DORNE AUX DORNIENS

# Mer 8 Déc - 11:25

DORNE AUX DORNIENS

An 302, lune 12, semaine 2

Entre la chaleur et les routes quelques peu chaotiques le voyage n’avait pas été des plus agréables. Mais la destination en valait largement la peine du point de vue d’Uther.

Cette grande rue où chaque espace était occupé par un étal, une échoppe un saltimbanque... rappelait Braavos. Or ce fut une période agréable et surtout enrichissante pour le guérisseur du moins avant ses petits soucis judiciaires.

Il croisa d’ailleurs les mêmes types de charlatans avec leurs potions, qui soignaient tout. D’un autre coté il est vrai que c’était plus simple.

A force d’acharnement Uther finit par tomber sur des articles prometteurs. Seulement il fallut négocier les prix, comme à Braavos encore une fois.

La nostalgie provoqua un peu de relâchement. Le guérisseur se montra moins discret, plus fort en gueule, plus décontracté, comme d’habitude en somme. Ce qu’était selon lui-même mal avisé dans cette contrée du fait de la sienne.

En passant devant un petit assemblage de tables faisant office d’auberge en pleine air, Uther se dit qu’il était temps de constater, si le vin dornien méritait sa réputation.

Par conséquent il s’installa à une table et héla la serveuse. Ces petites dorniennes valaient également le coup d’œil. Leurs peaux foncées, leurs tenues légères, leurs parfums salés... elles étaient bien différentes des autres westériennes.

De l’alcool de qualité, une jolie femme, un soleil radieux que demander de plus ? En fait c’était déjà trop.

Alors qu’il savourait le vin épicé, d’autres consommateurs visiblement en avance sur lui se rapprochèrent.

Uther perçut immédiatement leur arrivée. Il faut dire qu’ils n’étaient pas particulièrement discrets.

Le groupe était composé de trois hommes dont les âges tournaient à vue de nez autour de dix-neufs ans. Ils étaient sveltes, et plutôt bien vêtus. Leurs visages suaient l’arrogance.

Le trio formait une sorte de triangle. Le plus grand à la pointe s’adressa à Uther sans même un semblant de présentation.

« Ça change de l’herbe hein ? »

Le guérisseur dirigea son regard dans un premier temps la tête vers son interlocuteur, puis releva un sourcil en signe d’incompréhension.

« Faire pousser de l’herbe et des légumes, c’est tout ce que vous savez faire dans le Bief, hein ? » Précisa le dornien avec un petit ricanement.

Ces deux accompagnateurs l’imitèrent, ce qui était indulgent de leur part au vue du niveau de la plaisanterie.

Uther savait pertinemment que ce genre de désagrément pouvait survenir. A vrai dire il était même surpris que ce ne soit pas arrivé plutôt.

Il hocha des épaules et tourna la tête en espérant que les trois crétins soient rassasiés.

« Qu’est-ce qui t’arrives le bouffeur d’herbe ? T’as perdu ta langue ? »

Visiblement ce n’était pas le cas. Il allait falloir changer de stratégie.

Uther alors se leva, et fit face au meneur. Le jeune dornien était d’un gabarit inférieur au sien. De plus il émanait une certaine autorité chez le guérisseur du fait de s’imposer auprès de soldats depuis tant d’années.

Toutefois le provocateur disposait d’un avantage qu’Uther prit immédiatement en compte.

« C’est facile de chercher querelle, lorsqu’on a des gens derrière soi. »

« J’ai pas besoin d’eux. » Répliqua son futur adversaire en levant les poings.

Cet idiot était tombé dans le piège.

Les connaissances en combat d’Uther lui suffirent largement. Son adversaire avait les bras bien trop espacés. Il s’agissait clairement d’un amateur. Un petit coup vicieux réglerait vite le problème.

Uther leva les bras à son tour et frappa d’une manière peu conventionnelle. Concrètement son front percuta le nez de son rival. Ce dernier s’étala par terre le visage en sang.

Le vainqueur regarda les deux autres dorniens. Réalisant qu’ils faisaient face à mieux qu’un simple bagarreur, les deux intéressés reculèrent.

Finalement Uther allait pouvoir finir son pichet tranquillement.

Cet espoir s’envola suite à une simple parole provenant d’une table adjacente.

« Il se croit chez lui ce biéfois. »

Ce dernier fut crucial. Un petit attroupement se forma rapidement avec Uther au centre.

La fréquentation des champs de bataille permit au guérisseur de garder son sang-froid.

Du coté des avantages se trouvait sa dague dissimulée sous sa veste. Au niveau des inconvénients il fallait compter un fort regain d’adversaires. Ils étaient bien une douzaine.

Son seul soutien extérieur se limitait à la serveuse, qui lui lançait un regard apeuré.

« Ne faites pas de bêtises. » Dit le guérisseur en glissant progressivement sa main vers l’intérieur de sa veste.

N’était-ce pas déjà fait ?

