[EXPRESS] Daenerys Taragaryen & Jorah Mormont

  Jorah se blâma d’être le futur responsable de la mort de milliers de gens. Beaucoup périront du feu du dragon. C’était fort probable. Mais les dragons avaient contribué à la victoire au Nord. Et Viserys serait revenu un jour à Westeros, dragon ou pas dragon. Il avait juste un atout supplémentaire désormais, et il était non négligeable.
« Je ne pense pas ser Jorah. Viserys serait revenu dragon ou pas dragon. Et puis vous n’avez pas ramener à Westeros l’œuf que possédait lady Manderly. »

Le Mormont était responsable de la venue de trois œufs pas plus. Les autres n’étaient pas de sa responsabilité. Ces créatures ailées et légendaires étaient destructrices entre de mauvaises mains. Mais c’était ainsi qu’avait gagné Aegon le Conquérant, à l’exception de Dorne.

La fatalité dans la voix du chevalier fit lever un sourcil à Daenerys. Peut-être aurait-il du penser à cela lorsqu’il était au Nord à se battre contre les monstres, la laissant seule, exposé aux forces Bracken qui n’avaient pas répondu à l’appel au ban de Brynden.
« Cela dépendra si vous décidez de m’abandonner encore pour l’appelle de la guerre. Vous tiendrez vous à mes côtés ou à côté de vos frères d’armes ? »

Quel camp choisirait-il ? La décision était entre ses mains, son futur à Corneilla était entre ses mains. Il était son bouclier lige, pas un vulgaire soldat. Son devoir était de rester auprès de la personne qu’il devait protéger contre toutes les menaces, visibles comme invisibles. Il lui restait une chance. Une dernière chance. A lui de la saisir ou de retourner sur les terres glacées et désolées du Nord.

  Ne jamais avoir parlé de Viserys auparavant était une erreur, bien qu’il souhaitait la protéger de la souffrance provoquée par sa déchéance. Un moindre mal, cependant, devant des lunes de tergiversations l’ayant probablement fort inquiétée. Il avait mis cela de côté, pensant que le Dragon de l’est y resterait et ne l'atteindrait pas, mais elle connaissait bien mieux son frère que lui et se montrait toujours aussi catégorique sur l’éventualité de son retour. Jorah, lui, ne savait toujours pas ce qu'elle désirait à ce sujet.

Le rappelant son devoir -et à ses manquements- l’utilisation des termes « abandonner encore » le fit tiquer. Pensait-elle réellement qu’en cas de guerre fratricide, il la laisserait sans défense, elle, l’unique sœur des deux protagonistes ?

« Je regrette que vous ayez vécu ma décision comme un abandon, Princesse, et je m’en excuse. La bataille menée au Nord n’avait rien d’une guerre classique, la menace était sans précédent, et j’ai jugé, en ma qualité de nordien connaissant la légende de la longue nuit, qu’il était de mon devoir de vous protéger vous, mais aussi tout le royaume, de l’invasion des morts-qui-marchent. » conscient qu’ils ne seraient probablement jamais en accord sur ce point, il ne put s’empêcher d’enfoncer le clou, « Je ne vous avais guère laissé sans protection, il me semble. Mes consignes étaient claires, et en accord avec votre époux, vous ne deviez jamais être seule, accompagnée d’un ou deux hommes d’arme en permanence. »

Il laissa passer un léger silence, conscient que là n’était pas la question, mais une justification lui apparu nécessaire alors qu’il n’avait jamais failli à sa mission. Il était difficile d’accepter qu’elle put penser le contraire. Cependant, elle attendait une réponse de lui et il la lui donna en plongeant son regard dans le sien.

« Je vous en ais fait le serment, jusqu’à ma mort et au prix de ma propre vie s’il le faut, je vous protégerais et vous accompagnerais quelque soit la direction que vous prendrez. » son ton s’était fait solennel avant qu’il n’ajoute, « Mais il me sera difficile de le faire si je ne sais point de qui il me faudra vous protéger, votre Altesse. »

Allait-elle enfin le lui dire ou le punirait-elle en lui taisant ses intentions ? Il plongerait dans la trahison pour elle s’il le fallait, mais il aimait autant le savoir dès maintenant.

