[Alternatif] THE SILVER PEACOCK AND THE CRAB WITCH feat Maddy

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

" Ma tendre soeur,

J'imagine que notre père a découvert notre petit subterfuge, mais ne te fait aucune crainte, il gardera le secret pour protéger la réputation de la maison. Je te souhaite que sa maladie vienne à l'emporter au plus vite pour que tu deviennes libre de toutes craintes. J'ai déjà préparé un plan d'avenir pour Lucian et toi. Une personne de confiance viendra te trouver, le jour, venue, il faudra que tu le suives. Tu dois devenir le Paon d'Argent et choisir ta propre destinée, comme notre tante l'a fait avant nous. Je ne peux plus veiller sur toi, alors jure-moi de faire le maximum pour faire honneur à la femme que tu dois être.

La vie ici n'est pas si précaire, j'y ai trouvé ma place. Mon époux, ayant déjà une lignée assurée, ne vient pas trop me visiter. Je suis tranquille sur cette île. Sache que ce sacrifice, je l'ai fait par amour pour toi et je ne regrette rien. Ton bonheur est le mien. Écrit moi vite ma soeur.

Affectueusement,

Ta soeur, Aliénor."


Posant la plume, l'ancienne Serrett devenue Descarpe, souffla un gros coup. Il lui était encore étrange de signer par le nom de sa soeur, mais cela avait été le seul moyen de lui éviter de partir vivre sur cette île du désespoir. Le Paon d'Argent aurait dû se montrer plus forte, elle aurait dû en finir avec son père, au lieu d'hésiter à le tuer. Elle avait échoué et pour la punir Alberic Serrett avait choisi la pire famille qu'il pouvait, pour y envoyer Aliénor. Il se fichait de la sacrifier, il n'en n'avait toujours rien à faire de cette fille qui ressemblait trop à sa dernière femme. Il expliquait ce choix, par un élan de son coeur, sa fille souhaitant épousée cet homme que la famille n'avait croisée qu'une seule fois à Port-Lannis. Quand est-ce que Lord Serrett avait déjà écouté son coeur ? Jamais, répondrait Azilys, mais elle avait réussi à déjouer son plan et prenant la place de sa soeur. Il était hors de question que celle qui comptait le plus pour elle soit punie par sa faute.

Voici, la raison de sa présence en ce lieu qu'elle ignorait l'existence avant son mariage. Le Paon d'Argent n'avait pas besoin d'imiter sa soeur, il ne la connaissait pas plus ici qu'il connaissait Azilys. C'était dans l'Ouest que sa soeur devrait bien jouer le jeu de vivre sous ses traits. Bien sûr, elle avait prévenu sa meilleure amie Alyx, elle ne pouvait rien lui cacher et elle espérait que celle-ci puisse veiller sur sa soeur et l'aider dans son œuvre. S'éloignant du bureau, elle quitta la chambre pour pouvoir envoyer ce corbeau à Montargent. Ce fut à ce moment qu'elle croisa Maddy, elle n'avait pas encore réellement compris ce qu'elle était et s'en fichant d'ailleurs un peu, ce n'était qu'une âme de plus peu intéressante des lieux. Finalement, face au sourire de la rouquine, elle s'arrêta tout en gardant la tête haute, elle lui ordonna :

- Conduisez-moi à la roukerie, j'ai un corbeau à envoyer !

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Rien ne pouvait faire disparaître ce sourire qui avait envahit ses lèvres, il était collé à son visage tel une étoile de mer s’accrochant de toutes ses forces à un rocher. Le matin même, un corbeau poussé par un vent du Nord était arrivé, apportant avec lui une lettre humidifié par le court voyage. Son père lui avait écrit. Ses yeux suivaient alors chacune des arabesques de Sam Stone. La lettre était plus courte et l’encre devenait plus diaphane à certains moments, indiquant peut-être un manque d’idée ou trop d’empressement à coucher ses pensées sur le papier. En réalité, il n’y avait rien de palpitant dans ce qu’elle lisait, ni d’intéressant à dire vrai, mais il avait pris le temps de lui donner de ses nouvelles. Bien sûr, il avait mis trois lunes à répondre à son premier corbeau, mais elle avait émis l’hypothèse qu’il devait être bien occupé à Roche-aux-Runes. C’était possible, non ?

Marchant dans les couloirs d’Eaux Profondes, armé d’un panier en osier, elle songeait à ce qu’elle serait devenue si elle n’avait pas croisé le chemin de son mari. Elle aurait sûrement mener une petite vie tranquille, dans l’ombre des Royce, sans connaître la joie d’être une épouse et une mère comblées. Souriant de plus belle en pensant à sa famille, Maddy continuait sa route, et fut surprise par l’arrivée d’Aliénor. Véritable reflet de son ancien emblème, la jeune femme lui demanda de l’accompagner à la roukerie. Ordonner était peut-être le mot le plus juste.

- Roukerie ? Cela signifie ? Articula-t-elle avec lenteur, trahissant son incompréhension.

C’était sans doute une expression de l’Ouest, pensa-t-elle sans jugement. Pour dire vrai, la nouvelle épouse de son oncle était assez particulière, elle ne réagissait pas toujours lorsqu’on l’appelait, elle observait souvent son reflet dans le miroir et était très hautaine. Toutefois, Maddy devait avouer qu’elle portait un regard assez juste sur le monde qui les entourait.

- Venez dame Aliénor, je vais vous y conduire.

Toujours avec ce rictus de béatitude, elle guidait la dame d’Eaux Profondes hors du château. Et durant tout ce trajet, elle s’interrogeait sur cette femme étrange. Cela faisait des jours qu’elle se mordait les lèvres pour se taire, mais aujourd’hui, personne ne pouvait lui donner un coup de coude pour l’empêcher de parler.

- Puis-je vous poser une question ?

Balançant son panier d’avant en arrière, elle s’empressa de l’interroger.

- Dans les lettres de votre père, il parlait de vous, mais je dois vous avouer que j’ai beaucoup de difficulté à vous reconnaître. Votre père ne vous connaît vraiment pas ou c'était une manière détourner pour que mon oncle accepte votre main ?

