[EVENT] Tournoi des Jumeaux : les joutes

Cela faisait plusieurs années que les Jumeaux n'avaient pas donné, eux aussi, leur tournoi, activité pourtant plébiscité autant par les chevaliers et seigneurs désireux de prouver leurs valeurs que par leurs dames, qui rêvent du titre de Reine d'Amour et de Beauté. Démonstration de force, d'adresse et moment propice aux retrouvailles et autres rencontres, un tournoi permet aussi, à la maison qui l'organise, de montrer autant l'étendue de ses richesses que ses qualités d'hôte. Et en cela, la Maison Frey, une des plus grande famille du Conflans et peut-être même de Westeros en termes de nombre de membres, n'a plus rien à prouver.

C'est à l'occasion du mariage de son héritière, Tysane, au jeune frère du Suzerain du Conflans, Edmund Nerbosc, que Lord Lothar Frey décida de proposer aux seigneurs et chevaliers faisant partie de ses invités un petit tournoi sans prétention. Bien qu'il soit toujours plus prestigieux de voir jouter les grands noms du royaume, la Maison Frey fit le choix de n'ouvrir les candidatures qu'à leurs invités ou à leurs propres bannerets. Tournoi à taille humaine loin du faste déployé à Port-Réal, ne croyez surtout pas qu'il sera ennuyant ! De grands noms font partie de la liste des jouteurs et le spectacle promet d'être au rendez-vous ! Même les plus humbles et moins expérimentés des chevaliers sont ravis de pouvoir se mesurer à ces hommes, certains qu'on ne voit que très rarement sur la lice.

Tous les regards se tournent désormais vers la petite tribune d'honneur où sont rassemblés Lord Frey, sa famille proche ainsi que le couple de jeunes mariés et les secondes s'égrènent lentement, dans l'attente d'entendre enfin Lothar Frey déclarer ouverts les joutes des Jumeaux.

Harys n’avait que peu l’occasion de jouter, mais ça l’amusait assez. C’était l’occasion de se faire bien voir auprès de l’oncle Lothar, non seulement comme un futur vassal de confiance, à l’image de Père, mais aussi en tant que neveu. Il était venu déterminé à montrer ce qu’il valait au mariage de la petite Tysane. C’était sans compter sur ce foutu tirage. Jorrel Erongué. C’était un gamin et un rat de bibliothèque. Sauf surprise, pas un adversaire difficile. Mais c’était son beau-frère. Cercilia, son épouse, avait exigé qu'il promette de ne pas lui faire de mal, alors qu’il se levait à peine. Que voulait-elle qu’il fasse ? C’était un tournoi, on ne se battait pas avec des mannequins de quintaine remplis d’étoupes ! Roulant des yeux exaspérés, Harys avait acquiescé distraitement. Les femmes inquiètes… « J’espère que tu lui en diras autant, dis voir ! Tu n’auras pas l’air plus fine si ton frère tue ton mari ! » Avait-il râlé pour la forme. Ce n’était pas son genre de Foin de faire un sale coup à un adversaire, encore moins à son beau-frère, et les accidents n’arrivaient qu’aux maladroits, non ?

N’empêche qu’il n’était pas à l’aise. Malgré son côté râleur et un peu fayot,  Harys n’était pas un mauvais gars. Il arrivait suffisamment de tuiles à sa belle-famille comme ça. D’ailleurs il ne devait pas passer le meilleur des moments, Jorrel. Quelle drôle d’histoire, ces racontars. Le vieux Wyllam n’avait pas le profil d’un voleur. Ça étonnait Harys qu’on pense cela de son beau-père. Enfin, il n’y pouvait rien. Le mieux à faire était effectivement sans doute de passer la main à Jorrel. Mais ça faisait bien jeune pour reprendre la gestion d’un domaine et assumer la charge de seigneur. Harys l'aimait bien et il compatissait, en vérité. Lui aussi devait avoir des choses à prouver, en venant ici.

Sur ces réflexions, il s’aperçut que c’était déjà l’heure d’entrer en lice. Il tapa gentiment sur l’épaule de son fils, qui lui servait d’écuyer. « Allez, Walder. » Le gamin aida Harys à se lever alors qu’on lui amenait son cheval. L’étalon piaffait d’impatience et il flatta gentiment son encolure. « Tu sens la guerre, hein, camarade ? On y va. » Puis au gamin qui l’aidait à mettre le pied à l’étrier : « Rocambole est à nous et je le monte régulièrement. T’y avises pas si on te propose un étalon que tu ne connais pas sinon, vu ? »

