Rôles inversés [ALTERNATIF]

Les journées se ressemblaient aux autres pour le jeune Ashter. Il devait s’occuper des chevaux des maîtres du château. Tous les jours ou presque, il s’adonnait à cette tâche qui était sienne. Roturier, orphelin, perdu, Ashter avait été trouvé par un paysan qui l’éleva comme son fils. Il fut par la suite envoyé aux écuries du château du seigneur où il officiait depuis comme palefrenier. Ashter était un bon garçon, gentil, attentionné mais ne se laissait bien évidemment pas faire. Il avait un caractère fort derrière toute cette douceur qui se dégageait de son visage. Malheureusement, son maître était un sombre idiot et son visage d’ange ne l’aidait pas. Tous les jours, il était réprimandé même quand il faisait bien le boulot. Cet horrible homme ne supportait pas les roturiers. Il n’en était pas un, non, Ashter pouvait se rappeler de toutes les fois où ce fumier lui rappelait d’être de noble extraction. Ce matin-là, il venait encore chercher le conflit, et Ashter se préparait à recevoir une engueulade plus quelques coups de cravache, comme d’habitude.

- Incapable. Qui t’as demandé de sortir cette monture ?

Ashter n’osait pas répondre et tentait d’esquiver les coups. Il pensait bien faire et voilà encore que ça ne plaisait pas. Ça ne plaisait jamais. Il eut bien envie de répliquer. Le jeune roturier n’osa pas. Il tenait à sa place. Recevant un nouveau coup, il n’entendit pas la dame arriver. Les coups s’arrêtèrent. Enfin. Ashter releva alors les yeux qui se posèrent ainsi sur Sacha. Elle était la fille du seigneur. Il ne l’avait jamais rencontré, jamais vu de près. Lorsqu’elle venait chercher sa monture, Ashter était toujours occupé ailleurs. Son maître l’éloignait exprès. Il avait honte. Il ne voulait pas que le roturier ne soit vu et ne croise la dame. Se relevant, prenant une posture droite, dépoussiérant sa tunique, Ashter fit ensuite une révérence à la dame et devint tout rouge. Il ne s’attendait pas à ce que la dame assiste à cette piètre scène.

- Ça va ? Souhaitez-vous que je vous amène voir le Mestre ? Il ne vous a pas fait trop mal ? Je m’appelle Sacha ! Et vous ?

- Je… euh… je… hum… Non, oui, je veux dire, oui ça va. Ne vous en f… faites pas.

Le jeune homme bégayait et cherchait ses mots. Il n’osait guère regarder Sacha, elle qui était si belle et qui ne méritait pas le regard sale d’un roturier palefrenier. S’éclaircissant la gorge, il reprit après une petite pause.

- Pardonnez-moi, ma Dame, si j’ai commis une erreur en sortant Helios… Je pensais qu’une promenade lui ferait du bien. Je sais que vous aimez bien le monter en cette saison…

Et il resta là, face à la dame, les yeux fixés au sol. Elle était si belle. Cette pensée innocente le fit une nouvelle fois rougir. Et il songea, il osa songer qu’un jour, il saurait séduire une dame aussi jolie.

- Non, non, tu as bien fait. Hélios commence à être intenable. Il faut que je la sorte sinon elle va défoncer la porte. Mmh… Je n’ai pas le droit de sortir seule. Prenez donc une monture et venez chevaucher avec moi. Et si le maître des écuries commence à râler, dîtes lui que c’est un ordre de Lady Sacha. Il n’osera rien dire.

Ashter ne savait plus où se mettre. Les coups, il gérait. Le maître des écuries, il gérait. La gentillesse de la dame, il ne gérait pas du tout. Il n’était pas habitué à ce que l’on soit gentil et attentionné avec lui. Il ne la regardait pas, n’osait pas poser les yeux sur elle. C’était interdit. Il n’avait pas le droit. La jeune dame prépara alors sa jument tandis qu’Ashter commençait à tourner les talons pour se remettre au boulot. Le maître des écuries ne bronchait pas non plus de son côté, encore moins lorsque Sacha lui adressa de nouveau la parole. Ashter se stoppa. La dame voulait qu’il l’accompagne. Il avait les yeux exorbités et les joues rouges. Il se sentait gêné et angoissé. Regardant le maître puis Sacha, Ashter se décida à aller préparer son cheval – c’était le seul bien que lui avait laissé son père apparemment, d’après les dires de celle qu’il prenait pour sa marraine. Elle était gentille avec lui et l’avait plus ou moins pris sous son aile. Son cheval s’appelait Beren. C’était une belle monture et le lien qu’il avait avec lui était indescriptible.

