Marianne au campement. Des paroles qui avaient su faire sourire la brunette et qu’elle n’avait pas oubliées. L’une de ses mains effleura sa cuisse par réflexe, une blessure toujours présente qui avait été prise en charge à temps et qui n’allait être qu’un mauvais souvenir par la suite. Le mestre avait préféré encore lui offrir le confort -s’il en était un- d’un bandage sur ces onguents de soin autour de sa jambe. Prenant délicatement cette robe fraîchement terminée, la petite brune l’apporta près de la jeune Harlton. En espérant qu’elle soit aussi agréable à l’œil que ce que tu souhaitais. Camelya posa alors cette robe du côté de la table épargnée des miettes de leur dégustation passée. Un petit sourire étirait ses lèvres en regardant cette pièce finement travaillée. Il faudra bien entendu que tu l’essaies pour que je puisse voir si elle ne nécessite pas d’ajustements.

Malgré le fait que ce métier de couturière n’était pas pour lui plaire certains jours, la fleur de Beaumarché pouvait s’estimer chanceuse de pouvoir réaliser de pareilles tenues si facilement. Ses fines mains avaient hérité de l’agilité de celles de ses aînées pour réaliser ce présent par lequel elle espérait combler son amie.



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ne nouvelle quête venait tout juste de prendre place au sein même de l’âme de la jeune Harlton. L’une de celle qu’elle convoitait depuis toujours et qui tendait à dévoiler son caractère humain aux yeux de tous. Partager un espoir certain, essayer de trouver les bonnes opportunités pour ainsi ramener ce sentiment de plénitude ou du moins alléger un peu la lourdeur de l’atmosphère pour ainsi permettre à celle qu’elle considérait comme sa sœur de puiser assez de force en elle pour inspirer et souffler. Souffler d’une manière brutale afin de laisser ainsi échapper les tourments qui ne cessaient de l’assaillir de toute part. Cette quête n’en devenait que des plus vivaces et importantes à mesure que le temps passait et avec lui, l’espoir qui s’estompait. Car il n’y avait rien de plus terrible ou du moins de plus douloureux que de continuer une existence sans réelles croyances, sans aspirations quelles qu’elles soient qui veillaient ainsi à anticiper les moindres évènements et à laisser la chaleur du soleil parvenir à réchauffer la peau. L’état de son amie, sa confidente touchait énormément la jeune lady. Son regard triste, dépourvu de ses moindres joyeusetés qu’elles avaient pu connaître ensemble jusqu’alors, ne cessait de lui renvoyer l’image même de son échec. Jamais, Marianne n’aurait désiré que les tourments ne viennent à la côtoyer, de la même manière que jamais elle n’aurait pensé qu’ils parviendraient à s’immiscer ainsi dans sa vie. Sa petite Camelya, sa petite sœur de cœur, ne méritait nullement un tel fardeau. Et elle avait pensé à tort qu’en la ramenant ici, peut être que le temps saurait effacer les plaies de son âme. Peut être même que ce sourire qu’elle appréciait tant finirait par percer par delà les ombres et ainsi se retrouveraient-elles comme avant ? Ses pensées en étaient complètement puériles à mesure que le temps rattrapait la jeune fille et lui laissait ainsi présager de ce funeste dessein. Leurs cœurs étaient bien trop lourds. Chargés de diverses souffrances inexprimées et inaudibles pour tous. Elles devaient se reconstruire, voilà pourquoi la jeune fille veillait à aider son amie à le faire à ses côtés. A elles deux peut être y parviendraient-elles ? Une tourte aux myrtilles semblait déjà favoriser cette étude, tant bien même qu’elle parvenait à chasser certaines des douleurs de chacune. Le soleil perçait timidement, amenant avec lui quelques unes des bienséances qu’il savait apporter. La légèreté se traduisait à mesure que les échanges s’accordaient ensemble. A croire que peut être au fond d’elles, elles désiraient la même chose : se retrouver. Se sentir à nouveau libre de toutes contraintes et peut être même oublier pendant un instant tout ce qui pouvait peser sur leurs frêles épaules. Marianne ne cessait de prendre garder aux diverses mimiques faciales de sa charmante amie. Veillant par cette attention à chercher ce sourire qu’elle aimait tant admirer. D’ailleurs, elle le retrouva et à mesure qu’il s’étirait, le sien s’amusait à s’accorder lui aussi alors que les souvenirs revenaient devant ses yeux. Des bribes d’images au court desquelles, celle de Torvald venait s’immiscer aussi. Cela contribua à la plonger à nouveau dans cette tente, dans cet espace confiné dans lequel elle aurait tant désiré rester. La voix de son chevalier fendait l’air doucement alors qu’elle avait l’impression de l’entendre lui expliquer son amour pour elle depuis son enfance. Enfin, elle le voyait. Enfin, elle le ressentait en elle également, enfin elle comprenait. Et aussi délicat et tellement beau pouvait-il être, ce sentiment veillait tout de même à lui infliger des douleurs alors même que la réalité la frappait. Elle ne voulait pas le perdre.

Ces mots s’étaient confondus dans une confidence des plus aveugles pour la jeune fille. Confiante quant à l’idée que sa sœur de cœur ne la trahirait jamais, Marianne ne pouvait se résoudre à effacer complètement cette pensée de son esprit. Ce désir aussi simple soit-il reflétait tant une crainte sans pareille. L’avouer était une réelle délivrance pour son cœur, mais pourtant il résidait encore cette appréhension quant à la vie qu’ils ne sauraient jamais pouvoir partager. Ainsi s’en trouvait-elle égoïste quant aux mots qu’elle avait échangé avec lui. Certes, la sincérité se traduisait dans chacun d’eux, et l’amour qu’elle ressentait pour lui était entier et vraiment fort. Néanmoins, la jeune fille se rendait compte que ce doux rêve ne resterait qu’à cet état pour le reste de sa vie. Comment vivraient-ils ainsi ? Comment pourraient-ils cacher ce qui arrivait à les rendre vivants ? Comment ?  Les questions ne s’arrêtaient jamais dans son esprit et tournaient encore et encore d’une manière brutale, l’amenant ainsi à baisser ses yeux pour regarder en direction de ses mains. Certaine de ses sentiments, elle n’en restait que des plus inaptes quant à la prédiction d’un avenir proche. Jamais elle n’aurait désiré lui nuire, et elle veillerait toujours à ce qu’il puisse vivre le rêve dont il ne cessait de lui rapporter. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle s’était empressée de conter ses mérites auprès de son oncle dès leur arrivée. Et qu’ainsi ils élaborèrent tous les deux un plan, visant à pouvoir remercier Torvald à sa juste valeur. Une récompense qui, elle espérait, lui ferait plaisir et lui témoignerait de sa reconnaissance éternelle quant à ce qu’il représentait pour elle. Mais par ce biais, une partie d’elle savait qu’elle le perdrait. Son sacrifice n’en serait pas complètement vain et témoignait ainsi de son réel amour pour lui. « Si seulement, tout pouvait être aussi facile que cela… » Les mots de la jeune fille se confondaient comme une excuse alors que son espoir s’échappait d’entre ses doigts. Et il s’enfuit encore plus loin alors que sa charmante amie essayait de replacer les évènements et lui demandait de cette manière si les sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de son chevalier étaient sincères. Acquiesçant d’un signe de tête, la jeune fille sentit un soubresaut se réprimer au creux de sa poitrine alors que ses lèvres commençaient à peine à trembler. « J’aimerai tant lui offrir une vie où il s’épanouira et n’en sera que des plus heureux… » Elle inspira difficilement et essaya de trouver les mots justes quant à cette idée qu’elle voulait lui partager. « … mon oncle va lui donner un nom et un fief. » Ses yeux cherchèrent ceux de sa petite Camelya, exprimant par ce biais un mélange de fierté mais emplie d’une profonde tristesse tant le dénouement de cette histoire lui était douloureux. « J’ai réussi à lui faire accorder. Il sera un chevalier reconnu, il pourra devenir tout ce qu’il a toujours rêvé. » Une petite larme vint perler le long de sa joue. « Mais je le perdrai à cause de ça. » La question résidait dans le pourquoi, alors même qu’il s’élevait dans la société, la jeune fille viendrait à le perdre. Elle parvint d’ailleurs à lire ce questionnement dans le regard de son amie, ce qui l’incita à reprendre doucement la parole tout en baissant son regard en direction du sol. « En gagnant un tel rang, il deviendra héritier d’un fief. Son rôle sera non seulement d’assurer la pérennité et la protection des siens, mais surtout de veiller à sa descendance pour que son nom perdure. Les jeunes filles vont se battre pour lui, toutes. Et il est plus facile pour une fille du bas peuple d’aller à l’encontre de son père qu’une héritière contre son oncle. » Ses lèvres tremblèrent un peu plus encore alors qu’elle reniflait doucement pour essayer de taire sa mélancolie. « Je le choisirai toujours, quitte à me sacrifier pour lui. » Cette conclusion venait de s’abattre dans sa bouche, comme un fléau qui ne cessait de la battre de plus en plus fort. Les mains toujours prises dans celles de son amie, la jeune fille n’osait relever son regard tant elle prenait conscience des mots qu’elle venait de confier. Si tout cela venait à se savoir… Non, elle savait que Camelya ne la trahirait jamais.

