[EVENT] Le banquet de la concorde

Les préparatifs avaient commencé quelques jours avant ; Talia Rougefort avait tenu à faire fleurir un printemps au sein des murs de sa demeure en l'honneur des mariés, et elle y était véritablement parvenue. Le plancher avait été balayé et arrosé à grandes eaux, les chandeliers apprêtés, un tas de bûches fut jeté dans les âtres, et la salle de réception s'était transformée en endroit aussi commode, aussi chaud, aussi sec et aussi luisant qu'il était possible de le désirer. Les murs et les tables étaient richement décorés de guirlandes et feuillages verdoyant ; on eut dit de bosquets véritables dont toutes les branches luisaient de baies rouges. Des rameaux d'olivier et de gui ornaient la cheminée et le dossier de certaines chaises, liés par des rubans de la couleur des deux maisons : bleu, rouge et vert. L'on ne savait plus très bien où regarder, tant les feuilles lustrées reflétaient la douce lumière des bougies et du foyer, comme tant de petits miroirs. Sur les tables trônaient des volailles grasses, du gibier froid, du cochon de lait, des potages au lait d'amandes, des tourtes, du cormary, des rissoles de poisson, et tant d'autres richesses du terroir de cette maison qui avait toujours su accueillir avec faste. D'immenses gâteaux des rois, des confits si bien glacés et tachés de sucre candi que leur vue rappelait une abondance réconfortante, puis du vin épicé à la cannelle, qui emplissait la pièce d'une délicieuse vapeur, achevaient ce repas. Des oranges et des fruits exotiques jonchaient les tables pour relever leur couleur et témoigner du fructueux commerce qui ramenait au Val tant de denrées de l'Est. Figues moites et charnues, pruneaux du nord des terres, raisins secs, marrons chauds... En humant l'air, les invités pouvaient sentir un mélange de rôti et de condiments, de sucre et de chaleur.

Si ce festin avait pour but de célébrer le mariage entre Mychel Rougefort et Ynès Sunderland, un loyaliste repenti et une rebelle émérite, il se devait d'être le digne préambule d'une circonstance timide et nouvelle. Car pour la première fois depuis la trêve et la fin de la guerre de conquête, des conflanais avaient été invités sur le territoire du Val, avec à leur tête nul autre que leur Suzerain, Brynden Nerbosc. La tension, tacite, avait été palpable, par appréhension ou hostilité résiduelle, mais très vite, les tables richement remplies, la musique et le charme de la maîtresse de maison, autant que la joie cérémonieuse des mariés dissipa la division, quand bien même fut-elle tenace entre les Bracken et les Nerbosc...

Bientôt, les félicitations furent proclamées, les honneurs furent prononcés, et ragaillardis, les enfants s'étaient mis à courir entre les tables, délaissant la solennité officielle pour une ambiance que l'amusement et l'alcool rendaient presque familière. Des enfants avaient jeté une poignée de marrons sous les cendres et les regardaient se fendre avec fracas et pétillement, avant de les distribuer aux adultes qui semblaient fondre dans leurs fauteuils. Par une heureuse et noble compensation, si la maladie et le chagrin étaient contagieux, il n’y avait rien de plus irrésistible que la bonne humeur innocente. Cependant, les sourires et les ceintures tendues sur des ventres bien remplis n'empêchaient jamais les hypocrisies et les messes basses, et encore moins les intrigues politiques. Si les discussions bruissaient telles des rivières entre les percussions des couverts, les yeux, eux, parfois, furetaient pour ne pas se faire prendre, tandis que la bouche murmurait l'indicible à l'oreille voisine. Interdites, certaines têtes se tournaient vers le Suzerain du Val et du Conflans en pleine conversation, et laissaient luire sur leur visage une à peine perceptible expression de désapprobation. Quelques farouches, dans les coins sombres, fixaient au contraire des airs de blâme sur ce qu'ils jugeaient indigne. Mais si la division flottait, latente au sol comme de l'eau froide, les célébrations, portés par des invités enthousiastes et las de la discorde, gardèrent leur belle noblesse, doucement indifférente de ceux qui les jugeaient.

Talia s’était surpassée pour les préparatifs du mariage, si la comptabilité avait été laissé à Jasper, le reste de l’organisation avait été laissé à son épouse. Elle adorait ça et elle avait repris cet héritage de son beau père, permettant d’assurer une certaine continuité à Rougefort dans les réceptions qui étaient toujours aussi chaleureuse qu’à l’épouse où Horton Rougefort était encore le seigneur de ces lieux. De nombreux invités de marques étaient présents, le nouveau suzerain du Val Gerold Grafton mais son homologue conflanais, lord Brynden Nerbosc. La nouvelle reine du Royaume des Montagnes et du Val était également de la partie, probablement dans l’espoir de voir Barbara, mais seule Jon était arrivée dans son fief natal, et il était seul. Jasper était ravie de revoir son frère, le voir en bonne santé, aussi heureux qu’il pouvait l’être en ses circonstences particulière. Séparé à cause de deux Royaumes se faisant la guerre malgré la trêve et les accords de Repose. Jasper fondait beaucoup d’espoir dans ses accords car il avait des proches dans le Conflans, son frère mais aussi son meilleur ami, Desmond Mallister. Ce dernier faisait d’ailleurs parti de la délégation conflanaise et les deux hommes avaient pu se retrouver quelques jours avant le grand jour. Et Jasper avait souris, un sourire sincère que seule ses filles avaient jusqu’ici le pouvoir de faire apparaître sur son visage. Mais revoir cet homme après des années, remplissait le coeur meurtris du seigneur de Rougefort. Et pour une fois, son humeur pour les festivités n’étaient pas sombre comme la nuit.

Une fois la cérémonie religieuse achevé, le banquet, les danses et la musique s’emparèrent de la forteresse. Jasper, sur un coup de coude de Talia, se leva pour lancer les hostilités. “Aux mariés, soyez la bienvenue chez les Rougefort lady Ynès.” avait-il sobrement dit avant qu’une armée de serviteurs arrivaient les mains chargés de victuailles et de boissons en tout genre. Talia avait veillé au grain. Tout devait être parfait selon ses volontés.

La dame de la maison Rougefort fut rapidement hapé par ses obligations et ses nombreux courtisants pour l’invité à venir danser. Jasper la laissa faire, nullement jaloux. La boisson coulant à flot, l’homme ne risquerait pas d’approcher son épouse, il était d’ailleurs fort à parier que Jasper ne partage pas la couche de son épouse après tout cela. Lors de ce genre d’évènement, il était très rare de voir l’homme en compagnie de son épouse en direction des appartements seigneuriaux, il passait souvent la nuit dans son bureau afin d’être certains ne pas avoir des mots ou des gestes qu’il ne maîtriserait pas à cause de l’alcool.

Jasper devait jouer son rôle de seigneur durant son mariage, tentant quand même de garder un oeil sur Mychel et sur ses filles qui courraient à travers les jambes des invités. Il se dirigea alors vers lord Sunderland, un cousin de la jeune Ynès. “Lord Triston.” salua Jasper  “J’espère que les festivités sont à la hauteur de vos attentes pour ce mariage.” dit-il pour engager la conversation à l’insulaire.

