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Life of Nagga [Solo]

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« Life of Nagga »
An 302, lune 2

A un rythme régulier, la main d’Alana glissait lentement de l’encolure jusqu’à l’épaule de la fidèle monture qui l’avait suivie dans sa traversée de Volmark jusqu’à Pyk lorsqu’elle avait uni son destin à celui de la maison Greyjoy, trois ans auparavant. Si la naissance d’un second enfant à venir l’emplissait de joie, la jeune femme, enceinte de plus de cinq lunes, languissait de ne plus pouvoir monter à cheval. Son précédent accouchement avait été long et douloureux, l’obligeant pendant plusieurs semaines à garder le lit. Elle espérait que la délivrance survienne cette fois plus rapidement, que les souffrances soient moindres et puis, bien sûr, que l’enfant soit l’héritier mâle tant attendu de la maison Greyjoy.

Perdue dans ses pensées alors qu’elle se contentait d’apporter un peu d’affection à cet animal qu’elle ne pouvait guère plus emmener en balade, Alana fut surprise lorsqu’un garde la prévint qu’un homme, à l’entrée du château, demandait à la voir. La princesse quitta les écuries alors que le garde lui donnait plus d’informations. Elle se souvenait de l’homme qu’il décrivait. Il s’agissait d’un fer-né qu’elle avait rencontré à Lordsport et qui se rendait fréquemment de l’autre côté  du Détroit, entretenant certaines relations commerciales avec les gens de l’Est. Contrairement à ce que les partisans les plus intransigeants de l’Antique Voie pouvaient clamer, il était utile d’entretenir certaines relations de commerces plutôt que de ne compter que sur le fer-prix.

