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[FB] Les mots valent plus que les regards | Liliyana

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An 302, Lune 12, Semaine 1


L'invitation avait été reçue avec le plus grand plaisir par le barde. Lui, quelque heures plus tôt dans une sombre taverne, sans l'ombre d'une catin à son bras, se retrouvait à sourire bêtement dans le chariot qui le mènerait jusqu'à Bois de Saule. Il entraina ses doigts sur son instrument, laissant sa voix se reposer pour l'heure. Le marchand, qui avait accepté de le transporter, secouait la tête au rythme de la musique, amusant Elys. Il le payerait de ses chants, n'ayant malheureusement plus grand chose dans sa bourse trop vite. Les semaines en auberges avaient dilapidées sa maigre fortune et il devait trouver, assez vite, un nouveau mécene où il finirait pas ne plus pouvoir manger. Port Réal, pourtant, l'appelait d'une voix enivrante. Il voulait se rendre à la capitale depuis des années. Ne serait-ce enfin l'occasion que d'en découvrir les merveilles ?

Sur un sourire et un remerciement, il descendit de la charrette, rangea son instrument dans sa sacoche et posa sur son épaule son baluchon, simple vestige de ses maigres affaires. Il n'avait aucun toit. Ou plutôt trop, chez ses nombreuses maitresses. Si elles le jetaient dehors à la moindre occasion, il n'en demeurait pas moins leur petit protéger.

De toute manière, les histoires d'argents n'existaient plus pour l'instant. Il était tranquille pour quelques jours, le temps de rejoindre les Ryger. Il connaissait bien cette famille, pour avoir séjourné quelque temps chez eux dans un passé incertain. La petite fille, jolie comme un coeur, était aujourd'hui la raison de sa présence. Pour une fois, malgré les charmes certain de la demoiselle de Bois de Saule, il ne venait pas pour la séduire mais bien pour lui apprendre. Elys aimait ce rôle de mentor, retrouvant dans la bonne humeur contagieuse de Liliyana des traces de sa tendre Claire. Elle lui ressemblait un peu avec ses cheveux aussi blonds que les blés; Mais elle était bien plus jolie que son ancienne amie. Bien plus douce également. Claire avait, dans certain instant, un caractère de feu qui faisait se rouler au sol Elys. Liliyana était toute autre et il appréciait grandement ses discussions avec la jeune fille.

Il ne pipa pourtant mot en observant Bois au Saule. Rien n'avait changé et c'était pour le mieux. Avisant un palefrenier passant par là, il lui demanda de l'annoncer. Puis il réajusta sa veste doublée, souffla un léger nuage de fumée avant d'enlever quelques morceaux de pailles prit dans son veston. La charrette était confortable mais il refusait d'apparaitre en guenille. Elys avait une présente à tenir, en toute situation.

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Les mots valent plus que les regards

« Va chercher Polar ! »

Je lançai de toutes mes forces le bâton qui vola dans les airs, mon chien s’élança vivement en aboyant comme un fou. Grand-mère m’avait laissé un petit carré de jardin où je pouvais lancer le bâton à Polar sous la surveillance d’une servante tout de même. Ou de mon frère. Mais Damon boudait, plus ou moins, parce que Grand-père n’avait pas voulu qu’il parte à la guerre. Du coup il faisait des rondes autour du château à cheval. Et moi je jouais avec mon chien qui adorait que je m’occupe de lui. Je posai un genou à terre en frottant l’épaisse fourrure de mon pauvre chien et je repris son bâton de ses mâchoires avant de lui lancer.

« Mademoiselle… votre robe ! »


Je n’avais cœur de m’occuper de ma robe, je savais très bien que ce n’était pas la plus jolie ou quoi que ce soit que j’avais. Non rien du tout ! Je m’occupais de mon chien et tant pis pour quelques tâches. Je lançai à nouveau le bâton et mon chien reprit son galop dans la neige et le froid. J’avais froid aussi, mais je m’en fichais complètement ! Je frottais à nouveau le beau pelage de mon chien et sentis son collier tourner sous mes doigts. Je serrais doucement mon chien avant de me redresser en entendant un garde venir, je passais la laisse au collier de Polar, ça, ça devait être grand-mère !

« Ma demoiselle, le barde Elys est là. »

Je battis des mains avant de frotter doucement les oreilles de mon chien qui s’ébroua avant de demander au garde de me guider à Elys. Il était déjà venu m’apprendre à chanter, j’adorais ça, chanter, et la musique. Ça je n’avais pas besoin de voir pour en profiter. Je laissais le garde et Polar me guider jusqu’à la cours. Polar aboya joyeusement et je lui caressais doucement la tête avant de faire une révérence devant Elys.

« Maître Barbe ! Que je suis contente de vous voir ! Comment allez-vous ? Venez ! Rentrons il ne faudrait pas que vous attrapiez froid. »

Je l’invitais à me suivre et grimpais les marches sans aucune difficulté, je connaissais par cœur mon environnement depuis des années maintenant. J’ouvris la porte d’un petit salon où il faisait bon, un feu ronflait doucement dans la cheminé.

« Polar, la chaise. »

Mon chien m’y mena docilement et je décrochai sa laisse, il alla voir Elys réclamer quelques câlins.

