[FB] Pirates !

L'automne tombe.

Jacaerys eût du mal à croire les paroles de William alors qu'un soleil éclatant tombait sur le Détroit. Posté sur le château arrière auprès de son timonier, le jeune chevalier ne voyait qu'une mer calme et un ciel aussi bleu, dénué de nuages. Son expérience en tant que marin lui disait qu'au contraire les prochains jours seraient beaux. Le valois se posta à côté de lui et montra du doigt la formation d'oiseaux qui prenaient leur envol depuis les hautes falaises des Terres de l'Orage. Les hirondelles partent au sud dans les derniers moments de l'automne. Le Val s'en trouve presque trop calme lorsqu'elles se taisent l'hiver mais au moins elles fournissent un bel indice.

Si tu le dis. répliqua Jacaerys en jetant un regard aux vents dominants. Les souffles du nord se faisaient de plus en plus nombreux ces dernières semaines et les tempêtes se rapprochaient. L'enfer de la nuit quasi-continuelle de l'hiver arriverait bientôt sur les mers du monde, secouées par les ouragans. Il n'était pas sûr d'avoir l'année. L'automne leur était tombé dessus et ne durait généralement pas d'après Tobias, le mestre fraîchement débarqué au service de son père. Ce dernier avait envoyé son fils à la tête d'une dizaine de navires voguaient dans les Degrés de Pierre. Aux yeux de l'amiral de Lamarck c'était maintenant qu'il fallait déloger les pirates lysiens et autres ordures fer-nés pour qu'ils ne puissent hiverner sur place.

L'escadron de Jacaerys était simple : le Vermax, cette magnifique nef sortie trois ans plus tôt des chantiers navals de Lamarck, deux cotres ainsi qu'un dromon, équipé d'un éperon de bronze massif qui n'avait rien à envoyer aux Ghiscari. Le chevalier avait envoyé les deux un-mâts en avant pour repérer les environs, et s'échapper aisément en cas d'attaque, tandis qu'il poursuivait sa course aux côtés de la galère. Son navire-étendard n'avait qu'une partie de ses voiles lâchées et les soldats dormaient dans un coin ou s'entraînaient. Il n'y avait pas de risque à se voir attaquer si près des côtes d'Accalmie, aussi Jacaerys avait-il laissé une certaine amplitude aux hommes.

Cela ne l'empêchait pas d'être à l'affût lorsque la vigie en haut du grand-mât le héla. L'homme indiquait vaguement le large et le capitaine tourna la tête. Il aperçut alors une large caravelle, presque aussi grande que le Vermax, si ce n'était plus haute, à l'assaut d'une galère marchande. Un boutre de taille réduite harcelait les flancs du navire au pavillon de Pentos. Jacaerys sentit son sang ne faire qu'un tour. Des pirates ? Dans les eaux même du souverain des Terres de l'Orage, sous la protection des Sept Couronnes ! Un affront qu'ils payeraient du sang !

William, faites sonner la cloche ! Au combat ! Au combat ! s'écria Jacaerys tandis que le valois se dirigeait droit vers la lourde cloche marquée du nom du navire, une innovation importée de Braavos. Au son grave du bourdon, les hommes s'animèrent soudainement. Les marins se jetèrent dans les gréements, certains équipés d'arcs et d'arbalètes, tandis que les soldats remontaient sur le pont passerelles et autres grappins. Une lourde échelle de corde fut jetée à tribord. Jacaerys se tourna vers son timonier et lui ordonna : Toutes voiles dehors, je veux que tu m'emboutes ce criminel par l'étrave tribord. Claques-lui le flanc ! William, sors le miroir et fit signe à l'équipage du Argent-Azur de couler le cotre ! Il a l'avantage de la vitesse pour lui.

Jacaerys jeta un regard arrogant devant lui et lâcha simplement un humble : Pirates !

[Je tire aux dés pour savoir l'emboutement ou non du navire   ]

Malheur !

Jacaerys observa avec horreur une rafale frapper de travers le Vermax. Les voiles, gonflées à bloc, chavirèrent l'espace d'une seconde et le gréement geignit lourdement. La caravelle changea de cap malgré les grands coups de gouvernail du timonier et le beaupré ne fit que frôlé la coque adverse. Une huée monta du pont et des hommes assoiffés de sang. Jacaerys se contenta de jurer. Il ajusta sa lourde cotte de maille, regrettant ne pas porter sa plate complète et s'avança au bord de son château. Comme il s'y attendait, le capitaine fer-né s'avança pour la traditionnelle ronde d'insultes propre à toute bataille navale. Mais Jacaerys n'était pas d'humeur à cela.

Le Ferrant pu avoir pitié du beau travail de votre navire pirate ! Mais le guerrier donnera la force à notre bras ! Hardi les gars, montrez à ces chiens de mer que ce qui est mort de nos mains reste mort ! Hardi !

