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rares sont ceux qui voient ▄ liliyana ryger

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rares sont ceux qui voient

« Lewys ! » Pesta Hortense avant d'ouvrir d'un grand geste les rideaux de la chambre de son frère cadet. Elle se tourna alors vers le lit, et le corps assoupit de son jeune frère. « Lewys ! » Répéta-t-elle passablement agacée. Il était déjà tard, le soleil était au beau fixe ce matin malgré des températures de plus en plus froides. La rosée n'était plus une brume, c'était un chapelet de givre posé sur l'herbe, la mousse et les bâtiments. Il ne tarderait pas à descendre, ce fameux hiver tant redouté et rabattu par les Stark depuis des siècles. Il serait là. Présent invité crotté qui avait prévu de s'installer, grappillant de-ci de la toute petite faveur ou attention de ses hôtes, s'abattant avec impassibilité sur les cultures, les champs et creusant à coup sûr les gardes mangers. Il allait mettre à rude épreuve les corps, les âmes et les cœurs, rendant tous ces moments estivaux si délicieux plus difficiles à atteindre et leur prêtant un arrière-goût de trop peu. « Lewys ! » Insista-t-elle. « Quoi ? » Grommela-t-il les cheveux en bataille, la bouche de travers et les yeux collés par le sommeil. « Je me rends à Saule. Tu devras veiller sur Mathilde et Baptiste. » « Pourquoi tu ne les emmènes pas avec toi ? » Rétorqua-t-il. Agacée, Hortense se mise à ramasser le linge qui traînait à terre. « Non. » Répondit-elle en allongeant le plus longtemps possible ce simple mot de trois lettres. « Les métayers auront certainement besoin d'aide dans les vergers… Ils craignent de ne pas avoir le temps de récolter toutes les pommes avant… Tu sais… » « N'ont-ils pas des enfants eux-mêmes pour faire ce genre de corvée ? » « Tu es un blaireau pantouflard et fainéant. Père n'est pas là, Marq non plus, ce n'est pas une raison pour lambiner toute la journée à essayer tous les fauteuils de ce château. Tu as tes corvées. J'ai les miennes. Lèves-toi ou je te ferai lever. » Assura Hortense avant de sortir de la chambre. « Comment vas-tu t'acquitter de tes devoirs depuis Saule ? Hein… Dit moi sœurette ?! » Hurla-t-il.

Hortense s'était mise en route, en retard. Elle n'appréciait pas le comportement de son cadet. Il était exécrable sans la présence de Marq pour le canaliser, de nos cousins pour le fatiguer et de notre père pour le rabrouer. Qui étais-je ? Une bonne âme qui rabattait les oreilles de devoirs et de bonnes manières. Une sœur. Saule serait une parenthèse bienvenue. Liliyana. Un être doux que les Sept avaient décidé de pénaliser d'une cécité… Ou étais-ce un don ? Après tout, le monde n'était-il pas rempli d'aveugles qui ne savaient pas savourer le moindre instant, le moindre geste de tendresse, le moindre mot d'amour. Liliyana avait dû apprendre malgré tout cela. Hortense avait décidé d'être une compagne de route, une amie, une dame dont la présence serait assimilée à de la positivité et du réconfort. Saule se dessinait enfin. Superbe demeure des temps passés, châtelet aux dimensions respectables certainement semblables à celles de Château-Rosières. Son cocher avança la voiture jusque dans la cour attendant la venue de la maîtresse des lieux ou bien d'un membre de la maison. Dame Melantha Ryger n'était véritablement une femme facile, du moins, d'apparences… Hortense aimait penser ainsi. Melantha avait acquis l'âge d'être désagréable et exigeante. Le grand âge, celui qui ne vous laisse que peu de répit. « Lady Hortense ! » Lança une voix depuis les escaliers du château alors que la dame Piper se tenait dans la cour, tout juste descendue de son carrosse.

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J
e frottai le poil épais de Polar qui couina de bonheur avant que je ne lui lance le baton. Au bruit je savais que mon chien s’élançait dans les jardins pour le rapporter. J’aimais jouer avec mon chien, j’avais une servante qui faisait attention à ce que le chien ne fasse pas n’importe quoi. Mais je crois qu’elle en avait un peu peur de Polar. Oui il était gros, mais absolument adorable. Je lui frottais les oreilles à mon chien avant de reprendre et continuer. Au moins il m’obligeait à sortir à prendre l’air. Même s’il faisait froid même si c’était l’hiver. Polar adorait ça, il était heureux et rendre heureux mon chien que j’avais depuis deux ans ça me rendait aussi très heureuse. Et ce qui me rendait encore plus heureuse ? De voir Hortense ! Elle était mon amie et j’adorais la voir. Ou du moins l’entendre ! Elle ne venait jamais assez souvent à mon goût, mais avec l’Hiver ce n’était jamais pratique.

Je finis par rentrer dans le château, Polar sur mes talons, quand je rentrais il n’était jamais loin. De base il n’était jamais loin. Sauf quand parfois mon frère l'emmenait avec lui pour une chevauchée longue de laquelle Polar revenait tout content. Mais là il restait tout contre moi et je m’installais tranquillement avec certaines de mes cousines qui brodaient, j’écoutais autour de moi tout jusqu’à entendre enfin le bruit du carrosse. Je bondis sur mes pieds et Polar me suivit ainsi qu’une servante qui me tient pendant que je descendais les escaliers et qui me confirma que c’était bien la lady de la famille Pypper qui était là.

