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(même les petits)
Blood of my blood (Rhaegar)
queen of nothing
Blood of my blood
Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
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Port-Réal n'avait point changé depuis son départ. Malgré l'hiver l'absence du Roi pendant près de deux lunes, la capitale royale semblait pourtant égale à elle même avec son bruit incessant et son mélange paradoxal de grandeur et de misère. Ils étaient arrivés la veille, après un voyage exténuant les menant de Lestival jusqu'à la Cour Targaryen, s'arrêtant à plusieurs reprises en chemin afin de ne pas trop secouer Aemon pour son premier trajet. Le couple, demeuré dans le palais d'été de la maison royale depuis le tournoi, n'avait pas caché sa joie de quitter les terres de l'Orage après presque un an: solution temporaire après la renonciation d'Aegon, Margaery avait du se résoudre à y demeurer pour le bien de son enfant à naître. Elle ne voulait pas prendre le risque de mettre la vie de son bébé en danger, un point sur lequel Aegon n'avait pu qu'exprimer son accord: le souvenir de Gaemon les hantaient toujours. Cette sensation d'être coupés du monde leur avait permit de se retrouver, jusqu'à un certain points. S'ils retrouvaient amour, désir et complicité d'antan, la confiance était plus méfiante: Margaery redoutait l'abandon et les décisions hâtives de son époux, quand à Aegon, elle savait qu'il n'avait guère apprécié qu'elle parle de Jaelyx à sa grand-mère. Si cela s'était arrêté là ... Depuis leur départ, une étrange rumeur lui était parvenue aux oreille, une horrifiante histoire la mettant en scène, machiavélique et ambitieuse, dans un parricide des plus terribles. Comment pouvait-on penser cela d'elle ? Elle avait longuement pleurer dans les bras de Garlan, lorsqu'elle s'était rendu compte de l'accusation qui se portait sur elle sans en comprendre ni les origines, ni la raison. Avaient-ils besoin d'une telle histoire maintenant ? Après tout ce qu'ils avaient vécu ? Le sort semblait s'acharner sur le destin si lumineux de la Rose l'éloignant jour après jour de la couronne tant convoitée. Aussi lui restait-il l'amour mais là encore, Margaery doutait: elle aimait Aegon comme au premier jour, il était le père de son fils, son amant, son ami et son mari. Mais elle avait bien vu le regard du prince le choc de cette affreuse histoire et un instant, Margaery s'était demandé s'il n'avait pas réellement envisagé la chose. Cela la blessa plus que l'accusation en elle-même. Elle aurait été incapable de tuer, incapable de commanditer quoi que ce soit. Alors sur son père ! C'était la mine épuisée et morose que le couple princier était finalement arrivés sur place. Aegon n'eut aucun mot sur ses réelles pensées à propos de la rumeur entendue, laissant son épouse dans l'angoisse d'une attente de son jugement, dans la crainte de se voir de nouveau mise de côté, rejetée de ses grâces. Une situation qu'elle espérait démêler rapidement.
Ce matin là, pourtant, il ne semblait pas y avoir la moindre pensée. Retrouver leurs appartements, leurs effets, un lit confortable et installer Aemon dans le berceau, initialement prévu pour son grand frère, leur avait permit de passer une nuit reposante avant le grand jour. Aegon avait quitté la pièce pour prendre un bain, laissant son épouse aux mains de Myrena pour se préparer à la Royale Rencontre. L'arrivée discrète de la veille leur avait permit de se reposer, à présent, il était temps de faire leur retour officiel. La servante releva les cheveux de la princesse, tressés sur les longueurs, en un chignon d'entrelacs de mèches brunes recevant élégamment la tiare princière. Délaissant les robes tapageuses de sa vie à Port-Réal, elle opta pour une tenue plus modeste, humble et discrète en une robe beige et blanche parsemée d'arabesques en fils d'or. Remerciant Myrena, elle la laissa s'occuper du lit conjugal alors qu'elle même passait dans la pièce d'à côté, ancien bureau de son mari reconverti en chambre d'enfant. « Comment va-t-il ce matin ? » demanda-t-elle à la femme en train de changer les langes du petit prince. La dame d'une quarantaine d'années se retourna, exhibant une révérence avant de se retourner vers l'enfant. « Très bien, votre Altesse. » commenta la servante en terminant de langer le petit dragon. Margaery sourit, hochant la tête avant de regarder son fils avec tendresse. Aegon avait emmené Jaelyx aux premières lueurs du jour, le cachant à la vue de tous, l'emmenant avec lui pour se préparer. Elle comprenait: il voulait sans doute annoncer son existence lorsqu'il le déciderait. Mais le dragonneau allait avoir une année et Port-Réal n'était pas Lestival, elle espérait qu'il trouverait une solution rapidement. « Bien. Nous allons lui prendre la couverture de Lady Alla. » Annonça-t-elle alors que la femme, acquiesçant sans bruit, cherchait dans les malles, le fit vêtement. Alla avait fait un travail magnifique sur cet ouvrage: l'intérieur dans un tissu chaud gris perle était brodé de fils argenté représentant les emblèmes Targaryen et Tyrell entrelacés. L'extérieur, plus satiné, était de couleur noire et arborait une broderie complexe représentant le dragon tricéphale de la maison paternelle. Prenant son fils dans ses bras, Margaery l'enroula dans la couverture, jouant avec le bout de son nez pout le faire sourire. Après un dernier signe de tête en direction de la servante, elle revint dans la chambre conjugale pour y retrouver Aegon. Jaelyx s'était installé sur le dessus d'une étagère, dardant son regard sur l'enfant tout juste entré dans les bras de sa mère. « Prête ? » lui demanda Aegon. « Plus que jamais. » répondit-elle.
Les couloirs étaient familiers mais différents, semblables à ceux qu'elle avait tant arpentés et pourtant loin d'être les mêmes. Arrivés devant la porte de la salle du trône, Margaery regarda Aemon dont les yeux peinaient à rester ouvert. Elle sentie la main d'Aegon sur sa taille, échangea un regard avec lui et, d'un signe de tête, tenta de lui communiquer tout son courage. Ils passèrent les portes, tête haute, s'avançant jusqu'au pied du trône de fer. Qu'il était étrange de ne plus entendre la multitude de titre du prince. Prince de Peyredragon, héritier du Sept Couronnes, Grand Maitres des Navires. Non. Désormais, ils étaient juste Son Altesse Royale le Prince Aegon de la Maison Targaryen et son épouse, la princesse Margaery de la Maison Tyrell, épouse Targaryen. La révérence protocolaire d'Aegon ne fut pas suivi par son épouse: les bras encombrés par Aemon, la jeune mère se contenta de baisser la tête, fléchissant les genoux autant qu'elle le pouvait sans perturber l'équilibre du nouveau-né. Laissant à son époux, l'honneur des premiers mots, saluant celui qui était son Père et son Roi.
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Il venait de terminer la dernière des demandes publiques lorsqu’il remarqua le héraut demander aux gardes d’évacuer la Salle de toute personne extérieure aux stricts membres de la Cour. Il se pencha légèrement en avant vers sa Main, déclenchant une nouvelle vague de douleur dans son dos meurtris :
Sont-ils les suivants ? demanda-t-il sur un ton neutre.
Oui, lui répondit Jon Connington avant de se rapprocher de son Roi et ami et de lui demander s’il n’était pas heureux de voir son petit-fils.
Je ne saurais dire…lui répondit Rhaegar. Jon quant à lui, avait repris sa place initiale tandis que les portes s’ouvraient et que le héraut clamait les noms de son fils, petit-fils et de sa belle-fille. Rhaegar les contempla s’avancer vers lui, ses yeux détaillant avec minutie les trois silhouettes devant lui. Aegon s’inclina tel que l’exigeait le protocole ; Margaery se contenta d’une simple inclinaison de la tête, les bras étant bien chargé par une petite chose qui s’animait et se faisait parfois entendre, sa petite voix résonnant contre les murs de la Salle du Trône à moitié vide. Son regard se tourna vers son fils alors qu’il le saluait comme le voulait le protocole, ne sachant encore s’il lui était permis quelques mots plus familiers d’un fils envers son père. La mâchoire de ce dernier se crispait par intermittence, ses mains, secouées de tremblements, se cramponnèrent fermement aux extrémités des accoudoirs du Trône de Fer, rendant blanches les jointures de ses doigts. Un lourd silence tomba dans la salle que seul l’enfant venait troubler. Lord Jon, soucieux et inquiet de ce que ce silence pouvait laisser présager, tourna lentement la tête vers le Roi, qui enfin, parvint à desserrer suffisamment les dents pour répondre :
Bienvenue à Port-Réal, s’adressant à son fils comme à sa Rose d’épouse. Son regard restait fixé sur son fils encore un instant avant de se décaler vers Margaery. Il leva la main droite et d’un geste tremblant, il lui fit signe de se rapprocher de lui :
Approchez, je vous prie, lui ordonna-t-il toujours sur un ton neutre.
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Blood of my blood
Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
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Malgré toute l'assurance qu'elle arborait habituellement, Margaery demeurait une jeune femme de dix huit années, pleine d'incertitude et de maladresse face à la sévérité de la cour. Elle avait longuement désiré cette entrevue: la correspondance assidue qu'elle entretenait avec son beau-père n'avait pas pour seul objectif d'aider à la réhabilitation de son époux dans les bonnes grâces de la Cour, mais bien l'entretien d'un lien familial qu'Aegon avait mis à mal avec ses cachotteries et sa révélation choc. Les missives du Roi était empreinte de douceur, de tristesse, de regret. Margaery elle même s'y livrait pleinement, confiant les doutes qui l'assaillaient mais aussi les nouvelles les plus intimes de la vie du couple à Lestival. Elle partageait avec Rhaegar Targaryen chaque instant de cet exil orageois et de ce qu'elle se plaisait à nommer le retour de son époux dans le chemin de la raison. Un chemin qui, elle l'espérait, permettrait au père comme au fils, de retrouver leur lien perdu. Bien qu'elle appréciait être la seule à savoir pour Jaelyx, elle avait hâte que l'existence du dragon de son époux devienne publique: Aegon n'avait cessé de lui parler d'instinct, d'impression, de rêves étranges menant à sa renonciation puis à la naissance de la créature. Elle espérait qu'en Targaryen de sang, Rhaegar saisirait ce qu'elle même n'était parvenu à comprendre qu'au prix de longues discussion. Les raisons de tout ceci. Et pourtant, malgré toute son impatience, elle redoutait cette rencontre comme elle n'avait jamais rien crains d'autre. Elle n'était pas naïve au point de croire que le Roi n'avait entendu parler de ces vilaines histoires la concernant. Et elle redoutait ce qu'elle pourrait lire dans le regard lilas de celui qui avait finit par combler le vide laissé par Mace Tyrell.
