Une main de soeur [FB]

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Une main de soeur


Le monde s’arrête de tourner. Elle regarde autour d’elle toutes les pierreries, soieries et autres parfums délicats qui passaient. Toutes ces couleurs lui donnaient le tournis et la nausée. Autant de beauté et de raffinement qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. La belle blonde se sentait prise au piège par cet enivrement de richesse. Tel un pantin, elle se laissait faire et toucher par toutes ces mains étrangères. On lui brossait les cheveux, tendait les cordons de son corset et remontait les ourlets de ses falbalas. Une touche de poudre, elle toussait et s’étouffait, mais plus rien n’avait d’importance à part cette valse colorée. Les larmes lui montaient aux yeux tandis que son nez se fronçait à l’odeur qu’on appliquait à chaque partie de son corps, même celle qu’elle pensait ne jamais approcher. La transformation de son environnement était tout aussi impressionnante que la sienne. Clarysse de la Nouë allait se changer en Clarysse Varnier et Midburg n’avait rien en commun avec Herbeval.

Elle allait se marier et on la préparait à la conduire devant l’autel. Devant les Sept, elle allait devoir faire une promesse et ne jamais la rompre. Quel malheur… Ô Mère, mon cœur ne me suit pas dans cette union. Je dois accomplir mon devoir. Mais dois-je parjurer pour autant ? La seconde lune de l’année 302 est pleine et Clarysse s’avance terrifiée jusqu’à cet homme vêtu de blanc qui la dominait de plusieurs têtes. Quelques visages familiers lui souriaient. S’ils savaient quelle expression se cachait derrière le voile de la mariée… Il saurait que Clarysse, comme Ethan, signé le début de leurs déboires.

La jeune de la Nouë n’est plus. Recroquevillée sur le lit, la tête enfoncée dans son oreiller, la belle blonde ne cesse de sangloter. Terrifiée de la nuit passée, elle dut laisser un homme poser ses mains là où jamais elle n’aurait pensé. Est-ce cela embrasser la condition de la Mère ? Est-ce cela quitter le jardin de la Jouvencelle ? Dans ce cas, il en est hors de question !
Deux femmes de chambre finissent par entrer dans la pièce nuptiale, des draps propres à la main. Leurs regards sont désolés pour la jeune Clarysse. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer la première fois. Et si on n’y a pas été préparé, on est particulièrement surpris. Puis, cela vient naturellement. Certaines femmes en viennent même à y prendre beaucoup de plaisir. Pourtant, cela, Clarysse l’ignorait. Seul son chagrin de devoir laisser un homme lui faire cela tous les soirs, lui importait. Elle n’arrivait pas à s’arrêter de pleurer. Elle se sentait salie et un immense vide avait pris place dans son bas ventre. Quelle étrange sensation… Les deux femmes l’aidèrent à se lever. Une entreprit de la changer pendant que l’autre s’attelait aux draps. Pourtant, la jeune Bieffoise ne voyait rien, embuée par les larmes. Elle ne cessait de renifler. Vêtue de nouveaux dessous, la jeune fille observait son reflet. Elle se trouvait changée. La femme de chambre se mit à lui peigner les cheveux. Clarysse l’écarta d’un geste brusque qui ne lui ressemblait pas : « Ne me touchez pas. » Un lourd silence s’ensuivit dans la pièce. La nouvellement Varnier se rendit compte de sa sottise et se mit à se brosser les cheveux elle-même, un peu gênée.
Une fois habillée d’une robe couleur bleue, elle devait se raisonner de descendre au déjeuner. Cependant, rien n’y faisait, la belle blonde était encore bouleversée. « Il faut que vous alliez manger quelque chose, ma dame. » Totalement désemparée, Clarysse se rendit compte qu’elle ne pouvait pas faire mander son frère Elboise à l’aide. Et à l’aide de quoi ? Comment expliquer son sentiment d’avoir été salie et volée ? Comment expliquer tout le dégoût qui l’habitait ? Elbois, lui si droit, ne comprendrait pas pourquoi faire son devoir insufflerait de tel sentiment. Puis, lui vint l’idée. Elle savait quelle personne pouvait la sauver de ce marasme. Cependant, cette personne était venue avec la suzeraine et elle serait probablement très occupée. Elle tenta le tout pour le tout et s’adressa à cette femme de chambre qui avait probablement travaillé toute sa vie chez les Varnier :

« Pouvez-vous aller voir si lady Costayne n’est pas occupée. Elle est probablement en train de servir lady Tyrell, mais si elle peut se rendre disponible… Faite-la mander. »

Clarysse avait l’estomac noué. Si lady Daena voyait que la nouvelle lady Varnier se permettait de mander une de ces dames d’atour, peut-être se mettrait-elle en colère. Elle n’avait pas l’habitude de son nouveau statut de lady de l’héritier d’une maison. Néanmoins, elle était si à cheval sur le protocole, qu’importuner lady Daena lui donnait la nausée. Elle insista davantage :
« Si jamais elle est occupée avec lady Tyrell, en aucun cas, ne la faite mander. Cependant, si c’est possible…
-Lady Daena se promène et je crois que lady Costayne n’est pas avec elle. Je vais voir ce que je peux faire. » dit cette femme de chambre expérimentée. Plus expérimentée que celles qui servaient dans le petit fief d’Herbeval. Clarysse déglutit, très stressée. Si seulement elle pouvait voir Elinor ! Elinor… Elle était la seule qui pouvait la sauver désormais.
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@Elinor Costayne
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Elinor & Clarysse




☾☾ Lorsqu'elle avait reçu cette invitation au mariage de Clarysse De la Nouë avec Ethan Varnier, Elinor n'avait pas hésité un seul instant. Elle serait présente. Même si Lady Daena ne s'y rendait pas. C'était une question d'amitié avant tout.
Mais Clarysse avait pensé à tout et avait également invité les Tyrell...Dont Daena, donc. Aucun obstacle ne les empêcherait de se revoir. Surtout pour un tel événement.
Elinor tenait à être presente pour son amie de toujours. Le mariage était quelque chose d'important...Surtout s'il risquait de ruiner son existance et que nul ne pouvait rien empêcher.
Parfois, la jeune Costayne bénissait sa condition. Si elle n'était née si tardivement dans une famille si nombreuse, nul doute que son père ou son frère lui aurait imposé un mari qu'elle n'avait pas choisi. Mieux valait alors rien plutôt que le malheur.

Une fois arrivée à Midburg avec la suite de Daena, Elinor n'avait guère pu voir Clarysse, la Lady Tyrell s'étant montrée très demandeuse d'entourage. Mais elle avait pu lui échapper un petit moment afin de retrouver son amie et lui souhaiter tout le courage possible. Car elle savait un secret que nul autre ne connaissait. Son coeur appartenait déjà à quelqu'un...et ce n'était pas Ethan.

Puis il y avait eu le mariage. Tout le monde semblait assister à un événement heureux...sauf la mariée et Elinor. Serrant et tortillant son mouchoir brodé entre ses doigts, Elinor souhaitait silencieusement à son amie d'être forte. Ah, si seulement elle avait pu empêcher cela...Si elle avait pu les aider d'une manière ou d'une autre...

Mais la chose était faite maintenant. Clarysse était devenue Lady Varnier et plus rien ne pouvait être défait...Et Tavish lui-même était promis. Alors à moins qu'ils ne se retrouvent tous les deux veufs au plus vite...c'était pour longtemps.

Le lendemain du mariage, Elinor demeura un instant seule dans les appartements qui avaient été attribués aux dames de Lady Tyrell. Daena était sortie se promener seulement accompagnée de l'une de ses dames, et les autres avaient alors quartier libre. La plupart étaient sorties afin de découvrir les environs, mais Elinor n'avait pas voulu venir. Elle ne se sentait pas très bien, mais il ne s'agissait pas d'un mal physique.

On frappa à la porte, et ayant demandé d'entrer, la jeune Costayne vit une femme de chambre entrer dans la pièce. Celle-ci executa une rapide révérence avant de lui expliquer le motif de sa venue. Clarysse la faisait demander.

Fermant alors le livre qu'elle avait sur les genoux mais dont elle n'avait pu parvenir à lire une page aujourd'hui, elle le posa et partit à la suite de la femme. Celle-ci la conduisit à la chambre de Clarysse. Frappant à la porte, elle entrouvrit celle-ci et annonça Elinor. Puis, elle laissa la jeune Lady entrer avant de refermer la porte.

Clarysse portait l'une de ses robes bleues. Elle aussi était vêtue de bleu. Plus sombre, cependant. Et là où Clarysse était d'ordinaire mieux coiffée qu'elle, elle semblait s'être coiffée elle-même. Et son expression...Cela n'allait, a l'évidence, pas. Il n'y avait pas besoin de mots.

S'approchant d'abord prudemment et sans une parole, elle se précipita sur ses derniers pas qui la separaient encore de Clarysse et prit son amie dans les bras.

-Ma chère, lui dit-elle, la voix tremblante et la joue collée contre ses cheveux dorés. Ma si chère amie...

Elle était là. Pour elle. Et elle donnerait tout pour pouvoir l'aider dans son desarroi.

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Elinor. Son amie. Sa meilleure amie. Cette oreille attentive et altruiste. Ce cœur plein de courage pour saisir l’ampleur de ses opinions. Cet esprit aiguisé capable de connaître les secrets de l’âme et du monde, et de les verbaliser. Quelle remarquable personne ! Clarysse se sentait insignifiante face à cette femme intelligente qui mettait en des mots sur ce qu’elle tentait d’exprimer à chaque instant. Le caractère doux des jeunes femmes s’accordait à merveille. Seul leur regard les différenciait. Elinor était plus pragmatique et plus éveillée au sujet du monde qui l’entourait. Clarysse semblait vivre les choses à travers un voile idéaliste. Seul le rêve et l’utopie d’une vie meilleure pour les femmes ne sachant pas jouer au jeu de la cour les joignaient dans leurs conclusions sur l’existence.

