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"Hands of Gold" | Flashback | pv Tywin Lannister

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Hands of Gold

An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Tywin Lannister&Daemon Sand

Un rugissement soudain fit vibrer les hautes tribunes. Sous le soleil d'or de midi, Castral Roc acclamait le champion d'une seule et même formidable voix. L'étalon bai de ce dernier broncha et feinta de côté, surpris par le bruit, dans un petit saut de cabris. L'animal fouilla, relevant sa queue à la manière d'une bannière de soie en un panache de crins aussi noirs que brillants, passant ses grands yeux inquiets sur le monde qui l'entourait. Sur le bouclier de son maître luisait la main dorée de la Grâcedieu. Abruti par la clameur, le cavalier levait un regard  abasourdi vers la foule, ses iris pâles  brûlés par le soleil ne lui permettant de ne distinguer rien d'autre qu'une masse ombreuse et mouvante sur les bancs. Il plaça sa main en visière mais cela n'y changea rien. Les rayons du jour frappaient son armure dornienne de lumière, jouant dans la cotte de maille et les écailles aux tons cuivrés. Ses yeux bleus cherchaient la silhouette de l'adversaire derrière lui, mais ils ne rencontrèrent que la poussière soulevée par la course et qui demeurait en suspens au dessus de la lice, faute de vent pour la porter au loin. Les sabots de son cheval frappaient le sol labouré par les coursiers qui les y avaient précédé. Tous étaient tombés. Ce ne fut qu'après quelques secondes emportées par son apathie passagère que Daemon réalisa pleinement qu'il était le dernier en selle.
A presque vingt ans, il était l'un des mercenaires à la réputation la plus sulfureuse du continent. Puisque sa bâtardise désinhibait souvent ses employeurs qui n'hésitaient guère à lui soumettre des requêtes dont la bassesse n'était, selon eux, pas digne d'un véritable chevalier. Jongler entre les valeurs chevaleresques et les besognes les plus avilissantes était sa croix. Ses succès, de ce fait, étaient rarement acclamés comme en ce jour. Cette fierté dénuée de honte ou d'amertume, le Sand la savourait pleinement comme un enfant, répondant au triomphe qu'on lui faisait en levant sa lance brisée vers le ciel au dessus d'eux avant de la jeter au sol. Dans son exaltation, il n'eut qu'un seul regret: que le Prince Oberyn ne fut pas là pour le voir victorieux.

Un large et fin sourire étirait finalement ses lèvres, tandis qu'une joie exaltée rosissait ses joues et faisait luire ses yeux bleus d'une lueur glorieuse. Ses talons effleurèrent les flancs de son cheval qui s'élança dans un galop serein. C'était la première fois. La première fois qu'il retrouvait les tonnerres d'applaudissements qui l'avaient accompagné durant ses premières joutes à Dorne, la première fois aussi qu'il était reconnu en dehors des frontières de la Principauté d'une manière si complète, si absolue.  Lorsque, quelques foulées plus loin, il passa à côté de son dernier opposant, il ralentit l'allure. S'amusant de l'enthousiasme de la foule, il rejeta en arrière  d'un geste négligeant de la main les crins alezans qui ornaient le cimier de son heaume et qui retombaient sur son épaule comme une fille l'aurait fait de sa chevelure. Cette espièglerie qui le prenait parfois sur la lice venait craqueler sa figure austère et profondément militaire d'une aura mutine. Son arrogance portait l'exotisme insolent des hommes de sa région, et sembla ravir la plupart des spectateurs, qui l'applaudirent de plus belle alors qu'il traversait la piste. Daemon s'appliqua cependant à maintenir son pur-sang au cou de cygne dans la lumière, profitant de ce moment plutôt que de se replier dans l'ombre pour longer les tribunes. Se sachant gracieux à cheval, un sourire satisfait ourlait ses lèvres lorsqu'il entendait scandé son surnom. Et peut-être sa véritable victoire se cachait en réalité dans ce "Bâtard" que l'on martelait non plus pour l'insulter à cet instant, mais pour le célébrer. Mis à part la coquetterie première qu'il avait offert au public, sa célébration demeurait plutôt sobre  et Le brun se contentait de laisser le destrier étirer ses jambes avec élégance sur la piste.

Le jeune fils de Ryon avait triomphé. Enivré par les Hourra, la poitrine gonflée par la fierté, ses yeux faillirent ne pas rencontrer la silhouette menue qui tentait de ne pas se faire distancer par son coursier des sables. Agitant une main, le page tentait désespérement d'attirer son attention. Le visage rougeaud de la petite course qu'il avait effectué en flanquant avec plus ou moins de distance le destrier à la robe rouge, l'ouestrien avait la respiration sifflante lorsqu'il géignit d'une voix presque douloureuse:

"S...Ser... Arretez-vous, Ser...Ha..."

