Men go to battle, women wage war - ft. Rhaenys

À l’accoutumée, Port-Réal était une ville dans laquelle il faisait bon vivre. Du moins, depuis qu’elle y était, Alyria ne pouvait décemment pas dire qu’elle y vivait un enfer. Certes, elle n’était pas n’importe qui et faisait partie d’une maison noble des Terres de la Couronne mais il fallait reconnaître que Port-Réal n’était pas non plus la pire des villes. Néanmoins, elle regorgeait de monde et pouvait être assimilée à une fourmilière au sein de laquelle plusieurs troupes de gens allaient et venaient. C’est là qu’elle vivait depuis maintenant seize années. Seule dans les jardins du Donjon Rouge, Alyria repensait alors à toutes ces années. Si depuis près de trois ans, elle était mariée au roi Rhaegar, c’est en tant que sœur de Lord Farring qu’elle foula pour la première fois le sol de la salle du trône. C’était après la rébellion de Robert Baratheon et elle s’était faite la messagère des Farring et prêter allégeance au nouveau roi. Puis, quelques années après, elle devint la dame de compagnie de la princesse Rhaenys. La reine Elia était morte, non pas assassiner comme il arrivait parfois mais à cause de l’hiver. La jeune Martell était de santé fragile. Alyria devint donc une présence féminine, une présence maternelle pour la petite Rhaenys alors seulement âgée de cinq ans. Tout de suite, la jeune femme entra en confiance avec la princesse et toutes les deux devinrent très proches. Encore aujourd’hui, Alyria et Rhaenys étaient proches et l’étaient devenues encore plus qu’à cette époque. Cela faisait sourire la reine tandis qu’elle se promenait, saluant les courtisans sur son passage, oubliant tout ce qui pouvait la tracasser. Heureusement, les jardins du Donjon étaient apaisants. Si elle l’avait pu, elle se serait allongée sur l’herbe laissant le vent frais caresser ses joues, fermant les yeux, se laissant alors bercer par ses pensées perdues à des lieues de toute cette tension palpable. Elle finit même par s’asseoir sur un banc, seule. Ses dames de compagnie n’étaient pas avec elle. Alyria voulait être seule, profiter des derniers instants à Port-Réal avant son départ.

Tapotant le bas de sa robe pour en chasser la poussière, Alyria repensa au soir où elle s’entretint avec le roi. Si au départ, cela devait être un dîner normal, intime, pour qu’ils se retrouvent malgré tout ce qui pouvait se tramer en ces lieux, la reine ne s’attendait pas aux révélations de son époux ni aux confidences qu’il lui fit. Consciente de la situation des royaumes, elle ne s’attendait pas à ce que cela dégénère aussi vite. Le roi partait en guerre. C’est une des choses qu’Alyria avait retenu de ce dîner. Rhaegar partait, la semaine suivante, pour le Nord avec son armée. Cela n’aida pas la jeune femme à mieux dormir, elle, qui enchaînait les mauvaises nuits. Déjà qu’elle s’inquiétait pour Aerion, son fils bien aimé, mais aussi pour son mari, à la santé fragile, voilà qu’elle s’inquiétait désormais pour l’avenir de Westeros. Elle se posait tellement de questions qu’elle en avait des migraines. Et si Rhaegar mourrait ? Et si Viserys profitait de la situation ? Et si la capitale était prise par elle ne savait quel ennemi du roi ? Et si cet ennemi encore jamais croisé gagnait ? Et si ceci ? Et si cela ? Cela lui provoquait même des tremblement de peur. La reine était inquiète et elle avait bien des raisons de l’être. Elle savait que son séjour à Peyredragon serait rythmé par ses inquiétudes, ses doutes, ses peurs mais nul doute qu’elle pourrait compter sur la présence de ses dames de compagnie voire même de la princesse Rhaenys. Mais, elles ne s’étaient guère trop entretenues depuis leur retour à Port-Réal, deux lunes plus tôt. Le temps filait et les obligations et responsabilités de chacun les en avaient empêché. Quoiqu’il en soit, la situation était grave et Alyria était consciente que les prochaines semaines voire lunes seraient compliquées. C’est alors qu’elle vit au loin la princesse Rhaenys entourée de ses dames de compagnie. La reine sauta alors sur l’occasion idéale et alla à sa rencontre.

Alyria s’avançait donc vers sa jeune fille de cœur. S’il fut un temps où elle était à ses côtés comme l’étaient les demoiselles qu’elle voyait au loin, elle était désormais la reine et la belle-mère de Rhaenys. Après tout, elle l’avait quasiment élevé et ce, comme sa propre fille. Elle l’aimait, c’était indéniable et représentait énormément pour elle, au même titre qu’Aerion, son fils. Mais Rhaenys avait bien grandi. Elle était une femme maintenant, responsable. Malgré les événements du début d’année qui bouleversèrent en bien des choses la vie familiale, Alyria était toujours présente pour sa fille de cœur et elle la défendrait toujours. Cela ne l’empêchait pas de lui faire des remontrances quand les circonstances s’y prêtaient. Arrivant à leur niveau, la reine adressa un large sourire à la princesse et aux dames de compagnie qui lui firent la révérence. Sans un mot, elle fit bien comprendre qu’elle voulait parler seule à seule avec Rhaenys. Aussi, les dames s’éloignèrent quelque peu laissant la reine et la princesse seules. Elle n’avait qu’une hâte, c’était de pouvoir converser avec elle et de recueillir son avis. Pensant constamment à ses doutes et ses peurs, Alyria craignait de ne plus saisir les choses comme il fallait et elle voulait un regard neuf. Rhaenys était censée et loin d’être paresseuse. Elle saurait, Alyria l’espérait, la rassurer en ces temps de trouble et à quelques jours de son départ pour Peyredragon. Elle commençait par ailleurs à bien connaître cette grande demeure. Cette année, elle y avait déjà séjourné quelques semaines entre les septième et neuvième lunes. Cela fut reposant pour la reine. La capitale était une belle ville mais l’effet fourmilière lui pesait de temps à autre. Mais ce nouveau séjour relevait plus de sa sécurité. Il était même prévu qu’elle soit accompagnée de plus d’hommes que la dernière fois. Elle revint à la réalité, chassant la collection de pensées qu’elle avait, et sourit à la princesse avant de lui adresser quelques mots.