La salle du trône semblait solennelle alors même qu'ils faisaient leur entrée et Margaery, bien que suivant le protocole, appréhendait l'instant où son beau-père ouvrirait la bouche. Après Lestival, il avait fait exécuter le Grand Mestre qui le suivait depuis tant d'année, renvoyé sa Main, renouvellé son conseil restreint. Elle n'oubliait pas non plus le sort réservé à son amie de toujours, Abigaëlle. Bien que l'ancienne Rowan ait sciemment décidé d'attenter à l'intégrité de son enveloppe charnelle, elle ne s'était attendue à une décision aussi dure. Décision à laquelle Willos n'était étrangère certes, mais ce qui concernait les Caron, par la suite, n'avait été que du ressort royal et sa tendre amie semblait aujourd'hui être devenue une amie imaginaire: son nom était devenue le tabou de la cour bieffoise, son mariage avec Bryce Caron avait été annulé. Seule preuve de son passage à Serena, son fils, Erich, qui la princesse avait pu voir à Lestival, qui aurait du avoir le statut de batard suite à l'annulation du mariage de ses parents, demeurait l'héritier des Marches. Allait-elle connaitre un sort identique ? Ou pire ? La fatigue de la jeune mère lui faisait envisager le pire et elle regrettait qu'Olenna ne soit venue avec elle jusqu'à Port-Réal pour l'aider. Garlan s'était montré rassurant, la consolant, lui assurant que jamais personne la connaissant ne pourrait envisager une telle chose ... Mais les temps étaient sombres ... Et malgré toute l'affection qu'elle porta au père de son époux, elle redoutait ce qu'il pourrait bien en dire, et ce qu'il pourrait bien faire d'une telle rumeur.
Elle tâcha de garder un léger sourire, espérant que la Cour entière ne verrait pas combien elle était touché par les racontars la concernant. Croitre avec vigueur avait toujours été l'adage de sa famille et on ne grandissait pas sans attiser les jalousies. Non, le Roi ne pouvait croire de telles choses ! Elle s'avança dès lors qu'il en donna l'ordre, tandis que babillait dans ses bras le petit Aemon découvrant la grande salle du Donjon Rouge . Attiré par les couleurs chatoyantes des vitraux, la masse sombre du trône de fer dessinait un contraste des plus attirant pour l'oeil jeune du bébé qui souriait de ses gencives encore édentées tout en emmenant des gazouillis appréciateurs. Elle sentit la main d'Aegon se poser dans son dos, glissant sur sa taille tandis qu'elle tenait d'une main les pans de sa robe pour monter les marches du trône sans risquer de chuter sur le tissus du vêtement. « Votre Majesté. » finit-elle par dire, une fois arrivée auprès du Roi, sur le ton humble des filles repentante. Mais ce n'était à elle de présenter Aemon. Aegon était le fils, le prince, l'époux. Il était son seigneur et maitre après tout. Et faire des vagues à cet instant ne serait certainement pas bon pour son image déjà entachée. Alors elle le laissa parler, annoncer l'honneur qui était le leur d'avoir la chance de présenter le petit prince Aemon Targaryen et Margaery reporta son attention sur les pupilles indigo de son fils, la regardant avec un air béat. Il avait encore le regard bleuté des nouveaux-nés, mais ce dernier ce teintait de jour en jour, laissant place à ce regard si typique de l'Ancienne Valyria. Face à Aemon, Margaery oubliait le reste. Un sourire de tendresse égaya le visage de la jeune mère qui, finissant par tendre l'enfant au Roi, proposa d'une voix basse relevant presque du chuchotement « Voulez vous le tenir contre vous ? Je crois qu'il avait hâte de faire la connaissance de son grand-père. » Son timbre était empreinte de l'amour qu'elle avait pour son fils, basse pour n'être entendu que d'eux trois, instant d'intimité dans une salle si peu propice à cela. Il était le premier petit enfant du Roi, l'assurance que la dynastie continuait après lui, après Aegon, après Rhaenys, après Aerion. Les Sept seuls savaient combien de temps il faudrait avant qu'une telle rencontre se produise, celles de deux générations.
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Certains tourments pouvaient être éternels. Continuant à guider vos pas jour après jour. Des regrets, il en avait, quel homme n'en avait pas. On ne pouvait vivre sa vie en pleine inconscience, il y avait toujours un moment où les conséquences vous revenaient avec une force démesurée au visage. Il fallait juste espérer que la vague ne soit pas trop importante, qu'elle ne vienne pas à balayer tout sur son passage, réduisant à néant ce que vous aviez construit de vos propres mains, pierre après pierre. La vie était un château de cartes, toujours dans un équilibre précaire, il suffisait de souffler dessus pour que tout s'effondre. La nuit, les choses revenaient toujours avec plus de force, avec plus de violence, vous privant parfois de souffle, sentant vos muscles sous une tension extrême, votre tête prête à exploser. Comme si tout votre corps s'était mis dans une seule action, celle de fuir. Car il était bien plus facile de fuir que d'affronter ce que vos choix avaient changé dans votre vie et dans celle des autres. C'est ce que lui-même avait fait, restant longtemps à l'écart de Port-Réal, ce n'était sûrement pas digne venant d'un prince, mais c'était tout ce qu'il pouvait faire à ce moment-là, le regard des autres était si lourd de sens, certains le regardaient avec de la pitié, d'autres portaient sur lui un regard plein de moquerie, quand d'autres venaient à vous accuser, accuser de les avoir abandonnés devant la tâche qui se dressait devant, face aux obstacles que le destin avait mis sur leur chemin et que celui qui aurait dû jouer le rôle du protecteur, avait tout simplement failli dans sa tâche. Il avait affronté la colère de Margaery mais aussi sa tristesse, rien n'était réglé. Il faudrait qu'il affronte également la colère de son père, mais aussi sa déception. En aurait-il tout simplement le courage ? Rhaegar avait fondé des espoirs sur son fils, et Aegon aimait son père, mais surtout l'admirait profondément. Mais il savait qu'en renonçant à son héritage, il avait par la même trahis la confiance que son père avait mise en lui. L'amour était une chose qui pouvait surmonter bien des problèmes, mais l'amour ne pouvait tout réparer. La confiance était une chose qui, aux yeux d'Aegon, se construisait avec le temps, qui se donnait parfois difficilement et qui pouvait se perdre si rapidement … Il n'avait pas fauté … Il avait juste écouter cet instinct, écouté ce que la nuit lui avait appris, ce que la nuit cherchait à lui faire comprendre. Même pour lui, l'acceptation était une chose douloureuse, le droit du sang ne faisait pas tout, mais il devait se l'avouer, il en avait rêvé, pas seulement parce qu'il était l'héritier, mais parce qu'il pensait pouvoir apporter quelque chose à Westeros, marquer de son empreinte l'histoire dans le bon sens, pouvoir être une solution et non un problème … Finalement c'était tout l'inverse, et à présent, il fallait se réinventer, mais son chemin lui semblait bien plus voiler que jamais … Leur temps passé à Lestival avait été beaucoup trop long. C'était un fait qu'il ne pouvait remettre en cause. Il avait eu le besoin impétueux de se protéger et par la même occasion, il avait été enfermé. L'annonce de la grossesse de Margaery avait été une excuse supplémentaire pour pouvoir rester plus longtemps loin de la capitale. Après tout, l'inquiétude était réelle, et Aegon ne voulait pas revrire la perte d'un nouvel enfant, il voulait donner cette chance à son fils de grandir dans le ventre de sa mère avant de pouvoir pousser son premier cri et d'affronter le monde qui l'entourait. Mais rien n'était éternel, et une année s'était écoulée. Il faudrait assumer le jugement. Le silence s'était fait petit à petit, alors qu'ils avançaient jusqu'à Port-Réal. Chaque muscle du prince se tendait presque imperceptible pour le commun, mais il était aisé pour ceux qui le connaissaient réellement de voir la tension l'envahir, sa mâchoire se crisper, ses poings serrés, sa gorge nouée et ses yeux s'assombrirent. Parler lui était donc devenu difficile, et il n'aurait même pas su quoi dire à cette occasion. Margaery avait eu la délicatesse de respecter son silence, et le silence entre eux qu'il lui avait imposé invonlontairement. Il n'osait presque pas la regarder alors qu'elle était juste à ses côtés, qu'il pouvait frôler sa peau de la sienne. Mais sa main tremblait, et son esprit ne cessait de passer en boucle, tout ce qu'il pourrait bien dire à son père, à sa sœur, et au peuple de Port-Réal. Ils avaient fait leur arrivée, à l'abri des regards, mais la nuit avait été bien courte pour lui, et il avait passé un long moment à regarder son fils avant de ne s'enfermer au petit matin avec Jaelyx, qui était autant la cause de son embarras, que celui-ci d'un profond bonheur, et d'une certaine façon de s'accomplir en tant qu'homme dans une certaine mesure. Bientôt, il se devrait d'avouer son existence, et d'ainsi dévoiler la raison de ses agissements. Cela serait-il suffisant pour expliquer le choix qu'il avait fait ? L'avenir seul pourrait le lui dire, mais pour le moment, il n'aurait le droit qu'aux regards accusateurs d'une bonne partie de l'opinion. Et dire que les choses n'étaient pas plus simples pour Margaery étaient un euphémisme alors que la rumeur sur l'assassinat de son père par ses propres mains venaient à se répandre comme un poison au sein des esprits.