« Racontez donc moi vos dernières aventures Maître Elys. »
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An 302, Lune 12, Semaine 1


La première chose qui happa le regard du barde fut l'énorme chien blanc qu'il ne connaissait que trop bien. Puis la petite blonde qui le suivait et qui lui arracha un gigantesque sourire. Que Liliyana l'accueille ne le choquait nullement. Cette famille ne faisait finalement rien comme tout le monde. Elys avait prouvé son bonne fois la dernière fois qu'il était venu, même si cela l'étonnait encore qu'on le laisse en compagnie d'une jeune fille... Seul qui plut était. Pourtant, il devait avouer que cela, pour une fois, lui faisait plaisir. Car une chose était certaine. S'il avait cru charmer la jeune demoiselle, il s'était rapidement pris d'affection pour son caractère adorable et sa joie de vivre communicative.

Il sourit alors, même si elle ne pouvait le voir. Le barde apprécia la révérence, parfaite, de la demoiselle. Comment avait-elle pu apprendre aussi bien avec son handicap ? Peut-être aurait-elle du donner des cours aux gamines de bien des régions. Il ne s'en formalisa pas, préférant ne pas, une fois de plus, appuyer sur son leger désagrément quotidien.

Je vais très bien Dame Liliyana. C'est toujours un immense plaisir que de revenir à Bois de Saule.

Il ne mentait pas, n'en avait pas besoin. Déjà, Lilyana avait accroché sur les lèvres du barde un sourire qui ne le quitterait certainement pas avant longtemps. Il la suivit, surpris par la dextérité de la jeune femme. Elle le surprendrait toujours; il ne saurait dire le contraire. Durant leur première rencontre, Elys en avait même cru que sa grand mère avait mentit en parlant du problème de la demoiselle Ryger. Elle se débrouillait si bien et si on oubliait son chien, rien ne laissait présager ce qu'elle était pourtant.

Elys s'installa en face de la jeune fille, ses joues se colorant déjà devant la chaleur de l'autre. Il pouvait respirer loin du froid pesant qui reignait en maitre sur le monde. Par les Sept qu'il le detestait et que les belles journées d'été, où il pouvait dormir à la belle étoile, lui manquait.

Le barde n'eut guerre le temps de profiter de la chaleur que Liliyana et son chien attaquait d'un commun accord. Elle, de ses questions. Lui, de ses demandes de caresses. Elys fourra ses doigts dans l'épais pelage du chien, entrainant une réaction immédiate de l'animal. Il secoua la queue, si fort que son arrière train en tremblant, arrachant un petit rire au barde. Continuant ses caresses, il reporta son attention sur la jeune fille. Toujours aussi belle, rendue même encore plus charmante par les quelque années qui, lentement, arrachaient les rondeurs de ses joues pour un corps de femme faite.

Et vous, comment allez-vous ? L'hivers n'est pas trop dur ?

Il lui laissa le temps de répondre, avant de s'installer plus confortablement à sa question. Des histoires ? Il en avait tellement, qu'elles soient fausses ou réelles.

Je ne saurais encore par quoi commencer ma Dame. Qu'est-ce qu'il vous ferait le plus plaisir d'entendre ? Votre serviteur s'est déplacé dans Westeros avec sa mémoire pour toute compagne. J'ai entendu bien des histoires et, une chose est certaine, j'aime toujours autant les raconter.

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Les mots valent plus que les regards

J’avais assez confiance en Elys pour qu’il ne tente rien d’immorale, la dernière fois, Damon était resté présent à presque toutes les leçons, lui ou un serviteur. Mais il n’avait rien tenté et je m’étais largement amusé avec lui. Et Polar de toute manière savait me défendre si au besoin je me sentais mal ou s’il se passait quelque chose. C’était mon chien ! Aussi bien d’aide que de protection. Et tant mieux si Elys aimait revenir à Bois-De-Saule. J’enlevai d’un mouvement souple ma cape pour rester seulement en robe et ne pas avoir trop chaud à cause du feu. Et de toute manière il faudrait la faire sécher à cause de la neige qui l’avait trempé en partie. Je m’assis bien droite comme Grand-mère me l’avait appris.

« Je vais bien je vous remercie, oh non, nous avons de la chance, je n’ai pas à me plaindre du tout. »

J’entendais presque Polar frétiller sur place tant il aimait qu’on le caresse et qu’on prenne soin de lui, surtout qu’il sortait d’une session de jeu si bien qu’il était tout excitée. Je souris doucement à sa remarque avant de claquer légèrement de la langue, je ne voulais quand même pas que Polar embête Elys ou abîme son instrument.

« Polar, couche-toi. »

Au vu du bruit, mon adorable chien venait probablement presque de se laisser tomber par terre et de rouler sur le dos pour continuer à avoir des gratouilles. Ce chien était intenable ! Mais soit ! Que voulais-je entendre ? Mmh, la question n’était pas facile, mais bon, j’allais bien trouver ! Si je lui demandais de me raconter son plus beau souvenir de ce long voyage ? Pourquoi pas ? Ou bien une de ses nouvelles balades ? C’était possible aussi.

« Et bien… Pourquoi ne me raconteriez-vous pas votre plus belle expérience que vous avez vécu dans ce dernier voyage ? Et quel était le meilleur endroit pour trouver votre inspiration ? »

J’aimais poser des questions et apprendre ou voyager par les yeux d’un autre. Je n’avais pas les miens et malheureusement, Polar avait beau être extraordinaire il ne pouvait rien me décrire. Ce pauvre chien.
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An 302, Lune 12, Semaine 1


Toujours de bonne humeur, toujours à voir le meilleur partout, même dans l'hivers pourtant trop difficile de Westeros. Elys ne pouvait s'empêcher de sourire, quand bien même elle ne le verrait pas. Il appréciait grandement sa compagnie, comme une petite soeur qu'il n'avait jamais eu. Il observa une seconde de plus ses longs cheveux blonds, retient un soupir à l'orée de ses lèvres. Il ne les franchit jamais. Liliyana ressemblait à Claire...