Il s'était posé la question tout au long de la route, et encore ce matin même tandis que le soleil se levait sur Rougefort : que foutait-il ici ? Une part de lui restait récalcitrante, peinant à se convaincre du bienfait de la chose, de la nécessité des discussions et des conclusions qu'il cherchait à en tirer. Sans nul doute que le Brynden qui avait succédé à Tytos Nerbosc dans le chaos de son assassinat n'aurait même pas envisagé cette possibilité, sans doute cela expliquait-il le départ de Lucas finalement. Certains choix ne peuvent être motivés par l'égo, lui avait un jour dit son père lorsqu'il n'était encore qu'un jeune homme, par moment, il faut savoir quand laisser l'épée dans son fourreau pour le bien commun. Les années passant, Brynden en avait usé de cette épée. Il se souvenait des batailles menées depuis que le Conflans reposait sur ses épaules et il n'y en avait pas eu de puis déchirante que celles qui l'avaient opposé aux siens. Bracken, Bonru, Lychester, ... Les noms des traitres, chuchotait-on à son oreille comme pour adoucir la violence de ce qui s'était produit, cela ne changeait rien à l'amertume qu'il ressentait lorsqu'apparaissait dans quelques livres, le blason des vaincus, les armoiries des éteints. Etait-ce Daenerys qui l'avait ainsi contaminé de sa si grande compassion ? L'argenté, prompte à la clémence, ne rechignait pas à la punition, mais elle épargnait toujours la vie. Le coeur tendre des femmes avait commenté son oncle Roger tandis que face à la jeune Zia dont le gros ventre indiquait la naissance de futurs orphelins, il avait rappelé les volonté de son épouse à qui il laissait le soin de juger du sort des dames sous son autorité. A l'aube de la paix, Brynden avait consenti à bien des sacrifices de sa fierté sur l'autel du bien commun, pensant au peuple, première victime des conflits, au Conflans tout entier, trop souvent coeur des batailles les plus sanglantes. Tout n'était que le résultat d'une série de décisions dont il ignorait encore si elles étaient bonnes mais qui l'amenait ici, à des jours de ses frontières, en plein territoire que Port-Réal qualifierait d'ennemis.

Sa présence n'avait pourtant rien d'un secret, mais Brynden en avait malgré tout conçu un certain malaise lorsqu'ils étaient entrés sur les terres valoises quelques jours auparavant mais à présent, c'était avec la figure froide qu'il arborait au quotidien qu'il faisait face à la magnificence des lieux. De l'autre côté de la frontière, l'on avait tendance à penser que le Val n'était qu'une région abandonnée, dévastée par la guerre, oubliée par le trône de fer mais il n'en était rien. La vie continuait ici, tout comme ailleurs et les blessures guérissaient petit à petit. Comme s'ils avaient ouvert la porte sur un autre monte, il avait l'impression d'être entrée dans un Val où ce qui lui paraissait étrange était devenu la normalité d'autres, et cela ne faisait que renforcer la sensation initiale. Cela allait jusque dans le nom de la région, gommant des siècles de suzeraineté Arryn, puis Hardyng, pour revêtir l'appellation passée qui remontait à un temps si lointain que le barral de Corneilla devait encore y avoir ses feuilles. Royaume des Montagnes et du Val. Un nom clinquant, songea Brynden lorsque l'escorte qui les attendaient à la frontière le saluèrent en l'employant. Et à présent, il se trouvait là, dans la salle de réception de Rougefort, son regard parcourant des visages autrefois familiers tandis qu'à ses côtés ne se trouvait pas la blonde assurance d'Harrold Hardyng mais le calme plus froid et calculateur de celui qui l'avait chassé de ses terres. Etrange, étrange, songea Brynden avant de reporter son attention sur Mychel. Plus étrange encore était de le voir avec la fille Sunderland à son bras, lui qui avait été promis à Delya pendant tant d'année. C'était un autre mariage auquel il aurait du assister, un autre mariage ave une autre mariée, un autre suzerain, une autre vie. Mais il n'était pas là comme invité de la noce, pas directement. Ses yeux s'arrêtèrent sur Jon, puis sur Desmond, Hoster, et tous les conflanais qui, discrets, étaient plus ou moins mêlés à la foute des invités. « Laissons passer les félicitations d'usage. C'est leur journée après tout. » proposa-t-il à son voisin, songeant que quelques minutes ne changeraient rien à la face du monde, mais tout à la manière dont Lord Rougefort et Lord Sunderland vivraient le reste de la journée. Il regrettait presque l'absence de Daenerys : sans doute aurait-elle était bien plus enthousiaste à l'idée de se montrer, si ce n'était amicale, au moins de bonne humeur. Glissant un oeil sur Gerold Grafton, Brynden s'en détourna finalement, cherchant sur les visages les signes des réactions à venir.  

Au fond, la confiance c’est une donnée très subjective. Brynden Nerbosc avait su démontrer depuis de nombreuses années qu’il était un sujet loyal de la Couronne, qu’il était digne de confiance. Le Roi Rhaegar lui avait même confié la main de sa sœur, quelle meilleure marque de respect ? Le suzerain du Conflans s’était montré digne de cet engagement, d’abord à Winterfell puis dans la lutte contre les fidèles du perfide Viserys, le puîné traître. Il n’avait pas seulement brillé pour sa lutte acharnée contre les rebelles mais aussi pour son efficacité, pour son zèle. Qui, plus que Brynden Nerbosc, avait les mains pleines de sang des ennemis du Roi ? Willos Tyrell était un homme de pardon qui graciait les familles traîtres après leur défaite et il en leur accorda un bon nombre de défaites. Kevan Lannister avait buté contre les murs d’une famille mineure malgré une férocité digne de son aîné. Harrold Hardyng avait failli à sa tâche même si on peut imaginer qu’il s’est senti abandonné, Stannis Baratheon avait échoué à couler la flotte ennemi mais il ne souffrait d’aucun rebelle chez lui, Monford Velaryon avait perdu sa flotte et sa vie mais son bâtard de frère avait fait chuter les Crabbe. Finalement, il n’y avait que les Stark pour rivaliser d'efficacité contre les rebelles… Mais malgré tout, j’étais là. Moi, Sarmion et je jouais depuis un bon moment ce rôle de chambellan pour Ser Desmond Mallister, le régent des Vance.

J’étais là parce que mon maître, Rayford Mallery voulait que je le sois. Enfin, j’aurais été là sans qu’il le souhaite, entendons-nous bien ; j’aurais dû suivre ser Desmond dans tous les cas. Mais j’étais les yeux et les oreilles de mon maître et ça c’était autre chose. Est-ce que ser Mallery a confiance en lord Nerbosc ? Je crois sincèrement que la confiance est une notion assez vague à un certain niveau d’intrigue. Je crois que mon maître fait aussi bien surveiller ses ennemis que ses amis. Alors quelle était ma mission ? Observer, analyser, transmettre.

