[EVENT] Bataille de la Baie des Crabes

Il avait rassemblé ces hommes sur le pont, profitant de la légère accalmie pour concerter l'équipage quant à la situation générale du navire. L'expérience aidait à mesurer les dégâts, à manœuvrer en fonction de ses pertes sans risquer de briser le bateau sur une vague un peu trop charnue, mais il savait que les vices cachés se dissimulaient souvent derrière l'adrénaline. Compte tenu des circonstances, on pouvait considérer que les Dieux avaient été cléments à leur égard en allongeant un bras pour les séparer du danger, leur épargnant un possible débâcle. Loin de l'action, balayant son navire du regard, Marwyn se rendait petit à petit compte de l'étendue des dommages. L'Impératrice s'était vaillamment défendue, mais elle avait également beaucoup subi. C'était l'adage de tous les navires de guerre, après tout ; celui qui brillait intact sous le soleil ne pouvait se targuer d'avoir vécu. La marine s'appréciait comme l'armée, selon la longueur de ses cicatrices, et malgré tout, les visages étaient éveillés, mais ternes. Marwyn se tourna vers son capitaine en second, continuant ponctuellement à sonder l'horizon pour ne pas se faire surprendre ; le second soupira et répondit à la question muette :
« En plus des flèches, nous avons subi un talonnage sur un fond relevé pendant les manœuvres. Les vents étaient trop aléatoires... La coque tient le coup, mais nous avons perdu beaucoup en souplesse. La bouline a rompu et le beaupré a été déchiré.
- Réparable ?
- Oui, mais il nous faut du temps.  
- A tribord ! » Cria soudain un matelot perché sur le grand mât.
Tous les yeux se tournèrent vers l'horizon, voyant un navire ennemi voguer dans leur direction, sans la moindre équivoque. Marwyn jeta un regard vers son second, qui secoua de la tête.
« On évite l'engagement Messieurs ! » Hurla-t-il, laissant ses officiers donner les ordres à l'équipage.  
Il était trop tôt pour se battre. L'Impératrice ne tiendrait probablement pas le coup et quand bien même étaient-ils prêts à se battre jusqu'au bout, il était hors de question de s'abandonner à un sacrifice inutile par pure fierté. Toutes les morts n'étaient pas honorables. Le pont du bateau se mit à grouiller comme eau qui bout, les hommes montaient sur les mâts avec une facilité déconcertante, dansant sur les voiles comme des gouttes d'eau sur un nuage. Encore, les Dieux furent généreux et leur bateau plus léger. Ils parvinrent à s'engager tant dans un courant marin avantageux que sur une bourrasque brûlante et furieuse, qui les engagea loin de leurs poursuivants. Mais Marwyn regarda en arrière, sur ce mirage qui disparaissait à mesure que l'Impératrice le devançait, jusqu'à voir qu'un autre bateau de la Compagnie Dorée s'avançait pour lui barrer la route. Il souffla alors enfin...
« Recousez les voiles et calfeutrez les cales...! »

Lancé de dé contre PNJ:

Auraient-ils vraiment le temps de réparer ? Rien de moins certain. Isembard savait bien que dans une bataille comme celle-ci, assaillis de tout côté, il n’y avait pas vraiment d’issue ni de possibilité de repli. Il fallait vaincre ou être vaincu et un nouvel adversaire se dresserait de toute façon, à chaque fois devant eux. D’autant plus, justement qu’avec son mat brisé et son état lamentable, le Rédemption commençait à faire une cible facile et attirante. Si on tentait des les aborder, il savait aussi qu’ils ne tiendraient pas forcément longtemps tant le navire devenait difficile à défendre, surtout avec le lot de blessés et d’hommes épuisés qui lui servait à présent d’équipage. Néanmoins, il était fier d’eux. Aucun ne se débinait et le pont grouillait de réparation, d’hommes se préparant à un nouvel assaut, ou de matelots soignant leurs camarades. Pour la sauvagerie de l’affrontement et en comparaison de batailles qu’il avait déjà mené, il trouva cela de bonne tenue et fut fier d’eux.

En attendant, ils étaient toujours environnés de vaisseaux orageois, comme le montraient les voiles claquant au vent et que Arryn parvenait à distinguer malgré la fumée. Templeton affrontait, il le vit de loin, Baratheon en personne. Lorsqu’ils auraient terminé les réparations, décida-t-il, il essaierait de les diriger vers le vaisseau amiral pour l’y aider. Manœuvrant lentement le gouvernail, son regard embrassait la scène d’un œil critique, pour le moment. Ce qu’il craignait se produisit rapidement : un autre vaisseau les prenaient en chasse. "Vaisseau ennemi droit sur nous !" Ils avaient le temps de s’organiser et Isembard lança une nouvelle série d’ordre : "Préparez vous au combat, ne le laissez pas nous barrer la route ! Brûlez-moi ce machin, allez !" Heureusement ils étaient cette fois bien positionnés. "TIREEEZ !" L’attaque fit mouche, désorganisant complètement le pont adverse et enflammant ses voiles.  "Ca brule, capitaine !"  Il fallait agir vite : "Une deuxième bordée de flèches, Edgerran !" L’ordre suivit : "TIREZ !" Une deuxième bordée de flèche enflammée acheva le travail. Sans rencontrer aucune espèce de résistance, le Rédemption éperonna à pleine vitesse le navire adverse. Comme dans du beurre, constata Isembard Arryn avec satisfaction. "Envoyons ça par le fond !" La galère de guerre adverse prenait l’eau par tous les côtés et versa lentement, avec un craquement sinistre, sur le côté. Arryn n’avait même pas songé à l’abordage. Trop dangereux pour le moment, car il supposait un combat direct et donc d’abandonner le pont du Rédemption, et avant cela, a minima, de se coller le long de ce navire enflammé semblant venu tout droit des Sept Enfers. Non, ils verraient plus tard pour prendre des otages.