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# Mer 8 Déc - 11:50

Dorne aux dorniens

Décidément… j’y allais régulièrement au marché ces temps-ci… Quoi qu’en réalité, depuis l’altercation pour aider l’une des filles d’Ellaria Sand… J’y allais surtout pour voir Edwyn qui s’était installé à proximité du palais. Je fermais légèrement les yeux, un sourire aux lèvres. Je rentrais d’ailleurs d’une visite à mon compagnon et ma fille. Il était toujours plus que discret à cause de ses origines. Mais bon… j’ignorais si on savait que j’étais sa compagne, mais puisque j’étais maintenant au service de Dame Ellaria. Je rajustai machinalement mes manches longues pour couvrir ma peau trop blanche alors que mes cheveux roux battaient mon dos et le bruit d’une altercation me fit faire marche arrière. Je portais toujours deux dagues visibles au creux de mes reins, avec les marches en bois bien particulier que j’avais. Même si je n’avais toujours pas récupéré autant que je l’aurais aimé ma force, ma vitesse, mais surtout mes compétences. Enfin, c’était autre chose… Je me passais une main sur le visage avant de m’approcher… Et en quelque secondes je compris le problème. Bieffois. Je soupirais avant de me faufiler pour me mettre devant l’homme.

J’étais petite, Edwyn me comparait toujours à un oisillon sûrement à raison, mais j’avais le regard franc et mes yeux bleu et vert mettaient souvent mal à l’aise.

« On va se calmer immédiatement. »

J’avais une voix très calme, très peu inquiète, ce n’était pas la première fois que je faisais ça. Curieusement cela me rappelait la rencontre avec Edwyn. Je toisais le Dornien avec aucune inquiétude.

« De ce que j’ai compris c’est un Bieffois qui vient dépenser son argent dans des produits Dorniens. Non ? »

Il eut un silence qui plomba. Je ne portais aucun insigne, mais… de là à savoir s’ils allaient se tenir tranquilles…

« Il vient acheter des produits de Dorne, son argent va dans des bourses de Dornien… Et vous venez tenter de lui casser la gueule. »

La logique des jeunes. Je regardais celui qui pissait du sang par le nez et je claquais la langue :

« Jusqu’à preuve du contraire, même si on les aime pas les bieffois, on est pas en guerre. Et de ce que j’ai aussi compris, t’as attaqué en premier et il s’est défendu. »

Petite mais autoritaire. Je tournai la tête vers la servante.

« Toi. Il a pris quoi ? »

Elle me répéta sagement ce qu’il avait pris et je tournais la tête vers de bieffois :

« Paye ce que tu dois. »

Le petit jeune fit un geste vers moi, et malgré sa rouille, mon corps réagit immédiatement en se glissant sous son bras pour lui tordre le poignet d’un geste sec.

« Toi tu devrais faire attention. Le Prince Oberyn est à la capitale pour s’assurer de bonnes relations avec les autres couronnes et tu voudrais détruire ses efforts ? »

Oberyn était apprécié… J’attendis que le bieffois paye pour l’attraper par le col et le tirer au travers de la foule sous le regard des autres. Je n’avais pas mentionné Ellaria, pas besoin de la mêler à ça. Je m’éloignais à pas vif, une vague de douleur déchirant mon ventre. Pas question de lâcher maintenant. J’attendis qu’on soit à bonne distance pour le lâcher, le bieffois, le poussant contre un mur alors que je m’adossais à un autre.

« Vous pensiez à quoi ? »

Sérieusement, arriver là et ouvrir sa grande gueule de bieffois… fallait être discret quand on voyageait… Personnellement, je prenais indifféremment le nom de Snow ou de Sand selon les régions. Un bâtard est un bâtard.

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# Dim 12 Déc - 10:22

Alors qu’au mieux une raclée ou au pire un lynchage se profilait, un miracle arriva. Le genre qui pousserait presque Uther à avoir la foi.

Le miracle en question était féminin et non dornien à première vue si on se fiait à sa chevelure rousse. Cette première vue se révéla défaillante.

Il suffisait de voir comment elle s’adressait aux gens. Elle se trouvait clairement dans son élément.

Uther eut une autre impression à son sujet. Autoritaire et calme face à la violence ce comportement suggérait une personne d’arme. Les guerrières étaient tolérées à Dorne parait-il. Ce qui ne gênait pas le moins du monde le guérisseur, tout particulièrement dans le cas présent.

Alors qu’il savourait le spectacle de cette femme entrain de mettre ces imbéciles au pas, Uther fut soudainement prit à partie.

Du fait de sa position particulière au sein des troupes de la maison Florent il n’était pas habitué à obéir. Pourtant il obtempéra. Après tout sa sauveteuse avait l’air de savoir ce qu’il fallait faire.

Il déposa la somme convenue, et rajouta une pièce à part tout en effectuant une œillade à la serveuse. Elle le méritait bien. La pauvre n’avait rien demandé.

Un autre lui en demandait encore. Le dornien au nez cassé décida de tenter sa chance à nouveau. Sauf qu’il choisit une autre cible : la sauveteuse en l’occurrence. Peut-être pensait-il que se serait plus facile ? A moins qu’il ne pensait pas du tout.

Uther constata avec plaisir qu’il avait bel et bien vue juste. La sauveteuse maitrisa son agresseur comme une combattante accomplie.

Ensuite vint la politique. Il en allait toujours ainsi dans une guerre : d’abord les combats, puis les négociations. Si seulement les seigneurs et les rois se limitaient à la deuxième étape.