Je devrais être silencieux, je devrais être prudent, je devrais être moi-même ; Sarmion un chambellan d’un homme important du Conflans. Et c’est auprès de ser Desmond que je pouvais obtenir le plus d’informations, lui qui avait des amis de chaque côté de la frontière, lui qui fut si proche des Rougefort, lui qui dirige la maison des Vance, lui qui est né aigle de Mallister et lui qui est si fidèle aux Nerbosc, lui qui est lié aux Frey. Personne ne pouvait soupçonner un personnage si loyal, si digne de confiance de porter avec lui les oreilles indiscrètes du Conseil Restreint de Port-Réal. J’avais suivi ser Desmond et la troupe conflanaise bien sagement jusqu’au Val. Je n’avais rien de bien intéressant à transmettre alors que les festivités commençaient vraiment. La glace n’était pas brisée, les convives échangeaient des banalités. Les grandes pièces du jeu d'échecs n’avaient pas commencé à discuter entre elles. Ser Desmond voulait un peu d’eau dans son vin, bien sûr Ser, très bien Ser, tout ce que monsieur veut. Nous allions, à travers la foule de domestiques avec un air hautain pour les simples servants chercher une carafe pour mêler son vin. Nous notions néanmoins, un peu étonné la présence d’un noble au physique valyrien dont le nom nous était inconnu.

Cela lui faisait bizarre d’être ici, à Rougefort, parmi tous ces gens, dans un Val qui avait profondément changé ces dernières années. Il était loin le temps où il n’était que Roland, l’écuyer de lord Jon Arryn. Le petit enfant aux cheveux quelque peu bouclés était devenu un homme au visage fermé, un homme dont les horreurs de la guerre le hantaient encore dans quelques mauvais rêves. Heureusement, il pouvait compter sur sa merveilleuse épouse, lady Aelinor, Le couple officiait presque comme les seigneurs de Chênes-en-Fer depuis l’emprisonnement de lady Anya et de son héritier, ser Morton. Leur présence à ce mariage avait ainsi une double raison. Bien sûr, la première était familiale. Lord Jasper était le beau-frère de Roland. Les maisons Rougefort et Vanbois étaient amies et alliées depuis de nombreuses années maintenant. La matriarche et grand-mère du Val avait bien fait son travail, s’assurant l’alliance de bon nombre des grandes familles de la région. La seconde raison était venue s’immiscer après l’acceptation de l’invitation. Le mariage entre Mychel et Ynès Sunderland réunirait le Conflans et le Val. La présence de Gerold Grafton pourrait être utile à Roland s’il réussissait à plaider la cause de sa grand-mère et de son père.

Souhaitant se tenir en retrait, Roland ne faisait pas de vague, saluait tous les convives, ceux qui, autrefois, auraient pu être qualifiés de traitres et ceux qui, à la même époque, auraient été appelés des lâches. Aujourd’hui, la paix était revenue dans le foyer et le cœur des gens. Nul ne savait réellement combien de temps elle durerait mais chaque seconde devait être profitée. Et ils profitèrent de cette belle cérémonie unissant les Rougefort aux Sunderland. L’ambiance et l’atmosphère étaient bien meilleurs qu’au tournoi de Sortonne quelques années plus tôt, personne n’aurait pu dire le contraire. Discret, le couple et ses trois enfants suivaient le mouvement, Roland attendant le moment opportun où il aurait la possibilité de discuter avec son cousin, @Gerold Grafton. Savoir sa grand-mère et son père enfermés depuis tout ce temps lui rappelait une époque bien désastreuse. Les traitres s’étaient dévoilés, ouvrant les portes grandes ouvertes à Viserys, le prince déchu qui, désormais, était le roi des Montagnes et du Val. Mais comme bon nombre de Valois, Roland avait fini par s’en accommoder. Il était facile de s’habituer mais beaucoup d’oublier. C’est après avoir salué à nouveau les jeunes mariés ainsi que sa sœur et son beau-frère (@Jasper Rougefort), que Roland entraperçut la reine, @Jayne Targaryen. Il n’avait pas dû faire attention à sa présence lors de la cérémonie mais cela pourrait être une carte à jouer plus tard. En attendant, il suivait le mouvement, profitant de ce banquet somptueux digne des Rougefort.

De tous les enfants Nerbosc, Hoster avait été longtemps le plus timide, préférant la compagnie des livres à toute autre chose, mais la vie l'avait fait évoluer. Depuis l'empoisonnement de son père lors de son propre mariage avec Sansa, il avait gagné en maturité et chercha à vaincre sa maladresse en prouvant au sien que le savoir avait bien des avantages. Sa loyauté envers son frère aîné lui est toute acquisse, s'était la raison pour laquelle il se trouvait présent à ce mariage, mieux valait être plusieurs paires d'yeux, pour observer si la paix entre leurs deux terres, étaient si bien perçue que cela.

Deux familles du Val venaient d'unir les leurs, mais quand son regard se posa sur Mychel lors de l'union, il ne put s'empêcher de l'imaginer près de sa cousine, Delya. Anciennement fiancé, mais la prise du pouvoir du Roi Viserys avait changé les choses et l'avenir tout entier du Val. Il reconnaissait quelques visages parmi les convives, mais personne dont il était vraiment proche, cela n'allait pas aider ses affaires. Hoster savait qu'il devrait se surpasser et pour une fois, aller vers les autres que de rester dans son coin. Sansa lui aurait été sans doute d'un grand recourt, elle savait y faire avec les inconnus, en tout cas, bien plus que lui.

S'éloignant de son frère, une fois que la cérémonie fut finie, il observa ceux qui l'entourait. Qui pouvait-il bien aller voir pour avoir des informations fraiches et réelle de ce qui se passait dans le Val actuellement ? Finalement, il alla a la rencontre d'un couple et de ses enfants. Il avait entendu l'homme échangé et se présenter comme Roland Vanbois. Hoster savait qu'il s'agissait du petit-fils d'Anya Vanbois et qu'elle était toujours prisonnière comme le père de Roland. Ils avaient refusé de ployer le genou devant Viserys Targaryen et malgré les années, ils ne semblaient pas plier. Une situation qui devait être peu accommodante pour le Vanbois.  @Catelyn Grafton Prenant son courage, il se dirigea vers sa cible et toute en souriant, inclina la tête vers la famille :

- J'espère ne pas vous importuner, nous ne nous serions pas croisés lors du tournoi de Lestival ?

Pour dire vrai, Hoster n'avait que peut quitter le Conflans, mais il s'était rendu à ce tournoi comme beaucoup de familles de Westeros et il était possible que Roland s'y soit rendu, et même qui l'eut croisé. Cela avait été son idée d'approche, il n'allait pas se pointer devant le chevalier et lui demander ouvertement ce qu'il pensait de l'alliance entre Conflans et Val, et même s'il avait des nouvelles des siens qui étaient prisonniers. La diplomatie était en route et le Nerbosc faisait un pas vers le Val. À eux de prouver, à présent, que l'alliance était un atout pour le Conflans.

C'était avec un étonnement certain que Vaeron avait été convié au mariage Rougefort, accompagnant son suzerain et Main du Roi. Cette union avait une saveur bien plus politique que tout le reste car seraient présents quelques conflanais. Trois ans s'étaient écoulés depuis l'accord de l'île de Repose, scellant la paix entre le Val et le Conflans. Trois années d'une trêve bien méritée après une guerre meurtrière à laquelle le braavien avait pris part, s'illustrant dans quelques batailles. Devenu chevalier depuis peu, l'argenté se fondait un peu plus dans la masse, se pliant aux exigences du continent et de cette piété qu'il dédaignait intérieurement. En tant qu'étranger, il se devait de redoubler d'efforts pour montrer sa bonne foi, là où les natifs se contentaient d'arborer leurs noms qui les protégeaient, ici, le pouvoir de la Maison Antaryon n'était rien. Aux yeux du reste du Val, il n'était qu'un parvenu, un homme inconnu aux ambitions floues. Au-delà de défendre les intérêts de son camp, Vaeron Antaryon profitait de l'événement pour se montrer au monde extérieur.