Et alors que sa confidence venait de toucher à son terme et qu’elle séchait un peu plus ses larmes, ce fut à son tour de prendre sa petite conteuse dans ses bras pour ainsi lui apporter le réconfort qu’elle avait su lui offrir plus tôt. Surprise quant aux révélations qu’elle venait d’apprendre, il n’en restait pas moins que la jeune lady désirait plus que tout apporter des réponses aux tourments de sa petite sœur de cœur. Ainsi, l’amour l’avait frappé elle aussi et le mettait-elle à l’épreuve à son tour par cette absence. Le cœur de Marianne se figea alors qu’elle espérait tant que le bonheur ne revienne s’immiscer dans cette pièce. Bonheur qui était bien loin des portes de Castel-Bois apparemment. Cherchant dans son esprit les mots justes, la jeune fille essaya de rapporter des nouvelles qu’elle avait pu entendre au cours de son arrivée. Des nouvelles qui restaient pour certaines sans réelles réponses, ou dont le vague était quelque peu troublant. Mais sa quête ne s’achèverait que lorsque ces dernières n’en deviendraient plus claires. Elle caressait doucement le dos de son amie, essayant par ce geste de lui témoigner de sa réelle présence et de son soutien quant aux maux qui la rongeaient. Et le sourire finit par se dessiner sur le coin de ses lèvres alors même que Camelya lui vantait des traits de caractère de celui qui avait volé son cœur. Touchée par cette générosité bien croissante et toujours présente dans son cœur, Marianne se jurait intérieurement de pouvoir aider au mieux son amie. Et pour se faire, la franchise venait tout juste de percer son cœur pour ainsi lui rapporter ces nouvelles assez intrigantes. Ces dernières n’étaient certes pas réjouissantes, mais au moins Camelya saurait. Elle méritait de tout savoir, tout comme elle ne pouvait pas vivre dans ce doute constant. L’espoir quant au fait que ce qu’elle avançait puisse être perçu comme un espoir s’amenuisait à mesure que son récit continuait. Tous avaient faillis, ou du moins les deux principaux héritiers. Et les nouvelles aux sujets des deux plus jeunes gens de cette caste n’en demeuraient que plus énigmatiques et floues. Cependant, si les corps de ces derniers avaient été retrouvés, Marianne savait au fond d’elle qu’on les en aurait avertis. D’autant plus qu’Alyssa est devenue une héritière unique de cette famille. Ainsi ce témoignage absent de tous contes qu’elle avait pu entendre, restait en suspend et permettait de comprendre en sa survie. Mais là encore, l’espoir s’amenuisait au fur et à mesure que les journées passaient. Resserrant un peu plus son étreinte contre son amie, la jeune fille essaya de capter son regard pour ainsi lui témoigner de sa réelle sincérité dans ses propos. Mais le courroux de Camelya la frappa de plein fouet alors qu’elle mettait en avant que ces récits n’étaient pas ce qu’il y avait de plus rassurant. Impuissante face à ce constat, la jeune lady essaya tout de même de soutenir son regard pour ainsi lui prouver de sa présence. Peut être était-elle en train de la détester ? Mais ce constat se tut derechef, dès lors que la jeune conteuse la remercia quelque peu de ne rien lui taire et de lui apporter ces nouvelles. « J’aurai aimé qu’elles soient bien plus porteuses d’espérance. » lui répondit-elle avec ce même ton désolé. Sincère et franche, la jeune fille n’en restait pas moins une amie fidèle qui veillerait à toujours apporter du réconfort auprès des siens. D’ailleurs, elle laissa ce sentiment s’exprimer par le biais de ses promesses, qui, elle l’espérait, prouveraient à Camelya de sa réelle implication quant à leur amitié. Humaine, mais surtout amoureuse elle aussi, elle comprenait à quel point l’incertitude pouvait être un fléau quant aux diverses épreuves de la vie. Et même si cela allait lui coûter, il n’en restait pas moins qu’elle se battrait pour sa sœur. Le serment qu’elle lui donna était sincère et chargé d’une réelle affection à son égard. Nul besoin de prouver par le sang que cette jeune fille face à elle lui était chère. Et alors qu’elle témoignait de sa réelle implication par ses gestes et son regard, la jeune fille fut touchée par la manière dont Camelya la remercia. Cette attention n’en fut pas moins accompagnée de quelques larmes, que la jeune fille veilla à effacer de son visage tout en serrant un peu plus son étreinte. « Tu es telle une sœur pour moi. Jamais, je ne laisserai ma sœur dans le tourment. » Veillant à étreindre un peu plus encore la jeune fille, Marianne berça doucement cette dernière contre elle, alors que ses caresses dans son dos veillaient à calmer les chagrins de sa petite conteuse. Ainsi le temps des confidences veillaient à rapprocher les deux jeunes filles comme elles avaient pu l’être enfants. A croire que la séparation n’avait eu de résultat que de renforcer de plus belle cette relation amicale qu’elles entretenaient.

Le silence veillait à apporter un nouveau réconfort et avec lui le calme parvenait à trouver sa place. Les tracas n’en restaient que des plus présents, néanmoins la confidence semblait alléger doucement les cœurs de chacune. La jeune lady ressassaient encore ses tourments, et y ajoutaient avec ceux de sa charmante amie. Néanmoins, elle parvenait à relativiser certaines choses, ou du moins trouvait-elle du recul quant à ses questions muettes. L’agitation de la part de Camelya la ramena à la réalité. Lui laissant ainsi prendre conscience de ses yeux rougis calmés. Répondant à ce regard empli de courage par un sourire sincère et bien marqué, la jeune fille l’admira se mouvoir dans la pièce alors qu’elle lui présentait le cadeau qu’elle tenait tant à lui offrir. « Il semblerait, en effet. » avait t-elle répondu avec ce même ton amusé que son amie se plaisait à lui offrir. Prenant conscience de l’appui qu’elle venait tout juste de porter au niveau de sa cuisse, Marianne n’en fronça qu’un peu plus les sourcils alors qu’elle se jurait de passer voir le mestre après cette entrevue de manière à ce qu’il prodigue de nouveaux soins à son amie. Cependant, elle resta silencieuse à ce sujet, préférant ne pas couper sa petite conteuse préférée dans sa quête d’un meilleur espoir. Les yeux de Marianne se plissèrent un peu plus alors qu’elle la regardait prendre une étoffe d’un vert émeraude dans ses bras et l’a suivi du regard jusque sur la table alors qu’elle lui présentait cette magnifique robe. « Camelya, elle est magnifique. » Marianne n’avait pu s’empêcher de laisser son émerveillement s’exprimer à mesure qu’elle prenait attention des divers détails travaillés. La jeune couturière faisait un travail remarquable, probablement même le plus beau de tout Westeros. Elle parvenait à sublimer n’importe quel tissu et cette robe était vraisemblablement la plus belle que la jeune lady n’avait vue de toute son existence. « Tes doigts sont de l’or à l’état brut. » Doucement, Marianne effleurait le tissu, ses doigts touchant délicatement les broderies qui se trouvaient aussi bien sur le bustier que sur le volant de cette dernière. « Je crois que je n’ai jamais vu une si belle robe de toute ma vie. On croirait voir la toilette d’une reine. » Son sourire allait de paire avec ses yeux émerveillés qui quittèrent enfin ce magnifique ouvrage pour venir se poser sur son amie. « Merci, du fond du cœur merci. » Délaissant l’ouvrage pour quelques instants, Marianne s’était rapprochée de son amie pour prendre ses mains dans les siennes et ainsi lui témoignait de sa réelle franchise et reconnaissance quant à ce qu’elle lui offrait. Bien plus que la simple robe, la jeune Harlton remerciait également Camelya de sa présence et de sa générosité dont elle lui témoignait sans rien lui demander en retour. Mais alors qu’elle continuait de lui sourire en guise de remerciement, la réalité la frappa et elle laissa échapper un petit rire alors que l’idée même de l’essayer ne lui avait même pas traversé l’esprit. « Bien sûr, tu veux bien m’aider à le faire ? » Relevant ses chevaux pour ainsi tourner le dos à son amie, Marianne ne pouvait pas défaire elle-même les lacets de son dos, ni les faire d’ailleurs… Et ainsi pourraient –elles prendre conscience toutes les deux des ajustements à faire si nécessaire. Ses yeux se posèrent sur la table, à l’endroit même où la robe était étendue. « Ma mère en avait une de cette couleur… » Les toilettes de sa mère était soigneusement pliées dans un coin d’une armoire, jamais portées, jamais ouvertes, comme si le fantôme de cette dernière persistait à protéger son du depuis de très nombreuses années. « Lord Arwood m’avait interdis d’aller les regarder… Mais tu me connais… » Un petit regard vers l’arrière montra de son amusement en direction de Camelya. Marianne n’avait jamais connu sa mère, néanmoins elle était prête à penser qu’elle devait lui ressembler. « Comment fais-tu pour avoir une telle imagination dans tes broderies ? » La légèreté de la conversation allait peut être ramené un peu d’espoir dans le cœur de son amie. Une volonté qui ne quitterait jamais le cœur de la jeune fille, alors même qu’elle se plaisait à vouloir apaiser un peu les mots de celle qu’elle chérissait.
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i une chose était bien certaine en cette journée-là, c’était bien cette confirmation que pouvait avoir la petite couturière au sujet de cette amitié presque légendaire qui la liait à l’héritière des Harlton. Jamais elle n’avait connu une pareille amitié, si riche en souvenirs et en promesses d’avenir. Marianne était si importante pour la petite brune qu’il lui était impossible de trahir ses secrets, de ne pas céder sous le poids de la confidence ou de ne pas partager une tarte chargée du bon temps. Une époque alors révolue tant les conflits se faisaient plus menaçants, et pourtant.. Elle était là. Qu’est-ce qui avait bien pu décider cette aînée du cœur de déployer des forces quasi spéciales pour la secourir, sa famille et elle, des flammes de Beaumarché et des lames des Fer-Nés ? Si ce n’était pas le fait d’une profonde amitié des plus sincères et dont la loyauté même n’était plus à prouver, et bien. A se demander ce que cela pouvait être d’autre. Camelya, depuis son arrivée à Castel-Bois, s’était bien demandé si sa vie méritait ces quasis sacrifices humains pour venir la secourir. De son point de vue, son âme ne valait pas plus chère qu’une autre. Elle aurait pu périr dans cette attaque, le monde n’aurait pas cessé de tourner pour autant. Du moins, c’est ce qu’elle pensait.. Etant loin d’imaginer qu’elle pouvait revêtir une certaine importance pour d’autres personnes. Malheureusement, le destin voulait qu’elle se meurt de jour en jour au lieu d’avoir senti une lame s’enfoncer en elle, l’arrachant à la vie bien plus rapidement et d’une douleur bien plus supportable que celle qu’elle endurait alors. Car oui, la belle brune ne vivait plus, elle subissait bien plus les coups du sort. D’une douleur due à Son absence, à l’angoisse de Le perdre et à l’incertitude de ne jamais avoir su Lui dire ce que son cœur implorait de Lui avouer. Une torture si douce et pourtant si cruelle que son petit palpitant s’amusait à lui imposer. Il était impossible de vivre avec une telle obscurité planant au-dessus de la tête, prête à englober l’entièreté de sa personne à la moindre mauvaise nouvelle. Heureusement que Marianne était là. Sans elle et ses si délicates attentions telles que cette tarte, la brunette ne donnait pas bien chère de sa peau. Son teint ne cessait de devenir de plus en plus pâle, son visage devenait de plus en plus éteint alors que ses yeux tentaient de résister, brillants de cet espoir qui la nourrissait au plus profond d’elle. Si seulement elle pouvait remonter le temps jusqu’à cette époque où leur seule priorité était de se chercher dans toute la ville lors d’une partie de cache-cache. La petite conteuse soupira silencieusement face à cette marée de souvenir qui s’abattait sur elle. Le bon vieux temps d’une époque qui semblait si lointaine. Le fait de perdre son père, de devoir changer de ville sous l’impulsion de sa mère avaient été de tels faits que la brunette s’en était trouvés plus mûrie et réfléchie, ayant dû tout recommencer à zéro. Se faire de nouvelles connaissances et amis, se faire une place dans ce nouveau lieu avec ses aiguilles.. Trouver de nouveaux auditeurs, mais aussi une nouvelle personne à qui se confier. Un nouvel objectif pour son existence en quelque sorte. Bref, une si nouvelle vie qu’elle avait eu du mal à envisager au début, mais à laquelle elle s’était finalement très bien acclimatée. Sans doute trop même, tellement le poids de la tristesse s’accumulait en elle d’avoir dû quitter cette ville, pour rejoindre celle de son enfance si heureuse. Le souvenir de son père n’était malheureusement jamais bien loin entre ces murs. Le visage de sa mère, toute aussi perdue qu’elle, était bien là pour le lui rappeler.