Le chien tomba au sol sur l'ordre de sa maitresse, se retournant quand même sur le dos pour présenter son ventre au barde. Il ne pu s'empêcher de le caresser, retrouvant dans l'adorable créature des restes de son enfance aux côtés de chevaux. Elys ne pouvait dire qu'il appréciait particulièrement les animaux. Pour tout dire, il s'en fichait même éperdument. Mais il ne leur aurait pas fait de mal, pour rien au monde et, lorsque l'un d'eux se montrait affectueux, il n'était pas le dernier à lui offrir des calins.

Les mots de Liliyana le rappelèrent à l'ordre. Il épousseta son veston, et, après un dernier regard à la cheminée et surtout après avoir senti l'agréable chaleur des lieux, il quitta le dessus de son haut pour un pourpois bien plus élégant et surtout bien moins chaud. Il creusa alors un instant dans ses souvenirs, à la recherche d'histoires à raconter. Il ne pouvait pas tout confier aux oreilles chastes de la demoiselle. Elle n'était pas une courtisane, pas une femme à laquelle il pouvait raconter moult histoires croustillantes. Il omettrait certains détails.

J'ai eu la chance de monter à la frontière du Nord et rencontrer des créatures qu'on ne voit que là bas. Ils ressemblaient un peu à votre chien, mais en bien plus énorme. Certain les nomment des diewolves. Ils ressemblent à des loups, mais en tellement plus gros et plus dangereux. J'ai eu peur, pour ne rien vous cacher et je suis resté des plus silencieux à les observer. Mais cette rencontre fait partie d'une des plus belle que je n'ai plus faire. Imaginez. Dans une forêt automnales; alors que les couleurs se font bien plus chaudes. Sous vos pieds, la terre est meuble, encore souple de la pluie tombée à peine plus tôt. Vous sentez l'odeur de l'humus et, entendez, à votre droite, le bruit d'une rivière. Et là, tout d'un coup, alors que vous vous y attendez le moins, une meute entière de loups géants. Ils se repossaient, j'en suis certain. Sans quoi ils m'auraient vu et... Votre serviteur ne serait certainement pas là pour vous raconter cette incroyable aventure.

Il s'arrête, sur un sourire. Bien entendu, comme souvent dans ses histoires, Elys ment comme un arracheur de dent. Mais n'y a-t-il plus drôle que de raconter des contes qu'il aurait pu, dans des légendes qu'il fonde à chaque secondes, vivre ?

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Les mots valent plus que les regards

Le maître Elys savait bien conter les histoires. Cela valait mieux puisque c’était son métier, mais j’étais toujours ravie de l’entendre. Comme je captais le mouvement du tissu, il devait ôter sa cape ou son pourpoint pour se mettre à l’aise. Je m’appuyais sur le dossier de mon fauteuil en l’écoutant avec une attention redoublée. Il était monté jusqu’au Nord ?! Comment avait-il fait ? Quoi qu’il fût libre ! Mais cela avait dû être bien difficile de s’y rendre si haut. Cela avait dû être bien avant l’hiver ? En quelques mots il m’avait plongé dans son histoire, je pouvais presque sentir l’odeur de la forêt, la terre meuble sous mes pieds, le bruit du vent dans les arbres, leurs craquements légers et là… les loups.

« Ce ne sont pas les loups du blason de la maison Stark ? Comment vous-êtes-vous retrouvé si loin dans les bois pour approcher ainsi ces bêtes ? Aviez-vous une demande dans le Nord ? »

Mon problème était que je réclamais toujours plus de détail pour pouvoir bien m’imaginer le monde dans mon esprit. Je ne pouvais imaginer une couleur, c’était impossible, mais je pouvais me faire une image précise parfois, à défaut de pouvoir voir le monde… C’était comme ça. Polar se leva souplement et vient se coucher près de moi. La porte s’ouvrit doucement et une servant entra en s’annonçant, des boissons chaudes pour nous réchauffer. Je la remerciais et elle sortit en laissant la porte entrouverte. Confiance, mais pas trop. Soit. Je tendis la main délicatement, j’avais entendu où le plateau s’était posé, mais je ne savais pas où étaient les coupes, j’avais peur de les renverser. J’en saisis une délicatement avant de la tendre au chanteur, elle était chaude, presque brûlante pour le bout de mes doigts, j’entrechoquais la base de la coupe avec l’autre, mais je ne me déconcentrais pas et lui tendis.

« J’espère que vous n’avez pas eu trop froid aux doigts. Grand-mère vous a-t-elle dit combien de temps vous alliez rester ? Par message je veux dire. »

Grand-mère ne serait pas venu le saluer elle-même. Elle avait trop de soucis ! Mais ce n’était pas très grave. Elle m’avait déjà fait la surprise de faire venir Elys qu’elle savait que j’aimais beaucoup. Avait-elle peur que je déprime cet hiver ? Possible. Ou peut-être voulait-elle égayer un peu Bois-de-Saule ?
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Tant de questions qui firent un peu plus sourire le barde. Il releva les yeux vers l'horizon par la fênètre, y cherchant là l'inspiration. Les loups du blason Stark. Existaient-ils seulement ou n'étaient-ils, comme la plupart des légendes, seulement bon pour rêver ? Il aurait aimé le savoir, trop curieux de ce monde. Elys croquait à pleine dents dans chaque légendes. Son absence de courage et surtout son incompréhension des armes l'éloignaient drastiquement des recherches. Il les laissait aux autres et se contentaient de tendre l'oreille dès qu'il en avait l'occasion. On racontait que les fils Stark possédaient des chiens trop gros. Il avait sauté sur l'occasion pour croire un peu plus aux histoires du Grand Nord.