Bouclier au côté, Harys dirigea l’étalon vers la lice d’un claquement de langue. Son adversaire le salua depuis l’autre côté de la lice. Foin lui adressa un signe de la main joyeux : « Salut, Jorrel ! On fait une bataille des héritiers ? Plutôt drôle, non ? Allez, ça se passera bien, va, gamin. » Il aurait voulu dire avant. Et lui redire qu’il compatissait, aussi. Tant pis. Sa lance prise, Foin s’en fut ensuite saluer son suzerain et le couple des jeunes mariés, avant de s’arrêter devant sa femme, entourée de ses filles, à qui il adressa un sourire affectueux : « Milady, me ferez-vous l’honneur ? » Avec un sourire – tout de même ! – Cercilia fit glisser ses couleurs le long de la hampe. Au petit trot, le chevalier rejoignit sa place, tâchant de garder Rocambole calme le temps que vienne le signal. Celui-ci donné, il lâcha la bride de l’étalon, qui partit à pleine vitesse, droit vers son adversaire. Au dernier moment, Harys abaissa la lance, visant le bouclier du jeune Erongué à travers sa visière, et se prépara au choc.
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Les tournois, ce n’était vraiment pas son truc. C’est bien pour ça qu’il n’y participait pas et ne faisait qu’y assister, ce qui était déjà pas mal. Mais voilà, Leo Lefford était seigneur de la Dent d’Or, un seigneur puissant des terres de l’Ouest dont les sœurs avaient fait de beaux mariages. L’aînée avait renforcé la loyauté avec les Lannister, la cadette avait rapproché le Conflans encore plus qu’avant en épousant Lothar Frey et la benjamine permettait d’élargir ses horizons jusque dans l’Orage, du côté des Caron de Serena. Aujourd’hui, c’est aux Jumeaux que le seigneur ouestien se trouvait pour les célébrations du mariage de sa nièce, lady Tysane, héritière du fief autrefois, et pendant de nombreuses décennies, dirigé par le Tardif lui-même. Les Jumeaux avaient énormément changé depuis la mort du père et du fils. Lothar semblait bien différent de son grand-père et de son oncle et n’avait de cesse de le prouver depuis qu’il avait accéder à la tête du fief.

Accompagné de sa fille (@Alyx Lefford) et de son gendre (@Daven Lannister), sans oublier ses petits-enfants, Leo se trouvait non loin de la tribune principale où se trouvaient le seigneur des Jumeaux et son épouse – la sœur de Leo – ainsi que ses autres filles avec, au centre, le couple de toutes les attentions du jour. Lady Tysane Frey, magnifique jeune femme, amenée à un grand destin. Diriger un fief n’était pas de tout repos et diriger les Jumeaux l’était encore moins. Le passé a bien montré que la maison Frey possédait beaucoup d’ambitions, surtout lors de la succession du Tardif. Aujourd’hui, ce problème n’en était plus un. L’intervention de la maison suzeraine avait mis fin à cette débâcle, pour de bon. Il fallait l’espérer pour ce bon vieux Lothar en tout cas. À ses côtés, se trouvait le jeune Edmund Nerbosc, le frère du suzerain du Conflans, liant à nouveau les deux maisons bien des années après le mariage de feu lord Walder avec lady Alyssa.

Le tournoi allait débuter d’ici quelques minutes et malgré la modestie de l’événement, quelques noms entendus faisaient écho. Le jeune @Brandon Stark semblait vouloir montrer de quoi il était capable. Le marié lui-même allait s’essayer à cette épreuve. D’autres familles conflanaises invitées avaient leur champion. À voir désormais qui se hissera à la première place et pourra élire la dame de son choix, reine d’amour et de beauté.

Brandon avait de plus en plus de doutes alors que l'épreuve approchait. Mutique face aux encouragements d'Edmund ou aux regards entendus de son suzerain, le jeune loup prenait conscience qu'il avait été présomptueux de croire qu'il pourrait briller. Ses rêves avaient été trop nombreux ces dernières semaines, épuisant son corps et son esprit, et c'était donc sans réelle motivation qu'il se préparait aux joutes. Sans aucun doute que celui qu'il était il y avait quelques années aurait sauté de joie à cette occasion d'affronter de grands noms. Mais le gamin n'était plus et l'adulte n'ignorait plus ses propres faiblesses. Il était lucide quant à ses chances, minimes, inexistantes peut-être. Peu à peu, il renonçait à son rêve, s'en détournant pour écouter ce que les Anciens Dieux avaient à lui dire.

La nervosité à son comble, le jeune homme finissait d'enfiler son armure, ornée de l'armoirie des Stark, offerte par son frère ainé @Robb Stark. Pouvoir la revêtir était un honneur mais aussi une obligation. Il ne voulait pas décevoir les siens - même si ces derniers n'étaient pas là pour voir sa future défaite. Pris dans ses réflexions, il sursauta lorsqu'on lui annonça que c'était à son tour. Il allait affronter Walder Frey, un redoutable jouteur. Subitement livide, il se leva tant bien que mal - alourdi par le poids de son armure et de sa fatigue. Montant sur la scelle de sa jument, le jeune loup croisa le regard de @Brynden Nerbosc une dernière fois avant d'entrer dans l'arène, tenant fermement sa hampe et son bouclier. Tout paraissait si lourd. Portant les couleurs de l'épouse de son suzerain, @Daenerys Targaryenqu'il demanda aussitôt, ses mots sortaient mécaniquement, l'écuyer paraissait pourtant livide, aussi blanc que pouvait l'être le pelage de Fantôme. Regagnant sa place, il eut un haut le coeur en apercevant son adversaire, bien plus imposant. Rabaissant son heaume, Brandon Stark serra sa poigne et s'élança tout droit vers son adversaire, abaissant sa lance vers le bouclier de celui-ci. Il se préparait au choc, fébrile.