- Bonjour, Rhaenys. Je suis heureuse de te voir.

Alyria lui prit alors le bras et l’invita à marcher avec elle quelques instants. Elles avaient tellement de choses à se dire, à parler, la reine ne savait pas par où commencer. Elle n’osait pas débuter leur conversation en mentionnant son mari qu’elle avait probablement vu dans le Val. Robar était loin d’être un vulgaire vagabond à cornes mais le sujet était sans doute sensible. Elle qui rêvait que le mariage de sa fille de cœur se passe bien, elle n’avait pas eu de bol sur ce coup. La reine décida alors de commencer par la plus simple des manières. Au vu de la situation qu’ils vivaient tous et toutes, elle lui demanda tout simplement comment elle allait.

- Comment vas-tu ?

Seize ans. Cela faisait seize ans qu’Alyria était à la capitale, seize ans qu’elle voyait grandir, mûrir sa jeune protégée, la princesse Rhaenys Targaryen. À chaque fois qu’elle posait les yeux sur elle, tous les souvenirs de ces années passées à être sa dame de compagnie, sa mère de cœur, un soutien infaillible, lui revenaient en tête. Tous ces souvenirs lui faisaient du bien en ce moment. Comme Alyria n’avait pas forcément le temps d’avoir du temps avec la jeune princesse, elle se plongeait dans ses souvenirs heureux. Cela l’apaisait quelques minutes alors qu’elle s’occupait d’Aerion ou était en compagnie de ses dames. Mais aujourd’hui, ses souvenirs n’étaient pas suffisants. Rhaegar allait partir à la guerre ainsi que son fils, Aegon. La guerre. Cela effrayait Alyria au plus haut point. Et comme si cela ne suffisait pas, le retour d’Aegon à la capitale avait amené son lot de problèmes comme cette fâcheuse rumeur autour de son épouse. Alyria ne savait quoi penser de tout cela. Margaery Tyrell ? Tuer son propre père ? La reine était bien dubitative mais espérait grandement que cette affaire soit tirée au clair rapidement. La Couronne n’avait guère besoin de ce genre de rumeur en ces temps bien difficiles. Si Alyria pouvait compter sur le soutien de ses dames de compagnie à l’instar de lady Taena, la présence de la princesse Rhaenys était de loin le plus grand réconfort qu’elle pouvait avoir. Elle était donc plus que ravie de la croiser ce jour-là. Elle semblait toute aussi troublée qu’Alyria l’était. Elle le percevait malgré les apparences. Elle le ressentait. Après tout, elle avait élevé ce petit soleil qui était à son bras. Elle lui demanda tout simplement et en guise d’introduction à leur entrevue, comment elle allait bien que la réponse semblait déjà être connue de la reine. Et les mots de la princesse pointèrent son inquiétude. Mais il ne faisait aucun doute que la présence de l’une pour l’autre – et vice-versa – tendrait à apaiser leurs inquiétudes communes. Alyria et Rhaenys n’avaient guère eu l’occasion de parler longuement depuis leur retour quelques semaines plus tôt. Et Alyria ne savait par où commencer. Il y avait tant de choses à parler. Se confier à la princesse lui manquait, Alyria s’en rendait compte à chaque fois qu’elle la voyait, la croisait, lui parlait quelques minutes. Mais aujourd’hui, c’était l’occasion pour elles d’avoir une vraie conversation, partager leurs incertitudes, leurs inquiétudes, leurs pensées, comme avant, comme quand elles le pouvaient encore, bien avant tout ça, bien avant qu’Alyria n’épouse le roi. Menant la marche, Alyria comptait bien profiter le plus possible de la présence de la princesse.

- Et pourtant, ma chérie, ma compagnie n’est guère plaisante ces jours-ci.

Si les nuits étaient longues, celles d’Alyria étaient bien courtes. Son esprit était constamment tracassé. Le départ des troupes approchait, la guerre approchait et ses potentielles conséquences inquiétaient. Alyria, souriante, se sentait en confiance avec la princesse. Elle appréciait sa présence, lui faisait du bien et en ce moment, elle avait bien besoin de cette présence. Même si elles se confiaient parfois à ses dames de compagnie, la confiance que la princesse lui avait conféré depuis toutes ses années n’avait pas d’équivalent. Si la compagnie de la reine soulageait quelque peu la princesse, nul doute ferait que la reine serait soulagée après cette entrevue, un peu. Se dirigeant vers les jardins d’où elle était venue, Alyria préférait discuter dans un cadre plus agréable que de simples couloirs. Sentant de nouveau l’air hivernal sur son visage, elle répliqua d’une voix douce.

- Tu n’es pas sans savoir que je repars pour Peyredragon la semaine prochaine.

Elle marqua une courte pause, portant un regard sur la jeune princesse tout en continuant leur marche. Elle avait apprécié son séjour précédant à Peyredragon mais les raisons pour lesquelles elle y retournait ne lui permettait pas d’être enjouée à cette idée. Inquiète pour tout, inquiète pour sa famille, elle ne put retenir la demande qu’elle lui adressa.

- Rhaenys, ne serait-il pas préférable que tu viennes à Peyredragon, avec moi ?

Même si elle se doutait bien de la réponse, la reine Alyria espérait que Rhaenys accepte cette proposition. Elle voulait simplement s’assurer de la sécurité de sa jeune fille de cœur.