C'est bien eux. Mais contrairement au blason des Stark, ils ne sont pas tous blancs. Au contraire, comme les loups, ils ont une infinité de couleur et je n'en ai pas vu un seul blanc. Certainement qu'ils ne doivent pas exister de cette couleur...

Il s'arrêta une seconde, voyant la porte s'ouvrir. C'est avec un glapissement de joie qu'il accepta la tasse fumante qu'on lui tendait. L'odeur de thym emplie ses narines. Ils avaient du faire secher mille plantes pour accompagner les blasons chaudes de l'hiver. Et par les Sept que s'étaient agréables de sentir enfin la chaleur sur le bout de ses doigts. Il les avait abimé en jouant dans la charrette dans le froid.

Je vous remercie, souffla-t-il à la servante, accompagné d'une œillade. Elle était jolie et certainement nouvelle entre les murs car il ne l'avait jamais croisée. Pourriez-vous signaler ma présence à Lady Ryger ? Elys, ajouta-t-il à la question dans les yeux de la demoiselle.

Elle inclina la tête avant de repartir, la porte entrebaillée sur son passage. Il failli lever les yeux au ciel, abandonna pourtant. C'était normal. Nul Septa n'accompagnait Liliyana et les Sept seuls savaient ce qui aurait pu lui arriver en compagnie d'un homme mal intentionné. Il n'en était pas un.

Où en étais-je... A oui, le Nord ! Et bien voyez-vous Dame Liliyana, je n'ai pas eu besoin de m'enfoncer très loin dans ces contrées. Avec la neige et l'hiver, les diewolves descendent beaucoup plus bas qu'ils ne le faisaient dans les légendes. Je voulais me rendre au plus proche de Winterfell. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de neige. Il va de soit, que j'ai rebroussé bien vite chemin.

Elys éclata d'un leger rire, comme moqueur de sa propre couardise. Il but une gorgée de la boisson, appréciant avec joie la douce chaleur qui montait en lui. Après quelques jours sur les routes, il se sentait enfin à sa place. Il faudrait qu'il trouve une maison où séduire la femme et passer l'hiver. Sur les routes, il ne tiendrait pas bien longtemps.

L'extérieur est glacé, je vous remercie pour cette belle intension. Pour ce qui est de ma présence... Je dois vous donner des cours de chants puis je repartirai. Je pense rester quelques jours à Bois de Saule, guère plus.

Il termina sur un sourire, oubliant déjà qu'elle ne pouvait pas voir. Liliyana semblait tellement à l'aise dans son environnement.

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Il eut un temps de silence avant que le maître barde ne reprenne la parole il devait s’imaginer mieux la scène pour répondre à mes questions. Je rajustais machinalement les plis de ma robe sur mes genoux en respectant la position que grand-mère m’avait appris : bien droite et toujours avec un sourire léger et très polis. J’attendais simplement la suite avec curiosité. Je hochais la tête en l’écoutant avec attention, des loups… mais juste énorme. J’aurais adoré voir ça… comme j’aurais adoré voir le visage de grand-mère ! Et Damon, et Grand-père et Hortense… Et beaucoup de chose en réalité ! Mais soit, les loups… de gros loups.

La servante vient porter des boissons chaudes. J’enroulais mes doigts autour de la tasse et bus une petite gorgée, ça faisait du bien aussi ! L’odeur était agréable, je fermais les yeux en savourant le liquide chaud qui glissa dans ma gorge, je ne fis pas attention à la discussion entre la servante et Elys. Elle ressortit rapidement en silence. Grand-mère n’aimait pas trop que les servantes discutent ou quoi que ce soit. Je posais délicatement ma tasse sur la table en écoutant à nouveau l’homme me raconter ce qu’il avait pu voir dans sa vie. Je n’étais pas étonnée qu’il soit reparti rapidement du nord, il aurait pu en perdre ses doigts ou sa voix. Soit sa vie d’artiste en soi.

« Je comprends bien. Vous avez été courageux. »

Je m’inquiétais de savoir combien de temps il allait rester avant de repartir sur les routes dans le froid et la neige. Je fis une moue, presque boudeuse, à sa remarque. Seulement quelques jours ! Je n’étais pas d’accord ! Je contiens un claquement de langue agacé avant de reprendre :

« Je n’ai pas eu d’aussi excellent professeur que vous depuis votre dernière visite ! Seulement quelques jours cela ne sera pas assez pour faire des progrès, je verrais avec Grand-mère pour que vous puissiez rester plus longtemps. Sauf si vous avez une commande. »

Je lui souris gentiment avant de tourner la tête en entendant le son du pas de mon frère qui entra dans la pièce. Il salua Elys avant de venir m’embrasser la joue.