L’année 309, qui venait de se terminer il y a quelques semaines, avait été la sienne. Après l’élévation de sa famille au rang de maison majeure du Conflans, il était enfin venu le temps, tant attendu, de son mariage. Si Melantha était encore en vie, elle aurait eu sûrement une phrase cinglante ou bien juste un mot bien piquant : « Enfin. ». Car l’héritier de Bois-de-Saule n’était en effet plus tout à fait jeune du haut de ses trente-sept ans fraichement passés. Son épouse, la très jeune Bethany Nerbosc, était âgée de près de vingt ans de moins que lui mais l’écart d’âge ne semblait poser un problème à personne. Le rapprochement entre les Nerbosc et les Ryger était enfin concrétisé. Cette alliance dont tout le monde entendait parler depuis des années aboutissait enfin. Ils n’en étaient qu’aux balbutiements de leur mariage mais s’affichait déjà comme un couple uni malgré la différence d’âge et donc la différence de vision sur le monde dans lequel ils vivaient.

Bethany étant la sœur du marié, il était évident qu’ils ne louperaient aucunement son mariage avec la dame Frey. Laissant le reste de sa famille à Bois-de-Saule, Kirth entreprenait là son premier véritable voyage représentant la maison Ryger en sa propre personne. La longévité des Ryger faisait qu’à presque quarante ans, il n’était que l’héritier et n’avait eu que peu de responsabilités jusqu’ici. Une aubaine ? Un tort ? L’avenir le dira. Le Conflanais adorait son père et s’imaginait seigneur signifiait le perdre, aussi, il n’y pensait pas, il ne voulait pas y penser. Il laissait tout cela entre les mains des Sept. Il se focalisait sur son mariage récent, sur le fait d’acclimater son épouse à Bois-de-Saule, à sa présence, à ses habitudes, à sa vie. Kirth n'était pas quelqu’un qui aimait facilement mais appréciait la jeune femme, la trouvait jolie et plutôt sympathique. Il appréhendait néanmoins son jeune âge et si jusqu’ici, il n’eut pas à s’en plaindre, il attendait de voir sur un laps de temps plus grand.

Épaulé par son cousin Perwyn qui était également sonécuyer, Kirth se préparait aux joutes qui allaient commencer. Les paires venaient d’être sélectionnées et il apprit ainsi qu’il ferait face à Wendel Frey (@Myrielle Lannister), un fils du Tardif qui se trouvait être aussi le neveu de la reine-mère. Qu’importe, Kirth ne se démonta pas pour autant. Monté sur son étalon, il se présenta devant les tribunes, saluant ainsi les Frey, les mariés avant d’aller demander les faveurs de son épouse assise à côté de son frère @Brynden Nerbosc, qu’il salua également. Prenant place, il arborait une armure gravée des armoiries de sa famille. Son heaume n’était pas un heaume ordinaire et là encore, il était possible de voir l’inspiration du Saule caractéristique des Ryger. Le coup d’envoi fut donné une fois les deux compétiteurs mis en place. Kirth élança son étalon, pointant fermement la lance vers son adversaire qui avançait aussi rapidement que lui. Le choc n’était pourtant qu’à quelques secondes du départ mais cela semblait interminable, une éternité, avant que le choc n’intervienne. Kirth était focalisé sur sa respiration et ne quittait pas des yeux le bouclier de son adversaire qu’il espérait toucher avec sa lance. Un bruit de choc retentit suivi de l’exclamation de certains spectateurs, mettant ainsi fin à ce premier face-à-face entre Kirth et Wendel.

C'était en sa qualité d'ambassadeur que Daven se trouvait là. Vainqueur de tournois, plus orgueilleux que jamais, il ne prenait même plus la peine de le cacher. Sa femme couronnée Reine de Beauté, sa famille bénie par ses prières, Daven avait tout pour être un homme heureux. Le sel de la guerre quittait enfin ses plaies, offrant à la chair de se reconstruire enfin.

Il n'avait affiché tel sourire depuis bien longtemps. Il n'était fou et savait parfaitement que telle bénédiction des dieux finirait par offrir son revers de médaille. Mais Daven n'avait jamais été homme à craindre le futur. Au contraire, il s'arrêtait au jour le jour, voyant dans les terrifiés des pleutres et des idiots. Aujourd'hui, il était couronné de gloire, dans une tribune sur laquelle il pouvait observer le monde.

Son tournois avait laissé quelque petites échardes dans sa chair. Son poignet avait souffert du dernier assaut et il n'avait reporté l'épée depuis plusieurs semaines, arguant que ce n'était pas grave quand ses minces grimaces n'échappaient pas au plus proches. Là, habillé  à la dernière mode, aux couleurs de sa famille d'alliance, il ne montrait rien. Ses filles si proches, si fils encore poupon dont il ne cessait de faire les éloges. Ses princesses avaient tout, presque trop. Alyx lui reprochait, parfois, de trop les gâter. Il se faisait violence.

Le tournois opposerait quelque inconnus et des grands noms. Il aurait aimé reprendre sa monture, flatter l'encolure d'Invisible et offrir une année de victoire, pour les Lannister et Lefford. Mais sa blessure l'handicapait et il préférait ne pas combattre que de perdre dès le début. Il avait donc prévu de parier et de profiter des festivités, plus que durant un tournois où il combattait. L'alcool pourrait couler à flot, les mots pourraient s'échanger jusqu'à tard dans les nuits. Pour l'heure, ses yeux clairs observaient chaque concurrents avant d'offrir son lot de dragon d'or sur le potentiel grand gagnant.