- Êtes-vous prêt ? Si oui, allons-y avant qu’Hélios n’en fasse qu’à sa tête !

Ashter sortit donc Beren de son box et s’avança vers la dame, tout gêné. Il était à ses ordres après tout. Hélios semblait agitée et voulait gambader, galoper à l’air libre, cela se ressentait. Laissant tomber le maître des écuries, Ashter emboîta le pas de la dame.

- Prêt, m’Dame.

L’aventure pouvait commencer. Ils quittèrent tous deux les écuries puis la forteresse où ils habitaient tous deux. Ashter, timide, n’osait rien dire et suivant la Dame en silence. Beren était calme et se laissait diriger facilement. Les paysages ouestiens étaient magnifiques, Ashter n’avait jamais fait gaffe à cela. Il redécouvrait la région dans laquelle il avait grandi. Cette journée avait très mal commencé mais Ashter sentait qu’elle se terminerait beaucoup mieux. Il ne savait pas trop où elle allait l’emmener ni ce qu’il allait faire en sa compagnie. Au vu de son rang, il serait mal vu de les voir ensemble, Ashter ne voulait pas la mettre en danger ou dans une situation délicate. Son père était le seigneur tout de même et déjà qu’Ashter s’attirait les foudres du maître des écuries, il n’avait pas envie en plus de s’attirer celles du seigneur. Il en avait déjà assez pris depuis ses huit ans. De retour au pas après quelques lieues au galop, Ashter ne savait toujours pas ce qu’il faisait là et il n’avait toujours pas sorti un mot. Il était… impressionné.

- Au fait, j’ignore encore votre nom. Parlez-moi un peu de vous tiens. Ne soyez pas timide. Je ne vous ai jamais vu encore aux écuries, vous êtes là depuis longtemps ? Votre cheval s’appelle comment ? Vous venez d’où ?

Ashter fut accablé de question par la jeune dame. Il ne savait plus où donner de la tête. Il rougissait tandis qu’elle rougissait à son tour. Il n’osait plus la regarder. En se levant ce matin, il ne pensait pas qu’il aurait eu l’occasion de passer du temps avec la fille de son seigneur. Il n’était rien, un petit roturier perdu sans valeur. Ashter avait autant de question qu’elle en avait eu mais il les garda pour lui, pour l’instant. Il caressa la crinière de son cheval et daigna finalement lui porter un regard doux. Tout en lui souriant, il répondit à ses questions. Il n’avait aucun secret après tout. Il n’était qu’un palefrenier à la vie bien simple.

- Je...

- Veuillez m’excuser… J’ai tendance à m’emballer et poser beaucoup de question… Mais j’ai envie de vous connaître un peu.

- Il y a pas d’mal, m’Dame.

Ashter était gêné. Il ne désirait pas autant d’attention. Son maître l’avait tellement habitué à ne pas avoir l’attention sur lui entre les insultes et les coups portés. Il avait par ailleurs encore mal à l’épaule droite que son maître avait violemment frappé la veille pour s’être trompé dans les rangements. S’il avait le courage et la force, Ashter se rebellerait. Il avait envie de quitter cet affreux endroit, quitter le château et vivre sa propre vie. Il voulait voyager à travers Westeros. Il ne voulait plus être le petit palefrenier faible et tout chétif. Il voulait devenir chevalier. Quelle idée… Reportant son attention sur la dame, aussi jolie soit-elle, il se livra à quelques réponses.

- Je m’appelle Ashter. Je sers le maître des écuries depuis le début de l’année déjà… et comme vous avez pu le voir, ce n’est guère de tout repos...