L’argumentation n’était pas mauvaise en soi, mais sans doute inutile. Le nez cassé ne semblait pas être capable d’apprendre grand chose.

Uther nota que cette femme semblait bien informée sur la politique locale actuelle. Ce n’était donc pas une simple combattante, probablement une officier.

Ce que ces dorniens pouvaient être progressiste. Wilma les adorerait.

La sauveteuse opta pour un rempli en emmenant le guérisseur avec lui.

Le danger écarté Uther retrouva sa jovialité habituelle.

« A me souler. » Répondit-il d’un air amusé. « Puis à conserver mes dents. »

Le plaisantin du bivouac céda brusquement la place au soigneur. Car ce dernier avait perçu instinctivement un signe de faiblesse dans l’attitude de la sauveteuse.

« Vous allez bien ? »

Cette fois sa voix était plus nette, et son visage sérieux. Uther n’était pas du genre à négliger une éventuelle malade surtout s’il lui était redevable.

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# Dim 12 Déc - 11:25

Dorne aux dorniens

Se soûler quand on est un bieffois… Et à Dorne… Merde… Mon Edwyn, quand bien même il était un petit colibri, mais c’était le mien, était dix fois plus prudent que lui. Il utilisait le nom de sa mère. J’inspirais profondément pour refluer la vague de douleur au creux de mon ventre. Six lunes… Et j’avais encore mal si j’agissais trop brusquement. Ou alors c’était les courbatures d’il y a quelques jours quand j’avais sauvé lu fille d’Ellaria ? Peut-être. Je restais silencieuse en inspirant doucement pour refluer la douleur. Je ne pourrais pas rentrer tout de suite au palais. J’avais besoin de me poser quelques minutes.

« Ouais… J’ai connu pire il y a six lunes. Vous allez par contre devoir m’aider. »

Je lui fis signe de venir pour m’appuyer sur lui avant de le guider dans le dédale des rues de Lancehelion en continuant d’inspirer profondément pour juguler la douleur.

« Quand on est un bieffois tout seul à Dorne, on se fait petit ! Merde… On vous apprend pas la prudence au Bief ? Je croyais que seuls les Dorniens étaient aussi têtes brûlés. »

On était beaucoup plus proche du palais maintenant, normal, j’avais réussi à obtenir une maison à Edzyn proche du palais pour voir le plus souvent possible ma petite Seralyon qui me manquait déjà affreusement. J’allais la revoir plus rapidement que prévu, tout comme mon Ed.

« Qu’est-ce que vous faite à Dorne ? Y a pas assez de chose à faire au Bief pour que vous veniez vous soûler à Dorne ? »

Pour autant que je sache, le vin de La Treille c’était Bieffois, non ? Et il était excellent. Qu’est-ce qu’il foutait à Dorne pour se soûler.

« Moi c’est Boadicée. Et vous ? »

Autant prendre des nouvelles et savoir à qui je venais de sauver quelques dents après tout. Et Edwyn serait ravie d’avoir un collègue bieffois à qui parler… La dernière fois, c’était lors de Lestival… le pauvre… Je serrais les dents en continuant de respirer profondément pour essayer de reprendre contenance. Je passais une main sur mon visage. Rah… je voulais juste ne plus avoir mal…

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# Mer 15 Déc - 18:31

La réponse de la sauveteuse contentait plus d’informations qu’on ne pourrait le croire. Elle savait gérer la douleur et user de soutien si nécessaire. Le doute n’était plus permit. Il s’agissait d’une guerrière expérimentée.

Quant à l’aide demandée il aurait été à la fois injuste et grossier de refuser. Uther songea à lui fournir quelques conseils, mais se ravisa. Elle se débrouillait très bien toute seule.

Le temps des éclaircissements arriva.

« Je n’ai fais que me défendre. » Dit d’abord avec nonchalance le guérisseur.

La seconde question était plus précise. Uther l’éluda plus par jeu que par prudence.

« Dorne a des spécialités, qui valent le détour. Et puis j’ai toujours aimé voyager. »

La troisième question changea quelque peu la donne. Elle était directe. De plus la sauveteuse se montrait amicale à sa façon en déclinant son identité.

Par conséquent Uther cessa de jouer.

« Uther et rien de plus. »

C’était une façon de révéler sa roture. Voir Boadicée grimacer de nouveau, poussa le guérisseur à se dévoiler enfin.

« Vous savez je suis un soigneur. Je m’occupe surtout des gens comme vous, ceux qui se blessent et blessent fréquemment. Alors si je peux vous aider, n'hésitez pas. Ma mâchoire vous doit bien cela. »

La dernière phrase était nécessaire afin de ne pas égratigner la fierté de Boadicée. Ces guerriers étaient parfois de grands sensibles à leur façon.

Vous pouviez les éventrer ou les découper, ils ne vous en voulaient jamais. C’était les lois de la guerre. Par contre une injure ou même une suggestion mettant un doute leur courage, ils ne le pardonnaient pas ou à la rigueur avec la mort de l’auteur.

La guerre était peut-être une activité sale, mais on la pratiquait poliment.

Uther ricana intérieurement face à l’ironie de la situation. Il avait beau être à des lieux des troupes de son seigneur, et hors de tout champ de bataille, le guérisseur s’était tout de même dégotté un combattant à soigner.