En évoquant cet amour qu’elle nourrissait pour ce chevalier, Marianne se mettait à nue face à la petite conteuse, qui lui prêta une oreille aussi attentive qu’elle le pouvait. S’il lui était permis de faire la moindre chose en retour, pour sa sœur de cœur, il n’y avait pas à hésiter bien longtemps. Elle le ferait, bien entendu. Tout en gardant ce qu’elle lui confiait pour elle. Jamais elle n’allait la trahir et, ne serait-ce qu’oser traîner son secret pour une poudre volatile au milieu de la ville. Même si ce n’était pas Marianne, mais d’autres proches.. Camelya était ainsi. Ce qui lui était rapporté resterait secret jusqu’à son dernier souffle, quitte à en être torturée comme pas possible. La douce voix de son amie la sorti de sa rêverie habituelle. Si seulement, tout pouvait être aussi facile que cela… Oh.. Baissant légèrement son regard vers les mains de Marianne qu’elle tenait toujours dans les siennes, la brunette avait toujours redouté de voir son amie dans cet état, tant elle lui avait toujours semblé sûre d’elle et surtout inébranlable. Oui, pour elle, cette héritière était vraiment le stéréotype même de l’aînée et ce modèle de vie qui l’accompagne. Pour résumer, Camelya pouvait facilement estimer que ce qui n’était pas bon pour sa grande sœur n’était pas bon non plus pour elle, tant elle tirait cette force de la jeune Harlton. Depuis toujours, la fleur de Beaumarché avait essayé de tirer exemple de cette dernière pour lui ressembler. Et pourtant, elles ne partageaient pas le même sang. Et ça, il n’y avait aucun moyen de contourner ce fait. Resserrant doucement cette prise sur ses mains pour essayer de la rassurer, la couturière ne la quittait pas du regard. Et pourtant, c’était si difficile à accuser, de voir son aînée si vulnérable. C’était avec toute cette force intérieure qui demeurait en elle, que la brune tentait par tous les moyens de chasser le plus loin possible ces sombres pensées chez Marianne. Tâtonnant, presque dans un murmure qui se vouait le plus serein possible, elle lui répondit. Rien n’est simple, malheureusement. Mais, j’ai l’intime conviction que ces maux qui vous entourent, tous deux, ne sont là que pour tester votre dévotion l’un à l’autre. Que vous en sortirez bien plus grands, un jour. C’était même presque une certitude tant les yeux de ces deux âmes ne savaient mentir. Quelque chose de fort les liait et ne cesserait pas de si tôt de les garder l’un près de l’autre. Marianne tout comme Torvald méritaient ce qui pouvait être le mieux dans leurs vies respectives tant la petite conteuse les appréciait. Et pour ça, il n’y avait, finalement, pas 36 solutions différentes. Se mordillant doucement la lèvre face à ces paroles, pesant chaque mot qui sortait de sa bouche, Marianne ajouta. J’aimerai tant lui offrir une vie où il s’épanouira et n’en sera que des plus heureux.  Mon oncle va lui donner un nom et un fief. J’ai réussi à lui faire accorder. Il sera un chevalier reconnu, il pourra devenir tout ce qu’il a toujours rêvé. Cette larme qui perlait sur la joue de son amie, c’était comme un coup de poignard que la conteuse ressentait en elle. Jamais elle n’aurait souhaité voir cette personne si mal, alors qu’il lui était tout simplement impossible de lui venir en aide. Ah, ce qu’elle n’aimait pas se sentir si impuissante qu’elle l’était alors ! Mais je le perdrai à cause de ça. Secouant la tête de gauche à droite, en prenant en compte ce qui pouvait lui arriver à ce même moment avec l’absence d’Isendre, la brunette tenait à éteindre ce feu d’inquiétude qui se lisait dans le regard de sa grande amie. Pour le vivre, elle ne le connaissait que trop bien. Et Marianne n’avait pas à supporter ce genre de choses, non. Il était évident qu’avec cette attaque sur Beaumarché, elle avait bien d’autres choses à régler et auxquelles penser. Ne la lâchant ni du regard, ni de cette prise sur ses mains, elle lui dit, le plus calmement possible. Tu fais ton possible pour lui. Ce que je lis dans ton regard m’inquiète, ma chère Marianne. Sans doute suis-je trop naïve face à la vie, mais je peux t’assurer qu’il ne saura pas t’oublier quoiqu’il se passe. Passant doucement ses pouces sur le dos des mains de la jeune héritière, Camelya n’hésita même pas à ajouter. Pas après ce que j’ai lu dans son regard lorsqu’il est venu me chercher.. Qu’est-ce qu’elle était sincère en disant ça. malgré tout ce qui se passait autour d’elle, la brunette n’avait tout de même pas perdu son âme de petite fille rêveuse, bien au contraire. Elle croyait plus que jamais aux miracles, si bien qu’elle était persuadée que toute cette mauvaise énergie qui se déployait dans le Conflans allait, forcément, à un moment ou à un autre, se métamorphoser en quelque chose de bien plus agréable. Il le fallait, c’était une nécessité. Jamais elle ne saurait vivre dans une telle obscurité. En gagnant un tel rang, il deviendra héritier d’un fief. Son rôle sera non seulement d’assurer la pérennité et la protection des siens, mais surtout de veiller à sa descendance pour que son nom perdure. Les jeunes filles vont se battre pour lui, toutes. Et il est plus facile pour une fille du bas peuple d’aller à l’encontre de son père qu’une héritière contre son oncle. C’était bien vrai, Torvald risquait d’avoir une bonne foule de prétendantes, souhaitant prendre cette place nouvelle à ses côtés. Pourtant, aucune ne saurait le mériter plus que son amie. Et ça, ce n’était même plus négociable dans la tête de la petite brune, bien trop bornée devant ses rêves et loin de plier face à la dure réalité. En l’entendant parler de sacrifice, c’était comme si toute sa faculté de langage avait disparu. Les mots me manquent pour espérer contrer ta peine. Etait la seule chose capable de sortir de ses lèvres.

Après cet échange quant au futur de Torvald, c’était donc à la petite couturière d’être malmené par sa tristesse. Le plus jeune des fils de Criston Desdaings était cet homme qui accaparait la moindre de ses pensées. Pas un jour ne se passait sans qu’elle ne prie pour qu’il lui revienne. Camelya mettait tellement d’énergie dans cette quête spirituelle que cela la vidait toujours plus. C’était comme si les Dieux la mettaient à l’épreuve pour savoir jusqu’où son corps, son cœur et son âme étaient capables d’aller. Jusqu’où elle était capable de repousser ses propres limites. Les nouvelles n’étaient malheureusement pas bonnes sur le destin tragique de cette famille. J’aurai aimé qu’elles soient bien plus porteuses d’espérance. Baissant sa tête une fois de plus, la petite brune ne pouvait pas en vouloir à Marianne, qui avait répondu du mieux possible quant à cette interrogation sur ces pertes. Quelque chose semblait s’être éteint au fond d’elle, se persuadant presque que c’était un espoir vain. Si Alessander et son père Criston avaient péris, rien n’assurait la survie d’Isendre. Pourtant, son cœur ne cessait de battre.. Il devait bien être parmi les survivants. Posant son regard vers ce tissu rouge qu’elle avait commencé à travailler pour cet homme, elle avoua presque dans un murmure. Il est celui dont je rêve depuis toute petite. Il me serait insupportable d’apprendre sa mort alors que je réalise seulement ce que je risque de perdre s’il n’est plus. Si seulement elle avait su plus tôt ce qui allait se passer à Beaumarché.. Sans doute se serait-elle lancée à lui faire comprendre ce qu’elle éprouvait pour lui ? La couturière n’avait pourtant pas sa langue dans sa poche. Mais là, pour le coup, elle avait toujours été pétrifiée face à lui, retenant ce qu’elle pensait de lui. Les paroles de sa mère n’étaient jamais bien loin. Il est le fils de Criston Desdaings, un homme à femmes. Son fils est le même. Et quand bien même, un homme comme lui ne pouvait donc pas aimer une vulgaire couturière comme elle, fils illégitime ou non. Ces pensées-là laissèrent s’échapper un soupir. Le regard toujours rivé vers ce tissu rouge, la brunette glissa en plus. Et il ne le sait même pas. De son regard voilé, elle continua avec une sorte de rage naissante dans sa voix, se souvenant des bruits qu’elle avait entendus à son sujet dans les rues de Beaumarché. Je ne porte aucune attention à ce qu’il soit un fils illégitime et sur ce qu’il se dit de lui ou sur son père comme le fait ma mère. Il vaut tellement bien plus que tant d’autres hommes. Je le sais. Il n’aurait pas pris une place si importante en moi s’il n’était pas quelqu’un de bon. Pourquoi donc se justifiait-elle de la sorte d’oser aimer cet homme ? Elle n’en avait aucune idée. Si elle pouvait crier à tous qu’ils se trompaient au sujet du Rivers, elle le ferait sans aucune hésitation. Tout en se forçant à calmer sa respiration devenue soudainement plus rapide malgré les efforts de Marianne pour la calmer, Camelya ne pouvait que sentir ses jours s’humidifier à nouveau. Seule cette promesse faite par son aînée de cœur la ramena doucement à la raison, lui faisant fermer ses yeux pour profiter de cette douce attention de Marianne.