Être reine n’avait jamais été dans les plans d’Alyria. Tout ce qui lui importait depuis toutes ses années était la princesse Rhaenys. Elle était sa protégée, devenant l’équivalent d’une fille pour elle. Leur lien était si fort et si fusionnel que rien ni personne ne pouvait se mettre en travers d’elles. Pendant seize ans, elle la vit grandir et mûrir. Aujourd’hui, elle était devenue une jeune femme censée, consciente de son rôle de princesse, représentant fièrement la maison des Targaryen. Alyria ne pouvait être que fière et elle espérait, aussi respectueuse soit-elle, qu’Elia soit fière de ce que sa fille était devenue. Elle lui adressa alors un large sourire sincère cachant alors sa gêne quant au compliment de Rhaenys. Elle n’était plus sa dame de compagnie depuis maintenant trois ans et il était indéniable que cela manquait à la née-Farring. Être aux côtés de la princesse était devenu son quotidien et elle aimait cela. Mais désormais, elle était reine et en assumait pleinement les responsabilités. Cela ne l’empêchait pas de repenser avec nostalgie aux nombreux moments partagés avec la princesse, moments qui, ces-derniers temps, se faisaient bien rares. Aussi, Alyria voulait profiter de chaque seconde passée à côté d’elle, d’autant qu’elle était sur le départ. La reine partait pour Peyredragon dans une semaine et elle le rappela à la jeune femme allant jusqu’à lui demander de venir avec elle, d’être à ses côtés dans la forteresse des Targaryen. Alyria ne pensait qu’à la sécurité de sa fille. Elle la voulait également près d’elle, sa présence l’adoucissait et elle partageait ce lien si exceptionnel. Mais la reine n’était pas dupe et vit arriver la réponse de Rhaenys. Elle en était pleinement consciente mais elle s’était dit que peut-être, la princesse changerait d’avis, reconsidérerait la question en acceptant la proposition de la reine.

Le visage rayonnant malgré la fatigue et le lourd contexte dans lequel elles vivaient, Alyria se laissa prendre les mains, sentant la douceur de celles de Rhaenys. Leurs regards se croisèrent et une vague de pensées traversa l’esprit d’Alyria, revoyant alors la jeune princesse il y a quelques années déjà. Elle lui souriait, demeurant attentive à ses paroles qu’elle savait déjà. Rhaenys Targaryen demeurerait à Port-Réal. Il est vrai que la capitale allait se vider de beaucoup de personnes et notamment des Targaryen. Rhaegar et Aegon partaient pour le Nord, pour la guerre, pour assurer un avenir à ce monde. Alyria et Aerion s’en allaient pour Peyredragon pour leur sécurité, telle était la volonté du roi. Il ne restait ainsi que la princesse Rhaenys. Elle ferait ainsi office de représentation à la capitale et la protégerait. Ne pas s’en faire ? Cela était bien difficile pour Alyria mais elle comprenait et était rassurée – bien qu’effrayée la première fois qu’elle la vit – de la présence de Hurra, son dragon. Puis comme elle le disait, et Alyria acquiesçait, Jon Connington, la Main du Roi, était présent. Rhaenys n’était pas seule finalement alors que le reste de sa famille s’en allait. La reine était un peu plus rassurée mais, elle restait tout de même inquiète. Elle le serait probablement jusqu’à la conclusion de cette guerre. Elle avait bien grandi la petite fille de six ans dont le portrait était identique à celui de sa mère. Rhaenys n’était plus une enfant, Alyria s’en rendait une nouvelle fois compte. C’était une femme, une Targaryen forte, déterminée et courageuse. Elle lui promettait même que si les choses tournaient mal, elle la rejoindrait sans tarder. Alyria n’espérait alors pas que ce cas se présente mais elle était heureuse d’entendre que sa fille la rejoindrait si cela arrivait. La jeune couronnienne ne supporterait pas qu’il arrive quelque chose à un membre de sa famille et les Targaryen étaient sa famille désormais. Elle prierait pour chacun d’eux jusqu’à ce que le calme revienne à Westeros.

- Tu seras bien entourée, je n’ai aucun doute sur le fait que tu demeures en sécurité ici.

Elle posa une main délicatement sur sa joue et rajouta dans un sourire.

- Je n’espère pas que les choses empirent mais sache qu’une place t’attendra toujours à Peyredragon, à mes côtés si tu en ressens la nécessité. Mais je suis bien consciente que tu seras plus utiles ici que là-bas.

Rhaenys poursuivit à son tour en clamant qu’il faudrait de toute façon un visage familier lorsque Rhaegar rentrera et en cela elle avait entièrement raison. La main de la reine quitta la joue de la princesse pour rejoindre la deuxième. Elle qui était déjà inquiète par rapport à la santé du roi, elle l’était encore plus depuis l’annonce du départ pour le Nord. Si Rhaenys avait utilisé le terme « quand », dans l’esprit d’Alyria, elle l’avait transformé en un « si ». S’il revenait… Ce n’était pas sûr. Les guerres en temps normal étaient meurtrières, cruelles, violentes. Cette guerre-ci l’était encore plus. L’ennemi était inconnu, issu d’une légende d’un autre temps. Alyria baissa alors son regard quittant celui de sa jeune fille de cœur. Elle ne voulait pas qu’elle lise son chagrin de voir cette famille qui l’avait accueilli se séparer pour une durée indéterminée avec aucune certitude de se revoir. Elle voulait croire en la victoire des hommes sur les morts, bien sûr, mais ne pouvait s’empêcher d’imaginer la mort de Rhaegar ou même celle d’Aegon au cours de la bataille. Cela serait une catastrophe sans précédent. Mais la reine ne céda pas à cette panique soudaine qu’elle tentait de contrôler depuis plusieurs jours déjà. Face à Rhaenys, elle ne le pouvait guère. Elle avait probablement déjà deviné dans quel état elle pouvait être. Reportant alors son attention sur elle, elle lui répondit, les yeux quelque peu brillants.