Emmitouflée dans un manteau de fourrure qu’elle portait par-dessus sa robe afin de se protéger du froid, la princesse approcha du commerçant fer-né, qu’elle reconnut.
« Princesse Alana », la saluat-t-il, respectueusement. « C’t un plaisir de vous r’voir. » Il posa un regard sur son ventre, ce qui n’échappa pas à la princesse. La dernière fois qu’Alana avait croisé la route de ce fer-né, elle n’était pas encore enceinte. Ses épais vêtements d’hiver masquaient sa grossesse princière qui n’était cependant inconnue de personne sur les îles de fer ;  tout le monde savait qu’elle se préparait à accueillir un second enfant du Prince de Sel.
« Tohred, si je me souviens bien ? », lui répondit-elle. Il hocha la tête, souriant. « Qu’est ce qui vous amène ici à Pyk ? », demanda gentiment Alana.
« Je suis revnu d’Essos il y a quelqu’ jours, mes cargaisons remplies de toutes sortes de choses qu’on trouve pas sur nos îles. J’ai pensé que vous seriez peut-être bien intéressée par l’une d’ces choses. »
Alana haussa les sourcils. Son interlocuteur avait réussi à éveiller sa curiosité. De quoi pouvait-il bien être question ? S’agissait-il de gemmes, de bijoux ? Si c’était le cas, il se pourrait qu’elle doive décliner à contre coeur. Il arrivait que les parures qui  revenaient d’Essos soient bien trop ostentatoires pour une princesse des îles de fer. Elle se devait de ressembler à une fer-née et pas à une reine Targaryen.
« Vraiment ? Et bien, tout d’abord bon retour parmi nous, Tohred. », lui dit-elle. « J’espère que le Dieu-Noyé vous a gratifié d’une mer clémente durant votre voyage. Quel est ce fameux objet qui selon vous serait si susceptible d’attirer mon attention ? »
« Le Dieu-Noyé ne nous a pas quitté un seul instant durant not’ traversée. Les vents étaient cléments et la mer calme, je vous r’mercie. », répondit le dénommé Tohred. Il souleva ensuite la caisse carrée qui se trouvait derrière lui pour la faire pivoter en douceur. La caisse s’ouvrait par la face avant. Des petits barreaux en fer empêchaient ce qui s’y trouvait de sortir.  Alana comprit alors ce que la caisse renfermait probablement. Elle se baissa très légèrement, une main posée sur son ventre, tentant de voir ce qui se trouvait à l’intérieur de celle-ci. Elle distingua alors un petit mammifère au pelage blanc.
« Qu’est ce que c’est ? », demanda-t-elle.
« Une panthère des neiges. »
« Une panthère des neiges ? », répéta Alana. Elle se souvenait de ce nom étrange « panthère », qu’elle associait à un animal bien plus imposant que celui que cette petite boîte pouvait renfermer. L’animal de ses souvenirs n’avait pas non plus la même fourrure. Celui de ses souvenirs était noir comme le jais et avait la silhouette plus élancée et le poil plus brillant. Mais elle se souvenait d’avoir vu une panthère et non une panthère des neiges, ce qui était différent.
« Un bébé », précisa-t-il. « Vous permettez que… ? », demanda-t-il, s’accroupissant près du verrou de la cage, prêt à l’ouvrir.
« C’est sans risque ? », demanda la princesse aux cheveux blonds, soucieuse de protéger l’enfant qu’elle portait en son sein.
« Absolument. J’mettrais pas la princesse des îles de fer en danger. », répondit le fer-né. «  Ni sa descendance. », ajouta-t-il.
« Bien. Alors, allez-y », l’autorisa Alana, lui faisant confiance.
Lorsqu’il ouvrit la porte de la boîte, rien ne se produisit au début. L’animal resta au fond de la caisse, hésitant. Il avança une patte puis se ravisa. Le fer-né agita alors sa main devant la cage et le petit félin bondit, l’air joueur. Cela arracha à Alana un léger rire.
« Il ressemble à un chat. », constata-t-elle.
« C’t une fille, Princesse. Et elle ressemble pt’être à un chat aujourd’hui, mais elle s’ra un jour aussi grande et féroce qu’ celle que vous aviez vue la dernière fois. » Alana avait en effet aperçue cette panthère noire en compagnie de  Torhed. L’animal, à la démarche lente et agile et au regard perçant, avait capté toute l’attention de la princesse qui s’y était vivement intéressée. Le fer-né lui avait expliqué qu’il s’agissait d’un félin dressé et qu’il avait d’ailleurs appris ce qu’il y avait à savoir sur le dressage par les gens d’Essos. Il lui avait alors expliqué comment il s’y était pris pour que l’animal lui soit fidèle et lui obéisse. Alana avait alors mentionné son souhait de posséder elle aussi une créature si magnifique. Visiblement, Tohred ne l’avait pas oublié.
Le petit félin était absolument adorable. Tohred se baissa pour le prendre dans ses bras et l’approcha ensuite de la princesse qui put ainsi caresser son pelage.  Alors que sa main touchait le revêtement si doux de la peau de l’animal, un grand sourire se dessina sur le visage de la princesse, sous le charme du petit animal qui la regardait de ses grands yeux gris bleuté, intriguée. « Elle est différente de l’autre panthère. Si je comprends bien, ce n’est pas exactement la même espèce ? », demanda-t-elle, curieuse.
« Celle-ci vient de Skagos dans l’Nord ce qui fait qu’elle est habituée au froid. », expliqua-t-il. Alana hocha la tête.  
« Elle est en âge d’être dressée ? » Alana tentait de se représenter l’allure qu’aurait ce petit-être une fois adulte. Elle ne s’imaginait pas en possession d’un dragon, comme c’était le cas de Leeven Botley. En revanche, une panthère lui correspondait tout à fait. Elle pourrait la dresser à la défense de sa famille, de ses enfants.
« Absolument. Si vous l’adoptez et que vous suivez mes conseils, elle vous s’ra dévouée et fidèle. »
« Elle est adorable. », dit Alana, sous le charme.
« Je savais qu’elle vous plairait », répondit son interlocuteur, souriant. Alana lui rendit un léger sourire mais cessa doucement de caresser l’animal qui se trouvait toujours dans les bras de Tohred. Sa proximité avec le fer-né pourrait être mal interprétée, surtout par son époux. Alana était consciente depuis bien longtemps de sa beauté et du charme qu’elle pouvait exercer sur les hommes. Elle en avait joué, d’ailleurs, il fut un temps. Mais ses charmes étaient aujourd’hui réservés à un seul homme. « Je peux la porter ? », demanda-t-elle alors. Le fer-né hocha la tête. Il précisa toutefois. « Elle a des griffes, faites attention. Elle vous veut pas d’mal, mais il se pourrait qu’elle s’agrippe à vous » Alana acquiesa et laissa Tohred déposer l’animal dans ses bras. « D’accord », dit-elle. La fourrure épaisse qu’elle portait au dessus de sa robe la préserverait de toute façon des petites griffes de l’animal. Dès que la panthère fut dans ses bras, le leviathan aux cheveux d’or recula discrètement d’un petit pas, pour mettre une distance entre elle et son interlocuteur, en bonne épouse. Il était étrange de tenir cette petite créature encore si innocente dans ses bras. L’animal semblait apprécier sa présence et ses caresses, émettant d’ailleurs une sorte de miaulement de satisfaction.  Elle semblait perdue dans cet univers qui lui était inconnu, loin de sa mère.
« Quel âge a-t-elle ? », demanda Alana. « Autour d'trois lunes », répondit Tohred.
« Je dois dire que cette petite panthère me plait beaucoup. Je me dois évidemment de demander au roi son autorisation avant de permettre à cet animal de s’établir entre les murs de Pyk, mais mon intérêt est bien réel. », déclara-t-elle. Elle ne voulait pas descendre dans l’estime de son beau-père en se passant de son avis. « Quel serait votre prix, Tohred ? »
Le fer-né se montra très ouvert quant aux négociations du prix de l’animal. Il acceptait d’échanger l’animal contre divers produits, n’étant pas des plus exigeants. Des armes produites dans les mines de fer possédées par son frère, à Volmark, pourraient lui être utile. Il pourrait également avoir l’utilité de bijoux afin de les troquer contre d’autres objets en Essos.
« Bien. Pourriez vous revenir dans trois jours ici-même ?  Je pourrais ainsi vous dire si le roi a accepté que j’adopte cette petite merveille, auquel cas nous pourrons procéder à l’échange. », déclara-t-elle. Elle prit ensuite congé du fer-né, après l’avoir poliment remercié de sa visite. Elle savait déjà comment elle nommerait cet animal amené à devenir un jour une redoutable créature. Nagga, comme la mythique créature marine des îles de fer. La différence serait que Nagga ne dévorerait ni seiches, ni leviathans. Au contraire, sa mission serait de les protéger.