Après de longues minutes d’un calme appelant à la sérénité, Camelya était à nouveau presque en accord avec elle-même. Enfin, il allait lui être possible d’offrir ce présent à son amie. Cette robe qu’elle s’était efforcée de rendre la plus parfaite possible, juste pour le plaisir de voir un travail bien fait pouvant aller à la perfection à cette belle héritière. La couleur n’avait pas été choisie au hasard, tant elle allait sublimer la personne même de Marianne. La petite couturière en était persuadée. La glissant sur cette table avec toute la précaution que lui permettaient ses mains habiles et habituées de l’exercice, elle eut un grand sourire en entendant son amie. Camelya, elle est magnifique. Première étape réussie. Tu me vois heureuse de savoir qu’elle trouve grâce à tes yeux. Bien entendu, ces quelques pas au travers de cette pièce avait étiré cette blessure sur sa cuisse, lui arrachant un sourire quelque peu crispé, mais bel et bien présent. Tous ces compliments quant à cette robe lui donnaient chaud au cœur. La jeune femme était fière d’elle, heureuse de voir son amie avec son cœur plus léger qu’auparavant. Et surtout, elle savait que ses compliments étaient sincères, et non pas dit juste pour lui faire plaisir. Peut-être est-ce simplement parce que tu le mérites. Et ne me remercie pas. Elle t’était promise, après tout. Ajouta-t-elle avec un sourire. La plus belle des récompenses, pour la petite brune, c’était de voir ces sourires sur les visages de ces personnes qui faisaient appel à ses mains, leur confiant ainsi un désir plus ou moins extravaguant. Mais aucun de leur compliment n’était à la hauteur de ceux énoncés par sa grande amie. Serrant les douces mains de l’héritière, Camelya sentait ses joues rosir doucement, tant elle semblait avoir misé juste sur cette robe-là. Alors qu’elle jetait encore un coup d’œil sur la table en lui soumettant l’idée d’essayer cette nouveauté, une phrase la fit revenir à elle.  Bien sûr, tu veux bien m’aider à le faire ? C’était avec un grand sourire ayant suivi un : Avec plaisir., que la petite fleur profita d’être dos à son amie pour commencer à défaire les liens de la robe qu’elle portait alors et ainsi lui permettre de s’en défaire. Là encore, c’était un geste habituel dans son travail. Elle ne comptait plus les personnes qu’elle avait aidé à se changer pour certaines retouches, tellement gourmande de perfection. Alors qu’elle s’y attelait, elle entendait Marianne lui compter sa petite audace qu’elle a eue, en bravant cet interdit visant à la tenir éloigner des tenues de sa mère. Camelya se mordillait la lèvre en l’entendant dire que l’une de ces robes avait la même teinte. Sacré hasard. Ce coup d’œil à la volée de Marianne la fit sourire davantage. Oh que oui, je te connais. Et je suis ravie de voir que tu n’as pas changé. Continuant sa tâche sans se presser et risquer de faire n’importe quoi, Camelya ajouta à l’adresse de son amie lorsqu’elle l’interrogea sur son imagination.  Je ne saurais répondre à ta question. Faire cette robe, comme tout ce qui passe entre mes mains, ne me demande pas énormément d’attention tant je sais quoi faire à peine le tissu se trouve entre mes mains. Et c’était encore plus vrai puisque cela concernait cette sœur de cœur. S’écartant légèrement de son amie, elle lui annonça, non sans une grande impatience de la voir changer de tenue. C’est bon pour moi..



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   Hard times will always reveal true friends.

L
es confidences tendaient toujours à apporter une sorte d’apaisement certain, mais aussi une fatigue qui veillait à tourmenter quelque peu les dires de chacun des protagonistes. Aussi belles pouvaient-elles marquées une amitié, il n’en restait pas moins que le cœur ne s’allégeait que quelques temps après. Néanmoins, cet acte veillait toujours à apporter une certaine sureté quant à une écoute partagée, mais aussi vis-à-vis de la dévotion accordée à l’autre. Les temps, aussi difficiles pouvaient-ils être, n’auraient jamais raison de ces ressentis. Tant cette amitié délicate mais d’une force incommensurable savait se frayer des sentiers par delà les menaces de chaque attentats. Beaumarché n’était plus, la paix avait perdu toute douceur dans l’ensemble de la région du Conflans, mais pour quelques instants, elle restait là dans cette pièce avec les deux jeunes filles. A croire même, qu’elle n’avait jamais quitté les lieux et qu’elle s’était tapie dans cette ombre dans l’attente que la petite couturière et sa lady n’arrivent pour ainsi en jouir ensemble. Le calme s’alliait à merveille à cette dernière, permettant par la même, d’apporter un réel réconfort dans les cœurs amoindris de chacune. Si seulement, cette paix pouvait fuir par cette fenêtre pour ainsi s’accroître de plus belle dans les grands espaces verdoyants de la région. Si seulement, elle pouvait laisser profiter de ces bienfaits à chacune des personnes malveillantes pour ainsi peut être les ramener à la raison. Si seulement, elle pouvait sauver toutes les vies que la guerre allait prendre, afin de laisser l’espoir perdurer et ainsi laisser croire en un monde juste. Si seulement…  Hélas, les rêveries, quant à un tel monde, n’avaient plus aucune raison d’être, tant elles paraissaient si dérisoires. La jeune lady, qui aspirait tant à la justice, trouvait sans arrêt des raisons capables d’entraver cette volonté. Il fallait qu’elle se résoud à une évidence certaine : le temps de paix était révolu, seul celui de la souffrance, de la mort et des malséances qui allaient en découler venait à peine de se réveiller. La tristesse se lisait dans son regard à mesure que les enjeux politiques n’en devenaient que plus grands. Ses agissements, quels qu’ils soient auraient des répercussions dans le futur, qu’il soit proche ou plus éloigné. Que faire ? Préserver ses idées premières quant à assurer une meilleure protection de son peuple perdurait dans son esprit. Après tout, n’était-elle qu’une simple vassale. Le temps des alliances et autres politiques se devaient de rester auprès des grands. Les Harltons étaient connu pour leur fidélité envers leurs véritables Seigneurs : les Targaryens. Aussi, la jeune fille tâcherait de mener à bien l’héritage de son père et veillerait-elle à garder cette allégeance pour laquelle il avait perdu la vie, jusqu’à son dernier souffle. Les questionnements s’enchaînaient encore dans son esprit, lui causant par la même, des maux de tête auquel elle ne pouvait échapper. Les tourments fusaient de toute part, et l’enceinte du château lui laissait entrevoir chacun des problèmes à régler. L’oxygène arrivait à lui manquer parfois, tant les tumultes la tourmentaient. Seule, la jeune fille n’était dans l’incapacité de tout régler, même si elle essayait de réaliser au mieux sa besogne. Il lui manquait des conseillers, des personnes en qui elle savait que toute sa confiance pouvait se reposer dessus, sans même en évoquer un moindre doute. Heureusement que les présences de ses chevaliers la soulageaient un peu. Lui apportant des directives beaucoup plus militaires pour ainsi assurer une meilleure défense du domaine. Son oreille attentive trouvait toujours écoute des conseils prodiguaient. Et bien entendu dès que la simple évocation du terme chevalier venait à se laisser entendre, Marianne ne pouvait qu’être victime de l’image charismatique de son propre chevalier. Celle là même qui se dessinait devant ses yeux et veillait à lui insuffler la force nécessaire pour ainsi garder son courage. Désireuse de ne pas le décevoir, de ne jamais être témoin d’une telle menace quant à ce qu’elle pouvait réaliser, la jeune fille désirait plus que tout pouvoir lire de la fierté mais surtout de la compassion dans ses yeux. Ses terreurs nocturnes s’atténuaient à mesure que la rêverie prenait le dessus. L’amenant à nouveau sous cette tente, leur laissant ainsi profiter d’un nouveau partage, mais surtout lui rappelant que son cœur s’apaisait à ses côtés. Les mots lui manquaient pour décrire ces sentiments qu’elle éprouvait. Néanmoins, elle essayait de garder à l’esprit que cette idylle ne pouvait se permettre d’exister. L’injustice de ce monde se prouvait également à ce niveau, si bien que la jeune lady finissait par se demander quelles étaient les raisons d’une existence dans ce monde ? La souffrance se répercutait partout et veillait à s’accroître de plus belle à mesure que les années passées. La perte de sa mère, celle de son père, la pauvreté de son domaine, l’infirmité de son oncle, voilà qu’à présent elle se retrouvait face à un amour interdis, auquel elle tentait si bien que mal de s’y raccrocher, mais dont les avenirs n’en étaient que des plus fantasmés. Peut être aurait-il mieux valut qu’elle naisse fermière. Ainsi aurait-elle connu les bonheurs apportés par une famille présente, les relations amicales entre chacun, mais surtout l’amour enfin vécu sans aucune crainte. Peut être… Malheureusement, il n’était pas dans son pouvoir de refaire le monde. Et si son existence se résumait uniquement à savoir apporter un peu de soutien et de bien être à ces personnes chères à son cœur, alors n’en deviendrait-elle que des plus dévouée pour veiller à bien à sa mission. Voilà pourquoi, elle ne pouvait laisser son amie dans le besoin, soucieuse de son bien être, mais surtout désireuse de lui apporter à elle et à sa famille un havre de paix. La guerre avait tant pris et prendrait encore, mais Marianne espérait sincèrement que cet intermède aussi court ou long soit-il, apporterait un peu d’oxygène à cette famille qu’elle aimait.