Elle était là. Et c’était elle qui devait être présente pour cette crise morale qu’elle subissait ce lendemain de mariage. Lorsqu’elle vit apparaître la frimousse de son amie, elle se jeta dans ses bras. Elle ne répondit pas à sa question, la dame d’atour de Daena Tyrell avait dû voir dès son entrée dans la chambre de la jeune mariée que quelque chose clochait. Elle serra dans ses bras cette personne qui représentait la confiance incarnée. Clarysse fondit en larme. Dans cet instant, elle se sentait inconsolable. Elle pleurait sans pouvoir faire taire les sanglots sur l’épaule de son amie. La femme de chambre se mit à sortir, se rendant compte qu’elle n’avait rien à faire ici dans cette rencontre intime entre deux femmes.
Les pleurs continuaient sans relâche pendant des minutes qui semblaient interminables. Trois reniflements plus tard, elle finit par se décrocher de l’étreinte d’Elinor pour essuyer ses yeux bouffis par les larmes. Son regard baissé et embué par la souffrance, elle ne put parler immédiatement. Elle se reprit peu à peu, bien que sa respiration restait effrénée.
« Ma sœur… »
Elle ne savait pas comment formuler son désarroi. L’émotion la submergeait à telle point et elle avait passé tant de temps à la retenir, qu’à ce moment donné, tout sortait tel un tsunami.
« Oh… ma chère sœur… je… ne peux pas vous exprimer tout mon chagrin. Je me sens si coupable de ressentir un tel sentiment. Pourtant… malgré moi… Oh… si vous n’étiez pas là… Je… Je ne l’aurais pas supporté… Elinor… Pourquoi est-ce si difficile d’être une femme ? Pourquoi… ? Le mariage n’était-ce pas tout ce que j’avais désiré… ? »

Elle refondit en larmes.

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@Elinor Costayne
HRP: Désolée pour l'absence. Ce n'était pas du tout de mon fait. Je reprends mon rythme désormais.
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Elinor & Clarysse




☾☾ Les pleurs de Clarysse lui déchiraient le coeur. Mais que pouvait-elle faire concrètement pour apaiser sa peine? Qu'est-ce qu'une étreinte pouvait changer à la situation? Lorsqu'elles se détacheraient l'une de l'autre, son amie serait toujours mariée, pour son plus grand déplaisir...Et celui auquel son coeur appartenait réellement serait toujours aussi loin, et à une autre. Décidément la vie était injuste. Les enfants étaient vendus comme du bétail afin de satisfaire les intérêts de leurs pères.

-Ma sœur…Commença la jeune mariée en s'écartant un peu. Oh… ma chère sœur… je… ne peux pas vous exprimer tout mon chagrin. Je me sens si coupable de ressentir un tel sentiment. Pourtant… malgré moi… Oh… si vous n’étiez pas là… Je… Je ne l’aurais pas supporté… Elinor… Pourquoi est-ce si difficile d’être une femme ? Pourquoi… ? Le mariage n’était-ce pas tout ce que j’avais désiré… ?

Vraiment? Songea Elinor à ses paroles, se demandant bien ce que sa simple présence avait pu changer, elle qui ne pouvait sauver personne...Ni même s'éloigner de dix mètres lorsque Lady Daena sollicitait sa présence.
Se sentir impuissante alors que ceux qu'elle aimait souffraient était bien la plus grande des punitions pour elle...Que ne pouvait-elle tout résoudre comme les enchanteresses de ses livres...

Clarysse étant prise d'un nouvel accès de pleurs, elle la reprit dans ses bras, ne trouvant rien de mieux à faire.

-Chut...Chut..., murmurait-elle en passant doucement ses doigts dans ses cheveux d'or.Allons...Ne vous exaltez pas pour l'instant, vous avez besoin de forces et d'apaisement.

Qu'aurait-elle fait à sa place si la situation s'était présentée et que son père ou son frère avaient voulu lui faire épouser Ethan Varnier...Aurait-elle accepté? La réponse était plus qu'évidente. Non. Bien sûr que non! Même en n'ayant pas le choix, elle aurait encore préféré s'enfuir pour terminer soeur du silence plutôt qu'épouse d'un homme qu'elle n'aimait pas.

Sentant la respiration de Clarysse se calmer un peu, elle s'écarta de nouveau avant de prendre le visage de son amie entre ses mains avec la douceur d'une soeur.

-Que vous a-t-il fait pour vous mettre dans un tel état? Vous a-t-il fait du mal?

Elinor n'était pas complètement ignorante de ce qui se passaient lors de la nuit de noces. Ses oreilles traînaient toujours et ni le Bief ni Port-Real n'étaient des lieux où l'on était publiquement silencieux au sujet des affaires de lits...Mais il y avait encore bien de choses que la jeune femme ignorait.

Enfin peu importait. Si Varnier avait heurté son amie de quelque manière que ce fut, elle trouverait le moyen de lui nuire. Elle ignorait encore comment, mais elle y songerait le plus sérieusement du monde.


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L’étreinte de son amie la rassurait un peu. Bien entendu, au vu de l’ampleur de sa détresse, elle restait au fond du gouffre. Clarysse avait l’impression qu’elle ne ressentirait plus aucune joie sur terre. Elle n’arrivait plus à prendre la distance réflexive qui font que les humains ne sont pas submergés entièrement dans le chagrin. Elle perdait son humanité dans un sanglot infini.
Elinor avait raison, elle se sentait si vidée et épuisée que toute son énergie semblait s’être volatilisée depuis qu’elle avait laissé place à ses pleurs. Depuis le départ d’Ethan de la chambre conjugale, elle avait tenté de rester calme et contenu. Désormais les valves étaient ouvertes et semblaient impossible à renfermer.
Rien n’était grave dans sa situation. Au contraire, elle résultait plutôt commune : une jeune fille qu’on marie sans lui expliquer l’acte conjugal. Peut-être que pour les jeunes nobles, baignant dans un marasme de convenance, cet acte humain traumatise légèrement la première fois. Cependant, le devoir n’en demeure que plus fort. Il prend régulièrement le dessus sur l’émotion et la jeune épouse s’habitue à son nouveau rôle. Elle transfuge de fille à femme dans le plus grand des déchirements, mais dans un doux décorum. Clarysse aurait aimé avoir une mère qui lui explique ces choses-là. Une mère qui la serre dans ses bras le lendemain de la nuit de noces. Mais, ce ne sera pas le cas. Les de la Nouë sont doués pour passer sous silence les vrais problèmes enveloppés dans un voile protocolaire. Aucun de ses frères ne penseraient à lui rendre visite. Elbois avait l’immense responsabilité sur les épaules de bien paraître comme chef de famille devant les Varnier. Quant à Orys, il devait prier pour le bonheur de sa sœur désormais.

Heureusement, Elinor était là. Elle était la seule jeune noble qui avait gravité autour de Villevielle et d’Hautjardin qui la comprenait. Clarysse avait passé plusieurs séjours dans ces deux cours. Les de la Nouë effectuaient régulièrement des pèlerinages à Villevieille ; et cela depuis leur plus jeune âge. Lorsque les autres jeunes filles cherchaient finement à arriver à leur fin, d’un côté il y avait la maladroite et innocente Clarysse et de l’autre la réfléchie et pure Elinor. Qu’aurait-elle fait comme bêtise sans cette étreinte à cet instant précis ?

La question fatidique arriva plus vite que prévu. Ethan Varnier avait-il fait quelque chose d’inconvenant ? Non, en réalité, ils étaient désormais liés sous le sacre du mariage. Clarysse ouvrit la bouche à plusieurs reprises sans pouvoir exprimer son sentiment. Elle ferma les paupières et prit une respiration. Mais, rien, vraiment rien… Aucun mot ne pouvait définir son chagrin. Elle détourna la yeux d’Elinor tout en restant près d’elle. Sa main se porta à ses lèvres et son visage se plongea dans une profonde perplexité. Que répondre à son amie ? Que s’était-il passé ? Etait-ce le mariage qui l’attristait ? Bien entendu… ce mariage était la tâche de sa vie qui l’éloignait à jamais de Tavish Cafferen. Cependant, il y avait autre chose qui lui provoquait cette terrible affliction. Comment l’exprimer ? Comment passer le message ? Ce que venait de vivre l’ancienne de la Nouë était ce qu’il y avait de plus courant.
« Eh bien… euh… »

Non, vraiment aucun mot.
Clarysse reprit une inspiration et plongea son regard dans celui d’Elinor. Elle pouvait lire l’intelligence de la jeune femme dans ce simple regard. Cela la rassurait pleinement et délia sa langue :
« Je ne sais pas si mal serait le mot adéquat… » Elle hésitait encore. « Je dirais plus que j’ai cette impression d’avoir perdu quelque chose. Oh, par les Sept, Elinor, il m’a souillé ! Oui, voilà le mot. Il a tout déchiré, détruit, pris. Mais si ces mots sortent de cette chambre, on m’enfermera chez les sœurs du silence… ou pire… »
Elle déglutit.
« Il est à peine resté pour la nuit, me laissant à mes larmes. Je ne le connais pas… Mais si c’est cela les nuits d’épouses, je ne veux plus en vivre une seule ! Plus jamais ! »
A chaque fin de phrases, elle s’emportait. Il fallait qu’elle se retienne davantage. Elle plaqua ses mains devant sa bouche et son regard se fit larmoyant en fixant son amie de toujours. Elle renifla, sans gêne ou honte, désormais, les deux jeunes femmes avaient passé ce cap. Une autre inspiration fut nécessaire. Clarysse ferma ses yeux pour retenir les larmes qui venaient de lui monter et se saisit des mains de son amie.
« Je me sens perdue. Si l’existence d’épouse et de vivre cela chaque nuit, j’ai bien peur de préférer mourir. Mais, la crainte de finir dans les Sept enfers ne me donnera jamais le courage de passer à l’acte. Que faire, ma chère Elinor ? N’y a-t-il pas une de vos sœurs qui a vécu ce que je viens de vivre ? N’y a-t-il pas une solution ? Lorsque vous avez accompagné Lady Daena chez les Tyrell pour son mariage, ne vous a-t-elle pas confié un secret pour un bon mariage ? Notre suzeraine semble bien plus à l’aise dans l’art de bien paraître dans toutes les circonstances, elle resplendit tant par sa beauté, que j’aimerais connaître ce secret… Nous, les de la Nouë, nous sommes d’honnêtes vassaux, sans aucune superbe. Les Varnier sont bien plus influants que nous… Jamais je ne pourrais m’adapter à cette nouvelle condition d’épouse au sein de leur famille. Je ferais scandale… »

Clarysse trembla après cette confession. Elle se rendait compte de l’ampleur que pouvait prendre cette crise de larmes. Cette angoisse de partager la couche d’Ethan Varnier pouvait s’étendre à davantage que le traumatisme d’une petite noble apeurée. Il pouvait faire tomber dans le déshonneur toute sa famille avec elle. Elle tremblait de peur. Comment se tirer de cette situation figée jusqu’à la mort ?
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@Elinor Costayne
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Elinor & Clarysse




☾☾ Si Elinor ressentait la plus grande des amitiés pour Clarysse, elle ne pouvait toutefois nier qu'elle se sentait bien embarrassée par la situation. Elles étaient amies depuis leur plus tendre enfance et avaient échangé bien des secrets (ainsi Clarysse était l'une des seules personnes au courant de son désamour grandissant pour la noblesse bieffoise), mais là, la jeune fille sentait qu'il s'agissait de quelque chose de bien plus intime. Une chose dont certaines dames parlaient sans réserve, surtout à Port-Real...Mais dont elle-même se sentait incapable de parler. C'était bien simple, les mots souvent employés dans cette situation et qu'elle avait entendu ne sauraient franchir la barrière de sa bouche. Surtout qu'elle n'y connaissait rien personnellement...