La cérémonie se déroula sans encombre, durant laquelle il n'eut guère le temps d'échanger avec les conflanais, se contentant de quelques banalités. L'argenté fut surpris de découvrir le Nerbosc grisonnant : affichant une chevelure aussi argentée que la sienne. Ce n'était pas la description qu'on lui avait faite au départ. Une chose était cependant immuable : la corneille était de sa trempe, homme de muscles et de force, il avait entrevu quelques similitudes entre eux. Ce n'était malheureusement pas maintenant qu'il pourrait l'aborder, laissant ce plaisir à Gerold Grafton qui était son égal. Le regard bleu/violet du guerrier parcourait la pièce du banquet qui se remplissait de ses convives : la décoration était à la hauteur de l'événement. Les Rougefort savaient bien accueillir, sans nul doute. Attrapant un verre de vin à la dérobée, Vaeron avait d'ores et déjà repéré les pièces de l'échiquier qui se dessinait sous ses yeux après que le seigneur des lieux ait sonné le début des hostilités. L'heure était aux discussions officielles, loin de la détente habituelle en de pareils événements. L'on pourrait presque oublier qu'il s'agissait d'un mariage.

Sans surprise, quelques regards s'arrêtaient sur sa personne : surpris qu'il arbore une chevelure argentée, des traits valyriens dont la preuve d'appauvrissement s'entrevoyait dans ses opales mêlant le bleu et le violet. Selon la lumière, le violet était le plus visible, ou non. Il aperçut un servant, proche du chevalier Mallister le regard avec attention. Avec son plus beau sourire et son charisme, Vaeron s'en approcha, peu importait si ce dernier n'était qu'un roturier, tous avaient leur importance. "Monsieur. Il m'a semblé vous avoir vu plus tôt aux côtés de Ser Mallister. J'espère que vous profitez des festivités." De son accent exotique ne restait que des réminiscences, l'Antaryon faisait de son mieux pour l'occulter. Il but une gorgée de son vin avec lenteur, avant de reprendre pour se présenter en bonne et due forme. "Ser Vaeron Antaryon, j'accompagne Lord Grafton." Voilà qu'il aurait presque pu oublier son nouveau titre de chevalier ! Quelle drôle d'idée.

Comme il se figurait l’homme se mouvant dans l’histoire, il fut hanté par un sentiment de défaite…* Tant avaient été vaincus, et pour un but qui prenait du temps à se reconstruire. L’on avait reçu ses ordres, mais Gerold parcourait la foule à la dérobée d’un regard particulièrement scrutateur, à la recherche du sagouin qui aurait eu la fâcheuse idée de vouloir compromettre cette rencontre. Par moment, son attention s’attardait, par principe, sur Roland Vanbois (@Catelyn Grafton), ou la Reine (@Jayne Targaryen), ultime catalyseur d’une possible discorde, quoi que plus le temps passait, plus il faisait confiance en la bienséance patiente de leur invité conflanais. Quelles que furent ses scrupules, @Brynden Nerbosc était là, en a compagnie d’une belle brochette de personnalités. Sa relative insensibilité aux émotions somptueuses de l’orgueil héraldique l’avait prémuni contre la rancoeur d’une pirouette d’allégeance, mais pas contre un peu de méfiance. Aussi, il ne tenait guère rigueur aux Nerbosc pour leurs accomplissements loyalistes en temps de guerre, car les Grafton n’en avaient pas fait moins selon leurs propres intérêts. Son piquant enthousiasme ne fut pas davantage éteint par la mine givrée du Suzerain homologue, qui arborait ce masque comme Gerold cultivait ses sourires : avec calcul.
En ce sens, son admiration la plus sincère fut évoquée auprès de la maîtresse des lieux, épouse de @Jasper Rougefort, qu’il remercia d’avoir su si somptueusement fait honneur à l’hospitalité et aux richesses du Val. Pour sa part, l’idée avait été tant d’amadouer que d’impressionner les conflanais : le Val était loin de la pauvreté qui l’avait guettée en temps de guerre et l’abondance de sa table était une mise en garde, car tout ce que l’on avait pas besoin d’employer en campagnes militaires, on l’employait en richesses. Seule une région dont l’armée se portait bien pouvait se permettre une opulence de vivres. Puis, le commerce avec les régions de l’Est ne laissaient pas à désirer et Gerold était tout enclin à ouvrir les digues pour laisser ruisseler ces trésors chez ses voisins.
En biais, le regard tranquille de son invité se baladait sur les convives et Gerold le suivait, malicieux, devinant d’une pensée repue ce qu’il pouvait bien se dire. Poliment, ils étaient restés en retrait, autant que possible ce fut, pour ne pas diluer les premiers instants de ce mariage par les manigances de la politique ; Gerold avait été plus que satisfait de se plier à cet anonymat à l’instar du conflanais, qu’il prit le temps d’examiner. Lui, qui était le cousin de Mya Hardyng, précipitamment réfugiée dans le Conflans par ses propres soins. Comptait-il les griefs et les cadavres ? Se rappelait-il des promesses jamais réalisées ? Gerold ne savait pas encore si son silence était le fruit de la désapprobation ou de la méfiance, mais sa présence était un consentement que peu leur avaient donné jusqu’à maintenant. Mais alors, qu’est-ce qui, dans ces larges épaules et ces mains habituées à tenir l’épée, faisait plus craindre à ce solide Suzerain les velléités de la guerre plutôt que les compromis de la paix ? L’histoire de sa région, la mort de son père, toutes ces promesses que la guerre avait avorté, ou les cheveux argentés de sa femme ?
A l’époque de leur rencontre pour l’accord de Repose, leurs esprits avaient encore été marqués par la violence et les désaccords de la guerre ; ils avaient tous été aussi hostiles qu’impénétrables, contraints par le destin et quelques liens familiaux à s’accorder une trêve sur des compromis houleux. Aujourd’hui, il ne s’agissait plus de cela.
« Presque comme si rien ne s’était passé… commenta-t-il doucement en regardant la foule, alors qu’ils s’étaient enfin assis à table et que leur présence avait été noyée dans un agréable gazouillis. Presque… conclut-il avec un sourire à peine perceptible aux lèvres, puis se tourna vers le conflanais : Ce n’est pas la première fois, Lord Nerbosc, que vous faites preuve d’une audacieuse singularité dans vos décisions, et le Val vous en est particulièrement reconnaissant, moi le premier. Je suis honoré de la confiance qu’il aura fallu pour vous voir ici. »
Gerold se tut, et laissa un instant à son compliment pour se faire sa place. Il soupçonnait le caractère de Brynden, silencieux et taciturne, de mal supporter la flatterie, ce qui tombait bien, puisqu’il en était incapable si elle n’était pas allongée sur un lit de vérité. Leur commerce forcé avec Essos en était une démonstration : le seul à avoir daigné leur faire suffisamment confiance sur le continent était le Suzerain Nerbosc. Leur seule et unique porte d’entrée.
« Il est parfaitement clair, je crois, tout ce que le Val peut espérer du Conflans, continua-t-il de sa voix calme et mesurée, se refusant toute tergiversation inutile, dont le Nerbosc semblait être bien peu friand. Ce que j’aimerai savoir, c’est ce que le Val peut proposer en retour ? »