Quand ils furent prêts tous les deux, ils se présentèrent devant les portes où toute l'assemblée était réunie. Il glissa sa main autour de la taille de son épouse, et il ferma les yeux quelques instants pour prendre une grande inspiration avant de se présenter, le port altier, la tête droite, venant à ignorer les regards pesants pour pouvoir se fixer sur un seul point, son père, là dans le trône. Aegon vint alors à s'incliner devant Rhaegar comme le protocole l'exigeait. « Votre Majesté, c'est un honneur d'être de retour parmi vous à Port Réal, nous ne pouvons que vous remercier, ma femme, mon fils et moi-même de nous avoir accueilli dans votre demeure. » Il inclina doucement la tête une nouvelle fois. « Bien plus encore que l'homme venant rendre hommage à son souverain, c'est le fils qui se présente aujourd'hui à son père pour partager avec vous la joie de la naissance de notre fils, Aemon Targaryen. » Il fit un pas en arrière, observant son père faire un geste tremblant en direction de Margaery et de son petit fils. Rien n'apparaissait sur le visage du prince et il laissa son épouse s'avancer avec leur enfant dans les bras. Il espérait sincèrement, que son fils ne viendrait pas à payer les erreurs qu'il avait fait.
Invité
Revoir son fils, après tout ce temps et surtout, après son annonce qui provoqua un cataclysme dans le cœur et l’esprit de Rhaegar, mais aussi pour le Royaume tout entier et son avenir, le crispa plus que ne le transportait de joie. Mais en attardant son regard sur son épouse, il comprit que cette tension venait aussi d’elle, de sa présence, de cette rumeur qui était arrivée jusqu’à ses oreilles. Elle aussi… avait-il pensé, avant d’entrer dans une colère noire, exprimant ainsi le sentiment de trahison qu’il ressentait face à une jeune femme qu’il avait dit, en face d’elle, considérer plus comme sa fille que comme sa belle-fille. Une jeune femme à qui il avait assuré être toujours une épaule pour elle, l’invitant même à revenir à la cour, à ses côtés, si la vie à Lestival lui était trop pénible. Mais ce qu’on disait d’elle au sujet de son père…Rhaegar avait toujours su que la jeune Rose était ambitieuse mais il ne l’imaginait pas capable de fomenter un tel crime. Non, pas elle. Cela, il l’aurait juré et défendu ardemment, s’il l’avait entendu quelques années plus tôt. Mais depuis la trahison de son frère, Rhaegar ne faisait plus confiance qu’à une infime minorité de personnes dans son entourage. Fût un temps, Margaery Targaryen en faisait partie. Où se situait-elle aujourd’hui, dans l’échelle de confiance imaginaire que se dressait Rhaegar dans son esprit ? Une chose était certaine ; elle était loin du sommet de celle-ci, détenu plus que par sa fille, son épouse et son meilleur ami, Jon Connington. Face à lui donc, à présent qu’ils s’étaient approchés suffisamment près de lui pour qu’il puisse bien les voir, Rhaegar ne contemplait pas son fils, sa belle-fille et son premier petit-fils, mais plutôt la trahison, la déception et la suspicion. Seul le petit être qui se faisait parfois entendre dans les bras de la Rose restait pur et innocent à ses yeux. Cependant, son regard se décala sur son fils alors qu’il le remerciait de leur permettre d’être ici aujourd’hui, afin aussi de lui présenter leur fils, le Prince Aemon Targaryen. Rhaegar ne répondit rien, contemplant seulement d’un air vide et sans amour ce fils en lequel il avait placé jadis tant d’espoir et d’amour. Tout juste lui adressa-t-il un petit signe de tête en guise de remerciement à ses paroles. Puis il avait fait signe à la Princesse Margaery de s’approcher de lui, ce qu’elle avait fait, Aegon légèrement en retrait. Adossé contre le dossier inconfortable du Trône de Fer, Rhaegar pencha la tête sur la gauche et plissa les yeux, contemplant l’air repentant de la jeune femme d’un œil empli de doute. Si elle agit ainsi, c’est qu’elle se sait coupable ? Ou qu’elle sait que je sais ? Ou par simple humilité ? Le Roi ne savait pas quoi en penser mais il savait qu’il réglerait son cas plus tard. En attendant, son regard glissa vers l’enfant qu’elle lui proposait de tenir. Son premier petit-fils.
Il était calme mais expressif, regardant tout ce qui se trouvait autour de lui en lançant de petits commentaires que lui seul pouvait encore comprendre. Mais lorsqu’il le vit, Rhaegar reconnu le sang du dragon et cela fit s’accélérer son coeur de joie. Il se pencha en avant et tendit les bras vers la mère de l’enfant qui le déposa doucement dans ses bras. Rhaegar le tint un instant face à lui pour pouvoir mieux le contempler, sa main gauche tenant l’arrière de sa tête pour la soutenir. Et soudain, l’enfant lui sourit. Un sourire rapide, fugace mais sincère, sans arrière-pensée ni faux semblant. Un sourire vrai. Et Rhaegar ne put s’empêcher de répondre à ce sourire en souriant à son tour et en le rapprochant de lui, il le serra doucement contre son cœur, murmurant quelques mots dans la langue de l’Antique Valyria avant de déposer un léger baiser sur sa tête. Puis son regard se reporta sur les parents de l’enfant, plus exactement sur Aegon :
Je me souviens de ce jour où vous me fûtes pour la première fois présenté, dit-il d’une voix à peine audible avant de sourire. Jamais je n’avais été aussi fier de tenir mon fils et héritier dans mes bras que ce jour-là. La naissance de votre sœur avait déjà été une source d’immense joie pour moi, mais me savoir père d’un fils…Pour l’avenir du Royaume, cela m’était inestimable. Votre fils vous ressemble, tel que vous étiez ce jour-là.
Et soudain, son visage changea d’expression. Son sourire s’effaça tout comme toute trace de joie et sa voix se fit dure de toute la déception qu’il ressentait :
Je devrais être heureux de tenir le fils de mon héritier. Mon héritier se trouve être désormais un enfant d’un an, duquel je ne verrais jamais ses propres enfants. dit-il, mâchoire serrée par un mélange de colère et de déception.
Puis son regard se tourna vers la Rose, alors qu’il tenait toujours son petit-fils dans ses bras :
Quant à vous, cracha-t-il. J’ai entendu des rumeurs fort compromettantes à votre sujet. Qu’avez-vous donc à dire à ce sujet qui m’expliquerait un tant soit peu comment la Rose que j’estimais tant a pu se faner à ce point ?
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Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
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La silence régnant dans la salle du trône la mettait mal-à-l'aise: elle se souvenait de sa première visite à Port-Réal, de sa présentation, officielle, à la Cour. Juché sur le trône de fer, Rhaegar Targaryen était un Roi dans la fleur de l'âge, le regard séduisant, l'allure victorieuse. Le Prince qui avait fait tourner les têtes des dames, le Roi qui avait mis un terme au rebellions à travers les Sept Couronnes. Margaery était trop jeune pour avoir connu la guerre, mais elle avait beaucoup entendu son père, son frère aîné, en parler. Fidèle de la maison au dragon, les Tyrell ne tarissait pas d'éloge sur ce prince éclairé qui avait mit fin, en accédant au trône, à des années de peur et d'instabilité. Oh oui elle se souvenait de ce premier jour à Port-Réal, de la foule bruyante se tassant dans la salle du trône, de l'admiration qu'elle avait tant pour cet imposant amas d'épée de plusieurs siècles que pour l'homme qui était assis dessus. Elle se souvenait de cette pression à réaliser une révérence parfaite, de son sourire tandis qu'elle était complimentée, et d'un regard, furtif, sur le côté, tombant sur le prince héritier. Une même couleur lilas dans le regard du jeune prince, mais l'âge, l'expérience et l'autorité en moins. Le respect que Rhaegar imposait par sa seule présence, rappelant à tous ses exploits de jeunesse, laissait place à une innocence dans le regard de son fils. Aujourd'hui, les choses étaient bien différentes. Margaery avait été frappé par la transformation physique du souverain: l'homme fier et fort laissait place à un quarantenaire fatigué au regard glacial. Elle avait déjà perçu le changement à Lestival, mais c'était sans commune mesure avec ce qui lui apparaissait aujourd'hui. Ses pas jusqu'au Roi lui semblait lourd et elle gardait, du coin de l'oeil, Aegon dans son champ de vision, comme pour se rassurer.
Le souverain parut cependant se détendre lorsqu'elle posa entre ses bras, le tout jeune enfant qu'ils avaient amenés avec eux. La maladresse des premières secondes laissa place à l'habitude du père qui avait déjà tenu trois enfants de la sorte. Une fois de plus, on sentait l'expérience et elle eut une vision fugace de l'homme qu'il avait été voilà de cela quelques années. Vint alors le monologue du jeune grand-père, empreint de nostalgie, une pointe de rancoeur. La colère était toujours là, tapie au fond de son être. Margaery avait avertie Aegon avant leur départ de Lestival: si dans ses lettres, Rhaegar Targaryen semblait ouvert à revoir son fils et potentiellement à lui pardonner, il faudrait encore un moment et sans doute un évènement particulier, pour qu'il retrouve foi en son ancien héritier. Son regard quitta les deux dragons, deux générations, pour tomber sur le sol alors qu'il faisait mention du nouvel héritier présomptif. Aerion était si jeune, et l'hiver le mettait dans une position de fragilité comme n'importe quel enfant, Aemon comprit. Si, durant son séjour à Lestival, Margaery s'était raccrochée à cette idée, sans le souhaiter bien sur, aujourd'hui mère elle priait pour que la reine ne connaisse pas ce chagrin. Cependant, elle comprenait que cela perturbe le Roi: amener un enfant à l'âge adulte était un travail de tout instant: au moins avec Aegon pouvait-il se reposer sur l'idée que s'il lui arrivait quoi que ce soit, il pourrait compter sur ce fils déjà majeur et exercé aux habitudes de la Cour. Du haut de ses un an, Aerion avait encore tout à découvrir et la reine Alyria, bien que longtemps dans l'ombre du Donjon Rouge, ne connaissaient pas aussi bien la noblesse que la première épouse du Dragon. Issue de la petite noblesse, il y avait fort à parier qu'elle ferait face à quelques difficultés si devait arriver une triste nouvelle la déclarant régente. Il se retrouvait comme au début de son règne ... Avec vingt années de plus et une famille déchirée de toute part. L'exil du prince Viserys, l'absence de la princesse Daenerys, la renonciation de son héritier et sa propre fille qui visiblement vivait séparée de son époux ... Pauvre homme.