-Eh bien… euh…

Même Clarysse semblait hésitante.

-Je ne sais pas si mal serait le mot adéquat…Je dirais plus que j’ai cette impression d’avoir perdu quelque chose. Oh, par les Sept, Elinor, il m’a souillé ! Oui, voilà le mot. Il a tout déchiré, détruit, pris. Mais si ces mots sortent de cette chambre, on m’enfermera chez les sœurs du silence… ou pire…

Elle mit ses mains devant sa bouche comme honteuse de son soudain emportement et Elinor replaça ses propres mains croisées sur son jupon.

-Ne dites pas cela...Répondit doucement Elinor.

-Il est à peine resté pour la nuit, me laissant à mes larmes. Je ne le connais pas… Mais si c’est cela les nuits d’épouses, je ne veux plus en vivre une seule ! Plus jamais !

Elinor ne rétorqua rien. Déjà que le mariage n'était pas une chose qui la tentait lorsqu'elle voyait toutes les unions sans amour qui se faisaient bien que les rites maritaux disaient bien que c'était l'amour qui était échangé lors de l'union, à entendre son amie, elle bénissait de plus en plus sa condition.

-Je me sens perdue. Si l’existence d’épouse et de vivre cela chaque nuit, j’ai bien peur de préférer mourir. Mais, la crainte de finir dans les Sept enfers ne me donnera jamais le courage de passer à l’acte. Que faire, ma chère Elinor ? N’y a-t-il pas une de vos sœurs qui a vécu ce que je viens de vivre ? N’y a-t-il pas une solution ? Lorsque vous avez accompagné Lady Daena chez les Tyrell pour son mariage, ne vous a-t-elle pas confié un secret pour un bon mariage ? Notre suzeraine semble bien plus à l’aise dans l’art de bien paraître dans toutes les circonstances, elle resplendit tant par sa beauté, que j’aimerais connaître ce secret… Nous, les de la Nouë, nous sommes d’honnêtes vassaux, sans aucune superbe. Les Varnier sont bien plus influants que nous… Jamais je ne pourrais m’adapter à cette nouvelle condition d’épouse au sein de leur famille. Je ferais scandale…

Elinor baissa les yeux un instant pour réfléchir avant de répondre:

-Vous savez qu'il est plus que probable que je ne me retrouve jamais dans la situation d'une femme mariée, Clarysse. Si Lady Rhea ne m'avait pas prise à son service, j'aurais fini septa...Et ma situation actuelle ne me dotera pas plus. Donc ni ma mère ni mes sœurs ne m'ont préparée à cela. Je ne pense pas pouvoir être de bon conseil à ce sujet...

Toutefois, elle avait son mot à dire là dessus à défaut de mieux.

-Mais je pense qu'un mariage ne doit pas dépendre que du bon vouloir de l'épouse. Il s'agit d'un contrat signé entre deux partis. Chacun se doit de respecter ses engagements et nul n'en est dispensé. Si l'époux en est incapable, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Je vous connais, et je sais que vous êtes de bonne volonté. Et rappelez-vous aussi que si quiconque veut s'en prendre à vous, nous serons en mesure d'agir de même en retour. Je suis dans les bonnes grâces des Hightower et des Tyrell...Je ne suis pas amatrice du procédé mais si je devais user de l'amitié qu'ils ont pour moi et que j'ai pour eux afin de vous aider...Alors il en sera ainsi.

Vrai...Les manigances de cour et l'usage d'influence n'avaient rien pour lui plaire. Mais si quelqu'un de la famille Varnier osait s'en prendre à son amie, elle n'hésiterai pas à demander de l'aide plus haut.

Peut-être que de se savoir ainsi protégée aiderait Clarysse à se sentir mieux?

Mais il y avait autre chose qui la chiffonnait. Quelque chose de plus précis.

-Que pensez-vous de lui? Demanda-t-elle à Clarysse. D'Ethan?

Car si elle ne l'aimait pas même un peu, ce mariage risquait d'être voué à l'échec.


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Clarysse se sentit honteuse de mettre son amie dans l’embarras… En effet, Elinor avait beau être là, éternellement présente pour l’anciennement de la Nouë, elle n’en demeurait que loin de ce genre de situation. C’était quelque chose qui avait fait sentir reconnaissante la belle blonde de ne pas être à la place de son amie. Elle, au moins, était fille unique, ainsi sûre de contracter un bon mariage. Auparavant, pour l’idéaliste Bieffoise, un mariage avec un bon parti, une délicieuse vie de château et des réceptions mondaines étaient tout ceux à quoi elle aspirait. Si elle quittait Herbeval, fief de son enfance, c’était pour embrasser la vie de la Mère. Désormais qu’elle l’avait fait, elle se sentait bien idiote d’avoir désiré cette vie. Loin de tout ce qu’elle avait imaginé, elle se sentait souillée et déchirée. La blonde se mordit la lèvre inférieure, peu contente de peut-être faire de la peine à son amie en tentant de lui faire imaginer ce qu’elle aurait senti à sa place. Bien entendu, Clarysse avait dû mal à penser que cette condition pouvait satisfaire entièrement son amie d’enfance. Vraiment, l’anciennement de la Nouë se sentait mal par rapport à ce qu’elle venait de dire. Pourtant, dans ce moment d’incertitudes, elle ne sut s’excuser comme elle savait si bien el faire. De toute façon, Elinor enchaîna :
« De bonne volonté »
Clarysse restait pantoise. Bien entendu, son amie la défendait et tentait de la faire déculpabiliser dans son malheur. Elinor était si réfléchie et si douce que cela en déroutait la jeune blonde écervelée. De plus, cette tête de linotte ne savait pas mentir. Elle détourna le regard, gênée. La dame d’atour de Daena Tyrell avait probablement raison sur beaucoup de point. Le mariage était une affaire qui se vivait à deux. Peut-être qu’Ethan Varnier aurait dû se rendre compte de l’état d’angoisse de Clarysse de partager la couche, tout comme il aurait pu s’apercevoir que personne n’avait enseigné à la jeune de la Nouë à se montrer digne d’une épouse. Cependant, personne n’était dans la tête de l’époux blâmé. Qu’avait-il pu penser ? Peut-être était-il déçu, lui aussi, de ce mariage ? Peut-être avait-il pas l’habitude d’amadouer des jeunes prudes.

« Ô Elinor … Si vous saviez… »
Elle s’essuya les larmes. Tout devait sortir où elle mourrait sous le coup du secret. Clarysse ne pouvait pas garder la vérité pour elle-même indéfiniment. Elle l’avait déjà cachée aux êtres les plus proches de sa vie : ses frères. Elinor comprendrait… Elle saurait trouver les mots. Il fallait dévoiler les méandres de son âme ou se taire à jamais.
« Je ne suis pas de bonne volonté… Je… Je ne voulais pas de ce mariage. Mais, j’ai été trop idiote pour m’opposer à mon frère ou pour, au moins, en discuter. Et puis, mon orgueil et ma vanité me faisaient dire que, même si mon cœur était ailleurs, épouser un Varnier, monter dans la société, me rapprocher d’une vie que j’ai toujours enviée à mes amies d’Hautjardin, me ferait me sentir heureuse. J’ignorais les autres aspects du mariage. Ma frivolité m’aura coûté le bonheur… J’ai tellement honte de moi… Vous qui me voyez si naïve, je me suis laissée convaincre par ma concupiscence. »
Elle se mit à pleurer.
« Ethan n’est pas le seul à blâmer… » sanglota-t-elle « Je ne désirais pas ce mariage… Mon esprit, mes rêves et mon âme sont ailleurs. Cette union était vouée à l’échec et j’en ai ma part de responsabilité. Les Sept me punissent. »

Ses sanglots redoublèrent et elle s’éloigna, honteuse, de son amie. Clarysse s’approcha de la fenêtre. Son regard embué observait un jour qu’elle ne voyait pas. Le temps s’était arrêté et elle se trouver à purger une peine qu’elle avait elle-même choisie. Un soupir la calma. Elle tourna sa tête salit par les larmes et aux cheveux désordonnés pour remercier davantage son amie :
« Ne vous démenez pas pour moi, lady Elinor. Je ne le mérite pas. De plus, les Varnier sont très proches des Hightower également… Ethan a fait son écuyage à Villevieille. Je perdrais cette bataille. »
Elle esquissa le plus mélancolique des sourires. Il s’agissait du premier d’une longue série.

