The quiet and the white wolves of Winterfell. [flashback]

Ce jour était celui de trop. Trop de silence, trop de non-dits. Jon venait d'avoir quatorze ans et c'était quatorze années de brouillard qu'il ne pouvait plus supporter. Alors il avait pris son courage à deux mains et il s'était dirigé jusqu'à la grande salle, où il était convaincu de trouver son père. Mais Eddard n'était pas là. Mais il avait gardé son courage à deux mains et avait continué sa recherche, évitant soigneusement lady Catelyn lorsqu'il l'avait croisée et évitant tout aussi soigneusement Sansa lorsqu'il avait vu sa chevelure rousse au loin. Il n'y avait plus qu'un seul endroit auquel il songeait, qu'il n'avait pas encore regardé. Le bois sacré.

Il avait soupiré. Ces lieux devaient être calme et Jon était énervé, il voulait enfin une réponse à toutes ses questions, le bois sacré ne serait donc pas le lieu idéal pour dire ce qu'il avait sur le coeur. Il avait besoin de savoir qui il était, besoin de savoir d'où il venait. Ne le méritait-il pas ? N'avait-il pas été digne de savoir qui était sa mère ? Eddard avait-il peur que Jon apprenne que sa mère n'était qu'une vulgaire paysanne ? Il était prêt à tout entendre. Il voulait juste savoir la vérité, une bonne fois pour toute. Que celle-ci éclate. Il voulait juste mettre un nom et si possible un visage sur cette mère. Qui avait-elle été, pour qu'Eddard rompe ses voeux, il voulait aller la voir, lui parler. Qui n'avait pas besoin ni envie de l'amour d'une mère ? Jon le recherchait depuis toujours, tout en sachant que Catelyn ne serait pas celle qui lui donnerait cela. Et il ne pouvait pas lui en vouloir non plus. Mais il pouvait toujours partir à la recherche de cette mère et rattraper le temps qu'ils avaient perdus pendant quatorze années.

Il se rendait donc jusqu'aux Bois Sacrés, ignorant dans la foulée les gamins du palefrenier qui voulaient jouer avec lui, Jon était un aimant à enfants, toujours à lui courir après, à vouloir jouer avec lui. Mais il n'avait pas l'envie de jouer avec eux maintenant.

Il continuait sa route ainsi, ignorant ceux qui l'entourait jusqu'aux bois. Il regardait ça et là dans les lieux, tout en sachant pertinemment où il devait aller. Mais c'est finalement face à Eddard, qu'il s'arrêtait. Être énervé dans son coin était une chose, faire face à Eddard en était une autre. Son père avait cette prestance, cette froideur, ce calme qui avait toujours impressionné Jon. Alors il s'était figé sur place, s'était mordu la lèvre inférieur.

- Père.

Il regardait autour d'eux. Les loups n'étaient pas ici, son propre loup était dans une forêt environnante, en pleine heure de chasse.

- Il nous faut parler.

Un regard de Jon vers son père, il était convaincu qu'Eddard savait exactement de quoi Jon voulait parler. Pas du beau temps en tout cas. Pas plus des sauvageons et des prochaines escapades. Mais bien de sa mère. Comme il lui arrivait souvent. Sauf que cette fois-ci, il n'était pas prêt à recevoir un refus d'en parler, il n'était pas prêt à s'arrêter à ça. Il se sentait plutôt à insister jusqu'à avoir une réponse. Il avait besoin de le savoir. Ce n'était pas une envie ou une lubie, c'était un besoin.