Pour le moment, cette petite victoire qui leur permettait de poursuivre leur chemin et de rester à flot leur suffisait. Elle sembla plaire aux hommes, qui reprirent en chœur l’hommage de Edgerran. "Pour le cap'taine, hip hip hip ! HOURRA !" Il est vrai que le combat se poursuivait mieux qu’il n’avait commencé, mais le vieux loup de mer continuait à se méfier : "Pas de relâche messieurs, continuez les réparations !" Car déjà devant eux se dressaient d’autres navires, toujours de la flotte Baratheon. Peut-être de la maison Fell, avec l’emblème qu’ils avaient.

Nous venions à peine de finir d’aider le navire orageois que déjà, la fureur de la bataille se rappelait à nous. Je sortais de ma torpeur tout au long de l’opération, indifférent aux matelots réparants notre partenaire, je n'adressais même pas un simple signe de la main au capitaine que je venais de secourir. J’avais réussi à sortir de mon état de choc et je scrutais les alentours, à la recherche d’une cible quelconque, n’importe laquelle ferait l’affaire. Il fallait que ma présence soit utile, il n’était pas nécessairement question de mon honneur, il était plus question de ma réussite. Si le Formidable Idiot n’était pas dans un état resplandissant, cela ne m’importait pas tellement, ce qui m’importait c’était de sortir de cette mauvaise passe, il fallait absolument que je renverse la chance. Pour un noble quelconque s’eut été une question d’honneur, d'orgueil, moi je n’avais pas le choix, il fallait que je réussisse, il fallait que je prouve mon utilité. Car si un noble a toujours un château et un titre après une défaite, moi je n’avais que mes mains.
Oh ce n’était pas totalement vrai, mon sang était aussi pour quelque chose à ma position. Mais j’aimais me croire plus solitaire que je ne l'étais, j’aimais cette idée selon laquelle je devais prouver au monde que mon mérite était le fruit d’un être exceptionnel. Je le devais à moi-même et à la promesse de mon père, bon sang ne saurait mentir.

Alors que je donnais l’ordre de nous séparer rapidement de notre sauvetage, je remarquais enfin la mine déconfite et parfois apeurée de mon équipage. Je lâchais un grognement sonore, pointant un bâteau de flotte valoise du doigt j’ordonnais que l’on attaque ce bâtiment. Il fallait réveiller tout ce monde et prouver, quitte à le payer douloureusement, qu'on ne saurait rester sur un échec. “Allez, du nerf ! On va bien en envoyer un par le fond ! Bordel de merde, vous êtes des marins de Lamarck ! On va quand même pas se laisser faire par une bande de valois, depuis quand savent-ils naviguer, eux ? Hein ! Bon, toutes voiles dehors ! IL S’AGIRAIT DE VAINCRE MAINTENANT !”

Je me doutais bien évidemment que quelques mots n’étaient pas suffisants pour enorgueillir mon équipage mais au moins avais-je réussi à donner un exemple plus concret de l’attitude à adopter tandis que nous avancions à toute allure vers le bâtiment adverse. “Archers ! Préparez-vous !” Le Formidable Idiot passait sur le côté en raclant la cale ennemie et tandis que nos navires se rencontraient, cote à cote, l’espace d’un court instant, une slave de flèches partait de nos deux équipages. Tous deux, nous avions vu beaucoup trop large et de chaque côté les flèches s'écrasaient pathétiquement sur le flanc le plus éloigné de l’adversaire. Quelques blessés étaient à déplorer mais de façon très sporadique et vraisemblablement aussi bien d’un côté que de l’autre. Passé cet instant, le Formidable Idiot continuait dans son élan nous séparant momentanément de notre ennemi. “Faites un demi-tour serré, on ré-attaque sur l’autre bord ! Cette fois, tirez près ! Tirez près, archers ! Ils sont presque en face de nous et ne ratez rien, ils ne rateront pas, eux !” Nous nous apprêtions à tenter une attaque sur l’autre flanc après une manœuvre très rapide et dont la fluidité rendait gloire au génie maritime des gens de Lamarck.

Ser Marq payait le prix de sa trop grande assurance. Aux prises avec les laquais Orageois de Stannis Baratheon, lui qui s'était vu couler aisément le suzerain de l'Orage risquait de finir bien avait lui au fond de la baie. Pestant plus que de raisons face à ce coup du sort, le chevalier resta pourtant droit et assuré dans son maintien, là où nombre de ses hommes d'équipages vacillèrent en même temps que la Manticore sous le choc. Intimant l'ordre à son barreur de les dégager de là aussi tôt que possible, le mercenaire de la Compagnie Dorée ramena tous les archers de son navire en position le long du bastingage d'un simple mouvement du bras. Les autres s'affairèrent à manœuvrer tant bien que mal le navire, les plus malchanceux se retrouvant à chercher et évaluer les dégâts sous les insultes de leur capitaine.