« Tu sens le froid, le vent et la neige, Damon. »

Il me caressa tout doucement la joue, il avait le bout des doigts froid, avant de s’approcher de Polar :

« Tu l’as fait un peu courir ce gros pépére ?
- Tu viens de rentrer, tu ne vas quand même pas repartir déjà ?
- Non, non, ne t’inquiète pas. Je te laisse à ton cours de chant, tu m’appelles si tu as besoin. »

Je hochais la tête et devinai son sourire alors qu’il quittait la pièce, Polar n’avait pas bougé de à mes pieds. Je reportais mon attention sur Elys :

« Par quoi est-ce que vous voulez commencer ? »
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Courageux. En d'autre instant, Elys aurait éclaté de rire. Il se savait couard, en riant plus qu'il ne pouvait se le permettre. Mais jamais devant les autres. Car personne ici ne le connaissait, et, depuis le décès de Claire, personne n'était assez proche du barde pour connaitre ses pensées et ses sentiments. Au contraire, il évitait avec une précision méticuleuse les liens trop proches, refusant de souffrir à nouveau pour un corps étreint dans les mauvaises conditions. Il préférait le silence, fade et l'absence de rire. Dans les tavernes, par secondes, il offrait parfois son vrai visage. Mais ses rires n'en étaient que plus mensongers.

Devant Liliyana, toute fois, il voulait garder son avantage et ses histoires. Qu'elle le voit courageux... Peut-être que si elle y croyait suffisamment fort, il finirait par l'être. Même si, aux yeux d'Elys, le courage était loin d'être une qualité mais bien plus une preuve d'idiotie, engoncée dans des carcans que lui avait brisé depuis longtemps. Il le voyait, les braves, courant jusqu'à la mort en se jurant les plus forts. L'énorme différence entre lui et eux était là : il était en vie... Eux...

Je resterai aussi longtemps que vous le voudrez Liliyana. Vous progressez vite, plus longtemps je resterai à vos côtés plus douée vous serez quand je repartirais. Son sourire s'entendait jusqu'à sa voix. Et puis... Vous savez, avec l'hiver, les commandes se font rares.

Il serait nourri au frais de la princesse, logé au chaud et sans aucun frais. Que demander de plus ? Son talent lui sauvait, une fois de plus, la mise sur une situation qui s'avérait plutôt délicate.

Elys venait à peine de terminer sa tirade que le frère de Liliyana entrait dans la pièce. Il le salua d'un grand sourire, inclinant la tête comme il l'avait trop bien apprit aux côtés de noble. Poli, beau garçon, charmant et bien elevé. Elys avait une liste de qualité longue comme le bras pour ceux qui le voyait. Il se gardait bien de les contredire, malgré leur fille trop souvent couchée dans son lit.

Alors... finissez votre thé pendant que j'accorde mon instrument. Nous allons voir si vous avez perdu depuis la dernière fois en faisant quelques gammes. Je vous laisserai suivre les notes  ? Ne forcez pas trop pour le début, il ne s'agit que d'un échauffement.

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Ce n’était pas moi qui décidais s’il pouvait rester longtemps ou non, mais bien Grand-Mère, et si elle décidait qu’il ne devait pas rester… moi je ne pourrais rien faire et cela malgré des demandes, des yeux doux et qu’en savais-je ? Si grand-mère disait qu’il ne restait que quelques jours, il ne pourrait que rester quelques jours ! Mais j’essaierais de faire en sorte qu’il reste un peu. Et savoir chanter serait un argument de plus pour… m’avoir un mariage qui ne serait pas trop mauvais, même si jamais Elys ne serait accepté et quant à moi je l’aimais beaucoup mais pas autrement qu’en professeur de chant. Et Grand-mère devait sans doute avoir des plans la connaissant.

« Je ferais tout ce que je peux pour convaincre Grand-mère pour que vous restiez aussi longtemps que possible. »

Je ne pouvais rien promettre de plus, ce n’était pas moi qui décidais après tout. Polar bailla longuement et je le sentis s’étirer de toute sa longueur, tout comme j’avais senti le sourire dans la voix du musicien qui me donna quelques indications pour commencer à chanter. Je finis mon thé d’une gorgée, j’aurais préféré un peu de lait au miel, je n’avais pas une voix incroyable dont on pouvait se souvenir, mais je savais que je chantais bien. Après tout je faisais tout pour cela en tout cas. Je me levais, on chantait mieux debout après tout et Polar suivit le mouvement je secouai la tête en repoussant en arrière mes cheveux. Avant de gratter mon chien derrière les oreilles.

« Couche-toi Polar. »

Il obéit en baillant tout ce qu’il savait. Sacré chien… À se demander comment il avait assez d’énergie pour me guider. Mais visiblement ça ne le dérangeait pas. Je commençais à chauffer doucement ma voix en attendant qu’il finisse lui de s’accorder. Dès qu’il fut prêt je commençai à chanter mes gammes en faisant très attention à la justesse. J’avais beau essayer de m’entraîner tous les jours, j’avais l’impression que ce n’était pas assez. Et surtout que je n’avais fait aucun progrès depuis la dernière fois. Je continuais jusqu’à ce qu’il me dise d’arrêter ou qu’il me fasse quelques remarques.
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HRP : Pour écouter la voix d’Elle Fanning c’est par ici
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Elys se contenta d'un sourire à la réponse de la jeune fille. Il verrait de toute manière avec sa grand-mère. Et si aujourd'hui, mangé par l'envie d'un repas chaud et d'un lit douillet il se voyait pendant longtemps entre les murs de Bois de Cerf, il savait parfaitement que l'appel de la liberté reviendrait bien assez vite flotter à ses oreilles.