Est-il vraiment aveugle était davantage sa pensée. C'est en posant la question que Maddy se rendit compte du terrain glissant sur lequel elle était. Rien ne pouvait faire disparaître ce sourire, hormis elle-même.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

 Dans ce lieu de désolation, ce lieu si différent de Montargent, le seul plaisir d'Azilys était bien d'écrire à ses proches. Elle ne trouvait aucun réel intérêt à Eaux profondes. Ce n'était qu'un lieu de tristesse et pauvreté à ses yeux. Un style de vie bien différent dans laquelle elle avait évolué. Lettre de sa soeur dans sa main, elle ne s'était encore jamais rendu à la Roukerie et ignorait la localisation de celle-ci. Du coup, elle vint à interrompre la première personne qui croisa sa route. Une rouquine qu'elle avait aperçut à plusieurs occasions dans les lieux. Tout ce dont elle se souvenait d'elle était son prénom, Maddy. Le reste ne devait pas être intéressant, car elle ne savait rien de plus. Face à sa demande, Maddy lui demanda : 

- Roukerie ? Cela signifie ?

Le paon d'Argent en fut un peu déconcerté. Etait-ce une blague qu'elle lui faisait ? Qui ne connaissait pas ce terme ? Les descendants des premiers hommes venaient encore de lui prouver leur infériorité intellectuelle. Finalement, elle vint à trouver des mots simples pour expliquer :

- Une cage à Corbeau pour envoyer une missive.

Elle espérait vraiment qu'ils possédaient bien une Roukerie ou elle se retrouverait encore plus isolée qu'elle le pensait. 

- Venez dame Aliénor, je vais vous y conduire.

Un réel soulagement. Maddy n'avait sûrement pas dû être éduqué après tout. Elle ne voyait que cela pour expliquer qu'elle ne connaissait pas le véritable terme pour la maison des Corbeaux. Toute en la suivant, elle observait le trait du visage de la rouquine. Son sourire éternel lui rappelait beaucoup celui de sa propre soeur. Un sourire dont elle espérait qu'Aliénor maîtrisait, car il n'avait jamais été naturel pour Azilys de sourire autant. 

- Puis-je vous poser une question ?

Son regard s'était enfin posé sur le panier qui bougeait dans d'un sens à l'autre, même ce geste lui faisait exploser en plein visage le bonheur de Maddy. Un peu de retenue ne lui ferait pas de mal, c'était certain. Inclinant simplement la tête pour dire qu'elle était prête à lui répondre, elle se préparait déjà à devoir échanger des futilités. 

- Dans les lettres de votre père, il parlait de vous, mais je dois vous avouer que j’ai beaucoup de difficulté à vous reconnaître. Votre père ne vous connaît vraiment pas ou c'était une manière détourner pour que mon oncle accepte votre main ?

Même si cela ne vint pas à transparaître sur les traits de son visage, elle fut surprise. Bien plus intelligente qu'elle le pensait. Jamais, elle n'aurait pu penser que son lourd secret puisse être éventée en ce lieu, ni que ca soit elle la problématique et non sa soeur. Par chance, Azilys avait toujours su utiliser le subterfuge, mais elle pensait faire face à Aliénor. Qu'est-ce qu'avait pu bien raconter son père à son époux ?

- Si vous voulez mon avis, je pense que n'importe qu'elle façon où j'aurai pu être décrite par Lord Serrett, votre oncle m'aurait épousé. Je ne suis pas qu'une épouse, mais une dot et un lien avec une famille fortunée de l'Ouest. Il aurait été malvenu de refuser.

Si elle savait que jamais son père ne se serait intéressée aux Descarpe, s'il ne s'agissait d'une punition. Cette alliance ne lui servait à rien qu'à éloigner sa fille le plus loin de Montargent, une punition qu'elle avait provoquée et donc subi à la place de sa jumelle.

- Mais il est vrai que Lord Serrett ne connaît pas toutes les facettes de ma personnalité. Pouvez-vous vous vanter que votre père connaisse tout de vous ?

Toutes femmes avaient des secrets, leurs propres armes contre les hommes. C'était un moyen de survivre dans ce jeu ou les femmes sortaient avec les mauvaises cartes dès la naissance. Puis finalement, elle vint à se rappeler d'un terme qu'avait employé Maddy. Il fallait qu'Azilys en ait le coeur net.

- Vous êtes donc la nièce de mon époux ! Je tiens à vous dire que de premier abord, vous avez plus l'allure d'une servante que d'une dame, est-ce un choix de vous démarquer ?

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

La Roukerie, un mot qui n’était plus utiliser sur l’île de la Sorcière depuis la nuit des temps. L’avait-il été un jour ? Une terre si petite, reliée au monde grâce à des pirates et des contrebandiers ; et parfois, par des échanges commerciaux. Pas si étonnant que ses habitants utilisent d’autres termes, plus primitifs que celui-ci. Dans cette partie de Westeros, c’était la corbinière, ou pour les plus profanes, le perchoir, pouvait-il vraiment se nommer autrement ? Eaux Profondes ne possédait que quelques corbeaux, loin d’être un véritable élevage. Ses messagers étaient élevés par leurs gardiens, ils se transmettaient leurs connaissances de père en fils. Qui était le premier à avoir développé cette capacité à dresser des corbeaux, tel était la question.

Même si le jeune Paon ne laissait rien transparaître, Maddy pouvait sentir une pointe d’agacement à peine perceptible dans son comportement. Du coin de l’œil, l’insulaire observait le moindre de ses traits, aucune émotion ne déformait ses traits de porcelaines. Peu souriante ou encline à rire en publique, elle restait l’égale de son emblème ; une créature tout aussi sublime qu’étrange.

- Si vous voulez mon avis, je pense que n'importe qu'elle façon où j'aurai pu être décrite par Lord Serrett, votre oncle m'aurait épousé. Je ne suis pas qu'une épouse, mais une dote et un lien avec une famille fortunée de l'Ouest. Il aurait été malvenu de refuser.

Son analyse était plutôt juste, son oncle n’était peut-être pas l’homme le plus intelligent de Westeros, mais il se débrouillait rembarquement bien lorsqu’il s’agissait de commerce. Contrairement à son propre mariage, Aliénor avait été prise au piège dans une union qu’elle méprisait sans doute. De ce qu’elle en savait, les Serrett étaient une riche famille, et les Descarpe n’étaient qu’une petite maisonnée à la sinistre réputation.

- En effet, cela aurait été malvenu, admit-elle à contre cœur, mais alors, qu’est-ce que votre père retire de cet arrangement ? Comme vous avez pu le remarquer, les Descarpe ne possèdent rien de particulier.