- Tu as raison. Ton Père sera plus que ravie de te voir à son retour. Que tu sois la première personne qu’il voit en revenant le rassurera sans aucun doute.

Alyria n’avait pas ce pouvoir, pas autant que Rhaenys. Si la reine avait su par le passé apaiser l’esprit du roi, il ne faisait aucun doute que la princesse y arrivait à chaque fois. Elle pouvait aisément le comprendre. Rhaenys était sa digne fille. Ils avaient tant de points en commun et elle ressemblait à sa mère. Malgré le passé, Rhaegar ne pouvait oublier Elia Martell, mère de ses deux enfants. Alyria prit l’initiative de reprendre la marche, profitant de l’air frais du Donjon. Elle gardait près d’elle la main de sa fille qu’elle pressa dans la sienne tandis qu’elles se dirigeaient vers l’endroit où se tenait Alyria avant d’interpeler la princesse. L’air frais était si agréable. Cela semblait libérer l’esprit de la reine et elle en avait bien besoin. Tout le monde était inquiet. Le roi avait levé son ban, les nouvelles du Nord commençaient à se faire connaître. L’atmosphère devenait lourde. Comme si une guerre ne suffisait pas, une rumeur s’était amenée en même temps que le retour d’Aegon et Margaery à la capitale. Alyria n’osait imaginer l’état d’esprit de sa fille dont l’année qui s’écoulait ne l’avait pas non plus épargné. Elle demeura plus tôt silencieuse jusqu’à ce qu’elle invite Rhaenys à s’asseoir. Alyria appréciait cet endroit et elle y venait quand elle le pouvait pour s’aérer l’esprit, penser à autre chose. Mais à ce moment, elle y revenait pour partager un moment avec sa jeune fille de cœur qui serait probablement bénéfique à l’une comme à l’autre. Elle se laissa alors à une réflexion à voix haute tandis qu’elle afficha un visage plutôt inquiet, son sourire quelque peu discret qui n’était guère dans ses habitudes.

- Je ne sais vraiment plus où donner de la tête avec tout ce qui arrive ne ce moment… Donner l’illusion que tout va bien devient de plus en plus difficile… J’imagine que tu comprends ce que je veux dire… Cette guerre, cette ambiance, cette tension…

Elle espérait mais elle savait que Rhaenys la comprendrait. Alyria appréciait ses dames de compagnie mais il était de leur devoir de la soutenir et d’être là pour s’occuper d’elle. Avec la princesse, elle savait que ce qu’elle ressentait, elle le ressentait aussi. La situation actuelle était si délicate et compliquée. Il était sans doute normal d’être inquiète, paniquée, apeurée parce qu’il allait advenir. Mais il ne faisait aucun doute pour la reine que cette conversation avec Rhaenys, dont elle avait besoin, lui ferait du bien. Sans peur et sans reproche étaient les mots des Farring et Alyria avait bien du mal à faire honneur avec cette devise en ces temps si troublés.

Lorsque le roi la tint au courant de ce qu’il se passait dans le Nord, Alyria faillit en perdre l’appétit. Il y en avait des choses qui se tramaient en Westeros ces dernières semaines et la reine ne savait plus où donner de la tête. La compagnie de Rhaenys la rassurait alors qu’elle préparait déjà son départ pour Peyredragon, que son époux et fils de cœur se préparaient pour la guerre dans le Nord. Les rumeurs allaient bon train notamment celle autour de la princesse Margaery. Comme si cela ne suffisait pas, Dorne avait refusé l’appel du roi dans l’effort de guerre. Comment rester serein face à pareille situation ? Bien qu’elle ne l’envie jamais, c’est dans ces moments-là que la reine n’enviait encore moins la place de Rhaegar sur le Trône de Fer. Les responsabilités qui l’incombaient étaient nombreuses et les conséquences de chaque décision pouvaient être fatales pour le royaume. Mais Alyria devait se préserver. Elle était reine et avait aussi des responsabilités mais certaines choses ne dépendaient pas d’elle. Même si elle était fort inquiète quant à la situation dans laquelle ils vivaient, elle savait que son séjour à Peyredragon lui permettrait de penser à tout autre chose même si la chose était bien compliquée. Alyria profitait alors de ces derniers instants avec la jeune princesse, derniers avant un long moment. Les guerres pouvaient parfois durer de longues lunes. Nul ne sait combien de temps celle-là durera et donc dans combien de temps Alyria reverra sa chère Rhaenys et le Donjon Rouge.

- Tu as raison, oui.

Être mesuré, être neutre, laisser exprimer son opinion. Tels étaient les conseils avisés de Rhaenys à l’égard de la reine. Il fallait ainsi s’adapter à la situation même si parfois cela avait de lourds retentissements. Alyria ne pouvait qu’être d’accord avec la jeune Targaryen. C’était un mal pour un bien. Elle pensait ainsi à l’affaire autour de la princesse Margaery qui, malgré les bruits provenant du Nord, retentissait toujours à la cour royale. La jeune femme était accusée d’avoir commis un parricide. Quelle horreur ! Alyria en fut horrifiée en apprenant cela et ne savait plus quoi penser de la venue d’Aegon et de son épouse dans une période déjà si troublée. Bien sûr, la famille Tyrell ne tarda pas à suivre, clamant l’innocence de la jeune femme. Alyria ne savait que penser d’autant que cette histoire remontait à quatre années maintenant. Elle avait une pensée pour ce pauvre Mace Tyrell qui faisait ainsi parler de lui-même dans la mort. Mais ne voulant guère parler de ces événements troublants avec sa fille de cœur, encore moins s’il s’agissait là d’un des derniers moments passé ensemble, Alyria reporta son attention pleinement sur elle. À chaque fois que ses yeux se posaient sur elle, elle ne pouvait s’empêcher de penser à la reine Elia. Rhaenys avait en effet hérité de ses traits autant physiques que de caractère si l’on en croyait le prince de Dorne. Alyria en avait eu quelques preuves depuis toutes ces années et encore aujourd’hui Rhaenys ne trahissait pas son ascendance dornienne. Alyria reprit alors.

