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[EXPRESS] Jacaerys Velaryon & Rhaegar Targaryen
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Les Portes de la Lune
Rhaegar Targaryen
Deux jours après le banquet donné en l’honneur de sa venue dans le Val, le temps était presque déjà venu de ranger les royaux effets déballés de leurs malles pour le séjour du Roi aux Portes de la Lune. Rhaegar finissait de rédiger sa lettre pour sa Main et probablement le dernier ami sincère qui lui restait en ce monde et qui disposait encore de sa confiance ; Jon Connington. Resté à Port-Réal, c’est à lui qu’il laissa le soin de gouverner les lieux en plus de ses autres fonctions de Main du Roi en son absence. Mais celle-ci arrivait désormais à son terme et Rhaegar l’en informait justement dans cette missive qu’il était en train de rouler et de faire couler la cire brûlante au milieu du rouleau lorsqu’on frappa à sa porte.
Oui ? lança-t-il tandis qu’il apposait son sceau royal sur la cire rougeoyante.
La porte s’ouvrit sur la face toujours légèrement renfrognée de Ser Meryn Trant qui fit claquer ses bottes jusque devant le Roi-Dragon :
Majesté, Ser Jacaerys Velaryon demande audience.
Rhaegar se redressa, contempla quelques secondes Ser Meryn puis se leva et lui tendit son parchemin :
Ceci est à envoyer à Port-Réal aujourd’hui. Faîtes-le entrer.
Le Garde Royal prit le parchemin et s’inclina avant de retourner vers la porte, de l’ouvrir en grand, signe si s’en était un pour le Velaryon qu’il allait être reçu. En le voyant, Rhaegar lui offrit un léger sourire et tendit sa main droite vers lui, l’invitant à se rapprocher de lui :
Ser Jacaerys, quel bonheur de voir un visage amical en ces lieux, lui dit-il en guise de salut. Je ne vous ai pas vu au banquet ; quand êtes-vous arrivé ?
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An 302, Lune 8, Semaine 4
Jacaerys Velaryon
Ce fut des voiles sombres et déchirées qui amenèrent par chance l'escadre de Jacaerys jusqu'aux Trois-Soeurs et noires fut les ailes du corbeau qui apportèrent la nouvelle. Le roi était au Val, aux Portes de la Lune pour célébrer l'arrivée au pouvoir d'un nouveau seigneur. Et rappeler au peuple que Sa Majesté le protégerait contre les sanguinaires pillards qui avaient occis le jeune Robert. Si Jacaerys s'assombrit encore plus à cette nouvelle, un certain soulagement l'avait gagné. Le roi n'en serait que plus tôt prévenue. Aussitôt, il avait repris la mer, épuisant ses hommes et ses compagnons.
Seul un reliquat d'énergie lui avait permis de surmonter la fatigue et l'horreur d'un voyage au coeur de l'hiver, au plus au Nord du monde connu. Si le chevalier avait taillé sa barbe et connu quelques bains sévères, laissant son eau plus noire que la suie d'une cheminé de Winterfell, ses yeux caves et la peau tirée de son visage trahissait sa détresse. Drapé d'une cape aux couleurs de sa maison, on ne manquait pas de voir la lanière qui tenait le plastron de plate au niveau de sa taille. Même son fourreau lui tombait sur les hanches lui donnant la démarche décontractée d'une mercenaire. Serrant contre lui un étrange objet drapé de soie écarlate, il tomba à genoux devant le roi et baissa la tête en un geste de soumission.
Sa mission était accomplie.
Votre Majesté, vous me faites un grand honneur de me recevoir. salua l'Amiral d'une voix rauque. Je suis arrivé voilà quelques jours... Je crains n'avoir pu vous rencontrer plus tôt... Jacaerys regarda enfin son souverain et suzerain droit dans les yeux. J'ai accompli votre désir Votre Majesté. J'ai pris les voiles jusqu'au Nord et Fort-Levant. Enquêter auprès de la Garde de Nuit. Et je crains que les nouvelles soient graves.
Dans un geste déférent et presque religieux, Jacaerys tendit son précieux bocal empli d'éthanol vers le roi. Seul le chevalier et ses plus proches compagnons en connaissait le contenu. Cette main sordide aux mouvements tressautants malgré avoir été détaché voilà des semaines de son... maître.
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Les Portes de la Lune
Rhaegar Targaryen
Ce fut un homme visiblement abattu et exténué qui tomba à genoux devant le Roi. Rhaegar laissa lentement retomber sa main droite le long de son flanc et l’observa, à moitié satisfait de le revoir mais inquiet quant à son apparence. Soit le voyage avait été plus dur qu’escompté, soit il s’était passé quelque chose qui avait bouleversé l’amiral de Lamarck. Fronçant les sourcils et faisant un pas en arrière, Rhaegar le contempla de haut et écouta les excuses du Velaryon.