« Lady Hortense ! »

Polar bondit dans les escaliers en aboyant joyeusement, il avait reconnu son odeur et mon ton joyeux, mais il reste près de moi quand même. J’avançais vers la Lady et lui pris les mains avec un large sourire, heureuse de la revoir. Polar s’assit sagement près de nous et je posais une main sur sa tête, avant de sourire à la Lady :

« Je suis tellement heureuse de vous voir ! Comment allez-vous ? Venez vite ! Entrez n’attrapez-pas froid ! Polar, on rentre ! »

Le chien se redressa et je posais ma main sur son dos, le chien était particulièrement grand et il se mit en route je glissais mon bras sous celui de mon amie, heureuse de la voir. Autant que possible pour une aveugle.
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« Liliyana ! » S'exclamait Hortense à son tour. « Messire Polar. » Adressa-t-elle à l'intention du chien avant de le gratifier d'une caresse. Elles rentrèrent, euphoriques de se retrouver après quelque temps sans se voir. Tous ces événements avaient bousculé leur quotidien de dame. Et ce quand bien même elles étaient des dames de province. Ils auraient ri à Port-Réal, ri de méchanceté d'entendre ceci de la bouche d'une provinciale. Qu'est-ce qui aurait pu être bousculé dans leur train de vie campagnard et tranquille ? C'était justement cela. Le rythme du vivre ensemble, du quotidien, les activités féminines, tout avait été assombri par leur départ, à eux, les hommes. On pourrait considérer que c'était deux semainiers différents, celui d'un seigneur, héritier ou fils d'une belle famille de Westeros... Et puis celui d'une femme, dame de maison illustre, mais en fin de compte… C'était faux. Jour après jour, soir après soir, leurs vies s’entrechoquaient, se mêlaient, se répondaient, dialoguaient en se croisant quelques instants, parfois plus. Des parenthèses dans une existence tout écrite. « Fort bien, fort bien, et vous-même ? Vous êtes tout en beauté ce jour. Vous vous êtes apprêtée pour moi, ou est-ce pour un charmant jeune homme qui règne dans vos pensées, et qui m'aurait précédé dans votre emploi du temps surchargé ? » Hortense riait. Elle se moquait évidemment, sans méchanceté, mais avec légèreté, pour dédramatiser leur départ à tous.

Déambulant dans les couloirs du château, bras dessous, bras dessus, Hortense observait l'opalescence des yeux de son amie. Sans doute avait-elle deviné Hortense depuis longtemps. Les yeux étaient le miroir de l'âme, mais dépourvus de la capacité de voir, étaient-ils dénués de ce don de transpercer les corps et de voir au-delà ? Hortense ne le pensait pas, au contraire, Liliyana savait taper juste, savait deviner sans observer, savait tout ce qu'il y avait à savoir pour transcender son état. Un handicap qui n'en était pas un, en finalité. « Je vous ai apporté deux ouvrages ce jour, l'un purement et dramatiquement romantique… Des roses, de l'eau, de la passion évidemment… De l'amour ! Tout ce que nous adorons. » Hortense serra avec complicité le bras de son amie. « Et un livre de poésies, davantage lyrique que le premier, mais aussi plus mélancolique. Le choix est vôtre, même si j'ai une petite idée sur ce que votre esprit sensible va préférer. » Hortense sourit. « Dites-moi, comment va votre grand-mère ? Aurons-nous le plaisir de la voir nous rejoindre aujourd'hui ? » Hortense aimait bien la grand-mère de Liliyana. Un instant, elle afficha un large sourire. Qui est-ce qu'Hortense n'aimait pas ? C'était plutôt la question à se poser. Elle aurait pu prendre exemple sur sa mère qui n'aimait personne. Mais non. Elle avait pris le contre-pied, en imitant son père, qui, même s'il avait ses opinions politiques et ses affinités, savait que le dédain et la haine ne conduisaient à rien de bon… Surtout pas quand on voulait survivre en Westeros.

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J’aimais bine qu’on me nomme simplement Liliyana, mais seule ma grand-mère, mon grand-père, ou mon grand-frère, avait le droit de me surnommer Lili. C’était leur petit privilège. Bon, pas si petit que ça, ma grand-mère était une reine pour moi et je l’adorais de tout mon cœur. Polar sembla apprécier se faire nommer « Messire », mais il obéit à mon ordre et se colla à moi pour me guider alors que d’une main je touchais son dos pour m’assurer de ne pas me perdre. Je glissais mon bras sous celui d’Hortense sans honte ou peur. Nous étions amies après tout ! Et qu’importe ce qu’en pensent les autres. Même grand-mère aimait bien Hortense ! C’était pour dire ! Du moment qu’elle ne propose pas que mon frère épouse la jeune fille… Je n’étais pas sûre que mon amie apprécie l’idée quant à mon frère… Je n’en savais que trop rien. Je ris à sa remarque et haussai le menton légèrement.

« Fort bien également. Ne m’en parlez pas j’ai mit des heures ce matin à choisir la robe avec la plus belle couleur qui me mettrait en valeur. Ensuite je voulais qu’elle soit brodée. J’y ai passé des heures. »

Je riais de mon handicap avec facilité. J’avais dix-huit ans ! Je n’avais pas le droit de me lamenter sur mon sort ou quoi que ce soit. Quant aux hommes, le premier s’approchant trop près s’il n’était pas de notre famille risquait fort de se faire foudroyer par ma grand-mère ! Elle détestait qu’un homme s’approche. Le seul que je voyais régulièrement c’était le fils du tailleur. Et encore. Je guidais mon amie, en m’aidant d’elle, dans les couloirs de ma demeure pour y trouver un petit salon paisible où nous pourrions discuter tranquillement. J’avais mémorisé beaucoup de trajet, à force je connaissais tout par cœur. Sauf quand on déplaçait des meubles. Je sentis le regard de mon amie sur moi et j’inclinais la tête vers elle, l’invitant à parler ou se confier. Deux ouvrages ? De l’amour ! J’eus un rire joyeux, et de la poésie. Bien que j’adorais chanter, la poésie était bine différente. Et puis… pour en discuter et se moquer des personnages… J’ouvris la porte et entrais dans le salon et invitais Hortense à s’asseoir en-même temps que je pris place. Je plissais le nez à sa remarque, frottant l’épais pelage de Polar qui s’installa à mes pieds.