- Malgré la situation, propice à l’inquiétude, je sens que quelque chose d’autre te tracasse. Tu veux m’en parler ?

Alyria voulait que Rhaenys n’oublie pas qu’elle était toujours là pour elle. Certes, elle était reine désormais et avait moins de temps qu’avant. Elle avait Aerion à s’occuper également mais la reine trouvait toujours du temps pour sa fille de cœur. Elle enchaîna alors aussitôt.

- Oh, tu frissonnes ma chérie. Préférerais-tu que l’on rentre ? Nous serions plus à l’aise et au chaud dans mes appartements ?

The Sunny Dragon’s Worries – Part 1

Ce fut avec une grande stupeur que la reine Alyria apprit comme bon nombre de gens l’existence des dragons de ses beaux-enfants. Jaelyx et Hura. Cela en avait étonné plus d’un et la reine avait bien mis des jours pour se faire à l’idée que des dragons étaient en vie alors qu’on les croyait disparu depuis bien des siècles. Une nouvelle ère s’ouvrait. La menace dans le Nord et l’apparition de ces dragons en attestaient. Il fallut alors s’y habituer et les deux créatures ailées qui habitaient le ciel de Port-Réal appartinrent ainsi au décor du Donjon Rouge. Cela étonnait par moment Alyria, notamment quand elle marchait dans les jardins et qu’un bruit se faisait ressentir comme à ce moment-là lorsque les deux dragons se faisaient entendre. C’était une chose nouvelle à laquelle il fallait s’habituer désormais. Des questions apparaissaient également. Alyria se demandait si d’autres personnes que les Targaryen en possédaient. Cela changerait bien des choses à l’aube d’une guerre aux lourdes conséquences. Tentant de ne pas se laisser submerger par tous ces questionnements qui se rajoutaient aux inquiétudes déjà bien présentes depuis quelques semaines, la jeune couronnienne prêtait une oreille attentive aux dires de sa fille de cœur. Elle avait toujours été là pour elle et le serait toujours, du mieux qu’elle pouvait. Après toutes ces années à s’occuper de la petite princesse, elle était devenue comme une vraie mère pour la jeune Targaryen.

Alyria voyait bien que les pensées de Rhaenys étaient ailleurs. Le contexte s’y prêtait. Il y avait beaucoup d’inquiétudes et d’incertitudes quant à l’avenir qui leur serait réservé. Attentive, la reine écoutait la princesse clamer ses nombreux tracas. Elle voyait bien de quoi elle parlait, pensant alors à ses fameuses dames avec qui elle ne s’entendait guère. Le sujet houleux de son mariage avec Robar fut abordé bien évidemment. Il constituait là l’un de ses plus gros soucis depuis qu’il avait eu lieu et encore plus depuis sa… fausse couche. Elle parla également de son frère Aegon qui semblait bien amoureux de son épouse dont la famille était arrivée dernièrement pour la soutenir. Cette fameuse rumeur entachait la réputation de la princesse et de la famille suzeraine du Bief. Alyria partageait ses doutes, ses inquiétudes et ses peurs. C’est alors que la princesse mentionna Viserys. Ce prince déchu et exilé avait un œuf de dragon ? Alyria n’en savait rien mais elle acquiesçait les dires de sa fille. Cela menaçait leur futur surtout s’il décidait un jour de revenir en Westeros. Bien sûr, elle ne pouvait pas en parler au roi, son père. Il était si occupé ces derniers jours. Il se préparait à partir pour Winterfell sous peu, pour la guerre, pour la survie de tous les Ouestriens. Ce monologue s’était incrusté dans l’esprit de la reine qui remarqua alors que sa jeune fille frissonnait. Avant de lui répondre, elle lui proposa de rentrer mais Rhaenys n’était pas contre rester là, l’air étant vivifiant.

- Je vois que nous partageons certains tracas… Je voudrai tout d’abord te demander de me pardonner. Si ton père a été très occupé et le sera jusqu’à son départ, je l’ai été également depuis mon retour de Peyredragon et je n’ai pu guère être là pour toi comme je l’aurai souhaité…

Être reine n’était pas de tout repos lorsque l’on regardait de plus près. Alyria ne se plaignait guère de ses responsabilités et occupations. Elle assumait pleinement sa fonction et le faisait depuis le jour où elle avait accepté la proposition de Rhaegar. Mais il est vrai que durant cette année 302, il s’était passé tellement de choses qu’elle avait l’impression de ne pas avoir le temps. Elle s’occupait de plus en plus du jeune prince, Aerion, qui grandissait à vue d’œil. Elle était allée à Peyredragon pendant plusieurs semaines et elle n’avait pu être aux côtés de sa fille alors qu’elle se rendait dans le Val. Aujourd’hui, la guerre était à leurs portes et elle allait devoir y retourner. Alyria avait désormais l’habitude de cette grande bâtisse. Mais elle voulait au moins être là avant le départ, avant l’attente interminable qu’elles vivraient dans les semaines à venir en attendant une nouvelle du Nord. Lui adressant un sourire, prenant alors la main de la petite princesse qui avait bien grandi et mûri, Alyria lui répondit avec douceur, se voulant toujours bienveillante.

- Le contexte n’aide pas à prendre les choses une par une. Il faut pourtant que tu essaies, Rhaenys. Laisse de côté cette histoire d’œuf de Viserys. Nos pensées doivent aller vers ton père et ton frère qui partent au front. Nous devons prier le Guerrier pour qu’il permette leur retour en vie et victorieux.