Ce n’est rien Ser, l’excusa-t-il avant de le laisser poursuivre.
Mais la suite de ses paroles fit accélérer les battements du coeur du Roi d’anxiété.
Comment cela ? Qu’avez-vous vu ? le pressa-t-il, inquiet.
Et puis Jacaerys leva son bras vers lui, sa main tenant ce qui semblait être un bocal ou un objet pouvant contenir quelque chose, mais cet objet était encore recouvert d’un léger drap de soie écarlate…qui tomba lentement et sans un bruit au sol lorsque Jacaerys le leva vers lui. Rhaegar un hoquet de surprise mais il recula de trois pas, allant presque jusqu’à perdre l’équilibre en rencontrant le chemin d’un mobilier quelconque…Une table basse ou une chaise… Il plaqua sa main droite sur sa bouche, ses yeux écarquillés d’horreur en contemplant le contenu du bocal. A l’intérieur de celui-ci s’agitait par intermittence une main aux longs doigts maigres et osseux dont les ongles étaient encore croûtés de sang.
Qu…Quelle abomination est…est-ce là ? articula-t-il péniblement, sa voix étant aussi faible qu’un murmure à travers la paume de sa main
Retrouvant contenance passé le choc de cette vision, il fit un pas, puis un second, vers Jacaerys, toujours agenouillé et le bocal tendu vers son Roi. Rhaegar se pencha vers le bocal, sa main droite quittant ses lèvres. Ses prunelles améthystes brillant de peur et de stupéfaction se posèrent finalement vers le chevalier :
Relevez-vous mon ami…Et dîtes-moi ce que vous avez vu. N’omettez aucun détail.
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An 302, Lune 8, Semaine 4
Jacaerys Velaryon
Jacaerys avait craint que le roi ne le rejette, qu'il ne croie pas la véracité de ses propos ou même qu'il se gausse de l'étrange main. Les révélations que lui avaient fait la Garde de Nuit était si improbables, toutes droit sorties de légendes millénaires. Et pourtant vraies. L'Amiral de Lamarck avait vécu les horreurs du Nord, il avait vu les mines hantées de ces hommes endurcis qu'on surnommait les corbeaux. Mais il avait craint que le roi, l'esprit hanté par les soucis quotidiens, ne s'en gausse.
La réaction de Rhaegar le prit au dépourvu et il faillit bondir au secours de Sa Majesté. Seul un frisson et les crispations de sa mâchoire trahirent l'envie de Jacaerys d'aider son roi. Mais il appartenait seul au dragon de tenir sur ses pattes et l'Amiral ne désirait faire aucun faux-pas. Malgré l'horreur que cela lui inspirait, il ne pouvait s'empêcher de se réjouir d'avoir frapper fort dans l'esprit du valyrien et il partageait son regard stupéfait et apeuré lorsqu'il osa enfin lever les yeux vers son suzerain. Jacaerys prit quelques secondes pour prendre sa respiration, ordonner ses idées puis enfin narra son épopée vers le Nord.
Il n'omit aucun détail, des difficultés à voguer dans ses contrées au coeur de l'hiver de sa rencontre avec les officiers de Fort-Levant. S'il eu un portrait flatteur d'Emmett-en-Fer et Ser Gendron, il houspilla Cotter d'honnête bâtard. Jacaerys expliqua alors ce que le commandant de la Garde de Nuit lui avait raconté. De la disparition de la patrouille jusqu'à sa découverte, bien plus près du Fort que ne l'aurait voulu la décence. L'Amiral développa le souhait de Pyke d'enterrer les corps et les libérer de leurs voeux et comment les maccabés s'étaient relever pour assassiner leurs frères jurés. Le valyrien expliqua que, malgré ses réticences premières, il avait lu la vérité sur les visages de ces hommes jusqu'à ce que la preuve lui fut apporter. La main dans ce bocal rempli d'alcool. Cette main tranchée des lunes plus tôt et qui bougeait encore.
L'horreur m'a saisi Votre Majesté. Je me devais de vous avertir. conclut Jacaerys. Les dangers des sauvageons étaient loin pour Cotter, bien que j'ai appris les nouvelles de leurs attaques depuis mon retour. Mais je crains que les morts qui se relèvent soient une menace plus grave, bien plus grave. La Longue Nuit pourrait bien revenir. J'aimerai être honnête avec vous Votre Majesté. Je n'ai pas peur. Jacaerys avala péniblement sa salive avant de rependre : Je suis terrifié.
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