« Grand-mère a du travail, alors je pense qu’elle ne viendra pas. Mais elle va bien, je vous remercie, et votre famille ? Votre frère ? Lisons le livre romantique ! Découvrons donc un monde emplis de chevalier et de gentils-hommes et de femmes… Comment avions-nous dit la dernière fois ? Ah oui ! Au cœur aussi fragile que les ailes d’un papillon. »

Nous nous moquions des personnages, c’était également des leçons de vies. La poésie… pas aujourd’hui, j’avais plus envie de rire et Hortense avait un véritable don pour conter les histoires.

« Voulez-vous boire quelque chose Hortense ? Tisane, infusion, vin, lait… »

Polar se leva et s’étira longuement et je le devinai aller voir Hortense pour quelques caresses.
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Liliyana était tellement paisible, tellement facile à vivre, tellement joyeuse… Ce tempérament laissait rêveuse Hortense face à tant d'autodérision et de pudeur. Évidemment, Hortense n'était pas de ces demoiselles à avoir un ego digne des rois et reines de puissants royaumes, néanmoins, il y avait des sujets sur lesquels elle riait avec difficulté… Elle se savait naïve, et d'une beauté peu remarquable comme lui avait si longuement et souvent répété feu sa mère. Cependant, elle se savait belle d'esprit et elle aurait eu du mal à entendre le contraire de la part d'un critique, proche ou lointain. S'agissait-il de vanité, d’ego ? Hortense ne le pensait pas. Il n'y avait pas de défaut à savoir là où résidait ses points et par conséquent, ses points faibles. Liliyana riait, quant à elle, de tout, y compris de sa difformité. Hortense, elle, ne se serait pas permis de faire de même, quand bien même, elle possédait un lien privilégié avec la jeune Ryger. « Disons que votre choix s'est porté sur la bonne couleur. » Conclut Hortense, amusée.

Nous lirions donc dans le salon. Agréable pièce chauffée, confortable et réconfortante, un cocon de repos dans un hiver qui annonçait son installation dans le Conflans… Hortense avait-elle vécu un hiver jusqu'à maintenant ? Rien de mémorable. Quelques années, tout au plus. De la neige étincelante, le vent glacé du nord, le repos des arbres et l'absence des fleurs. Le gel pétrifiant les rivières, le givre sur les fenêtres, la solitude, le château endormi. La famille réunie. Famille. Hortense releva la tête à la question de Liliyana. Son frère. Marq ? Évidemment que non, elle voulait très certainement parler de Lewys. Son tapageur de cadet. « Lewys est aussi adorable qu'à l'accoutumer... Quand on fait abstraction de sa mauvaise humeur, de sa mauvaise odeur et de ses caprices infantiles. Il ronge ma patience comme un chien rongerait son os. Sans offense Polar. Père me manque. Il savait lui parler suffisamment pour le faire taire, mais sans aller trop loin. » Hortense lâcha un petit rire discret. Lewys. Insupportable garnement. Père lui manquait. Marq lui manquait. Son oncle et ses cousins. Il faudrait tout occulter et garder ceci pour laisser tout cela s'exprimer cette nuit, dans le noir et la solitude. « Vous passerez le bonjour à lady Ryger dans ce cas. » Conclut-elle.

« Je veux bien une tisane, quelque chose de chaud pour accompagner ces tragédies romanesques… » Assura Hortense. « Toutes ces histoires… Des femmes aux cœurs aussi fragiles que les ailes d'un papillon… Et que dire des hommes ? L'honneur guide leurs pas mais les envois toujours vers le plus grand des périls. À croire qu'ils n'apprendront jamais. » Hortense se mise à rire. « Imaginez que cela soit l'inverse… Des femmes d'honneur galopant vers leurs fins et des hommes aux cœurs fragiles comme les ailes d'un papillon. Quelle histoire cocasse cela serait. » Hortense reprit son sérieux en caressant le poil dru de Polar. « Le livre parle de deux familles ennemies qui ne s'aperçoivent pas que leurs héritiers s'aiment d'une passion follement dévorante… » Hortense ouvrit le livre afin d'en lire le titre. « Vénérand et Cunégonde. Ainsi s'intitule-t-il. J'ose espérer que vous ne le connaissez guère ! » Hortense plissa les yeux. « Avez-vous quelques infidélités de lecture à m'avouer ? »

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Si je devais être malheureuse et mal prendre la moindre réflexion parce que j’étais aveugle, je n’avais pas fini. En rire était bien plus agréable pour moi. Je me sentais bien plus libre d’en rire qu’autre chose. C’était aussi une force, puisque cela désarçonnait les gens. Ce n’était jamais volontaire bien sûr, mais c’était ma manière d’être. Je ne cherchais jamais à être méchante envers les autres, je préférais largement être aimable et rire de ce que je ne pouvais voir. Cela m’obligeait à faire confiance à des servantes ou à mon chien, mais ni les unes ni l’autre ne m’avaient trompé ou quoi que ce soit. Je souris alors à Hortense à sa remarque. Je sentis légèrement sa tension lorsque je lui posais des questions sur sa famille, peut-être n’aurais-je pas dû ? Sans aucun doute. Je hochais la tête à sa remarque sans rien dire de plus. Polar avait bougé, mais il ne semblait pas vexer.