Le menton levé et le port altier, toute l'attention du Sand n'allait qu'aux tribunes qu'il saluait avec nonchalance. Il aurait bien continué ainsi plusieurs minutes lorsqu'il sentit soudain une main chaude et replète se poser sur son genou. Le Sand décocha un regard noir à son interlocuteur sans abaisser son bras pour autant. Sa jambe se crispa, décourageant le garçon de prolonger le contact qu'il avait entrepris. Ce dernier retira sa paume comme s'il l'eut posé par inadvertance sur un tas de braises. Le nez froncé par le dédain, Daemon releva à nouveau son visage vers ceux qui clamaient son nom, n'écoutant plus que d'une oreille distraite le son fluet qui sortait de la bouche de l'écuyer.

"Vous devez aller au pied..au pied de la Tribune du Lion" souffla-t-il à nouveau, dans une voix qui devait se forcer pour couvrir la rumeur des applaudissements. Une moue contrariée lui répondit. Il devait se justifier pour convaincre le jeune dornien d'obtempérer.   Il se pressa donc de plus belle: "Votre récompense, Ser! On va vous la remettre."

Sous le heaume, les yeux du brun s'arrondirent avant de retrouver leur allure effilée, un éclat avide et curieux logé au fond de sa rétine alors qu'il consentait enfin à guider sa monture trottante vers la fameuse tribune. Son jeune compagnon poursuivit la route à ses côtés, comme accroché à sa botte. Enfin, il s'arreta. Naturellement droit sur sa selle, il n'y avait que la rigueur de son éducation dévote pour masquer quelque peu la nonchalance qui aurait tôt fait passer son attitude pour une insulte ouvertement adressée à la noble assistance. Enserrant son casque de ses deux mains, il entreprit de le retirer, se libérant enfin de l'odeur de métal. Même au coeur de la lice, le Sand pouvait humer, caché quelque part entre l'odeur du sable frappé par le soleil, la transpiration de son cheval et le bois des tribunes, le parfum des embruns. Alors qu'il cherchait des yeux des têtes connues sur les bancs, une curiosité d'enfant lui tenaillait l'esprit. Qu'avait-il gagné? S'il s'en était donné la peine sans doute aurait-il pu lire cette même interrogation dans les yeux des vaincus. Soudain, un intérêt commun attira l'attention de la foule, la poussant à un silence respectueux qui s'installa avec une discipline propre aux terres de l'Ouest. Suivant cette vague de concentration, Daemon observa avec intérêt la silhouette sombre qui se distinguait de la multitude.

Avec un ton qui préconisait la prudence comme si le dornien s’apprêtait à entrer dans une cage abritant un fauve le page lui conseilla dans un presque murmure: "Vous devriez mettre pied à terre, Ser. Je...Ah!" Un coup de tête brusque de la monture du chevalier avait fait sursauter le jeune garçon qui se décida finalement à se taire, sans pouvoir rien faire de plus, si ce n'était de lever les yeux vers
le profil dédaigneux du bâtard.



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An 297 - Lune 2 - Semaine 4



Daemon Sand & Tywin Lannister

La foule était en effervescence. Partout on acclamait, criait, applaudissait le vainqueur. Le tournoi avait mis en lumière nombre de jouteurs et chevaliers émérites. Les combats avaient été grandioses, à la hauteur de ce que le Vieux Lion avait espéré. Il n’était pas très enchanté par ce genre de divertissement et il ne l’a jamais été d’ailleurs. Avant la mort de Jaime, il les trouvait juste bon pour les jeunes filles en fleur, pouvant ainsi se pâmer d’admiration pour leur champion et favori et rêver de se retrouver dans leur bras une fois la nuit venue. Jaime ne faisait pas exception, car il avait souvent vu ces mêmes jeunes filles se presser vers lui dès que l’occasion se présentait, histoire de lui lancer un mot d’encouragement ou de félicitations, espérant naïvement que son fils se souviendrait d’elles et lui accorderait ses faveurs. Mais jamais une telle chose ne s’était produite, il y veillait personnellement. Son fils était un chevalier et, en tant que son héritier, il devait l’éduquer à assumer son futur rôle qui serait un jour le siens. Mais l’avenir en a décidé autrement et maintenant, depuis sa mort, nombre de choses ont changé…

Il n’avait plus ni assister ni donner de tournoi sur ses terres depuis sa mort. Cependant il sentait bien que ses gens commençaient à se morfondre dans le calme plat qui régnait sur les Terres de l’Ouest depuis le décès de Jaime. Il décida donc de remédier à la situation et, si son cœur ne sautait guère de joie à cette idée, il organisa un grand tournoi à Castral-Roc dont la récompense était un magnifique œuf de dragon ramené de lointaines contrées oubliées.