Permets, avant tout, que je rafraîchisse un peu tes souvenirs.*
Ce grand blond valyrien s’appelait donc Antaryon ? Où avais-je déjà entendu ce nom ? Il était évidemment essossii, un léger accent, un nom inconnu de la noblesse westerosi… Mais de quelle citée pouvait-il bien venir ? J’aurais vraisemblablement penché pour Lys, là où il y avait tellement de gens au physique valyrien, cependant il y avait pléthores de nobles valyriens à Volantis aussi. Mais il semblait très bien intégré à la société valoise, plutôt à l’aise et seules Pentos et Braavos nous étaient si proches. Son nom… Si seulement je pouvais m’en souvenir. Enfin, qu’importe après tout, mon maître saurait placer un point sur une carte dès que je lui aurais transmis ses informations. J’imaginais déjà la note codée que je lui ferais parvenir. “Invité surprise au mariage : chevalier accompagnant Grafton, Vaeron Antaryon.”
Si les informations venaient à moi toutes aussi rapidement ce petit événement allait être très satisfaisant pour moi. Je saluais évidemment ce chevalier étranger en baissant la tête, il était d’un rang supérieur au mien mais bien que je n’était qu’un simple domestique, le chambellan est de tous les rôles de servants celui le plus à même de discuter régulièrement avec un seigneur où un chevalier. Cela faisait partie de notre formation.
“Ser Antaryon, je vous remercie. Nous servons effectivement la personne de ser Mallister. Peut-être que vous connaissez ser Mallister ?”
Je baissais une nouvelle fois les yeux, jetant un regard en coin à Patrek Mallister. Il fallait jouer le bon chambellan. “Peut-être que vous connaissez déjà ser Mallister, où souhaitez-vous que nous vous informions sur sa personne pour pouvoir le saluer ?” J’avais baissé le ton lors de ma question, parfois un chambellan pouvait aider d’autres nobles à saluer correctement son maître, selon les usages.

Cependant j’apercevais du coin de l'œil que la conversation entre Brynden Nerbosc et Gerold Grafton allait commencer, les deux poids lourds de la soirée. Dès que j’en saurais plus sur quelques invités il faudra assurément que je prête l’oreille. Même si au fond, devant un aussi grand public les deux hommes n’allaient dire des choses révolutionnaires. Surtout que tout les yeux seraient rivés sur les deux hommes. Il fallait faire plus attention aux personnages les moins importants. Si j’arrivais à obtenir plus d’informations sur Vaeron, par exemple, mon maître pourrait certainement comprendre la raison de la présence de cet étranger. Et pourquoi il était devenu chevalier. C’est ce genre de détails qui comptait le plus, bien plus que la discussion certainement moyennement révélatrice qu’il y aurait entre les deux cadors. Il faudra aussi que j’écoute les valois, y-a-t’il encore des distancions dans le Val ? Pourquoi la Reine était-elle présente ? Y-avait-il des nobles conflanais de moindre importance qui profiteraient de l’invitation pour se lier plus que ce que la politesse ne commande ? Beaucoup de questions qui restaient en suspens.

Sans attendre la réponse de mon interlocuteur, je stoppais une servante par l’épaule, je claquais des doigts dans la direction d’une carafe d’eau puis de ser Mallister, sans dire un seul mot. L’eau du vin ne saurait attendre pour le plaisir du régent de Bel Accueil.

*Ben Hur, Lewis Wallace

Un verre de vin à la main depuis le début des festivités, Triston observait la grande salle où avait lieu le banquet, les yeux plissés. Il était de mauvaise humeur depuis qu'il avait mis le pied hors de Sortonne et de son île. Rien, ni la présence de sa famille dans son intégralité, ni l'accueil, tout chaleureux soit-il qui lui a été fait à leur arrivée à tous à Rougefort, n'avait pu lui faire passer cet air maussade qui s'était emparé de tout son être. Pourtant, même en mettant de côté la présence de certains Conflanais sur les terres du nouvellement nommé Royaume des Montagnes et du Val - présence que Triston, malgré sa mauvaise humeur, saluait et respectait pour avoir fait le déplacement, une première depuis la fin de la guerre et le Traité de Repose - l'union de sa cousine à Mychel Rougefort ne le réjouissait pas.

Le problème ne résidait non pas en la Maison Rougefort, envers laquelle il n'avait aucun véritable grief sinon il n'aurait jamais cédé sa jeune cousine au frère de Lord Jasper Rougefort, mais plutôt en Gerold Grafton, qu'il ne cessait de fixer entre deux gorgées de vin ou entre deux conversations qu'il jugeait sans intérêt. Une conversation avec lui était plus que nécessaire tant il commençait à en avoir assez de se faire ainsi dénigrer, lui et son nom. Sentant que le vin commençait à lui monter à la tête, il se servit une généreuse part de tourte et du pain encore tiède d'être sorti des fours des cuisines puis regagna la table d'honneur où il siégeait, entre sa cousine la jeune mariée et son épouse. Les deux femmes parvinrent, grâce à leur bonne humeur, à lui changer les idées pendant le temps de son repas. Puis Ynès partit danser avec son époux et, comme il refusa catégoriquement de rejoindre la piste de danse, malgré les relances de son épouse, cette dernière le laissa à table, seul et maudissant sa mauvaise humeur pour aller danser avec leur fils et héritier, Jon Sunderland.

A nouveau, Triston se replongea dans la contemplation du Grafton, en grande conversation avec le suzerain conflanais, Brynden Nerbosc, lorsqu'il fut interrompu par le seigneur des lieux. "Lord Jasper", le salua-t-il en retour en se levant quelque peu de sa chaise. "Je ne peux nier que vous et votre épouse avez fait merveille pour rendre cette union la plus belle possible" reprit-il et, en cela, il se montrait honnête car il ne pouvait nier la beauté de Rougefort pour célébrer cette union. "Néanmoins..." Il s'interrompit et lâcha un profond soupir empreint de contrariété. "Ce mariage sera passé sous silence. Vous verrez...Bientôt, on ne retiendra de cette union que la première venue des conflanais dans notre...nouveau royaume..." Il finit d'un train son verre de vin et le reposa avec un peu trop de force, ce qui trahit son agacement face à la situation. "N'êtes-vous pas de cet avis?" le questionna-t-il.

@Jasper Rougefort @Gerold Grafton @Brynden Nerbosc   ♛ Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italiques

La question si importante du renouvellement de la garde-robe serait également traitée en temps et en lieu*, songea Alys qui arborait, pour l’occasion du mariage de Lady Ynès Sunderland et Ser Mychel Rougefort, une robe de velours satinée rouge, dont on ne remarquait pas, grâce à la lumière tamisée du banquet, la légère usure. Après le travail qu’avait abattu l’argentière du Roi en passant quelques – surprenantes – lunes à Roches-Aux-Runes, la Dame du Rocher espérait pouvoir renouveler un peu le contenu de ses placards. Si elle se laissait envahir par ces pensées, toutefois, c’était sans doute parce qu’elle était inquiète de ne pas paraître à son avantage pour une occasion comme celle-ci. Cela faisait longtemps que les valois n’avaient pas profité de la compagnie de sujets d’autres régions ; depuis la trêve, et sans doute même avant, car les années de guerre qui l’avait précédée n’avaient permis que peu de festivités comme celle-ci. Le regard de la Royce se portait ainsi sur Hoster Nerbosc (@Delya Nerbosc) et son frère aîné, @Brynden Nerbosc, qui amenaient avec eux des velléités de paix. Il y avait même @Brandon Stark, marque, s’il en fallait une, que les sujets de Viserys Targaryen n’étaient plus jugés (seulement) comme des traîtres.