« Je n’y manquerais nullement. »

Je demandais à la servante deux tisanes pour que nous puissions discuter en buvant une boisson chaude. Après un tel voyage pour elle cela ne pourrait que lui faire du bien. Je ris à nouveau à sa remarque, de belles histoires sans nul doute, mais nullement la réalité, il ne fallait pas l’oublier ! Je tapotais ma joue du bout du doigt à sa remarque.

« De mémoire il existe des femmes aussi intrépides que les hommes ! Si on pense aux femmes-sœurs des ancêtres des Targaryen en Valyria avant sa chute… Mais actuellement, je n’en connais aucune ! »

J’écoutais le résumé et hochai la tête. Je ne le connaissais pas, et un rire m’échappa à sa remarque. Je l’imaginais, une moue moqueuse sur son visage, cherchant à savoir la vérité. Que je lui offris :

« Une des servantes m’a relue des contes et les cours du mestre. Mais elle n’a en rien votre talent. Je… oh ? »

Damon se glissa dans la pièce, j’avais reconnu son pas, il s’inclina devant lady Hortense, la saluant avec respect et amitié, avant de s’approcher de moi.

« Je vais galoper un peu, veux-tu que je prenne Polar avec moi ?
- Oui ! Prends-le, qu’il se dépense un peu, je n’ai pas envie qu’il devienne gros et gras. »

Alors que Polar était un jeune chien vigoureux et qu’on disait puissant. Damon hocha la tête et appela Polar qui se dressa, il nous salua et disparu avec mon chien, tenant la porte à une servante qui déposa les tisanes. Je souris à Hortense.

« Polar a besoin de se dépenser, j’ai déjà joué avec lui, mais je crois qu’il aime tout autant galoper avec mon frère. Et c’est mieux pour lui qu’il passe du temps dehors qu’enfermé, je n’ai pas envie qu’il devienne gros et gras. Allons voilà votre tisane Hortense ! Commençons donc ! »

Je lui souris largement, heureuse de labelle journée qui nous était promis.
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« Évidemment ! » Hortense ria. « Ce n'est pas de la force des femmes que je doute, après tout, les Sept nous ont confié la lourde et extraordinaire tâche de porter et de mettre au monde… » Amusée, Hortense poursuivit. « Mais c'est bien plus un homme au cœur fragile et sentimental, en pareille période, dans notre entourage, qui assumerait, arrivé à l'âge adulte, ses sentiments et ses faiblesses… Hormis les bardes et les prêtres, personne ne loue plus la singulière faiblesse des hommes. » Hortense disait vrai. La société prônait cet idéal masculin débordant de testostérone, à la chevelure résolument gominée par le sébum de ses racines, aux odeurs marquées, aux muscles saillants et à l'allure fière et noble. Il n'en demeurait pas qu'ils étaient, comme tout à chacun, empreint de doutes, de désespoirs et de luttes internes qu'on nommait sentiments. Malheureusement la cage que le pouvoir et la guerre avaient érigée autour d'eux faisait que de point faible ils ne devaient pas être pourvus. À moins, et seulement dans ce cas, qu'ils souhaitaient que leur ennemi le retourne contre eux. Marq était devenu ainsi. Petit garçon, il ne cachait pas ses maux intérieurs, mais désormais, il était homme parmi les hommes, loup parmi les loups, taureau dans l'arène. Hortense soupira. « Imaginez un homme qui assumerait enfin ses sentiments, quelle révolution pour le genre masculin et quelle avancée pour notre société cela serait ! Malheureusement, ils doivent tous ressembler à des aurochs au poil hirsute, à l'odeur de musc et aux muscles gonflés d'hydromel… Sans quoi ils finissent par être le dindon au milieu de la basse-cour. » Damon interrompit le monologue virulent d'Hortense. Hortense salua à son tour le frère de Liliyana.

Hortense se retint de rire à la réflexion de Liliyana sur la corpulence de son chien. Gros et gras. C'était effectivement à ne pas souhaiter à cette pauvre bête qui finirait rapidement sur le carreau, avachi sur un tapis devant le feu de cheminée. Hortense attendit que Damon quitte la pièce pour reprendre et répondre. « Petite gourgandine… Vous m'avez été infidèle alors ! » Avant de rire aux éclats. Soucieuse. « Il n'est pas à souhaiter à Polar ce destin-là, effectivement. » La tisane servit. Liliyana pressa Hortense de débuter. Obéissante et disciplinée, Hortense ouvrit le livre et débuta. « Deux familles, égales en noblesse. Dans la belle ville, où nous plaçons notre scène, sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles où le sang des citoyens souille les mains des citoyens. » Hortense s'interrompit. « Dites-moi Liliyana, quel âge à Damon ? Je ne pensais pas le trouver ici alors que nombre de nos hommes ont suivi notre suzerain dans le Nord. » À moins que… Le père d'Hortense lui avait parler de l'attachement qu'avait lady Ryger pour la famille Tully. Un attachement que rejoignait son paternel. Néanmoins, est-ce que cet amour pour une maison disparue n'avait pas poussé les Ryger à n'envoyer personne au front ? Auquel cas, Hortense ne saurait qu'en penser.

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Je souris à la remarque de Hortense et hochai la tête. Em effet, nous avions chacun notre rôle dans notre société et les codes tacites et secrets la régissaient aussi bien que les lois édictaient par les hommes et les Dieux. Et moi… Moi j’étais au milieu de tout cela, petite poupée sans valeur aucune si ce n’était aux yeux de sa grand-mère qui l’aimait. Aux yeux des autres j’étais aussi utile qu’une plante verte. Je hochais la tête, avant de rire à son portrait des hommes. Fort heureusement tous n’étaient pas comme ça… Pas tous, la majorité oui, mais pas tous. Je ris à nouveau à sa remarque et m’inclinai.