[3.1]
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« Life of Nagga »
An 302, lune 2, semaine  3


*
NAGGA.
Où était la neige dans laquelle elle aurait du pouvoir se fondre, grâce à son pelage blanc immaculé ? Où était sa mère ? Où étaient ses frères et sœurs ? Ces questions avaient  traversés la tête de Nagga alors qu’elle découvrait un monde qu’elle ne connaissait pas, mais elle avait à peine eu le temps de les connaître que pour pouvoir s’en souvenir aujourd’hui.

C’était sur une terre étrange qu’avait atterri la petite panthère des neiges. Une terre où soufflait constamment un vent froid et salé, emplissant ses narines de l’air marin, lui ouvrant parfois agréablement l'appétit. Le bruit des vagues qui venaient s’écraser contre les murs de pierre du château rythmaient ses journées comme la danse des flocons de neiges auraient du le faire, si le destin n’en avait pas voulu autrement. Ses vagues lui rappelaient ce long trajet où elle était restée enfermée dans une cage, sur un bateau, seule et effrayée. Des bateaux, il y en avait partout, ici. Mais elle n’était jamais remontée sur l’un d’entre eux. Et elle n’en nourrissait nullement l’envie.

Ce qui marquait surtout les journées de la petite panthère, c’étaient les allées et venues d’une femme aux cheveux blonds et au ventre arrondi. C’était à cette femme que celle qui répondait au court prénom de Nagga accordait sa confiance. Les autres personnes l’angoissaient encore, à quelques exceptions près. Elle s'en méfiait, ne les connaissant pas assez. Que me veulent-ils ?, se demandait-t-elle lorsque quelqu’un approchait de l’enclos où elle avait élu domicile. Dans son subconscient existait toujours le souvenir de cet instant où elle avait été capturée par un être humain et arrachée à sa famille. Quelque chose en elle se disait de se méfier des humains, même si trop vite arrachée à sa mère, elle n’avait que son expérience personnelle pour se rallier à son instinct.

Nagga ne craignait cependant pas la femme blonde. Celle-ci avait réussi à gagner sa confiance. C’était une figure rassurante et douce, qui venait la nourrir et lui donner du lait, telle une mère le ferait. Quand la porte s’ouvrait sur la femme blonde, deux syllabes suivaient toujours. « Na-ga », disait-elle. Ainsi, la petite panthère avait compris qu’elle répondait à un nom, celui là. Nagga.