Bien sûr, Maddy n’était pas étrangère au mariage arrangé, mais elle avait de la peine pour toutes ses femmes obligées d’épouser un inconnu. Elle ne trouvait pas ça juste. Même si l’ancienne Serrett était froide, elle ne méritait pas cela. Encore moins d’être aussi éloigné des siens. Combien de temps avait-elle mis à venir sur l’île ?

- Hormis si votre père souhaite profiter de nos liens avec des pirates. Souhaite-t-il faire de la contre-bande ou utiliser une flotte conséquente pour assiéger une autre maison ?

Ce n’était qu’une boutade destinée à la faire sourire, mais au fond, c’était peut-être vrai. Sa maison n’avait rien qui égalait ce mariage. Maddy restait songeuse devant cette nouvelle énigme. Qu’est-ce que ce seigneur avait retiré de cette union ?

- Mais il est vrai que Lord Serrett ne connaît pas toutes les facettes de ma personnalité. Pouvez-vous vous vanter que votre père connaisse tout de vous ?

Son sourire, qui semblait éternel, vint à se ternir sous l’impulsion de cette question. Leur lien avait été si difficile à instauré. Tout ce qu’il restait d’eux, c’était une relation qui avait subit beaucoup de ravage depuis son départ de Roches-aux-Runes. Elle avait choisi de le quitter, pour un homme qu’elle connaissait à peine.

- Non, en effet, pour un bien ou pour un mal, finit-elle par dire d’une voix lointaine.

Sortant dans la cour du château, la dame d’Eaux Profondes continuait de la suivre, plus elles avançaient, plus elles se rapprochaient de l’océan indomptable.

- Vous êtes donc la nièce de mon époux ! Je tiens à vous dire que de premier abord, vous avez plus l'allure d'une servante que d'une dame, est-ce un choix de vous démarquer ?

Maddy se mit à rire, non pas pour se moquer, mais parce qu’elle n’avait jamais pensé à se démarquer avec ses robes. Comparée au Paon, elle ne faisait que pale figure.

- Je dirais que mes tenues ont un côté pratique, et vous l’aurez remarqué, vous devez être la seule femme de l’île à être aussi richement habillé.

Son sourire était bel et bien revenu. Ici, au-delà de sa beauté, la fausse Aliénor se faisait remarquer. Dans toutes les pièces, elle était la seule chose qui attirait réellement le regard.

- Mon père est un Stone, ce qui fait que je suis juste Maddy. En réalité, je n’ai pas vraiment de statut auprès des Descarpe. Je ne vis même pas à Eaux Profondes, mais avec mon mari et mon fils. C’est sans doute pour cela que je ressemble davantage à une servante qu’à une dame.

L’insulaire avait sans doute la chance d’avoir plus de liberté. Sans nom, elle ne portait pas le poids de la responsabilité familiale. Elle vivait à sa convenance.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

La rouquine interpellait vraiment le paon d'argent par sa façon d'agir. Elle paraissait si heureuse et pourtant, elle ne possédait rien en apparence. Mais surtout ce qui la surprenait, c'étaient ses questions. Beaucoup trop curieuse envers sa personne et il n'était pas simple de l'emmener sur un autre sujet. Elle voulait savoir ce que son père retirait de cet arrangement, pour Azilys, il s'agissait forcement que d'une punition, mais les paroles de Maddy, vinrent à la faire douter. Y avait-il un plan sous-jacent derrière cette union ? Pour dire vrai, la maison Serrett était déjà liées aux Harloi, de par sa tante, alors pourquoi trouver un avantage auprès de pirate, ce n'était pas logique. Les Descarpe n'étaient rien pour les Serrett. Non, il était certain qu'il ne s'agissait que d'un moyen de punir sa fille, aucune autre idée pouvait convenir à son esprit. Bien sûr, elle ne pouvait le dire à haute voix, devant garder à tout prix l'apparence de la maison Serrett.

- Je suis née femme, je n'ai pas à réfléchir aux raisons de Lord Serrett de la raison d'une telle union. Mon seul rôle est d'honorer les Serrett en étant une bonne épouse pour votre oncle.

Sans le savoir, elle venait de donner de quoi réfléchir au paon d'argent et surtout l'envie de découvrir ce qui pouvait intéresser Albéric Serrett. C'était sûrement une peine perdue d'avance, mais ce n'était pas comme ci, elle avait beaucoup de choses à faire en ce lieu. Quand elle vint à lui demander si son père connaissait toutes les facettes de sa personnalité, elle fut heureuse d'entendre la réponse de Maddy. Même un visage qui reflétait l'innocence cachait des secrets à son sang. Finalement, elle vint à l'interroger sur son lien par rapport aux Descarpe, mais surtout la raison de porter de telles tenues. Le rire de la rousse la déconcerta. Qu'avait-elle bien pu dire de drôle ? 

- Je dirais que mes tenues ont un côté pratique, et vous l’aurez remarqué, vous devez être la seule femme de l’île à être aussi richement habillé.

Cela paraissait logique, le Val et l'Ouest n'avaient pas la même réputation, ni la même richesse. Elle avait beau être uni à un valois, elle en oublierait jamais ses racines. Bien sûr, elle se doutait qu'à un moment donnée, elle ne pourrait plus entretenir ses robes et se retrouverait à porter des tenues de basses conditions, mais cela ne serait pas pour de suites. 

- Mon père est un Stone, ce qui fait que je suis juste Maddy. En réalité, je n’ai pas vraiment de statut auprès des Descarpe. Je ne vis même pas à Eaux Profondes, mais avec mon mari et mon fils. C’est sans doute pour cela que je ressemble davantage à une servante qu’à une dame.

S'il y avait bien une chose qui faisait horreur au Paon d'argent, c'étaient bien les bâtards. Ces personnes ne devraient pas exister ou bien au moins avoir le principe de ne pas se reproduire. Là, elle ne put s'empêcher de dire d'un air hautain :

- Je n'avais jamais entendu parler qu'un bâtard engendrait des enfants. Vous êtes la première que je rencontre.

N'était-elle pas divisée entre sa famille noble et le peuple ? Pour dire vrai, elle semblait avoir choisi, là où était sa place, loin de la demeure familiale. Enfin loin, simplement dans une maison qui devait être à proximité. Pour le coup, Azilys allait passer outre le statut de Maddy et se concentrer sur son nouvel intérêt en découvrir plus sur la famille qui était devenu la sienne ?

- Que pouvez-vous me dire sur l'histoire des Descarpe ? J'aimerais en savoir plus sur notre famille !