TON ROI N'EST QU'UN LACHE DE PLUS ! TU FERAIS MIEUX DE PRIER TON DIEU DES FLAMMES !, hurla finalement le lieutenant de la Compagnie en réponse à Selwyn Torth alors que ses hommes s'apprêtaient en décocher une nouvelle volée de flèches en réponse à la chance insolente de l'Etoile-du-Matin dans ses manœuvres.

Son sourire enjoué à l'idée de crier vengeance disparut pourtant dans l'instant lorsque les courants les éloignèrent soudainement l'un de l'autre. Rapidement, et sans qu'ils puissent y faire quoi que ce soit, les deux embarcations s'éloignèrent l'une de l'autre. Adieu le combat... A la place, il leur fallut lutter pour ne pas être entrainés au large par la force des flots. Endommagée, la Manticore n'avait pas dit son dernière mot, mais se retrouvait en difficulté. Une proie facile.

Réparez-moi ça ! Hors de question que ce combat nous échappe ! Pas deux fois !, pesta de nouveau l'épée-louée en scrutant l'horizon avec impatience.

Il lui était impossible de dire quel camp prenait l'avantage. La situation était tellement confuse que personne n'aurait pu le déterminer. Peut-être un point de vue plus éloigné encore permettrait-il de dégager une tendance de cet enfer. Les habitants de la cité portuaire toute proche devait en tout cas avoir un sacré spectacle. On en parlerait pour les décennies à venir parmi le petit peuple. Quant à savoir si ce serait fait avec fierté ou honte... Il leur appartenait encore d'influer là-dessus.

Ils avaient eu une chance insolente. Le loisir de pouvoir reprendre leurs forces sans trop se faire déranger. Décidément, la mer et les Dieux étaient vraiment cléments à leur égard aujourd'hui, et Marwyn remerciait particulièrement le Guerrier, qui avait comme posé son bouclier au-dessus d'eux, aussi grand que le ciel étoilé, pour les protéger des yeux de leurs ennemis. La voile, scarifiée comme par les griffes d'un corbeau, avait été recousue ; ça et là, le plancher du pont se muait en charbon : tant de stigmates de flèches enflammées ayant transpercé l'Impératrice. Mais elle resplendissait néanmoins, plus forte encore à cause de ses blessures, aurait-il bien voulu le croire. En tout cas, elle ne souffrait plus autant, ne grinçait plus comme une Bette secouée par une tempête. Dès qu'il avait senti l'équipage prêt et inspiré, Marwyn avait donné l'ordre de revenir vers l'épicentre des évènements. Pour le moment, ils avaient surtout endommagé les forces adverses, mais aucun navire n'avait pris le fond et ils ne pouvaient laisser leur tableau de chasse ainsi vierge !
«Messieurs ! S'adressa-t-il à son équipage, mes frères ! Jamais nous n'avons livré bataille aussi grande et aussi importante ! Je sais que vous êtes nerveux de revenir au cœur de la mêlée. Ca va tester nos nefs et notre discipline, qui est tout aussi importante que notre courage... Prenez garde, la moitié d'entre eux sont endommagés, et seront comme des animaux blessés. Ils nous voient comme des traitres ! Faisons en sorte que leur hostilité soit leur tombeau et défendons ce bateau et cette mer comme nous aurions défendu notre propre maison !»
Marwyn leva le poing pour terminer sa tirade, soulevant un râle bouillonnant. Il se retourna ; le vent les approchait d'un amas de planches surplombé par un nuage de voiles, transpercé par une pluie de flèches et de flammes. Une fumée noire s'élevait de certains navires, d'autres étaient en train de s'enfoncer dans les vagues avec une lenteur menaçante. Le capitaine ordonna une manœuvre d'approchement, profitant d'un bateau qui leur montrait son flanc serti de coquillages et d'algues. Les cordes se tendirent, les voiles se gonflèrent et ils prirent rapidement de la vitesse. Marwyn s'accrocha à la barre, prêt au choc qu'allait provoquer l'éperonnage et gardant la bonne direction, alors que le second continuait à donner ses directives à l'équipage. On pensait s'y attendre, mais comme à chaque fois, ce fut comme deux montagnes se rencontrant et chacun fut projeté vers l'avant, seulement sauvés par des doigts cruellement agrippés à leur Impératrice. La collision, pourtant, parut être extrêmement engourdie à cause de leurs masses communes. Lentement, ils poussaient le navire ennemi à se renverser ou se fendre, sous le bruit monstrueux du bois se déchirant.  
Bientôt, ils perdirent de leur élan et se firent doucement secouer par les vagues les rattrapant. Sur le bateau en face, les gens couraient, vérifiant les murs de leur maison et se préparant à un abordage éventuel, à une volée de flèches ou à toute autre forme d'hostilité. Mais les dégâts s'étaient davantage fait entendre que sentir, et en reprenant son équilibre, l'Impératrice se mit à tourner pour pouvoir amorcer sa prochaine attaque...  