Edmund se sentait fébrile et remettait en question son choix précédent de participer aux joutes. C'était sa première fois en tant que participant : d'ordinaire, il restait dans l'ombre de Brynden, l'aidant à se préparer, observant la lice de loin. Mais aujourd'hui était un jour de de fête pour son mariage et, son frère ayant décidé de ne pas participer, il avait songé que ce serait un beau cadeau que d'offrir à sa jeune épouse la couronne de reine du jour. Bonne idée quand tu nous tiens, songea le Nerbosc tandis qu'on l'aidait à fixer les dernières pièces de son armure, le présent de son aîné pour l'occasion. Aujourd'hui, il devenait un homme tant par son mariage que par ce qu'il impliquait : il était étrange pour Edmund de songer que Brynden partirait sans lui, que sa formation était terminé, qu'il ne chevaucherai plus à ses côtés, aux côtés de Bran, à travers le Conflans. Il n'abandonnerait jamais la Corneille, mais en ce jour, son blason personnel pouvait abandonner le barral de Corneilla pour les tours des Jumeaux. Et il en avait étrangement pas encore conscience.

En selle, il tenta de cacher les tremblements qui menaçaient de le secouer en adoptant un semblant d'assurance et mimant la mine sérieuse que Brynden arborait toujours lorsqu'il se présentait aux tribunes. Entourée de ses parents et du couple suzerain, Tysane lui apparaissait presque comme la vision virginale des jouvencelles des légendes anciennes. Cela lui redonna confiance et il amena sa monture jusqu'au bord des gradins, apposant sa lance contre le bois de la structure. « Ce serait un honneur, ma dame, de porter vos faveurs pour ce premier tournoi. Je ne vous fais nulle promesse si ce n'est de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour défendre vos couleurs. » C'était sans doute bien dramatique, peut être trop romanesque mais c'était son premier tournoi, il doutait d'être capable d'aller bien loin dans la compétition et pourtant ... Pourtant sa fierté voulait le voir poser une couronne de fleur sur la tête de son épouse, de ne pas la laisser se faire éclipser par une autre à l'occasion de leurs noces.

Le tirage le mit face à son cousin, Jammos, qui se trouvait désormais être son oncle par alliance. L'homme avait plus d'expérience, plus de robustesse mais au moins, il serait bon joueur, songea Edmund dont le souvenir de Duncan Gaunt était revenu en mémoire, lui faisant craindre le pire. « Cousin. »  le salua-t-il poliment tandis qu'on nettoyait la zone après la manche précédente. « Je suis heureux que ma première joute soit contre vous. » Et il le pensait. Eperonnant sa monture, Edmund alla se place à un bout de la lice, calant la lance contre son aisselle, attendant le signal du départ, s'élançant vers ce choc physique dont il avait toujours été témoin, mais jamais victime.

Lancer de dés:

Depuis la naissance d’un petit garçon mort-né, à la fin de l’année 309, Sansa Nerbosc était peu sortie de son fief nouvellement inauguré. Pour l’occasion du mariage de son beau-frère Edmund à Tysane Frey, toutefois, elle avait consenti au voyage ; sans doute cela lui permettrait-il de se changer les idées. Désormais dans les gradins de l’arène, respirant un air différent de celui de Vivesaigues, ses traits s’adoucissaient effectivement un peu. A côté d’elle se tenait son époux, Lord Hoster, dont le regard se portait loin dans la lice. Sans doute cherchait-il à apercevoir, prêt à s’élancer, son jeune frère Edmund qui, en plus de fêter son mariage, s’essayait au jeu de la joute. Sansa, elle, avait l’œil sur un autre concurrent : son petit frère, @Brandon Stark, qui participait aujourd’hui.

La jeune femme portait ce jour-là les couleurs des Nerbosc de Vivesaigues, mais sur sa poitrine brillait une broche, un sombreloup d’argent fier et vainqueur. Si les jouteurs pouvaient porter les couleurs de leurs ladies, elle porterait celles de son frère. Celui dont elle était sans doute le plus proche, tant dans la géographie du royaume que dans celle de ses liens familiaux. La broche était un cadeau d’un autre frère, Robb, qui la lui avait offerte quand il était venu, quelques lunes plus tôt, la visiter à Vivesaigues. Ils s’étaient vus pour la première fois depuis bien des années, et la délégation nordienne, aussi composée de sa mère, était arrivée à peine quelques semaines après son accouchement terrible. Ils avaient été pour elle d’un important soutien, Brandon y comprit. Sansa avait ainsi à cœur de le supporter à son tour, pour ce premier tournoi dans lequel il se lançait, après bien des années d’écuyage auprès des Nerbosc de Corneilla.

En le voyant s’élancer dans l’arène, elle crut voir une hésitation dans son air. Bien vite, toutefois, le jeune homme laissa s’abattre sur son visage son heaume brillant, qui lui donnait une allure bien plus imposante que son corps mince ne le permettait. Bien, songea Sansa, très bien, il ne fallait pas que son opposant puisse reconnaitre le moindre signe de faiblesse chez lui. Brandon avait face à lui un autre Frey, un jeune homme un peu plus jeune que lui mais sans doute pas moins expérimenté. La famille des Jumeaux était représentée à de nombreuses reprises dans ce tournoi, alors que celle des Stark ne l’était que par Brandon aujourd’hui. Sansa savait qu’un autre de ses frères, Jon, avait gagné une mêlée, un peu plus tôt dans l’année à Port-Réal. Peut-être serait-elle aussi fière, ce jour-là, d’applaudir pour Bran. L’œil fixé sur le loup, elle se tenait prête à bondir avec lui et attrapa la main de son époux qu'elle serra contre la sienne. Les deux s'échangèrent un rapide regard. L'un comme l'autre connaissaient les difficultés de Brandon eut égard de son entraînement, qu'il ne pouvait accomplir avec toute son attention tant il était pris ... ailleurs. Sansa espérait toutefois que pour tout son dévouement, les dieux, Anciens comme Nouveaux, seraient avec son frère ici-bas dans la lice, comme il était avec eux là-haut, dans ses rêves.