La conversation avait enfin trouvée son rythme. Permettant ainsi le partage de confidences qui savaient trouver refuge dans le sein de chacune des participantes. La jeune lady ne taisait ses mots, consciente de l’impact de ces derniers, mais surtout certaine de la réalité de cette amitié qui l’unissait son amie et elle. Camelya ne la trahirait jamais, cette certitude grandissait encore plus à mesure qu’elle pouvait admirer le visage de la jeune fille face à elle. Ses yeux semblaient refléter de la compassion, ais aussi une pointe de bonheur quant à ce qu’elle lui avouait. Marianne avait même eu l’impression, l’espace d’un instant, de pouvoir reconnaître là, cette petite étincelle qui lui permettait de rêver. Les mains jointes dans les siennes, la jeune lady laissait ses sentiments s’exprimaient. Des mots trop longtemps tus, des aspirations trop longtemps aveugles, mais dont les bienfaits pouvaient être aussi douloureux qu’une dague en plein cœur. La difficulté de la situation, les temps si mauvais, tout cela parvenait à troubler le cœur de la jeune fille. La réalité était difficile et très douloureuse, néanmoins l’espoir ne pouvait se résoudre à perdre cette bataille. Triste, aussi bien dans ses paroles que dans ses actes, les yeux de Marianne s’embuaient à mesure qu’elle se rendait compte de son sacrifice. Mais Torvald méritait mieux. Elle osait se conforter dans cette pensée, d’autant plus qu’elle prouvait ainsi de son amour sincère par ce biais. Mourir pour ainsi sauver la vie de l’autre. Elle savait que le résultat de tout ceci la tuerait de chagrin, mais cela n’était rien en comparaison de l’image de son chevalier heureux et épanoui. Le regard de la jeune fille tombait sur le sol à mesure que cette réalité l’accablait. Même les mots pourtant si réconfortants, de la jolie jeune fille, n’arrivaient pas à taire ce désespoir grandissant contre son cœur. Oh, Marianne ne douterait jamais de la dévotion de Torvald à son égard. Jamais plus, elle n’oserait la remettre en question, tant il lui avait prouvé le contraire. Son simple retour témoignait de cette dernière, mais plus encore, sa présence réelle et d’un réel soutien n’était plus à prouver. Malheureusement, la réalité était là. Et même si Marianne ne plaisait à accorder les meilleures choses qu’il puisse exister pour son chevalier, il n’en restait pas moins que son chagrin grandissait toujours. Ses dires ne cherchaient pas de réconfort. Ils lui permettaient simplement d’affronter cette réalité qu’elle avait cru, l’espace d’un instant, pouvoir éviter. Elle se flagellait elle-même, et se rendait compte de l’impuissance que cela pouvait engendrer pour celle qu’elle considérait comme sa sœur. Mais cette confidence aussi douloureuse soit-elle, parvenait à lui faire du bien. Ses yeux remontèrent doucement alors que Camelya prenait la parole. Des mots qui veillaient à raviver en elle quelques unes de ses rêveries. La larme perlait encore sur sa joue, glissant doucement vers le fond de sa joue pour ainsi s’écraser violemment contre le tissu épais de sa robe. Peut-être venait-elle de tracer le premier sillon d’autres à venir. Ou peut-être serait-elle la seule à lui échapper ? Un mince sourire chargé de tristesse vint prendre place sur ses lèvres, alors que le poids de chacun de ses mots trouvait un impact certain dans son cœur. « Je sais qu’il m’aime en retour. Mais qu’est ce que l’amour dans cette existence si ce n’est un désespoir certain ? Je suis capable de  donner ma vie pour sauver la sienne, je veillerai à lui accorder tout ce qu’il désire. Mais je me retrouve prise au piège pour lui offrir le seul avenir qu’on mériterait ensemble. Est-ce donc ainsi que d’aimer profondément une personne ? Prendre conscience que l’impuissance nous afflige et rend l’autre malheureux ? » Les mots se confondaient à mesure dans le chagrin qui la tourmentait. Néanmoins la force parvint à lui revenir, à mesure qu’elle prenait conscience des offrandes qu’elle était parvenue à réaliser pour lui. Torvald serait un magnifique chevalier fieffé, probablement le plus pragmatique et le plus juste dans ses agissements. Marianne ne se permettrait jamais de douter de sa témérité et de sa bonté de cœur. Son peuple l’apprécierait grandement et tendrait à le rendre fier. Le sourire essayait de percer les tumultes de sa tristesse à mesure que cette vision s’imposait devant elle. Il l’avait rendu fière de lui et plus encore, il lui avait offert la plus belle chose qu’il pouvait lui donner : son cœur. Mais déjà, la vision de prétendantes venait trouver naturellement une place dans son esprit. Une vision qui infligeait une nouvelle peine, et la renvoyait à cette réalité qui l’empoisonnait. Ainsi sa malédiction résidait dans le fait d’être témoin du bonheur des autres au détriment du sien. Si telle était sa place, pour Torvald, elle saurait la garder. D’ailleurs, il semblait que cette dernière soit véridique au vue des mots de sa jeune sœur. Les mots lui manquaient. Marianne se contenta d’acquiescer faiblement d’un signe de tête. Il n’y avait rien à dire de plus. Elle avait été simplement stupide d’oser y croire quelques instants.

Taisant ses tourments, la jeune lady se promit de laisser de côté ses peines. Après tout, la principale raison de sa présence n’était que pour rétablir un semblant de paix dans l’être de son amie. Aussi, veilla t-elle à essayer d’apporter un peu de réconfort auprès de cette dernière. Bien entendu, la surprise quant à ses révélations tendait à amener de nouveaux questionnements au sein de son esprit, néanmoins, la jeune fille ne pouvait que comprendre la peine qui grandissait à mesure que les jours passaient dans le sein de sa petite couturière. La volonté quant au désir de l’apaiser et de lui apporter du réconfort grandissait à mesure que le regard effarouché de son amie essayait de trouver refuge dans le sien. Camelya ne méritait pas de telles tristesses, tout comme elle ne méritait nullement tout ce qui avait pu lui arriver. Sa peine accablait la jeune lady, tant est si bien que cela lui permit d’apporter un peu de soutien à cette dernière en lui accordant sa parole quant à ses actes à venir. Peut être trouverait-elle des réponses à même d rassurer la jolie fleur ? Son espoir s’éveillait quant à cette attente d’autant plus qu’il reflétait tout ce qu’elle ne pourrait probablement jamais connaître de son côté. Un sourire commençait à naître sur ses lèvres, alors que ses mains caressaient doucement le dos de sa jeune amie. A mesure de ses dires, Marianne ne pouvait que comprendre ses intentions tant elle avait pu ressentir les mêmes sentiments à l’égard de son chevalier, lorsqu’elle le pensait perdu à jamais. « C’est souvent lorsque nos cœurs sont inquiets qu’ils nous révèlent la véritable nature de leurs intentions. » Ainsi Camelya n’avait jamais pu avouer ce qu’elle ressentait au jeune homme. Ainsi vivait-elle avec cette révélation non partagée. Le cœur de Marianne se serra un peu et chercha à trouver les mots à même de pouvoir lui apporter un peu de réconfort. Des mots qu’elle aurait elle-même désiré entendre alors que son propre chevalier avait quitté sa maisonnée. « Ne laissons pas le désespoir guetter ton cœur. Mais trouvons lui plutôt un objectif qu’il se devra de réaliser veux-tu ? » La jeune lady regardait la petite fleur avec insistance de manière à lui laisser passer le message qu’il n’était pas encore nécessaire de s’avouer vaincue. Pas tant que les nouvelles ne leurs étaient pas parvenues. « Dès lors que votre route viendra à se croiser laisse ton cœur lui parler. Ne le retiens pas, ne le tourmente pas avec des non dits, libère le. » Ce conseil se trouvait quelque peu étrange, cependant, la jeune fille savait que sa petite sœur saurait trouver les véritables significations derrière. D’ailleurs, Marianne songeait déjà aux manières qu’elle devrait envisager afin de pouvoir mener au mieux sa quête quant aux nouvelles concernant le jeune garçon. Son oncle lui apporterait vraisemblablement des réponses, seulement, elle devrait braver son autorité pour avoir des informations plus directes le concernant. Mais pour Camelya, ce mal qui planerait au dessus de sa tête, serait un bien pour elle. C’est avec cette intime conviction que la jeune Harlton regarda de plus belle sa petite fleur et essaya de lui renvoyer un peu d’espoir par le biais de son regard. Son sourire ne s’en trouva que plus agrandi encore dès lors qu’elle entendit les justifications quant à son amour pour ce cher Isendre. Un comportement qui lui rappelait celui d’une petite fille prise en flagrant délit devant sa passion pour un garçon. « Tu n’as aucune raison de te justifier devant moi, car je ne doute pas de sa bonté. Il n’aurait pas su capturer ton cœur, s’il n’en possédait pas. » Et comme pour lui prouver de sa confiance et sa considération vis-à-vis de ses dires, Marianne serra un peu plus l’étreinte de son amie contre son cœur. Son espoir quant à sa manière de la rassurer ne cessait d’espérer un meilleur dessein encore. Et pouvoir revoir le sourire de cette amie si chère à son cœur quelques secondes plus tard, la conforta dans cette optique. Camelya était très jolie mais elle l’était encore plus quand son cœur pouvait se trouver dans son sourire. Et Marianne venait tout juste de le voir à l’instant.

Les tourments parurent être à leur calme, leur permettant ainsi de profiter de la présence de l’autre d’une nouvelle manière. Une amie désireuse de passer un peu de temps avec son autre amie. Une sœur cherchant simplement la présence de sa cadette. La légèreté venait tout juste de trouver sa place dans cet espace confiné. Et avec elle, l’admiration quant à l’expertise de cet art qui avait su trouver une réelle place dans les doigts de la petite fleur. Admirant chacun des travaux réalisés pour les finitions de cette robe, Marianne laissait nettement transparaître son émerveillement mais surtout sa reconnaissance à mesure que ses doigts effleuraient doucement cet ouvrage. Pareille à celle d’une reine, cette toilette ne méritait pas un tel corps ni même une telle personne que la sienne, mais plutôt celle d’une personne grande de cœur. « Je ne mérite pas tant. Ton sourire est pour moi un très beau cadeau. » Les yeux de Marianne cherchèrent refuge dans le regard chocolat de sa jeune amie avant de continuer leur inspection sur cette magnifique robe. Verte, comme ses yeux, comme l’espoir. Elle n’avait aucune information quant au choix de cette couleur, mais elle l’appréciait grandement. Si bien, qu’elle ne put s’empêcher de laisser l’impatience la gagner dès lors que sa jeune amie lui demanda si elle désirait l’essayer maintenant. Se retournant en vitesse tout en relevant ses cheveux, la jeune fille l’invita à venir défaire les lacets de son dos. Chose que Camelya exécuta avec amusement mais surtout dévotion. Souriant de plus belle face à un tel geste, Marianne ne put s’empêcher de commenter à son tour quelques petites informations qui veillaient à les faire sourire davantage. D’ailleurs, la réponse de son amie quant à son caractère assez curieux et têtu ne la vexa pas le moins du monde. Bien au contraire, il veillait à les rapprocher un peu plus encore et leur laisser partager de souvenirs communs. « L’âge ne calme les ardeurs que des sages semblerait-il. » Un petit rire s’échappait d’entre ses lèvres à mesure que les pensées qu’elle pouvait envisagé se portaient vers son oncle. Depuis toujours, ce pauvre homme tentait de tempérer le caractère aventurier de sa nièce, bien souvent en vain. Car il lui suffisait de franchir les portes de la grand-salle, avec pour ordre de rejoindre ses appartements, pour se rendre à la sellerie et ainsi enfourcher son destrier et retrouver son faucon dans les bois environnants. Secouant doucement sa tête pour revenir à la réalité, Marianne écouta avec attention le talent inné de sa petite sœur concernant ce travail. « Ainsi es-tu une artiste. Certains composent la musique, d’autres écrivent des sonnets, toi tu confectionnes à ta guise. » Veillant à défaire ses manches dès que sa jeune amie la prévint de la terminaison de sa besogne. « Ton art saura être récompensé. » Il était hors de question que la jeune lady ne donne pas un peu d’argent à son amie en échange de cette œuvre, et ce même si c’était un cadeau. Jamais, elle n’oserait porter pareille parure sans que cela ne soit payé. Elle fit glisser la robe le long de son corps se retrouvant ainsi à moitié nue. La pudeur était une chose qu’elle préservait à l’inverse de certaines ladies. Aussi veilla t-elle à porter ses mains au niveau de ses seins afin de les cacher alors que son jupon cachait ses longues jambes pâles. « Doit-on l’enfiler par le haut ou le bas ? » Attendant les conseils avisés de sa jeune sœur de cœur, la peau de la jeune fille dévoilait quelques frissons du à la fraicheur des lieux. Et une fois les recommandations données, elles se chargèrent ensemble de lui permettre de la porter. Les cheveux encore en bataille et coincés à l’arrière de cette dernière, la jeune lady remonta doucement les manches vertes à mesure que son sourire s’en trouvait plus grand. « Elle rayonne. » Laissa t-elle échapper doucement alors qu’elle veillait à bien la réajuster de manière à ce que Camelya puisse se rendre compte de son travail et des réajustements à opérer. « J’espère être digne de porter un tel ouvrage et ne pas décevoir tes pensées. »