Lancé de dé contre PNJ:

Blurd Mervault

305, lune 1, semaine 2, jour 1

Le Lady Marya avait changé de cap, le capitaine Blurd avait usé de ses talents pour se repositionner dans le sens du vent, ayant remarqué qu'aucune de ses flèches n'atteignait son ennemi, mais en agissant ainsi, il savait qu'il risquait bien plus, son bateau était déjà gravement endommager, alors que l'autre capitaine pouvait le narguer avec sa galère qui semblait être invincible, ou bien possédait de meilleur archer. Blurd n'arrivait plus à quitter la barre du Lady Marya, ne faisant qu'un avec lui, mais surtout craignant la suite. L'autre bateau se rapprochant et il ordonna :

- TIRER

Ce n'était plus l'autre bateau qu'il rêvait de faire couler, mais à ce moment précis, ses propres hommes. Ce n'était plus la bataille qu'il voulait gagner, mais sauver son bateau. Le Lady Marya était tout pour lui, gagner lors d'une partie carte à Essos alors qu'il n'était qu'un jeune homme, il aurait pu finir esclave, car telle avait été le prix s'il avait perdu, mais il l'avait remporté. Un vieux bateau qu'il avait retapé, mis son âme à l'œuvre et nommé par le nom de sa mère. Il avait déjà perdu sa mère, il ne pouvait pas aussi perdre son bateau. Blurd vit arriver un flot de flèches vers eux, des flèches qui eurent l'effet inverse que de ses propres flèches. Le craquement du Lady Marya qui apparut ne révélait rien de bon...

- Le Bateau coule, capitaine !

La colère le submergea, il en ôta sa botte pour la balancer sur celui qui venait de lui parler ! Oh, que cela lui avait fait du bien ! Il n'était pas idiot, il voyait bien son bateau chéri en train de mourir... Avançant plus qu'avec qu'une botte, il ordonna d'un ton plus calme :

- Vous prenez ses seaux et vider l'eau....Allant vers d'autres hommes, nous devons soigner les blessures du Lady Marya !

Blurd avait réellement le cœur brisé, touchant le mât de son bateau, il lui murmura :

- Nous nous ne te laisserons pas couler !

Dé 3 (Dégats importants):

Mandragore (@Durran Bulwer) conseille au seigneur de la Vesprée de prier son dieu de flammes dans un cri désespéré, ruisselant sous une pluie de flèches. Ça ne fait que confirmer à Selwyn Torth l’ignorance de ces mercenaires de pacotille, qui ne connaissent pas plus l’adversaire qu’ils attaquent et les coutumes qu’il observe qu’ils ne savent comment gagner contre eux. Car il faut se rendre à l’évidence : le Manticore croule sous l’assaut de l’Etoile-du-Matin. Certes, certes, Stannis Baratheon a fait du culte de l’Orage le culte officiel de la région ; mais c’est les Sept que Selwyn a prié ce matin-là, et qu’il continuera de prier s’il se tire vivant de cette sombre et aqueuse journée. Et certes, certes, les flots finissent par forcer l’Etoile-Du-Matin à s’éloigner du Manticore, mais cette prière semble entendue : le bateau mercenaire semble bien plus endommagé que celui du Seigneur orageois.

Dans la cale du navire de l’île aux saphirs, des matelots s’affairent maintenant à réparer les dégâts provoqués par le premier assaut du Manticore. Alors que les flots les éloignent du navire – ou ce qu’il en reste – de la Compagnie Dorée, le maître d’ouvrage ordonne à ses hommes de calfeutrer le moindre trou, le moindre interstice qui pourrait mettre en danger leur sécurité. C’est que non loin d’eux, le Lady Fell (@Druig Marsh) a besoin d’un sauvetage, et que Lord Torth a déjà fait modifier son cap pour aller leur porter secours. Sur la bonne idée de son adversaire de la compagnie dorée, il ferme les yeux quelques instants, alors que l’agitation semble s’atténuer, pour adresser une prière au Guerrier pour sa force et à la Mère d’En-Haut pour sa miséricorde, pieusement.

Selwyn Torth doit toutefois rouvrir ses yeux sous le cri strident de son capitaine, qui hurle qu’un bateau ennemi s’applique à barrer leur cap pour terminer d’enfoncer le Lady Fell au fond des flots. C’est à peine si l’Etoile-du-Matin peut modifier un peu sa trajectoire pour ne pas être directement enfoncée par la coque du bateau ennemi. Et alors que le navire ennemi prépare son attaque, Selwyn Torth ne peut qu’observer la mer engorger le Lady Fell et ses fidèles matelots, des orageois qui s’appliquent à sauter du pont pour tenter de trouver un flotteur qui leur permettrait de survivre quelques temps de plus. L’Etranger a sans doute voulu rappeler au Seigneur qu’il peut prendre qui il veut, et que c’est lui, qu’il aurait dû prier.

Difficile de voir qui faisait quoi et qui prenait l’avantage. Isembard crut distinguer un vaisseau de la Compagnie Dorée ( @Durran Bulwer) aux prises avec un navire qu’il identifia comme originaire de Torth. Tout devenait très confus. Isembard, très pragmatique, se dit que celui qui emporterait la victoire serait le dernier qui flotterait. C’était toujours comme ça de toute façon et le reste, c’était se bercer d’illusions. Si les Sept le voulaient ça seraient eux, le camp le plus légitime. Mais la guerre ne se gagnait pas à coup de prières, Arryn le savait bien. C’était à celui qui tiendrait le plus longtemps. Au plus solide en somme. Comme par gros temps, il fallait tenir le choc et l’orage. Et réparer coûte que coûte. Les charpentiers, pour le moment, travaillaient toujours. Pour le reste, ils n’étaient pas sortis d’affaire. Devant eux, se dressait la flotte Baratheon. A voir s’ils parviendraient à tenir le choc. Dans l’état du Rédemption, qui commençait sérieusement à ressembler à une épave flottante, c’était un miracle que personne n’ait réussi à les aborder.