«Puissiez-vous me pardonner ! Rien ne vous égale dans l’art de conter des histoires et des contes ! »

Je me mis à écouter l’histoire avant qu’elle ne s’arrête. Je plissais le nez à sa remarque et lissais machinalement mes robes.

« Damon a vingt ans. Il voulait partir dans le Nord avec nos hommes, mais Grand-père lui a interdit. Il n’a pas donné de raison, mais il lui a promis le pilori s’il désobéissait et si grand-père devait le chercher. Il dit qu’on a quand même besoin d’homme pour défendre les hommes à l’arrière avec les pillards qui vont aussi se montrer. Mon frère n’était pas content, du coup c’est pour cela qu’il sort beaucoup, il fait des rondes plus qu’une simple ballade. Puisqu’il reste à l’arrière il s’assure que tout se passe bien sur nos terres. Mais il était furieux qu’on lui ait refusé ce droit. »

Je haussais les épaules. Secrètement, j’étais rassurée que mon frère reste. J’avais déjà été assez triste qu’il parte faire son écuyage si loin de moi… Je soupirais et me penchais vers Hortense et soufflai bien bas :

« Je suis contente qu’il soit resté en réalité… J’aurais été morte d’inquiétude pour lui. Et je me sens plus en sécurité en le sachant a proximité. »

J’aimais l’aventure, mais jamais savoir mes proches à proximité. Polar était très bien aussi avec mon frère. Il reviendrait sûrement tout fou mais c’était tout aussi bien pour li qu’il profite de l’air et de la neige. Je me remis bien droite et souris à la jeune femme.

« Vous savez tout. »

Je n’allais pas lui cacher que Damon aurait voulu partir avec les hommes partis des Ryger.
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Hortense entendait et comprenait parfaitement tout ce que disait Liliyana, sur la réaction inexplicable de son grand-père, sur ce refus catégorique et sur l'incompréhension de Damon face à ce verdict sans appel. Lewys avait été dans le même état. Seize ans et déjà si belliciste, déjà si avides de partir se battre, de partir mourir… Comment pouvait-on gagner sur ce qui se déplaçait, là-bas, dans le Nord ? Abattre un cadavre réanimé, comment cela pouvait-il être possible ? Comment vaincre la mort. Hortense aurait voulu faire de même : résoudre son père à rester, à rester pour défendre le château au cas où cet assaut final ne réussirait pas, au cas où la mort l'emporterait sur la vie. Comment ferait Hortense alors ? Seule maîtresse des lieux avec un petit frère et des cousins qui comptaient sur elle ? Hortense aurait voulu crier sur son père, hurler, se débattre, le frapper pour qu'il cède, qu'il renonce à cette folie, qu'il jette un voile sur son honneur et ses obligations et qu'il reste… Lui. Marq. Leur oncle. Les jumeaux. Rommy. Comment ferait-elle s'ils ne revenaient pas ? Si aucun d'entre eux ne revenait. Submergée par une vague d'émotion, les mains d'Hortense se mirent à trembler. L'espace de quelques secondes, elle fut jalouse de Liliyana, envieuse de cette raison qu'incarnait le grand âge, sur le poids de la famille et l'importance de cette dernière. Isabeau avait beau avoir de nombreux défauts, elle n'aurait pas laissé les siens partir vers une mort certaine, pas aux dépens de sa propre survie. Hortense était venue à regretter l'absence de sa mère pendant quelques secondes. Ô. Marq, son très cher Marq. Son frère adoré, aimé, son repère. Reviendrait-il ? Tremblante, fébrile, Hortense saisit sa tasse de tisane pour en boire une gorgée. Elle décida de ne pas rebondir, de ne pas commenter, elle en aurait été incapable sans démontrer sa fébrilité… Horribles cauchemars qu'elle pensait réussir à contenir le jour, apparitions fantasmagoriques qui s'imposaient à elle la nuit, les siens ensanglantés et agonisant dans la neige… Sa famille, ses proches, ressemblant à l'idée qu'elle se faisait d'un mort-vivant. Château-Rosières encerclé. Nulle part où se cacher. Plus personne pour la défendre. Tremblante, toujours, elle reposa sa tasse sur la petite soucoupe qui lui avait été amenée avant de reprendre sa respiration. « Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens. » Reprit et répéta Hortense. « Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies à  pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux dont la ruine néfaste et lamentable doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents. Les terribles péripéties de leur fatal amour et les effets de la rage obstinée de ces familles que peut seule apaiser la mort de leurs enfants vont en être exposés sur notre scène. Si vous daignez nous écouter patiemment, notre zèle s’efforcera de corriger notre insuffisance. »

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J’entendis le cliquetis de la tasse de mon amie dans sa soucoupe. Les siens eux devaient être partis à la guerre… Pourquoi Grand-père avait-il si vigoureusement refusé que Damon parte… Il était volontaire… Certes, c’était horrible, et il y avait le risque qu’il ne revienne pas ! Mais cela aurait été son choix à lui… J’aurais été triste, mais il aurait eut la liberté de son choix… Est-ce égoïste de se sentir chanceuse et heureuse qu’il reste ? Alors que lui-même n’en était pas heureux ? Peut-être… Je ne savais pas. J’inclinai la tête vers mon amie, tendant adroitement la main pour la poser en douceur sur son bras.