Seule sur une terre qui n’était pas la sienne, sans familles, sans repères, Nagga n’avait pu qu’accorder rapidement sa confiance à Alana, la princesse blonde. Cependant, en cet instant, la petite panthère doutait. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Ses petites griffes s’agrippaient profondément dans la fourrure que portait Alana alors que le bruit incessant des vagues, plus proches que jamais, lui rappelait inconsciemment cet interminable trajet en mer. Les petites pattes de l’animal agrippèrent dans la panique quelques mèches de cheveux de la princesse blonde, qui grimaça mais parvint à libérer ses cheveux de cette désagréable emprise. Alors que dans une main, elle la tenait contre elle, de l’autre, elle caressait son pelage à un rythme lent, tentant de l’apaiser. Nagga regardait par-dessus l’épaule de sa mère de substitution. L’eau. Partout, de l’eau. L’eau les encerclait. Pourquoi Alana était-elle entrée dans l’eau avec elle ? Que se passerait-il si elle tombait dans l’eau ? Et les vagues... Le bruit des vagues qui étaient si proches d’eux, qui les éclaboussaient en s’écrasant férocement contre le rivage…Les oreilles dressées, Nagga guettait le danger qui semblait partout. Elle désirait partir, quitter l’étreinte qu’elle partageait avec sa maîtresse pour que les coussinets de ses petites pattes rencontrent à nouveau le sol. Mais elle n’osait pas car sous leurs pieds, elle ne voyait nulle terre. Que de l’eau. Partout, de l'eau.

*

ALANA

Nagga lui faisait parfois penser à Theon. A l’inverse de Theon, la panthère aurait du vivre dans le Nord, et non dans les îles de fer. Sa mère ayant été capturée pour arriver en Essos, un endroit bien trop chaud pour elle, la petite panthère avait finalement été séparée de sa famille pour embarquer sur un navire à destination des îles de fer. Mais comme son époux, Nagga était loin de sa famille. Loin de la terre à laquelle elle aurait du appartenir. Loin de ses repères. Une confiance s’était très vite installée entre Nagga et Alana et il en avait été de même avec Theon. Car comme Nagga, Theon avait eu besoin de pouvoir accorder sa confiance à quelqu’un. Et Alana avait su être cette personne pour lui.

L’incessante musique des vagues qui attirait Alana autant qu’elle l’apaisait semblait angoisser Nagga. Entourée de cette mélodie, la princesse des îles de fer se sentait plus proche du Dieu Noyé. Ce Dieu-Noyé, Theon n’allait pratiquement jamais le rejoindre dans la prière de sa propre initiative. Une part d’Alana ne préférait pas le voir, car cela l’inquiétait d’imaginer que Theon ait réellement perdu sa foi, mais d’une certaine manière elle le savait ; il évitait leur Dieu comme Nagga semblait vouloir éviter d’approcher les vagues.

Agrippant de sa main libre un pan de la robe qu’elle avait choisi pour l’occasion, une robe de tissu des plus modestes, peu différentes de celle d’une femme commune des îles de fer, Alana entra pied nu dans l’eau salée, froide par cet hiver, accompagnée d’Aeron Greyjoy. Le petit frère du roi avait choisi la voie de la religion et était connu de beaucoup sous le nom de Tifs-Trempe. Certains le percevaient comme un fanatique, mais Alana, en bonne croyante, respectait tout à fait la fonction qu’il représentait. Et si Nagga, qu’Alana espérait élever à la défense de jeunes kraken de la famille Greyjoy, devait être baptisée, pourquoi pas l’être par un membre de la famille à laquelle elle était maintenant liée ?

Bien sûr, Nagga tenta de se débattre et la princesse sentit ses petites griffes s’enfoncer dans sa fourrure, à hauteur de sa poitrine, sans pour autant atteindre sa peau. Tout ce que la panthère parvenait à faire était d’exercer une pression sur sa maîtresse, qui se révélait inutile puisque Alana la tint fermement et que bientôt il fut trop tard pour la panthère de penser à s’enfuir. L’eau les encerclait et elle ne pourrait rejoindre le rivage sans y plonger. Trop peu confiante à son âge pour tenter un tel mouvement, même si en réalité, il ne se trouvait pas loin de la côte et que la profondeur était tout à fait ridicule, la panthère s’agrippait à Alana comme une mère à son enfant, visiblement effrayée.