Le navire Fell ( @Druig Marsh) qu’il avait aperçu venait droit sur eux, d’ailleurs, le miracle n’allait peut être pas durer. Cette fois, ça y était, songea Isembard. Alors qu’il s’apprêtait à hurler à ses hommes de défendre de nouveau le pont, un vaisseau allié se lança à l’assaut. Et avant que Arryn ne termine sa phrase, celui-ci avait envoyé le Lady Fell boire la tasse. « Ah, bien joué ! » S’exclama le vieux loup de mer, admiratif. Pour le moment, lui ne pouvait pas faire grand-chose de plus, sinon observer les combats. « Où en est-on, Edgerran ? » Son second, parti voir les charpentiers qui s’affairaient, venait de remonter au château arrière. « Dans quelques minutes, monsieur ! » Isembard hocha la tête. « Bien, évitons au maximum l’engagement et dites aux hommes de rester vigilants pour repousser tout assaut…qu’est-ce qu’ils fichent, ceux là ? » Le navire de Torth était réapparu dans son champ de vision et essayait manifestement de venir porter secours au Lady Fell. Sans succès, car un nouveau navire leur barra la route immédiatement…ce qui eu pour effet de rediriger le navire ennemi sur eux. « Ils viennent sur nous, capitaine ! » Arryn l’avait vu lui aussi. Ils allaient probablement chercher vengeance en tentant d’obtenir une victoire facile pour oublier cette tentative de sauvetage avortée. « J’ai vu. Il faut absolument les faire reculer pour que les charpentiers terminent les réparations. Préparez vous à l’assaut, messieurs ! Repoussez-les ! » A la manœuvre, il fit tourner le navire pour permettre aux archers de riposter si besoin est. « Tirez ! Ne les laissez pas approcher ! » Il fallait à tout prix les maintenir à distance. « Visez les voiles ! Incendiez-moi ça ! »

Cela suffit pour leur permettre de prendre du large. Autour d’eux, tout n’était que fumée, bois flottant à la surface, restes de bateaux coulés, et désolation. Mais ils semblaient avoir réussi, comme le cria son second avec enthousiasme : « C’est bon pour les réparations ! On tiendra le choc, capitaine ! » Un coup d’œil en arrière apprit à Isembard que le répit ne serait que de courte durée. L’Etoile du Matin se lançait à leur poursuite. « Alors préparez vous, parce qu’il arrive ! Prenons-le de front, messieurs ! Nous avons survécu jusqu’à là, nous avons tenu bon, et nous tiendrons encore ! Allez ! » De nouveau, il fit pivoter le Rédemption pour faire face à leur ennemi. Il fallait tenir, sinon pour lui, au moins pour ses hommes.

Nous allions entamer une manœuvre similaire à la précédente mais si j’avais réussi à jauger parfaitement de la distance de tir pour nos archers je me doutais que ce fut aussi le cas pour le capitaine ennemi. Alors que le Formidable Idiot entamait un arc de cercle pour pouvoir se relancer dans une confrontation entre nos archers et ceux du batiment ennemi, je courais vers la barre, j’attrapais l’épaule du timonier d’un geste brusque. Il me regardait d’un air effaré et il avait toute les raisons du monde, mon idée saugrenue était brillante mais folle et je crois qu’à ce moment là je ressemblais plus à un fou qu’à n’importe quoi d’autre. “Il va falloir lâcher l'ancre avant qu’on ait atteint le flanc des valois.”
“Quoi ?!”
“Ne pose pas de question, on va l’envoyer par le fond, attend juste mon signal !” Il faisait signe à un marin de s’emparer du mécanisme de l’ancre. Tandis qu’un groupe d’hommes se détachaient des troupes pour le rejoindre, je regardais le bateau ennemi avec envie. J’avais une envie irrépréhensible de vaincre, je voulais être un victorieux, un petit peu aujourd’hui. Pour moi, pour mon honneur, pour ma gloire mais aussi pour les autres, pour avoir quelque chose à rapporter, quelque chose à prouver. Le Formidable Idiot commençait à filer rapidement, porter par le vent vers notre adversaire, la vitesse aidait encore plus dans ma stratégie, plus nous irions vite, plus le choc serait violent. En face, le navire ennemi semblait presque nous attendre, immobile, ils pensaient jouer de cette supériorité de mouvement pour pouvoir mieux nous arroser de flèches. Ce n’était pas idiot, nous eurent été handicapé par la rapidité de notre bâtiment. Le capitaine valois ne pouvait pas deviner mon idée folle, d’ailleurs personne n’aurait eut une idée aussi dérengé, seulement quelqu’un pour qui une victoire ici était vital. Oui, je le confesse aujourd’hui, j’étais prêt à risquer la vie de tout mon équipage et je le confesse sans remords, je le referais encore, je n’en ai jamais rien eu à foutre d’eux.