Uther n’était pas familier de cette ville. Toutefois la marche progressant il finit par découvrir leur destination : le palais vieux.

Le destin était particulièrement farceur en cette journée. En un instant il était devenu le paria bon pour le lynchage, et le suivant le faisait accéder au centre du pouvoir dornien.

Quoiqu’il ne valait mieux pas s’enflammer. Boadicée n’était pas un prénom à consonance dornienne, sans oublier les cheveux roux. Sa sauveteuse devait être une mercenaire, c’est-à-dire une combattante de passage au service de la maison Martell.

Il ne fallait donc pas s’attendre au tapis rouge.

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# Mer 15 Déc - 21:44

Dorne aux dorniens

Que se défendre… que se défendre. Comme bien des gens mon petit père… Mais sauf que c’était ça qu’une guerre pouvait commencer : juste parce qu’on ne faisait que se défendre… Enfin… j’espérais avoir évité quelque chose de dramatique… Merde… Mes muscles abdominaux me faisaient un mal de chien… Merde, après six lunes j’avais toujours autant mal que cela ? Je devrais sûrement faire plus doucement, mais là mon corps avait réagi de lui-même et je le payais atrocement. Je hochais la tête en m’appuyant sur lui pour marcher. J’eus un sourire amusé à sa remarque.

« Les putains et l’alcool ? C’est pas ce qu’on dit chez vous de Dorne ? »

Je continuais d’avancer lentement dans la rue en direction de chez moi. Uther. D’accord. Je hochais à nouveau la tête, Uther et rien de plus. J’avais même pas dit que j’étais une bâtarde… Mais ça en valait pas la peine, un pas après l’autre dans les ruelles de Dorne pour rentrer à la maison que j’avais quittée il n’y a pas si longtemps. Un soigneur qui me devait sa mâchoire. J’eus un rire qui se termina en grimace.

« Ah… J’ai déjà un colibri qui me soigne. J’évite d’aller voir ailleurs, il serait pas jaloux, mais je fais pas confiance aux autres. Et il regardera ta mâchoire Uther-et-rien-de-plus. »

Je n’avais pas peur de le mener jusqu’à chez moi, j’étais trop proche du palais pour qu’on vienne, m’emmerder. Puis les gamins… devaient avoir compris qu’il ne fallait pas me faire chier. J’avançai encore un peu jusqu’à une porte aussi banale qu’une autre avant de frapper.

« Colibri ! C’est moi… »

Je fermai un instant les yeux avant de prendre une goulée d’air et d’appuyer sur la poignée de la porte pour entrer dans la petite maison. Edwyn était assis avec nonchalance sur un tabouret, je savais que dans l’une des petites pièces Seralya devait jouer sur son tapis, dans l’autre pièce, c’était notre chambre, et en dehors de la salle de toilette, il y avait un petit bureau pour Edwyn.

« Boa ! »

Mon compagnon posa sa lyre sur la table et se précipita. Avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus, mais surtout ses traits venant tout droit de Yi-Ti… Il utilisait avec raison le nom d’Edwyn Han, pour être tranquille. Il était habillé d’une chemise fluide bouffante, blanche, avec un pantalon et des bottes. J’eus un sourire alors qu’il passa un bras autour de mes hanches pour m’aider à m’installer sur une chaise.

« Ça va… J’ai aidé un de tes camarades à se sortir d’une petite embrouille. »

J’indiquai le guérisseur du menton.

« Ed, je te présente Uther-Et-Rien-De-Plus. »

Edwyn se tourna vers lui pour le regarder et incliner la tête.

« Edwyn Han. Enchanté. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Boa, tu as interdiction de répondre, tu vas encore dire « Rien ». Et que veut-elle dire par « camarades » ? »

Je lui offris un sourire tendre alors qu’il passa une main sous ma tunique pour toucher mon ventre. J’eus un frémissement de douleur.

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# Dim 19 Déc - 11:38

« Les gens disent beaucoup de choses et pas toujours vraies. » Répliqua Uther dans un souci d’apaisement. « D’ailleurs aucun pays n’en a l’exclusivité. Pourquoi serais-je venu jusqu'ici alors ? »

Bien que courtois et compréhensible le refus de Boadicée frustra un peu Uther. Il aimait tellement triturer et rafistoler le corps humain.

Le soigneur constata, qu’il ne fallait effectivement pas s’enflammer. Sa sauveteuse habitait une maison convenable. Elle était tout de même bien située. La guerrière rousse se trouvait visiblement au milieu de l’échelle sociale.

Un nouveau personnage entra en scène. Il n’avait pas plus le profil dornien que Boadicée. Pourtant cette couronne était sensée être la plus isolée de Westeros. Décidément les poncifs en prenaient pour leur grade.

Il s’agissait de son compagnon préalablement mentionné.

Colibri et Boa, ces surnoms suggéraient une certaine connivence entre eux. Il était agréable de voir des couples heureux.

Uther songea alors à Wilma, qu’il avait encore laissé seul à cause de ses voyages. Peut-être jouait-il un jeu dangereux avec son couple ?

Le dénommé Edwyn s’exprimait bien. De plus il disposait de bonnes manières et d’un nom de famille. Il s’agissait donc d’un noble. Toutefois il se trouvait bien loin de ses terres. Car Uther saisit l’allusion.