Cependant, elle n'avait pas songé être incluse dans les soucis du Roi. Si elle se doutait, en apprenant que les bruits la concernant était parvenus à Port-Réal, qu'elle aurait le droit à des question de la part du souverain, elle ne s'était pas imaginé qu'il aborderait la chose ainsi, maintenant. Elle pensait que cela se serait fait dans l'intimité des appartements royaux, dans la confiance qu'ils avaient tout deux construit depuis son mariage. Au lieu de cela, elle eut droit à une déclaration glacial doublée d'un regard assassin qui lui glaça le sang. Sa voix, sifflante, l'acheva. Comment lui aussi pouvait-il croire à cela ? Comment pouvait-il la regarder et songer, après tout ce qu'elle avait pu lui confier, qu'elle était impliquée dans cette histoire. Ce n'était pas une affaire d'adultère, de séparation ou de comportements décadents ! Il n'y avait pas de corruption et d'abus de son statut. On parlait de parricide ! Un acte abjecte dont la connotation allait bien au delà d'un tempérament ambitieux. Elle aimait Aegon, elle ne s'en était jamais caché. Mais jamais elle n'aurait pu attenter à la vie de son père pour cela ! Elle aurait vécue sa passion interdite en des lettres déchirantes, promettant son coeur à nul autre que lui même si sa main avait été offerte à Renly Baratheon. « Je crains, votre Majesté, de n'être que la cible de racontars infâmes visant à déstabiliser la couronne de votre Majesté. De la même manière que les ... Décisions de Lestival ont impacté la réputation de mon époux, il ne s'agit à mon sens que d'une campagne de diffamation. » dit-elle tout en s'inclinant respectueusement. Ainsi cela venait de commencer et cela devait avoir lieu en public. Soit. Si elle avait pu garder la tête haute après ce que Rhaenys lui avait dit, elle pouvait bien faire illusion ici. « Croyez moi, je vous prie, quand je vous dis que je suis sincèrement désolée de voir que cela implique également votre bonté et votre gentillesse. J'ose toutefois espérer que Votre Majesté me connait suffisamment pour savoir que jamais je n'aurai pu désirer pareille chose. » Toujours inclinée en signe d'humilité, la jeune fille demeura ainsi, regard fermé sur le monde en attendant un signe du monarque. Elle finit par rouvrir les yeux, les plantant dans ceux du Roi, tentant d'y faire passer toute la sincérité de son innocence. « J'aimais mon Père, votre Majesté. Je l'aimais plus que tout au monde sans avoir peur de comparer cela à l'affection qui vous unit à son Altesse, la princesse Rhaenys. Et j'espère que vous pardonnerez l'enfant que j'étais et pour qui il était également un Roi, celui de son univers et, à son échelle, du Bief. » D'une voix plus basse, ne s'adressant qu'aux Targaryen présent et non à la cour qui les observait avec avidité, elle poursuivit. « Malgré tout le respect que je vous dois, je n'aurai jamais songé que ma réputation soit ainsi entachée et que vous puissiez croire ces rumeurs. » Son regard se fit plus ferme, blessée à l'idée d'être mise en cause, mais décidée à se défendre envers et contre tout. « Il y a quelques lunes vous m'aviez fait une proposition ... » évoqua-t-elle toujours à voix basse en songeant à la soirée qu'ils avaient passés ensemble à Lestival, peu après la rennonciation d'Aegon. « L'ambition que l'on me prête, l'avidité qu'on m'accuse d'avoir m'aurait fait l'accepter. J'aurai pu retourner à Hautjardin, y jouir de ma popularité, revenir à la Cour pour votre petit enfant. Au lieu de cela je suis restée auprès de mon époux, comme mon coeur et mon serment devant les Sept l'exigent. Et aujourd'hui, je me permets de me tenir devant vous, humble servante de votre Majesté, car je sais que je suis innocente de tout ce dont on m'accuse. » Elle soutenait Aegon, envers et contre tout. Dans les bons moments comme dans les pires choix. Elle se tenait là, avec lui, alors même que la couronne lui serait à jamais inaccessible. Elle espérait qu'à son tour, son époux vienne à son secours.
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L’attention de Rhaegar quitta un instant les visages de son fils et de sa belle-fille en face de lui pour aller se poser plus loin derrière eux, sur ces silhouettes des membres de la cour qui se rapprochaient, happés par la curiosité. Les plus proches de son champ de vision faisaient mine de converser à voix basse avec leur voisin mais Rhaegar les voyait bien…Ces coups d’œil rapides et fugaces dans sa direction, rongés par l’envie de savoir ce qu’il se disait, pourquoi la Princesse Margaery était-elle à genoux devant son Roi et beau-père et pourquoi le Prince Aegon restait silencieux. Ils ne le voyaient pas, car il leur faisait dos, mais le Prince avait fait un pas en avant, prêt à répondre des doutes qu’aurait son père au sujet de son épouse ou des mots empreints de nostalgie et encore plus de déception et de colère qu’eut le Dragon-Roi envers lui. Mais Rhaegar ne lui en laissa pas l’occasion, lui intimant le silence en levant sa main gauche et en lui lançant un regard glacial comme il aurait pu regarder n’importe quel autre homme qu’en son cœur, Rhaegar jugeait ronger par la trahison et le complot. Ce même regard retomba sur l’épouse de son fils tandis que sa main gauche alla se remettre à sa place initiale, entourant son petit-fils qui, lui, gazouillait tranquillement, ignorant totalement dans quelle mauvaise posture se trouvaient ses parents. Nous discuterons de votre cas plus tard…mon…Fils, siffla-t-il entre ses dents serrées. Une chose à la fois. Que croyaient-ils donc tous les deux ? Qu’il leur suffirait de venir à la capitale, après qu’il l’eut autorisé dans sa dernière lettre à la Rose devenue Dragonne, un beau sourire aux lèvres et que leur présenter son premier petit-fils suffirait à laver leur déshonneur commun ??! Peut-être cette rencontre se serait-elle bien mieux passée si Rhaegar n’avait pas eu vent des rumeurs de parricide courant au sujet de la Princesse Margaery Targaryen. Après avoir intimé le silence à son fils, ses yeux glissèrent vers sa belle-fille. Repentante et pleine de belles paroles, la Princesse se présentait à lui en victime, victime d’odieuses rumeurs à son sujet dont elle se disait blessée, tant par leur teneur abjecte au sujet d’un acte qu’elle n’oserait imaginer dans ses rêves les plus fous envers un homme qu’elle a toujours énormément aimé, que par le fait que son beau-père y accorde quelque crédit. Rhaegar l’écouta parler, lui exposer les faits comme elle les voyait elle, lui signifier son désarroi, son innocence et son chagrin de le savoir, lui, prêt à croire ce qu’il se dit sur elle.
Il entendit, venant de derrière le Trône de Fer, des pas traînants, une respiration nasale et une odeur qu’il ne connaissait que trop bien. Sur sa gauche, l’arrière-grand-père du tout jeune Prince Aemon Targaryen s’était penché vers lui :
Regardes-la, lui souffla-t-il à l’oreille. Regardes-la jouer la comédie. Prête à tout et à dire n’importe quoi pour rester dans tes bonnes grâces. Tu as été aussi idiot que celui qui ose encore se présenter comme étant ton fils. Elle a usé de ses charmes sur vous deux et l’un comme l’autre, vous êtes tombés…
Les prunelles de Rhaegar se décalèrent sur la gauche, cherchant son père qui se rapprocha plus encore de lui :
Faibles…lui lâcha-t-il, caractéristique qu’il adressait tant à lui qu’à son petit-fils, Aegon. Ses pupilles s’écarquillèrent en s’entendant traiter de la sorte. Puis il se détourna vivement de son père et ferma les yeux, essayant vainement de contenir ses tremblements. Lorsqu’ils les rouvrit, il chercha, sur sa gauche, la présence de son père mais à part Ser Barristan qui le considérait gravement et le regard remplit de pitié, nulle autre trace du Roi-Fou…Le seul Roi-Fou qu’il y avait dans cette pièce, c’était lui-même. Mais loin de l’effrayer, ce constat le fit rire. Un rire nerveux, incontrôlable et qui fit même sourire Aemon dans ses bras. Rhaegar le vit et le redressa, le tenant debout devant lui, ses pieds frôlant à peine ses cuisses :
Avez-vous entendu cela, Votre Altesse ? Que votre mère est douée, vous ne trouvez pas ?
Rapprochant Aemon de son épaule qu’il ne tenait plus que d’une main, il s’aida de son autre main pour prendre appui sur l’un des accoudoirs du Trône de Fer et pour se lever. Ses jambes tremblaient sous son poids et sous celui de l’enfant, tant elles étaient restées longtemps en position assise sur cet inconfortable signe du pouvoir. Ser Barristan se rapprocha du Roi, prévenant une éventuelle perte d’équilibre mais Rhaegar tint bon et descendit les quelques marches qui menaient au Trône de Fer pour être au même niveau que les parents d’Aemon Targaryen. Mais loin de s’adresser à eux en premier, c’est aux membres de la cour qu’il parla d’abord, d’une voix plus aigüe que d’ordinaire, signe que sa raison l’abandonnait :
Voyez, mes chers et loyaux sujets ! Mon petit-fils, le Prince Aemon Targaryen !
Des applaudissements approbateurs se levèrent et les plus curieux d’entre eux se rapprochèrent pour mieux le voir.
Oui venez ! Approchez ! les encouragea Rhaegar. Approchez pour voir cet enfant…à l’avenir si…incertain !
Son sourire s’effaça et sa voix retrouva un timbre bien plus profond mais non moins dangereux : Quel avenir puis-je donc espérer pour lui, lorsque l’on sait que son père, dit-il en se retournant brusquement pour contempler Aegon, ne représente pour moi rien de plus que l’apogée de la déception et du déshonneur ! Et que dire de sa mère ! La si belle, si parfaite, Princesse Margaery, dit-il en se tournant à présent vers elle. Elle m’exhorte de ne pas croire les rumeurs dont vous avez sûrement aussi entendu parlé.