Il s’interrompit… honteux d’avoir osé insinuer des choses à l’encontre de son maître. Il baissa le regarda et se confondit en excuses.

- Pardonnez mon insolence, ma dame... Je n’aurai pas du dire cela…

Il marqua une courte pause et enchaîna aussitôt.

- Je viens de Bulwark, un château situé au nord d’ici, sur la côte. J’y officiais en tant qu’écuyer avant d’être accusé à tort de larcins... Je ne suis guère une personne avec qui il faut faire connaissance…

Ashter baissa une nouvelle fois le regard, fit avancer son cheval de quelques pas et descendit de celui-ci. Il l’attacha à la plus basse branche d’un arbre qui se trouvait non loin et se posa face à l’horizon, face aux paysages ouestiens qui s’étendaient devant lui, se pensant indigne d’être en présence de lady Sacha. Que dirait le seigneur s’il voyait sa fille en compagnie d’un présumé voleur ? Que dirait le seigneur s’il voyait sa fille en compagnie d’un écuyer raté ? Ashter ne se supportait pas. Cette accusation à tort le suivrait toute sa vie et jamais il ne pourrait s’en défaire. Jamais.

- Si vous êtes innocent, il n’y a aucune honte à avoir Asther. Si vous souhaitez, je peux demander à un de mes frères de vous prendre sous son aile et vous entraîner.

Ashter ne savait pas où se mettre et n’arrivait pas à arrêter de rougir. La présence de Sacha le mettait mal à l’aise. Elle devait sûrement avoir autre chose à faire que de parler à un palefrenier. Ashter ne se faisait guère confiance. La proposition de la jeune femme lui plaisait. Il en avait marre d’être palefrenier… d’être l’esclave de cette brute épaisse de maître. Il ne la regardait pas dans les yeux, ne se l’autorisait pas. Il ne pensait aucunement à elle, il se le refusait. Seulement, et bien que cela ne fasse que quelques heures qu’il était en sa compagnie, Ashter sentait quelque chose naître en lui. Lady Sacha le perturbait au plus profond de son être. Cela le prit soudainement, sans qu’il s’en aperçoive, sans qu’il le demande, sans qu’il ne s’en rende compte. Relevant les yeux vers la magnificence des paysages ouestiens, Ashter jeta un regard sur elle, juste un seul. Il avait osé. Et dès lors, il n’aurait d’yeux que pour elle. Il ne l’avait pas décidé. C’était ainsi.

- Rentrons. Il va se faire tard et vous aurez des ennuis.

Ashter demeura silencieux, n’osant pas clamer son envie de rester ici, loin du château, loin de son maître. Mais, il monta sur son cheval et suivit la dame sur le chemin du retour. Ils arrivèrent tout juste avant qu’il ne fasse vraiment nuit. Ashter s’occupa des chevaux mais la jeune dame le tira par la main, le sommant de la suivre voir le mestre. Ce n’était vraiment pas la peine. Il ne sentait rien. La douleur s’estompait. Mais le jeune palefrenier n’avait pas le choix que de suivre Sacha. Lorsqu’ils arrivèrent jusqu’au mestre, ce-dernier s’inclina en voyant la fille de son seigneur et lui demanda ce qui l’amenait à lui. En voyant Ashter, il eut ce regard qu’ont la plupart du temps les nobles. Ce regard de dédain. Ashter l’avait perçu mais le mestre avait eu la décence de le faire très discrètement.

- Mestre Jacaerys ! Bonsoir ! Comment allez-vous ? Pourriez-vous examiner Asther s’il vous plaît ? Il a été injustement battu et je ne veux pas qu’il ait des séquelles.

Il était hors de question pour Ashter de se défiler. Aussi, il se laissa examiner par le mestre. Il n’avait rien de grave et il s’en était remis en quelques jours. Depuis cette rencontre, il ne revit pas la dame et retourna à sa tâche ingrate de palefrenier. Le maître était toujours aussi désagréable mais pas une seule seconde il ne cessa de penser à la jeune dame. Plusieurs jours se passèrent avant que les deux ne se recroisent dans les écuries. Ce jour-là, le maître n’était pas là. Ashter ruminait depuis plusieurs jours entre cet étrange sentiment envers la dame et sa volonté de ne plus être un palefrenier. Ce jour-là, il avait donc décidé de partir, de fuir cet endroit, de prendre Beren et de galoper sans s’arrêter, disparaissant.