Mot précisément bien choisi, même si elle n'en pensait pas un mot.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Aux yeux de l’insulaire, le Paon d’argent était une femme énigmatique. Sous cette façade, elle semblait être avide de liberté, mais les réponses à ses questions restaient décevantes. Finalement, peut-être que Maddy se trompait sur son compte. Aliénor était comme toutes ses nobles qui aspiraient seulement à rendre honneur à leur famille. Bientôt, peut-être qu’elle porterait un enfant, elle serait la caricature parfaite d’une épouse. Sa pensée était quelque peu hypocrite, parce que l’insulaire était elle-même une mère, une image parfaite d’une épouse valoise.

Tandis qu’elles avançaient toutes les deux vers la corberie, Maddy imaginait ce que pourrait être la vie d’Aliénor dans l’Ouest. Elle devait être très différente de celle-ci. De part sa beauté, mais surtout par ses toilettes, la Paon était très vite remarqué au sein d’Eaux Profondes. Même si, pour le moment, elle n’était qu’une étrangère, elle ne tarderait pas bientôt à se faire accepter par les siens. Enfin, pour cela, il faudrait qu’elle se montre moins hautaine.

Maddy avait décidé de ne pas répondre à sa constatation. Un bâtard menait sa vie, à l’image de la sienne. Il fonde une famille, engendre des enfants ou décide de mener une autre vie plus trépidante. À l’entendre, être un stone était une tare. Mais à ses yeux, il n’y avait aucune différence entre l’ancienne Serrett et son père.

- Que pouvez-vous me dire sur l'histoire des Descarpe ? J'aimerais en savoir plus sur notre famille !

Enfant, elle adorait écouter les histoires de son arrière-grand-mère, elle pouvait passer des heures, assise sur ses genoux, à boire ses paroles. Aujourd’hui, c’était à son tour de confier une partie de l’histoire des Descarpe. Ce n’était pas son appréhension qu’elle débuta son récit :

- Je ne sais pas si elle a toujours été nommer de cette manière, mais depuis l’aube des temps, la maison Descarpe veille sur l’île de la sorcière. On dit qu’ici, avant la chute des dragons, la magie habitait ses lieux, c’est sans doute pour cette raison qu’elle porte ce nom. Pour d’autres, c’est à cause des femmes Descarpe, car elles ont toujours su se débrouiller sans les hommes. Alors comme pour les discréditer, l’île à été surnommé de cette façon, et c’est resté avec le temps.

C’était peut-être un pied de nez à leurs détracteurs. Cherchant à assumer pleinement leurs singularités. Car après tout, qui tente la houle s’y noie.

- Sur l’île, on fait souvent référence à Ursula. Seule héritière de la maison Descarpe, elle a cédé aux demandes de son père. Il souhaitait désespérément qu’elle se marie, avec n’importe qui, tant qu’elle s’unissait avec un homme. Alors c’est ce qu’elle a fait, devenant une sorcière, elle se maria avec le Roi Triton. Elle arrêta son récit, juste quelques secondes pour observer le visage du Paon d’argent. Je peux concevoir que c’est quelque chose d’étrange pour vous, mais ici, c’est assez fréquent qu’une sorcière émerge de l’océan, mariée au roi de la mer lui-même. Mais il était rare, qu'une Descarpe soit la mariée.

Quel destin tragique. Enfant, Maddy aurait voulu lui ressembler, elle aurait aimé devenir une sorcière de l’île, émerger comme toutes ses autres femmes. Mais elle semblait être appelée à avoir un autre destin.

- On dit qu’elle était une sorcière redoutable, et une divinatrice à qui on ne pouvait pas mentir.

Elle avait prédit la guerre, et une guerre avait éclatée.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Une nouvelle occupation venait d'apparaître grâce à Maddy, en découvrir davantage sur la famille qu'elle avait rejointe sous le prénom de sa jumelle. Pour dire vrai, elle ne connaissait rien des Descarpe, hormis son propre avis en vue de ce qui l'entourait. Un avis pas très optimiste, mais elle allait devoir vivre avec, pour protéger celle qui comptait le plus en son coeur. Là, toute en avançant vers la Roukerie, elle était prête à écouter l'histoire de Maddy. 

- Je ne sais pas si elle a toujours été nommer de cette manière, mais depuis l’aube des temps, la maison Descarpe veille sur l’île de la sorcière. On dit qu’ici, avant la chute des dragons, la magie habitait ses lieux, c’est sans doute pour cette raison qu’elle porte ce nom. Pour d’autres, c’est à cause des femmes Descarpe, car elles ont toujours su se débrouiller sans les hommes. Alors comme pour les discréditer, l’île à été surnommé de cette façon, et c’est resté avec le temps.

Une maison des premiers hommes, tout comme celle de sa propre mère, les Aubépin. Une maison ancestrale qui datait de l'aube des hommes. En même en vue de la structure et l'austérité des lieux, elle aurait pu le concevoir sans le savoir. Ce lieu respirait le temps des premiers hommes, là ou la beauté ne régnait pas. Une époque où il devait, n'y avoir que des rustres. Et dire qu'elle avait épousé un de ses rustres. En tout cas, Aliénor aurait adoré cet endroit. Rien que l'évocation de la magie lui aurait fait briller les yeux. Là-dessus, Azilys était bien incapables de jouer la comédie, elle ne pouvait pas jouer la naïve, ce n'était pas dans ses cordes. Pour elle, la deuxième solution restait la plus logique. Pour les hommes, une femme indépendante se refusant à eux, ne pouvait être que des sorcières. 

- Sur l’île, on fait souvent référence à Ursula. Seule héritière de la maison Descarpe, elle a cédé aux demandes de son père. Il souhaitait désespérément qu’elle se marie, avec n’importe qui, tant qu’elle s’unissait avec un homme. Alors c’est ce qu’elle a fait, devenant une sorcière, elle se maria avec le Roi Triton.Je peux concevoir que c’est quelque chose d’étrange pour vous, mais ici, c’est assez fréquent qu’une sorcière émerge de l’océan, mariée au roi de la mer lui-même. Mais il était rare, qu'une Descarpe soit la mariée.

Était-ce encore d'actualité qu'une femme se dise mariée à ce roi de l'océan ? Les Descarpe, au final, étaient peut-être plus proches des Fer-nés que du reste des continents. Sauf que leur prête noyé était des femmes. Pas étonnant que cette île est mauvaise réputation ! Son père avait vraiment eu une drôle d'idée en envoyant Aliénor ici, en même temps, elle concevait que cette vie lui aurait peut-être plus, peut-être même plus que de devoir jouer son rôle à Montargent. Avait-elle fait une erreur ?