Puis il s’avança vers elle et cette fois, ce fut à lui de parler bas, comme elle l’avait fait quelques instants plus tôt :
C’est là exactement ce que ferait et dirait une personne qui se sait coupable.
Il s’approcha encore plus d’elle et lui ordonna de se relever :
Debout, lui dit-il froidement. Et suivez-moi, tous les deux.
Puis il quitta la pièce d’un pas lent, jouant avec son petit-fils, pour une pièce, plus intime, à l’arrière de la grande Salle du Trône où ils pourraient discuter plus tranquillement de cette proposition dont il se souvenait parfaitement bien…mais qui lui semblait dater de plusieurs années tant les choses avaient depuis changé.
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Blood of my blood
Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
◊ ◊ ◊
Le discours du Roi ne plaisait guère à la jeune fille qui ne pouvait qu'observer, impuissante, le manège de son beau-père avec son fils. S'il n'avait pas été roi, sans doute lui aurait-elle arraché l'enfant de peur qu'il ne soit prit de la soudaine envie de lui faire du mal. Elle voulait encore croire que l'homme gardait au fond de lui, une part de celui qu'elle avait connu, qu'il ne serait capable de faire du mal au sang de son sang ... Mais les mots qu'il avait pour Aegon, son propre fils, ce propre enfant qu'il présentait comme le prince qui fut promis lui mettait le doute. Le murmure qu'il eut pour elle, messager de mauvaises augures, lui fit froid dans le dos. S'il la considérait comme coupable alors même qu'il ne s'agissait que d'une rumeur, cela laissait présager le pire pour l'avenir. Elle observa le reste de la cour, des intrigués qui s'entassaient pour voir le bébé: entre intérêt de courtisant et curiosité morbide. Elle trépignait. A l'invitation du Roi, à se rendre dans une zone plus privée pour discuter, elle sentit Aegon lui offrir son bras, à présent libre puisque le Roi gardait le petit Aemon dans les siens. Margaery mourrait d'angoisse, préoccupée par le sort de son fils, le sien et celui de son époux. Si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait prit le premier carrosse pour Hautjardin où la présence rassurante de Willos, et de l'armée du Bief, l'aurait aidé à surmonter la vision et la déception que lui inspirait ce roi. Car si ce dernier n'était avare de reproche, il en était de même pour la partie opposée: Margaery bouillait d'avoir admiré un homme à l'affection si instable, d'avoir vu en lui, le roi idéal qui ne pouvait amener que paix et prospérité. Elle avait eut sa grand mère pour lui conter les temps sombres du règne d'Aerys II ... A présent, elle voyait en ce même Roi qui l'avait consolé, le miroir sombre des histoires de la Reine des Epines, et cela faisait froid dans le dos. Quittant la troupe de courtisans qui, eux même, se dispersaient dans la salle du trône, il arrivèrent dans une pièce de taille plus respectable, confortablement meublée. Sans doute l'une des salles de réunion du Conseil Restreint, songea la jeune femme tandis qu'elle serrait sa main dans celle de son époux, tentant de ne pas laisser apercevoir les tremblements qui la parcouraient. Quel paradoxe: elle qui avait tant chercher à assassiner les heures durant son long séjour orageois, aurait donner n'importe quoi pour revenir au calme de Lestival, et aux jours heureux où elle n'avait que les humeurs de son fils à satisfaire.
Elle se doutait de la raison d'un tel entretien privé, si soudainement. A présent qu'Aegon n'était plus le prince héritier, il advenait de décider quoi faire d'eux. L'exil du prince de la Cour était une solution temporaire lorsque la noblesse avait quitté Lestival, mais à présent, il paraissait que cela soit la meilleure des solutions s'offrant à eux. Margaery voulait s'éloigner le plus vite possible de ceux qui cherchaient sa disgrâce, profitant de son affaiblissement suite à la renonciation d'Aegon et pensant l'achever avec cette histoire de parricide. De plus, le manque évident de soutien que lui témoignait sa belle famille ne l'encourageait pas à vouloir demeurer dans l'enfer qu'était devenue la capitale: le Roi n'avait-il pas fait exécuter Pycelle, mestre de Port-Réal depuis des décennies ? Qu'est-ce qui l'emêpchait de demander, arbitrairement, sa tête ? Qu'adviendrait-il d'Aemon alors ? Dans cet état de vive paranoïa, le plus innocent des bébés pouvaient devenir une menace à sa couronne et Margaery aurait préféré mourrir que de voir son fils être la victime de la folie naissante de son grand-père. Car tel était le mot, ce qu'elle avait pu entendre sur la route. Les bruits n'affectaient pas que sa propre réputation, voilà des semaines, des lunes, qu'on s'inquiétait de la santé du Roi. Et s'il refusait de lui apporter son soutient face à la campagne diffamatoire à son encontre, elle ne comptait pas aveuglément demeurer la fidèle belle-fille qu'elle avait voulu devenir. Si Rhaegar Targaryen décidait de commencer une collection de tête à faire tomber, elle préférait que la sienne et celle de son fils ne figurent pas parmi les concernés. « Votre Majesté. » annonça la jeune femme, une fois assuré qu'ils furent seuls, forçant son regard vagabond à adopter une posture fixe, assuré pour faire face au Roi.
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Les portes de la salle se refermèrent sur le passage de sa belle-fille et de son fils, celles-ci fidèlement gardées par deux membres de la Garde Royale. Rhaegar ne s’était pas donné la peine de savoir de qui il s’agissait. L’un d’entre eux devait probablement être Ser Barristan. Quant au second…Peu lui importait; il avait seulement vu deux capes blanches postées de part et d’autre de la porte menant à l’une des salles utilisées pour les séances du Conseil Restreint. Toute son attention était focalisée sur l’enfant qu’il portait dans ses bras. Celui-ci ne cessait de tourner sa petite tête de droite à gauche, curieux de ce nouveau décor qui s’offrait à lui. L’enfant était vif, alerte; une bonne chose pour son grand-père. Mais elle aurait eu un goût bien différent s’il s’était agit là de celui qui, un jour, s’assiérait sur le Trône de Fer, une fois qu’Aegon ne sera plus. Or, tout le monde savait que ce jour n’arriverait jamais. L’avenir reposait sur un autre enfant, à peine plus âgé qu’Aemon et avec qui Rhaegar allait devoir tout recommencer à zéro, reprendre sa formation pour faire d’Aerion son successeur et digne héritier. Mais comment y parvenir alors qu’il se sentait si las et qu’un rien, un mot, un regard, un sourire ou une simple attitude attisait ou sa joie ou sa colère? Allait-il confier l’éducation de son héritier à quelqu’un d’autre que lui? Alyria et Rhaenys seraient de parfaites préceptrices mais Aerion aurait également besoin d’un enseignement plus masculin…Et qui d’autre que lui dans ce cas? S’il ne pouvait assumer cette tâche? Il pensait bien sûr de suite à son ami, Lord Jon Connington. Mais, en prenant place dans l’un des sièges autour de la table, installant Aemon sur ses jambes tout contre lui, son regard tomba sur son fils et il plissa les yeux. Assurément, il fallait qu’ils discutent désormais de ce que ce couple et cet enfant allaient devenir. Une telle discussion ne pouvait se faire devant les membres de la cour, quoiqu’ils auraient certainement apprécié cette conversation. Cependant, Rhaegar estima les avoirs suffisamment donné en spectacle pour le moment, d’autant plus que ce sujet de leur avenir ne concernait que les membres de la maison royale. Beaucoup de choses les concernant sont du domaine publique; beaucoup, certes, mais pas tout. Aussi Rhaegar observa Aegon et Margaery Targaryen prendre place dans les fauteuils les plus proches de lui. La Rose s’adressa poliment à lui, poussant le Roi à tourner la tête dans sa direction. Il laissa planer un moment de silence, perdu dans la contemplation de la jeune femme avant d’ouvrir la bouche, parlant d’une voix morne et dénuée de tout sentiment:Je ne sais si ce que l’on dit de vous est vrai, commença-t-il. Mais je vis des temps si troublés qu’il m’est devenu impossible de discerner le vrai du faux. Mais laissons votre cas de côté pour l’instant. J’ai des sujets d’une importance bien plus grande que votre rumeur de parricide qui nécessitent mon attention. Pour l’heure en revanche, il convient de discuter ce que nous allons bien pouvoir faire de vous…De vous trois, rajouta-t-il en baissant son regard sur la petite tête blonde tout prêt de lui. Un sourire paternel et fugace passa sur son visage en même temps qu’il fit passer délicatement sa main droite dans les cheveux encore clairsemés de son petit-fils.
Vous gardez bien sûr vos titres, poursuivit-il, faisant passer son regard de l’un à l’autre. Pour votre lieu de résidence…Peyredragon me semble le plus indiqué. A moins que vous ne vous soyez habitués à Lestival? Après tout, les Cole n’y vivent que de façon temporaire, et les Terres de l’Orage sont friandes de ce Dieu Rouge que vous avez choisi d’adorer, vous séparant plus encore de votre père, si la chose était encore possible après votre…choix, fit-il en se tournant cette fois plus vers son fils.
La pique était directe, preuve que la blessure du père était encore béante et qu’il n’était pas prêt à pardonner ces choix à son fils, si lourds de conséquences pour le Royaume, pour lui-même, pour sa famille, mais aussi pour son épouse et même le petit Aemon Targaryen. Mais si Rhaegar était irrité par la rumeur au sujet de Margaery Targaryen et courroucé par les actes de son fils, il fallait désormais aller de l’avant et prendre des décisions car Rhaegar ne le savait que trop bien. Leur avenir à tous était plus qu’incertain.
Quel est votre avis, ma Dame? demanda-t-il soudain à Margaery.