- Comme si on allait me poursuivre… Je ne suis rien qu’un roturier sans famille, sans attache, et connu pour être un écuyer raté. Qui viendrait à ma poursuite, hein, Beren ?

Il fit une pause, plongeant son regard dans celui de sa monture, si fidèle, le seul.

- Au moins, toi, tu ne me juges pas.

Ashter sortit le cheval de son box et quitta l’écurie. C’est au moment de monter sur lui qu’il vit, par-dessus la selle, la jeune Sacha s’avancer vers lui. Le croisement de leur regard le stoppa net et le rouge lui monta aux joues. Il était bloqué, ne savait pas quoi faire ni quoi dire. Il ne s’attendait pas à la revoir et encore moins au moment il comptait fuir.

What if he was a commoner ? – Part 5 : The Escape

- Bonjour Ashter ! Comment allez-vous ? J’imagine que vous êtes prêt pour une promenade ! J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Attendez-moi un instant.

Ashter était resté figé quelques secondes puis acquiesça sans dire un mot. Il était resté silencieux. Lorsque Sacha partit pour se préparer en vue d’une promenade qu’elle souhaitait faire en sa compagnie, Ashter monta Beren et partit sans même l’attendre. Il voulait fuir, fuir le château, fuir le maître, fuir sa vie misérable, fuir Sacha. Il n’avait pas d’attache, pas de famille. Rien ne le retenait ici. Il n’était qu’un petit palefrenier de pacotille. Mais Sacha l’avait suivi et tous deux se retrouvaient à l’endroit même où ils s’étaient arrêtés l’autre jour. Sa décision n’avait pas changé et ce, même en présence de Sacha. Il lui expliquerait et partirait tout simplement. Elle ne pouvait pas l’en empêcher de toute façon. C’est en la regardant dans les yeux, qu’il sentit de nouveau ce sentiment bizarre qu’il n’avait jamais senti auparavant. Une petite étincelle était née au plus profond de lui et bien qu’il n’avait jamais connu cela, il savait ce que cela voulait dire. Il n’était pas idiot ni bête, il comprenait lorsqu’on tombait amoureux d’une personne. Mais cela lui faisait tout drôle car il ne pensait pas que ça lui arriverait un jour.

- Joris ne peut pas vous prendre en écuyer, mais il accepte de vous entraîner régulièrement. Vous ne m’attendiez pas, n’est-ce pas ? Vous partiez… S’est-il passé quelque chose ? Ai-je fait quelque chose qui ne fallait pas ?

Ashter la regarda sans dire un mot. Toujours terré dans son silence, il ne pensait pas que Sacha avait fait tout cela pour lui. Il désirait ardemment redevenir l’écuyer honnête qu’il était puis devenir chevalier et gravir les échelons. Mais, il ne voulait pas que Sacha fasse cela par pitié. Il détestait les gens qui le prenaient en pitié. Sans doute, n’était-ce pas le cas de la dame mais le jeune palefrenier n’en savait rien. Quoiqu’il en soit, il était toujours décidé à partir et Sacha comprit bien vite que quelque chose se tramait dans sa tête. Il la fuit alors du regard et se concentra sur les paysages radieux de l’Ouest. Il s’imaginait déjà galopant vers les confins de Westeros. Il se voyait découvrir les merveilles de Dorne, les secrets de l’Orage, l’immensité du Bief ou du Nord, les mers de l’Est sur les côtes couroniennes ou valoises. Il se voyait déjà chevauchant à Essos de Lys à Braavos et jusqu’à Asshaï. Il brisa alors son silence et daigna enfin répondre à Sacha. Il ne voulait pas lui manquer de respect, d’autant qu’elle a été plus agréable que n’importe qui jusqu’ici.