- On dit qu’elle était une sorcière redoutable, et une divinatrice à qui on ne pouvait pas mentir.

Elle avait bien entendu sa dernière phrase, mais perdu dans ses pensées, elle n'eut pas trop de réaction. Azilys se disait finalement que son père avait peut-être voulu bien agir pour Aliénor, mais cela paraissait tellement invraisemblable. Sans même réfléchir, elle vint à répondre à Maddy :

- ou simplement une femme qui avait compris que la meilleure arme de la femme était son esprit ! Les hommes ne sont pas difficiles à déchiffrer !

Une phrase qu'elle regretta de suite ! Elle venait de prouver qu'elle était bien loin de l'épouse modèle qui serait prête à tout pour sa famille. Azilys prouvait qu'elle savait que l'esprit était une arme.

- Mais c'est une bonne histoire, surtout pour protéger une île face à l'envahisseur. Avec un tel nom on ne vient pas s'y confronter sans craindre ce qui peut s'y passer ! Vous voyez où je veux en venir ?

Ce fut à ce moment-là qu'elles arrivèrent à la Roukerie. Enfin, si cela pouvait porter ce nom ! Elle ne fit aucun commentaire, attrapa un corbeau pour y accrocher son parchemin et finalement, lui souffler la destination à prendre. D'un coup, des mauvaises pensées vinrent à la parcourir. Et si son époux savait, et si son père avait été plus malin qu'elle pensait. Se tournant vers Maddy, elle lui demanda :

- Pensez-vous que mon époux pourrait venir à me mentir ? Êtes-vous au courant si Lord Serret lui a écrit ses derniers jours ?

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Un sourire envahissait de nouveau son visage ivoirien. Maddy l’avait tout de suite su. Avec un seul regard, elle avait compris qu’Aliénor avait évolué dans un monde façonné par les hommes, mais qu’elle avait su s’épanouir différemment. Une véritable fleur sauvage luttant pour sa propre survie. Son chemin l’avait mené sur l’île de la Sorcière, et même si ce n’était sûrement pas celui qu’elle aurait aimé emprunter, elle rayonnait sous le soleil du Val. Quelques parts, la jeune épouse de son oncle avait raison, ils pouvaient être manipulés à la convenance des femmes. Tout était dans les doses de charmes.

Bien sûr, le paon ne croyait pas en cette légende, pour elle, ce n’était qu’un stratagème. Afin d’éviter de partir dans des débats et maintenir cette paix qui semblait précaire, Maddy préférait acquiescer en souriant, avec un accord entendu. Tant d’histoires peuplaient cette île, elles se transmettaient de mère en fille ou de père en fils et elles survivaient. Peut-être qu’un jour, elle ouvrirait ses yeux sur la magie qui habitait ses lieux.

Finalement, c’est en silence qu’elles arrivèrent près de la corberie. Elle était en piteuse état, logeant au-dessus d’une ancienne grange poussiéreuse et dont l’odeur suspecte piquait les narines. C’était une toute autre magie. Celle des endroits humides dans les îles perdues dans un grand océan.

Alors que la jeune femme était entrée pour délivrer sa missive, Maddy s’installa sur une roche sableuse. Le vent salé s’engouffrait dans son épaisse chevelure, les projetant en arrière avec une violence incontrôlée. Plongée dans ses pensées, elle sursauta lorsqu’elle l’entendit revenir derrière elle.

- Pensez-vous que mon époux pourrait venir à me mentir ? Êtes-vous au courant si Lord Serret lui a écrit ses derniers jours ?

Devant ses interrogations, Maddy ne savait pas quel comportement adopter. Rire, être offusqué ? Son visage reflétait sa sidération.

- Je ne sais pas quoi vous répondre. Toute personne est capable de mentir, c’est le lot de chaque être humain, dit-elle en continuant sa réflexion.

La réaction d’Aliénor était étrange, si bien qu’elle se questionna sur ses lettres en question. Cachait-elle quelques choses ? Ou alors, avait-elle peur de son oncle ? C’était un méli-mélo de d’interrogations qui allaient lui donner la migraine.

- Mon oncle est un homme bien, un peu sinistre de temps à autre, et bougon sans aucun doute, mais il ne vous fera jamais de mal.

L’insulaire avait repris son air maternel, celui qui lui collait à la peau depuis des années. En réalité, elle ne savait pas réellement de quoi la jeune femme avait peur, mais son oncle n’était pas mauvais. Il était très difficile de l’influencer et de le faire plier lorsqu’il avait pris une décision.

- Devons-nous se méfier de votre oncle ?

C’était peut-être la première fois qu’elle prenait son air aussi sérieux. Il était certain qu’elle ferait de son mieux pour aider cette tante par alliance, même si elle n’était pas particulièrement proche.

- Accompagnez-moi, vous pourriez m’aider pour ramasser des algues, elle se mit à sourire, ne vous inquiétez pas, personne ne va vous voir et il n’y a personne à impressionner.

Maddy avait commencé à marcher, posant son pied dans une flaque d’eau. Elle n’était pas prête à lâcher le morceau, cette femme cachait quelques choses et elle allait découvrir quoi.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Azilys venait de réaliser qu'il n'était plus la peine de tenter de jouer l'innocente Aliénor, elle venait de dévoiler à la fille d'un bâtard, un trait de sa personnalité qui allait à contre-sens de celui de sa soeur. Réellement, était-ce un danger ? Qu'est-ce qu'il connaissait de sa soeur sur l'Ile ? Le véritable danger était à Montargent ! Plus elle y pensait, plus elle échangait avec la rouquine, plus elle réalisait, avoir peut-être fait une erreur. En cherchant à protéger Aliénor, elle l'avait peut-être laissé sans protection auprès de leur père. Le paon d'Argent devait à présent en avoir le coeur net ! Elle devait savoir si elle était tout simplement pas tomber dans un des pièges d'Albéric Serrett. Il était tout à fait capable de le faire. 

- Je ne sais pas quoi vous répondre. Toute personne est capable de mentir, c’est le lot de chaque être humain,

Si elle connaissait la véritable Aliénor, elle aurait su que cela était possible qu'une personne ne soit pas verser par le mensonge. Puis encore une fois, elle vint à songer, que cela était avant. De par son subterfuge, Aliénor était à présent obliger de mentir. Qu'avait-elle fait ?!