Les mâchoires du jeune homme s’étaient contractées en voyant le nom de son adversaire, sur le tableau des joutes. Harrys Foin, l’époux de sa soeur aînée Cercilia. Jorrel n’aimait guère cet homme mais, à sa décharge, il fallait avouer que Jorrel n’aimait guère grand monde. L’héritier de la Maison Erongué avait toujours été un introverti, préférant la compagnie des livres et des animaux à celle des hommes et des femmes. Peu bavard et peu souriant, Jorrel avait toujours l’air maussade ou de mauvaise humeur. Découvrir qu’il allait devoir affronter un membre de sa famille par alliance  n’aidait en rien à lui redonner le sourire, si ce n’était la présence tranquille et paisible de son épouse.

Tandis qu’il terminait de préparer seul son cheval, un hongre gris pommelé répondant au nom d’Eclair en raison de sa vélocité, Melissa se tenait tranquillement près de lui, un sourire fier sur le visage en voyant les couleurs bleue et rouge de sa maison natale sur la cape et le bouclier de son jeune époux. « Ton père approche », souffla-t-elle discrètement en posant une main sur son épaule. A peine s’était-il tourné qu’il se retrouva face à son père. « Prêt? » demanda ce dernier.

- Oui, répondit-il simplement mais d’un ton décidé.

- Bien. Les Dieux n’ont pas été cléments en désignant l’époux de ta soeur comme ton premier adversaire.

- Il ne m’effraie pas. Il parle trop.

Un jeune homme portant la livrée de la Maison Frey les interrompit pour les informer qu’il était temps pour lui d’entrer sur la lice. Son père et son épouse le quittèrent en lui souhaitant bonne chance tandis qu’il montait en selle, la mine sombre et concentrée sur son duel. Dès qu’il rejoignit la lice, Jorrel vit immédiatement son beau-frère, imposant et sûr de lui sur son étalon. A ses côtés, il devait avoir l’air d’un débutant qui n’aurait aucune chance face à un tel adversaire. Jorrel était certes un homme de lettres plus que d’armes, mais c’était le sous-estimer que de penser qu’il se laisserait facilement vaincre. Il fit trotter Eclair jusqu’aux gradins seigneuriaux, salua Lord Lothar et sa famille puis son adversaire, pour lequel il n’eut qu’un simple et poli « Ser Harrys ». Se faire qualifier de « gamin » devant les spectateurs avait froissé sa fierté de jeune homme. Il se hâta de se détourner de lui pour se rendre là où son père et son épouse s’étaient assis. Il tendit sa lance devant cette dernière et déclama: « Ma Dame, voudriez-vous bénir ma lance de vos couleurs? » Melissa, les joues toutes roses face à sa demande et en se sachant observée par la foule, se pencha et noua un foulard bleu sombre et rouge autour du bois lisse de la lance. Jorrel inclina la tête devant elle puis devant son père avant de rejoindre son point de départ. Face à lui, l’étalon de son adversaire piétinait d’impatience là où Eclair attendait calmement les ordres de son cavalier. Lorsque le signal de départ fut donné, Jorrel n’eut qu’à relâcher la pression de ses rênes et à le talonner une seule fois pour imiter le départ de son adversaire. Puis Jorrel laissa son cheval filer droit devant lui pour ne se concentrer plus que sur Harrys Foin et son bouclier, qu’il comptait bien faire exploser en mille morceaux avec sa lance pour lui faire passer l’envie de l’appeler « gamin » une seconde fois.

@Clifford Swann Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italique

Son regard se portait sur sa suzeraine, (@Daenerys Targaryen )n'arrivant pas à se détourner. Un rêve vert était venu la tourmenter et celui-ci se retrouvait à être très explicite, il ne pouvait s'agir que de Daenerys et son frère, Viserys. Mais jamais, Delya n'avait pas entendu parler d'union de leurs enfants pour la paix et pourtant, son rêve exprimait cela ! C'était la raison qui la poussait à l'observer, aucune corneille était apparu dans son rêve ce qui lui faisait penser que ce n'était pas une idée de son cousin (@Brynden Nerbosc ) et s'il était dans la confidence pourquoi ne pas informer sa famille ? Il avait sacrifié sa relation avec Lucas pour ce pacte, alors si cela en était une close, elle  ne s'imaginait pas qu'il le cacherait, non pas Brynden. La fille du Barral examinait tous les détails de ce dont elle se souvenait et cela l'empêchait de réellement se concentrer sur le tournoi, mais elle fut vite rappelée à l'ordre :

- À quoi penses tu petite soeur ? Tu as eu une embrouille avec l'épouse de Brynden !