Alyria ne voulait pas penser au prince Viserys. Il devait être loin, probablement à rallier des personnes à sa cause sur le continent oriental. Quand bien même il aurait un dragon, les Targaryen en avaient deux. Certes, ils appartenaient à Aegon et Rhaenys mais Alyria espérait que si Rhaegar devait faire face à son frère et son dragon, ses enfants l’aideraient dans ce nouveau conflit. Mais la reine ne voulait pas y penser. Il y avait déjà bien des choses tracassantes dans son esprit, dans leurs esprits. Continuant sur le même ton calme, la reine enchaîna cette fois sur les dames de compagnie.

- Concernant tes dames… il s’agit de lady Sara et lady Cassana si je ne me trompe pas ? Tu m’en avais déjà brièvement parlé. As-tu instauré un dialogue avec elles ? Parfois, mettre les choses au clair peuvent aider… Pour celle qui veut partir, qu’elle parte. Après tout, si tel est son désir, elle n’est pas prisonnière.

Alyria ne voulait aucunement se prendre la tête pour des histoires de dames de compagnie peu sympathiques. Elle tentait alors de comprendre à sa fille de cœur de bazarder la chose bien rapidement. Lady Sara voulait rentrer à Dorne ? Parfait, qu’elle parte. Personne ne pourrait blâmer la princesse pour cela si c’était la volonté de la jeune Le Voi de retourner dans sa famille. Quant à lady Cassana. Alyria était pour le dialogue franc entre deux personnes et Rhaenys avait sûrement dû essayer, du moins Alyria l’espérait. La charge de dame de compagnie était importante pour la reine et elle ne voulait pas que les deux tiers des dames de sa protégée ne lui conviennent pas. Cela instaurerait une ambiance peu agréable. Elle était loin l’époque où lady Wynafryd et lady Myrielle étaient les dames de Rhaenys. Malgré les réticences envers la seconde, la reine ne pouvait pas nier que Rhaenys s’était mieux entendue avec ces deux-là. Alors qu’elle avait encore quelques sujets à aborder, Alyria préféra laisser Rhaenys répondre au moins pour ces deux sujets… légers mais qui la tracassaient tout de même. Elles auraient encore bien le temps de parler de sujets plus houleux comme son mariage avec Robar et l’attitude de son frère Aegon. Alyria voulait prendre un problème à la fois. Elle ne voulait pas submerger la princesse et aller étape par étape. Alyria savait écouter mais elle savait également conseiller et aiguiller la Targaryen qui, après tout, n’était encore qu’une jeune femme de vingt-deux ans.

The Sunny Dragon’s Worries – Part 2

Alyria était consciente qu’en tant que reine, elle n’avait plus guère le temps de se consacrer à sa jeune Rhaenys. Cela faisait trois ans maintenant qu’elle avait épousé le roi et qu’elle avait ainsi quitté le service de sa fille de cœur, laissant la place à d’autres dames de compagnie qui s’occuperaient d’elle. Puis, Aerion est né et le temps lui manquait de nouveau. Bien sûr, il était faisable que la reine et la princesse se voient, s’entretiennent, mangent même ensemble mais ces petits moments devenaient bien rares, surtout cette année. Entre les séjours d’Alyria et les déplacements de Rhaenys, elles n’avaient eu guère l’occasion de parler, de se confier l’une à l’autre. Ce moment-là qui était le leur, elles en profiteraient. Alyria en profitait, c’était sûr. Elle présenta bien sûr ses excuses à sa fille mais, bienveillante et consciente de la place d’Alyria, Rhaenys ne lui en tenait guère rigueur. Mais elle était là, maintenant et sentait bien que la princesse avait besoin d’une oreille attentive, d’une oreille compatissante et des conseils de celle qui l’avait élevé et accompagné pendant treize années. Elle était peut-être la plus à même à l’écouter, la comprenant dans ce qu’elle pouvait traverser entre un mariage catastrophique, une lourde décision avec laquelle vivre, des dames de compagnie peu enclines à faire des efforts et un contexte de tensions qui rajoutaient des inquiétudes dans l’esprit de la princesse. Alyria avait alors décidé de prendre un problème à la fois. Elle devait laisser cette histoire concernant Viserys. Le prince était en exil. Œuf ou pas œuf, il y avait d’autres choses plus inquiétantes.

Alyria comprenait Rhaenys. Si prier n’embêtait guère la reine, elle pouvait comprendre que sa fille ne voulait pas faire que ça. Il y avait tant de choses à faire pendant l’absence du roi et du prince. Alyria sera, certes, à Peyredragon mais Rhaenys demeurant à la capitale, pourra montrer au peuple la présence des Targaryen toujours aussi forte. Les dragons y étaient pour quelque chose maintenant qu’ils régnaient en maître dans l’espace aérien de Port-Réal depuis un peu plus d’une lune maintenant. Il rappelait bien sûr un âge oublié mais montrait toute la puissance et la légitimité des Targaryen. Le retour des Dragons ne pouvait signifier que des bonnes choses pour la famille royale. Les temps changent et si la victoire était acquise, alors peut-être qu’une nouvelle ère de paix s’instaurerait en Westeros. Alyria l’espérait, le souhaitait, le rêvait. Elle ne voulait pas d’Aerion sur le trône, pas maintenant. Il était trop jeune et elle ne voulait pas de la régence. Elle ne voulait pas d’un pouvoir si grand entre ses mains. Rhaegar devait revenir. Rhaegar reviendrait. Rhaegar reviendra. La reine se montra alors compatissante et afficha un sourire attendri envers sa fille de cœur. Bien sûr que prier toute la journée n’était pas la solution et même pour une personne aussi pieuse qu’Alyria, cela deviendrait vite ennuyant. Puis le sujet épineux fut mentionné. Les dames de compagnie. Rhaenys lui fit comprendre que les choses n’étaient pas si simples comme pouvait le penser la reine. La princesse semblait avoir un souci de communication avec deux de ses dames dont l’une d’elle aimerait rentrer chez elle. La jeune dornienne avait bien choisi son moment alors que les tensions entre la Couronne et Dorne ne semblaient pas s’atténuer.