Elle reprit sa lecture et comme d’habitude sous sa langue habile et son ton doux se formaient tout un livre d’image mentale dansant devant l’obscurité. Nulle couleur pour moi, rien d’autre que différentes nuances de noires, de blancs ou de gris. Comment imaginer une couleur ? Comment imaginer le rouge ? Jamais je n’avais vu la lumière, j’imaginais tout comme je le pouvais. On me disait que Polar avait le poil blanc, mon blanc à moi c’était la sensation des poils de mon chien sur mes mains et sa douceur. Le rouge, du sang, la sensation chaude du sang coulant… Je ne savais pas pour les autres… mais pour moi c’était comme ça que je le voyais simplement. C’était rassurant pour moi quelque part. J’avais mes couleurs à moi, vibrante en réalité de sensation que je pouvais connaître d’une manière ou d’une autre. Voir la couleur par le ressenti qu’elle m’offrait. Chacun avait ses propres méthodes. Je fronçais les sourcils à un moment.

« Attendez un instant, vous me contez, que ce jeune homme à donc une réputation de charmeur de bien des femmes… et notre adorable jouvencelle… accepte de lui parler et en tombe amoureuse ! Mais… voilà qui est bien étrange ! Ne se méfie-t-elle donc pas un peu ? Je ne comprends pas son raisonnement… Pense t-elle réussir à le changer ? »


Je fis une moue surprise un peu inquiète pour cette pauvre jeune fille qui ne semblait pas bien maligne malgré ce que disait les autres d’elle.
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« Votre ouïe n'est pas trompée. Elle lui accorde sa confiance. » Hortense regarda son amie, un sourire aux lèvres. « Comment en pourrait-il être autrement ? » Hortense tourna quelques pages en arrière avant de citer. « Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l’effet de ma prière. Vos lèvres ont effacé le péché des miennes. » Hortense esquissa un sourire amusé. « Avec de tels mots, un tel aplomb, un tel charme… Comment ne pas renoncer à toutes ses craintes ? Il n'a nul besoin d'arme pour désarmer, uniquement de son sourire et de ses mots… Et de ses lèvres, indiscutablement. » Commenta Hortense avant de rire à gorge déployée. « Je ne pense pas que la méfiance soit de mise. Ni même de vouloir changer ce qu'il est. Pensez-vous que l'amour ne peut transcender une personne au point où cette dernière retrouverait le droit chemin sans que l'on ait besoin de lui montrer la voie ? » Hortense le pensait. Au plus noir de la nuit subsistait toujours la lueur lunaire qui dissipait les ombres. Au plus profond des bois se dissimulait la clairière assurant répit et repos. Au-dessus des barricades passait l'amour à force de volonté et d'acharnement. Un coup de foudre pouvait révéler une nouvelle existence, bien loin de celle que l'on avait connue. Hortense était persuadée que c'était de cela qu'il s'agissait, de l'amour, le plus pur, le vrai, celui qui ne connaît ni tâche ni mièvreries suppurantes. « Il n'y a ni raison, ni raisonnement, que le sentiment et ce qui l'emplit… Elle ne pense plus avec la tête, mais avec le cœur. Son cœur papillon. » Dit-elle avant de caresser le bras de son amie.

Aimer. Inutile de dire que ce n'était pas véritablement le plus grand questionnement de leur temps. Les pères se souciaient peu de savoir si leur fille était heureuse ou non. Il était question de dot, d'influence, d'échelle sociale et de bien marier ses descendants. On aimait après. Ou on n'aimait pas. Tout ceci n'avait pas réellement de place dans les mariages. Il fallait procréer, que ça rapporte quelque chose : une dot ou des héritiers. Triste réalité. « Imaginez un peu qu'un beau jouvenceau vienne vous déclamer pareille tirade ? Quelle serait votre réaction ? Réécoutez encore ! » Hortense tourna à nouveau plusieurs nouvelles pages avant de réciter. « Oh ! parle encore, ange resplendissant ! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en arrière pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs ! » Hortense souriait, béate, enfantine. « Quelle réaction adoptée face à ce monologue ? Rejeter tout derechef ou bien se laisser griser par la passion qui monte en vous ? »

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J’écoutai mon amie en me massant le menton, je haussais un sourcil, ce n’était pas un sourire qui pourrait me charmer ! La parole oui, mais un sourire ou un physique gracieux. Ce n’était clairement pas à moi que cela fonctionnerait. Comme quoi être aveugle avait toujours un avantage. Ce n’était pas la beauté d’un homme ou d’une femme qui pourrait me donner confiance. J’écoutais bien plus les mots, les intonations, les mouvements… Tout cela oui, mais la beauté ou un sourire. Je donnais le mien à Lady Hortense avant de plaisanter à nouveau :

« Ce n’est pas avec moi que son sourire ferait des ravages. Comme quoi être aveugle à des avantages. »

J’éclatais de rire à nouveau, joignant mon rire au sien. J’adorais réellement rire de mon handicap. Mais j’avais du mal à saisir. Oui, sans doute était-ce beau… Mais voler ainsi un baiser à une dame dont on ne savait rien. Je plissais le nez à sa remarque, frottant mon menton. J’imaginais…

« Les miracles existent, donc je pense qu’on peut dire que oui… L’amour transcende tout. »

Mais uniquement dans les livres. Mais je gardais cette phrase pour moi. Je ne savais pas si j’aurais un jour cette chance d’aimer quelqu’un, ou que quelqu’un m’aime aussi fort que cet homme aimait cette femme. Grand-mère m’aimait ! Mais ce n’était pas du tout le même amour. Je posais ma main sur celle d’Hortense et lui serrais délicatement. J’aimais sentir sa chaleur près de moi et l’avoir à mes côtés. Je ris à sa remarque.