« Elle veut dire bieffois. Moi je suis de Rubriant. »

Se sentant redevable Uther se chargea ensuite des explications.

« J’avais des ennuis avec des bagarreurs de taverne. Votre compagne m’a portée secours. Ce qui a visiblement ré-ouvert quelques blessures. »

Normalement le guérisseur était censé se confondre en remerciement et laisser le « colibri » s’occuper de Boadicée. Sauf qu’il était difficile pour lui voir impossible de rester inactif.

Par conséquent il s’interrogea sur Edwyn. Car Boadicée était visiblement une combattante s’étant fait une place à Dorne. Son cas à lui paraissait plus compliqué. Ce n’était pas un bâtard sinon son nom serait Flower.

Alors pourquoi n’était-il pas auprès des siens ? Parfois des derniers nés allaient tenter leur chance ailleurs. Mais ils préféraient des lieux offrants plus d’opportunités comme Port-Réal.

Le choix de Dorne était assez déconcertant surtout de la part d’un bieffois. Justement peut-être cherchait-il à se cacher suite à quelques actes discutables ?

Et puis qu’importe après tout. Chacun possédait ses petits secrets. Juger et culpabiliser était le travail des septons pas le sien.

« Vous ne voulez pas un peu d’aide ? » Finit-il par demander à Edwyn. « Je suis un soigneur. »

Sa vocation venait de le rattraper.

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# Dim 19 Déc - 16:18

Dorne aux dorniens

J’eus un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu’autre chose, j’avais mal. Mais il fallait que je tienne jusqu’à chez Edwyn. C’était bien le seul de qui j’acceptais des soins et le plus souvent. Vraiment… J’avais en lui une confiance aveugle, il pourrait m’ouvrir en deux que je ne poserais aucune question. En même temps, c’était sans doute grâce à lui que je n’avais pas rejoins notre fil lors de ma fausse-couche. Mais je préférais me concentrer sur autre chose. J’irais voir Feng plus tard en rentrant sûrement. Dame Ellaria allait finir par se poser des questions sur où j’étais passée !

« Certains diraient que vous êtes venus chercher la merde, d’autres que vous êtes trop curieux. D’autres diront la soif du voyage. »

Pour ce que je savais… j’avais bien fait un voyage uniquement pour le plaisir de découvrir les royaumes. Mais c’était un autre débat et détail que j’avais pas forcément envie d’ouvrir là maintenant. Il fallait dire qu’avec les douleurs que j’avais… Merde… Il avait dit d’y aller doucement, je lui ouvris la porte de chez moi et Edwyn m’attrapa aussitôt pour m’installer avant de m’aider à ôter une partie de mes vêtements. Il se tourna vers Ulter à la mention du Bief.

« Rubriant. Vous êtes bien loin de chez vous. »

Aucune idée si c’était loin de Cendregué…

« C’est loin de chez toi ?
- À peu de chose près, l’opposé. Mais j’ai déjà dû y passer lors d’une pérégrination ou deux de mes parents. »

J’eus un sourire avant qu’il ne tâte mon ventre et j’eus une grimace alors qu’il écoutait ce que disait Ulter.

« Boa… Je ne t’avais pas dit d’y aller doucement ?
- Réflexe ? »

Je lui offris un sourire de chaton et il me donna une pichenette sur le front avant de se tourner vers le soigneur.

« Si vous pouviez me faire chauffe de l’eau. Elle a mal, mais c’est superficiel. Et ne pas faire trop de bruit. Notre fille fait la sieste. »

J’eus un sourire amusé et attendris à la mention de notre fille. Mon petit bébé que j’avais toujours du mal à partir, c’était toujours pour ça que je partais après le début de sa sieste. Histoire d’éviter des cris ou des pleurs.

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# Sam 25 Déc - 9:56

« Un étranger cherche toujours la merde. L’étranger est l’ennemi par définition. Sa simple présence constitue donc une provocation. Quant à la curiosité on en a jamais trop. »

Uther ne fit aucune réflexion à propos de la soif du voyage. Car cette expression le touchait plus qu’il ne voulait l’avouer. D’une certaine manière il était peut-être un alcoolique des errances. Ce qui s’accordait mal avec sa vie de famille toute fraiche.

Lorsque que son compatriote parla de géographie, Uther tenta instinctivement de situer sa région d’origine avant de vite renoncer. L’indice était mince. Et puis en quoi cela le concernait.

Lui qui comptait parmi les meilleurs soigneurs de Westeros, qui surpassait même de grands mestres, se contenta alors de faire bouillir un peu d’eau.

De son coté le mari se chamaillait gentiment avec sa femme.

Cette banalité provoqua un relâchement chez Uther après toutes les péripéties l’ayant amenées jusqu’ici. Il en oublia même sa résolution précédente.

« Qu’est-ce qui a poussé un bieffois comme vous à s’installer en territoire hostile ? » Demanda le soigneur en apportant le bol d’eau fumant.

Il regretta immédiatement sa question. Car elle pouvait être gênante envers ses hôtes si accueillants.

Malgré son vécu ou plutôt à cause de lui Uther manquait parfois de subtilité. Il s’était formé aux relations humains dans les campements militaires. Des gens qui allaient mourir peut-être le lendemain, ne s’embêtaient pas à cacher des choses.