- Mon oncle est un homme bien, un peu sinistre de temps à autre, et bougon sans aucun doute, mais il ne vous fera jamais de mal. Devons-nous se méfier de votre père ?

Ceci, elle l'avait remarqué, son époux n'était pas homme difficile à vivre, elle avait percé sa personnalité rapidement et de part la description de Maddy, il ne jouait aucun jeu auprès d'elle. Mais devait-elle être honnête par rapport à son père ? Azilys décida de lui répondre en image, employant les emblèmes des maisons, comme elle aimait tant le faire.

- Les Descarpe ont pour emblème une vague. Une vague, c'est majestueux, mais aussi dangereux. C'est ce qui se dit sur l'Ile. Vous regardez la mer et arriver a interpréter s'il y a danger ou non. L'emblème de la maison Serrett est un paon. Que pensez-vous en voyant un Paon ? Surtout quand ils déploient ses plumes ! Des beaux atours ! Mais qu'est-ce qui se cache derrière ? Ma réponse est qu'il faut se méfier des vagues en sachant le danger, mais il en est de même avec un Paon, même si le danger n'est pas flagrant, il peut être pire !

Elle ignorait si Maddy était en capacité de comprendre les nuances qu'elle tenait de lui prouver. Un bon moyen de jauger avec celle qu'elle échangeait. Pour le coup, Azilys réalisait qu'elle avait besoin de trouver une alliée ou bien le point faible de cette famille ! Elle n'avait pas encore choisi, mais il était certain qu'elle devait maîtriser ce qui l'entourait et sans savoir ce qui se passait, elle ne pourrait y parvenir. 


- Accompagnez-moi, vous pourriez m’aider pour ramasser des algues, ne vous inquiétez pas, personne ne va vous voir et il n’y a personne à impressionner.

Au même moment, Maddy marcha dans une flaque d'eau ! Azilys regarda sa toilette, le sol, puis Maddy ! Impressionner ? Plus, elle observait les alentours, plus elle se disait que c'était un lien bien terne ou elle n'était qu'une étrangère trop différente pour impressionner quiconque. Tout en levant le bas de sa robe, elle ajouta d'un ton bien trancher !

- Vous pensez vraiment que je puisse avoir envie d'impressionner quiconque en ces lieux ?!

Elle était bien loin des jeux de manipulation à Montargent ! L'océan, sa mère avait toujours été fasciner par la mer, mais surtout la sirène. Elle s'était jetée d'une falaise en soufflant à ses filles qu'elle allait en devenir elle. Emporter par un doux rêve, mais Azilys savait qu'elle avait finalement trouvé qu'un seul moyen de fuir son père, et la vie qui lui avait été imposée. C'était par la mort !

- Qu'allez-vous faire de ses algues ? Est-ce un moyen de se faire un profit ?

Les Serrett possédaient des mines d'argent et elle avait appris à les gérer ! Cela lui manquait de pouvoir agir, de chercher de meilleurs profits, de marchander ! Elle ne faisait dans l'ombre comme son père lui avait inculquer, mais là, elle n'avait rien à faire, hormis suivre une femme qui voulait ramasser des algues ! Un ennuie mortel, mais une occupation tout de même.

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

La paon d’argent utilisait une métaphore pour expliquer le danger dans sa maison. Un masque pouvant cacher la moindre des émotions. Un visage sans expression dissimulant une véritable idée. Cela lui faisait froid dans le dos. Maddy faisait partie de ces personnes où il était facile de décrypter ses sentiments. Mais elle avait raison, personne ne se méfie de sourire mielleux et de phrase rassurante. C’était sans doute pour cela que ce genre de personne pouvait obtenir tout ce qu’il voulait. Alors qu’une vague, elle ne ment pas, elle est vraie et emporte tout sur son passage. Toutefois, c’est ce qui fait d’elle quelques choses de prévisible, car elle se voit de loin. Alors oui, son père était donc un homme dont il fallait se méfier.

- Alors il est d’autant plus important de se méfier des paons qui portent l’emblème d’une vague, l’insulaire se fit alors plus rassurante, souriant de toutes ses dents.

Maddy ne savait pas si c’était de bonne augure, cette union avec les Serrett, mais elle était bien décidée à lui faire confiance. Quoiqu’il en coûte. Même si elle devait supporter sa mauvaise humeur, son ton autoritaire, ses manières hautaines, ses haussements de sourcils, cette double identité…

Aliénor était révulsée à l’idée qu’elle pourrait impressionner une personne sur son île. Et cela, bien qu’elle était une personne très compréhensive, l’avait blessé. Et cela métamorphosa immédiatement son visage, bien que son sourire était toujours présent, il se fit plus triste. Cet endroit n’était pas aussi somptueux que son ancienne maison, mais elle représentait son monde. Et il méritait son respect. Un minimum du moins. Elle préféra alors se taire, elle continuait son chemin. Après tout, elle n’était pas obligée de la suivre.

- Tous ceux qui vivent près des océans peuvent récolter des algues, cela ne serait pas un bon échange commercial pour eux, dit-elle en riant doucement. Les algues ont des propriétés médicinales, ont les faits séchés et on les broie.

Elle adorait ses moments, où la brise caressait sa peau, lorsque ses cheveux sentaient le sel. Les pieds dans le sol, elle ôta ses chaussures. Ses doigts de pied s’enfonçaient dans le sable mouillé.

- Les algues peuvent aider pour réduire le stress, aider pour réduire les insomnies… Cela a beaucoup d’effets, et ça aide à lutter contre les maladies. On peut aussi les utiliser pour faire des bandages ou des onguents.

Maddy déposa le panier et releva les pans de sa robe. Nouant d’un côté et d’un autre, le tissu se métamorphosa en un pantalon bouffant. Et lorsque la mer lécha ses doigts de pied, sa peau ivoirine se colora immédiatement en rouge.

- Et cela donne du goût à certains repas, dit-elle, ce sourire éternel aux lèvres.

Elle ramassa les algues qu’elle trouvait, chacune se différenciant d’une autre et elle les déposa dans son panier.

- Ici, on commerce les bienfaits de l’océan. Marchander, vous pouvez le faire, mais vous trouverez peu de nobles qui accepte un échange commercial avec notre maison. Par contre, vous pouvez négocier avec les pirates et les contres-bandiers, mais un tel acte ressemblerait plus à la vague qu’au paon.