Il ne répondit pas, baissant déjà la tête sur son luth. Ses doigts s'arrêtèrent sur le manche de l'instrument, tournant les petites clés de réglage. Ses doigts jouaient, distraitement, pour trouver les bonnes teintes. Le froid faisait définitivement bien du mal à l'objet... Autant que l'age qu'il commençait lentement à prendre.

Puis Liliyana commença à jouer et les doigts d'Elys suivirent la montée des notes, l'une après l'autre. Il eut un leger rire aux réactions de chien de la jeune fille, puis se concentra plus particulièrement sur son elève. Elle avait à peine perdu et, il l'entendait parfaitement, faisait certainement consciencieusement ses exercices.

C'est très bien Liliyana. Vous n'avez pas perdu depuis la dernière fois. Il y a encore un peu de travail mais vous chantez déjà mieux que bon nombres de demoiselles.

Il s'arrêta, repris une gorgée de sa boisson chaude avant de s'installer plus confortablement, le luth sur la jambe, cette dernière croisée sur l'autre. Il faisait bon, il était bien et il savait qu'il avait encore du temps devant lui. Le froid de l'extérieur n'était déjà plus qu'un lointain souvenir alors que ses doigts se réchauffaient. Jouer lui faisait du bien. La chaleur encore plus.

Passons à des exercices un peu plus complexes voulez-vous ? Nous allons travailler l'amorce des sons, je pense que ça pourra vous êtres très utile. La première impression est toujours la plus importe n'est-ce pas ?

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Les mots valent plus que les regards

J’avais vraiment déjà d’une l’impression de ne pas avoir progressé, mais surtout d’avoir beaucoup perdu ! C’était vraiment rageant pour moi ! Déjà que je n’avais que très peu de qualités… si en plus je perdais ma voix… Je n’aurais plus aucune valeur ni rien… Non, je voulais progresser et il fallait absolument qu’Elys puisse rester le plus longtemps possible ! Sinon… Sinon… Sinon j’allais décevoir Grand-Mère, et ça non plus je ne voulais pas, absolument pas… Qu’est-ce que je ferais si Grand-mère ne voulait plus de moi ? Là non plus je ne pourrais pas supporter. Grand-mère c’était… plus ou moins toute ma vie, elle m’avait sauvé la vie… Mais c’était totalement autre chose. Alors je m’entraînais dur pour chanter avec beaucoup d’attention. Mais visiblement Elys semblait satisfait. J’inclinais poliment la tête vers lui pour le remercier.

« Merci Maître Elys. »

Je hochais la tête avec un petit sourire. Va pour un nouvel exercice alors ! Plus j’allais travailler, mieux ça serait. Et puis cela rompait les longues journées d’hiver, même si elles restaient en réalité courtes ! Mais au besoin il pourrait chanter aux dîners en plus ! Mais soit ! Concentration sur les exercices qu’Elys me demandait. J’étais bien décidée à progresser encore ! Pas que je voulais devenir chanteuse, Grand-mère ne l’aurait jamais accepté, mais parce que j’aimais ça.

On continua un bon moment jusqu’à ce que Damon n’entre presque sans bruit, il toussota pour avertir de sa présence.

« Lili, ça va être l’heure du dîner, et il faut laisser Elys se reposer. Maître Elys, une chambre vous a été préparé par l’intendant. Un serviteur va vous y mener. »

Je fis une révérence pour remercier le barde

« Merci pour la leçon Maître Elys, nous poursuivons demain ?
- Sans doute après votre visite pour Grand-mère elle voudra peut-être vous parler. »

Aie, le pauvre. Personne n’aimait confronter Grand-mère. Il paraissait qu’elle faisait peur, ça je voulais bien le croire. J’appelais doucement mon chien qui se leva avant de se précipiter pour nous suivre alors que je lui fixais sa laisse.
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Thème
An 302, Lune 12, Semaine 1


Elle travaillait dur, très attentive à chaque mots et à chaque sons. Elys l'écoutait, professeur sevère, corrigeant là un problème d'amorce ici une élévation de la voix fausse. Il enchainèrent sur des exercices de respirations et, alors que les heures s'écoulaient, Elys se prit à apprécier réellement l'instant. Il n'avait pas vu la nuit tomber à l'extérieur, allant même à montrer, par intermittence, à son élève ce qu'il attendait d'elle en joignant sa voix à la sienne. Il ne pouvait monter aussi haut dans les aigües mais se plaisait à la faire aller toujours plus loin et toujours plus haut. Liliyana avait une jolie voix et, avec beaucoup de travail, elle finirait par avoir un talent certain.

Il fut surpris par l'entrée du frère de son élève, qu'il n'avait pas vu arriver.

« Lili, ça va être l’heure du dîner, et il faut laisser Elys se reposer. Maître Elys, une chambre vous a été préparé par l’intendant. Un serviteur va vous y mener. »

Le barde répondit par un sourire, inclinant la tête par la même occasion. Il n'aurait pas dit non à une douche, encore moins à s'installer sur un matelat de plume. Les auberges qu'il fréquentait n'en avait que très rarement et, en dehors des grandes villes, Elys n'avait pas la prétention de vivre au dessus de ses moyens.

Nous verrons ce que me dira votre grand-mère Dame Liliyana. Je vous dis à tout à l'heure. Messir Ryger.

Il prit alors congés dès un et des autres, rejoignant la chambre allouée. Elys se laissa tomber sur le lit avec un plaisir non dissimulé et demanda à une jolie dame de chambre de lui apporter de l'eau chaude. Il avait envie d'un bain, d'un moment de délice dans la chaleur la plus complète et dans les parfums qu'il n'avait pas connu depuis longtemps. Il n'en pensait même plus à séduire, obnubilé par une seule et unique idée : la tranquillité de l'avant repas. Avant de rejoindre la regente du lieu, qu'il craignait autant qu'il l'appréciait.