La posée et réfléchie Elinor en vint à poser la question fatidique à l’émotive Clarysse. Que pensait-elle de son époux ? La blonde leva les yeux au ciel, se rendant compte que la haine qu’elle éprouvait pour Ethan Varnier était particulièrement dû à la nuit de noce. Le portrait d’Ethan lui venait en négatif, en comparaison avec Tavish Cafferen. Cet homme, depuis que tout son poids l’avait écrasé, elle le déshumanisait. Il était le « mari ». Cette masse informe qui lui a volé son état de Jouvencelle. La blonde fronça les sourcils :
« Je… Je n’arrive pas à penser. » Elle secoua la tête. « Je vous l’ai dit… Je pense que, dès le départ, mon avidité et mon mensonge auront poussé ce mariage au désastre. » Son regard se fronça davantage. « Il… Il est immonde. Il… ô, pitié, ne m’obligez pas à me rappeler cette nuit. Elle m’écœure. »

Clarysse pouvait entendre ses propres cris de la nuit dernière. La scène lui venait de l’extérieur, elle se refusait d’en avoir un souvenir personnel. Ses cris avaient été ceux d’une enfant et non d’une femme… Elle secoua la tête à nouveau :
« Oui, pitié, ne poussez pas à me rappeler cette nuit. Je ne le peux pas. »

En réalité, l’ anciennement de la Nouë ne se rendait pas compte qu’elle passait à côté de la question de la courageuse Elinor. Ses impressions étaient encore si vivaces qu’elles la poussaient à l’irrationalité. Le traumatisme avait ouvert une blessure encore trop à vif. L’odeur et la respiration de l’homme qui se posait sur elle lui revint en mémoire. Clarysse plaqua sa main contre sa bouche. Elle n’arrivait pas à répondre à la question. Pour elle, Ethan Varnier était un animal qui lui avait arraché tous ses rêves et espoirs… dont un en particulier…
« C’est un homme… » finit-elle par murmurer, le regard dans le vide, avant qu’il ne se lève vers son amie. « Voilà ce que j’en pense. Tel un homme, il a tranché mon âme. Tel un homme, il a décidé pour moi. Tel un homme, son épée a déchiré mes rêves d’enfants. Et c’est irréversible… Plus jamais je ne serais heureuse. »

Clarysse était dans la plus profonde des afflictions. Le fantôme de Tavish Cafferen et des jardins d’Herbeval s’éloignaient d’elle.
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☾☾ C'était la première fois qu'Elinor avait à apaiser un tel mal chez quelqu'un...Et elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Mais Clarysse étant son amie, elle essayerait au mieux de l'aider.

-Ô Elinor…, lui disait la blonde demoiselle. Si vous saviez…Je ne suis pas de bonne volonté… Je… Je ne voulais pas de ce mariage. Mais, j’ai été trop idiote pour m’opposer à mon frère ou pour, au moins, en discuter. Et puis, mon orgueil et ma vanité me faisaient dire que, même si mon cœur était ailleurs, épouser un Varnier, monter dans la société, me rapprocher d’une vie que j’ai toujours enviée à mes amies d’Hautjardin, me ferait me sentir heureuse. J’ignorais les autres aspects du mariage. Ma frivolité m’aura coûté le bonheur… J’ai tellement honte de moi… Vous qui me voyez si naïve, je me suis laissée convaincre par ma concupiscence. Ethan n’est pas le seul à blâmer…Je ne désirais pas ce mariage… Mon esprit, mes rêves et mon âme sont ailleurs. Cette union était vouée à l’échec et j’en ai ma part de responsabilité. Les Sept me punissent.

Pleurant, elle se leva et gagna la fenêtre. Elinor, elle, baissa un instant la tête, froissant le tissu de son jupon entre ses doigts. Que pouvait-elle lui dire?

-Clarysse, ce mariage n'était pas votre idée, trouva-t-elle avant de relever les yeux. Tout ce qui vous avez fait, c'est de vous résigner. Mais qu'auriez-vous pu faire d'autre? Vous enfuir? Menacer de vous trancher la gorge vous-même si cela se faisait? Tavish était déjà promis de son côté, il aurait dû s'enfuir lui aussi pour garantir votre bonheur...Vous deux auriez dû mettre un terme aux desseins que d'autres avaient pour vous et dans une absolue discrétion...Auriez-vous été en mesure d'exécuter un plan pareil? Quiconque l'aurait-il pu?

Pas qu'elle eut douté du courage qu'il leur aurait fallu pour cela...Mais les responsables de cette situation en auraient été vivement contrariés et à la moindre erreur dans le plan d'évasion, ils auraient été capables de les tuer...Ah que si elle avait su tout cela plus tôt, elle aurait tenté d'empêcher ces mariages et de les réunir...Malheureusement, là n'était pas leur destin...

Mais si quelqu'un tentait quoi que ce soit contre son amie, elle sortirait les griffes.

-Ne vous démenez pas pour moi, lady Elinor. Je ne le mérite pas. De plus, les Varnier sont très proches des Hightower également… Ethan a fait son écuyage à Villevieille. Je perdrais cette bataille.

-Vous ignorez ce dont je suis capable...Répondit la brune. A vrai dire bien peu le savent...

Baelor Hightower lui avait fait confiance pour une mission dont elle n'avait parlé qu'à sa famille. Une chose dont Clarysse ne se doutait même pas...Et qui ne lui ressemblait pas vraiment. Mais elle voulait quitter le Bief alors...elle avait saisi cette chance. Et depuis, les Hightower avaient foi en elle et ses capacités. Lady Rhea elle-même avait beaucoup de considération pour elle et pourrait demander n'importe quoi à Lord Leyton en son nom si besoin. Sans parler de Lord Willos Tyrell qui avait beaucoup d'amitié pour elle. Une amitié réciproque. Aucune bataille ne serait perdue d'avance en ces conditions.

Elle demanda à Clarysse ce qu'elle pensait d'Ethan et son amie semble perdue.

-Je… Je n’arrive pas à penser. Je vous l’ai dit… Je pense que, dès le départ, mon avidité et mon mensonge aura poussé ce mariage au désastre. Il… Il est immonde. Il… ô, pitié, ne m’obligez pas à me rappeler cette nuit. Elle m’écœure. Oui, pitié, ne poussez pas à me rappeler cette nuit. Je ne le peux pas.

Vraiment, voir Clarysse de la sorte lui causait la plus grande des peines. Et elle ne pouvait rien faire pour réparer cela. Ni remonter le temps, ni effacer sa mémoire, ni changer ses sentiments. Que faire alors?

-C’est un homme…Voilà ce que j’en pense. Tel un homme, il a tranché mon âme. Tel un homme, il a décidé pour moi. Tel un homme, son épée a déchiré mes rêves d’enfants. Et c’est irréversible… Plus jamais je ne serais heureuse.

Hochant la tête Elinor se leva et se rapprocha de nouveau de Clarysse avant de prendre son amie par les épaules.

-Peut-être finirez-vous par vous y faire. Par trouver un intérêt suffisant à cette existence. Bon nombre de femmes en ce monde semblent avoir trouvé leur compte dans de tels mariages. Et même, certaines subissent pire.


Elle n'avait pas d'exemple en tête, mais savait que certains seigneurs n'avaient rien de recommandable.

-Je ne pense pas que les hommes seuls soient à blâmer pour tout cela. C'est plutôt la noblesse et son orgueil. La volonté de nos pairs à refuser ce qu'ils appellent des mésalliances...Mais alors pourquoi nous parle-t-on d'amour à engager lors des cérémonies? Quel sens cela a-t-il?


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Nous avons tous cette étrange impression d’être maître de sa vie.
Beaucoup disent qu’avec de la volonté il est possible de parvenir à n’importe quel résultat. Dans l’aspiration à une vie meilleure avant cette fatale fin qui est la mort, chacun devrait mettre toutes les chances de son côté pour atteindre la félicité, souvent lié au divin.
L’homme a peur de tout ce qui se termine. Ainsi, il vénère ce qui est infini. L’homme est faible face à cette fatalité. C’est pour cela qu’il espère, durant la courte existence qu’il lui est impartie, qu’il ne tombera pas dans l’oubli. Il se plie alors à des règles qu’il appelle valeurs, devoirs, disciplines ou même grandeurs. Il construit des échelles pour atteindre le ciel, des échelles sociales, des échelles de vertus, des échelles de bonheur… Il souhaite l’inatteignable ; l’inaccessible. Est-ce nécessaire de se distinguer des autres pour atteindre cet infini terrestre ? Là se trouve encore une autre question. Dans la société construite à Westeros, ce système d’échelle et d’exaltation de certaines valeurs ou castes liées au divin, à l’histoire ou même à l’éternel demeurait à son paroxysme.
Clarysse, faisant probablement partie des moins philosophes de cette terre, se prenait de plein fouet ces vanités de la nature humaine. Jouissance et grandeur dans un bon mariage. Était-ce vraiment cela les clefs de l’existence ? C’était ce qu’on lui avait continuellement affirmé, alors, pourquoi avait-elle l’impression de déchirer une partie de son âme ? Renoncer à ces valeurs-là signifiaient renier tout ce qu’elle avait connu : la vie de dame de château, la noblesse, le protocole ou même la destinée. La direction la plus honorable pour une dame de son nom était d’offrir à la famille qui l’accueillait des héritiers qui seraient si bien élevés qu’ils serviraient le nom de la famille et impressionneraient toutes les petites sociétés de cours. D’ailleurs, il s’agissait de ce qu’elle s’apprêtait à accomplir : élever la famille de la Nouë en liant les héritiers Varnier à Herbeval à jamais. Les fleurs auraient enfin l’occasion d’orner la branche principale d’une prestigieuse famille. Mais alors, pourquoi ce déchirement si profond qu’il semblait toucher ce qui faisait d’elle une femme ? Pourquoi avait-elle cette impression que plus rien ne lui procurerait de la joie ? Ce vide si immense qu’avait laissé Ethan la veille lui donnait le vertige. Elinor avait raison, elle n’aurait rien pu faire pour changer cette destinée. Néanmoins, ce destin, elle l’avait toujours attendu et choyé. Pourquoi les Sept avait-il séparé devoir et bonheur ? Elle, Clarysse, n’avait-elle pas la même force que toutes les femmes pour tolérer un mariage ? Était-elle une parjure ? Quelque chose clochait-il chez elle ? Elle savait qu’elle n’avait pas eu le choix, mais elle aurait dû s’en convenir et éprouver la joie de sa nouvelle condition. Elinor le précisait bien : ne pas accepter cette nouvelle situation signifierait renoncer à tout ce qu’elle connaissait. Sortir du cadre… La convenable Bieffoise ne pouvait pas imaginer ce que cela signifierait. Son esprit embuait ne lui permettait pas de concevoir ce que lui expliquait son amie. Exprimer son malaise dans ce mariage qu’elle n’avait pas choisi signifierait s’opposer à tout ce qui était établi depuis avant sa naissance. La jeune blonde s’arrêta à sa propre expérience : il n’y avait rien à faire. Il fallait accepter cette nouvelle condition.

