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L'heure est aux explications ✹ Doran & Oberyn Martell

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L ' heure est aux explications

Doran & Oberyn Martell


❈ An 299, lune 1, semaine 1
Lancehélion, Tour du Soleil



Lancehélion était calme, bercée par les coups de vents irréguliers apportés par la mer d’été, caressée par les derniers rayons de lumière qu’émettait un soleil fatigué, arrivé à la fin de sa déclinaison journalière. La nuit s’apprêtait à reprendre ses droits sur la cité du soleil. Petit à petit, les morceaux de la métropole seraient envahis par les ombres ; la ville ombreuse sombrerait dans une poignante obscurité, tandis qu’une à une, deux fières tours de la forteresse tomberaient, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la tour Lance, amante du soleil pour quelques temps encore. À la fatalité de ce spectacle s’ajoutait un autre combat, celui des couleurs dans le ciel. Orange, rose et aqua marine guerroyaient ensemble, sans égards l’une pour l’autre. Cette guerre féroce ne se rendait visible que pour les quelques romantiques égarés qui lèveraient les yeux au ciel au bon moment, et qui goûteraient ainsi à la beauté du monde et à ses spectacles éblouissants. Ainsi la tombée de la nuit était un champ de bataille à plusieurs fronts, et cette nuit se trouvait être particulièrement reposée. Dans les rues de la ville ombreuse, peu de personnes ne s’aventuraient. Les maisons étaient closes, les bars ici et là n’émettaient pas de boucan particulier. Ce genre de soirs n’était pas si rare ces temps-ci. La paix proclamée avait des traits salvateurs. Comme si les inquiétudes d’antan s’étaient envolées face à ce semblant de paix dans le royaume. Les plus avisés d’entre nous, ceux connaissant les rouages de nos sociétés et les plus férus d’histoire comprendront que chaque période de paix ne permet que de préparer les prochaines guerres, plus féroces et plus sauvages que les précédentes. Si la guerre durait, alors elle ne deviendrait plus la guerre. Si les hommes étaient constamment envoyés au combat, si les champs de bataille ne criaient pas à l’armistice, si le pouvoir plongeait la région dans un état d’urgence constant, alors le concept de paix et de guerre disparaîtraient. Alors les hommes ne se battraient pas comme ils le font, les armées perdraient toute efficacité et les conquêtes territoriales seraient anecdotiques. La paix est un état nécessaire. Loin de toutes ces tergiversions, il était aisé d’affirmer que ce climat était bon. Il permettait les soirées de la sorte, où le temps semble se figer et où une cité toute entière repose dans une sereine infinité. Des nuits où les batailles ne se font que dans les palettes du ciel. Une bataille qui touchait à sa fin, et dont l’issu était connue de tous. Très vite les couleurs fanèrent et laissèrent place à un tendre noir. À nouveau, l’obscurité gagnait, dévorait avec appétit toutes ces belles couleurs pour ne laisser que trainées de miettes blanches dans le ciel de la nuit.
Cette singulière sérénité déteignait étonnamment bien dans l’esprit du prince Oberyn. Lui qui se rangeait si souvent du côté de ces révolutionnaires qui trouvaient dans la tombée de la nuit qu’un prétexte parmi tant d’autres pour s’adonner à de luxurieuses expériences, où ils enchaînaient lascives étreintes et baisers enflammés. Cette nuit faisait exception et lui permettait de redécouvrir pour la millième fois sa cité natale, fière et belle Lancehélion. Il s’était éloigné de ses extravagantes suites princières pour rejoindre les quartiers de la ville ombreuse, avant de les déserter pour longer de petits chemins sableux afin de sortir de cette vaste métropole. Il dut marcher un moment pour rejoindre les rives de la mer d’été. Son excursion était hasardeuse. Si le ciel était dénué de nuage, son esprit n’en était pas moins brumeux. Cela faisait plusieurs lunes que des pensées tournoyaient en boucle. Des questions qui ne trouvaient aucune réponse. Des critiques qu’il avait décidé de taire, des remarques qu’il rêvait de prononcer à son frère. Leur dernière entrevue datait de tant de temps. Les deux frères logeaient au même endroit mais ne trouvaient jamais l’occasion de réellement discuter. Oberyn avait tant de choses à lui dire, mais il se devait de mettre de l’ordre dans ses idées. Son caractère tempétueux avait  plusieurs fois été l’objet de critiques de la part de son aîné qu’il ne voulait plus lui permettre de tomber dans cette facilité-là. Il avait besoin de réponses sur certaines interrogations, et il comptait bien les recevoir cette nuit. Sa marche solitaire prit fin lorsqu’il aperçut son écuyer, au loin, s’approcher d’un pas décidé. Il lui avait donné l’ordre de venir le trouver lorsque le son frère le prince régent aurait donné réponse à sa missive. Sans un mot, il attendit que son homme s’approche pour lui apprendre la nouvelle. Doran Martell attendait son frère dans la tour du Soleil. Lorsqu’on arrivait à Lancehélion, la tour du soleil était la première bâtisse que l’on percevait, que ce soit par la mer ou à terre. Les yeux d’Oberyn se levèrent pour observer cette imposante bâtisse. Les deux hommes reprirent alors le chemin qui menaient à la ville, se séparèrent sans prononcer une parole supplémentaire et Oberyn commença à gravir les marches qui menaient à la forteresse. C’est en montant la fameuse tour qu’il s’interrogea sur l’issu de cette conversation. Il en venait à se demander si son frère allait rejoindre ses opinions sur un seul des nombreux sujets qu’ils avaient à discuter. Ils étaient si différents de caractère que parlementer ne les menait parfois à rien. Ils ne partageaient pas les mêmes valeurs sur un nombre de sujets conséquents. Cependant, à l’issu des raisonnements, les décisions finales de  Doran faisaient loi. Oberyn ne pouvait les contrer et ne souhaitait guère les contrer. Outre leurs différences, de forts liens les rapprochaient. Un respect fraternel mutuel était implacable, et la Vipère pouvait bien être entêtée, elle n’avançait que pour sa famille.
Il arriva enfin devant la porte. Les deux gardes s’écartèrent pour laisser le prince pénétrer dans la salle. C’était une vaste pièce réservée aux rendez-vous diplomatiques. Plusieurs chandeliers éclairaient une grande table ronde, sur laquelle un semblant de festin était disposé. « Bonsoir, Doran. » La paisible voix de la Vipère siffla entre ses lèvres, alors que son regard cherchait celui de son frère. Il s’avança en direction de la table, se versa du vin dans une coupe dorée, mit la main sur une grappe de raison et se lança dans le deuxième fauteuil disposé autour de la table, à l’extrême opposé d’où était assis le prince régent. Il sirota quelques gouttes avant d’entamer la discussion. « Je ne t’ai pas souvent croisé, ces temps-ci. » Sa coupe occupait une nouvelle fois ses lèvres. « Tu dois avoir beaucoup de choses à me dire, mon frère. Pourquoi ne commencerais-tu pas par me parler de ce malheureux incident concernant le bâtard de la Grâcedieu ? J’ai reçu des nouvelles de Port-Réal, il semblerait que tu aies crée un incident diplomatique. » Il s’attaquait immédiatement aux sujets sensibles, ne voulant guère perdre son temps. Il avait été lassé de ne recevoir que rumeurs et discours retranscrits. Son frère était l’être le plus honnête et le plus doux qu’il connaisse en ce monde, il n’attendait que d’entendre certaines vérités, entièrement exprimées. Doran devait savoir exactement ce que son frère désirait. L’heure était aux explications.



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