- Vous n’avez rien fait, ma dame… Ce n’est pas vous qui êtes en cause, c’est moi…

Il marqua un temps, finit par s’asseoir sur l’herbe fraîche, sentant le vent s’engouffrer dans ses cheveux blonds. Il lui devait la vérité. Elle la méritait. Après quoi, il partirait quoiqu’elle en dise et quoiqu’elle fasse. Il s’éclaircit la gorge, l’invita à s’asseoir et continua.

- Ma place n’est plus au château. Le maître me maltraite depuis mon arrivée et on me juge car mon passé me poursuit. Ce n’est pas la vie que j’imaginais vivre. Ce n’est pas la vie que ma mère voulait que je vive. Je pars, lady Sacha.

Il l’avait dit. Ça y est. Sa décision était donc devenue officielle et rien ni personne ne pouvait l’en empêcher. Il allait parcourir le monde sur son cheval, s’établir dans une contrée lointaine, seul, éloigné de tous, éloigné de tout problème, de toute réputation. Comme il le pensait depuis des années, il n’allait manquer à personne, il n’allait être poursuivi par personne. Il choisissait de vivre libre et personne ne pourrait un jour reprendre cette liberté acquise. C’est alors qu’il eut une idée totalement folle. Se posant sur ses genoux, il se retourna vers Sacha. Il ne la connaissait que depuis quelques semaines maintenant mais elle ne pouvait pas nier que quelque chose se passait entre eux. C’était rare en Westeros. Cela s’apparentait au coup de foudre qui ne frappait jamais deux fois au même endroit. C’est ce qu’Ashter ressentait et après cette réflexion qu’il s’était fait tout le long du trajet et à l’instant et regardant l’horizon s’étendre devant lui, il comprenait et acceptait enfin ce sentiment. Plongeant son regard dans le sien, il lui prit la main – il osa ! – et lui dit quelques mots.

- Venez avec moi, Sacha. Fuyons ensemble. Qu’en dîtes-vous ? Vous avez bien senti comme moi… entre nous… si soudainement lorsque nous nous sommes rencontrés… ce sentiment…

Je vous aime, Sacha. Je l’ai su dès le premier regard posé sur vous. Je sais que je vous aimerai toute ma vie. Mon cœur vous appartient… Quelques secondes se passèrent et Ashter n’attendit pas la réponse de Sacha. Cela lui semblait si bête ce qu’il venait de faire. Sans un mot, sans un regard vers elle, il prépara Beren et se prépara à partir, à fuir loin.

What if he was a commoner ? – Part 6 : The Promise

Ashter n’eut pas le temps de faire quelques pas que Sacha se jeta sur lui. Ils tombèrent tous deux et le jeune palefrenier ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer.

- Restez… Ashter… Restez… Ne me laissez pas toute seule. S’il vous plaît. Vous ne pouvez pas juste me laisser seule après m’avoir volé mon cœur.

Ashter se retourna, il ne comprenait pas ce qu’il venait d’entendre. Il ne le croyait pas. Ashter sentit les mains de Sacha sur son visage et ils échangèrent un baiser long et passionné. L’enlaçant tendrement, Ashter prolongea le baiser. Il ne voulait plus partir, en tout cas seul. Il voulait emmener Sacha l’un d’ici, loin des Yarwyck, loin du château, loin de tout. Seulement, il était difficile de dire si cette vie à deux, en exil, en fuite serait une bonne vie. Ashter ne méritait pas Sacha, il le savait. Il n’était qu’un pauvre palefrenier sans le sou. Il voulait le meilleur pour elle et il ne pouvait clairement pas lui apporter. Pourtant, tandis que le baiser s’éternisait, Ashter avait de l’espoir, l’espoir fou de mener une vie avec Sahca et qu’ils la méritaient tous les deux. Le baiser s’interrompit. Ashter restait ébahi. Elle l’avait embrassé. Quelle folie ! Elle caressa alors sa joue devenue rouge tandis qu’il n’osait plus la regarder.