- En effet, ton père ne risque pas d’être sous un bon jour pour s’occuper de ce problème. Attendre son retour est plus avisé. Veux-tu que je leur parle ?

La proposition était venue spontanément à Alyria. Elle connaissait lady Cassana et lady Sara depuis qu’elles étaient au service de sa fille. Peut-être pourrait-elle aider cette dernière à débloquer cette situation qui semble être dans une impasse. Elle était reine après tout, elle pouvait de temps en temps user de ce titre. Elle ne ferait que parler à ces dames et essayer de comprendre la situation. Lady Sara souhaitait rentrer chez elle apparemment. Pour cela, comme venait de le souligner le dragon ensoleillé, il valait mieux attendre le retour de Rhaegar et que les choses se soient quelque peu apaisées. Doran avait refusé l’appel du roi à soutenir le Sud avec le Bief. Cela ajoutait encore plus de griefs entre Dorne et la Couronne. La situation était bien délicate alors le départ d’une dame de compagnie dornienne en ces temps bien troublés pourrait être mal interprété. La reine ne voulait guère s’immiscer dans les affaires qui regardait sa fille mais force est de constater qu’elle semblait bien démunie face à deux personnes fermées. Elle se rappelle également le départ de Wynafryd. Le roi n’avait guère été ravi, Alyria s’en souvient. Aussi, il valait mieux se montrer patiente et en attendant, opter pour une option plus avisée d’où la proposition de la reine envers la jeune princesse accompagnée d’une autre qui suivit.

- Comme lady Sara est dornienne, peut-être que ton oncle, le prince Oberyn, peut également s’entretenir avec elle. Je vous sais proche, cela peut peut-être apaiser les tensions présentes ?

Elle n’était pas sans savoir que la relation entre le prince et sa nièce était spéciale au vu de l’engeance de celle-ci. Peut-être pourrait-il agir dans l’intérêt de la Couronne et de Dorne. Il serait le mieux placé pour apaiser la jeune dornienne dans son désir de partir, de lui montrer les conséquences d’un tel départ dans la précipitation et de lui conseiller de réitérer sa demande lorsque le roi rentrera. Tel était ce que la reine pouvait proposer à sa fille. Car si Sara Le Voi souhaitait partir, dans les faits, rien ne pouvait l’en empêcher. Qu’elle parte. Mais le contexte tendu actuel ne permettait pas de prendre le moindre risque avec Dorne.


@Rhaenys Targaryen

The Sunny Dragon’s Worries – Part 3

Rhaenys sembla prompte à accepter la proposition de sa mère de cœur. En effet, la reine savait les tensions existantes entre la princesse et deux de ses dames. Les événements de début d’année n’avaient semble-t-il pas aidé à ce que la jeune Le Voi ou bien la jeune Chelsted s’entendent avec Rhaenys. La reine ne voulait pas que cela se poursuive ainsi, surtout au vu des tensions grandissantes et du contexte de guerre dans lequel ils évoluaient. La dornienne avait un caractère digne de sa région natale et comme le lui clama Rhaenys, il lui serait bien difficile de l’apaiser. La solution de faire intervenir le prince de Dorne sembla satisfaire la jeune femme. Si les tensions pouvaient s’apaiser jusqu’à ce que le Roi rentre victorieux, les deux femmes en seraient toutes deux soulagées, à n’en pas douter. Alyria avait à cœur le bien-être physique et mental de celle qu’elle considérait comme sa fille. Elle qui n’aimait pas les conflits, elle préférait arrondir les angles, apaiser les tensions tant qu’elle le pouvait. Elle était reine et représentait une certaine autorité. Bien sûr, elle avait bien cerné le caractère de la couronienne et de la dornienne. Elle savait à quoi s’attendre avec ces deux-là. Si au moins son intervention fonctionnait avec l’une des deux alors tout ne serait pas perdu. Pour la jeune dornienne, elle s’en remettrait au prince Oberyn. Qui de mieux qu’un dornien pour dompter une dornienne ? Souriant à la princesse, son regard se remplit de nostalgie alors qu’elle la voyait grandir au fil des années. Elle n’était plus la petite fille de six ans intrépide qu’elle rencontra seize ans plus tôt. Rhaenys devenait une jeune femme forte et déterminée mais en proie à quelques maux. C’est pourquoi Alyria avait voulu être présente à ses côtés aujourd’hui et ce, avant son départ pour Peyredragon. Elles avaient besoin toutes deux de se retrouver.

- Ce temps me manque aussi tu sais…

Le regard d’Alyria se plongea de nouveau dans celui de Rhaenys, comprenant la référence qui lui était faite. À l’époque où Alyria était dame de compagnie, il n’y avait pas ce genre de conflit comme il pouvait y avoir avec lady Cassana et lady Sara. La reine se souvenait avec joie de lady Wynafryd, lady Aelinor et même de lady Myrielle bien que cette-dernière, elle s’en était méfiée. Quoiqu’il en soit, elle en convenait qu’elles avaient toutes eu des relations plutôt cordiales avec Rhaenys. Les temps changent. Le contexte actuel en était la preuve. Le Nord était en proie à des créatures issues de légendes anciennes. Dorne restait de plus en plus en retrait. Le Bief était en proie à une affaire des plus délicates. Que pouvait-il arriver de pire après tout cela ? Cela était déjà bien suffisant pour angoisser la reine au point que ses nuits soient courtes. Aussi, il fallait profiter de ce moment qu’elles partageaient toutes deux. Certes, la conversation était centrée sur les inquiétudes de Rhaenys mais Alyria était là pour ça comme une mère était là pour écouter et épauler sa fille. Cela faisait partie de ses rôles. Celui-ci datait déjà de plusieurs années et elle y mettait toujours du cœur à l’ouvrage. Elle poursuivit alors dans un sourire, portant une main dans les cheveux de sa fille de cœur pour remettre une mèche en place.