Il s'habilla ensuite de pied en cape, dans une belle tenue qu'il ne sortait que pour les repas en compagnie des nobles. Neuve qui plu est, au brocard d'argent sur du fil aussi sombre que les nuits sans lune du Conflans. Puis il se prépara, pour rencontrer la fière dame de Bois de Saule.

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A Bard in Willow Wood – Part 1


- Better Bent than Broken -



L’absence de plusieurs hommes à Bois-de-Saule rendait Melantha encore plus autoritaire et aigrie qu’avant. Les servantes évitaient son regard, évitaient même de la croiser. Seul l’intendant, Hector, arrivait à lui faire face. Il faut dire que contrairement au petit personnel, Hector faisait quasiment parti des murs depuis le temps qu’il servait les Ryger. Par ailleurs, il avait été chargé ce jour de faire préparer une chambre pour un invité de marque. Melantha avait eu vent de la venue d’Elys, un jeune barde qu’elle avait déjà eu l’occasion et l’honneur d’accueillir à Bois-de-Saule. C’était un garçon fort charmant qui plaisait beaucoup à Liliyana, non pas pour ses charmes mais pour ses talents. La jeune perle du vieux saule avait alors appris le chant aux côtés du jeune orageois. Cela avait plu à Melantha et elle lui avait réitéré une invitation pour quand il repasserait dans le Conflans, non loin de leur demeure. C’était donc chose faite. Une chambre avait été préparée pour Elys et il ne restait plus qu’à attendre sa venue. De son côté, Melantha s’entretenait avec Perwyn sur ce qui se racontait en Westeros, sur ce qui se passait dans le Conflans. Elle lui fit part de ses doutes et ses inquiétudes quant à son frère Lymond et par conséquent leur fils, Duncan. Pas plus tard que la semaine passée, ils avaient appris que les Lychester n’avaient pas envoyé d’hommes dans le Nord. Ne pas répondre au ban de son Suzerain ferait poser d’innombrables questions à ce dernier. Que diable son frère faisait en refusant de contribuer à l’effort de guerre ? Certes, la vieille conflanaise comprenait le geste, elle-même aurait voulu épargner cela à ses hommes mais Perwyn s’était montré intransigeant. Si parfois, certains admettaient qu’il s’agissait de Melantha qui tirait les ficelles à Bois-de-Saule, celle-ci pouvait démentir cela en vantant le caractère têtu et autoritaire de son mari. Ils s’étaient bien trouvés ces deux-là.

Argumentant encore et toujours, elle voyait bien que face à Perwyn, cela ne fonctionnait pas. Au moins, il savait s’imposer et ne faisait pas partie de ces seigneurs qui se laissaient marcher sur les pieds. Il avait décidé que les Ryger répondraient à la levée du ban de lord Brynden. Certes, les Ryger n’étaient guère proche des Nerbosc mais ceux-ci étaient les Suzerains du Conflans depuis vingt ans maintenant. Perwyn ne voulait pas que sa famille soit vue comme des traitres. Une guerre faisait rage dans le Nord, une guerre obligeant les Ouestriens à tous s’unir. Les Ryger en feraient partie, par devoir, pour l’honneur. Melantha n’avait alors plus rien dit sur ça et s’était donc préparé à voir deux de ses fils et deux de ses petits-fils partir pour la guerre. Ils seraient alors accompagnés de ser Robin Ryger. Si cela pouvait légèrement la soulager de le savoir avec eux. En vain. Voilà maintenant quelques jours qu’ils étaient partis et elle s’inquiétait déjà. Oh, elle n’en voulait pas à Perwyn, elle savait bien qu’ils devaient contribuer à l’effort de guerre mais cela lui rappela trop la rébellion du Cerf, cette rébellion durant laquelle elle perdit son Lanner. Le regard fixant celui de Perwyn, cette fois, la conversation concernait Liliyana. Elle allait sur ses vingt ans l’année prochaine et tout comme Damon qui les avait déjà, Perwyn songeait déjà à des alliances. Melantha s’était farouchement opposée à cela, voulant garder encore ces petits-enfants près d’elle. Elle avait une relation particulière avec ces deux-là qu’elle avait elle-même élevée. Si marier Damon était moins dérangeant que marier Liliyana – ce qui impliquerait un départ de Bois-de-Saule pour elle – elle ne pouvait se résigner à le faire. Elle mentionna Cleos et Kyra, deux de leurs petits-enfants qui seraient plus à même d’être mariés. Elle voulait encore rpéserver l’innocence de sa petite Lily. La discussion dura plusieurs heures. Ils furent rejoints par leur fille Celia. Cette-dernière finit par convaincre que sa mère qu’ils devraient discuter des possibilités pour Lily. Bien sûr, le vieux saule y avait déjà réfléchi. Elle savait qu’elle était plus proche de la mort que de son insouciante jeunesse. La discussion fut alors interrompue par l’intervention d’une servante qui n’avait pas osé les couper. Ce n’est que lorsque Melantha se tourna vers elle, ayant senti une présence externe, que la servante s’invita et s’inclina.

- En voilà des manières. Vous épiez vos maîtres maintenant ?