Nous nous rapprochions extrêmement vite, alors que nous étions à une minute de la rencontre je donnais un premier ordre. “Accrochez-vous ! Tous ! Archer, préparez-vous ! Quand ça va péter, vous tirez vers l’avant ! Vers l’avant !” Je remarquais l’incrédulité dans le visage de mes hommes mais les marins sont des gens disciplinés et ils m'obéissaient malgré l’étrangeté de mes consignes. Les Velaryon n’étaient-ils pas connus pour quelques coups de génie en mer ? Voilà que j’allais me montrer digne aux yeux de mes hommes du sang qui coulait dans mes veines. Le Formidable Idiot était à quelques dizaines de secondes de la rencontre avec l’ennemi, j’étais resté fixe, le regard planté vers la distance qui s’amenuisais entre nous et les valois. D’un coup je levais ma main tout en beuglant de toutes mes forces. “L’ANCRE !” Durant un laps de temps que j’estimais bien trop long, nous n'entendions que le claquement de la lourde chaîne de l’ancre sur les parois du navire. Un ‘cling cling cling’ caractéristique et quasiment effrayant. Enfin un grand craquement. J’avais à peine le temps d’enrouler mes bras autour d’une balustrade. Alors que nous devions filer droit le long du flanc adverse, notre avancée se stoppait net, le timonier donnait un grand coup de côté à la barre. Stoppé brusquement dans son élan, le Formidable Idiot se retournait d’une violence et d’une rapidité inédite. Notre proue s’enfonçait alors dans le flanc adverse et en quelques secondes nous avions évantré le batiment valois, sur la moitié de sa longueur celui-ci coulait, ce navire était condamné, ouvert d’un cratère béant que les flots venaient infiltrer à une vitesse faramineuse. Mes archers s'occupaient des survivants à bord et dans l’eau. C’était une belle petite victoire. “Bravo ! Haha !” Je lâchais un petit rire aiguë. “Remontez l’ancre et cherchons notre prochaine cible !”

La bataille faisait rage, aussitôt la manœuvre réaliser qui avait endommagé le navire, le cerf couronné riposta. Si les marins de l’Etoile des Mers se montrèrent une nouvelle fois plus dégourdis pour défendre leur vaisseau plutôt que d’attaquer un adversaire. Conrad serra les dents. « C’est bien les gars !! Continuez, on va les envoyer par le fond !! » Il fit tourner le gouvernail de sorte à pouvoir réattaquer son adversaire. Mais les courants et le vent furent contre lui. Une rafale inattendue inversa la tendance, rabattant son bateau contre la proue dû Cerf Ardent qui vint l’empaler avec violence. Le bois craqua sous l’impact. « Par les Sept ! » râla-t-il. Il fit vriller le gouvernail afin de se dégager pour limiter les dégâts mais il était trop tard. L’eau commença à s’engouffrer dans la calle. « BOUGER VOUS, COLMATER LA BRECHE !! » Sinon il coulerait. Mais il n’avait pas besoin de le signifier. Son contre maître fit sonner la cloche devant l’urgence et bientôt le pont grouilla sous l’effervescence.

Conrad réussi à libérer son navire de la proue adversaire et à s’éloigner légèrement. Fort heureusement, le Cerf Ardent ne sembla pas désirer l’achever, continuant sa route vers un autre adversaire, pensant que l’eau finirait par avoir raison de l’Etoile des Mers. Et il n’avait pas tort, le Templeton ne voyait pas comment sauver son navire sans aide. Ils étaient en train de couler. Il regarda à quelle distance se trouvait la côte. Loin mais pas infaisable avec un peu de chance et de volonté. Si personne ne venait à sa rescousse, il devrait abandonner son navire et nager jusqu’au rivage pour sauver sa vie. Un risque à prendre mais il espérait qu’un allier vienne à sa rencontre pour l’aider à sauver ce qui pouvait être sauver.

Lancé n°2:

La riposte avait engendré de sacrés mouvements à produire. Virant à la fois à tribord et à bâbord, le gouvernail du Baiser Mortel n’avait de cesse de bouger rapidement. Et si Pryam essayait de garder son calme en apparence, voilà qu’il bouillait de plus en plus à l’intérieur. Les flèches s’étaient décochées pour venir trouver cible dans la chair de bien nombre de ses hommes. Tout comme sur le bois qui s’émaciait de plus en plus en raison des entailles qu’il subissait. « Comblez les dangers. » essayait-t-il d’ordonner, lui-même en quête d’une planche pour s’empresser de venir la plaquer contre une partie de la coque brisée. Il ne fallait surtout pas que l’eau pénètre dans la cale. Surtout pas que le poids tire son bâtiment vers le fond. Peu pouvait lui importer son ennemi à présent, il lui fallait trouver rapidement le moyen de maintenir l’eau hors de son navire. Surtout que la Mer s’agitait tout à coup et séparait les deux frégates vers des horizons différents. « Songez à vos familles, pensez aux retrouvailles qui nous attendent. Aujourd’hui ne sera pas le dernier, je vous en fais la promesse. » Sa tentative de remotiver les troupes se perdait instinctivement dès que son regard trouvait un malheureux dont le corps gisait là sans vie. Comment pouvait-t-il promettre un tel destin alors que la plupart des familles seraient décimés dès ce soir ? Les lois de la guerre étaient brutales, violentes, mais surtout injustes. Et il reconnaissait volontiers de la chance qu’il détenait d’avoir des hommes si fidèles à ses côtés. « Si par malheur la mer m’emporte, je conterai à l’Aïeul combien j’ai été chanceux de vous avoir à mes côtés. » Sincère dans ses mots, le vieil homme lança un sourire compatissant au jeune homme à côté de lui. Il leur fallait du courage et ils allaient le recouvrer.