Rien n’a y faire… Même les mots rassurants de la jeune Costayne n’apaisaient pas son tourment. Pour changer quoi que ce soit à l’union Varnie-de la Nouë, il aurait fallu qu’Ethan ait vraiment fauté. Sa faute, en plus, devait être à l’encontre des principes sociaux de la société nobiliaire, mais également contraire aux principes religieux. Seuls ces deux forfaits à s’opposant aux deux piliers qui régissaient ce monde pouvaient permettre à Clarysse et Elinor de changer quelque chose… Néanmoins, rien de ce que pouvait dire sa dévouée et intelligente amie ne pouvait raisonner ou inspirer l’espoir à l’inconsolable mariée. Et puis changer pour quoi d’autre ? Le destin de la première née d’une famille résidait dans un heureux mariage. Tavish Cafferen, le seul qui aurait pu apaiser cette atroce douleur de passer de fille à femme, ne viendrait probablement jamais la chercher.

Alors que Clarysse se lamentait, sortant toute la tristesse qu’elle avait accumulée depuis ces derniers mois, Elinor cherchait des mots rassurants.
Elle avait surement raison ; peut-être que la « désormais Vanier » allait s’habituer à sa nouvelle condition. Néanmoins, à cet instant précis, cette possibilité demeurait inconcevable pour la Bieffoise. Bien entendu, elle préférait un homme qui la quitte en pleine nuit plutôt que de la forcer à recommencer sans interruption jusqu’à ce qu’elle soit pleine de sa progéniture. D’une certaine façon, elle avait de la « chance » et il y avait « pire ». Pourtant, rien ne semblait plus insurmontable pour la blonde aux cheveux bouclés. Son visage était rougi par les larmes et son regard aveuglait par la terreur. Bien que la pression des mains de son amie sur ses épaules la ramenait sur terre et l’arrachait à ses douloureuses pensées. Elle n’avait aucun accès au regard profond de cette dernière. Clarysse était loin de toutes raisons, tel un animal apeuré.
L’ « amour »… L’anciennement de la Nouë l’avait profondément ressenti et attendu, mais loin de la maison des Sept. La jeune mariée avait déjà ressenti l’amour de cette divinité aux sept facettes, particulièrement dans des moments difficiles. Lorsque ses parents étaient partis par exemple… Elle avait toujours eu l’impression de bénéficier de la protection du Père et de la Mère, même quand les siens l’avaient quittée. Cependant, dans l’état de la Jouvencelle, la belle blonde avait souvent été perturbée et s’était sentie incomprise. A Hautjardin, certaines de ses amies semblaient mieux se complaire de cet état qu’elle. Elle avait tant attendu d’embrasser l’état de la Mère, avec cette impression que la tranquillité l’attendrait… La déception possédait un goût un amer. L’ « amour »… Il était de l’autre côté du Bief, non loin de la frontière, à Bourgfaon. Comment les Sept pouvaient permettre de tels actes ? Avait-elle fait une chose si horrible qu’elle méritait ce châtiment ?
« L’amour… » répéta-t-elle, à la suite de son amie. « Les Sept nous en procure, mais peut-être nous n’en sommes digne ? »

Clarysse se retira légèrement de l’étreinte de son amie. Elle eut l’air pensive.
« Pensez-vous que l’amour est un trait divin ? »
Elle n’avait pas l’esprit aussi critique qu’Elinor, elle ne voyait le problème que dans sa foi et dans ses sentiments, et non dans une caste dont elle faisait pleinement partie.
« Parce que j’ai aimé… Et j’aime encore. Pourtant, je suis punie en étant pleine de haine dans le mariage ? Pensez-vous que c’est parce que j’ai osé espérer aimer un homme qui ne correspondait pas à mon rang et que j’ai désiré une union hors mariage ? »
Elle fut prise de panique et attrapa le poigné de son amie. Clarysse semblait prise par la folie. Ses yeux étaient écarquillés comme si elle avait une révélation :
« Pensez-vous que c’est parce que j’ai entretenu une correspondance intime et des sentiments pour Tavish Storm… euh Cafferen, que je suis punie par un mariage malheureux ? Elinor, aidez-moi à y voir plus clair. »
Elle se calma un peu et baissa les yeux et eut un éclair d’esprit. La Bieffoise avait cédé à la panique, elle le regrettait. Après quelques secondes de silence, elle se corrigea, car elle connaissait les opinions de son amie, même si elle ne saisissait pas souvent toutes leurs portées. Elinor trouvait les rangs idiots et prédéfinis. En voudrait-elle à son amie mariée de ne pas avoir sa lucidité et à ne pas concevoir les rouages de la société ?

Lorsque Clarysse avait parlé de Tavish Storm, l’ancien écuyer de la maison de la Nouë, à Elinor, cette dernière avait été de bons conseils. Elle avait enlevé le sentiment de culpabilité de Clarysse d’aimer un ancien Storm. D’ailleurs, c’était un peu grâce à Elinor que Clarysse avait poursuivi cette correspondance en si plongeant pleinement.
« Pardonnez-moi… Je sais ce que vous pensez de ces appellations de rangs… Je suis parfois idiote. Comprenez que pour moi, selon mon éducation, j’ai parfois le sentiment d’avoir besoin d’un sens. Je pensais avoir tout bien fait convenablement pour mériter une vie paisible. Et puis, vous avez raison… Il y a toujours pire que soi. La Mère nous apprend à être miséricordieux. »
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☾☾ Clarysse était dans un état de détresse émotionnelle très fort, et Elinor craignait de ne pouvoir en parvenir à bout. Elle n'avait jamais connu une telle chose, les Sept l'en préservent, et n'était donc pas tout à fait certaine de ce qu'elle faisait. Mais elle faisait de son mieux et espérait que cela puisse fonctionner. Bien que la seule chose qui aurait pu garantir la paix de son amie soit un retour dans le temps et l'organisation d'une fuite avec Tavish...

Le mariage...Cela ne signifiait plus rien. Ce n'était désormais plus qu'un simple commerce entre des familles nobles. Et selon si certaines étaient plus nobles que d'autres, plus "importantes", cela rendait les choses possibles ou non. Et avec de certaines conditions en prime. Vraiment, Elinor louait le ciel que cela lui soit épargné par sa naissance trop tardive. Lors d'un mariage, les deux engagés devaient se promettre leur amour. Mais encore faudrait-il qu'ils s'aiment! Vendre ainsi ses enfants, ses frères et ses sœurs ne devraient pas être des choses autorisées!

-L’amour… Les Sept nous en procure, mais peut-être nous n’en sommes digne ? Lui dit Clarysse.

Elinor ne fut pas certaine de comprendre ce qu'elle voulait dire par là.

-Pensez-vous que l’amour est un trait divin ?-Parce que j’ai aimé… Et j’aime encore. Pourtant, je suis punie en étant pleine de haine dans le mariage ? Pensez-vous que c’est parce que j’ai osé espérer aimer un homme qui ne correspondait pas à mon rang et que j’ai désiré une union hors mariage ?

Gardant les sourcils toujours froncés, Elinor dut retenir un petit rire. Etre punie pour aimer quelqu'un? Comment pouvait-on penser une telle chose? C'était insensé.
Avant qu'elle puisse lui répondre, Clarysse lui attrapa un poignet, les yeux écarqullés.

-Pensez-vous que c’est parce que j’ai entretenu une correspondance intime et des sentiments pour Tavish Storm… euh Cafferen, que je suis punie par un mariage malheureux ? Elinor, aidez-moi à y voir plus clair.

Soupirant, Elinor prit la main avec laquelle Clarysse l'avait agrippée et la prit dans l'a sienne avant de la recouvrir de la seconde.

-Pardonnez-moi… Je sais ce que vous pensez de ces appellations de rangs… Je suis parfois idiote. Comprenez que pour moi, selon mon éducation, j’ai parfois le sentiment d’avoir besoin d’un sens. Je pensais avoir tout bien fait convenablement pour mériter une vie paisible. Et puis, vous avez raison… Il y a toujours pire que soi. La Mère nous apprend à être miséricordieux.

Elinor secoua la tête avant de lui répondre:

-Il est évident que vos sentiments ont été attisés par votre correspondance. S'il n'y avait pas eu de répondant chez Tavish...Ils se seraient peut-être amenuisés, mais je ne pense pas qu'ils se seraient éteints. Vous l'aimez, Clarysse. C'est comme ça. Mais vous n'êtes fautive de rien. De quoi doit-on être punie alors qu'on a commis aucune faute? Si le monde était juste, vous auriez épousé l'homme que vous aimiez. C'est ainsi que le mariage devrait être selon nos propres rites. Les seuls responsables sont ceux qui ont instrumentalisé le sacrement que devrait être le mariage. Aucun de nous ne devrait se contenter d'être un pion à bien placer par sa famille. Le mariage est devenu un commerce, ni plus, ni moins. Un troc ou valsent titres et richesses entre des marchandises humaines.

Pour Elinor, le mariage devait être comme le disait leur religion, et comme le montraient leurs contes. Deux êtres réunis par le destin et dont les cœurs ne pouvaient point être séparés. C'était ainsi que cela finissait dans les récits qui finissaient bien: Ils se marièrent et vécurent heureux pour toujours. Mais la réalité avait défiguré cela, effaçant l'amour et donnant une valeur marchande aux être dont l'échange pouvait s'avérer utile...

-Si notre monde était juste, vous auriez épousé Tavish, poursuivit-elle. Il n'aurait pas été fiancé à une autre, vous n'auriez pas été fiancé à un autre, et les choses seraient allées selon votre bon vouloir. Mais notre monde est cruel. Et ceux qui organisent les unions sont ceux qui ne sont pas concernés mais peuvent en tirer avantage. Hélas, les choses sont ainsi et nous n’avons d'autre choix que de devoir vivre avec au risque, sinon, de nous voir exposer à de grands périls...Vous n'êtes responsable de rien, Clarysse. C'est votre famille qui devrait avoir honte de vous avoir imposé une union contraire à votre cœur.

Elinor ne se mettait pas souvent en colère, mais lorsqu'elle voyait dans quel état se trouvait sa si chère amie, sa sœur...Il lui fallait en blâmer le responsable. Le véritable responsable. Et non Clarysse qui n'y était pour rien.
Ethan y était-il vraiment pour quelque chose? Oui s'il était celui qui avait consenti à la proposition des De la Nouë. Mais si lui aussi n'était qu'un pion manipulé par les siens...Il était certainement tout aussi à plaindre.