« Sans doute est-ce agréable de ne penser qu’avec son cœur, et pouvoir savourer ce moment. »

Je réécoutais sagement la tirade, beau… La beauté avec moi était tout à fait subjective. Je sentis le sourire de mon amie dans sa voix et je lui serrais tout doucement le bras. Je ne pouvais qu’espérer qu’elle trouve pareil amour… Elle méritait d’être heureuse. Je réfléchis un instant :

« Vous voulez dire passer la surprise de voir un homme passer la garde de Grand-mère et s’approcher de mes fenêtres ? Et bien, puisque je ne verrais point son visage, je crois que je serais touchée, mais j’aurais bien plus peur qu’il ne se fasse attraper pour me laisser griser ! Mais je vous l’accorde… Cela a un aspect romantique. Mais on voit que cette douce jeune femme n’a pas de fidèles gardiens. »

Grand-mère n’aimant définitivement pas qu’on puisse me regarder de trop, surtout quand on était un homme. Je tournai le regard vers mon amie, ma main toujours sur son bras.

« Et vous Hortense ? À quoi ressemblerait votre parfait jouvenceau ! »

Je la taquinai gentiment, mais je savais que pour moi décrire quelqu’un physiquement relevait de la gestuelle. J’aimais dessiner les visages du bout des doigts pour me faire une idée. Je le faisais tous les jours pour mes grand-parents, ou mon frère. Hortense, j’avais dû lui faire au moins une fois, mais cela remontait.
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Les miracles existaient. Il faudrait y croire. Hortense devrait y croire. Tous reviendraient. Ces quelques mots avaient une résonance toute particulière, différente de celle que Liliyana avait voulu donner. En voulant parler d’amour, Hortense avait finalement replongé dans sa mélancolie… Son père. Son frère. Ses cousins. Son oncle. Cette vieille chanson dont on ne parvenait pas à se débarrasser de l’air ou du refrain. Ce vieux rêve qui revenait sans cesse hanter vos nuits, quelques instants parfois, quelques indices parsemés d’ici de là. Des rêves du retour à la vie. Des rêves du retour à un quotidien. Des rêves de futur. « Vous ne vous laisserez pas amadouer aussi facilement Lilyana, je vous le concède. » Assura Hortense avant de sourire. Caressant avec nonchalance la main de son amie, Hortense écoutait ses réflexions… Sensées. « Je ne dis pas, cependant, que cet instant va durer éternellement… Le cœur a ses raisons que la raison ignore, mais il n’aveugle pas éternellement. Nous pouvons peut-être imaginer un revirement de situation dramatique pour cette belle Cunégonde ! » Hortense retint un rire. L’homme qui allait passer les remparts de Bois-de-Saule, traverser la cour, passer les gardes pour finalement atteindre la chambre de Liliyana ne serait pas prêt à affronter ce qui allait l’attendre… Melantha était comme ces dragons des histoires enfantines, gardant le plus grand des trésors et impossibles à affaiblir avec des mots et des compliments. Fidèle protectrice, inflexible grand-mère, étouffante présence qui pourtant devrait laisser Liliyana s’en aller… À moins que cette situation convienne à la fois à l’aïeule et à la jouvencelle. « Votre grand-mère est certes extrêmement intimidante… Mais qu’est-ce que la peur face à l’amour ? Je suis convaincue qu’un preux chevalier vous attend quelque part et qu’il saura se faire aimer de votre grand-mère. Il n’aura pas le choix. » Hortense lâcha un rire. « Je ne suis pas d’accord avec vous Liliyana… Sa nourrice est cette présence rassurante et apaisante dont Cunégonde a besoin, néanmoins, elle a conscience qu’une surprotection n’est pas une finalité… Exister dans un huis clos, est-ce un choix viable ? Je ne pense pas. Toute bulle finit par éclater, à l’image de la bulle de savon qui, légère et réconfortante, s’élève avant d’imploser en une multitude de minuscules gouttelettes… Le monde finit par frapper à votre porte et vous ne pouvez pas éternellement le laisser patienter. Un jour vient où vous devez le laisser entrer. » Hortense caressa à nouveau la main de Liliyana. « Je pense que c’est ce qu’a compris la nourrice, malgré tout l’amour qu’elle porte et la protection qu’elle peut lui apporter, elle ne peut empêcher la vie de suivre son cours. Ce ne serait que s’engager dans une bataille perdue d’avance. »

Hortense n’avait jamais réellement réfléchi au prince charmant. Elle en avait rêvé, plus d’une fois. Des rêves d’amour. Évidemment, comme toutes les jeunes filles de son âge, mais tout était si flou… Tellement fou. Tout était beaucoup trop flou, pour elle. « Je ne sais s’il sera blond, brun ou roux… Je ne sais s’il sera grand ou petit. Je ne sais qu’il sera plus âgé ou bien plus jeune. Je ne sais qu’une chose. Je saurai quand je le verrai. Il ne sera ni idiot, ni sage. Érudit peut-être, ou bien valeureux chevalier. Je le saurai quand je le verrai. C’est tout. » Aimer une âme plus qu’un corps. Un coup de foudre. Si seulement cela pouvait être. « Et vous ? N’essayez pas de me faire croire que jamais au plus noir de la nuit vous n’avez imaginé qu’un homme se tenait à vos côtés… Que vous inspire le parfait galant ? L’homme de vos rêves ? À moins que vous ne vous destiniez à une existence abstinente ? »

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Je souris à mon amie avec un petit rire. Et non ! Le physique n’avait aucune influence sur moi. J’avais cette… chance ? Si on pouvait dire ? De ne pas pouvoir voir et être sujette à un coup de foudre purement physique. Oui c’était un avantage sans fin pour moi. Il fallait bien trouver des avantages à chaque handicap. Il fallait le faire, sinon depuis longtemps dans ce monde j’aurais perdu toute envie de rire et de sourire. Alors je faisais de l’humour et riais de mon handicap. Je me frottais le menton à sa remarque sur Cunégonde avant de hocher la tête. Sans doute n’était-ce que passager ? Mais je n’en étais pas sûre. Restait à lire la suite de l’histoire, et c’était toujours un plaisir pour moi de l’entendre me lire des histoires. J’eus une grimace, peu convaincue, par ce qu’elle disait.