Détournant le regard, elle s'empourpra. Retrouver son frère, Dannis avait été un réel plaisir, même si elle trouvait que lui aussi avait l'esprit ailleurs, elle n'osait pas l'interroger, voulant simplement savourer sa présence auprès d'elle. Le tapant légèrement la main, elle exprima :

- Mais non, voyons...regarde plutôt la joute !

C'est là qu'elle aperçut Bran, (@Brandon Stark )toute pensées s'évaporèrent pour se concentrer sur son jeune ami. Elle pouvait voir qu'il n'était pas au meilleur de sa forme et pour l'avoir vécu bien des fois, elle compatissait. Son envie d'être chevalier face au impact de leur don était d'un courage impressionnant. Intérieurement, elle priait les anciens dieux pour qu'il aide celui qu'ils avaient choisi. Serrant le bras de son frère, elle remarqua non loin d'eux la présence de son cousin Hoster et de son épouse Sansa,(@Robb Stark ) elle n'osait imaginer ce qu'elle pouvait ressentir. Il n'y avait rien de pire que de voir un proche se mettre en danger, car bien que certains pussent dire que c'était un beau spectacle, cela restait une action bien périlleuse. Par chance, Dannis n'avait pas choisi la voie de la chevalerie et ni des tournois. Et dire, qu'Edmund allait lui aussi participer à son premier tournoi, tout comme Bran. Ils allaient mettre son cœur à dure épreuve, ces deux-là.

Ne quittant pas des yeux le jeune écuyer, elle lui soufflait dans son esprit toute la force qu'elle possédait. Bien sûr qu'elle ne possédait pas ce pouvoir, mais elle se l'imaginait seulement. Doucement, elle laissa échapper un murmure :

- Aller Bran, faites vous confiance !

Ca va se bien se passer, tu parles ! Ca s’était un peu trop bien passé, oui ! Difficile pour Harys de se convaincre, après 3 lances brisés contre son beau-frère, qu’il venait de perdre contre le petit Jorrel Erongué, qui aurait presque pu être son fils. Ce gredin était plutôt fortiche, pour son âge, et c’est ça qui l’emmerdait le plus ; que son expérience, parce qu’il était le plus expérimenté, tout de même, ne lui ait pas permis de gagner.  « Je passe pour un idiot dès le premier tour… » Ce n’était clairement pas avec ça qu’il allait impressionner l’oncle Lothar. « Tu vas te refaire. » Lui lança une Cercilia visiblement soulagée et venue l’attendre à la sortie de lice. « Il n’y aurait eu aucune gloire à humilier un gamin de toute façon. » Oui, bon, certes. Lui-même le savait et s’était dit la même chose, au début. Aucune gloire à humilier un gamin. Sauf que le gamin se défendait très bien et qu’il n’avait pas prévu qu’il se ferait humilier lui-même ! Foin démonta et confia les rênes du cheval à son fils. « C’est ça. En attendant, au maximum, je vais être 5e… » Et pas sur le podium. Bon, mais peut-être que s’il faisait une belle joute…contre un adversaire prestigieux…au prochain tour…oui, il allait se refaire au prochain tour.

En attendant, il n'y avait plus qu’à aller voir comment s’en sortaient les autres. Le jeune Stark avait l’air raide comme la justice. Pauvre môme. Est-ce qu’il était seulement chevalier, celui-là ? Nerbosc devait vouloir ce qu’il avait dans le ventre. Il avait l’air bien jeune…Et c’était bien dommage pour le marié. Mais ces deux là n’avaient pas eu de chance. L’oncle Jammos et le cousin Walder étaient sans doute les favoris du tournoi et même lui n’aurait pas aimé tomber sur eux. A vue de nez, la joute entre Kirth Ryger, beau-frère du marié, et l’oncle Wendel lui sembla plus équilibrée. Pour l’heure, Harys avait un peu de temps pour se reposer, ce dont il comptait bien profiter. Preuve qu’il n’était pas rancunier, il prit tout de même le temps de féliciter Jorrel : « Eh bien alors, comme tu me maltraites, beau-frère ! On aurait tort de te sous-estimer, va. Allez, bon courage pour la prochaine ! »

C’est son fils qui lui annonça que le classement était affiché. Ryger, donc. Bon, voilà qui arrangeait ses affaires – la joute entre père et fils du côté de Jammos et de Walder l’arrangeait aussi follement. Cette fois, ce n’était pas un gamin et c’était un chevalier expérimenté, d’une maison majeur. S’il parvenait à décrocher la victoire, ce serait une bonne occasion de s’illustrer. Bientôt, d’ailleurs, il fallut remonter à cheval, et retourner sur la lice. Après avoir salué son oncle, Harys se fendit d’un salut aimable envers son adversaire : « Bonne chance, ser Kirth ! » Après quoi il baissa sa visière et se plaça en position. Vint rapidement le moment d’éperonner son cheval et de foncer vers son destin et le choc qu’il attendait. Il visa au mieux, espérant désarçonner son adversaire sous l’impact et gagner sur un coup propre et net, dès la première lance brisée.