Ce fut grâce à cette vision que le Seigneur reconnut une nouvelle frégate ennemie. Probablement désireuse de le tirer par le fond, sa vision bien que parsemée de diverses étoiles, lui permit de distinguer un mouvement. « Archers, décochez à tribord. » Ses mains tenaient toujours la planche afin de permettre au jeune garçon de clouter cette dernière alors que le son significatif de l’envol des flèches indiquait ce nouvel assaut. Ils ne tardèrent pas à entendre un fracas sourd et lourd, les obligeant à s’accrocher comme ils le pouvaient pour ne pas perdre l’équilibre. Un nouveau point d’appui ne tarda pas à lui arracher un cri de douleur. Une côte surement. « M*rde » crachait-t-il de douleur, alors que sa vision se mit à se brouiller. Mais il se dépêchait de secouer sa tête pour reprendre contenance et comprendre qu’ils devraient tous se redresser pour « Assaillez le navire ! ». Epée en main, il se mit à trébucher avant de trouver appui pour continuer sa route. Sa lame rencontra de la chair, sa main claqua une joue alors que ses hommes plus jeunes autour de lui donnaient l’impression de tenir promesse.

On lui présenta le capitaine de la flotte déjà endommagée comme la sienne. En bien piètre état d’ailleurs, et le Lonbec n’eut d’autre choix que celui-ci. « Attachez-le au mât. Il pourrait bien nous servir d’appât pour la bête. » Oui celle qui grondait depuis les cieux, qui ne tarderait probablement pas à attaquer. Mais en attendant, ils devaient revenir sur leurs pas. « Continuez à calfeutrer le Baiser Mortel, il est hors de question de le voir sombrer. » Auquel cas, Pryam Lonbec suivrait.



   

Ne pas se laisser aller, ne pas se laisser aller, ne pas se laisser aller… C’est généralement ce que Selwyn Torth se jure quand il entame un banquet ou quand il crève sous le soleil lors d’un tournoi équestre. Là, sur son bateau en proie aux pluies de flèches et aux coups de canon, il n’a même pas le temps de le penser qu’il doit déjà se retourner, fléchir sur ses genoux déjà fatigués, se laisser valdinguer sur la barre pour ne pas trop subir les vagues. En somme, et plus généralement, il n’a plus même le temps de penser. Et alors que quelques minutes plus tôt, il voyait le Lady Fell (@Druig Marsh) se faire avaler par les flots, il devait maintenant éviter les canons d’un navire ennemi qui tentait de les maintenir à distance. « Quel pavillon affiche-t-il ? Longue vue, tout de suite ! » exige le Seigneur, épuisé, qui tente de retrouver un peu de constance après le fiasco du sauvetage de navire Fell. Il glisse son œil bleu saphir dans la lentille que lui a tendue son capitaine, et cherche un blason qu’il saurait identifier. C’est celui des Arryn de Goëville (@Clifford Swann) qu’il reconnaît. Un bien meilleur adversaire que ces fichus mercenaires qu’il a dû s’appliquer à couler quelques minutes – heures ? Selwyn ne sait plus … – plus tôt.

Le capitaine valois s’applique à maintenir son bâtiment à distance en lançant d’énormes boulets de canons sur celui de l’orageois, et effectivement, de longues minutes se passent sans qu’aucun angle d’attaque ne puisse être trouvé par le parti du Seigneur de la Vesprée. Ils ne font que voguer en zig-zag, le nez face à celui de la Rédemption, de façon à ne jamais laisser la coque de l’Etoile-du-Matin découverte trop longtemps. Toutefois, ce n’est pas en se mettant face à l’ennemi qu’il est plus facile de s’en approcher suffisamment pour faire fondre sur lui une nouvelle salve de flèches. Selwyn fait tenter l’essai une première fois, mais la majorité des munitions finissent dans l’eau salée de la baie des crabes. Il est à nouveau temps pour Selwyn Torth de se placer à vue de son équipage pour leur crier de nouveaux ordres d’attaque : « Matelots, rappelez-vous pour qui vous vous battez ! Nous avons devant nous un ennemi rusé mais ne baissons pas les bras, mes frères d'armes ! Canonniers, visez la coque ennemie et tirez à volonté ! Archers, cherchez un angle de tir pour atteindre l'ennemi et ne craignez pas de monter sur les mâts pour une vue plus dégagée ! Restez unis, soyez prêts à tout moment et ne lâchez pas prise ! Cette fois-ci, cherchons l’abordage ! »