Cette guerre les avait ruinés ; l’accord de la Repose devait leur permettre de nouveaux échanges, des perspectives neuves de commerce et d’alliances. Alys jeta un œil sur son frère, @Gerold Grafton, plongé dans une discussion avec le suzerain du Conflans. Il avait été l’artisan de cet accord, comme il avait été, quelques années plus tôt, celui de l’ascension du Prince Exilé sur son propre trône. Qui saurait étancher sa soif ?

Repue par un banquet qui avait été délicieux, Alys se laissait aller en arrière sur sa chaise, son époux à côté d’elle. Elle lui caressa la main du bout des doigts, avant de lui dire, le regard rivé sur l’assemblée : « monseigneur, rejoignons Hoster Nerbosc, sans doute a-t-il des nouvelles de votre tante, Lady Ryella. » Alys s’imaginait qu’Andar accordait peu d’importance à sa tante désormais Frey, mais le prétexte était bon. Un Frey s’était marié, quelque temps plus tôt, aux Jumeaux, avait-elle entendu. Cela ferait un bon sujet de conversation, et Alys souhaitait se dégourdir les jambes. « Il discute avec Roland Vanbois (@Catelyn Grafton) qui, lui, a sans doute des nouvelles de votre Grand-Mère », ajouta-t-elle d’un air distrait. Elle se redressait déjà de son siège, époussetant sa robe des miettes laissées par le repas. Si son époux était déjà lassé des mondanités, elle ne s’en priverait pas. Peut-être même aurait-elle le loisir de discuter avec un Stark de Winterfell. Exotique, songea-t-elle.

Aux côtés de son épouse @Alys Royce plus radieuse que jamais, le seigneur de Roches-aux-Runes restait fidèle à sa réputation. Austère, peu souriant, peu à l'aise dans les mondanités, il laissait Alys faire la plupart de la séduction. Elle avait toute sa confiance, en dépit des difficultés que leur couple avait traversé ces dernières années. Andar était encore empli de rancoeur à l'égard de la Couronne qui avait abandonné le Val à son triste sort. Si Brynden Nerbosc n'était aucunement responsable de cela, il regrettait sa présence ici, comme si de rien était. Le valois ne pouvait faire semblant et prétendre qu'il ne se sentait pas amer à l'idée de le voir discuter avec Gerold Grafton. Voilà bien longtemps que des personnes extérieures n'étaient pas venues, scellant un peu plus l'accord entre les deux régions. L'on ne pouvait que saluer cette volonté de paix. Mais qu'en était-il réellement ? Le Royce n'était pas dupe, Viserys ne s'arrêtera pas en si bon chemin. C'était le trône de fer qu'il convoitait.

Quelque peu morose, le seigneur observait l'assemblée, tandis que tous dégustaient un prodigieux repas. Les Rougefort savaient recevoir, à n'en point douter que sa tante n'avait rien laissé au hasard. Elle avait réussi son pari : ce jour était mémorable. Sorti de sa torpeur par le contact de la dame du rocher, Andar leva ses opales éclaircies par le temps, grises ou bleues par moment, il retrouvait pied dans la réalité. "C'est une très bonne idée et puis j'en ai assez d'être assis." Maugréa-t-il en esquissant un fin sourire avant de se lever non sans mal. A force d'être resté oisif, son corps tout entier le rappelait à l'ordre. Sa femme au bras, le brun s'approcha de son cousin Roland Valois @Catelyn Grafton et Hoster Nerbosc @Delya Nerbosc "Messieurs, permettez-nous de vous tenir compagnie, nous n'avons pas eu de visites de personnes extérieures au Val depuis longtemps." Sourire de circonstance tandis qu'il se tenait droit. Andar Royce avait vieilli, c'était une évidence. Il offrit une accolade presque fraternelle au Vanbois avant de saluer la corneille. "Lord Hoster. J'espère que le voyage n'a pas été trop épuisant."

Il n'aurait su dire ce qu'il pensait de Gerold Grafton : ils n'avaient jamais été amené à se rencontrer auparavant et le contexte qui avait suivi leur premier échange n'était guère propice à l'établissement d'une quelconque relation. Cependant, il devait admettre que depuis près de deux années, les termes de l'accord avaient été respecté ce qui suffisait à Brynden pour envisager ouvrir un peu plus la porte à cet étrange allié qui lui valait, il l'avait découvert récemment, quelques regards mauvais à la capitale. « Je n'oserais parler d'audace mais j'imagine que je suis animé par un pragmatisme que nous semblons partager. » répondit-il avec son habituelle moue presque boudeuse. Il avait conscience de ne pas être l'atout charme du Conflans, raison pour laquelle il avait emmené Hoster avec lui en cas de besoin. En outre, il songeait que sa remarque était vraie : il ne serait pas venu juste pour assister à des noces et il doutait que la présence du Grafton eut été garantie s'il n'y avait pas de nouveaux enjeux à discuter. Ses orbes d'un bleu presque gris quittèrent la salle pour fixer le valois. « En outre, je gage que mon épouse et son dragon viendraient me venger si malheur devait m'arriver pendant mon séjour ici. Ma dragonne n'est pas très commode lorsqu'elle est en colère. » Il ne doutait pas que Daenerys serait profondément mécontente, à défaut d'en être affectée, de en pas le voir revenir et il espérait qu'elle eut assez de tendresse pour lui, et de raison envers son devoir, pour venger son trépas. La neutralité avait tout de même ses limites. Cependant, si la mine morose du Nerbosc laissait soupçonner une possible menace, il n'en était rien et, ne voyant pas de réaction particulière chez son compagnon de tablée, se sentit obligé d'ajouter. « Je plaisantais ... Je n'ai jamais été très doué pour l'humour, c'était plutôt le don de mon frère. » Il s'était souvent demandé si son peu de qualité, en matière de communication avec autrui serait un problème dans ses fonctions de suzerains mais, fort heureusement, il n'avait jamais eut la personnalité extravagante d'Harrold ou distinguée de Willos ... On n'attendait pas de lui qu'il fasse preuve de grands traits d'esprit, quoi qu'il en aurait été capable, ou qu'il démontre des talents en terme d'animation de banquet. Il savait se montrer orateur, mais les talents de Brynden était à la guerre, à la fraternité armée, au charisme des généraux, pas aux flatteries de courtisans et, de toute évidence, pas d'avantage dans les bonnes premières impressions amicales. Le rictus qu'il avait tenté d'esquisser pour accompagner son propos s'estompa alors tandis qu'ils semblaient entrer dans le vif du sujet.