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Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
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Elle eut l'impression que toute la colère du Roi s'était un peu dissipée dans les quelques pas qu'il avait fait pour rejoindre l'intimité de cette pièce. Bien sur, il gardait dans le regard, l'étincelle de la rage, le visage fermé et le ton sec, mais il semblait moins cruel et moqueur qu'il avait pu l'être face au reste de la cour et cela aida la jeune femme à se détendre légèrement. Margaery se doutait que les choses n'en resterait pas là et la réaction de Rhaegar allait encore plus alimenter les ragots de couloir et satisfaire ceux qui désiraient sa chute. Contre toute attente, elle avait réussit à cumuler mariage d'amour et d'intérêt ce qui éveillait les jalousies d'autant plus qu'elle n'était pas stupide au point de penser qu'aucune autre dame de la cour et des Sept Couronnes n'ait tenté , ou voulu tenter, sa chance avec celui qui était alors le prince héritier. Margaery, elle, avait des atouts et elle en avait usé: lorsqu'elle avait comprit que l'attirance était réciproque, elle n'avait pas hésité à provoquer le destin et cela avait marché. Bien sur, l'union n'était pas dépourvu de sentiment, même si en premier lieu, l'invitation d'Olenna Tyrell à séduire le prince eut été plus politique qu'autre chose, mais elle se serait plié à ce que sa famille avait désiré pour elle, qu'importe qui aurait été l'élu. Lorsqu'elle avait quitté Port-Réal pour Hautjardin, elle s'était préparée à l'officialisation de fiançailles avec Renly Baratheon et avait juré à Aegon que si le Cerf gagnait sa main, son coeur serait à jamais au dragon. Alors comment, aussi résignée qu'elle fut, pouvait-on l'accuser d'avoir tenter pareille manoeuvre ? Comment pouvait-on croire qu'elle, si proche de Mace, si heureuse de la fierté qu'elle lui inspirait, ait envisagé de le précipiter dans la tombe. Aemon demeurait sur les genoux de son grand-père et la délicatesse du Roi envers l'enfant convainquait la bieffoise: malgré toute sa colère et sa déception, il reconnaissait Aemon comme le sang de son sang, ne le rejetant pas pour les choix d'Aegon ou pour les horribles bruit de couloir qui circulaient sur elle. Cela l'apaisa un peu plus: elle ne craignait plus pour son fils bien qu'elle espéra le retrouver dans ses bras au plus vite. Du haut de ses quelques semaines, Aemon gazouillait innocemment tout en dodelinant par instant de la tête: en d'autre circonstance, le tableau de ces deux générations aurait pu être touchant. Mais Margaery était trop tendue pour s'attendrir du spectacle.
Cependant, contre toute attente, Rhaegar Targaryen balaya le sujet de la rumeur. Le regard toujours sur son fils, Margaery ignorait si cela était bon signe ou non, elle retint un coup d'œil vers Aegon, désireuse de paraitre forte sans avoir besoin de s'appuyer encore sur son époux. Le dragon aurait assez de la défendre dans d'autres circonstances, elle devait se montrer à la hauteur de sa réputation: elle était une princesse et non une enfant, elle se devait de garder la tête haute ! L'humeur du Roi semblait plus calme, la conversation n'avait rien d'étonnant et Margaery s'y était attendue bien plus tôt, mais elle s'était douté qu'après la déclaration choc d'Aegon, il n'avait eut le coeur à l'avoir lors de son séjour à Lestival. Finalement, après avoir exposé plusieurs possibilités, où Margaery ne manqua pas de noter le ton sec du roi sur certain mot, il se tourna vers elle. Elle refoula sa surprise, s'étant attendu à ce qu'Aegon soit le premier consulté sur ce choix. Elle échangea un coup d'oeil avec le prince avant de prendre la parole. « Votre Majesté est généreuse de nous permettre d'envisager un futur dans une demeure royale. Nous n'en espérions pas tant. » commença-t-elle, se souvenant des discussions qu'elle avait pu avoir avec Aegon alors qu'il cherchait où ils pourraient s'installer. L'arrivée des Cole avait sonné comme un message, que leur restait-il alors ? « Cependant, je pense qu'il serait maladroit pour nous d'accepter de nous installer à Peyredragon. Cela a toujours été le fief de l'héritier du trône et même si mon époux avait ce titre jusqu'à peu, Peyredragon revient à présent au prince Aerion. Je ne voudrais pas que notre présence soit interprété par la reine comme par la cour comme une provocation à l'ordre de succession. » expliqua-t-elle posément, consciente de marcher sur des oeufs. Si la colère du Roi à son encontre demeurait vive, rien n'empêcher le souverain de changer d'avis ou d'interpréter ses paroles de travers. Rien ne l'empêchait non plus de les tester. En outre, elle se doutait bien de ce qu'il se passerait si Aegon et elle décidaient d'aller à Peyredragon, ils n'avaient pas même envisager cette option. « Il en va de notre devoir de soutenir le prince dans son nouveau titre. Aussi, nous serions honorés d'y être invités mais jamais nous n'oserions donner la Couronne en spectacle alors même que nous sommes si ... Discutés ces derniers temps. » Elle avait bien remarqué les regards qui se posaient sur Aegon après son escapade dans l'Orage, l'admiration que les croyants du Dieu Rouge avaient pour lui. Elle ne voulait pas une nouvelle danse des dragons - surtout que la reine des Verts avaient été une bieffoise elle aussi ! « Lestival a été un refuge des plus agréables et l'hospitalité des Cole était tout à leur honneur. Bien sur, c'est à vous qu'il revient de décider que faire du palais d'été: nous serions heureux d'y retourner si tel était votre désir bien sur. Toutefois, je sais qu'à sa création, Lestival était destiné au second prince de la maison Targaryen, je m'en voudrais de vous mettre dans une position délicate si la reine vous donnait un second fils. » A vrai dire, Margaery ne savait que penser de ce second choix: Lestival était devenu une seconde maison, à mi-chemin de Hautjardin et de Port-Réal, mais c'était un palais d'été: difficile donc à défendre et à chauffer en hiver. De plus, après le départ des Cole, quel soutient lui resterait-il ? Elle serait seule parmi les adorateurs des flammes !
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La voix de Margaery Targaryen lui parvenait clairement aux oreilles et, même s’il ne lui accorda aucun regard depuis qu’il avait lancé le sujet de leur futur lieu de vie à elle, son époux et son fils, il pouvait entendre, dans le timbre de sa voix et les mots employés, que la Rose prenait grand soin de choisir les bons mots face à lui. Voilà une attitude qu’il préférait ; mieux valait qu’il entende la crainte de faire un faux-pas dans son discours plutôt que cette assurance trompeuse et mielleuse que tous, ici, à la cour, affichait. Lentement, ses prunelles améthystes quittèrent la petite tête blonde-argentée contre lui, vinrent glisser sur le bois de la table et se posèrent sur le jeune couple princier. Rhaegar ne broncha pas aux remerciements de Margaery quant à sa proposition d’habiter à Peyredragon, mais c’était une question piège. Le Roi voulait voir s’ils allaient sauter sur l’occasion d’investir les lieux destinés à Aerion ou la refuser poliment. Et c’est ce qu’elle fit assez adroitement, il devait en convenir. Mais, loin de sourire face à cette bonne réponse ou seulement de lui adresser un petit hochement de tête approbateur, Rhaegar resta de marbre, figé, immobile, le visage neutre. Seules ses pupilles allaient de Margaery à Aegon, sondant leurs réactions. S’ils se regardaient, Rhaegar plissait les yeux, essayant de deviner quelles étaient leurs pensées. Le croient-ils fou, malade, instable ? Ont-ils peur ou simplement pitié de lui ? Cependant, il n’y eut pour ainsi dire quasiment aucun échange de regards entre eux, ni même un geste de la main discrètement esquissé sous la table, du moins c’est ce qu’il pouvait constater de sa place. C’était sa belle-fille qui lui répondait, un geste attendu puisque c’était elle qu’il avait interrogé. Quant à son fils…Il ne se sentait pas encore de lui adresser la parole. Une discussion devrait avoir lieu entre eux, c’était certain et il le savait. Jon, Rhaenys, ou sa Reine…Chacun d’entre eux plaiderait forcément pour qu’il ait une conversation avec son fils…Une vraie conversation ; pas juste quelques mots échangés rapidement de son côté avec Aegon, face à lui, se contentant d’écouter. Non. Un échange. Voilà ce qui était attendu et souhaité de toute part…Sauf de la sienne. Il n’en avait pas encore la force. Comme avec Rhaenys, il avait encore besoin de temps avant de faire un premier pas vers cet enfant qui l’avait tant déçu. Il le ferait, c’était certain, mais lorsqu’il serait prêt et dans d’assez bonnes dispositions pour le faire ; en aucun cas avant.Il en va de notre devoir de soutenir le prince dans son nouveau titre. Aussi, nous serions honorés d'y être invités mais jamais nous n'oserions donner la Couronne en spectacle alors même que nous sommes si ... Discutés ces derniers temps.
Un léger ricanement s’échappa de la gorge du Roi-Dragon : Je suis bien aise de l’apprendre, rétorqua-t-il, tout comme d’entendre que vous avez au moins la décence et la présence d’esprit de reconnaître la situation délicate qu’est la vôtre…à vous deux.
Peyredragon écarté, le choix commençait à se porter sur Lestival :
Lestival a été un refuge des plus agréables et l'hospitalité des Cole était tout à leur honneur. Bien sûr, c'est à vous qu'il revient de décider que faire du palais d'été: nous serions heureux d'y retourner si tel était votre désir bien sûr. Toutefois, je sais qu'à sa création, Lestival était destiné au second prince de la maison Targaryen, je m'en voudrais de vous mettre dans une position délicate si la reine vous donnait un second fils.
Un second fils nota Rhaegar. Il ne rendait pas souvent visite à la Reine, une fois la nuit venue. Il ne parvenait même plus à se souvenir à quand remontait justement sa dernière visite nocturne à son épouse, avec tout le vin et le vinsonge qu’il buvait pour arriver à oublier ses démons et ses tracas pendant quelques heures et retrouver ce sommeil depuis longtemps perdu. Le soir, il s’écroulait de fatigue et se retirait dans ses appartements parfois sans même avoir dîné. Alors songer à honorer son épouse et son devoir conjugal…Non, pas en ce moment, bien que la situation d’Aerion et la sienne soient précaires. S’il arrivait quelque chose à l’enfant, ou s’il venait à trépasser lui-même, de quoi l’avenir du royaume sera fait ? De guerres pour obtenir le Trône de Fer, une guerre dont ferait probablement parti son lézard de frère banni.