- Restez avec moi… S’il vous plaît. Si nous fuyons, mon père nous pourchassera jusqu’à nous retrouver… Et il vous ferra du mal… Je ne pourrais pas le supporter. Restez… On trouvera un moyen pour que vous deveniez chevalier, pour vous rendre votre honneur. Je sais moi que vous n’y êtes pour rien. Mais ne partez pas… S’il vous plaît.

- Sacha…

Elle pleurait. Il n’aimait pas voir les gens pleurer. Il la ramena au creux de ses bras et l’enlaça fort. Il ne la quitterait pas. Il allait rester. Pour elle. Pour eux. C’était un véritable coup de foudre qui s’était abattu sur eux. Rien ne pouvait les séparer désormais. Tout les liait. Sacha voulait qu’il reste alors il allait rester mais il était hors de question qu’il reste palefrenier pour cette brute épaisse. Il voulait redevenir écuyer et Sacha pouvait l’aider. Il voulait redevenir chevalier et Sacha pouvait l’aider. À ce moment très précis, Ashter entrevit un nouveau futur s’ouvrir à lui, un futur nouveau dans lequel il pouvait s’épanouir. Il s’éloigna de Sacha, lui prit les mains, entrelaçant ses doigts avec les siens, plongea son regard dans le sien, lui sourit et dit.

- Plus jamais je ne vous quitterai, Sacha. Plus jamais…

What if he was a commoner ? – Part 7 : The Fiancé (1)

Sacha avait tenu sa promesse. Ashter était devenu l’écuyer d’un de ses frères. Personne n’avait posé de question. Personne ne savait que les deux jeunes gens se voyaient en cachette, étaient amoureux l’un de l’autre, étaient là l’un pour l’autre. Ashter était heureux. Il s’entraînait ardemment avec le frère de Sacha et il progressait assez vite. Joris semblait content de lui et au fur et à mesure des semaines qui passèrent, il félicitait Ashter pour ses efforts. En parallèle, il retrouvait Sacha à leur endroit habituel qui était celui de leur première escapade à cheval. Beren et Hélios étaient habitués à l’autre et connaissaient leur maître et savaient quand les deux voulaient se voir. Ashter et Sacha étaient heureux d’être ensemble. Ils étaient si rassurés quand ils se retrouvaient. Leurs baisers étaient tendres, leurs câlins étaient rassurants. Ils étaient vraiment faits l’un pour l’autre, c’était indéniable. Ils s’aimaient d’un amour sincère et espérait qu’un jour ils puissent s’aimer au grand jour.

Malheureusement, cela était impossible. Ashter était un roturier, un petit écuyer de basse naissance. Certes, il avait été élevé par les Yarwyck mais il n’était pas leur fils. Grâce à eux, il avait eu une très bonne éducation et une vie de famille que son père n’aurait jamais pu lui apporter, lui qui n’était qu’un ivrogne notoire. Cette partie-là de son histoire, il ne l’avait pas signifié à Sacha. Il avait honte. Aussi, il savait que leur amour était interdit mais jamais il ne pourrait renoncer à Sacha. En attendant, il évacuait ses doutes et ses problèmes en s’entraînant et progressant auprès de Joris. Ce-dernier lui avait fait forger une épée. C’était un cadeau si prestigieux. Ashter fut plus qu’heureux ce jour-là et il espérait pouvoir redonner le sourire à Sacha. En effet quelques jours avant leur rencontre, Ashter avait appris l’arrivée des Payne au château. Le jeune chevalier n’était pas dupe. Il savait que tôt ou tard, cela arriverait, que le père de Sacha la fiancerait puis la marierait à un jeune noble de l’Ouest. Il galopa à toute vitesse, sous une pluie torrentielle, pour arriver le plus vite possible auprès de sa douce dame. Il laissa son cheval erré non loin de lui et courrut jusqu'à Sacha qui s'était abritée sous l'arbre. Il pensait à cette histoire de fiançailles qu’il n’approuvait bien évidemment pas. Il espérait que Sacha ne le délaisse pas et l’abandonne. Il ne pourrait pas s’en relever.

- Sacha...

Il la prit dans ses bras sans lui laisser le temps de parler tandis que la pluie gouttait sur eux au travers des feuilles et des branches de l'arbre.