Ils n'étaient pas venus par hasard quoi que la présence du conflanais visait surtout à rassurer ses compatriotes sur la valeur des accords de Repose et à garantir à Lady Barbara le retour de son mari. Officiellement du moins. L'escorte de nobles conflanais montrait que les liens du sang demeurait malgré la récente scission entre le Val et le reste de Westeros et qu'il avait foi en cette étrange alliance. Mais en vérité, il savait que tous deux avaient besoin de quelque chose que l'autre avait. Malgré le faste affiché, et la presque normalité qui se dégageait de la fête, Brynden n'imaginait pas le quotidien du suzerain valois comme aussi simple qu'il y semblait : il était déjà bien assez compliqué d'endosser autant de responsabilité quand on était en paix avec ses voisins ... Ce qui n'était pas son cas. « J'imagine qu'en ces quelques années, vous avez pu éprouver la difficulté du rôle qui est nôtre en tant que seigneurs et suzerains. Peut être comprenez-vous mieux ce qui m'a poussé à signer l'accord de Repose. Nombreux sont ceux qui dépendent de nos décisions : leurs vies, leur bien-être, ce sont des responsabilités qui nous incombent autant que la grandeur de l'héritage qui nous a été transmis. » Car ni l'un, ni l'autre, n'aurait du accéder à ce statut. Moins de trente ans auparavant, ils n'étaient que des héritiers de maisons majeures dans un Westeros relativement stable que rien ne prédisposait à prendre la tête d'une région. Puis, ils avaient été placé là par un Targaryen avec plus ou moins de volonté de s'y trouver ... Dans le cas du Nerbosc, ce n'était pas l'idée de la suzeraineté qui avait poussé Tytos à rebrousser chemin à l'annonce de la défaite de Robert au Trident. La décision, sage au demeurant, avait surprit le Conflans dans son ensemble, et Corneilla avec là où, dans le cadre de la chute du Val, Harrold n'aurait jamais pu rester au pouvoir. Pas plus que lui, si Viserys avait décidé de s'attaquer aux terres conflanaise plutôt que de commencer sa conquête par le Val et, son regard glissant sur la tête rousse et couronnée d'une certaine née-Bracken, cela lui rappelait que, quelques années auparavant, Gerold Grafton avait été l'allié de son pire ennemi. Les alliances allaient et venaient et Brynden espérait que ce brave traitre perfide de Jonos Bracken se retournait dans sa tombe. Il hésita un instant sur le terme à adopter. « La ... Rupture du Val avec le reste de Westeros a fortement impacté l'équilibre des Sept Couronnes, j'imagine que vous devez vous en douter ? Goëville était l'une des plus grandes cités du Royaume après tout. Dans ce contexte, nous tentons tous de nous relever comme nous le pouvons. Les Iles de Fer, la principauté de Dorne, à présent le Val ... Cela a rebattu les cartes au sein des différentes régions : au profit de certains bien évidement. » Et cela avait plus que bénéficier à certaines familles jusque là très discrètes. Les ouvertures commerciales par voies terrestres s'étaient également considérablement développée pour pallier à l'absence des marchandises qui transitaient par Goëville, sortie de la carte des échanges du continent. Il eut un soupire. « Je ne suis pas bien différent en un sens : je place les intérêts du Conflans au dessus de tout autre et je dois reconnaitre que l'indépendance du Val a eut des conséquences peu appréciables sur notre développement. » finit-il par reconnaitre avant de reporter son attention tout entière sur le Grafton. Le Conflans avait une situation géographique des plus ingrates en matière de côte : à l'Ouest, Salvemer s'ouvrait sur la baie du fer-né avec qui les relations étaient plus que tendue quoi qu'en dehors de l'épisode avec Maron Volmark, les étendards de la seiche dorée n'avaient plus été aperçut près de leur côte.  A l'Est, les Salins. Le projet cher au coeur de son père mais plusieurs fois arrêté par les évènements qui secouait la région. A présent c'était la présence de Goëville à l'entrée de la baie qui dissuadait les navire de s'y aventurer. « Si je devais choisir l'un des sujets les plus brûlants me concernant ... Ce serait sans doute la main mise du Val sur la baie des Crabes. » annonça-t-il comme une lourde introduction à un tas de sujet qui se présentait dans son esprit et qui pourrait, à terme, faciliter la vie de tout le monde.