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ourquoi donc toute son existence était empreinte de défis à relever ? Pourquoi donc le mauvais sort semblait-il s'abattre sur sa petite personne ainsi qu'autour de sa famille ? Pourquoi cette paix retrouvée avait-elle fini par éclater du jour au lendemain ? Pourquoi une jeune demoiselle de son âge devait déjà porter sur ses épaules ces questionnements incessants, cet appel du coeur, cette absence d'un père de famille ? Y avait-il une sorte de lame au-dessus de sa tête, prête à s'abattre sur cette petite brune dont l'état se dégradait de jour en jour ? Pourquoi continuait-elle d'espérer un lendemain meilleur ? Bien que la plupart de ces questions puissent rester sans réponse, il est bon à noter que cette étincelle qui réchauffait le coeur de la couturière n'allait pas s'éteindre de si tôt, malgré la difficulté de la situation. Rien était simple pour personne après tout. Il fallait relever la tête pour pouvoir inverser la tendance. Mais, pour le moment, Camelya n'en avait pas réellement la force. Elle se laissait vivre, se fondant dans un hymne aux accords d'une douce routine. Au moins, elle n'avait pas à réfléchir plus que de raison sur ce qu'elle avait à faire et à penser. C'était presque comme si elle était devenu le pantin de sa propre existence. Un fantôme, l'ombre de celle qu'elle avait été il n'y a pas si longtemps que cela. Son imagination en avait pris un coup, à tel point que les quelques histoires qui lui venaient en tête pour être contées n'étaient pas parmi les plus réjouissantes. C'était pour cette raison-là qu'elle fit l'impasse sur ses moments, comme à Beaumarché, de tranquillité et d'échange. Malgré tout, sa tête et son coeur battaient à plein régime, redoublant de vigueur pour voir la fleur reprendre ses couleurs ternies. Ce n'était qu'une affaire de temps. De patience et d'espoir invaincu. Et enfin, peut-être serait-elle enfin récompensée de tout cela. Il fallait y croire, encore et toujours. Castel-Bois prenait ainsi un air de refuge pour se redorer un peu et, bien évidemment, cela n'aurait jamais été possible sans l'intervention, l'aide et la douce attention de la belle héritière.

S'il y avait bien une chose que la petite conteuse avait du mal à supporter, c'était bien cette peine qu'elle lisait sans le moindre mal dans le regard, dans les yeux, dans le coeur de sa grande soeur. Jamais elle n'aurait souhaité qu'une telle tristesse traverse ce regard qui lui a toujours été si cher. Pour Camelya, cette jeune femme était si importante.. Que jamais elle n'accepterait que le moindre mal ne la ronge. Une chose totalement impossible et impensable tant elle tenait à elle. Si seulement elle avait un moyen de la rassurer, de lui promettre que toute cette peur, cette tristesse qu'elle ressentait n'était qu'une impression. Car de cela, la brunette en était certaine. Sans doute bien trop naïve et aveuglée par le pouvoir de l'amour vrai, elle était persuadée que ceux qui devaient vivre ensemble finissaient toujours par se rejoindre. Bien entendu, elle se gardait d'appliquer cette philosophie à sa propre histoire. Quoique.. Une douce étincelle restait en elle, fort heureusement. Cette larme qui perlait sur la joue de son amie était un véritable supplice, qu'elle accusa alors en fermant les yeux. Juste incapable de savoir quoi dire pour laisser percer un nouveau sourire sur le visage de son amie. « Je sais qu’il m’aime en retour. Mais qu’est ce que l’amour dans cette existence si ce n’est un désespoir certain ? Je suis capable de  donner ma vie pour sauver la sienne, je veillerai à lui accorder tout ce qu’il désire. Mais je me retrouve prise au piège pour lui offrir le seul avenir qu’on mériterait ensemble. Est-ce donc ainsi que d’aimer profondément une personne ? Prendre conscience que l’impuissance nous afflige et rend l’autre malheureux ? » Loin d'être idiote, la demoiselle savait très bien quels pouvaient être les problèmes qui risquaient de se dresser devant ses deux amis. Et pourtant, elle restait persuadée qu'ils étaient tous deux faits -le demeurant- pour vivre ensemble. Oui, elle était comme ça la petite brune. Pourtant, elle comprenait les craintes de son amie, si bien qu'elle ne cessait de garder les mains de Marianne entre les siennes, les resserrant face à cette larme tombée sur le tissu même de sa robe. Cela lui fendait littéralement le coeur de la voir aussi fragile. Même si son courage n'était plus à prouver, elle restait une femme avec toute cette sensibilité qui les entoure et les définit. Cela la frappait plus qu'auparavant. Baissant légèrement la tête, elle n'hésita pas à dire. « Je doute être bien placée pour le dire. Mais, permets-moi de croire en ces espoirs-là. S'il y a une chose dont je suis certaine, c'est que.. » sa voix tendait presque à se briser sous toutes ces questions qui martelaient ses pauvres pensées depuis son arrivée à Castel-Bois. Relevant son regard pour recroiser celui de son amie, la brunette ajouta. « Qu'importent les obstacles qui peuvent se dresser devant deux êtres si ce sentiment si fort lie deux âmes ensemble. Ils finiront toujours par se revenir. Peu importe le moment. » Des paroles ponctuées d'un léger sourire. Camelya se doutait que son amie êut surtout parlé pour se libérer de ce secret écrasant. Pourtant, elle n'avait pas pu s'empêcher de glisser ces quelques mots si sincères, si pensés et si justes. Et s'ils avaient suffisamment de poids pour empêcher de nouvelles larmes de se frayer un chemin sur ce doux visage qu'elle observait attentivement, elle aurait au moins réussi quelque chose et peut-être se sentirait-elle, alors, moins inutile qu'elle ne le pensait.

Il n'était pas facile pour la petite fleur de révéler ce secret qu'elle s'était jusqu'alors évertuée à garder pour elle, et pour elle seule. Si même son petit frère n'avait pas été mis au courant de cette histoire.. C'était un exercice plus difficile qu'elle ne l'avait pensé, de réussir à mettre des mots sur ce qu'elle éprouvait, sur ce qu'elle se cachait et ce qu'elle s'évertuer à se cacher. Et pourtant, celà lui revenait avec une telle force qui lui faisait véritablement ouvrir les yeux sur ses désirs, ses rêves, ses attentes. « C’est souvent lorsque nos cœurs sont inquiets qu’ils nous révèlent la véritable nature de leurs intentions. » Ces mots-là étaient si justes. La couturière baissa la tête accusant le coup de cette réalité trop longtemps refoulée. « Il semblerait, oui. » Comme elle se sentait impuissante, réduite à cette attente qui lui devenait insupportable. Elle sentait même son ventre se nouer face à cette acceptation. Sans doute prenait-elle enfin, véritablement conscience de ce qu'elle avait laissé à Beaumarché et qu'elle avait même peut-être perdu. Cela la fit saigner de l'intérieur tant son coeur ne savait plus où donner de la tête. Comment Isendre avait-il pu prendre autant d'importance à ses yeux ? Une chose inexplicable que la brunette se découvrait en se mordant la lèvre. A se demander ce qui lui manquait le plus. Son sourire, son regard tantôt empli de malice tantôt plus intimidé, presque gêné. Ou alors, peut-être était-ce tout simplement sa présence. Oui, c'était plutôt ça, ce Lui dans son intégralité. « Ne laissons pas le désespoir guetter ton cœur. Mais trouvons lui plutôt un objectif qu’il se devra de réaliser veux-tu ? » Relevant un peu plus la tête, la petite fleur écoutait son amie plutôt intriguée par cette sorte de proposition inattendue. Un objectif ? Etait-ce la façon, pour elle, de relever la tête ? « Dès lors que votre route viendra à se croiser laisse ton cœur lui parler. Ne le retiens pas, ne le tourmente pas avec des non dits, libère le. » Plus les mots de cette réplique s'enchainaient, et plus les joues de la demoiselle se teintèrent de rose, sa tête se baissant un peu plus et son regard fuyant délibérément celui de son amie. Elle n'avait jamais réussi à lui faire part de ce qui grandissait dans son coeur lorsqu'elle était face à cet homme. « Je.. » La couturière n'ayant jamais connu d'homme autre que ses clients ou son frère, elle devait reconnaitre ne pas savoir quoi lui dire. Il était le seul à lui imposer cet état-là. Aucun autre n'y arrivait. S'il y avait une limite à ne pas franchir de peur de se montrer bien trop pressante si tout cela n'était pas réciproque.. « Ce n'est certainement pas raisonnable. » Oui, elle avait peur. Terriblement peur pour lui, qu'il soit mort. Mais surtout que son coeur batte pour une autre. Cela la briserait certainement à jamais tant il a su prendre cette place spéciale en elle. Se mordant une fois de plus la lèvre, elle sentait son coeur tambouriner contre ses paroies, osant imaginer ce moment. Avec un léger sourire, plutôt espiègle, elle ajouta finalement. « Mais, l'ai-je été, ne serait-ce qu'une fois ? » Une lueur d'espoir malicieuse perça dans son regard. Marianne n'avait finalement, peut-être, raison. S'il était encore en vie, sans doute était-ce un répit des Dieux, une seconde chance pour la brunette d'enfin réussir à faire sortir ces mots qu'elle sortait enfin de l'ombre, se les avouant enfin. Mais, allez savoir si cette résolution se tiendra une fois face à cet homme.. « Tu n’as aucune raison de te justifier devant moi, car je ne doute pas de sa bonté. Il n’aurait pas su capturer ton cœur, s’il n’en possédait pas. » Non, en effet. Elle n'en avait aucune. Haussant doucement ses épaules, elle ajouta. « Excuse-moi Marianne. C'est devenu une habitude de.. le défendre de la sorte tant ma mère ne comprend pas. » Il était vrai que la mort potentielle d'Isendre n'était pas réelle. Ce n'était qu'une supposition. La pire, bien entendu..