La jeune servante se défendit aussitôt, confessant qu’elle aurait en effet dû s’annoncer mais qu’elle n’avait pas voulu couper ses seigneurs dans leur conversation. Si Perwyn s’était montré plus doux avec la servante, Melantha elle, restait campée dans son rôle de matriarche autoritaire qui lui allait si bien. Son mari était sur le point de dire quelques mots mais il fut coupé par son épouse qui repris d’un ton sec.

- Bon, que voulez-vous ? Allez, annoncez ce que vous étiez venue nous annoncer ! Par les Sept, n’avons-nous que des servantes écervelées !

La servante, bégayante, annonça alors après quelques minutes de silence, l’arrivée du barde Elys. Elle dit aux trois Ryger que le jeune barde se trouvait en compagnie de Liliyana pour sa leçon. Melantha roula des yeux, ne jugeant pas capitale cette information. Quelle sotte ! Malheureusement pour la matriarche, Perwyn lui avait récemment interdit de renvoyer systématiquement le personnel qui l’exaspérait. Il lui déclara qu’ils finiraient sans servante si elle continuait comme ça. Elle lui avait alors rétorqué qu’il devrait mieux choisir le personnel et qu’elle discuterait avec Hector des critères qui étaient les siens. Quoiqu’il en soit, la discussion sur l’avenir des petits-enfants était close. Le dîner allait être servi. Melantha sortit en premier et arrivée au niveau de la jeune servante toute tremblotante, le regard vers ses pieds, elle lui dit sèchement.

- Allez annoncer à lady Liliyana que le dîner est sur le point d’être servi et montrez à Elys la chambre qui a été préparée pour lui pour qu’il puisse se rafraîchir avant que nous passions à table. Allez !

- Je m’en occupe, Grand-Mère. Vanya, allez à la chambre d’Elys. Vous serez sa servante le temps de son séjour. Vous ferez ce qu’il vous demandera.

Damon avait débarqué sans un bruit et s’était montré gentil avec la jeune servante sous le regard exaspéré de sa grand-mère. Elle s’avança vers lui, posa sa main sur sa joue. Quel beau garçon ! Quelle gentillesse ! Elle savait qu’il avait également son petit caractère et cela la rassurait. Ne le réprimandant pas pour ça, elle se dirigea alors vers la grande salle où la table avait été dressée. Les membres de la famille Ryger étaient déjà présents. Du frère de Perwyn aux petits-enfants, tout le monde était là. Les Ryger étaient une grande famille. Si, à l’accoutumée, lady Celia avait la primeur sur la place se situant à droite de Melantha, ce soir-là, cette place revenait à Elys, l’invité. À sa gauche, la place était bien sûr réservée à Liliyana, sa perle. Il ne manquait plus que le jeune Elys que Melantha avait hâte de revoir. Elle ne s’assied donc pas et ils attendirent que le barde fasse son entrée. Melantha ne voulait guère commencer le repas alors qu’il manquait un invité. De plus, il était un tout petit tôt pour le dîner. Melantha avait instauré une certaine heure pour les repas et ils étaient là quelque peu en avance. Ainsi, le barde n’était finalement pas en retard, c’étaient les Ryger qui étaient en avance.

- Lily, j’espère que ton ami le barde ne s’est pas perdu dans les couloirs du château.


#677E52 : Melantha Ryger
#000066 : Damon Ryger

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Les mots valent plus que les regards

Je ne repassai pas par ma chambre, ma tenue était convenable et je rajustais simplement mon beau châle brodé par Tante Celia sur mes épaules. Damon me laissa faire, rajustant par contre quelques mèches de cheveux autour de mon visage. J’adorais quand il faisait ça, qu’il était aussi doux avec moi, il sourit avant d’ouvrir la porte. Je n’amenais pas Polar à table, ce n’était pas très propre et lui il n’aimait pas ça. Alors, je le confiais toujours à une servante qui partait le promener et jouer avec lui. Je n’étais pas très stricte, mais je tenais beaucoup à mon chien alors je voulais toujours qu’il soit heureux et qu’il puisse se dépenser. Qu’une servante lui fasse du mal et là je pourrais montrer les crocs. Mon chien, c’était mes yeux, je ne pouvais pas m’en passer.

J’entrais donc au bras de mon frère qui me mena à la gauche de grand-mère. Je fis une petite révérence pour la saluer elle et Grand-père. Je souris tranquillement à sa remarque avant de rire. Doucement, secouant la tête en pliant mon châle sur le dos de la chaise. Pas de craquement de bois, tout le monde était debout.

« Oh non grand-mère. Il va arriver, ne vous inquiétez pas.
- Il fallait qu’il se rafraîchisse un peu Grand-mère, il ne pouvait pas dîner en notre compagnie avec sa tenue de voyage. »

Je hochais la tête avant de tourner la tête en entendant des bruits de pas, c’était Hector, le pas était nerveux, il devait organiser le ballet des serviteurs comme tous les soirs. Je souris tranquillement avant de la tourner à nouveau, ce pas…

« Ah ! Voilà Elys ! »

J’avais entendu son pas, Damon rit doucement et je devinais qu’il se frottait sa barbe de trois jours.

« Tu as presque l’ouïe aussi fine que Polar ! »

En guise de réponse je lui tirais la langue avec un rire avant de me tenir bien droite et de faire une référence à Elys qui venait de rentrer.

« Maître Elys ! »

J’étais contente qu’il puisse nous tenir compagnie ce soir aussi. Même si Grand-mère ne serait pas forcément toujours très aimable. C’était Grand-mère après tout ! Moi je l’aimais comme ça.
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