Le prêtre commença à parler et Alana le suivit dans la litanie solennelle qu’aucun fer-né n’ignorait. Elle dut arracher Nagga à l’emprise que celle-ci exerçait sur son châle en fourrure pour la présenter à Aeron qui la recouvrit alors d’eau salée.
« Car ce qui est mort ne saurait mourir mais se lève à nouveau, plus dur à la peine et plus vigoureux »  

Evidemment, Nagga paniqua lorsqu’elle se retrouva trempée entre Aeron et Alana et un miaulement plaintif sortir de sa bouche. Mais la princesse la ramena immédiatement contre sa poitrine pour la rassurer, comme elle l’aurait fait avec un bébé. Déjà, elle tâcha de sécher une partie de son pelage en la caressant et en la tenant contre sa fourrure alors que les deux Greyjoy firent les quelques pas qui leur permirent de rejoindre la terre ferme. Elle était désolée d'avoir créé tant de peur chez l'animal, mais c'était pour son bien. Nagga était maintenant connue du Dieu-Noyé. Et elle n'en serait que plus forte et plus vigoureuse.

« Merci, Aeron », dit-elle avec sincérité à l’oncle de son mari. Elle s’empara ensuite des linges qu’elle avait laissé sur la côte et entreprit de sécher la petite Nagga, avec le soin d’une mère. Ce n’était qu’un peu d’eau salée, certes, mais cette eau était froide. Une servante l’aida à se sécher les pieds et à remettre ses chaussures, car enceinte, il lui était difficile de se baisser. Et non, elle n’aurait pas pu attendre d’avoir accouché pour prévoir une telle cérémonie. Car Nagga allait rapidement grandir et il serait de plus en plus difficile de la forcer à entrer dans l’eau si elle ne le voulait pas.
Alana échangea quelques derniers mots avec Aeron Greyjoy avant de prendre congé et de reprendre le chemin de Pyk en compagnie de la servante et du garde qui constituait son escorte. Certains gardes auraient pu s’amuser de l’idée, comme Theon l’avait fait, mais Alana avait justement choisi un homme dont elle avait remarqué la foi pour l’accompagner en ce jour.

S’amuser de l’idée était d’ailleurs une faible expression pour décrire l’expression qui s’était dessinée sur le visage de Theon lorsqu’Alana avait évoqué le souhait de baptiser sa petite créature du nord afin qu’elle bénéficie de la protection de leur Dieu. On baptisait bien les navires par l’eau et le sel, pourquoi pas une panthère sous la protection et au service de la maison Greyjoy ? Étonnamment, Alana n’avait pas bien réagi aux petites moqueries de son époux sur le sujet. Cela l’avait rapidement exaspéré. Plus encore, elle avait paru être réellement vexée, comme si une corde sensible avait été touchée.

Et finalement, dans cette obstination à vouloir faire baptiser par l’eau et le sel cet animal qu’elle avait dans l’idée d’éduquer à la protection de sa famille, c'était le reflet d'un tout autre cas que celui du félin du nord qui se dessinait.
Cette crainte de la distance que son époux, longtemps exilé loin de l’eau, avait mise entre lui et le dieu aquatique n'était-elle pas responsable de la véritable susceptibilité d'Alana sur le sujet ? Theon l’ignorait, mais si sa femme priait beaucoup, c'était aussi qu'elle priait en moyenne deux fois plus qu’autrefois. Car oui, elle tâchait de se montrer doublement dévouée à son Dieu, pour compenser...

Theon était resté trop longtemps loin des vagues et de leur chant incessant. Mais, Alana priait pour lui. Elle prierait toujours pour lui.

[3.5]
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« Life of Nagga »
An 302, lune 5, semaine  1


Nagga la suivait docilement, semant au passage quelques uns de ses longs poils blancs sur le sol foncé du lugubre château de Pyk. Qu’est ce que cela serait, lorsque l’hiver serait derrière eux ? Tohred lui avait expliqué que parallèlement aux chats, les panthères des neiges perdaient beaucoup leurs poils lorsque la chaleur de l’été faisaient qu’elles n’en avaient plus autant l’utilité. Alana imaginait déjà les poils blancs de l’animal briller sur le sol comme des gemmes à la lumière des lampes de Pyk, rendant folles les servantes qui devraient les chasser. Mais, bien sûr, Nagga n’en avait cure. La petite créature marchait derrière sa mère de substitution, appréciant sa présence. Peut-être pressentait-elle qu’elle en serait bientôt plus régulièrement privée ? En effet, Alana donnerait bientôt naissance à son deuxième enfant et un nouveau-né requière bien de l’attention, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un prince ou d'une princesse.