Alester lui avait bien inculqué quelques usages. Le nid de vipère qu’était Braavos, l’avait rendu plus méfiant. Mais du travail demeurait encore nécessaire.

Le professionnel en lui jeta un coup d’œil à Boadicée et les soins lui étant prodiguer. Tout paraissait en ordre de ce coté.

S’agissait-il d’un confrère ? A moins qu’il ait apprit sur le tas du fait des activités de sa compagne. Car visiblement cette femme courait après l’action.

Elle était tout de même mère ! Quoique Uther était mal placé pour lui faire des reproches sur ce point.

Quant à Edwyn il occupait le poste de Wilma. Ce parallèle était à la fois drôle et culpabilisateur.

Quant à la question il n’était pas possible de revenir en arrière. Certaines blessures ne pouvaient pas s’effacer complètement.

Alors Uther attendit la réponse ou le refus. Il accepterait tout à fait la seconde option, bien qu’au fond de lui-même la première détenait sa préférence.

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# Sam 25 Déc - 10:40

Dorne aux dorniens

Ça je ne pouvais rien dire. J’étais dans celle qui avait involontairement cherché la merde. Mes soucis de mémoires venaient de là, mais je ne voulais toujours pas en parler. Le seul qui savait l’étendue des dégâts c’était Edwyn et il n’y avait pas besoin de plus. Vraiment pas de besoin de plus de gens. Edwyn m’aida à m’installer et demanda à l’autre guérisseur, Uther, de faire chauffer de l’eau. Edwyn releva la tête à la question de son collègue guérisseur. Puis posa un regard couvant sur moi, j’eus un sourire avant de l’attraper par le col pour le tirer à moi et l’embrasser avec tendresse, malgré mon geste qui aurait pu être brutal. Edwyn frôla ma joue des doigts et se redressa pour faire face au guérisseur en finissant de m’aider à dévoiler mon ventre.

« La liberté, j’aime beaucoup Dorne, simplement, et je n’ai pas une tête de bieffois. »

Il eut un rire amusé et posa ses mains sur ma peau avant de s’agenouiller pour me masser. J’eus une grimace de douleur.

« Doucement Boa… »

Dixit l’homme qui me massait pour essayer de faire disparaître les crampes. Je me retournais en entendant un bruit dans la chambre de ma fille, trop brusquement.

« Elle est réveillée ?!
- Boa, tout va bien, même si elle est réveillée, elle aura fait sa sieste. »

Il se redressa et se dirigea vers Uther pour lui montrer la tisane qu’il me préparait pour apaiser les douleurs liées aux muscles encore douloureux et fragiles suite à la fausse couche. J’entendis à nouveau ma fille gazouiller un peu et je me redressai en titubant un peu pour ouvrir la porte de la chambre de mon trésor.

« Coucou toi ! »

Ma fille tendit les bras pour que je la soulève de son lit et je le fis aussitôt pour couvrir ses cheveux de baisers. Des yeux plus bleus que le ciel, une peau laiteuse, des cheveux roux et des traits très Yi-ti, venant de son père. Un vrai mélange entre moi et son père.

« Et regarde qui voilà Ed ! »

Edwyn soupira un peu et secoua la tête avec un sourire avant d’attraper ma fille pour la déposer sur le tapis après un dernier baiser.

« Uther ! Je vais finir par vous demander de l’attacher cette vilaine rouquine. »

Il m’embrassa le nez avant de me rasseoir sur la chaise.

« Tu n’es vraiment pas sage. »

Je lui offris un sourire avant de regarder ma fille jouer avec sa balle à grelots préférée sur le tapis.

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# Lun 27 Déc - 19:50

La réponse se révéla à fois succincte et efficace à part pour « la tête de bieffois ». Curieusement Uther n’y avait pas tellement prêté attention sur le moment. Et quand bien même des cas de métissage survenaient.

Sa propre naissance prouvait que les convenances étaient parfois enfreintes.

Ainsi Edwyn était une sorte de vagabond. De quoi rendre son invité jaloux. Lui était encore entravé par diverses attaches bien que certaines n’étaient pas désagréables.

A ce propos l’enfant lui rappela l’une d’entre elle.

« Mon fils doit avoir le même âge. » Dit-il à la fois à ses hôtes et lui-même le tout enrobé d’un brin de nostalgie.

Du fait de l’ambiance sa famille commençait à lui manquer.

A voir Boadicée ainsi avec sa fille lui rappela quelqu’un de similaire quoique plus barbu. C’était un vétéran de l’infanterie lourde Jean ou Jehan. Un vrai dur que se soit avec ses adversaires ou ses hommes. Et dès qu’on lui plaçait son fils sur les genoux il devenait un véritable agneaux.

Comment était-il mort déjà ?

Uther avait toujours trouvé curieux que les guerriers se reproduisent. Quel était l’intérêt de mettre un enfant au monde sans être certain de le voir grandir.

Certes l’Étranger n’épargnait personne, mais il se montrait souvent plus impatient envers les combattants.

Puis la demande ironique d’Edwyn le ramena à la réalité.