@Brynden Nerbosc avait la réputation d'être un homme peu conciliant, rancunier et catégorique ; un homme fort au cou de boeuf et capable d'envoyer son adversaire dans les roses d'un seul coup de paluche ; un homme qui ne reculait pas, et qui avait l'air de ne rien devoir à personne. En somme, la quintessence du mâle aux yeux profonds et à la mâchoire capable de broyer du gravier. Mais quoi que son expression, et particulièrement la ligne supérieure de ses yeux se confondant avec ses sourcils, lui prêtait un air foncièrement agressif, Lord Nerbosc avait été généreusement doté par la nature du charme inhérent aux proportions idéales, que ce fut la hauteur de ses pommettes ou l'harmonie égale de son visage, qui adoucissait ses traits d'une élégante beauté. Des qualités peu négligeables, d'abord à cause du succès auprès de la gent féminine que ces métriques provoquaient, mais également à cause des biais de jugement et d'un sentiment plus général de domination qu'un tel individu pouvait aspirer aux personnalités timides. Gerold devait reconnaitre sa fascination presque instinctive, animale, ce qui rendait sa tâche d'autant plus difficile : il était déjà en position d'infériorité tacite et la carrure du Suzerain conflanais ne lui donnait aucun avantage. Parce que malgré sa réputation, l'homme était en réalité prudent et indulgent ; Gerold n'oubliait pas qu'en dépit des venins personnels et la probable pression de la part de la Couronne, le Conflans avait accepté un accord de paix et avait traité les survivants de la famille Bracken avec un égard dont ils pouvaient être largement reconnaissants. Aussi, le Grafton hocha la tête avec complaisance aux mots du Nerbosc : le constater humble n'égalait pas le plaisir de le voir leur trouver des points communs.
Malicieux, il sourit, bien avant que Lord Nerbosc n'ait eu à expliquer sa plaisanterie, compréhension qu'il finit par souligner d'un rire plus franc pour éviter le malaise d'un sous-entendu raté ; Brynden se sous-estimait.  
« Mince, je dois donc renoncer à mon projet de prise d'otage... » Répondit-il, la mine faussement désenchantée ; humour quelque peu cavalier, car flirtant dangereusement avec la réalité, mais si Brynden avait osé, alors pourquoi pas Gerold.  
Quelque part, et malgré toute la complexité de l'évènement, il savourait ce moment. Sans l'ambition de Viserys, jamais n'aurait-il concrètement songé à mener une rébellion au sein du Val pour usurper le pouvoir du Hardyng. Il aurait simplement continué à être, certes, le maître d'une cité portuaire florissante, mais toujours sous le joug d'un Seigneur qui l'aurait privé de sa liberté. Frustré, il aurait davantage cultivé l'art de caresser l'égo de Harrold dans le sens du poil pour arriver à ses fins plutôt qu'à relativement librement gouvernement tout un territoire. Etonnamment, Viserys et lui ne s'entrecroisaient que rarement sur les affaires du Val, et quoi que toujours enchainé aux manigances d'un conseil, Gerold n'avait à subir de soumission à nul autre qu'à un Roi. Il n'aurait jamais joui du privilège de considérer Brynden Nerbosc comme un égal, ni celui de présider des accords fondamentaux comme celui de Repose, ou celui qu'il comptait bien négocier aujourd'hui. Il y avait, bien évidemment, la question de la légitimité, mais le Nerbosc était là, prêt à jouer de sa réputation pour une paix avec son voisin le plus virulent jusqu'à il y a peu, était c'était un début.
« Contrairement à de nombreux idéalistes qui n'ont pas à éprouver la force de leur conviction dans le devoir, je comprends en effet parfaitement la nécessité du compromis. Voir même, parfois, celui du sacrifice » répondit-il avec une certaine gravité.  
Gerold jeta un regard en biais à son interlocuteur, tourné qu'il était toujours à moitié vers la foule, à moitié vers Brynden par souci de sécurité. Peut-être que lui aussi se demandait si telle était sa juste place. Elevés tous deux par des Rois à leurs nouvelles fonctions, ils étaient le produit d'une forme de mérite plutôt que de l'obligation. La certitude de l'héritage rendait, si ce n'est passif, du moins assez orgueilleux pour refuser toute remise en cause. Gerold n'avait pas eu besoin de devenir Suzerain pour comprendre le besoin d'un arrangement : d'en bas, on voyait toujours plus de culs – si tant est qu'ils ne vous chiaient pas dessus.
De peu, il évita un sourire de circonstance lorsque Lord Nerbosc lui parla du déséquilibre sur le continent : non seulement il était au courant, mais il l'avait surtout espéré. Etre indispensable était une force et Gerold se voyait très satisfait que l'annexion du Val et l'isolement punitif de Goëville n'exerce une mauvaise influence sur les affaires du royaume. Qui voulait être insignifiant et voir ses ennemis prospérer ?
« Mais on ne peut pas survivre seul » commenta-t-il les propos du Nerbosc concernant le changement de parallaxe pour atténuer son pessimisme : ils n'étaient pas là, du moins il l'espérait, pour conclure ne pas pouvoir compter l'un sur l'autre, tout compte fait.  
Lorsque Brynden se tourna entièrement vers lui, Gerold lui rendit la pareille, malgré son habitude, imitant son attitude d'entière disponibilité. Peut-être à cause du long silence auquel il s'était volontairement réduit pendant toute la durée de la cérémonie, mais ils étaient entrés dans le vif du sujet bien plus vite que prévu et Gerold reconnut avec soulagement quelqu'un qui ne souhaitait ni jouer à d'inutiles combats d'orgueil, ni tisser d'incompréhensibles manigances. A cette heure, s'il y avait bien une région avec laquelle le Val pouvait espérer développer des relations de nécessité, c'était le Conflans et ils n'avaient aucun intérêt à profiter de l'infinitésimale supériorité qu'ils avaient gagné avec cette indépendance, car si Lord Nerbosc était prompt au compromis avec eux, il pouvait l'être avec le premier volontaire. Néanmoins cela, Gerold ne le lui concéda pas, du moins pas en paroles : Viserys avait beau avoir conquis un territoire, il n'était pas encore l'heure de se sentir en position de force au point d'avouer ses propres faiblesses, car le Val aussi avait souffert ; assez pour se tourner vers Essos.
« Compte tenu de l'accord qui lie nos deux régions, et qui a été respecté avec un certain succès depuis plusieurs années maintenant , répondit-il en ponctuant sa phrase d'une légère révérence de tête en guise de reconnaissance d'un effort largement partagé, je m'en voudrai que le Val soit un obstacle à votre prospérité, Lord Nerbosc. »
Gerold marqua une pause, sans rentrer dans davantage de détails. Pour l'heure, si le Conflans en venait à se sentir opprimé, ca ne devait surtout pas être par le Val.  
« Entre hum... hésita-t-il sur le mot à employer : alliés, amis ? Voisins, et hommes préoccupés par la réussite des vies qui leur ont été confiés, il serait malvenu que l'un se mette en travers du chemin de l'autre. »
Trop tôt pour parler de partenariat, mais la projection allusive, sans prononcer les mots, permettait parfois de mieux se représenter ce qu'on pensait impossible.
« Vos amis sont nos amis, il vous suffira de nous dire lesquels... conclut-il avec une certaine ironie son gage de bonne volonté. Le Val quant à lui souffre d'un excédent de marchandises, que nous souhaiterions partager... Le commerce avec l'Est continue d'être prospère et certains domaines dans les terres, notamment les maisons sur la Grande Route, souffrent d'une prospérité quelque peu révolue au profit d'un commerce devenu somme toute naval. Au vu de l'accord qui unis nos deux régions, il serait peut-être temps de... considérer à ouvrir les persiennes ? »
Un sourcil, malicieux, grimpa vers le haut en signe d'interrogation.

Vaeron Antaryon considérait cet homme comme son égal, à l'image de la société plus tolérante de Braavos. Il n'était pas rare que les nobles et le peuple se mélangent dans un ballet somptueux, là où Westeros s'avérait plus guindé. Les castes ne s'adressaient pas la parole, pire encore, elles se méprisaient par méconnaissance de l'un et de l'autre. Le braavien tâchait également de se montrer sous son meilleur jour en ces lieux où des grands noms se côtoyaient. Sans surprise, Lord Brynden et Gérold conversaient, sous les regards attentifs des convives, tous étaient impatients de connaître la teneur de ces négociations - car oui, ce n'était pas une parlotte de plaisir ou de flatteries. En ces temps de paix, il était temps pour le Conflans et le Val de discuter davantage, scellant un peu plus l'accord signé plusieurs années plus tôt. Mais là n'était pas le rôle du guerrier que de négocier âprement avec le suzerain conflannais, lui était l'atout séduction, dévoilant le nom d'Antaryon à des personnes extérieures au Val. Une manière pour lui de se forger une réputation, aussi insignifiante soit-elle. Ce n'était pas ce banquet qui lui offrirait l'influence qu'il désirait. Non, il faudra du temps pour être parfaitement accepté parmi eux, mais un début. C'était une évidence que le chambellan ne connaissait pas le nom Antaryon, peut-être ne l'avait-il jamais entendu jusqu'à maintenant. En cet instant, c'était plutôt le chambellan qui avait besoin d'être éclairé. Comme la plupart d'entre eux le concernant, il ne s'en formalisait pas mais regrettait parfois le statut dont il jouissait à Braavos. Une nostalgie qui se balaya rapidement au profit de la réalité.

"Vous êtes bien aimable. Je le connais de nom, il me semble qu'il est régent de Bel Accueil, n'est-il pas ? Mes connaissances s'arrêtent là, une rapide ébauche ne me ferait pas de mal." Sourire énigmatique tandis qu'il buvait une gorgée de son vin. Ser Desmond Mallister. Un nom qu'il avait évidemment entendu parmi la liste de ceux qui accompagnaient la Corneille. Les Mallister étaient influents dans le Conflans. Une famille majeure qu'il valait mieux avoir dans sa poche. L'argenté reprenait alors la parole après une courte pause. "Je pourrais faire de même me concernant." Afin que Sarmion ne se contente pas de dire qu'il n'était qu'un étranger, un parvenu. Non, il était plus que ça, ayant participé activement à la conquête du Val et désormais chevalier. Autour d'eux, l'on parlait, discutait de tout et de rien, mais tous avaient l'oreille tendue vers les deux suzerains, les deux poids lourds. Le nouveau chevalier n'était pas fervent d'événements aussi guindés et s'impatientait déjà que la soirée n'avance, synonyme de détente et de véritable fête. A bien des égards, ce banquet n'avait rien d'un mariage, mais plutôt qu'un échiquier politique sur lequel les pièces des uns et des autres avançaient pour abattre leurs cartes. Loin de la joie qui devrait être à la mesure de l'événement pour les jeunes mariés.