« Allez, Nagga. », pressa Alana, veillant à ce que sa panthère soit bel et bien entrée dans la pièce avant de fermer la porte. Enfant, la princesse avait vu, un jour, un chat hurler de douleur car quelqu’un lui avait marché sur la queue. Elle se montra donc attentive, vérifiant qu’elle ne risquait pas d’emprisonner une partie du corps de sa panthère des neiges entre la porte et le mur. La princesse de sel saisit la clé de la chambre et en verrouilla l’entrée, chose qu’elle ne faisait d’ordinaire que lorsque Theon et elles s’aimaient charnellement, ce qui tout de même, arrivaient souvent. Cependant, enceinte de dix lunes comme elle l’était, elle n’était pas du tout sur le point de s’adonner à ce que l’on appelait poliment son devoir conjugal. C'était tout autre chose qui l'occupait.

Halena était en compagnie de sa grand-mère et Theon, en compagnie de son oncle. Cependant, Alana imaginait sans peine l’excès immédiat de paranoia et de fureur qui pourrait traverser son époux s’il se retrouvait face à la porte de leur chambre conjugale verrouillée. Il n’y avait nulles inquiétudes à avoir, pourtant. Alana ne cachait aucune tromperies, aucun amant sous le lit. Ce n’était que par sécurité. Les choses qu’elle avait à faire n’était en aucun cas répréhensibles, mais il convenait toutefois de se prémunir d’une possible interruption de sa fille, qui ne devait pas voir l’objet qu’elle avait à ranger.

La féline s’était déjà installée sur le lit lorsque le Léviathan aux cheveux blonds se retourna. Alana n’eut pas à gaspiller sa salive. Avec un claquement de doigt, elle lui désigna le tapis. La panthère obéit sans broncher. Ce n’était pas tant que la présence de son animal sur son lit la dérangeait personnellement en cet instant, mais il fallait l’empêcher de prendre des mauvaises habitudes.
La princesse de sel ouvrit saisit le petit coffre en fer gravé à l’image du leviathan. Elle le parcourut de ses doigts fins et délicats, en admirant la qualité, repensant aussi, au temps où ces armes là étaient les siennes et où Volmark était chez elle.

Ce qui autrefois, avait servi de coffre à bijoux, s’apprêtait à revêtir un autre rôle. Alana n’était plus Lady Volmark, une jeune et noble fer-née célibataire. Elle était Alana Greyjoy, une femme-roc, une mère et la princesse d’une dynastie à laquelle certains essayaient de nuire. Vidant le coffre de son contenu, la princesse y déposa à la place sa dernière acquisition ; un sachet de graines de bonsommes, qu’elle n’avait guère acheté pour son utilité la plus commune. Nagga s’était dressée sur ses pattes arrière pour observer les petites fibules et broches qui s’étaient répandues sur les chaudes couvertures d'hiver du couple fer-né.

Après avoir soigneusement déposé son achat dans le coffre en fer forgé de Volmark, Alana replaça son contenu originel par-dessus puis le ferma à clé. Peu après que Theon lui ait fait part de son inquiétante hypothèse concernant les attaques perpétrées en leur nom sur les côtes des contrées vertes, la née-Volmark avait pensé à s’équiper en poison. En tant que mère et princesse de sel, elle devait se préparer à toutes les éventualités car il se pouvait que le clairon de la guerre se mette à sonner et à menacer sa famille. Cependant, la jeune femme s’était ravisée. Tenter de se procurer du poison était risqué. A supposer qu’elle trouvait un vendeur compétent, sa demande pourrait attirer les soupçons. Personne n’ignorait qu’elle était l’épouse de Theon Greyjoy, un héritier qui n’en était pas un. Evidemment, on se questionnerait sur les desseins qu’elle projetait dans une telle acquisition. Et éventuellement, même si cela était tout bonnement ridicule, elle ne pouvait exclure un risque d’être alors soupçonnée d’en vouloir à sa belle-sœur.