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En vue de la transformation du visage de la rouquine, Azilys sut l'avoir blessé, sans vraiment en savoir la raison. Après tout, cela était vrai, elle n'avait personne à impressionner dans ce lieu si rustre. Être en décalage, sans aucun doute, mais en épousant le Descarpe, il lui semblait avoir quitté le jeu de Paon d'impressionner par sa prestance et ses parures. Finalement, elle vint à s'intéresser à ce que la fille du bâtard, disait vouloir aller récolter. Les algues. Que pouvait-il y avoir d'intéressant a ramasser les algues ? Il, y avait-il un commerce ? Aider son père à gérer les mines d'argent lui manquait, devoir simplement mettre son nez dans les affaires d'un fief. Azilys n'avait plus rien à faire ici hormis être épouse et cela pourrait la tuer à petit feu, si elle ne se trouvait pas une utilité. 

- Tous ceux qui vivent près des océans peuvent récolter des algues, cela ne serait pas un bon échange commercial pour eux. Les algues ont des propriétés médicinales, ont les faits séchés et on les broie.

Le rire de Maddy lui prouvait que sa question devait paraître bien ridicule et elle détestait représenter ce sentiment. Après, il était vrai que toutes les maisons qui vivaient près des mers devaient y avoir accès. Elle repensait à la spécialité de sa famille, la mine, se souvenant même de sa première visite d'une des mines. Azilys était resté fasciné face à la récolte, face à ce minerai qui pouvait être travaillé et donner bien d'objets du quotidiens, comme les plus beaux bijoux. La Serrett n'avait jamais porté d'Or, l'Argent était son symbole. 

- Les algues peuvent aider pour réduire le stress, aider pour réduire les insomnies… Cela a beaucoup d’effets, et ça aide à lutter contre les maladies. On peut aussi les utiliser pour faire des bandages ou des onguents. Et cela donne du goût à certains repas-

Savoir que les algues pouvaient servir à temps de choses, lui fit penser à bien d'autres choses, si tous avaient accès aux algues est-ce que tous savaient les transforme en onguents ? Azilys avait l'esprit tourné vers le profit. Observant la rouquine s'approcher dans l'océan toute toutes en accrochant le bas de sa robe. Azilys, elle resta en retrait, elle n'aimait pas la mer, pour simple raison que c'était celle-ci qui avait envoûter sa mère et emporter loin d'elle. 

- Ici, on commerce les bienfaits de l’océan. Marchander, vous pouvez le faire, mais vous trouverez peu de nobles qui accepte un échange commercial avec notre maison. Par contre, vous pouvez négocier avec les pirates et les contres-bandiers, mais un tel acte ressemblerait plus à la vague qu’au paon. ,

Cela ressemblait à un défi. Azilys détestait qu'on ose prétendre qu'une telle action ne ressemblerait pas à un Paon. Un Paon était capable de tout pour parvenir à ses fins, même s'il fallait le faire échanger avec des pirates et des contres-bandiers. Plus sérieusement, elle n'avait aucune envie de s'approcher de ses mal-propres, mais comme piquer à sang, elle répondit d'un ton hautain : 

- Ma tante a épousé un Fer-nés et a engendré un fils, Harras Harloi. Celui-ci est venu vivre auprès de nous pour devenir chevalier. Je ne crains pas les pirates et contres-bandiers, surtout si cela permet d'améliorer les conditions de vie en ce lieu.

Elle voulait se persuader, elle-même. Pour dire vrai, son cousin avait été bien éduquer, elle n'avait jamais côtoyé d'autres fer-nés qu'Harras, mais il était à ses yeux, le parfait fer-nés à l'image de son peuple.

- Comme je vous le disais, le Paon a bien des visages !

Comme elle-même se retrouvait être le portrait de sa soeur et utilisait même à présent son prénom. Cette expression la ramena vers celle qui lui manquait le plus, la véritable Aliénor. Et pour le coup, elle posa une question avec un vif intérêt à Maddy, une question qui ne cachait aucun subterfuge, hormis celui de connaître un peu mieux la jeune femme.

- Vous avez des frères et soeurs ?

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Chaque algues étaient scrupuleusement analysées, de la couleur à la texture, rien n’était laissé au hasard. Lorsqu’elle était enfant, elle aimait venir sur cette plage ; à courir après les crabes ou à sauter dans les vagues, éclaboussant les robes de son arrière-grand-mère. Mais ce qu’elle adorait par-dessus tout, c’était de l’entendre maugréer contre les pirates, tandis qu’elle plongeait ses mains vieillit par les années dans l’océan et en ressortir victorieuse. D’un seul coup d’œil, elle sélectionnait ses algues, les jetant sans ménagement dans son panier. De la même façon, Maddy en sélectionnait quelques-unes et en rejetait d’autres dans l’océan, mais ses seules paroles étaient destinées au paon d’argent. Elle tentait d’expliquer les raisons et les aboutissants de cette collecte d’algue. Mais l’expérience de la fausse Aliénor était bien différente de la sienne, sur son visage, il n’y avait pas de sourire, elle n’entendait aucun rire, elle restait aussi froide que l’hiver.


L’insulaire avait l’impression que quoi qu’elle dise, rien ne serait suffisant pour satisfaire la jeune femme et tout était un prétexte pour la contredire. Mais Maddy restait cette éternelle optimiste. En son for intérieur, elle se mit à sourire, son cousin était-il comme les hommes de cette île ? Elle avait beaucoup de difficulté à imaginer ce Harloi, futur chevalier, mais fer-né à la fois. Ressemblait-il à tous ces hommes riant fort, se querellant pour un morceau de viande, poussant sans ménagement certains sur leur passage ? Bien sûr, les Descarpes avaient appris à se faire plus ou moins respecter, mais ce n’était que parce qu’il se montrait magnanime. Maddy n’était pas sûre que le Paon d’Argent soit aussi à l’aise avec les pirates de son île.

Elle préférait alors laisser le silence planer, elle ne cherchait pas la discorde, mais seulement apprendre à la connaître un peu plus. Et finalement, c’est elle qui posa une question sur sa vie. Avait-elle eu des frères et sœurs ? Elle aurait aimé.

- Non, ma mère est morte quelques jours après ma naissance.

Maddy ne l’avait jamais connu et ne connaissait d’elle que des vagues descriptions, des petites histoires sans importance, mais pour elle représentait tout. Le moindre détail était un trésor à ses yeux, encore aujourd’hui.