Cette robe, faite spécialement pour Marianne.. Elle avait fait un honorable travail dessus, la petite couturière en était même plutôt fière. C'était une belle pièce, sans doute l'une des plus belles qu'elle avait réalisée jusqu'à maintenant, en plus de ce doux manteau bleu qu'elle s'était fait, pour son plaisir personnel. D'ailleurs, elle avait espoir qu'il soit encore intact dans sa chambre à Beaumarché, tant elle l'avait caché des yeux de sa mère.  « Je ne mérite pas tant. Ton sourire est pour moi un très beau cadeau. » Parlait-elle de ce même sourire qui reprenait sa place sur le visage de la conteuse ? Si oui, il lui était déjà tout offert. Ils se faisaient rares. Pourtant, depuis l'arrivée de Marianne dans cette pièce, cela faisait longtemps que la brunette n'avait pas autant souris, et aussi souvent, aussi sincèrement. Sa visite était telle une trêve. « Tu mérites bien plus que mon simple sourire. » Nouveau sourire au coin de ses lèvres. Cette robe allait lui aller à la perfection, il n'y avait aucun doute. « Bien plus qu'une simple étoffe également. » Et oui. Pour Camelya, sa grande amie méritait tellement plus. Malheureusement, ce n'était pas possible. Elle ne pouvait rien lui offrir d'autre que ce genre de présents. Du moins d'un point de vue matériel. Pour ce qui concerne l'immatériel, la jeune Harlton pouvait être sûre d'avoir l'amitié, à jamais, de la petite brune. Tout en s'occupant du laçage de la robe de son amie, elle l'entendait dire. « L’âge ne calme les ardeurs que des sages semblerait-il. » Un grand sourire se forma sur son visage tant la situation semblait gagner en légèreté. C'était une bien bonne chose. Et puis, après l'essayage de la robe, il restait toujours encore cette tarte si Marianne en souhaitait encore. S'affairant toujours sur l'habit de son amie, elle lui dit alors. « Non, en effet. Et je suis heureuse de te retrouver ainsi. » Et c'était peu dire tant Marianne avait un pouvoir fou sur sa personne. Un pouvoir qu'elle partageait avec l'homme qu'elle aimait, Torvald. Et oui, pour la couturière, ils étaient tout deux des personnes chères à son coeur. Raison supplémentaire pour leur souhaiter un bonheur mis en commun. « Cela me fait le plus grand bien d'être à tes côtés. » Finissait-elle par avouer à mi-mots. Lui avoir fait part de ce secret gardé si précieusement, c'était un poids en moins à supporter. Son attention se reporta à nouveau sur cette robe.  « Ainsi es-tu une artiste. Certains composent la musique, d’autres écrivent des sonnets, toi tu confectionnes à ta guise. Ton art saura être récompensé. » Un petit rire échappa d'entre ses lèvres. Non, elle ne se qualifiait pas comme étant une artiste. Par comme Silvana par exemple, et son doux violon capables de faire danser n'importe qui. Respectant son intimité, la petite couturière avait l'habitude de détourner son attention en de pareilles situations. Rougissant une fois de plus, elle lui dit alors. « Artiste. C'est un bien grand mot. Je ne fais que ce que mes ainées m'ont appris. » Après de brèves secondes d'un silence bien léger, illustré simplement d'un sourire, elle ajouta non sans durcir son regard pour que ses paroles soient justement entendues. « Je ne veux aucune pièce d'or Marianne. Ce ne sera pas accepté. Et tu auras beau insister, je refuserai. » Et ça, c'était sûr et certain. Si Marianne allait se borner à lui payer cette robe, la fleur de Beaumarché s'arrangerait pour replacer ces pièces à leur juste place. Le prix de la survie valait bien plus que n'importe quel argent, elle n'en démordrait pas. [color:44b4=#indianred]« Doit-on l’enfiler par le haut ou le bas ? » Toujours avec son attention détournée pour ne pas gêner son amie, elle lui dit simplement. « Par le haut. C'est plus facile pour s'en vêtir. » Avec son petit sourire habituel, elle aida alors son amie à la vêtir, tout en s'occupant de la mettre bien convenablement. « Elle rayonne. » Ce simple commentaire assura davantage le sourire de la demoiselle qui était très fière de son travail. Vraiment. Et cette robe était magnifiée par son amie qui la portait à merveille. Laissant son amie la contempler, elle l'entendait alors ajouter. « J’espère être digne de porter un tel ouvrage et ne pas décevoir tes pensées. » Tout en haussant légèrement les épaules avant de passer sa main sur le tissu recouvrant les épaules de son amie pour le mettre mieux, elle répondit simplement. « Tu en es la plus digne. » Rien n'était plus vrai que ces quelques mots.

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   Camelya & Marianne
   Hard times will always reveal true friends.

L
’espace devenait un peu confiné, dévoilait un peu plus de fraîcheur dans ce tumulte obscurci par des démons orageux. Il offrait peu à peu  un oxygène plus fais, éveillant ainsi des aspirations toutes autres que celles engendrées par les récents évènements. La présence de l’une savait trouvait un réconfort certain au sein même du cœur de l’autre, comme si, par ce biais, des coutumes passées apprenaient à nouveau à se côtoyer. Les temps n’en demeuraient que toujours difficiles, néanmoins cet intermède apportait très certainement un temps différent, une lueur d’espoir marquée mais bien plus encore, une amitié inébranlable retrouvée. Les yeux de Marianne cherchaient réconfort auprès de ceux de Camelya, tout comme la petite conteuse se plaisait à trouver refuge dans les bras de sa lady. Le temps se suspendait à mesure que les paroles s’échangeaient et brisaient ce silence trop longtemps entretenu. Il n’y avait qu’elles dans cette pièce et avec elles des confidences qu’elles se plaisaient à s’échanger. Le temps des rêveries était révolu, l’une et l’autre en prenait conscience à mesure que les mots franchissaient les barrières de leurs lèvres. Le temps des rires s’en trouvait quelque peu parsemé de quelques nostalgies à demi fantasmées, néanmoins la certitude d’une présence amicale et bien plus encore attendrissante que celle d’une véritable sœur savait apporter réconfort à chacune de ses deux âmes. Ainsi, les sujets se laissaient prendre dans les mailles d’une toile qu’elles se plaisaient à peindre ensemble. Un paysage commençait tout juste à se dessiner, dévoilant ainsi des côtés obscurs mais un soleil qui voulait baigner quelques parcelles à l’aide de ses quelques rayons perçants. Les questionnements s’enchaînaient et avec eux des réponses parfois non dites. Pourtant, la nécessité de les prononcer n’en était devenue que des plus rassurantes. Ainsi la jeune Harlton avait pu retrouver son amie d’antan, cette petite sœur, avec qui son éducation avait été partagée et qui avait toujours su trouver les mots justes pour lui laisser croire en quelques formes de courage. Ainsi était-elle parvenue à la ramener, elle et sa famille, retrouvant par ce biais, un espoir certain quant à un avenir plus sécurisé pour cette même famille. Les Sept ne lui avaient pas ôté ce cadeau, la rassurant par ce fait, sur l’image même que le sort ne se retournait pas complètement contre elle. Non, il veillait au contraire, à lui laisser partager de nouvelles aventures avec son amie. Il la rassurait sur le fait de sa santé, même amoindrie par sa blessure, mais surtout il lui laissait l’occasion de se dévoiler comme une grande sœur proche de son cœur. L’attention marquée par l’offrande de cette tarte n’était en réalité qu’un prétexte pour venir rendre visite à son amie de toujours. Prétexte que Camelya avait nettement compris, et qui avait eu l’opportunité de les rapprocher encore un peu, juste pour se rassurer l’une et l’autre.

Hélas, certains sujets abordés furent douloureux. Toutes deux s’en doutaient, toutes deux ne savaient comment aborder ces derniers, néanmoins elles parvinrent à laisser leurs cœurs s’exprimer pour ainsi trouver des réponses. Marianne n’avait pas hésité une seule seconde pour livrer les chagrins de son cœur à sa petite sœur. Désireuse de parler, de laisser ainsi son cœur s’exprimer sans retenue aucune au sujet de ce chevalier qui ne cessait de prendre une place intacte en son sein. La force la quittait à mesure que le tourment, quant à l’avenir de celui qu’elle aimait, veillait à lui intimer des idées noires. L’avenir de Torvald serait entravé par sa faute. Et cela tendait à lui fendre un peu plus la plaie qu’elle tentait de dissimuler dans sa poitrine. Son désir le plus cher ne pouvait s’accorder avec une réalité qu’ils ne pourraient jamais partagés. Sa peine ne cessait de lui infliger des assauts de plus en plus conséquents, à mesure que l’Amour s’immisçait dans son être. Ainsi était-elle maudite de ce sort qu’elle ne pourrait jamais partager à ses côtés ? De ce bonheur qu’ils ne sauraient s’accorder qu’en cachette et pendant un temps trop court. L’Amour s’avérait injuste dans son âme, tant il ne lui renvoyait que des douleurs qu’elle allait infliger à son chevalier. Elle, qui, désirait simplement lui accorder un bonheur incommensurable, elle, qui, veillait à lui donner tant rien que pour lui apporter une quiétude intacte. Le caractère impétueux qu’elle partageait de sa maisonnée lui dictait pourtant d’agir autrement, d’oser fuir pour ainsi vive de cette vie qu’elle choisissait. Oh oui, elle la choisissait et elle la choisirait toujours. Mais dès lors que son oncle pointait le bout de son nez et lui rappelait les espoirs qu’il plaçait en sa personne, la raison l’accablait de coups sur son visage pour ainsi lui rappeler ses devoirs. La lady maudite de Castel-Bois. Voilà comment les livres devraient se plaire à la décrire… Un soupir vint naturellement prendre place dans cette scène. Une attention qui exprimait un caractère las, mais surtout désespéré quant aux raisonnements qu’elle venait d’avoir. Ainsi l’Amour était douloureux, injuste, mais surtout se présentait devant elle comme un poison sans aucun remède. Une constatation qui veilla à lui déchirer le cœur une nouvelle fois à mesure que cette larme venait s’abattre à même le tissu lourd de sa robe. Une lourdeur qui témoignait directement de son désespoir, de ce malheur qui s’abattait sur elle, mais surtout de la sincérité si saisissante de ses sentiments à l’encontre de Torvald. L’aimer ne lui était pas nouveau tant les souvenirs ne lui permettaient plus de savoir quand tout cela avait commencé. Le reconnaître l’était tout comme la douleur qui s’en dégageait restait vive. Ses mains vinrent serrer un peu plus celles de son amie, à mesure que ses doigts fragiles tentaient d’apporter un peu de réconfort à ses tourments. Une attention qu’elle gratifia d’une envie irrémédiable de vouloir arrêter ses tourments. Les espoirs de Camelya tendaient à toucher de manière naturelle le cœur et les espoirs de Marianne. Des mots qui trouvèrent immédiatement un refuge dans son cœur à mesure que cette phrase trouvait un sens certain. Elle avait raison. Tout portait à croire que son jugement était ce qu’il y avait de plus juste et de plus évident. Ainsi peut être un jour parviendraient-ils à se trouver ensemble ? A partager ce bonheur d’une manière selon laquelle personne ne viendrait entraver à cela ? Les yeux de la jeune fille tendirent à remonter doucement vers le visage de sa cadette. Et le regard qu’elle y lu l’amena à croire sincèrement en ses dires. « Je l’attendrai éternellement. » La voix de la jeune fille se perdait dans un murmure à mesure que l’impact de ses mots prenait une signification bien ancrée dans son âme. Bien sûr qu’elle l’attendrait, elle l’avait fait jusqu’alors. Et si cette attente devait se faire pendant des années durant, alors elle était prête à le faire. Torvald méritait ce bonheur, tout comme il méritait toutes les bonnes aspirations qu’elle veillait à mettre de son côté. Il gagnerait un nom, ceci n’était qu’une question de jours. Mais surtout ce geste marquait d’un nouvel espoir à venir. Peut être un jour parviendraient-ils à partager une vie de manière sincère et comme ils cherchaient tant à le faire ? Son nom le plaçait dans une lignée d’héritage, il ne lui manquait plus qu’à l’élever à présent. Ainsi pourrait-il se faire une place directement dans la liste des prétendants que son oncle s’entêtait à bien choisir ? Un mince sourire trouva sa place dans le coin des lèvres de la jeune fille alors que l’idée même de cette pensée éveillait les battements de son cœur. « Éternellement. » Ce murmure à peine audible veilla à partager une certitude quant à ses aspirations mais surtout à placer cet espoir encore un peu plus en avant contre son cœur. Sa témérité n’en devenait que des plus affûtées, signe que le réconfort de son amie venait de trouver refuge dans son âme.