  Jorah s’excusa mais se justifia une nouvelle fois. Il rappela des clauses de son départ pour le nord avant les vents de la guerre ne viennent souffler sur Westeros. La jeune femme croisa ses bras sous sa poitrine, la flamme dans ses yeux améthystes brûlant une nouvelle fois de façon ardente.
« Oui quand vous êtes partis voir votre famille. Mais combien d’hommes sont restés à Corneilla lors du départ des troupes pour protéger femmes et enfants et les hommes restaient derrière car ne pouvant pas se battre ? Trop peu ser Jorah. Une poignée seulement devant faire le travail d’une garnison entière. Pendant que vous étiez au nord à guerroyé je me suis retrouvée seule car il n’était pas possible d’avoir sans cesse des hommes d’armes en permanence. »

Il lui rappela le serment qu’il avait fait, la protéger jusqu’à la mort. Mais la question qui lui posa la surprit. Elle ne saurait dire pourquoi, mais elle hésita un instant avant de répondre. Elle savait très bien de qui elle devrait se protéger.
« Pourrez-vous me protéger de mes frères ser Jorah. Aussi bien de Viserys que de Rhaegar ? Si la réponse est oui alors, vous pouvez réintégrer votre position. »

Serait-il capable de trahir son Roi pour elle ? Ou préférait-il se battre pour lui ?

  Il ferma un court instant les yeux sous l'agacement. Quels imbéciles laisseraient leur Suzeraine sans protection alors-même que son époux, et son Bouclier-Lige, se trouvaient à des centaines de lieux d'elle ? Lord Brynden n'avait-il donc laissé que de parfaits idiots à Corneilla pour protéger sa famille ?! Ou bien était-ce elle qui l'avait demandé, pour sécuriser le domaine, à son propre détriment ? Sans doute ne le saurait-il jamais, car au vue de la tension contenu dans leur échange actuel, il ne s'amuserait pas à lui pose directement la question. Mais peut-être ferait-il son enquête par la suite, si sa situation future le lui permettait.

En attendant, il s'agissait de comprendre les enjeux des événements à venir. Des décisions qui seraient à prendre, des mesures qui devraient être mise en place pour leur protection à tous, de la personne à qui ils devraient adresser leur loyauté. Quelle ne fut donc sa surprise de comprendre qu'elle n'avait choisie aucun de ses deux frères pour cela. Il lui fallu quelques secondes de silence pour comprendre qu'elle choisissait la neutralité. Sa voix s’éleva, presque dubitative.

« Je vois. »

En vérité, le Chevalier ne voyait rien du tout. Il ne comprenait pas car cela relevait de l'impossible. A moins de fuir -car qu'importe le gagnant du conflit à venir elle devrait rendre des comptes dans les deux cas- qu’espérait-elle d’une décision pareille ? Qu'en pensait Lord Brynden ? Il l’ignorait. Il lui apparaissait évident qu’il avait été absent trop longtemps et qu’il avait manqué quelque chose de capitale -la naissance de ce dragon, peut-être ?- ayant un impact considérable sur la personnalité de sa protégée et cela l’embêtait. Il aurait pu protester, faire appel à son bon sens, une part de lui était tenté de lui faire entendre raison, comme à une enfant faisant une bêtise, mais il n’était guère plus en position de faire cela.

Pourtant, il mesurait parfaitement les risques d’un tel choix. Et comme il venait de le lui rappeler si justement, quelque soit le chemin qu’elle prendrait, il la suivrait même si cela devait sonner le glas de son existence. Et c’est assurément ce qui l’attendait. Il pensa à la loyauté qu’il devait à ce Roi qui lui avait donné sa seconde chance, à la culpabilité d’une potentielle trahison. Mais c’était la sœur de ce dernier qu’il observait à cet instant, et il sut qu’il ne pourrait rien contre ce besoin de le protéger qu’il sentait monter en lui. Aussi releva-t-il le menton et fit son ultime promesse :

« Je me dresserais entre eux et vous s’il le faut. »