Afin de se sentir en mesure de mieux préserver sa famille du danger sans pour autant risquer d’être la cible de fausses accusations qu’elle aurait à réfuter, Alana avait donc opté pour une autre solution. Suite à sa précédente grossesse et aux douleurs qui en avaient découlés, la princesse de sel avait été touchée par des difficultés à trouver le sommeil. Le mestre lui avait donc prescrit des petites graines miraculeuses qui l’avaient aidé à vaincre ses insomnies. Cette peine d’autrefois était son alibi d’aujourd’hui. Alana avait acheté des graines de bonsommes. Elles étaient inoffensives en petites quantités mais pouvaient plonger une personne qui en consommerait trop d’un seul coup dans un coma profond. Personne ne trouverait étrange qu’elle s’en soit procurée. Et elle comptait bien informer Theon de son acquisition et des raisons de celle-ci, afin de se prémunir du plus minime des risques de soupçons injustifiés. Cachées au beau milieu de parures esthétiques, dans un coffret tout ce qu’il y avait de plus innocent, sous clé afin de ne point risquer d’accident qui impliquerait sa toute jeune fille de presque deux ans, les graines ne seraient découvertes par personne. Et si par le plus grand des concours de circonstances, elles l’étaient, Alana pourrait sans peine expliquer tout simplement la raison mensongère mais aussi innocente que crédible de cet achat.
La Volmark se hissa doucement sur la pointe des pieds afin de placer le coffret en hauteur, au dessus de la garde robe, sans pour autant le cacher, ce qui pourrait paraître plus suspect qu’innocent. La clé qui permettait de l’ouvrir, elle veilla en revanche à la cacher efficacement.

La princesse s’empara ensuite d’une autre clé, déverrouillant la porte de la pièce dans laquelle elle s’était, pendant quelques minutes, enfermée avec sa panthère. Avant de quitter sa chambre pour rejoindre son adorable petite fille, Alana adressa un dernier regard à ce coffret à l’effigie du leviathan. Elle se demanda si cet objet, et son contenu secret, retournerait un jour dans son lieu natal de Volmark. Elle espéra que non. Les vagues s’écrasèrent alors comme de la céramique sur les rochers,  provoquant un bruit fracassant. D’ordinaire, cette mélodie familière réconfortait Alana. L’ombre d’un instant, pourtant, elle lui glaça le sang. Elle se dirigea vers la fenêtre et observa la danse de l'eau en colère. Elle ne voulait pas que cet équilibre se brise comme les vagues se brisaient incessamment. Elle ne voulait pas avoir à fuir Pyk pour Volmark. Elle ne voulait pas voir le Dieu des Tempêtes et son désordre triompher du Dieu Noyé et de son calme. Alors, elle ferma les yeux et pria.« Veillez sur nous », demanda-t-elle en pensée. « S’il vous plait, veillez sur nous ».

[4.4]
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« Life of Nagga »
An 302, lune 5, fin de la semaine  3,  

Nagga n’avait plus l’apparence de ce chat inoffensif qui osait à peine sortir de sa cage après un transport mouvementé sur les vagues. La panthère des neiges avait rapidement grandi et pris du poids mais en dépit des apparences, elle était toujours un enfant. Joueuse et encore ignorante du monde dans lequel elle vivait, Nagga ne semblait pas se rendre compte qu’elle avait déjà l’apparence d’un prédateur. Pourquoi certaines personnes s’écartaient-elles autant sur son chemin ? Elle ne le comprenait pas. Elle ne leur voulait pourtant pas de mal. Si les îles de fer lui étaient encore mystérieuses, Nagga s’était cependant désormais habituée à ceux qui constituaient son univers. Bien sûr, Alana avait tout de suite été son repère, sa mère de substitution, de qui elle dépendait et à qui elle avait d’emblée du accordé sa confiance. Mais, elle avait désormais également adopté la petite Halena  et dernièrement, elle passait beaucoup de temps avec un homme appelé Theon. Nagga le connaissait mais elle ne comprenait pas pourquoi c’était désormais Theon qui lui apportait sa nourriture. Alana lui manquait, mais elle ne sortait plus.