« Je ne pense pas que quelqu’un soit capable de la ligoter. »

D’ailleurs l’autre homme dans la pièce usa d’une méthode bien plus douce envers sa patiente. Ce qui n’était pas vraiment le style d’Uther.

Lorsqu’un alignement interminables de blessés et d’etropiés vous attend, on ne fait pas dans la tendresse. L’urgence ne s’y prête pas.

Une bonne engueulade ou une dose de lait de pavot ingurgité au fond la gorge faisait l’affaire. Dans le cas où l’un ne suffisait pas et l’autre manquait, il restait toujours un coup derrière la nuque.

Par courtoisie Uther divergea de ses habitudes.

« Vous feriez mieux de l’écouter. » Dit Uther à Boadicée. « Et je ne parle pas de votre compagnon mais de votre corps. La douleur est pleine d’enseignement, pas un adversaire. »

Le guérisseur lui-même ignorait combien de fois, il avait usé de cet adage. Soldats possédaient en eux cette tendance à trop forcer. Ils voyaient la convalescence comme une sorte de confrontation voir de faiblesse.

Cette détermination faisait parti de leur charme. C’est pourquoi Uther s’était tant attacher à eux au fils du temps au point de reproduire bon nombre de leurs manières.

Date d'inscription : 11/09/2016

# Lun 27 Déc - 20:54

Dorne aux dorniens

Son fils ? Je regardais le guérisseur un peu surprise. Je ne le pensais pas père, marié je ne savais pas non plus… mais père… J’échangeais un regard avec Edwyn qui était, comme à son habitude, calme et légèrement distant avec tout le reste. Ma petite Seralya me guida hors des forêts du soin d’Edwyn et je me levai pour aller la chercher avant qu’Edwyn ne me menace de m’attacher sur une chaise pour finir de me soigner et Uther fit une plaisanterie. J’eus un sourire en regardant Edwyn qui m’embrassa à nouveau le nez avant de finir de me masser le ventre et je levai les yeux vers Uther… J’eus un rire et Edwyn fronça les sourcils.

« Boa… ne me dit pas… »

Je hochais la tête en me massant l’avant-bras où j’avais une longue cicatrice qui datait de ma toute première tentative de tirer à l’arc.

« Mon père est maître d’arme et il me disait tout le temps que la douleur ce n’était qu’une information et que ça m’apprendrait quelque chose. »

Edwyn se renfrogna à la mention de mon père, ils se détestaient tous les deux cordialement. Ou pas cordialement du tout concernant mon père. Mais c’était autre chose. Je secouai légèrement la tête.

« J’essaye de rester tranquille… Mais ce n’est pas facile. J’aime bouger.
- Et après on s’étonne de pourquoi on s’entend bien. »

Je fis une grimace amusée avant qu’Edwyn donne la recette de l’anti-douleur à Uther pour finir la recette avant que je ne penche la tête vers Seralya qui lançait sa balle.

« Comment s’appelle votre fils ? »

Autant faire la conversation…

« Et qui le garde pendant que vous êtes ici ? »

Parce qu’après tout le ramener à Dorne… Ce n’était pas du tout une bonne idée ! Mais ce n’était qu’un petit détail après tout. Enfin… pas pour moi.

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# Sam 1 Jan - 16:50

L’adage du père et maitre d’arme divergeait partiellement de celui du soigneur. Toute la différence s’appuyait sur un mot « que ». Comme si une information était quantité négligeable.

C’était ce qui différenciait le combattant du stratège. La vision du premier se limitait à l’affrontement en lui-même. Le second portait son regard beaucoup plus loin.

Hélas dans ce bas monde les combattants étaient majoritaires. Dans le cas inverse les guerres seraient moins nombreuses.

Une autre réflexion se révéla plus amusante. Ainsi le père de Boadicée l’avait formé au combat, c’est-à-dire à une profession dites masculine. De son coté Uther avait vécu un procédé similaire avec sa mère.

Malgré ce point commun Uther trouvait Edwyn plus sympathique avec ses petites piques à la fois drôles, tendres, et sarcastiques.

« Je connais. » Lui dit-il tout de même à propos de la finalisation de l’anti-douleur sans doute par orgueil professionnel.

Car cette annonce n’avait pas d’autre intérêt au final.

L’apprentissage du soigneur avait été trop pénible pour que le résultat soit ignoré. De plus Uther détestait qu’on lui dise quoi faire tout particulièrement dans son domaine.

Vinrent alors les questions. Elles étaient banales et visiblement sans arrière-pensée. Pourtant elles ses révélèrent violentes.

La première fit l’effet d’une petite frappe ou d’un échauffement.

« Thomas. » Répondit Uther avec de la joie rapidement suivi d’amertume.

Son rejeton lui manquait. Le prochain coup se révéla plus violent.

« Wilma. » Dit d’abord instinctivement Uther avant de comprendre que cette réponse était quelque peu incomplète. « Mon épouse. »

Il détestait ce terme. Parce qu’il lui rappelait une renonciation de sa part. Se laisser bénir avec Wilma par un septon quelle horreur !

« Elle est herboriste. » Ajouta-t-il à sa propre surprise.

Wilma était d’abord cuisinière. Et surtout quel était l’intérêt de cette information ? Ni Boadicée, ni Edwyn n’avaient demandé de précision ce propos.

C’était venu de façon impulsive comme il arrivait parfois à Uther.