-Ethan était-il à l'origine de cette union? L'interrogea-t-elle. L'a-t-il proposé? Ou accepté de la part de vos parents? Ou bien se trouve-t-il être lui aussi l'objet d'un commerce nous dépassant?

Ainsi saurait-elle ou faire retomber le blâme. Et peut-être trouverait-elle alors un moyen supplémentaire de réconforter son amie...

Détachant l'une de ses mains de celle de Clarysse, elle vint remonter une mèche blonde qui bouclait sur son front.

-Voulez-vous que je vous recoiffe? Lui demanda-t-elle. Si quelqu'un vient, mieux vaut qu'ils ne se doutent pas de votre état, vous ne pensez pas?


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Clarysse ne pouvait concevoir sa vie autrement que ce qu’on lui avait toujours appris : se marier, s’occuper de son mari et foyer, donner des enfants et faire en sorte que l’honneur de son nouveau nom resplendisse sur son nom de jeune fille. Comment faire autrement ?
Envisager que tout cela allait être un échec lui procurait une sensation vertigineuse voire nauséeuse. Heureusement, son ami lui tenait la main alors qu’elle évacuait toute ces craintes.
Les dieux sont cruels parce qu’ils sont des dieux…
La Bieffoise en était persuadée, elle se retrouvait dans cette situation car elle était impie. Toute l’équation avait été parfaitement exécutée pour qu’elle trouve son bonheur. Ses frères, malgré les épreuves qu’ils avaient traversées auprès d’elle, se trouvaient être la plus belle famille qu’elle ne puisse jamais rêver. Pourtant… et pourtant… la voilà dans une crainte viscérale de l’avenir. Elinor pouvait comprendre cette épouvante qui attaquait le cœur de la blonde, mais cette dernière fut surprise de voir son amie sourire à ses interrogations. Pour Clarysse, toutes ces questions sur ses péchés étaient sincères. Tout le reste avait été parfaitement exécuté. La seule fautive possible de ce malheur ne pouvait être qu’elle. C’était la seule explication… Pourquoi Elinor en voyait une autre ?

Un pion ? Un troc ? Epouser l’homme qu’elle aimait… Tavish… Non, c’était impossible. Plusieurs raisons venaient s’interposer à cette idée. Tout d’abord, celle qui faisait le plus souffrir la jeune nouvellement Varnier : Tavish ne partageait surement pas ses sentiments. Il savait que Clarysse était à marier et jamais il n’avait même évoqué l’éventualité d’une union entre leurs deux familles ; union qui aurait scellé l’amitié des de la Nouë et des Cafferen à jamais. De plus, la dernière fois que le chevalier orageois s’était rendu à Herbeval, il ne chercha pas à passer du temps avec son amie d’enfance. A l’inverse, Clarysse eut la fâcheuse impression que le chevalier l’avait fui. Enfin, l’ultime raison qui contredisait le raisonnement de la jeune Costayne, était que les femmes, surtout première née, d’une noble famille, étaient destinées à réaliser un mariage diplomatique. Sinon, quel aurait été le but de l’existence pour ces dernières ? Clarysse aurait-elle été destinée à s’occuper des jacynthes d’Herbeval toute sa vie ? Non, sa destinée résidait dans cette union avec un Varnier.
La blonde secoua la tête. Il est clair que si elle n’avait pas élevé sa famille, son existence aurait vaine. Pour la jeune mariée, tout se vidait de sens désormais. Les mots de son amie sur l’amour et la cruauté du monde ne trouvaient pas d’échos dans le cœur de l’anciennement de la Nouë. Sa famille avait toujours été bonne avec elle. Alors, pourquoi toute cette souffrance ?

« Non… Non… Elinor, vous vous trompez… Ma famille a toujours été mon refuge. Jamais ils n’auraient été cruels avec moi. Si Elbois me voyait ainsi, il tuerait ser Ethan sur le champ, même si la trahison à un de ces serments lui coûterait son âme… si droit est-il… » Elle demeura, un instant, pensive alors que sa voix perdait en intensité.
« Si je ne me mariais pas à une famille importante du Bief, mon existence n’aurait aucun sens. Il s’agit de mon rôle. Je ne peux pas demeurer éternellement à Herbeval à flâner, telle la Jouvencelle, dans mes jardins. Sinon… à quoi servirais-je ? Moi qui n’ai pas votre esprit aiguisé et qui n’ai pas non plus un rôle quelconque dans cette société. Ce mariage semble être la meilleure chose qui soit pour moi. Même une union avec… » Son souffle se coupa. « avec Tavish Cafferen… »
Il était difficile de poursuivre un raisonnement censé dans l’état dans lequel elle se trouvait. Mais, elle essaya tant bien que mal.
« Je devrais davantage me réjouir de ce mariage que d’un éventuel mariage avec un Cafferen. Les Varnier sont une famille importante et riche. Ma famille compte sur moi et je ne vois pas quel autre but aurait eu mon existence. Désormais que ce mariage me met dans cet état… je me sens totalement vidée. »

Clarysse commençait à être un peu inquiétée par l’émotion de son amie. Elle prenait à cœur ce sujet d’union arrangé. La Bieffoise ne pensait pas qu’un tel sujet serait sujet de tant d’emportement. Elle se dit que sa réponse aurait agacé davantage son amie et ses velléités de libertés. Clarysse les apercevait sans les comprendre réellement. Comme elle venait de le préciser à Elinor, elle avait dû mal à envisager une vie en dehors de toutes ces convenances qu’on lui avait inculqué.
La blonde répondit à la dame d’atour de Daena Tyrell avec timidité et hésitation. Elle ne connaissait pas très bien les modalités de son mariage. La seule chose qu’elle savait c’est qu’Elbois avait fait des pieds et des mains pour que les de la Nouë s’unisse à une famille importante du Bief. La petite voix de Clarysse s’exprima :

« Je l’ignore… Mon frère a tout fait pour que ce mariage est lieu et a reçu un certain nombre d’émissaire. L’origine de mon mariage viendrait de là. Cependant… Ethan… J’ignore vraiment tout de lui. J’ignore quel était son degré d’implication… »
La réalité lui sautait aux yeux désormais. Ce mari distant qui quitte la chambre à couché laissant son épouse en larme ne devait pas être si enchanté de son mariage. Ethan Varnier ne l’aimait pas non plus. Quel bonheur était encore possible pour ces deux damnés ? Clarysse se sentait emplie de désespoir. L’attention de son amie l’empêchait de se noyer.

« Oui… oui… merci… si vous avez le temps. Je suis désolée de vous avoie fait mander aussi vite. Je ne voyais personne d’autre avec qui parler. Je vous remercie infiniment. » Elle baissait la tête et se frottait les yeux. « Il vaut mieux que tous pensent que tout va pour le mieux. » Elle soupira.
La Bieffoise se dirigea vers ce qui devenait désormais sa nouvelle coiffeuse. La coiffeuse devant laquelle elle se brosserait et s’apprêterait chaque jour. La coiffeuse de Midburg… Bien éloignée de celle qu’elle avait eu enfant à Herbeval. Elle s’assit et se dit que ce serait désormais devant cette coiffeuse qu’elle sècherait ses larmes pour aller dîner avec sa belle-famille. Elle ne l’aimait déjà pas.
Clarysse laissa Elinor se diriger vers elle et elle ne put s’empêcher de lancer un dernier :
« Merci Elinor… Vous êtes la sœur que je n’ai jamais eue… Votre sagesse et votre manière de savoir prendre du recul sur nos vies m’impressionnent. Sans vous aujourd’hui, pour le lendemain de ma nuit de noce… Je pense que je ne l’aurais pas supporté. »
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☾☾ Le mariage tel qu’il semblait être pour Clarysse avait juste l’air d’une torture nécessaire. D’une souffrance que devaient ressentir les enfants de familles nobles afin de faire plaisir à leurs familles et maintenir celles-ci à un certain rang…Mais à quoi servait le cœur, alors ? A quoi servait l’amour, si ce n’était à choisir l’être auprès duquel on allait passer le reste de ses jours ?

Vraiment, Elinor bénissait le ciel de ne pas être suffisamment « intéressante » pour faire l’objet d’un tel commerce. Ainsi, si mariage il devait y avoir, ce serait avec quelqu’un qui l’aimerait pour elle sans chercher de dot ou de statut quelconque. Encore fallait-il que cela soit possible…

Mais Clarysse ne semblait pas voir le mal dans cette situation malgré sa souffrance ainsi causés.

- Non… Non… Elinor, vous vous trompez… Ma famille a toujours été mon refuge. Jamais ils n’auraient été cruels avec moi. Si Elbois me voyait ainsi, il tuerait ser Ethan sur le champ, même si la trahison à un de ces serments lui coûterait son âme… si droit est-il…

Elle marqua une pause et Elinor écouta ce qu’elle avait à dire.

-Si je ne me mariais pas à une famille importante du Bief, mon existence n’aurait aucun sens. Il s’agit de mon rôle. Je ne peux pas demeurer éternellement à Herbeval à flâner, telle la Jouvencelle, dans mes jardins. Sinon… à quoi servirais-je ? Moi qui n’ai pas votre esprit aiguisé et qui n’ai pas non plus un rôle quelconque dans cette société. Ce mariage semble être la meilleure chose qui soit pour moi. Même une union avec…avec Tavish Cafferen…

La brune tortillait nerveusement ses doigts sur le tissu de sa jupe. Aucun sens ? Servir ? Voir son malheur comme la meilleure chose de son existence ? Comment en arrivait-on à penser de telles choses ?

-Je devrais davantage me réjouir de ce mariage que d’un éventuel mariage avec un Cafferen. Les Varnier sont une famille importante et riche. Ma famille compte sur moi et je ne vois pas quel autre but aurait eu mon existence. Désormais que ce mariage me met dans cet état… je me sens totalement vidée.

-Servir... Répéta la jeune Costayne, quelque peu outrée. Parce que vous pensez que nous venons au monde pour « servir » ? Tels de vulgaires ustensiles ? Et que le mariage doive être « utile » ? Réfléchissez, Clarysse, et dites-moi. Moi qui suis très certainement condamnée à ne pas me marier, suis-je inutile ? Ma vie n’a-t-elle pas de sens à cause de cela ?

La perspective de ne peut-être jamais pouvoir se marier ne la chagrinait guère. Au contraire, c’était là, pour elle, une garantie de liberté. Certes, elle dépendait de ses frères aînés, mais elle n’aurait ainsi jamais à se trouver liée avec quelqu’un qu’elle n’aurait pas choisi et qui ne l’aurait peut-être jamais comprise.

Ainsi, elle était choquée d’entendre que leur existence devait « servir ». Autrement dit, être utile à d’autres et non à soi-même. Mais pourquoi vivre, alors ?

-Nulle existence ne doit servir à d’autres qu’à soi-même. Ajouta-t-elle. Nous devons vivre pour nous. Et si nous pouvons aider d’autres personnes sur notre chemin, tant mieux. Mais il est affreux de devoir servir à l’ascension ou à la propagation d’autres sans que cela soit notre désir le plus profond. Tout comme il est injuste de se servir d’autres dont ce n’est pas le rêve. Vous-même le dites, ce mariage, c’était pour votre famille. Mais jamais cela n’aurait dû l’être.

Elle n’avait rien d’une aventurière et ignorait si un jour elle aurait le courage d’envoyer tout paître pour réaliser ses ambitions…Mais elle savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas. Porter des chaînes pour que ce soient d’autres qui puissent en profiter…Cela, jamais !

-La valeur d’un homme ne réside pas dans une quelconque valeur monétaire ou d’influence,poursuivit-elle. L’humain n’est pas du bétail…Et les Costayne valent tout autant que n’importe quelle famille du Bief, de Westeros et même du monde. Qui pourrait dire le contraire et argumenter rationnellement en faveur de cela ?

On la disait petite dernière d’une petite famille noble. Et trop longtemps elle n’avait été vue que comme cela. Essuyant des regards curieux et même parfois moqueurs juste à cause de ce qu’elle était sans l’avoir choisi. Elle en avait développé une véritable aversion pour le monde dans lequel elle vivait et souhaitait à présent vivre autre chose. Une vie qu’elle serait capable de mener entièrement comme elle le voulait, sans que les convenances ou des règles établies ne l’en empêchent. Pourquoi certaines choses étaient donc interdites aux Dames ? Même traire une vache, elle n’était pas bien sûre de comment faire !

Toutefois, elle voulut savoir si Ethan était, tout comme elle, une victime de l’ambition des autres, ou l’un de ses commanditaires.

-Je l’ignore… Mon frère a tout fait pour que ce mariage est lieu et a reçu un certain nombre d’émissaire. L’origine de mon mariage viendrait de là. Cependant… Ethan… J’ignore vraiment tout de lui. J’ignore quel était son degré d’implication…

Pinçant les lèvres, Elinor hocha la tête.

-Avec tout le respect que je dois à votre frère, il est un sot. Je ne dis pas qu’il a agi par méchanceté, ce serait aller trop loin…Mais il est né ainsi dans une famille ayant agi ainsi depuis des siècles. Dans un milieu agissant de même. Il a cru bien faire en vous cherchant un mari, mais si les chose s’étaient passées telles qu’elles auraient dû, c’est vous qui l’auriez choisi. Tavish ou pas, cela aurait été vous qui auriez eu le dernier mot. Après tout, notre existence, c’est nous qui la subissons au quotidien. Autant alors prendre pour époux quelqu’un qui nous plait. Ainsi, le mariage ne se résumerait pas à un devoir mais serait une union véritablement sacrée si puissante que rien ni personne ne pourrait défaire. Et un bonheur absolu.

Enfin, à quoi cela servirait-il de dire tout cela ? La chose était faite. Clarysse était mariée, et à moins de se retrouver veuve rapidement, rien ne pourrait plus changer...

Elle proposa alors à son amie de refaire sa coiffure afin que celle-ci soit un peu plus soignée. Mieux valait que personne ne soupçonne son état actuel ici.

-Oui… oui… merci… si vous avez le temps. Je suis désolée de vous avoir fait mander aussi vite. Je ne voyais personne d’autre avec qui parler. Je vous remercie infiniment. Il vaut mieux que tous pensent que tout va pour le mieux.

Elinor soupira. Cela ne changerait rien à la situation…Mais mieux valait que personne n’ici n’ait à se plaindre d’elle.

Tirant la chaise de la coiffeuse de son amie, elle la laissa s’installer avant de lui retirer ses épingles et de prendre la brosse pour les passer dans ses longues mèches dorées. Auparavant elle avait été envieuses de ses beaux cheveux dorés qui avaient bien plus de grâce que ses propres mèches brunes…Mais à choisir entre son existence et la sienne, elle préférait, sans aucun doute, la sienne.

-Merci Elinor… Vous êtes la sœur que je n’ai jamais eue… Votre sagesse et votre manière de savoir prendre du recul sur nos vies m’impressionnent. Sans vous aujourd’hui, pour le lendemain de ma nuit de noce… Je pense que je ne l’aurais pas supporté.

-Ne dites pas de bêtise, vous êtes plus forte que vous le pensez. Je ne suis qu’un soutien, mais tout ce dont vous avez besoin, vous l’avez en vous.

Tout ce qui lui manquait, c’était de savoir ce qu’elle voulait, et d’affirmer sa volonté avec fermeté.


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Servir…
Naître du sexe faible, celui qu’on suppose éreinté, tronqué et d’une utilité moindre dans le monde terrestre, ne signifierait que cela. Pourtant, ce sexe est indéniablement connecté à quelque chose de naturel. Pourquoi ne voit-on pas son pouvoir dans le monde tangible ? Parce qu’il ne brandit pas d’épée ? Qu’il ne marque pas l’existence par des amas de pierre qu’on appelle forteresse ? Parce que sa force ne se retrouve pas dans la démonstration physique ?
Et pourtant… pourtant… ce sexe donne la vie.
Il semble lié à ce mystère qui habite chaque particule physique du monde et semble donner lieu à un sens organisé qui échappe au commun des mortels. Ce sexe est joint à cette énigme et semble le comprendre plus que celui qui marque, déchire, fabrique et monte les artifices. Et si on appelait pouvoir autre chose que ce qui brandit ? Si on appelait puissant celui qui comprend et ressent ? Alors, le sexe dit faible aurait autant de valeur, voire plus, que son opposé et complément.

Néanmoins, Clarysse était loin d’entendre ce genre de réflexion. Ce que disait Elinor la faisait s’interroger, mais entrer dans de tels raisonnements la feraient plus souffrir qu’autre chose. Elle préférait rester loin de telles questions. Mais, blesser son amie était à mille lieux de ce qu’elle voulait faire. Elle afficha, alors, une mine triste à écouter les dures paroles de la jeune Costayne. Une femme sans mari ne serait pas accomplie. Au fond, la naïve Clarysse le pensait. Bien entendu, elle avait un immense respect pour les septa. Elles avaient embrassé la condition de la Mère d’une autre façon. Pour l’anciennement de la Nouë, il n’existait que deux rôles : celui de la Jouvencelle et celui de la Mère. Comment enfanter sans époux ? La blonde était si conditionnée par son éducation qu’elle n’avait pas envisagée, d’instinct, les situations comme celle de son amie. Cadette d’une grande famille, elle ne pouvait posséder une dot conséquente pour espérer un bon mariage. Alors, il valait mieux qu’elle serve les intérêts de sa famille différemment. Mais, elle servait tout de même. Clarysse en était convaincue.

« Je ne dénigre pas la valeur des Costayne… Nous, les de la Nouë, nous sommes de la même extraction que vous. Cependant, vous ne pouvez nier que vous servez votre famille, comme je me dois de servir la mienne. Vous êtes pour notre suzeraine d’un immense secours, mais si vous décidiez de quitter son service, pensez-vous seulement que vous le pourriez… les Costayne servent les Hightower, et vous servez les Costayne. »

Elle se reprit et sa respiration se fit plus lente.
« Mais vous avez raison… j’ai l’impression qu’aucun bonheur ne nous attend dans cette logique. On nous a dirigé vers cette destinée de résiliation comme si le fait de servir notre famille nous apportera le sens de l’existence. Pourtant, je suis loin de me sentir pleine et épanouie. »
Son regard fixait le sol. Elle se sentait fataliste et aucunement prête à argumenter face à son amie. Elle avait raison, Clarysse ne le voyait en partie. Ainsi, elle se trouvait coincée dans ce mariage qui signait son malheur.
« Je suis désolée si je vous ai fait sentir jugeante. Ce n’est pas ce que je voulais dire… Je ne vois que le destin de soumission qui se présente devant nous et cela me rend triste. »

Elle répondit ensuite à l’interrogation de son amie à propos d’Ethan. La réponse d’Elinor suscita une vive émotion chez la jeune femme. Son frère avait repris en main la famille et même s’il avait probablement des principes trop autoritaires ancrés en lui par son éducation, même s’il s’avérait qu’il avait tort, Clarysse ressentait pour lui un amour conditionnel. Même s’il lui demandait de sauter d’un pont, il avait tellement fait pour les de la Nouë, faisant preuve d’une abnégation sans précédent, qu’elle le ferait. C’était irrationnel et totalement lié à ses sentiments. La perte de leurs parents avait créé une ambiance particulière chez les de la Nouë. Elinor le savait, Clarysse s’était tellement étalée sur le sujet dans ses lettres à son amie d’enfance. Elle se livrait à la jeune Costayne depuis si longtemps et sans filtre, que les amies savaient également être en désaccord. Bien entendu, Clarysse avait conscience qu’Elinor avait les mots justes et une réflexion plus prononcée qu’elle. Alors, quand l’anciennement de la Nouë était prise d’une vague d’émotion, les mots de son amie l’aidait à garder les pieds sur terre.
Cependant, à l’évocation de son frère, elle ne put s’empêcher de répliquer :
« Il a fait ce qu’il pouvait, je vais sur mes vingt-deux ans… Cela aurait tenu qu’à moi, je serais restée à Herbeval. Cependant, la dame d’Herbeval est sa femme, désormais, Mia… Il fallait que je parte et que je serve ma famille. J’aurais été incapable de choisir un époux. Je suis loin d’être comme mes cousines d’Hautjardin, je ne connais personne et je ne sais pas entretenir une relation. Il n’y avait que Tavish… Mais, il est fiancé… En réalité, si je change mon point de vue et que je mets hier soir de côté, Elbois a vraiment fait de son mieux. »