Vous m’en voyez ravi d’entendre que votre cohabitation avec la maison Cole se passe bien, répondit-il d’une voix un peu plus douce. Puis il souleva son petit-fils et se leva. Je garde pour l’heure Lestival à l’esprit mais en attendant, dit-il après avoir contourné la table et s’être approché de la Princesse Margaery pour lui rendre son fils. Profitant de cette proximité soudaine, il murmura en souriant : Vous resterez à la cour jusqu’à ce que j’ai statué sur votre cas, Princesse.
Puis il s’écarta d’elle, lança un dernier regard rempli de rancœur et de déception à Aegon puis il quitta la pièce, sans un dernier regard ou sourire ou geste tendre envers le jeune Aemon Targaryen qu’il avait pourtant tenu si près de lui tout ce temps. Les portes de la pièce s’ouvrir sur son passage puis il disparut dans les couloirs du Donjon Rouge, Ser Barristan Selmy le suivant de près.
- HRP:
- Je lancerai l'ellipse à notre période de jeu après ta réponse
queen of nothing
Blood of my blood
Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
◊ ◊ ◊
Le regard de Margaery n'avait quitté le monarque durant les quelques minutes qu'avaient duré son monologue: elle ignorait ce qui, dans ses paroles, relevait de la proposition sincère et ce qui n'était qu'un piège grossier destiné à attiser sa colère. Prudente, la bieffoise savait avancer sur des oeufs et donnait ses arguments avec calme, humilité et une voix des plus posées destinés à mettre le souverain en confiance. Cependant, si le Roi fut satisfait de sa réponse, il ne montra aucun signe d'apaisement, seulement le flamme du piège évité et de la reflexion. Elle se doutait que le chemin serait long avant de retrouver la confiance qui avait été la leur: les actes dont on l'accusait, s'ils étaient avérés, faisaient d'elle une meurtrière parricide et opportuniste. De quoi mettre n'importe quel homme avisé en garde, méfiant. Mais face au drame partagé de la mort de Gaemon, une barrière de la Rose était tombé face à la sollicitude que lui avait témoigner le monarque. Une barrière qui se rebâtissait à vue d'oeil. Bien que d'importance, la conversation se solda par la simple mention d'un temps de reflexion que le Dragon devait prendre avant de statuer. Sur la route de Port-Réal, Aegon et elle avaient entendus bien des choses et si tout ceci était vrai, alors des rumeurs de cours devaient être le cadet des soucis du valyrien. Elle récupéra Aemon avec un soulagement qu'elle parvint à cacher avec peine, serrant son enfant contre elle comme si elle avait, un instant, crut que cela ne lui serait jamais permit. Il eut un mot pour Aegon, puis un pour elle. Froid comme la glace, nullement apaisé par les propos tenus en privé. « Il en sera fait selon vos désirs, Majesté. Je demeure à jamais votre humble servante. » répondit automatiquement la jeune femme tout en se courbant en une révérence basse alors que Rhaegar Targaryen disparaissait de leur vue.
Seule avec son époux et leur enfant, Margaery laissa un soupire de soulagement lui échapper. Elle sentit alors combien son corset lui semblait serré, combien son dos était soudainement humide, témoins de l'angoisse que cette discussion avait provoqué en elle. « Crois-tu que les Sept m'ont abandonné après tout ce temps dans l'Orage ? » demanda-t-elle a demi-mots au prince tandis que ce dernier glissait un bras sur sa taille. Cela semblait idiot, mais la Foi était tout ce qui avait permit à la jeune femme de tenir ses dernières lunes: l'assurance que les dieux ne la laisseraient pas, qu'ils lui ouvriraient à nouveau la voie de la grandeur, de leur bénédiction. Mais coup sur coup s'enchainaient les mauvaises nouvelles et la Rose se demandait comment elle avait pu en arriver là ? Lui en voulaient-ils de ne pas avoir pu retenir Aegon dans leur Lumière ? Les punissaient-ils pour le symbole que son époux représentait aux yeux des adeptes du Dieu Rouge. Se retournant dans ses bras, Margaery étouffa dans le cou du prince un sanglot qui lui venait: la tension retombait et elle n'était, après tout, une jeune femme qui n'avait pas vingt ans. « Je t'en prie Aegon ... Ramène nous chez nous. Je veux oublier ces chuchotements, ces regards ... Son regard. » chuchota-t-elle contre la peau du jeune homme. Elle resta quelques secondes ainsi avant de s'éloigner d'à peine quelques centimètres. « Qu'importe que ce soit Lestival, Hautjardin ou Lancehélion ... Tant que je suis auprès de toi, et de personnes qui savent reconnaitre que je n'ai pris nulle part dans ce dont on m'accuse. »
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┗ THE PRINCESS ROSE ┛
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Ellipse: An 303, Lune 1, Semaine 4, Jour 6La fin de cette dernière semaine de la première Lune de cette nouvelle année approchait à grands pas. D’ordinaire, l’on conférait toujours à la nouvelle année une sorte de pouvoir mystique, comme si un nouveau chiffre amènerait avec lui de nouvelles et positives choses pour l’humanité. Dans sa prime jeunesse, l’esprit rêveur de Rhaegar y croyait dur comme fer. Il attendait toujours ces changements d’années avec une certaine impatience mêlée d’anxiété, ignorant tout de ce que cette nouvelle année amènerait avec elle de bon comme de mauvais. Mais aujourd’hui, dans ses appartements, assis seul face au feu de cheminée, il ne ressentait nulle excitation, nulle joie et nulle anxiété face à la nouvelle année qui débutait seulement. La fin de l’An 302 avait été des plus horrible. Toute cette année l’avait d’ailleurs été ; une année noire, maudite et, si elle avait fini sur une note que certains qualifiaient de positive puisque la guerre face aux Marcheurs Blancs avait été gagnée, lui ne cessait de voir toute la noirceur qu’elle cachait et qui se révélait maintenant au grand jour. L’inaction de Dorne, ingrats et se croyant au-dessus des ordres royaux juste en raison de leur passé et de leur devise, sans parler de l’orgueil des Martell, bafoué par deux fois par un Targaryen. La présence de dragons, bien plus nombreux que ce qu’il avait imaginé et obéissant aussi à d’autres maisons que la sienne, un fait qu’il peinait encore à comprendre et, surtout, à accepter. Mais le pire était sans nul doute le retour de ce lézard qui avait, un jour, été son frère. Rien que d’y penser, ses doigts de crispèrent et agrippèrent avec force les rembourrages de velours du fauteuil dans lequel il était assis. Tremblant de rage de le savoir quelque part sur son royaume, Rhaegar laissa échapper un cri de colère qui effraya Ser Barristan Selmy, posté à l’extérieur de ses appartements. Le Hardi ouvrit la porte à la volée et s’avana vers lui aussi vite que son grand âge et sa blessure, qui par moment encore se rappelait à son bon souvenir, le lui permettait.
Majesté ? Tout va bien ? s’enquit-il.
NON ! lui hurla-t-il en retour, sans pour autant se retourner vers le chevalier. Ce dernier garda le silence, sachant que ses accès de colère passaient…à condition de ne pas les alimenter davantage en le contrariant ne serait-ce que par un mot de consolation ou un regard trop compatissant au goût du Roi-Dragon. Après quelques minutes d’un silence pesant, Rhaegar se leva, contourna son fauteuil et passa à côté de Ser Barristan sans même le voir, les yeux rivés sur le sol, le dos voûté. Puis il se dirigea vers la porte laissée ouverte par le Capitaine de la Garde Royale, celui-ci le suivant en silence deux ou trois pas derrière lui, tandis que le Roi s’engouffrait dans les couloirs du Donjon Rouge. On le saluait sur son chemin mais les voix et les visages se confondaient dans l’esprit du Roi et c’est à peine s’il rendait ces saluts. Au détour d’un couloir cependant, il croisa Lord Willos Tyrell, qui s’écarta pour lui laisser la voie libre tout en le saluant. Rhaegar marqua un léger temps d’arrêt à sa hauteur, le considérant silencieusement mais de ce regard remplis de soupçons et de doutes qu’il posait désormais sur pratiquement tout le monde, excepté les rares membres de sa famille sur lesquels il ne doutait pas, ou plus. La vision de Lord Willos Tyrell lui rappela qu’avant son départ pour la guerre, une rumeur de parricide courait au sujet de la sœur de ce chevalier, sœur qui se trouvait, par le mariage, être sa belle-fille ; la Princesse Margaery. Fût un temps, il la considérait comme un membre de sa famille à part entière, presque comme sa fille. Il avait eu beaucoup d’affection pour cette jeune femme et l’avait même aidé à surmonter la perte de son premier fils, Gaemon. Mais les actes successifs d’Aegon puis de Rhaenys lui ont montré que même au sein de sa famille, il n’était pas à l’abri d’être trahi. Aussi, lorsque la rumeur au sujet de la jeune Rose était parvenue à ses oreilles, son premier réflexe avait été d’y croire, presque peu surpris de la savoir, à son tour, au centre d’un scandale au même titre que le furent Aegon et Rhaenys. Lors de leur dernière entrevue avant son départ pour le Nord, il avait assuré mettre un terme à cette rumeur en statuant d’une façon ou d’une autre une bonne fois pour toute. Mais il ne s’attendait pas à devoir essuyer tant d’autres problèmes qui non seulement nécessitaient toute son attention, mais aussi exigeaient de s’assurer de la loyauté du plus grand nombre, tant il était persuadé que bientôt, une nouvelle guerre frapperait à leur porte. Il finit donc par saluer Lord Willos et par lui demander où se trouvait, à cette heure, sa jeune sœur. Et comme il lui disait qu’il venait juste de la quitter dans ses appartements, elle ainsi que son tout jeune neveu, Rhaegar répondit par un hochement de tête silencieux avant de s’y rendre d’un pas lent, refusant l’accompagnement que proposait poliment Lord Willos, peut-être un peu inquiet pour sa sœur vu l’état mental du Roi. Une fois devant la porte des appartements que partageaient Aegon et Margaery Targaryen, Ser Barristan frappa deux coups forts et annonça :
Votre Altesse, Sa Majesté désire vous voir.