Kirth Ryger n'était plus tout jeune diraient certains mais il était encore novice dans l’art des joutes. Il fallut néanmoins trois affrontements avant que son adversaire ne remporte finalement le combat. Humble et modeste, Kirth salua ser Wendel Frey qui se hissait alors dans le haut du panier tandis que l’héritier de Bois-de-Saule rejoignait le bas. Les Frey semblaient être en forme pour leur tournoi puisque ser Walder et ser Jammos remportèrent également leurs joutes. Mais tout n’était pas encore joué. Les perdants s’affronteraient au même titre que les gagnants afin de donner un classement des plus précis. Au mieux, Kirth pouvait espérer être quatrième et c’était une place tout à fait honorable. Pour son épouse, pour le suzerain dont il était le beau-frère, pour le marié dont il était également le beau-frère, il était hors de question de finir dernier.

Retrouvant la compagnie du jeune Perwyn, Kirth se prépara à nouveau à sa nouvelle joute contre ser Harys Foin qui avait perdu face à Jorrel Erongué. Il ne connaissait guère bien la famille Foin. Il faut dire que Kirth était longtemps resté dans l’ombre de son père, le « Vieil Héritier de Bois-de-Saule » comme certains l’appelaient. En effet, lord Perwyn avait vécu bien longtemps avant que Richard ne puisse devenir seigneur mais il demeurait encore vif et ne semblait pas être de composition fragile. L’âge avançant néanmoins, peut-être que ce sera au tour de Kirth Ryger d’être appelé le « Vieil Héritier de Bois-de-Saule ».

- Bonne chance également, ser Harys.

Un salut de tête respectueux entre les deux hommes vint appuyer leurs mots puis ils se placèrent tous deux sur la piste. Kirth lança un dernier regard à son épouse, lady Bethany dont il portait fièrement les faveurs. Il tint les rênes fermement, ajusta la lance que son jeune cousin lui confia et s’élança alors sur la piste en espérant faire mouche. S’il remportait cette joute, il pouvait espérer perdre avec les honneurs. S’il la perdait, nul doute qu’il serait déçu de lui.

@Clifford Swann

Fébrile, il tenait fermement sa lance tandis qu'il effectuait le premier assaut qui fut le dernier, perdant l'équilibre face à la force de son adversaire. Sans surprise, Brandon n'avait pu faire face à son adversaire. Quel malheur pour son premier tournoi et ses premières joutes que de perdre si tôt, tout cela demeurait horrible à regarder et à faire. Telle une étoile de mer, le jeune loup était tombé de sa monture sans pour autant se blesser - à défaut de son égo, déjà mis à mal par les dernières lunes. Son affection pour les armes n'avait suffit à le faire gagner, il avait la sensation de n'être qu'un charlatan, tandis qu'il sortait de l'arène la tête basse, non sans un regard désolé à Sansa @Robb Stark et à @Brynden Nerbosc. Quelle piètre démonstration cela avait-il été pour tous ceux qui comptaient sur lui. L'échec semblait prendre racine dans sa vie.

Il aurait pu déverser sa colère mais il était trop épuisé pour cela, se contentant de regagner la tente en silence. Semblable à un petit salon privé, non sans une boule dans la gorge à l'idée de l'avoir porté dans la défaite. Joyeusement offerte par son frère aîné, il avait la désagréable sensation que cet or avait été futile. Tel un lierre, le jeune homme s'avachissait dans son siège, il se perdit dans ses pensées. Soudain, il sursauta lorsqu'on lui annonça son prochain adversaire. Et pas des moindres, Edmund Nerbosc @Brynden Nerbosc ! Son ami, presque un frère. De quoi le faire sourire un instant avant que la réalité ne le rappelle à l'ordre. De nouveau, il allait entrer dans l'arène, s'il n'avait pas eu beaucoup de motivation lors du premier combat, c'était presque fataliste qu'il engageait sur ce second. Doucement, ses rêves de chevalerie s'éloignaient, il prenait conscience que jamais il ne serait digne de porter un tel titre. Le visage moins fermé que lors de sa première joute, Brandon Stark fit son entrée, portant les couleurs de @Daenerys Targaryen , il salua son ami Edmund. "Que le meilleur gagne, mon ami." Chuchota-t-il avec peu de conviction le concernant, avant de se positionner, abaissant son heaume. Il serra la lance entre ses doigts, prenant une grande inspiration. Le premier assaut débuta.

Trois lances brisées. C'est ce qu'il fallut à Jorrel pour venir à bout de son beau-frère. Le jeune homme tenait bien en selle malgré les assauts violents de son adversaire et l'attitude calme d'Eclair l'aida énormément dans son duel. Ainsi put-il se concentrer uniquement sur sa lance, son bouclier et Harys Foin. Lorsqu'enfin il parvint à le jeter à terre, Jorrel eut un sourire à peine perceptible à l'attention des spectateurs qui l'acclamèrent, mais son regard trouva les places occupées par son père et par Melissa dans les tribunes et il fut heureux de les voir l'applaudir avec ferveur. Jorrel trotta vers la sortie de la lice et mit pied à terre. Ses membres étaient douloureux à force de solliciter ses muscles mais sa jeunesse était son alliée. Il tiendrait encore facilement quelques duels de plus, à condition de ne pas se blesser durant l'un d'entre eux.

Tandis qu'il s'occupait d'Eclair, il fut rejoint par Melissa, dont le visage pâle l'inquiéta. "Tu vas bien?" se permit-il de la tutoyer étant donné qu'ils étaient seuls.

- Oui ça va. Mais j'ai eu très peur pour toi. Ser Harys était impressionnant.