Aux ordres de Jacaerys, William relança la cloche alors que les contremaîtres et bosco hurlaient des invectives aux marins et aux soldats. Plusieurs d'entre eux apportèrent de grands écus pour protéger les arbalétriers tandis que les archers déjà postés dans le gréement hérissaient le pont adverse. Le chevalier recula pour éviter une volée et attrapa un espar pour se protéger. Une flèche ne tarda guère à s'y planter dans le son caractéristique de la frappe. William surgit à ses côtés, vêtu de sa lourde plate, et jeta un bouclier à Jacaerys qui sourit. Agenouillé derrière, le chevalier hurla des ordres tandis que son compagnon attrapait un grappin et le jetait. L'effet de surprise et le choc de l'assaut ayant échoué ils devraient tirer le navire adverse à eux.

Par chance, l'ennemi aurait les combattants de la galère marchande dans le dos tandis le dromon ramait sec vers le cotre. Jacaerys ne doutait pas que les fer-nés décrochaient plutôt que risquer d'être emboutis par l'éperon de bronze du navire. Si ils n'étaient pas aussi combattants en mer que les fer-nés, les couronniens avaient l'avantage du nombre. Le jeune chevalier courut jusqu'au bastingage où des passerelles se tenaient prêtes à être jeter entre les navires tandis que des échelles de corde. Lorsque la première franchit le vide, Jacaerys posa un pied sur le bastingage et se jeta dans la mêlée, hurlant :

Hardi ! Hardi ! Frappez, tranchez que bras ne faillissent !

Jacaerys n'aimait guère le feu grégeois. Mais il aimait encore moins les fer-nés. Aussi aurait-il volontiers échanger une poignée de ses hommes pour quelques bons pots de la fameuse substance. Il avait entendu d'étranges rumeurs sur la capacité des flammes à brûler sur l'eau. S'il n'avait jamais vu cette étrange alchimie à l'oeuvre, le chevalier aurait bien volontiers mis de côté ses réticences pour massacrer quelques uns de ces adversaires. Maudits soient ses pirates !

La charge du capitaine s'accompagna d'une pluie de flèches et de carreaux qui arrêta toute velléité de la part de leurs adversaires. Leurs boucliers en peau de phoque et cuir s'hérissèrent de divers hampes et Jacaerys s'efforça de les enfoncer un plus profondément en les percutant de toute sa masse et son élan. Le lourd chêne de son écu du chevalier fit craquer la protection de son adversaire qui recula. Jacaerys jeta son épée en avant et trancha la jugulaire du fer-né de sa pointe. Un flot de sang vint tâcher le cheval des mers Velaryon et son porteur se tourna aussitôt vers la mêlée.

Elle différait grandement de la lourde masse des chevaliers, qu'ils fussent piétons ou non. Alors que les nobles aimaient le contact et frappaient jusqu'à ce que la plate de son adversaire éclate, les marins et autres soldats maritimes n'étaient que peu équipés. Armés de leurs hachettes et leurs courts sabres, ils se tournaient autour, agiles. Ils ne poussait pas la folie à se jeter les uns sur les autres et préféraient éviter tout risque. Il y'avait une certaine souplesse et beauté dans leur gestuelle qui manquait à la chevalerie...

Un coup frappa Jacaerys qui resta une second interdit devant la dague enfoncée dans la maille. Son adversaire lui jeta un sourire narquois et tritura la lame. Bloquée dans les anneaux de la protection. L'Amiral lui rendit son sourire et enfonça simplement son épée dans les fourrures de l'homme jusqu'à ce que la lame émerge de son dos. Avec un regard désolé, le chevalier repoussa le cadavre et recula pour avoir un meilleur aperçu du combat. William avait enfoncé sans façon les rangs adverses sur la droite et le centre repoussait les fer-nés vers le grand-mât. Mais la gauche s'était totalement effondrée et menaçait de plier. Si les pirates les prenaient de flanc...

Jacaerys courait aider les quelques hommes encore en forme lorsqu'il aperçut le capitaine adverse. C'était ce même grand gaillard à la barbe lustrée et à l'allure féroce qui s'était moquée de lui. Avec un cri, le chevalier attira son attention et se mit en garde. Puis avec un sourire féroce montra derrière lui. La galère du Vif-Argent se jetait toute rames dehors vers le cotre adversaire, prête à l'éventrer.

Manges ça pirate !

[Lancer de dés pour savoir si le navire est coulé ou non :

0 - 50 : échec total, le Vif-Argent prend simplement d'abordage le cotre de Tenos
51-100 : L'éperon déchire la coque du cotre qui commence à couler, le Vif-Argent se sépare du navire et s'approche pour aider à la bataille