[EXPRESS] Salvemer sous tension

S’il fut heureux de revoir son épouse, sa mine, d’abord réjouie quoique épuisée par le trajet, se rembrunit dès qu’elle l’informa de ce qu’il s’était passé en son absence. Elle le conduisit dans les cachots de Salvemer où il put constater de lui-même les prises de son épouse ; une bande de Fer-Nés. Son sang ne fit qu’un tour et, après avoir dit à Myrielle qu’elle avait bien agit en les enfermant ici et en attendant sur son retour, il avait de suite écrit à Lord Brynden. Il devait savoir. La présence de Fer-Nés sur les terres conflanaises violait l’édit royal publié lors de leur indépendance. Patrek voyait cela comme un signe d’agression de leur part. Il fit néanmoins preuve de mesure et de patience, surmontant son envie de voir ce peuple responsable de la mort de son père pendu haut et court et attendit l’arrivée du Suzerain du Conflans et de son épouse.

L’audience se passa dans la salle des banquets de Salvemer. Patrek siégait au centre de la longue table, installée devant une des nombreuses cheminées de la pièce. A sa droite se trouvait son épouse et, à sa gauche, Lord Brynden Nerbosc et la Princesse Daenerys Targaryen. Il fit signe aux gardes de faire entrer le capitaine des Fer-Nés emprisonnés et il fut amener sans ménagement devant eux. Patrek ordonna ensuite aux gardes de retourner à leur poste près de la porte et se tourna vers le couple suzerain :

Votre Altesse, mon Seigneur, voici leur capitaine. Il dit répondre au nom de Maron Volmark, une maison que je connais bien. Assez insignifiante au demeurant mais il me semble que la sœur de celui-ci a épousé le fils de Balon Greyjoy, expliqua-t-il à voix basse. Puis il s’adressa au captif : Vous vous trouvez devant Lord Brynden Nerbosc ainsi que son épouse, la Princesse Daenerys Targaryen, sœur de Sa Majesté le Roi Rhaegar Targaryen. Je vous passe la déclinaison de nos noms, à mon épouse et moi-même, à moins que la mémoire vous fait défaut, ce qui expliquerait pourquoi l’on vous a pris sur nos terres où vous n’avez strictement rien à y faire, déclara-t-il, peinant à dissimuler son dégoût pour cette vile engeance.

C'était un autre genre de guerre qui se déroulait sous ses yeux: le souvenir des spectres avait beau être encore profondément ancré dans son esprit, ce qui se jouait dans la demeure de Lord Mallister n'était pas moins déterminante pour leur avenir que la bataille ayant eut lieu aux portes de Winterfell. L'affaire ne pouvait pas attendre et c'était pourquoi Brynden avait si rapidement quitté Corneilla pour rallier Salvemer en compagnie de son épouse et d'une petite troupe d'homme ayant veillé sur la demeure Nerbosc pendant l'absence du ban. Préoccupé, Brynden n'était pas d'humeur à admirer la beauté des lieues ou à s'enthousiasmer de l'accueil de son hôte: il avait ressassé le message de Lord Patrek durant tout le voyage menant à Salvemer et n'avait qu'une hâte, démêler cette histoire qui promettait de réveiller les tensions entre fer-né et continentaux. Ses sourcils se froncèrent à l'évocation du nom du prisonnier: il lui semblait bien avoir déjà entendu ce patronyme. Volmark ... N'était-ce pas justement cette soeur épouse du fils de Balon que Lucas avait côtoyé durant sa captivité ? Il retint un coup d'oeil à son hôtesse, elle aussi ancienne captive de Pyk, et se contenta de détailler le prisonnier d'une oeillade sévère: les deux lunes de rétention se voyait - se sentait presque si l'on jugeait à l'odeur- mais il fit mine de ne point s'y intéresser. « J'espère que vous comprenez la fragilité de votre position. Les termes du traité, entre notre Roi et votre ...  » Il hésita une seconde sur le terme à employer, finissant par reprendre d'une voix glaciale. « ... Princesse, étaient pourtant très clairs.  » Les cotes westerosi avaient beaucoup souffert des fer-nés ces dernières années: Port-Lannis et Salvemer avait connu leur lot de bataille avant que l'indépendance de ce royaume de pirate ne soit extorqué à la couronne Targaryen. « Il semblerait que ce ne soit cependant pas la première fois que votre peuple outrepasse sa parole en s'aventurant trop près de nos côtes.  » dit-il froidement, rappelant les attaques sur Dorne et sur les plages du Val qui avaient vu la mort tragique du jeune suzerain Arryn.