- Et mon père ne s’est jamais remarié. Je crois qu’il lui reste fidèle, même après toutes ses années de veuvage.

Son panier était plein, alors elle bougea ses pieds. De faibles mouvements pour se dégager progressivement. Un pied se dégagea, puis un autre, pour enfin être libéré sur sable glaireux. Une fois sur la terre ferme, Maddy libéra sa robe et essuya ses mains sur son jupon.

- Je pense qu’il n’a jamais réussi à se pardonner de ne pas avoir été là. Il était à Roche-aux-Runes, auprès des Royce lorsqu’elle m’a mise au monde.

L’insulaire reprit son panier et dans son autre main, elle prit ses chaussures.

- Et vous alors ? J’ai cru comprendre que vous aviez une jumelle. Etes-vous proche ?.

Doucement, elle emmena l’ancienne Serrett vers le marché. Sans qu’elle veuille réellement confronter la théorie de la jeune femme sur cette non-peur des pirates et contres-bandier, Maddy avait besoin de certains produits pour la confection de son onguent.  

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Le paon d'argent restait loin de la mer, observant simplement Maddy faire ce qu'elle avait à faire. Ramasser des algues, jamais cela ne deviendrait une de ses occupations. De cela, elle était certaine, mais même si elle ne viendrait pas à l'avouer à voix haute, elle appréciait d'échanger avec la rouquine. C'était certainement la discussion la plus intéressante qu'elle avait eue depuis son arrivée sur l'Île de la sorcière. Au fils de la conversation, l'ancienne Serrett vint à lui demander si Maddy avait des frères et soeurs ! Portant étrangement un vif intérêt, à cette interrogation ! 

- Non, ma mère est morte quelques jours après ma naissance.

Un fait qui arrivait souvent. Pourquoi les femmes devaient-elles subir ce fardeau qu'était la grossesse ? Azilys était ravi que son époux ait déjà des enfants, elle pourra ainsi éviter ce désagrément de porter un enfant. 

- Et mon père ne s’est jamais remarié. Je crois qu’il lui reste fidèle, même après toutes ses années de veuvage.

Il semblait certains que leurs pères ne se ressemblaient en rien. Albéric Serrett, avait-il aimé une de ses épouses ? Trois mariages, trois fois veufs ! Il ne s'était pas non plus remarié après le suicide de sa mère, mais parce qu'il avait obtenu un fils et ne voulait certainement plus devoir supporter une épouse, non par signe d'un réel attachement à Azénor Aubépin. 

- Je pense qu’il n’a jamais réussi à se pardonner de ne pas avoir été là. Il était à Roche-aux-Runes, auprès des Royce lorsqu’elle m’a mise au monde. Et vous alors ? J’ai cru comprendre que vous aviez une jumelle. Etes-vous proche ?.

Suivant les pas de Maddy, qui avait fini de remplir son panier. Elle vint à réaliser que le propre père de l'insulaire avait finalement évolué loin de sa famille, un fait qui lui paraissait logique en vue de sa bâtardise !

- Elle est la personne la plus importante dans ma vie, nous n'avions jamais été séparé avec le mariage !

À l'évocation de sa soeur, son regard vint à briller. Elle lui manquait tellement et avait hâte de recevoir de ces nouvelles. Dire qu'à présent, elles se trouvaient si loin l'une de l'autre.

- J'ai aussi un petit frère, à qui je tiens beaucoup...mais ce n'est pas pareil qu'Al....Azilys !

Étrange de prononcer son propre nom, mais elle espérait que Maddy n'avait pas perçu son bafouillage. Par chance, elles arrivèrent face au marché, un lieu qu'elle trouvait bien pauvre. Ces convives souriaient et pourtant, la pauvreté lui explosait en plein visage. De son point de vue, les habitants de Montargent semblaient être dans des meilleures conditions, hormis bien sûr les mineurs, mais c'était un métier difficile. Qu'est-ce qu'il y avait de difficile ici ?

- Je ne me mêlait que très peu à la population de Montargent, hormis durant mes visites aux mines d'Argent de la famille !

Semaine 3, Lune 7, l'an 295

Il y avait quelques choses de magnétique chez cette femme, une sorte d’attraction froide qui obnubilait l’insulaire. Elle était mystérieuse, dissimulatrice. Maddy pouvait se venter de peu de choses, mais elle avait l’œil. Elle savait repérer les détails, écouter l’indicible et surtout, elle était observatrice. Tout son comportement, ses gestes, trahissaient quelques choses. Mais quoi, telle était la question. Elle n’arrivait pas encore à déterminer ce qui se cachait derrière ses sous-entendus, mais elle allait finir par trouver. Elle aurait toute une vie pour comprendre enfin la jeune femme et surtout, de découvrir ce qu’elle étouffait derrière ses sourires froids. Le paon d’argent avait un secret, et le crabe allait tout faire pour le découvrir.

Patiemment, l’épouse Descarpe la suivait, elle se faufilait elle aussi entre les rochers. Par cette ballade, sa tante par mariage apercevait pour la première fois cette partie de l’île. C’était la plus belle partie, la plus sauvage, la plus indomptable. Sa maison. Elle espérait que cette jeune femme s’y sente aussi comme chez elle, mais c’était loin d’être le cas. Très loin, elle semblait détester ce lieu, la température, la taille de l’île, sa rudesse, le manque de richesse… Rien ne trouvait grâce à ses yeux. Pourtant, elle continuait à se renseigner, d’essayer de comprendre les mentalités.

La jeune femme allait prononcer un autre nom, mais elle s’était rattrapée. Maddy notait cette nouvelle information dans son esprit. Après tout, cela pouvait avoir plusieurs raisons, mais pour le moment, elle n’arrivait pas à en donner une seule. Au lieu de la questionner à nouveau, elle resta silencieuse, gardant ce sourire éternelle aux lèvres.

Aliénor faisait tâche dans le décor, avec sa belle robe, ses bijoux en argent, sa coiffure tirés à quatre épingles. Elle n’était pas à sa place, et les villageois s’en rendaient compte. Soit ils l’évitaient ou alors ils essayaient d’attirer son attention pour qu’elle achète quelques choses. Les pirates, eux, la sifflaient à son passage, bavaient devant sa beauté ou ricanaient devant son dédain habituel.

Dans cette cacophonie, Maddy finit par échanger ses algues contres des plantes, et elles finirent toutes les deux par rentrer à Eaux Profondes, en discutant de tout et rien. Comme deux personnes qui ont toujours fait partie d’une même famille.