- Heureusement, il nous reste les souvenirs. Ceux de ton enfance resteront gravés dans ma mémoire à jamais. Sois en sûre.

Mais entre parler du passé ou bien continuer sur le présent, Alyria en convenait que le mieux était de poursuivre cette conversation dans le sens où elle avait commencé. Rhaenys avait l’esprit embrouillé et il était clair que ce n’était pas en regardant derrière elle qu’elle s’en sortirait. Il y aurait bien un temps pour se rappeler de toutes les bonnes choses. Mais pour le moment, le mieux était de vider le sac qu’elle traînait tel un boulet derrière depuis plusieurs lunes maintenant. La main d’Alyria se posa alors sur celle de la princesse et son regard s’intensifia. Elle était si douce, si fragile. La reine voulait la protéger comme elle protégeait Aerion mais elle était consciente que la jeune femme qui se tenait face à elle n’avait sans doute plus besoin d’une mère protectrice. Après quelques secondes, toujours le sourire aux lèvres, elle poursuivit alors sur un tout autre sujet qui semblait tracasser Rhaenys et il fallait en parler...

- Je crois qu’il est temps qu’on parle de ton mariage… Je suis vraiment désolé pour toi, ma chérie, de voir le chemin que prend celui-ci… Je n’ai pas eu l’occasion de te demander mais j’imagine que tu as croisé ser Robar, ton mari, lors du banquet…

Que dire de plus ? Rien. Rhaenys en convenait elle-même. Ce mariage ne menait nulle part.


@Rhaenys Targaryen

Marriage Story – Part 1

Le mariage entre la princesse Rhaenys et le jeune Royce aurait pu bien se passer. Après tout, rien ne peut dire à l’avance ce que l’avenir, ce que les Sept réservent à un couple marié. Après l’alliance – certes ratée – entre la Couronne et Dorne via Viserys et Arianne, l’alliance avec le Bief via Aegon et Margaery, l’alliance avec le Conflans via Daenerys et Brynden, il était donc logique que le roi se tourne vers l’Ouest ou bien vers le Val pour trouver un époux à sa fille. Le jeune Robar Royce était donc l’heureux élu. Élu, ça, il l’était. De nombreux hommes auraient souhaité épouser Rhaenys Targaryen, la reine n’en doutait aucunement. Heureux. Malheureusement, il ne le fut guère longtemps. Ce mariage ne fut guère des plus heureux dès les premières lunes de son existence. Aujourd’hui, c’était encore pire et à voir le visage de sa fille qui lui en parlait, Alyria savait que rien de bon ne viendrait de ce mariage. Il était trop tard pour cela, surtout après l’avortement. Alyria écouta alors la jeune princesse avec attention lui détailler ce qui avait pu se passer dans le Val alors qu’elle était à Peyredragon. Ainsi, Rhaenys et Robar s’étaient vus. Malheureusement pour la reine, la suite ne se passa guère comme elle l’aurait voulu. Alyria n’hésitait pas en effet par moment à se montrer un peu plus dure avec Rhaenys quand il le fallait. La jeune femme savait que sa fille l’écoutait et la respectait. Ce mariage scellait une alliance entre la Couronne et le Val. Même s’il ne lui plaisait pas, elle avait le devoir d’au moins tenter de faire en sorte qu’il fonctionne. L’histoire de l’avortement n’a, bien sûr, pas permis cela mais Alyria préféra montrer son soutien à sa fille, Rhaegar étant déjà bien énervé de tout ça. Elle comprenait ce que vivait Rhaenys et la soutenir pleinement ne pouvait que lui faire du bien face à cette épreuve longue et douloureuse.

Au fur et à mesure que la jeune princesse parlait, Alyria savait ce qu’au fond d’elle, sa fille de cœur avait décidé. Il semblerait même que Robar et elle en soient venues à la même conclusion. Ce mariage n’allait mener à rien. D’un côté, elle savait ce que cela provoquerait chez Rhaegar mais de l’autre, elle ne pouvait en vouloir à Rhaenys. Il est vrai que ce mariage ne représentait plus qu’une prison pour ces deux êtres que tout opposait. Robar était reparti dans le Val tandis que Rhaenys continuait sa vie à Port-Réal. L’avortement scellait le destin de ce mariage raté et non voulu. Le roi en sera furieux d’apprendre ce que la princesse compte lui demander. Alyria n’était pourtant pas surprise. Quelle autre issue ce mariage pourrait-il avoir ? Aucune.

- Es-tu sûre de toi, Rhaenys.. ? Ton père risque d’être furieux face à cette demande. Tu en es consciente ?

Sa dernière phrase en revanche, Alyria eut un mouvement de recul. Donner à Robar une carte pour qu’il puisse la répudier. Mais comment pouvait-elle penser à une solution pareille ? La reine comprenait le désir de mettre fin à ce mariage qui ne donnerait rien mais de là à jouer la carte de la répudiation. Alyria n’était guère d’accord avec cette idée et le fit immédiatement savoir à sa fille de cœur.

- Te répudier ? Tu n’y penses pas, Rhaenys. S’il le faut, je parlerai et convaincrai ton père mais je t’en prie, ne te mets pas dans une nouvelle mauvaise posture pour te sortir de cette situation. Je pense que tu as déjà assez subi, tu ne penses pas ? Un mariage annulé passe encore. Une répudiation. Tu ne penses pas ce que tu dis.

Le ton était un peu monté. Alyria ne pouvait concevoir que sa princesse avait eu cette sordide idée. La répudiation, c’était bien pire qu’annuler un mariage. Cela sous-entendait que le mari avait jeté son épouse. Quelle rumeur traînerait encore sur Rhaenys après cela ? Que dirait-on d’elle encore ? Sa réputation était en jeu et si elle escomptait un meilleur mariage qu’avec Robar, elle ne devait certainement pas emprunter cette voie. Quel homme voudrait d’une femme qui a été répudiée ?


@Rhaenys Targaryen