On peut perdre en agissant sans réfléchir. Par contre on ne peut jamais gagner en réfléchissant sans agir. Encore un autre adage qu’Uther devait cette fois à un chef de cavalerie. A défaut d’être subtil l’homme en question s’était toujours révélé efficace sur les champs de bataille. Quoiqu’il avait fini par y laisser la vie.

Date d'inscription : 11/09/2016

# Sam 1 Jan - 17:38

Dorne aux dorniens

Je souris en voyant les deux guérisseurs discuter ensembles avant de reporter mon regard sur mon bébé qui continuait de jouer gentiment avec sa balle qui roula à mes pieds. Du bout des pieds je lui renvoyai et elle émit un gazouillement heureux. Je lui offris un doux sourire alors qu’elle reprit tranquillement son jeu. Edwyn s’accroupit devant moi pour me masser doucement le ventre et j’eus un petit grondement de douleur. Thomas… J’eus un sourire.

« C’est un joli nom. Vous vous êtes bien trouvé avec votre épouse. Une herboriste et un guérisseur. Vous êtes plus assorti qu’Edwyn et moi. »

J’eus à nouveau un rire amusé alors qu’il continuait son massage avec autant de douceur que possible. Je disais massage, mais peut-être qu’il vérifiait les liaisons.

« Tu trouves qu’on est si mal assortit que ça Boa ? »

Je haussais un sourcil avant de caresser ses cheveux de velours avec un geste tendre. Je levai la tête vers Uther.

« Une guerrière et un guérisseur, barde, presque mestre, presque septon, à moitié Yi-ti… Est-ce que c’est assorti à votre avis ? »

Avec mon Edwyn il en avait des rôles et des casquettes. Et c’était ça qui était le plus drôle. Il se redressa.

« Pas de lésion. C’est heureux, je pense que c’est juste tes muscles qui ont encore besoin de se remettre. Mais si tu reprends doucement l’entraînement, ça devrait aller de mieux en mieux. Seralya ! »

Seralya, désintéressée par la balle, s’approchait d’Uther pour prendre sa jambe entre ses bras et babiller avec lui. Elle commençait un peu à parler. Elle grimpait partout et c’était un véritable petit tourbillon d’énergie. Elle tendait la balle à Uther pour qu’il joue avec elle. Edwyn fronça légèrement les sourcils et j’ouvris la bouche pour tenter de la gronder mais elle me regarda avec un air absolument innocent et je la refermais. Je levais le regard vers Edwyn :

« Ne me regarde pas comme ça, vous utilisez la même technique du regard de chaton toutes les deux, on sait de qui elle tient. »

Je lui offris le même regard de chaton pour qu’il ne me gronde plus.

Codage par Libella sur Graphiorum

# Sam 8 Jan - 11:02

La mention du prénom rendit Uther un peu mélancolique. Car il ne l’avait pas choisi, pas plus que sa paternité d’ailleurs.

Parfois le destin ou plutôt le hasard faisait bien les choses comme lui fit remarquer Boadicée involontairement. Car effectivement Uther n’aurait pas pu trouver de meilleure compagne que Wilma.

Les deux hôtes roucoulèrent encore un peu avant de le prendre à parti.

« Assortis peut-être pas. Mais complémentaires. Il faut toujours un soigneur derrière un soldat. Je suis bien placé pour le savoir. Par contre un septon je ne sais pas, qui en a besoin. »

Et voilà que ça lui reprenait. Un peu de décontraction suffisait à Uther pour blasphémer. Un jour ou l’autre cette habitude lui retomberait dessus. Sauf que le jour tardait à venir.

A propos ce petit écart pouvait être mal accepté par le couple.

Par chance la petite fille vint à la rescousse avec son envie de jouer. Le guérisseur se rua sur la diversion. Il prit la balle et la fit tourner sur un doigt. Un petit tour apprit quelque part sur les routes.

Bien que simple ce procédé médusa Seralya. Puis elle finit par réagir en tendant un de ses doigts. Uther comprit le message, et se mit à lui apprendre la manœuvre par geste.

Même si cette gamine était adorable, elle ne parvint pas totalement à capter son attention. Des révélations de Boadicée trainaient dans son crâne un peu comme une sorte de démangeaison.

Tout en conversant son regard sur Seralya, Uther s’adressa à son père.

« Vous avez eu un parcourt mouvementé. »

Bien qu’étant une simple constatation cette phrase contenait un sous-entendu. Le guérisseur désirait en savoir plus tout en sachant cette demande malvenue.

Après tout le passé Edwyn ne le regardait en rien. Sauf que le passé en question n’était pas juste mouvementé comme bon nombre de guerriers et autres mercenaires, qu’Uther avait croisé durant son existence.

Le sien était varié et surtout riche en connaissances, qu’elles soient scientifiques, artistiques, et théologiques.

Or le savoir constituait en quelque sorte la drogue d’Uther. En plus cet homme savait soigner.

Il en oubliait même la superbe guerrière et aventurière l’ayant tirer d’un mauvais pas.

Sa soif de connaissance pouvait le rendre ingrat voir égoïste. Wilma était bien placée pour le savoir. D’ailleurs elle et Thomas venaient de nouveau de quitter ses pensées.

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