L’air sombre, Rhaegar patienta, sa stature presque entièrement dissimulée par celle du Hardi.
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Blood of my blood
Margaery Targaryen & @Rhaegar Targaryen
◊ ◊ ◊
Margaery était assise dans un confortable fauteuil de ses appartements riant de la bonne humeur générale que se dégageait des essayages d'Elinor. Loin de ses parents, elle avait entamé les préparatifs de son mariage avec plus de sérieux lorsqu'elle avait vu la chevelure blonde de Jacaerys Velaryon passer les portes de la capitale: son promis en vie, le mariage prenait une dimension particulièrement prochaine aux yeux de la jeune fille qui avait reçut, de Hautjardin, les prémices de sa robe de mariée. Toutes s'étaient accordées pour aider Elinor à être la plus belle des mariées de ce début d'année 303 et cette journée, comme une autre la semaine passée, servaient à finir les derniers détails de la robe en elle même. Alla était la plus douée en couture et en broderie, c'était donc elle qui avait prit en main le long ouvrage de broder une à une chaque perle du bustier d'Elinor, aidé dans sa tâche par Megga, lorsqu'elle avait du temps libre, ou Margaery elle même lorsqu'elle s'y sentait disposée. Jana avait, la veille, fait des essais de coiffure, plaçant de ça de là, des pinces ornées de roses blanches et surmontées de pierreries dans l'épaisse chevelure brune de la jeune fille. Megga avait prêté de ses propres effets personnels, une parure magnifique habillant le décolleté discret que la robe faisait à sa cousine. La princesse quand à elle, avait remué Port-Réal pour y trouver des fleurs qui viendraient composer le bouquet de mariée d'Elinor lors du grand jour.
Le retour du Roi et des nobles des terres de la couronne avait considérablement allégé l'ambiance générale de la Cour. Margaery elle même ne pouvait que remarquer son propre soulagement en voyant revenir l'armée royale et reprendre la routine habituelle du Donjon Rouge. Ses retrouvailles avec Aegon avaient été ponctué de baisers et de mots d'amour. Savoir qu'elle avait failli le perdre ne cessait d'aiguiser l'appétit de la jeune fille que ne parvenait qu'à regret à se détacher de son prince. Ce matin là, encore, c'était simplement enroulée dans les draps du lit conjugal qu'elle avait fait durer leurs conversations sur l'oreiller, se délectant de la vue qu'il lui offrait et du toucher soyeux de ses cheveux contre ses doigts. Ce souvenir lui tira un léger rouge aux joues tandis qu'elle surveillait Aemon qui rampait tant bien que mal en gazouillant vers la robe qu'Elinor essayait. « Non, non, non. » dit-elle d'une voix riante en attrapant le petit garçon dont les cheveux platines commençaient enfin à pousser de manière visible. « Laissez cousine Elinor tranquille, sinon papa ne vous emmènera pas regarder Jaelyx voler. » dit-elle à l'attention de son fils qu'elle vint assoir sur l'un de ses genoux. Elle savait qu'Aemon ne comprenait pas encore tout ce qu'elle disait, mais il semblait comprendre certains mots et Jaelyx en faisait parti. Etait-ce parce qu'il était du sang du dragon, toujours était-il que le petit prince semblait sous le charme de la danse voluptueuse que Hura et Jaelyx faisaient dans le ciel, le tout, pour le plus grand plaisir de son père. C'était avec un oeil attendrie que la bieffoise regardait donc son époux prendre leur fils dans ses bras pour l'emmener au balcon admirer les deux dragons tous les jours. Une habitude qui lui arrachait, cependant, un pincement au coeur à l'idée même qu'il puisse n'être jamais revenu auprès d'eux.
On vint frapper à la porte et la voix du Hardi traversa le bois de cette dernière pour se faire entendre. Elinor descendit de son piédestal, Alla lâcha ses épingles qu'elle rangea rapidement dans un petit panier et Jana alla ouvrir la porte, le visage grave. Margaery, s'étant levée, déglutit avec difficulté: sa dernière entrevue avec son beau-père avait été pour le moins mouvementée et elle eut un regard pour la partie plus privée et intime des appartements princier où se trouvait Aegon. « Votre Majesté. » salua la Rose en s'abaissant en une révérence qui fut unanimement exécuté par toutes les dames présentes. Seul Aemon gazouillait, innocemment, dans le fauteuil où sa mère l'avait laissé. Se redressant, elle considéra le regard du Roi et de Ser Barristan avant d'annoncer. « Merci mes demoiselles, je vous laisse retourner à vos occupations dans vos appartements. Je vous ferais appeler plus tard. » Le ton était ferme bien que Margaery douta qu'aucune des Tyrell présentent eut désiré resté après ce qu'elles avaient entendu du dernier rendez-vous entre le Roi et sa belle-fille. Elinor remonta ses jupes pour ne pas abimer le bas de sa robe et s'abaissant en guise de salutation déguerpi d'un pas rapide suivie par Megga tenant son voile et Alla dont les bras étaient chargés du panier et des étoffes qui lui restait à coudre. « Tante Jana, pouvez vous emmener Aemon au lit, s'il vous plait. C'est l'heure de sa sieste. » L'aînée des Tyrell obtempéra en prenant le petit prince avec des paroles douces avant de l'emmener avec elle, non sans un regard inquiet pour la jeune fille. Margaery observa son fils partir, lui faisant un petit signe de main tandis qu'il commençait à grimacer, signe de son mécontentement.
La porte se referma et Margaery demeurait seule avec son beau-père et le chef de sa garde. Toujours debout, elle attendait que le Roi ne l'invite à s'assoir ou ne l'instruise des raisons de sa présence mais finit par demander. « Désirez vous voir Aegon ? Je peux le faire appeler si tel est votre souhait. » La perspective qu'Aegon partage à nouveau quelque chose avec son père était réjouissante, mais Margaery ignorait encore 'avis du monarque sur sa propre affaire. Le chemin serait encore long avant d'envisager retrouver la confiance de cet homme dont elle avait pensé être si proche.
(c) oxymort
┗ THE PRINCESS ROSE ┛
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Il régnait visiblement une grande agitation dans les appartements princiers. C’est ce que constata Rhaegar en pénétrant dans la grande pièce pourtant bien encombrée de jeunes femmes et de tissus. Si tout ce monde s’interrompit à son entrée et s’inclina, Rhaegar resta cependant silencieux, son regard allant d’un visage à un autre avant de retomber sur celui de sa belle-fille qui fut la seule à accompagner sa révérence d’un « Votre Majesté ». Il s’arrêta à bonne distance de toutes ces dames et répondit en retour un : Votre Altesse…Mes dames, assez neutre, à la limite de la froideur tant son esprit restait tourmenté et obnubilé par le retour de son frère, pour ne citer que cela, car la liste était longue et ne semblait ne jamais se raccourcir. Même si l’on parvenait à régler un problème, il en apparaissait toujours deux autres pour combler le vide laissé par le problème résolu. Margaery Targaryen allait-elle rester sur cette liste ou son nom se verrait-il effacer au profit de deux autres noms ? Cela faisait depuis avant son départ pour la guerre qu’il devait statuer sur la rumeur tâchant le nom de la jeune Rose. Il s’était bien gardé de le faire, ayant alors maints autres détails à régler avant son départ. Désormais, il était de retour. Il fallait qu’il se positionne définitivement envers son cas. Alors que Margaery congédiait poliment ses dames de compagnies, celles-ci quittant une à une les appartements de son fils et de sa belle-fille, les prunelles du Roi-Dragon restèrent braquer sur la silhouette fine de la Rose. Pas même ne vit-il la future épouse de Ser Jacaerys Velaryon passer à non loin de lui à pas rapides, les mains agrippant ses jupes de future mariée. L’injonction de Margaery envers une certaine « Tante Jana » lui fit néanmoins tourner légèrement la tête vers son petit-fils que cette femme emmenait avec elle vers son lit pour sa sieste. Un pâle sourire apparu sur les lèvres du Roi qui suivit son petit-fils du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue et qu’enfin, il n’y ait plus que lui, Margaery et Ser Barristan Selmy. Passant près de lui, il lui ordonna :Vous pouvez attendre dehors Ser Barristan.
Le Hardi obtempéra après s’être incliné devant son Roi ainsi que devant Margaery, qu’il salua d’un « Votre Altesse » poli avant de rejoindre le couloir et la porte derrière laquelle il se posta, et de les laisser seuls. Un silence de plomb s’abattit entre eux deux, silence que finit par briser Margaery :
Désirez-vous voir Aegon ? Je peux le faire appeler si tel est votre souhait, demanda-t-elle.
A-t-elle peur de se retrouver seule face à moi ? Si elle propose cela, c’est qu’elle n’a pas la conscience tranquille pensa-t-il en premier lieu avant d’avoir une autre pensée. Ou alors elle s’imagine que je ne lui accorde plus aucune importance et que si je suis ici, c’est parce que je soupçonne y trouver Aegon. Rhaegar fit un pas de plus vers elle tout en l’observant, mains jointes dans le dos :
C’est vous que je viens voir, finit-il par répondre. Je verrais mon fils plus tard.
Puis il se détourna d’elle et prit place dans un fauteuil encore chaud de la présence d’une des dames de compagnie de la princesse. Il désigna le fauteuil sur sa droite de la main :
Prenez place.
Il attendit qu’elle s’exécute avant d’entrer de suite dans le vif du sujet ; il n’avait que trop traîner dans cette histoire :
Lors de notre dernière entrevue, je vous ai dit que je statuerai sur votre cas à mon retour, commença-t-il en dardant ses prunelles améthystes dans celles, bleues, de la jeune femme. Me voilà de retour avec une affaire on ne peut plus grave. Il ne s’agit plus seulement de rumeurs comme celle qui vous concerne, mais bien de faits avérés que j’ai pu moi-même observer.
Rhaegar se redressa pour s’adosser contre le dossier du fauteuil : Vous n’êtes pas sans ignorer le retour de l’oncle de votre époux ? lui demanda-t-il sur un ton dédaigneux.
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