Si sa mère de substitution passait tout son temps à l’intérieur du château, dans son lit, c’était sans doute à cause de cette étrange créature qui avait rejoins leur château. Encore plus petit que l’était Halena, la mystérieuse créature semblait véritablement incapable de se débrouiller seul. Les oreilles de Nagga se dressaient quand elle passait à proximité de la chambre de sa maîtresse. Les cris de cette petite chose était  désagréable, bien plus désagréable que ceux d’Halena lorsqu’elle était contrariée mais plutôt que créer chez elle une sensation d’énervement, c’était l’inquiétude qui l’habitait quand elle les entendait. Car la petite chose lui rappelait ce qu’elle avait été un jour, elle aussi, lorsqu’elle était arrivée à Pyk, en bateau. La petite chose avait énormément besoin d’Alana, comme elle autrefois et elle voulait l’aider, lui faire sentir que les choses iraient bien, que la petite chose ne risquait rien avec Alana. Cependant, même si Nagga avait grandi, elle avait toujours besoin de la présence de sa mère elle aussi. Et elle le faisait savoir en insistant pour entrer. Theon peinait à se débarrasser d’elle lorsqu’il venait rendre visite à Alana, car Nagga n’était pas idiote et qu’elle persistait à le suivre. Mais lorsqu’il lui était permis de rester, Nagga ne se montrait guère capricieuse. Elle se contentait de s’allonger auprès du lit et de profiter en silence, - si la petite chose le voulait bien -, de la présence de sa mère.

*

Son fils, Alana le dévorait des yeux alors qu’elle entonnait doucement une chanson pour le bercer. Elle avait beau être alitée, la princesse de sel refusait de ne compter que sur des servantes pour s’occuper de son enfant. Elle l’allaitait elle-même et veillait elle-même à ce qu’il s’endorme ensuite, trop attachée à ce lien qui se développait entre eux.

Qhored était son prince qui fut promis car le Dieu-Noyé par des intuitions fortes qu’elle n’avait pu ignorer, lui avait annoncé sa naissance. D’emblée, avant de mettre au monde Qhored, la née Volmark avait été persuadée qu’il était un garçon. Elle avait été persuadée également, qu’il serait fort et vaillant et qu’il pourrait faire de grandes choses. C’était ce qu’elle semblait avoir compris dans les présages des vagues. Mais Qhored, premier mâle d’une nouvelle génération de kraken, premier, également à naître avec le titre princier, comme Theon le lui avait fait remarquer, semblait promis à de plus grandes desseins encore qu’elle ne l’avait pensé. Car sa naissance avait été suivie par l’arrivée d’un objet de grande valeur sur leurs îles. Un objet promettant une grande puissance. Un œuf de dragon.

La princesse des îles de fer se sentait emprunte d’une grande mission. Elle avait été choisie pour être la mère d’un grand roi, ce que sans aucun doute, Qhored était amené à être. Et elle devait se montrer à la hauteur de cette tâche.
Mais elle n’en oubliait pas pour autant les dangers. Malgré cette dévotion qui l’habitait, malgré cette coïncidence chronologique qui ne pouvait en être une et qu’elle et son mari interprétait comme un signe prometteur, la princesse savait que son fils n’était pour l’heure qu’une toute petite chose inoffensive. Et l’œuf n’était encore qu’un œuf, qui au passage, pourrait attirer les convoitises.

L’épouse de Theon Greyjoy déposa son petit prince dans son berceau. Ses yeux étaient clos depuis un moment mais elle avait continué de le bercer doucement, humant la douce autour de sa peau avant d’embrasser son front déjà entouré d’une petite masse de cheveux noirs comme l’ébène. Elle fixa ensuite cet emplacement, au dessus de la garde robe, où elle gardait cachée les graines de bonsommes qu’elle avait acquis et elle pensa à Euron Greyjoy et à sa possible culpabilité dans les étranges événements qui se déroulaient sur les côtes. De jour comme de nuit, elle serait prête à s’emparer de sa fille et de son fils et à partir pour Volmark, sa panthère sur les talons. Si elle devait le faire, elle le ferait. La sécurité de ses enfants passait avant toute chose, tel était son rôle. Elle tapota doucement sur le bord du lit, indiquant à Nagga, qui l’observait, qu’elle pouvait y poser ses grosses pattes avant. Le félin se redressa et approcha ainsi sa tête de sa maîtresse. Alana caressa l’animal, insistant sur le creux de son cou, sachant que déjà toute petite, sa panthère aimait cela. La panthère se redressa davantage, emportée par un désir de proximité à laquelle Alana céda finalement, souhaitant tout autant pouvoir caresser la douce fourrure de sa créature nordienne. Si la princesse avait acquis l’animal en souhaitant d’emblée la destiner à une mission de protection de sa petite famille, ce n’était pas simplement en raison de la loyauté de Nagga que celle-ci s’en souciait. Sa petite panthère était très chère à son cœur. Nagga n’était pas sa fille, mais elle en était un peu la mère. Elles étaient liées.
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