Cela faisait longtemps… bien trop longtemps qu’il était emprisonné, ici à Salvemer. Tout ne s’était pas passé exactement comme il l’avait prévue, bien au contraire. Lorsqu’il avait échafaudé son plan, il pensait pouvoir partir avec son équipage en moins d’une semaine… mais cela faisait deux lunes qu’il était coincé ici. Ainsi, il avait dû patienter jusque maintenant pour enfin pouvoir s’entretenir avec le Lord Mallister. On l’avait cependant informé qu’il ne serait pas seul, le suzerain du Conflans allait aussi être de la partie. Lorsqu’il passa le hall d’audience, Maron put brièvement repérer les différentes têtes de la salle. Sur ceux qui étaient mis en évidence, il reconnaissait le Mallister et sa femme, cependant, les deux autres, il ne les avait jamais vus. Le Leviathan était calme, décontracté, il savait qu’il n’était pas fautif cependant, il gardait une mine sérieuse. Patrek vint ensuite prendre la parole, l’informant de l’identité des deux personnes qu’il ne connaissait pas avant d’enchérir avec une pique. Un rictus s’était tout de suite formé sur le visage du Volmark, ses yeux et son attention étaient occupées autre-part, il ne releva pas tout de suite. Puis vint le tour au suzerain du Conflans de prendre la parole, il était moins dans la provocation mais restait glaciale.

S’ils voulaient l’impressionner, c’était raté. Les fer-nés n’étaient plus sous leur joug, ils étaient indépendants, il n’avait pas peur d’eux. Le seul qui pouvait le mettre dans une position fragile était Balon Greyjoy, lui seul.
« Peut-être développerai-je quelques soucis de mémoires… » commence-t-il, ironiquement. « Mais votre fuite d’il y a trois ans, laissant votre femme et vos terres derrière vous, ça, ma mémoire s’en souviendra toujours. » conclut-il, sans écouter ses grognements futurs. Il releva les yeux vers le suzerain, semblant préférer s’entretenir avec lui.
« Pas de sang versé, pas de traité rompue… cependant, de votre côté, je ne suis pas sûr de pouvoir affirmer que vous l’avez respecté… » confirme-t-il, faisant allusion au possible traitement donné à son équipage. « Si la Lannister m’avait écouté sur les raisons de mon périple sur vos terres, peut-être que nous n’en aurions pas été là… » affirme-t-il, en offrant un sourire sarcastique à la dame présente. Maron connaissait les attaques qu’avaient subis les contrées vertes, cependant, pour cela aussi il avait une défense toute prête.

Les poings de Patrek se serrèrent de colère en entendant le prisonnier user d’ironie face à lui, son épouse et au couple suzerain du Conflans. Il darda un regard assassin sur le Fer-Né mais le laissa néanmoins aller jusqu’au bout de sa pensée, si tant est qu’il en avait réellement une, se prit-il à penser. Mais l’autre ne s’était pas uniquement contenté d’user d’ironie. Voilà qu’il mettait le doigt sur ce qu’il qualifiait de fuite et s’en fut trop pour lui. Son poing droit s’abattit violemment sur la table:

FUITE ?! Je crois avoir meilleure mémoire que vous sur ce point-là. Mon épouse était déjà entre vos griffes, de même que le frère de Lord Brynden et bien d’autres. Et…

Patrek inspira profondément par le nez et ferma un instant les yeux pour se calmer. Il ne devait pas se laisser emporter par la colère. Cela ne ferait qu’amuser l’autre et lui de s’humilier face à son épouse et leurs invités. Il posa sa main sur l’épaule de Myrielle et rouvrit les yeux, murmurant des excuses à l’encontre de leurs invités:

Pardonnez-moi Votre Altesse, mon Seigneur.

Puis il se rassit et reprit d’une voix quelque peu calmée: Les raisons de votre périple sur nos terres dîtes-vous. Mais allez-y donc! Eclairez-nous puisque vous semblez si confiant en votre sort. Je serais très curieux d’entendre votre version des faits.