Ses doigts se serrèrent un peu plus contre ceux de sa petite sœur, à mesure que le voile qu’elle venait de laisser tomber, venait prendre place dans le regard de sa cadette. A son tour, son cœur se serra à cette vision. Mais dès lors que son discours prit des allures de confidences, l’espoir qu’elle lui avait partagé toute à l’heure s’éveilla de plus belle de manière à ce qu’il vienne se partager avec sa petite sœur. La jeune lady essaya de trouver des paroles chargées de sens, à mesure que des idées lui venaient en tête de manière à rassurer celle qu’elle appréciait. L’Amour avait aussi frappait à ses portes et lui entraînait à son tour des douleurs qu’elle ne parvenait pas à vaincre. Marianne comprenait tout à fait ce qu’elle ressentait, elle-même avait connu un épisode douloureux, alors même que l’idée du trépas de Torvald, durant son absence, l’avait tué à petit feu. Ainsi lui avait-elle évoqué que l’absence nourrissait de manière générale les ardeurs des amants. Un constat qu’elle avait appris à connaître et à côtoyer de manière quotidienne. Ses mains s’en furent que plus amicales encore à mesure que ce constat tendait à éveiller des espoirs dans le sein de Camelya. Le sourire de Marianne ne savait se tarir alors qu’elle pouvait constater quelques petites rougeurs bien marquées sur les joues de son amie. Quelque part, pouvoir constater d’un tel pouvoir sur son amie, rendait fière la jeune héritière. Tant cela tendait à lui dévoiler qu’ainsi le bonheur avait frappé aux portes de son amie. Un bonheur qu’elle espérait pouvoir chérir par son soutien et son aide. Un bonheur qu’elle voulait préserver du moindre mal et pour lequel elle se battrait pour Camelya. D’ailleurs, le doute ne devait pas prendre le dessus. Bien au contraire, tant que les certitudes ne tombaient pas –et par expérience- Marianne veillerait à abuser de son rang et de sa place pour ainsi prendre part à quelques nouvelles de Beaumarché. Ainsi serait-elle capable d’apporter des nouvelles fraîches et d’autant plus véridiques sur la situation exacte de ce domaine.  Et même si la douleur n’en restait que des plus palpables, il n’en restait pas moins que toutes les deux veilleraient à alimenter une lueur d’espoir certaine. Voilà pourquoi, ses dires s’engagèrent vers une voie qui tendait à rendre l’optimisme maître de ces lieux. Son désire le plus cher résidait dans cette volonté de laisser apparaître le sourire à nouveau sur ce visage si angélique de son amie. Ainsi mirent-elle en place un petit plan visant à faire en sorte que toute cette noirceur n’en devienne que des plus écarlate dès lors que le chemin de sa petite sœur croiserait à nouveau celui qui avait su faire battre son cœur. Des intentions pour le moins difficiles, Marianne en convenait tout à fait, mais qui sauraient éveiller dans le cœur de camelya quelques espoirs nouveaux. D’ailleurs, la première réaction de cette dernière tendait à partager ce voile de désespoir avec elle. Mais ces noirceurs s’évanouirent derechef alors même qu’elle continuait en veillant à partager cet amusement qu’elles connaissaient l’une de l’autre. Ainsi Camelya lui faisait confiance à son tour et lui prouvait que ses attentions avaient trouvé un réel refuge en son sein. Ainsi, Marianne avait réussi à lui apporter quelques unes des attentions nécessaires qui éveillaient par ce biais le courage. « Bien heureusement non. » Ses bras vinrent naturellement entourer les épaules frêles de son amie pour ainsi partager une étreinte chargée d’émotions. S’en lisaient des tumultes de fierté mais bien au-delà de cela une amitié indéfectible et très forte qui savait se rassurer et retrouver des habitudes d’antan. Marianne s’intima l’idée de perdurer à cette tradition, alors même que l’amusement la guettait à nouveau à mesure que les joues de son amie s’empourpraient avec cette prise de partie infondée. Si ce jeune homme avait su conquérir le cœur de cette charmante jeune fille, nul doute ne pouvait s’installer quant au fait qu’il était un véritable homme d’honneur mais surtout une âme charitable. Sinon, il n’aurait jamais su trouver une si belle place dans les attentions de la petite couturière. Son sourire n’en devenait que plus amusé encore à l’instant même où sa jeune sœur lui indiquait toutes les raisons pour lesquelles, elle se confondait dans cette défense pour lui. « Ta mère révèle simplement ses craintes quant aux maux de ton cœur. Ne lui en sois pas trop aigrie. » Son apologie n’allait pas dans le sens de sa mère, néanmoins, Marianne se doutait des intentions directes de cette femme à l’égard de sa fille. Et elle était certaine que la crainte de la voir souffrir était de la partie.

Ses confidences échangées, l’heure des retrouvailles touchait un point d’amitié qui amenait les deux jeunes filles à se retrouvaient et ce manière complète. Marianne n’avait pu que s’enchanter face aux talents innés de sa jeune sœur. Cette robe lui paraissait inopportune pour sa propre personne, alors même qu’elle reflétait des soieries et autres travaux dignes des plus grandes dames de Westeros, chose qu’elle n’était pas. Cependant, son amie veilla à la rassurer sur ce sujet, et sa gentillesse parvint à détendre un peu plus son faciès pour ainsi lui accorder des sourires on ne peut plus sincères. Le bonheur guidait peu à peu ses aspirations et tendait à détendre complètement cette atmosphère, pourtant encore chargée de quelques tristesses. Le regard de Marianne se voulait gratifiant à mesure que le spectacle du sourire de son amie lui apportait un baume bien apaisant à son cœur. Bien sûr, elle profita de cela pour ainsi partager ses émotions, chose à quoi la réponse de son amie veilla à la surprendre plus que de coutume. « Les richesses du cœur me sont bien plus accueillantes et fortifiantes que celles matérielles. » Par ce biais, la jeune lady laissait nettement sous entendre à son amie que nul cadeau ne saurait lui faire plus plaisir que ce sourire qu’elle partageait avec elle, que cette amitié qu’elles tendaient à préserver et à partager encore et encore. Qu’est ce que l’argent ou l’or pouvaient bien engager face à cela ? La corruption n’était pas dans ses tempéraments et ne le serait probablement jamais, une fierté qu’elle se plaisait à garder intacte et ce jusqu’à son dernier souffle. Après quoi, toutes deux intimèrent des actes veillant à déshabiller doucement la jeune fille afin de pouvoir revêtir cette merveille qui ne cessait de faire sourire la jeune fille. La jeune Harlton essaya d’apporter un peu de légèreté à cette situation, ramenant ainsi des souvenirs communs dans cette pièce. Le rire ne sut se taire davantage, tant cela permettait d’agrémenter un peu plus cette plénitude qui tendait à l’envahir. La légèreté paraissait aussi toucher le cœur de sa petite sœur, qui se laissait aller à nouveau vers des récits dont elles s’amusaient. « Tout comme ta présence sait me rassurer. » L’évidence même de ses mots s’alliait à merveille avec les aveux de sa jeune amie. Toutes les deux parvenaient ainsi à s’apporter un réconfort certain, une amitié si forte qu’il était même inenvisageable d’oser venir l’entraver. D’ailleurs Marianne ne pu s’empêcher de continuer sur sa lancée et veillerait à remercier Camelya mais surtout sa famille pour cette fidélité dont ils savaient faire preuve à l’égard de sa famille. Et puis, quelques pièces sauraient trouver bien plus de justesse dans la vie de son amie que dans la sienne. Mais c’était sans compter sur le caractère téméraire de sa jeune amie, qui veillait déjà à refuser toute marque de paiement quel qu’il soit. Marianne préféra agir sagement, pour cette fois. « Très bien, je ne te donnerai aucun argent. Mais, je tiens à ce que t’offrir à mon tour un présent et cela, tu ne pourras pas me le refuser. » Un sourire amusé commençait déjà à se lire sur le visage de la jeune Harlton alors que les quelques mots échangés au sujet de son talent vinrent à sa mémoire. « D’autant plus que cela tendra à entretenir ton art, car que tu le veuilles ou non, tu es une artiste pour mon cœur. » Ah que cela était plaisant de savoir retrouver des habitudes passées et ainsi partager des instants sûrs et protecteurs. Enfilant l’ouvrage par le haut, la jeune fille ne put que laisser exprimer son émerveillement au sujet de cette œuvre qui l’ornait. Jamais, elle n’aurait cru voir pareille robe sur elle, mais surtout jamais elle n’aurait cru en être digne. D’ailleurs, elle laissa exprimer ses pensées quant à ce sujet une nouvelle fois et trouva ce sourire si amical et si encourageant de sa petite sœur à mesure qu’elle savait la rassurer à sa manière. Une nouvelle étreinte fut échangée, alors même que le rose montait à ses joues. Une gratitude qu’elle ne saurait oubliée, mais surtout un geste qui exprimait tant son besoin d’apaisement. « Merci. » laissa t-elle échapper une nouvelle fois et ce de manière timide alors que ses yeux se fermaient.

Les deux jeunes filles passèrent encore quelques instants l’une aux côtés de l’autre, veillant à entretenir cette amitié qu’elles ne sauraient laisser de côté pour des instants de plus. Marianne ne put que supposer que cette robe saurait plaire à son chevalier. Du moins l’espérait-elle véritablement, mais n’osait pas laisser le questionnement franchir la barrière de ses lèvres. Toutes deux réajustèrent les quelques points nécessaires à ce talent, jusqu’à ce que l’heure du devoir n’en vienne à rappeler la jeune lady de ses obligations. Rassurée, quant au sourire qu’elle partageait avec sa petite sœur, Marianne quitta cette dernière avec le cœur plus léger, mais surtout avec l’intime conviction que son amie se porterait mieux. Surtout à présent que son devoir de la rassurer trouver tout son sens.

Les temps difficiles révèlent les véritables amitiés de chacun.

FIN


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