L’information avait eu du mal à atteindre le Suzerain alors que la bataille faisait rage dehors. Pourtant les regards du mestre et de Neina étaient limpides. Rhaegar était mort, l’homme qui l’avait pardonné. Stannis ne pouvait croire une telle chose mais le message de ser Davos était clair. Pas le temps pour le suzerain de demeurer plus longtemps dans la cabine du mestre, de l’agitation sur le pont attira son attention. Ses hommes criaient avec joie. Il semblerait que le bateau ennemi ( @Jayne Bracken ) n’avait pas réussi à avoir raison du Cerf Ardent. Mais son regard se porta alors sur un navire allié qui commençait à couler. Il hurla alors ses ordres de porter secours à La Marya. La bataille était un beau bazar et Stannis ne savait aucunement comment celle-ci se finirait. Les navires s’entrechoquaient, les hommes abordaient, tuaient, coulaient. Malheureusement, quand ils arrivèrent près du navire allié, celui-ci était perdu. Stannis ne pouvait rien faire de plus que de sauver le maximum d’hommes mais le bateau, lui, coulerait au fond de la baie (Lancé n°3 : Sauvetage). Il aperçut alors au loin le fils de son ami, Blurd Mervault ( @Elias Dunn ) qui tentait à tout prix de sauver son bâtiment mais c’était peine perdue. Stannis se lança lui-même dans l’opération, incitant le jeune capitaine à le suivre, lui rappelant qu’il avait une famille à retrouver. Il finit par le forcer à venir pour finalement lui porter un coup qui l’assomma, facilitant ainsi son transport jusque sur le Cerf Ardent. La Marya disparut alors dans les flots mouvementés de la baie, sous le regard impuissant de son capitaine qui sombra dans l’inconscience sur le pont. Mais pas le temps de s’apitoyer sur le sort du navire perdu, Stannis ordonna à son équipage de changer de cap. Direction : la bataille. Elle était loin d’être terminée.

A pieds, Marwyn longeait lentement le pont de son Impératrice, le regard braqué sur le bateau ennemi qu'il venait d'empaler. Le mouvement contraire de son navire donnait à sa marche une impression de flottement, car ils avançaient l'un et l'autre à la même vitesse, mais dans des directions opposées.  Le sel lui fouettait le visage et faisait plisser ses yeux, alors qu'ils longeaient le bâtiment immobilisé par la confusion. Le Belmore fut tenté de faire une manœuvre classique, un demi-tour pour présenter les épines de ses flancs et décocher quelques flèches, mais le vent ne leur était pas favorable et risquait de les ralentir au point de leur faire perdre l'avantage. Marwyn atteignit la dunette et se hissa sur le mat de pavillon, un regard tranchant dirigé vers un ennemi qui avait déjà fait enfler ses voiles pour le poursuivre. Il regarda derrière soi : au loin la côte s'élevait, une bande de sable et de verdure entre deux bleus tranchants. L'écume s'élevait, puis s'estompait dans le vent en de longues vagues au-dessus du récif. Marwyn sourit... oui, il avait un autre avantage que la puissance de son navire, la discipline de son équipage ou simplement une bourrasque clémente. Il avait navigué dans chacune de ces baies et contourné chaque cap ; il avait vu chaque crique et longé chaque falaise ; il connaissait la hauteur des crêtes et la longueur de l'écume selon les saisons ; il s'était fait avoir par d'invisibles banc de sable et par de saillants pieds de falaise. La Baie des Crabes était sa baie ; il la connaissait comme il connaissait les secrets de son bateau, mieux que sa propre maison.  
« En avant ! » Lança-t-il dans un cri grave et porté par le vent.  
Les mâts craquèrent alors que les voiles se tendaient ; l'Impératrice, portée par le simoun chaud de l'est, prit rapidement de la vitesse. Mais Marwyn continuait à scruter derrière eux, ayant abandonné le gouvernail à son second, qui exécutait ses ordres. Le navire orageois les suivait sans les rattraper, mais réduisant néanmoins la distance. Parfait. Marwyn ordonna quelques tirs dans leur direction pour maintenir leur attention, pour focaliser leur intérêt, tout en agissant comme des fuyards tentant de distancer leur adversaire. L'Impératrice pourtant n'avait pas déployé toutes ses ailes, mais Marwyn ne voulait pas les semer ni les fuir, il voulait se faire rattraper.  
Doucement, lorsque le navire ennemi les eut atteint, Marwyn Belmore ordonna à l'Impératrice se de déporter légèrement sur la gauche, forçant leurs assaillants à les rattraper par la droite... Là, il tempéra sa diligence, se laissant atteindre par l'ennemi.  
« Mais, mon capitaine, ils vont nous attaquer ! Lui signifia l'un de ses officiers.
- Ils n'en auront pas le temps, mon cher Artos... » Murmura le capitaine avec un éclat redoutable dans les yeux.
Il regardait fixement l'adversaire bander ses arcs, les matelots courir dans tous les sens pour tenter de maintenir le cap, les capitaines crier leurs ordres. La sueur perlait sur son front alors qu'il tentait de ne rien laisser paraître. Cela se jouait à quelques secondes, à quelques mètres seulement... Soudain, le navire orageois se souleva brutalement, renversant son contenu dans la gueule des vagues ! Marwyn, comme le reste de son équipage, bascula par-dessus la rampe pour voir le spectacle d'un bateau qui venait de s'échouer sur un morceau de récif ! Des élans de cris se firent entendre, explosant joyeusement ça et là, fardant l'Impératrice d'une parure de fête. Loin derrière eux, le bateau se renversait sur son flanc et se brisait dans la mer, éventrée par un îlot rocheux invisible...

Lancé de dé contre PNJ: