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Blessed are the peacemakers | ft. Ashter Yarwyck

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Blessed are the peacemakers

Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

Père a recommencé à prêter de l’argent et j’ai recommencé à le récolter. Ce travail me révolte et me couvre de honte. D’une certaine manière, voler honnêtement des pauvres bougres avec mes poings et des bras armés me répugne moins que de les voler en parfait accord avec les lois des hommes.
Comme d’habitude, je rencontrerai les mêmes têtes, des fermiers malades, des jeunes filles engrossées, des amoureux transis et d’autres imbéciles assez bêtes pour croire aux termes du Roi Sauvage.
Aujourd’hui, c’est une veuve et ses deux fils.



***


« Allons-y ! »

La voix pressée, presque en colère, de Wayra avait résonné dans l’étendue verdoyante comme un ordre sans appel. À ses côtés, les hommes n’hésitèrent pas à talonner leurs montures qui s’élancèrent d’un même mouvement. Tous démarrèrent dans une symphonie de sabots sans qu’aucun autre mot ne soit prononcé.
Les langues jambes flamboyantes d’Abeyan martelaient les champs tantôt blonds, tantôt ocres. La cavalière pouvait sentir sous ses jambes le mouvement précis de chacun des muscles de la jument et pendant un instant, elle se persuada que ces mouvements étaient les siens. Cramponnée aux rennes, la Wyl regardait droit devant elle, les yeux rivés sur les trois silhouettes noires qui courraient devant eux. Leurs montures semblaient à bout de souffle. Elles vacillaient sous le poids des cavaliers qui glissaient le long des selles accrochées à la hâte. De si loin, les ombres n’avaient l’air de rien. De simples épouvantails juchés sur des chevaux fatigués. De près, aussi, finalement, songea la brune.

Finalement, le trio dû se dire que de rester ensemble n’était pas la meilleure des options. L’un d’entre eux vira brusquement sur la gauche. Wayra était désormais assez proche pour voir le destrier piaffer, surpris, mais obéir, désireux lui aussi de fuir une menace qu’il ne comprenait pas. Un coup d’œil à l’horizon lui fit comprendre ce revirement soudain. Une ligne d’arbres épaisse signalait l’entrée d’un bosquet. Malheureusement, il n’arriverait jamais à destination.

« Tirez ! » s’écria-t-elle.

Un carreau d’arbalète fusa, mais manqua sa cible de peu. Celle-ci se retourna. Wayra regarda en face la terreur se peindre sur les traits du cavalier. Ses grands yeux bleus écarquillés la toisaient, presque suppliants, avant de se refocaliser sur le chemin.
L’arbalétrier rechargea son arme. Le sifflement de l’air crevé bourdonna et l’homme tomba. Son pied retenu par les étriers l’obligea à racler le sol sur quelques mètres en hurlant avant que sa tête ne se fracasse sur un groupe de rochers.

Un homme de Wayra se détacha du cortège pour aller voir le corps. La fille du Roi Sauvage continua droit devant elle, l’archer et le soldat des Wyl sur ses flancs. Leurs chevaux commençaient à leur tour à peiner et déjà, le hongre baie de son voisin renâclait.

Un grand cri devant elle lui fit froncer les sourcils. Une des montures avait trébuché dans un trou de taupe. La femme avait volé droit devant sur deux bons mètres tandis que le cheval battait furieusement des pattes sans parvenir à se redresser. L’adolescent et dernier membre du trio s’arrêta et fit face à la horde de Wyl. Tremblant, il jeta à regard pitoyable à sa mère qui tentait de se redresser, flageolante. Finalement, il leva une main tremblante.

« Arrêtez ! » hurla-t-il en crachant de grands jets de salive. « Nous nous rend- »

La flèche avait traversé la gorge du jeune homme dans un éclat rougeoyant. Ses yeux se révulsèrent et sa tête bascula en arrière avant que son corps ne s’écroule avec un bruit mat. Il y eut un instant de silence pur, simplement interrompu par les respirations haletantes des chevaux. Puis, la veuve se mit à sangloter doucement.

Wayra sauta sans grâce du dos d’Abeyan et s’approcha de l’animal tombé qui agonisait. La pauvre créature avait les deux pattes de devant cassées. Les os blancs jaillissaient d’entre les tendons arrachés. Quel gâchis. Elle s’agenouilla en soupirant.

« Brave fille, » marmonna-t-elle tandis qu’elle enfonçait profondément son poignard dans la jugulaire de la jument.

Elle délaissa le cadavre brulant pour s’intéresser à la femme qui venait de tout perdre.

« Où est l’or ? » gronda-t-elle.

Les mots doux n’étaient pas réservés aux humains. L’autre leva le nez, toute reniflante, son visage bouffi de larmes.

« Où est-il ?! » s’impatienta-t-elle en pointant la lame rouge du sang du destrier.

Sans un couinement, elle désigna d’un geste vague les sacoches accrochées à la selle du cheval tombé. Le soldat vérifia et hocha la tête.

La veuve s’affaissa dans la poussière, le coeur transpercé par l’arbalétrier.

« Prends-en un peu, » déclara Wayra en désignant les sacoches du menton. « Et trouve-nous un paysan sans trop de scrupule pour nettoyer ça. »

La brune l’aurait bien fait elle-même, mais à trois, ils n’avaient pas fini de creuser la terre sèche pour y mettre les trois dépouilles. Elle les observa, silencieuse et dépitée. Tout ceci n'était pas une affaire de sentiment. Tout ceci n'était pas personnel. Depuis longtemps, elle avait appris que chaque mort causée par sa main ou par ses souhaits se devait d'être froide, réfléchie et nécessaire. Ces trois là n'échappaient pas à la règle. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de trouver tout ceci pitoyable.

Quel gâchis.
 

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The Dornish Charm – Part 1


- Brave to death ! -



Le Bief. Il y a de cela quasiment trois ans. Ashter n’était pas encore le chevalier de l’ouest qu’il était devenu. Il parcourait les régions de l’ouest avec son frère aîné, Arthur Yarwyck, héritier de la maison Yarwyck et futur seigneur de Bulwark. Le jeune blond arborait alors le titre d’écuyer. Il suivait son frère partout où ce-dernier allait. Il n’avait jusqu’alors jamais quitté l’ouest. Puis l’occasion se présenta. Arthur devait se marier avec une dame du Bief. C’est pourquoi ce jour-là de la lune 11 de l’an 299, Arthur et Ashter voyageaient à l’est de Corcolline. Ils découvraient le Bief et la beauté des paysages méridionaux de Westeros. Ils auraient bien aimé aller jusqu’à Dorne mais il était temps de retourner à Bulwark. Leur père les attendait. Il était conseiller de Lord Tywin et montrait à Arthur ce qui l’attendait le jour où il deviendrait Lord Yarwyck. De son côté, Ashter n’espérait pas grand-chose. Son père le détestait, son frère le méprisait. Enfin, pas tout le temps. Lors de ce voyage, Arthur avait joué le rôle de grand frère à la perfection. Il l’entraînait régulièrement, lui donnait beaucoup de conseils et essayait d’arrondir les angles sur la vision d’Ashter sur leur père. Empruntant un chemin adjacent, Ashter était perdu dans ses pensées. Il imaginait sa vie future tandis qu’au loin des voix s’élevèrent ainsi que des hurlements. Arthur stoppa son cheval et Ashter fit de même. Ils regardèrent de tous côté sans voir d’où provenait ce grabuge.

Après avoir laissé leurs chevaux près d’un arbre, le chevalier et son écuyer avancèrent en catimini vers les hurlements et voix qui s’élevaient. Plus ils avançaient, plus ils approchaient de la source de tout ce tapage. Ils arrivèrent non loin de la scène au moment où une jeune femme, semblant diriger les hommes armés, parla d’or. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Pourquoi ces pauvres gens étaient attaqués ? Ashter n’en savait rien et Arthur ne semblait pas non plus comprendre la situation. Puis la scène se passa très vite. Un homme regardait dans des sacoches qui contenaient sûrement de l’or puis la pauvre femme en larme au milieu du chemin s’écroula. Un arbalétrier situé un peu plus loin venait de lui transpercer le cœur. Ashter fut surpris et laissa échapper un bruit peu discret. Perdu pour perdu, son frère le prit par le bras, lui murmura de demeurer naturel, et ils avancèrent tous deux en direction de la femme et des hommes. Ils ne les remarquèrent pas de suite. Ashter, prenant son courage à deux mains et après avoir entendu la jeune femme demander à l’un de ses soldats de trouver un paysan pour nettoyer la route, déclara sans que l’on ne lui demande et dévoilant ainsi la présence de son frère et lui-même.

- On peut le faire si vous voulez…

Arthur le frappa à l’épaule mais il était trop tard. Les soldats s’étaient tournés vers eux, l’un rechargeant son arbalète, l’autre saisissant son épée et le troisième restant sur ses gardes. Ils attendaient sûrement un ordre de leur maîtresse à laquelle les deux frères faisaient désormais face. Autour d’eux, c’était un vrai carnage entre la pauvre femme transpercée au cœur, le cheval à terre, les autres victimes, le sang tachant le sol, les soldats menaçant. Et tout ça pourquoi ? Pour de l’or apparemment. Mais Ashter était loin d’être idiot. Il valait mieux montrer qu’ils étaient amicaux envers les assaillants que l’inverse. Arthur comprit cela et regarda son frère d’un regard fier, fier de sa vaillance et de son courage, les attributs de leur maison. Maintenant, il fallait espérer qu’ils ne se fassent pas tuer à leur tour sur cette désastreuse route perdue en plein Bief. De plus, ils ne savaient pas encore à qui ils avaient à faire bien que cela ne saurait tarder.

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Blessed are the peacemakers

Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

Je me rappelle de la première fois où j’ai accompagné Père lors d’une de ses tournées. Pas de tout, mais d’assez. Comme d’habitude, tout c’était passé entre effusion de sang et crises de larmes. L’argent prêté tombe toujours entre les doigts dépensiers ou nécessiteux de ceux qui n’ont rien. Qu’ils puissent faire fructifier durablement l’or des Wyl en peu de temps était impossible. Alors, ils en payaient le prix. Ils suppliaient, sanglotaient, menaçaient pour échapper à leur sort.
En revanche, je ne me rappelle d’aucune récolte c’étant bien finie.




***



« Bah, ça aurait pu mieux se passer. »

D’un geste sec, le soldat tenta de retirer le carreau planté profondément dans le thorax de la mère. La pointe avait transpercé le sein pour venir se ficher entre deux côtes, sans les briser. Résultat, la flèche se trouvait coincée. Râleur, l’arbalétier enrageait en maugréant tandis que son pied gauche appuyait de toutes ses forces sur le corps inanimé pour le maintenir au sol.

« Je ferai graver ça sur ma pierre tombale, » grinça Wayra en aidant l’homme.

La terrible course poursuite finie et l’adrénaline déjà évaporée de ses veines, la brune constatait le carnage, l’oeil non impressionné. La mort des deux fils était loin d’être propre. L’un avait été traîné sur plusieurs mètres, le pied bloqué dans l’étrier d’un cheval paniqué, avant de finir sa course le crâne éclaté contre un rocher. Le second, la gorgé transpercée, avait encore une expression horrifiée peinte sur le visage. Seule leur génitrice avait trépassé les yeux fermés, dans une expression de résignation muette, les larmes encore brillantes sur ses joues émaciées. Quoique, son premier fils aurait également pu mourir les yeux fermés. Mais personne ne pouvait en être réellement sûr désormais.
Mais la pauvre âme qui attristait le plus la Wyl était probablement celle du pauvre cheval qui gisait là. La pauvre bête n’était qu’une victime des hommes.

Enfin, la pointe s’arracha de la poitrine avec un grand bruit de craquement signant le fait que cette fois, les côtes étaient bel et bien cassées.

Alors que l’homme chargé d’aller chercher des paysans pour nettoyer la scène tournait les talons, une voix claire, mais peu confiante résonna derrière eux.

« Comme si nous n’avions pas assez de problèmes… » maugréa-t-elle.

L’atmosphère se tendit soudain et Wayra n’eut pas besoin de lever les yeux de la pointe du carreau pour sentir ses hommes se tourner du même mouvement vers la nouvelle menace. Avec une rapidité mesurée, l’arbalète fut rechargée et la mélodie familière du fer crissant contre son fourreau résonna. Sali, le soldat qu’elle avait aidé à déloger la flèche, se plaça d’instinct à côté de sa maîtresse.

Les deux invités malheureux s’interpellaient à coups de coude et d’épaules, comme des enfants que l’on aurait pris la main dans le sac. Au détail près que c’était eux qui avaient choisi de se montrer. Encore jeunes, trop fiers, ils arboraient des cheveux d’une blondeur aveuglante et des visages tout aussi pâles. Ce n’était pas ce à quoi ils ressemblaient qui intéressaient la fille du Roi Sauvage, mais ce qu’ils portaient. Des armures de bonnes factures, des bottes en cuir solide, des épées au pommeau lustré. Ils n’étaient certainement pas des paysans. Derechef, elle en fut méfiante. Les personnes comme celles-ci aimaient parler. Babiller comme des enfants en parlant de choses qui les dépassaient. Se faire les héros d’un honneur qu’ils étaient persuadés d’incarner alors qu’ils n’étaient guère plus que des esclaves asservis par un idéal illusoire. Des défenseurs de la loi des hommes, mensonges gravés dans le marbre pour dicter le bien et le mal.

Leur faire confiance était proscrit.

« Woh woh woh, tout doux ! » s’exclama la dornienne d’une voix forte, en appuyant la paume de sa main sur l’arbalète. « On ne va tout de même pas présenter deux nouveaux amis à notre trio… »

Elle s’avança vers les nouveaux venus, enjambant lestement les morts avant de se planter à quelques pas des deux compères.

« … n’est ce pas ? »

Sa bonne humeur apparente cachait à peine les relents de menace dans ses propos.

« Les pauvres fous ont tenté de fuir après nous avoir volés, »
expliqua-t-elle tranquillement. « Mais vous, vous ne semblez pas avoir besoin d’or, pas vrai ? Qu’êtes-vous ? De bons samaritains ? »

Le sourire amical qui étirait ses lèvres depuis quelques minutes se fana subitement pour ne plus laisser à sa place que la moue fermée et glaciale qu’elle réservait aux grandes occasions. Wayra aurait pu ne pas être intimidante, mais sa grande taille, son corps longiligne, son visage anguleux et ses yeux mauves suffisaient parfois à déstabiliser.

« Je ne crois pas aux bons samaritains. »
 

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The Dornish Charm – Part 2


- Brave to death ! -



Ashter sentit un coup de coude plus fort que les autres. Arthur semblait fâché mais aussi apeuré. Et quand Arthur était apeuré, cela n’était jamais bon signe. Il fit comprendre à son frère qu’il devait la fermer pour de bon. Faisant face aux trois individus, les deux Yarwyck ne faisaient guère les malins. Entre le soldat à l’arbalète, le second prêt à dégainer et la dame au centre à la prestance imposante qui faisait peur intérieurement au jeune Ashter à peine âgé de vingt ans. Ils se stoppèrent, à une distance plutôt raisonnable et surtout par sécurité. Les esprits ne devaient pas s’échauffer, les deux frères étaient là uniquement dans un but pacifique et non offensif. Ils espéraient tous deux que la jeune femme, qui semblait dirigeait, comprenne cela. Arthur s’avança néanmoins d’un pas et tenta de rectifier la bêtise de son frère.

- Pardonnez-nous… Nous ne voulions vous déranger dans vos affaires. Nous ne faisons que passer. Nous rentrons chez…

Arthur n’eut guère le temps de finir sa phrase que la jeune femme lui coupa la parole. Elle semblait si autoritaire, si sûre d’elle. C’en était impressionnant. Lorsqu’elle s’avança vers eux, ils eurent instinctivement un mouvement de recul mais cela fut à peine perceptible. Ashter ne mouftait pas. Arthur restait sûr de lui, qu’importe ce qui pouvait arriver par la suite. Il était prêt à se défendre et défendre son frère. Vaillant jusqu’à la mort ! Telle était la devise des Yarwyck qu’ils portèrent fièrement. Leur père leur avait toujours dit de rester fort dans n’importe quelle situation. Aujourd’hui, ils étaient dans l’une de ces situations, une situation délicate. La jeune femme leur explique que les pauvres malheureux qui gisaient au sol, baignant dans leur sang étaient des voleurs. Des voleurs d’or. Arthur et Ashter étaient clairement des nobles qui n’étaient pas en quête d’or, la jeune femme l’avait bien remarqué. Dans leur for intérieur, les deux jeunes hommes savaient que l’histoire était plus compliquée que cela mais ils n’avaient aucun envie de s’immiscer dans cette histoire. Il n’avait qu’une hâte, faire demi-tour et ne plus jamais remettre les pieds ici. Ashter n’arrivait à détacher son regards de la vieille dame. Son visage semblait paisible alors que la pauvre venait de se prendre un carreau dans le cœur. Ashter ne montra pas sa peur tout comme Arthur qui ne lâchait pas du regard la jeune femme qu’il supposait dornienne.

- Qu’êtes-vous ? De bons samaritains ? Je ne crois pas aux bons samaritains

Arthur se posa alors devant Ashter qui recula de nouveau d’un pas. Qu’allait-il leur arrivée ? Ils étaient encore une fois au mauvais endroit au mauvais moment. Faisant face aux deux soldats et la jeune femme, Arthur ne faiblissait pas. Il tenait. Sa main posée sur le pommeau de son épée, il s’avança vers elle, la toisa du regard puis déporta son regard vers les victimes à terre. Deux hommes. Une vieille femme. Un cheval. Tout ça pour de l’or. Des voleurs ? Vraiment. Même s’il ne voulait pas s’impliquer, Arthur ne pouvait renier son éducation, ce qu’on lui avait appris. Il dépassa la jeune femme, ne la toisant plus, préférant l’ignorer. Il n’était pas un bon samaritain. Arthur était juste un passant. Ashter n’était juste qu’un accompagnateur. Il sentait que son frère était monté d’un cran. Ashter, la main sur son épée, reculait de quelques pas.

Dé Arthur:

Arthur continuait sa route, vit l'arbalétrier à l'air menaçant, dégaina son épée mais ne fut pas assez rapide. Le carreau fendit l'air et alla se loger dans sa jambe, le faisant ainsi tomber à terre. Il gémissait de douleur tandis que son regard se portait sur Ashter au loin. L'arbalétrier sortit sa dague et se dirigeait vers Arthur.

- Il fallait passer votre route, gamin.

Ashter vit la scène de loin mais comprit aussitôt ce qu’il s'était passé. Il dégaina sans plus attendre et se tenait prêt. De l’autre côté, Arthur était recroquevillé par terre, se tenait même la jambe. Ashter ne savait pas quoi faire mais il fallait faire vite. En voyant le soldat approché de son frère, il lui cria de toutes ses forces.

- STOP !

Ashter dirigeait son épée sur la gorge de la jeune femme qui ne semblait pas plus choquer que cela. Le jeune écuyer en déduisit qu’elle devait mener le groupe et plus encore. Le soldat s’était arrêté et souriait regardant Arthur souffrir et Ashter tenter quelque chose de complètement fou. En désignant les trois corps sans vies, Ashter demanda alors.

- Ces gens ne sont pas des voleurs ? Ils n’en ont pas l’air en tout cas. Et vous, vous êtes qui bordel ?

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Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

La première récolte, je l’ai faite avec Sali, Aylen et Yev. Les trois hommes qui m’accompagnent toujours aujourd’hui. Nous avions tous à peine seize ans, mais eux avaient l’air plus vieux.
L’homme était un acteur aux poches percées venus d’Essos. J’ignorais comment le bougre avait atterri ici, au beau milieu de l’enfer dornien. Pauvre type ne comprenait même pas notre langue. Quelques mots bredouillées. À peine. Sais pas s’il jouait un rôle, là aussi. Ça ne lui a pas servi, en tout cas.
L’argent fut récupéré. Me demande où est l’acteur, aujourd’hui.




***


Les deux garçons continuaient à se tenir là, dans l’ombre de leurs pardons, après avoir offert leur aide. Des curieuses créatures que voilà. S’ils ne voulaient pas leur donner un coup de main, finalement, pourquoi s’étaient-ils montrés ? Wayra fronçait les sourcils, ne sachant guère quoi penser. Bien sûr, ils étaient nobles, cela elle n’en doutait pas une seule seconde. Des ongles propres, parfaitement taillés. Le visage carré, le profil fin. Les dents blanches, bien alignées. Et ces cheveux blonds, si charmants. Ils ressemblaient à deux petits princes, engoncés dans des armures et des valeurs trop lourdes pour eux.

Ils s’étaient dévoilés sans raison et maintenant, ils ressemblaient à des lièvres prêts à fuir.

Le plus jeune, le visage blême, fixait le corps inanimé de la mère de famille. Que voyait-il en elle ? Une malheureuse assassinée ? Une mère féroce ayant défendu ses petits ? Une victime terrorisée ? Certainement pas la saleté qui avait planté un couteau dans le coeur de Qorin, un homme du Roi Sauvage, avant de prendre la poudre d’escampettes avec sa sale engeance de voleurs. Elle fait emprunté. Elle connaissait la finalité d’un tel geste. Et elle l’avait tout de même fait en pensant pouvoir s’en sortir. Oui, la dornienne détestait ce genre de missions. Mais on ne volait pas impunément sa famille. On ne tuait pas impunément ses hommes. Elle était là pour faire le sale travail et elle ne se laisserait pas juger par deux blanc-becs aux idéaux écrasants.

Soudain, les deux roseaux tremblants furent pris par une sorte de transe. Le plus âgé se posta devant son cadet, main sur le pommeau, avant de s’avancer vers la brune, le pas confiant. Était-il stupide ? Ne voyait-il pas la carreau d’arbalète luire sous le soleil bieffois ? N’avait-il pas entendu le chant de la lame dornienne ? Ne sentait-il pas la présence de l'homme de main à ses côtés ? Pourquoi se sentait-il soudain prêt à attaquer ?

« Es-tu fou, garçon ? » le héla-t-elle alors qu’il continuait d’approcher. « Je ne ferais pas ça, si j’étais toi ! »

Mais l’idiot devait se sentir protégé par les Sept. Le carreau de Yev fila avant que l’acier de tinte. La pointe perça la chair avec un bruit mou, couvert aussitôt par un grognement de douleur. Il tomba comme une poupée de chiffon et ses beaux cheveux blonds furent bientôt couverts de poussière. Il ne restait plus rien de l’allure de statue du jeune homme. Ses traits harmonieux étaient déformés par la peur, la douleur et la détresse. Ses mains se tenaient fermement autour de sa cuisse, mais rien ne pouvait empêcher le sang de filer entre ses doigts. Quel gâchis, se répéta une fois encore intérieurement Wayra.

Paniqué, l’autre noble sortit à son tour son épée, se voulant menaçant. La fille de Warden souffla. Que leur était-il passé par la tête, à tous les deux ?

« Nous avez-vous vraiment attaqués parce que ces trois là ne ressemblaient pas à des voleurs ? » demanda-t-elle entre soupir et rire, complètement éberluée. Elle n’arrivait pas à en croire ses oreilles. « Nous devons-vous une quelconque justification ? »

Elle glissa un regard vers le jeune homme qui se tortillait au sol, à quelques pas de la dague de Yev qui, de l’autre main, pointait toujours son arbalète nouvellement chargée vers l’adolescent. Un sursaut et la pulpe de son doigt l’actionnait. Il lui faudrait moins d’une respiration.

« C’est une plutôt grosse veine que Yev a tapé. Il va se vider comme un cochon. Dans moins d'une heure, il finira enterré, comme les trois autres. Et tu te préoccupes de nos noms ? »

Elle haussa les épaules et leva les mains, avec un mauvais humour. Sa voix rocailleuse et brute résonnait des accents taillés au burin des Montagnes Rouges. Vraiment, elle ne saisissait pas ce qu’il se passait.

« Et moi qui croyait que nous étions les méchants de l’histoire… »

Parce que dans les yeux écarquillés du blond, c’était bien ce qu’elle voyait. Pauvre petit, la tête bourrée de bonnes idées et qui, pourtant, jugeait les faits sans les comprendre. Son compagnon les avait même attaqués sans semonce et sans vraiment de raison, mais voilà qu’ils étaient ceux drapés de noir, à l’esprit malin et au coeur sombre.

« Maintenant, pourquoi ne lâcherais-tu pas cette épée, hein ? Qu’on puisse amener l’autre bredin chez quelqu’un qui pourra s’occuper de lui ? »

Quel foutoir.
 

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Don’t be foolish !


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- Nous avez-vous vraiment attaqués parce que ces trois-là ne ressemblaient pas à des voleurs ? Nous devons-vous une quelconque justification ?

Ashter était plus que déstabilisé. La jeune femme était restée de marbre. Son sang-froid lui faisait peur. Tremblant quelque peu, Ashter tenait sa garde et ne quittait pas des yeux l’homme à l’arbalète et l’autre homme qui se tenait prêt lui aussi. Le jeune écuyer était là, sans savoir ce qu’il fallait faire. En face de lui, se tenait une femme qui l’intimidait. De loin, il voyait les deux hommes prêts à exécuter le moindre ordre donné par ladite femme. Et à terre, se tenant la cuisse, grimaçant et gémissant de douleur, son frère, Arthur, un carreau planté dans la cuisse. Cela devait être grave. Arthur était résistant. Mais là, c’était grave. Ashter venait de faire un pas en avant, discret, tenant son épée tant bien que mal, tandis que la jeune femme dont il ne savait toujours pas le nom faisait constater au jeune blond la gravité de la blessure.

- C’est une plutôt grosse veine que Yev a tapé. Il va se vider comme un cochon. Dans moins d'une heure, il finira enterré, comme les trois autres. Et tu te préoccupes de nos noms ?

- Je… Non… Arthur ? Ça va ?

Quelle naïveté ! Ashter avait peur. Il voyait bien que son frère n’allait pas bien. La jeune femme avait raison. Il avait été stupide de se préoccuper de qui étaient ces personnes. Aussi, lorsqu’elle lui demanda s’il ne ferait pas mieux de laisser son épée et s’occuper de son frère, Ashter ne se fit pas prier. Il rengaina, qu’importe ce que pouvaient faire ces hommes. Il se rua sur son frère, relevant quelque peu sa tête. Arthur le regardait et reconnaissait ce regard. Mais il était hors de question de laisser son frère aîné ici, blessé et à la merci de ces trois inconnus plutôt violents. Ashter prit alors son frère par le bras, le fit s’appuyer sur lui et l’aida à se relever. Le chevalier blessé s’aida de son épée pour se tenir debout. Cela était très douloureux pour lui et il n’était pas sûr de pouvoir rester dans cette position bien longtemps. Ils firent à peine deux pas avant qu’Arthur ne s’écroule à terre, hurlant de douleur et mangeant la poussière. Ashter se tourna alors vers la jeune femme, son visage triste, apeuré, conscient qu’au moindre faux pas, ils finiraient tous deux comme ces trois pauvres victimes et ce pauvre cheval.

- Je crois que nous sommes partis du mauvais pied…

Le chevalier qu’Ashter était devenu trois ans après cette mésaventure n’avait rien à voir avec l’écuyer qu’il était à ce moment-là. Arthur lui avait appris bien des choses mais il avait encore tellement à apprendre. Tout peureux mais gardant un semblant de calme et de sérénité. Le regard bien plongé dans celui de la jeune femme, Ashter implora son aide.

- Aidez-nous… Aidez mon frère, je vous en prie. Nous saurons nous faire pardonner cet acte stupide. Comme vous avez pu le remarquer, nous sommes nobles. Nous avons de l’or.

- Ash…

Ashter sentit le regard de son frère sur lui et ce malgré le fait qu’il soit à terre, souffrant. Mais Ashter pensait à la survie de la lignée de Weslar Yarwyck. Il pensait à la survie de son frère, Arthur, si précieux pour leur père. Il était hors de question qu’il meurt ici, dans un trou paumé du Bief, un carreau dans la jambe. Il porta son regard sur son frère. Il ne pouvait pas le laisser là. Dans son regard, le jeune écuyer de l’ouest fit comprendre à son frère qu’il savait ce qu’il faisait, qu’il devait lui faire confiance. Il reporta alors son attention sur la jeune femme et réitéra sa demande.

- S’il vous plaît ?

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Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

Aylen a été blessé. Salement. Grièvement. Il a les yeux injectés de sang et sa gorge est barrée d’un long filet sanguinolant. Le guérisseur a recouvert la plaie d’un tissu déjà rouge. Il a failli perdre ses doigts en essayant d’arracher la corde pour respirer. Aujourd’hui, le mestre a affirmé qu’il ne parlerait plus jamais.
J’ai tué son agresseur. De mes mains. Je l’ai assommé avec un tabouret et je l’ai noyé dans l’auge de ses porcs. C’était ça ou mourir. Je préfère son sang sur mes mains que le mien. Que celui d’Aylen. Elles tremblent un peu, mes mains. Mais pas pour longtemps.
Comme tout, ça finira par guérir.



*


Les gémissements du jeune homme n’arrêtaient pas. Il avait beau se mordre les lèvres jusqu’au sang, rien ne pouvait empêcher les couinements désespérés de s’échapper de sa gorge. Même un chien blessé avait plus d’allure. Wayra ne savait toujours pas ce qu’il avait tenté de prouver, mais elle était folle de rage. Deux inconnus avaient tenté de les attaquer. Comment pouvait-elle laisser passer cela ? Elle aurait bien abandonné le chevalier à son titre sort et servi le même destin à son cadet. Ils l’avaient eux-mêmes demandé. On ne provoquait pas les Wyl ainsi ! Elle pouvait la sentir, la colère, la même que celle de son géniteur, celle qui brûlait les veines de tous les membres de la famille de la vipère noire. Certains refusaient de se soumettre à elle, mais la brune, elle, avait embrassé sa nature depuis bien longtemps déjà. Ses poings se serrèrent et sa vision se rétrécit pour se focaliser uniquement sur le gamin encore debout.

Il était visiblement paniqué. Ses yeux bleus courraient sur tous les visages, à la recherche d’une explication. Il n’en aurait aucune car il était le seul détenteur de la réponse. Il semblait l’ignorer ou se voiler la face en se persuadant que ce qui arrivait était de la faute du trio. La fille du Roi Sauvage aurait aimé les lui arracher, ses yeux. Cela le rendrait peut-être plus philosophe. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer son jeune âge. Ce n’était qu’un gamin. Et elle n’avait pas pour habitude de martyriser des enfants.
Sa voix tremblante de peur leur apprit le nom du blessé. Ils avaient l’air proches et Wayra n’aurait pas été étonnée de les découvrir frères. Peut-être les deux uniques rejetons d’un lord bieffois.

Enfin, l’urgence de la situation et la dernière proposition de la dornienne eurent raison de la pitoyable attaque du garçon. Il rangea sagement son épée dans son fourreau et se précipita vers son compagnon. Toujours sur la défensive, les soldats se détendirent au signal de la jeune femme. L’adolescent ne leur ferait aucun mal. Ils essayèrent de se redresser, mais la tentative resta veine, se soldant par un retour dans la poussière. Arthur hurla de douleur. A ce rythme-là, il ne faisait que rapprocher le moment de sa rencontre avec l’Etranger.

Le gamin leva ses grands yeux azurés vers elle, comme un animal quémandant un morceau de pain. Elle le toisa, toujours rongé par l’ire, hésitant entre la raison et les poings.

« Ce n’est pas peu dire ! » grimaça-t-elle. « Et maintenant nous devons vous aider alors que vous vouliez nous tuer ? »

Encore une fois, la possibilité de les laisser là, à crever au milieu de nulle part l’effleura. Elle n’en éprouverait aucun remords. Ils ne seraient que deux morts de plus accrochés à ses chevilles. Ils ne pèseraient pas plus lourd que les autres. Et dans quelques heures, elle aurait oublié leurs visages.
Mais ils étaient nobles. Si cela n’avait pas vraiment d’importance pour elle, elle savait que son père saurait tirer profit de cette information. De quelque manière que ce soit.

« Je me fiche de votre or. Nous n’en avons pas besoin. »

Après tous, les diverses activités des Wyl rapportaient. Que cela soit la vente et la course de chevaux, les prêts sur gage ou les mystérieuses missions des Anjomans. Ils n’avaient pas besoin de piécettes. Ils n’avaient besoin de d’influence, de réputation, de crainte et de respect. Mais ces derniers allaient de pair chez les Wyl.
Le gamin était insistant. Mais la brune avait déjà décidé d’accepter sa demande.

« Nous vous aiderons. Rappelle-toi seulement pour le moment que tu nous dois quelque chose, garçon. »

Elle se tourna vers Aylen, Yev et Sali qui n’avaient pas bougé d’un pouce.

« Sali, prends l’or et va nous trouver des paysans. On doit toujours nettoyer ça. Aylen, Yev, avec moi. On va chez le vieux. »

Ils acquiescèrent sans un mot. Sali grimpa sur son étalon et disparut dans un nuage de saleté pendant qu’Aylen, Yev et Wayra aidèrent le blessé à se lever. La Wyl siffla Abeyan qui s’approcha en trottinant. Elle chargea Arthur sur sa croupe alezane, son sang tachant ses vêtements. Il avait beau être jeune, il pesait plutôt lourd avec son armure ouvragée. Sa jument n’apprécierait pas.

« Et tiens-moi bien ça veux-tu. Ça ne servira à rien qu’on fasse tout ça et que tu meurs en chemin, » ordonna-t-elle d'une voix brusque en lui montrant sa cuisse.

Du menton, elle désigna le petit frère avant de le bousculer sans ménagement vers le soldat.

« Tu grimpes avec Aylen. Yev, suis-nous en guidant les deux autres chevaux. »

Dans tout ça, ils avaient également gagné les montures du trio qui gisait, toujours étendu là. Ils ne feraient pas de bons chevaux de guerre, ni de course, mais ils travailleraient bien pour les paysans aux alentours de Wyl.

Wayra se hissa sur son destrier qui s’ébroua sous les plaintes du blond. Elle la rassura d’une caresse sur l’encolure et d’une gentille parole avant d’engager la marche.

Derrière eux, les corbeaux qui avaient patiemment attendus s’approchèrent des macchabées.

 

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Save him and I’ll do everything you want – Part 1


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- Et maintenant nous devons vous aider alors que vous vouliez nous tuer ?

Tremblant, aidant son frère à maintenir une pression sur la blessure, Ashter se disait qu’ils auraient mieux fait de ne pas suivre le bruit qu’ils avaient entendu plus tôt. La question rhétorique de la jeune femme était légitime. Arthur avait fait une énorme erreur en attaquant l’un des soldats. Quel idiot ! Ashter l’était également. Proposant de l’or, il voyait bien que la femme n’en avait nul besoin. Retenant ses larmes, redressant son frère vacillant, Ashter attendait une main tendue. Il espérait que son âge joue en sa faveur. L’erreur est humaine. Étaient-ils de simples exécuteurs ou avaient-ils un cœur ? Avait-elle un cœur ? Le jeune écuyer le souhaitait tellement. Il était prêt à faire n’importe quoi pour se faire pardonner, quitte à les suivre dans leur contrée et devenir la pupille d’un quelconque seigneur du Sud en guise de réparation. Ashter avait le sens de la responsabilité et ce, grâce à son frère.

- Nous vous aiderons. Rappelle-toi seulement pour le moment que tu nous dois quelque chose, garçon.

- Merci ! Je ne l’oublierai pas, ma Dame. Je vous le promets.

Que les Sept soient bénis. Ils allaient aider les deux Yarwyck. Ashter ne savait pas trop où se mettre mais ne quittait aucunement des yeux son frère dont la jambe le faisait atrocement souffrir. La jeune femme lui fit tenir sa jambe avec force. Il ne fallait pas qu’il meurt. Il ne faut pas qu’il meurt. Ashter ne saura annoncer cela à Weslar et sa mère. Ils seraient anéantis en plus de savoir que le jeune écuyer deviendrait héritier. Cela ne devait pas se passer comme cela. Aylen. C’était le nom du soldat avec qui Ashter chevaucherait. À la bonne heure… Ils étaient tous parés. Ashter laissa son regard se poser sur les victimes gisant encore au sol, leur regard d’effroi le terrifiant à son tour. Où allaient-ils désormais ? Aucun des deux frère Yarwyck ne le savaient. Ashter avait peur. Arthur pressait de toutes ses forces sa blessures. Les deux frères s’étaient mis dans un sacré pétrin. Il entendit alors les corbeaux se ruer sur les cadavres. Ils devaient attendre depuis un moment. Les chevaux avancèrent. Ashter le savait. Ils allaient croiser leur monture un peu plus en amont de la route qu’ils prenaient. Peut-être pourront-ils les récupérer. Le jeune écuyer de l’ouest adorait son cheval. Il l’avait eu en cadeau par sa mère pour son dixième anniversaire.

- Ashter… Les chevaux… Ash… As…

Arthur peinait à parler, tentant constamment de bien maintenir la pression sur sa blessure sanglante. Ashter le regardait avec peine lorsqu’il entendit son cheval au bord de la route. Il descendit alors de la monture de cet Aylen et alla détacher ses deux chevaux. Étant toujours debout lorsque ce fut le cas, Ashter comprit qu’on l’avait laissé faire. Il porta alors un regard à la jeune femme, un regard non plus de peur et de défi. Ses chevaux étaient précieux alors il prendrait le temps de les détacher et les emmener avec eux. Il monta sur son cheval et fit suivre celui d’Arthur derrière lui. Se calant aux côtés de la jeune femme et d’Arthur, il redevint intimidé. Il n’avait jamais vu une femme telle que celle qui se tenait à ses côtés. Elle était forte, impressionnante, au caractère bien trempé. Elle savait ce qu’elle voulait et savait faire obéir qui elle voulait. Il en était presque impressionné, admiratif. Puis, il se rappela qu’il lui était redevable et qu’elle était dangereuse, en témoigne les trois corps qu’ils avaient laissé derrière eux. C’est quelques mètres plus loin qu’Ashter se décida à briser le silence, ne pouvant plus demeurer dans l’ignorance.

- Où nous emmenez-vous, dame.. ?

C’était une seconde invitation pour se présenter en plus d’obtenir l’information de leur destination. Arthur était au plus mal, valait mieux que la destination soit proche. Ashter ne connaissait aucunement les alentours mais quelque part au fond de lui, il avait envie de faire confiance à cette femme. Il espérait juste ne pas se tromper...

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Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

J’ai emmené Worian pêcher pour rendre service au mestre. Le garçon a dû mal à se concentrer et toute l’énergie qu’il a ne se canalise pas sur ses études. Peux pas le blâmer. Étais pas bien différente.
Worian est un bon garçon, un peu rêveur, sous cette carapace. Un garçon avec une famille qui l’aime. Même si elle ne le montre pas vraiment. Je me demande s’il trouvera ce que nous cherchons - la paix et la vérité loin de toutes ces absurdités et de tous ces mensonges. Si c’est ce que nous cherchons toujours ? Sais pas si c’est un nouveau développement. Suis pas sûre de me reconnaître aujourd’hui.



*


Les sabots d’Abeyan s’enfonçaient dans la terre meuble au rythme de son galop, comme un écho lointain de sa course-poursuite mortelle. Mais là où il y avait peu, les renâclements de la jument étaient synonymes de mort, ils étaient désormais porteurs de vie. Les soupirs de douleur du blessé accroché sur sa croupe étaient bien là pour le leur rappeler. En jetant un oeil par dessus son épaule pour surveiller le blond, elle l’entendit siffler quelques mots à son compagnon. Comme pour lui répondre, un hennissement résonna, à quelques mètres d’eux. Instinctivement, Wayra ralentit et les soldats l’imitèrent. Étaient-ils plus de deux ? Sa main se glissa vers la dague où, dans la lame fendue, se trouvait le venin de mamba noir. Elle n’aurait qu’à effleurer la chair de la victime pour que son destin trouve un point final.

Le plus jeune du duo se jeta à terre et l’arbalétrier s’arma derechef, la pointe de la flèche luisant sous les rayons jaunes du soleil. L’imbécile se faufila dans des fourrées pour en ressortir avec deux montures. La brune nota qu’elles étaient d’un tout autre niveau que ceux fraîchement récupérés. Les chevaux lui plurent. L’attitude du garçon, beaucoup moins. N’avait-il donc rien compris ? Ne voyait-il pas qu’il était toujours en danger ? Croyait-il qu’il avait amadoué Wayra avec ses grands yeux bleus remplis de larmes ? Encore une fois, une bouffée de colère l’envahit. Pire, il osait lui tenir tête en la toisant, presque fier de lui. Aylen aurait pu tirer. Pour la deuxième fois en l’espace de quelques instants, il aurait pu le tuer de sang-froid. N’avait-il donc pas peur ? Seuls les fous et les idiots n’avaient pas peur. Wayra ne savait pas encore dans quelle catégorie ranger le nobliau. Si une telle audace aurait pu plaire à certains, la Wyl n’était pas de ceux-là. Sa bêtise leur faisait perdre du temps. Derrière elle, Arthur continuait de se vider.

L’adolescent grimpa sur son destrier et se rangea bien sagement à côté d’elle. Envolé le semblant de courage inutile. Et tout ça pour quoi ? Les doigts effleurant toujours sa dague, elle finit par la saisir et la sortir de son fourreau en argent lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui demander où ils allaient.

« Tu vois la fissure, là ? » lui demanda-t-elle, les dents serrées. Son index glissa le long du métal sans un bruit. « Ce qu’il y a dedans pourrait te tuer. Aylen pourrait te tuer. Yev pourrait te tuer. C’est la dernière fois que tu t’amuses à nous fausser compagnie. »

Elle lui rendit son regard, un regard mauvais qu’elle n’agrémenta d’aucune expression. Elle aurait pu ressembler à son père si elle n’avait pas eu les yeux mauves de sa mère.

« Tes chevaux, nous les prendrons. Et ne considère pas que cela paie ta dette. »


Elle enfonça ses talons dans les flancs bruns d’Abeyan qui allongea le rythme et donna la cadence à la troupe. Tant pis si les soubresauts faisaient souffrir Arthur. Elle avait promis de les aider, pas de sauver le mourant. Et s’il crevait avant qu’ils arrivent, le petit n’aurait qu’à l’enterrer par ici et s’estimer heureux de ne pas être mort lui aussi. Voilà le cadeau qu’elle lui faisait.

La question resta en suspens jusqu’à ce qu’ils parviennent à une petite ferme isolée, dormant au creux d’un vallon verdoyant. Aux alentours, des moutons et des vaches paissaient sereinement, avec une lenteur nonchalante, tranchant avec la nervosité des cavaliers. Le bruit de la course alerta un groupe d’enfants qui hésitaient entre la curiosité et la peur. Ils optèrent pour la dernière lorsqu’ils aperçurent la Wyl arriver, sa robe de lin beige tachée de sang. Une petite fille déguerpit en hurlant, attirant hors de la maison un vieil homme. Son visage se ferma lorsqu’il reconnut la fille du Roi Sauvage.

« Toujours en bonne compagnie… » grinça-t-il. « Qu’est-ce-que tu veux ? »

« Ton aide. »

La requête, simple et humble, le fit sourciller. Il s’approcha, suspicieux. Dans son dos, un autre homme sortit de la grange, fourche en main. Wayra remarqua tout de suite la ressemblance entre les deux fermiers. Il allait parler, mais son père lui trancha la parole :

« Ferme-la Denys et viens plutôt me donner un coup de main ! »

L’autre obéit sans oublier de jeter un regard belliqueux à la Wyl. Celle-ci leva les yeux au ciel. Elle jouait les bons samaritains et voilà comment elle était accueillie ! C’était un comble !

Les paysans descendirent Arthur du cheval sans trop de manière. Aylen les aida et ils disparurent tous les trois dans l’antre de la demeure. Wayra mit pied à terre après avoir passé sa main dans les crins roux de la jument. Les enfants, cachés derrière des ruines de muret les observaient, fascinés. Elle les ignora.

« Descends de là, » demanda-t-elle au garçon. « Il en a pour un moment. »


 

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Save him and I’ll do everything you want – Part 2


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- Tu vois la fissure, là ? Ce qu’il y a dedans pourrait te tuer. Aylen pourrait te tuer. Yev pourrait te tuer. C’est la dernière fois que tu t’amuses à nous fausser compagnie.

Voilà qui était clair. Ashter ne détourna pour autant pas le regard. La jeune femme l’énervait de plus en plus et il essaya de le cacher. Il voyait que son frère souffrait, à moitié conscient. Il savait que si elle les avait voulus morts, ils le seraient tous les deux depuis longtemps. Les deux se toisaient du regard. Ashter se savait dans une situation plus que délicate et la vie d’Arthur dépendait maintenant de lui.

- Tes chevaux, nous les prendrons. Et ne considère pas que cela paie ta dette.

Si cela pouvait lui faire plaisir, Ashter se moquait bien de ces deux chevaux. Certes, ils étaient leurs montures depuis quelques lunes maintenant mais il y en avait bien d’autres dans l’Ouest, ne serait-ce qu’à Bulwark. Si elle voulait prendre les chevaux, Ashter les lui donnerait volontiers. Mais en attendant, il voulait que son frère puisse survivre. L’idée même de rentrer à Bulwark sans son frère l’angoissait. Annoncer à son père, Lord Weslar, la mort de son héritier, son fils préféré. Annoncer à son père qu’ils ont été deux idiots et qu’ils se sont attirés des ennuis qui causèrent sa mort. Ashter angoissait à cette idée. Il angoissait également à l’idée de devenir lui-même l’héritier. Il fallait qu’il s’y attende tant que son frère n’aurait pas d’enfant. Mais il ne voulait pas le devenir car son frère était mort. Il se tortura l’esprit tout le long de la route jusqu’à ce qu’ils arrivent chez un fermier. Ashter était distrait et ne fit pas attention au dialogue entre la jeune femme et le fermier. Son frère fut alors emporté à l’intérieur, sûrement pour être soigné. En tout cas Ashter l’espérait. Et tandis qu’elle lui demanda de descendre de son cheval, Ashter priait les Sept de lui rendre son frère vivant.

Le jeune écuyer descendit de son cheval et observa les alentours. Il admirait le paysage. Il adorait voyager et il aimerait faire le tour de Westeros un jour. Il avait envie d’évasion et de pouvoir visiter toutes les régions des Sept Royaumes et même celles d’Essos. Il reporta son attention sur la jeune femme et l’observait. Elle n’était guère aimable ni avenante. Cela pouvait se comprendre face à deux hommes de l’Ouest débarquant en plein milieu de leurs « affaires » et les menaçant. Arthur avait toujours ce côté hâtif. Ashter était plus réfléchi mais plus jeune. Il avait encore ce côté naïf qui lui allait si bien. La toisant du regard, le silence s’était installé entre eux tandis qu’à l’intérieur, le fermier s’attelait à sauver le jeune chevalier. Il avait perdu beaucoup de sang mais il avait bon espoir. Dehors, Ashter semblait gêné. La dame n’était pas ouverte à la discussion et le jeune Yarwyck ne voulait pas donner une autre occasion de se moquer de lui. Cela dura de longues minutes. Ashter attendait en silence dans son coin sous le regard des hommes de la femme autoritaire. Il avait sorti son carnet et dessinait l’horizon, la ferme ainsi que la jeune demoiselle qui se tenait non loin d’eux et qui se cachait. Il s’agissait sûrement de la fille du fermier. Les secondes devinrent des minutes. Les minutes semblèrent des heures. Dans tous les cas, le temps passait et il passait lentement. Ashter terminait son dessin accompagné d’un poème lorsque le fermier ressortit de la bâtisse. Le jeune écuyer n’attendit pas qu’il arrive à leur niveau, ni que la jeune femme ne lui demanda quoi que ce soit.

- Il est vivant ? Mon frère est vivant ?

- Jeune homme, votre frère l’a échappé belle. Vous pouvez remercier la Dame de nous l’avoir apporté. Il vivra.

Et Ashter courut, rentra dans la ferme et se rendit auprès de son frère. Il était vivant. La lignée Yarwyck était sauve. Arthur Yarwyck était vivant et son frère était fou de joie. Voilà un problème réglé. Il ne put lui parler, son frère étant encore inconscient mais il respirait et il lui fallait du repos. Il ressortit et fit alors face à la dame dont il ne savait toujours pas le nom. Il prenait une posture plus assurée. Il ne voulait pas se défiler devant elle mais il voulait également montrer sa gratitude. Il sortit son épée, doucement pour que ses hommes ne prennent pas cela comme une menace, s’agenouilla à terre, plantant son épée dans le sol.

- Ma Dame, au nom de la maison Yarwyck de Bulwark, je vous remercie de nous avoir mené jusqu’ici, afin de permettre à ce fermier de sauver mon frère. Je vous dois des excuses pour ce que mon frère a tenté de faire plus tôt. Nous vous serons redevable à vie.

Ashter savait ce qu’il faisait. Il savait que cette femme avait encore le pouvoir de les faire tuer. Il espérait juste qu’elle se montre clémente face à deux jeunes nobles. Il espérait qu’elle voit en Ashter, un écuyer naïf certes mais intelligent et sincère. Il venait de lui offrir son épée, il savait ce que cela signifiait. Et même si elle avait été désagréable avec eux, elle avait permis à Arthur de survivre, et ça, Ashter ne l’oublierait jamais qu’importe ce qu’elle faisait, qu’importe qui elle était.

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Est de Corcolline, an 299, lune 11, semaine 4



Ashter Yarwyck & Wayra Wyl

Le diable savait ce qu’il se passait dans l’obscurité mystérieuse de la vieille ferme. Le vieux était connu pour ses talents de guérisseurs, certes… mais il n’était pas certains que ceux-ci plaisent aux Sept. Si Wayra n’en avait jamais rien eu à faire, la mention de cette énergumène au sein de la maisonnée Wyl faisait toujours pâlir le mestre, bien que celui-ci n’osait jamais piper mot. Il était d’une part vexé que l’on fasse appel à ce mauvais bougre plutôt qu’à lui, mais il désapprouvait également silencieusement les pratiques peu religieuses de cet homme des Montagnes Rouges. Un chamane, un sorcier, un charlatan… On lui donnait bien des noms et lui ne se définissait jamais de la sorte. Comment se considérait-il d’ailleurs ? Le monde devait bien l’ignorer. La brune le connaissait depuis qu’elle était née. Toujours dans le paysage, à une distance de sécurité pour se préserver de l’influence mauvaise des vipères noires tout en gravitant autour pour bénéficier de leur protection. C’était lui qui avait sauvé Aylen lorsqu’il avait manqué de se faire trancher la gorge alors que le fidèle aux Sept s’était contenté d’affirmer que tout était fini. Alors, depuis, l’aînée du Roi Sauvage faisait plus confiance au vieux qu’au religieux. Seulement un imbécile se serait entêté à confier sa foi dans l’incompétence. Peu importait les moyens utilisés par le sorcier. L’important était qu’il était efficace et ne posait guère de questions. Wayra n’avait jamais assisté à une de ces séances mystiques. Ce monde-là ne l’attirait pas et sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, elle s’en méfiait un peu. Son départ des montagnes pour le Bief – à cause de ses rhumatismes que la chaleur étouffante n’arrangeait en rien – l’avait éloigné de la famille malfamée. Mais enfin, le destin semblait le rattraper aujourd’hui.

Du coin de l’œil, elle observait les deux nouveaux chevaux qu’elle avait gagné sur la route. De belles bêtes, pensa-t-elle. Plus lourds que les pur-sang de Père. Ceux-là, nous ne les donnerons pas aux paysans. Elle remarqua que le blondinet la toisait et elle lâcha un soupir imperceptible. Son air contrit lui donnait l’air d’un vieux pruneau. Il semblait hésiter entre parler et se taire. Il opta pour la dernière option. La première décision louable qu’il eut prise depuis leur rencontre catastrophique. Finalement, peut-être avait-il un peu de jugeotte. Contente de ce silence, les lèvres de Wayra demeurèrent scellées tandis qu’elle réfléchissait déjà au chemin du retour.

Après un petit moment, il dégaina un petit carnet et se mit à gribouiller. Cette fois, l’attention de la brune fut saisie. Elle se désintéressa des montures et zieuta discrètement sur le journal. De voir quelqu’un d’autre s’atteler à une de ses activités favorites réveilla en elle l’envie brutale de dessiner à son tour, mais elle s’abstint. Les yeux maintenant rivés vers les collines vertes, elle attendait une attaque impromptue. Ils faisaient de beaux gibiers ainsi arrêtés, farcis d’or et de chevaux. Les soldats l’avaient bien compris et eux aussi restaient sur le qui-vive.

Finalement, le fermier sortit en s’essuyant les mains dans un torchon répugnant. L’adolescent n’attendit même pas qu’il ouvre la bouche et se précipita, tout en questions et en urgence. Son frère était sauvé, apparemment. Wayra n’en éprouva ni joie ni étonnement. Encore une fois, le chamane avait accompli sa besogne. Le petit s’engouffra dans la maison.

« Merci le vieux, » dit-elle simplement.

L’autre haussa les épaules.

« Quelle mouche t’a piqué ? Venir en aide à des gamins, comme ça ? »

Il paraissait vraiment surpris. Le visage de Wayra se fendit d’un sourire, le premier depuis un petit moment.

« Tu me vexes ! » grinça-t-elle. « Tu ne crois pas que j’ai un cœur ? »

Mais le grand-père n’était pas dupe. Il secoua la tête et ne répondit rien.

« Qu’est-ce que tu veux en échange de tes services ? Un canasson ? J’en ai à revendre. Choisis. »

Naturellement, il mit le grapin sur le cheval le plus trapu, celui d’Arthur. Wayra fit un geste de la main, lui indiquant qu’il pouvait y aller.

Sortant comme il était entré, le petit noble s’avança vers Wayra à grandes enjambées, le visage sérieux et l’air important. Les sourcils épais de la jeune femme se froncèrent. Allons, qu’allait-il inventer maintenant ? S’agenouillant, il lui proposa sa servitude le temps que la dette soit payée. La Wyl éclata d’un grand rire.

« Allons, allons, pour un peu je pensais que tu me faisais ta demande ! Allez, relève-toi. »

Elle le saisit par l’aisselle pour l’aider à se redresser.

« Remercie donc le vieux, il y est pour quelque chose dans la survie de ton frère, lui aussi. »

L’intéressé hocha humblement la tête et déjà ses yeux cupides se promenaient sur la ceinture du jeune noble, en quête de ce qu’il pourrait demander. Décidemment, le cheval ne suffisait pas.

« Pas besoin d’autant de cérémonie, Ashter, c’est ça ? Rappelle-toi uniquement d’une chose. »

La bonne humeur apparente qui semblait s’être emparée d’elle se fana.

« La maison Yarwyck doit une dette à la maison Wyl de Wyl, » répéta-t-elle. « Moi, je n’oublierai pas. Mais je crois que tu as bien compris. »

Et Westeros tout entier savait comment la maison Wyl agissait lorsqu’une dette n’était pas payée, lorsqu’un affront méritait rétribution. Le jeune garçon ne devait pas l’ignorer.

« Aylen, Yev, allons-y. Nous avons trop tardé. Sali doit nous attendre. »

Après un dernier regard pour le duo, elle grimpa sur Abeyan et les Wyl disparurent dans les champs dorés où, cette fois, aucun sang ne coulait.  



 

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