« Je demande à voir. Et même si cet homme m’aime je doute fortement que l’amour soit ce qui mène ce monde à la baguette ma chère amie. »

Je caressais doucement sa main en réponse à sa douce caresse. Je me sentais bien à ses côtés, mais je savais et j’avais bien compris qu’avec mon handicap, je risquais plus de finir septa qu’autre chose. Ou marier à quelqu’un du peuple, ou à peu de chose prés cela. Je finis par hocher la tête à sa remarque, le monde venait, mais je n’étais pas sûre que Grand-mère le laisse me prendre. Je ne savais pas réellement. Je ne savais pas réellement quoi dire au sujet de cela, je serais toujours dans ma bulle d’une manière ou d’une autre.

« J’imagine et vous crois sur parole mon amie. »

Hortense avait l’air d’être aussi indécise que moi, enfin pour ma part, je ne pourrais jamais le décrire mon prince charmant. Je ris à la remarque de mon amie et serrais doucement sa main dans la mienne.

« Voilà qui est charmant ma douce amie ! »

Je restais muette à sa remarque et fis une moue songeuse avant de baisser légèrement la tête. Je ne savais pas, c’était tellement… étrange comme idée. Une existence d’abstinence… Je me mordis les joues sans savoir quoi répondre. Je finis par parler avec lenteur :

« Je ne sais pas… J’imagine surtout quelqu’un avec de grandes mains calleuses de guerriers… Plus grand que moi. Quant à la vie d’abstinence… Je sais que c’est un risque, parce que pour l’instant ma grand-mère me protège. Mais… si les sept la rappellent à eux… Je ne sais pas ce que je vais devenir. Personne ne veut d’une aveugle comme épouse. »

J’aimais les sept, mais je ne voulais pas y consacrer ma vie.
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Liliyana avait bien raison. Ce n'était pas l'Amour qui guidait le monde, malheureusement, ni l'amour marital, ni l'amour fraternel. Qu'est-ce que le mariage dans une société où les catins et les hommes de petite vertu se pressaient à votre porte pour vous faire goûter à des plaisirs réprouvés et jugés débauchés ? Qu'est-ce qu'un frère, qu'est-ce qu'une sœur quand, pour un peu plus de pouvoir, un peu plus de richesse, un peu plus de sexe, on trahissait, on mentait, on souillait un lien qui existait depuis de si nombreuses années ? Il n'y avait pas d'amour entre les Hommes, pas d'amour assez puissant pour vous permettre de vivre sereinement ou à votre aise. Néanmoins, l'Amour de la terre, l'Amour de la famille était fort. Toujours croire, toujours s'élever, toujours se faire voir, que l'on soit rose dans un jardin, perce-neige dans les steppes du Nord ou même fougère en pleine forêt. On voulait s'élever. Se faire gros comme le bœuf. Aller plus haut. Il ne guidait pas le monde, cet amour, mais il permettait tout de même à insuffler suffisamment de volonté aux Hommes pour se battre pour ce qu'ils jugeaient juste ou pour ce qu'ils voulaient obtenir. La violence était souvent le moyen. La haine l'emportait sur l'amour. La vengeance emmenait avec elle la guerre et le meurtre. Liliyana avait raison. L'amour était comme la femme d'un puissant. Toujours présente, toujours dans l'ombre et jamais entendue. Un bras armé qui ne voyait pas que s'il laissait tomber son épée, une main tendue pouvait, parfois, être aussi une réponse à n'importe quelle situation. « Pas l'amour non… Malheureusement. Mais heureusement aussi, qu'adviendrait-il de nous dans une société dirigée par les amours et leurs cohortes de plaisirs ? Une orgie perpétuelle gangrenée par les maladies sexuelles et des enfants à ne plus savoir comment les nourrir. » Cette pensée fit rire Hortense, d'un rire si profond qu'il l'emporta sans qu'elle puisse se retenir. Quel monde cela serait. Un monde à nu. Un monde de nus.

Septa. Hortense s'arrêta de rire de si tôt. Ni dévote, ni païenne, Hortense savait faire la part des choses. Évidemment, l'amour des cieux, l'amour des dieux, était une passion louable et pieuse… Mais quel gâchis que de vouer son existence à des êtres éthérés, qui, elle en était certaine, avait bien mieux à faire qu'écouter quotidiennement les petits malheurs des uns et des autres. Preuve en était : qu'avaient-ils fait face aux marcheurs blancs ? À ces démons de la nuit ? Rien. Devenir septa, c'était choisir une vie de recluse. De surcroît, qu'est-ce qu'une maison ferait d'une sœur aveugle qui n'allait savoir ni surveiller, ni lire, ni coudre. Il faudrait tout lui apprendre. Tout surveiller. Reprendre derrière elle. « Votre grand-mère sait parfaitement faire preuve d'anticipation. Je suis persuadée qu'elle a, et ce, de longue date, prévue une fin tout autre pour vous : ma chère Liliyana. » Hortense caressa la main de son amie. « Sachez, néanmoins, que si cette voie s'impose à vous, je ne vous laisserai pas voguer vers des rivages lointains… Vous resterez auprès de moi. Rien ne changera. » Si seulement. Si seulement.

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