Elle soupira.
Elinor se mit à la coiffer. La douceur qu’elle mit à rassurer la nouvellement Varnier contrastait avec le tranchant de sa verve. D’ailleurs, suite à ses gestes, la jeune Costayne finit de remplir le cœur de Clarysse par des mots rassurants. Les mots d’une mère… les mots d’une sœur…
Cependant, bientôt, maintenant que le mariage avait été célébré, Elinor devrait suivre sa suzeraine. Elle repartirait pour Hautjardin, laissant Clarysse seule à Midburg, -Midburg, au vent salé et au bois mystérieux-. La blonde versa quelques larmes et mit sa main contre sa bouche pour étouffer un sanglot.
« Je ne sais pas… » répondit-elle. Elle se sentait tellement moins intelligente et moins forte que la jeune Costayne. Ce joli minois était bon qu’à pleurer désormais. Un sort dans un château de pierre remplit d’hermine. Une fleur fanée sans frère et sœur auprès d’elle.
« Je vais essayer. » finit-elle par ajouter en se ressaisissant.
« Vous êtes extraordinaire Elinor. J’aimerais être comme vous. Vous me manquerez. Promettez-moi de m’écrire, je vous en prie. J’attendrais vos lettres avec impatience. »
Elle esquissa un demi-sourire un peu triste et elle regardait Elinor dans les yeux grâce au miroir qui se trouvait face à elle. L’une derrière l’autre, les deux jeunes femmes se servaient du reflet pour accentuer leur complicité.
« Je vous promets d’être forte et j’espère que très vite je pourrais vous annoncer de bonnes nouvelles. De plus, notre suzeraine semble très amie avec mon époux » Le mot semblait bizarre dans sa bouche, elle se reprit. « Enfin, peut-être que nous nous verrons plus souvent qu’auparavant. »
Clarysse nourrissait cet espoir. Cependant, elle savait que le rôle d’une épouse et d’une dame de château était de gérer le personnel de ce dernier et de se montrer digne de son nouveau fief. Peut-être voyagerait-elle moins… Elle l’ignorait. Sa nouvelle vie ne faisait que commencer.

La servante frappa et entra :
« Lady Varnier ? »
L’appellation sonnait davantage faux. Clarysse sursauta et grimaça. La servante passa davantage sa tête pour chercher du regard une approbation de sa nouvelle maîtresse. Voyant lady Elinor brosser les cheveux de la nouvelle Varnier, elle se précipita vers les deux femmes.
« Oh, laissez, lady Costayne. Je vais me charger des cheveux de lady Varnier. »
Clarysse ne dit rien, même si elle semblait désemparée. Elle avait l’impression d’être une poupée de vide qui devait se laisser guider vers l’inconnu.
« On vous attend toutes deux pour le déjeuner. Je dois me charger de vous préparer ma lady. » conclut-elle, en cherchant de nouveau une réponse du regard vers Clarysse. La blonde ouvrit et ferma la bouche à quelques reprises. Aucune protestation valable ne lui venait à l’esprit. Et puis, son amie était elle aussi attendue. Toutes deux n’avaient pas d’autre choix que de répondre à leurs obligations.
Servir…
« Bien… Bien. »
Elle se retourna, pourtant, brusquement, ne voulant pas laisser Elinor partir ainsi. La servante fut bousculée dans le mouvement.
« Elinor… » Elle sourit, les yeux encore rougis. « Merci. »
Puis, elle se retourna et laissa la servante faire.

« Clarysse de la Nouë, voulez-vous prendre pour époux, Ethan Varnier, devant les Sept… »
Elle était mariée et plus rien ne serait comme auparavant. Clarysse se souvint d’un jour, à Villevieille, alors que les deux amies jouaient ensemble et qu’elles n’avaient là pas plus d’onze ans. Ce jour-là, elle se souvint avoir dit à Elinor :
« Quand je serais grande, j’épouserais un chevalier puissant et j’aurais quatre enfants, trois garçons et une fille, comme mes parents. Comme Elbois, Orys, Syméon et moi. Ce sera tellement bien. La Mère me protègera pour toujours. Et toi, Elinor ? C’est quoi ton rêve ? Tu veux faire comme tes grande-sœurs ? »
Elle se souvint de la réponse d’Elinor… Cela lui arracha un sourire. Elles étaient des adultes désormais. Elles devaient tracer leur propre chemin.
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Une main de soeur
Elinor & Clarysse




☾☾ Valeur...Servir...Des mots qui devenaient de plus en plus difficiles à supporter pour Elinor. Certes, le monde était organisé d'une manière et jusque là, elle avait suivi la route qu'on voulait bien lui tracer...Mais c'était parce que ce n'était pas encore tout à fait insupportable. Si on avait décidé de la marier avec quelqu'un dont elle n'avait que faire...Elle aurait certainement fait un choix. Et franchi la barrière qui se tenait encore entre le réel et l'imaginaire.
Elle aurait fichu le camp.

-Je ne dénigre pas la valeur des Costayne… Nous, les de la Nouë, nous sommes de la même extraction que vous. Cependant, vous ne pouvez nier que vous servez votre famille, comme je me dois de servir la mienne. Vous êtes pour notre suzeraine d’un immense secours, mais si vous décidiez de quitter son service, pensez-vous seulement que vous le pourriez… les Costayne servent les Hightower, et vous servez les Costayne.

-Si servir revient à se nier soi-même, alors non, je ne sers pas les Costayne, ni les Hightower. Si ce qui était attendu de moi était si difficile à supporter, alors nous ne serions pas là à avoir cette conversation, vous et moi.

Non...Elle servait Lady Daena parce qu'elle le voulait encore bien. Elle portait des valeurs qui contrariaient sa propre vision des choses, mais c'était loin de pouvoir être qualifié d'insupportable. Donc elle restait et attendait.

Toutefois, Clarysse ne semblait pas lui donner totalement tort.

-Mais vous avez raison… j’ai l’impression qu’aucun bonheur ne nous attend dans cette logique. On nous a dirigé vers cette destinée de résiliation comme si le fait de servir notre famille nous apportera le sens de l’existence. Pourtant, je suis loin de me sentir pleine et épanouie. Je suis désolée si je vous ai fait sentir jugeante. Ce n’est pas ce que je voulais dire… Je ne vois que le destin de soumission qui se présente devant nous et cela me rend triste.

Elinor eut un sourire triste. Il y a quelques temps elles auraient pu faire changer les choses ensemble...Mais c'était désormais trop tard. Clarysse était liée aux Varnier parce qu'elle n'avait pas songé à tracer sa propre route selon sa volonté. C'était comme ça.
Et la brune trouvait que le rôle qu'avait joué son frère n'avait rien arrangé.

-Il a fait ce qu’il pouvait, je vais sur mes vingt-deux ans… Cela aurait tenu qu’à moi, je serais restée à Herbeval. Cependant, la dame d’Herbeval est sa femme, désormais, Mia… Il fallait que je parte et que je serve ma famille. J’aurais été incapable de choisir un époux. Je suis loin d’être comme mes cousines d’Hautjardin, je ne connais personne et je ne sais pas entretenir une relation. Il n’y avait que Tavish… Mais, il est fiancé… En réalité, si je change mon point de vue et que je mets hier soir de côté, Elbois a vraiment fait de son mieux.

Prenant la brosse, Elinor soupira.

-Nous vivons dans un monde infâme. Toutes ces choses qui "se font" sans se baser sur les lois sont vraiment méprisables. Personne ne semble libre de maîtriser son destin alors que cela devrait être possible...Comment évoluer dans un univers pareil?

Elle encouragea toutefois son amie en lui disant qu'elle pourrait trouver la force dont elle avait besoin en elle-même.

-Je ne sais pas…Je vais essayer.

Elinor eut un petit sourire en coin. Ça, c'était ce qu'elle souhaitait voir.

-Vous êtes extraordinaire Elinor. J’aimerais être comme vous. Vous me manquerez. Promettez-moi de m’écrire, je vous en prie. J’attendrais vos lettres avec impatience.

-J'essayerai, répondit la jeune femme. En espérant trouver le temps. Vous connaissez Lady Daena, elle est bien plus exigeante que Lady Rhea...

Déjà que depuis qu'elle était à son service ses correspondances avec ser Ashter s'étaient espacées...

-Je vous promets d’être forte et j’espère que très vite je pourrais vous annoncer de bonnes nouvelles. De plus, notre suzeraine semble très amie avec mon époux. Enfin, peut-être que nous nous verrons plus souvent qu’auparavant.

-Je l'espère.

Elle allait dire quelque chose d'autre quand la servante qui était venue la chercher se présenta de nouveau.

-Lady Varnier ? Oh, laissez, lady Costayne. Je vais me charger des cheveux de lady Varnier. On vous attend toutes deux pour le déjeuner. Je dois me charger de vous préparer ma lady.

Elle était à deux doigts de protester mais Clarysse préféra se soumettre pour elles deux.

-Bien… Bien.

Soupirant, elle lassa la brosse à la femme, retenant un regard noir. Même une chose aussi simple, elle n'était pas autorisée à le faire.
Mais elle se promit qu'un jour, les choses changeraient.

Gratifiant alors son amie d'une révérence telle que l'exigeaient les convenances, elle s'apprêta à partir. Mais Clarysse lui adressa deux derniers mots.

-Elinor…Merci.

Elle y répondit par un simple mouvement de tête avant de s'éclipser. Que pouvait-elle faire de plus?

Elle et Clarysse avaient toujours été très différentes. Même petites leurs ambitions avaient différé.

-Quand je serais grande, j’épouserais un chevalier puissant et j’aurais quatre enfants, lui avait-elle dit, trois garçons et une fille, comme mes parents. Comme Elbois, Orys, Syméon et moi. Ce sera tellement bien. La Mère me protègera pour toujours. Et toi, Elinor ? C’est quoi ton rêve ? Tu veux faire comme tes grande-sœurs ?

-Certainement pas, lui avait-elle répondu. Moi, je veux avoir une grande bibliothèque rien qu'à moi. Et pour mes amis aussi. Et je veux pouvoir vivre toutes les histoires qu'il y a dedans!

Un rêve qui était bien fou, mais cela avait été le sien. Et elle rêvait toujours de vivre autre chose, plus grand. Mieux.


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