Jorrel eut un bref rire sarcastique. "Impressionnant mais trop sûr de lui", commenta-t-il en le voyant venir à son encontre. Il le remercia pour ses félicitations d'une légère inclinaison du buste. "Ce fut un bel affrontement. Bonne chance à vous également pour votre prochain duel." Son beau-frère partit, il se tourna vers son épouse. "Sais-tu qui est mon prochain adversaire à tout hasard?"

- J'ai entendu le nom de Ser Wendel Frey. Mais je ne suis pas sûre.

Jorrel resta pensif. Les concurrents n'étaient pas nombreux. Les possibilités d'affronter un représentant de la Maison Frey étaient donc fortes, étant donné que c'étaient eux, les organisateurs de ce tournoi. Il allait l'apprendre très vite puisque son deuxième duel allait commencer. Il se remit en selle après avoir donné un baiser chaste à son épouse puis entra sur la lice au petit galop. Effectivement, Melissa avait bien entendu. Les armoiries et couleurs de la Maison Frey étaient partout sur son adversaire. Jorrel ne le connaissait pas, l'autre non plus. Tout deux se jaugèrent avec curiosité après s'être salué dans les formes. Jorrel salua ensuite Lord Lothar Frey puis alla rejoindre sa position de départ, non sans avoir adressé un bref signe de la tête à son père dans les tribunes. La foule semblait partagée entre ces deux hommes. Tous les deux avaient autant de chance de l'emporter que l'autre, ce qui rendit Jorrel nerveux à l'idée de perdre. Toutefois, sa lance à la main, Jorrel et Eclair attendirent, patients et concentrés, le signal de départ.

@Clifford Swann  @Myrielle Lannister Dialogues: Gras ♛ Pensées: Italique

Cela faisait bien longtemps qu'il n'était pas revenu aux Jumeaux. Pas même pour les funérailles de son père, le Tardif, du fait des tensions qui avaient entaché sa succession. Pourtant Wendel avait longtemps vécu dans l'espoir de ce jour, en secret. Depuis tout petit en réalité. Quand son horrible père, selon son humeur du moment, l'ignorait ou bien le renvoyait avec acrimonie à sa prétendue bâtardise. Enième chiot de malheur au milieu d'une portée trop nombreuse, depuis longtemps orphelin de mère, c'était sans trop d'émotion que Wendel s'en était allé dès lors son écuyage conclu auprès de Lord Mallister. Exister pour lui-même, loin de l'ombre des Frey.

C'était pourtant sans haine ni ressentiment qu'il se trouvait ici aujourd'hui. Son frère Lothar, bien que les liens ne soient pas étroits du fait de leur grande différence d'âge, était un homme sage et raisonné. Il ne lui avait jamais témoigné d'hostilité et Wendel se félicitait de pouvoir le compter comme chef de famille. Point de haine, ni de ressentiment, mais une grande soif de reconnaissance. Ce tournoi était son premier, la pression était donc intense pour ce jeune homme de 24 ans. Les occasions de faillir aux yeux des siens, des Mallister et de leur suzerain étaient trop nombreuses pour être ignorées.

Il s'était armé aidé pour l'occasion de son cadet Waltyr. A son âge, bien des hommes avaient déjà mené plusieurs batailles, il était plus que temps de se lancer en lice et de mettre à profit l'expérience gagnée durant ses années de formation auprès de Patrek Mallister et de Durran Cressey, deux maîtres que l'expérience avaient rendus exigeants. Le premier scruterait ses moindres gestes de ses yeux d'aigle, le second, bien qu'absent ce jour, serait inévitablement informé de ses exploits ou de son infortune par une lettre de Lady Myrielle, Wendel le savait.

Kirth Ryger serait son premier adversaire (@Aladore Costayne). L'hériter de Bois-de-Saule était un homme de belle stature, il ne connaissait pas sa réputation aux joutes, mais il était certain que sa maturité jouerait pour lui. Le jeune Wendel se présenta donc le cœur battant devant les tribunes pour recueillir les faveurs de la Lionne qu'il servait depuis maintenant quatre années, salua sa nièce à peine plus jeune que lui ainsi que Lothar. Enfin il adressa un salut courtois à son adversaire, selon les règles bien apprises, avant de se placer à l'extrémité de la lice. Ne pas décevoir. C'était la seule pensée qui parvenait à se frayer un chemin dans son esprit à cet instant.
Il fallut trois affrontements pour départager la Tour et le Saule, les lances vibrant sous la violence des impacts contre leurs écus. Quand finalement Ryger fut démonté, le jeune Wendel était en nage sous son armure, il quitta sa selle pour le rejoindre sur le sable et lui offrit son bras pour se relever. Son visage s'empourpra encore davantage quand l'homme, beau joueur, salua sa victoire. Sa première victoire. Il balbutia quelques mots de remerciements sans doute décousus et bien maladroits.

A peine le temps de se désaltérer et d'observer les autres concurrents que le second tour des joutes fut annoncé. Cette fois, Wendel était appairé à Jorrel Erongué (@Durran Cressey), un jeune homme de son âge qui s'était brillamment illustré contre l'impressionnant Harys Foin. Il ne savait rien d'autre de lui, sinon qu'il était le fils du percepteur déchu des Frey et nouveau seigneur de La Roselière. Il avait donc plus d'un honneur à défendre ce qui ne l'en rendait que plus redoutable. Le signal donné, le jeune Frey éperonna son destrier qui s'élança à vive allure à la rencontre du Héron.