Les meilleurs jouteurs avaient été conviés et, chose exceptionnelle, le Vieux Lion avait également permis les inscriptions libres pour tout volontaire qui désirerait venir tenter sa chance. Les plus nobles représentants de l’Ouest vinrent assister et prendre part aux festivités. Certains chanceux eurent une place de choix dans la loge seigneuriale, aux côtés de Lord Tywin et de son frère, Ser Kevan, venu pour l’occasion avec sa femme, Lady Dorna, et son fils et héritier, Lancel Lannister. Lady Cersei et Lord Tyrion se trouvaient eux aussi dans la loge seigneuriale. A son habitude, Tyrion se trouvait assis sur son siège rehaussé, un verre de vin à la main. Cersei elle, faisait son possible pour ignorer son frère cadet et se concentrer sur le spectacle, lâchant de temps en temps un commentaire aux oreilles de son père. Elle était radieuse. Les hommes n’avaient d’yeux que pour elle et le Seigneur son Père, tandis que les femmes jalousaient sa beauté. Lord Tywin était vêtu d’un habit de brocard noir élégamment brodé de fils d’or, une broche d’or au motif du Lion Lannister fermant son col. Des bottes souples de cuir noir qui lui montaient presque jusqu’aux genoux et une cape rouge-bordeaux fermée et attachée de côté pour lui revenir sur l’épaule gauche parachevaient sa tenue, que son épée d’apparat qui ornait sa ceinture venait décorée.

Il avait assisté au tournoi calmement, applaudissant légèrement lorsqu’une parade était habilement menée, répondant aux commentaires de son frère ou de sa fille par des phrases simples, et saluant de temps à autre les nobles et leurs dames qui le remerciaient de son invitation et de ces jeux. Mais lorsque le vainqueur remporta le tournoi, il ne put s’empêcher d’applaudir plus fortement et fit même une chose à laquelle personne ne s’attendait. Il se leva et applaudit debout, reconnaissant ainsi les grandes qualités du vainqueur et lui faisant un très grand honneur, surtout venant de sa part. Lui debout, c’est toute la loge seigneuriale qui l’imita. A cet instant, Kevan, tout en applaudissant, se pencha légèrement vers lui, pour que son frère puisse l’entendre sans qu’il n’est trop à élever la voix pour couvrir le bruit de la foule :

Voilà qui était fort bien jouté. S’il est aussi habile au combat réel qu’aux joutes, ce Dornien aura un avenir des plus prometteurs.

En effet, répondit Tywin. Quel est son nom ?

Ser Daemon Sand, de la Grâcedieu.

Tywin se tourna, interloqué, vers son frère :

Un bâtard chevalier ?
[Il émit un léger rire moqueur] Les Dorniens ont réellement des pratiques qui dépassent l’entendement. Qu’il approche.

Kevan hocha la tête et se tourna vers un garde qui alla transmettre le même message au page chargé de s’occuper de Ser Daemon. Ce dernier était tout occupé à savourer son moment de gloire et le page eut bien du mal à communiquer avec lui, visiblement. Pendant ce temps, Tywin réfléchissait. Tout bâtard qu’il était, il ne pouvait nier les grandes facultés et l’adresse au combat du jeune Dornien. Voilà un moment qu’il désirait avoir un garde personnel, quelqu’un de valeureux, loyal, adroit et non dénué d’intelligence pour le suivre dans ses déplacements, lui tenir lieu de garde et, même, en qui il pourrait confier des tâches qu’il ne sied guère à quelqu’un de son rang d’accomplir lui-même. Il avait d’abord songé aux Clegane, mais, malgré leur adresse au maniement des armes, Lord Tywin les estimait plus enclin aux tâches brutales et sanguinaires, plutôt qu’aux genres de mission qu’il désirait confier à cette personne-là. Il ne connaissait pas le jeune homme vainqueur du tournoi mais, s’il avait les qualités qu’il recherchait, peut-être lui donnerait-il sa chance…

Voyant que le bâtard-chevalier regardait dans la direction de sa tribune, le Vieux Lion fit un geste de la main, lui signifiant d’approcher. Il obtempéra, s’approchant à cheval, tandis que Tywin descendait d’un pas preste les marches de sa loge qui menait à l’estrade du vainqueur. Ser Kevan le suivait, à quelques pas derrière lui, portant la récompense promise au vainqueur posée sur un plateau d’or et recouverte d’un linceul rouge. A l’estrade, Lord Tywin attendait, les mains derrière le dos, son regard bleu teinté d’or fixé sur le jeune vainqueur de Dorne. Ce dernier, toujours à cheval, fut bientôt à sa hauteur. Alors Tywin leva les mains à destination de la foule pour réclamer le silence. Il se fit presque instantanément et seul le vent qui bruissait dans les arbres alentours, était la seule source de bruit, aussi légère soit-elle. Ce fut Ser Kevan qui parla le premier :

Mettez pied à terre, Ser.

Et tandis qu’il obtempérait et approchait à hauteur du Seigneur de Castral-Roc, Lord Tywin se mit à penser : « Voyons-voir à qui nous avons affaire ». Sans détacher ses yeux du jeune Dornien, il se tourna légèrement vers son frère et, tendant les mains, reçut des siennes la récompense promise au vainqueur. Puis, retirant le linceul rouge, il dévoila aux yeux de tous le prestigieux présent : un œuf de dragon rouge ombré de noir par endroit. Des murmures parcoururent la foule, à la vue de cet objet d’une telle rareté. C’est alors que la voix du Vieux Lion retentit, suffisamment forte pour se faire entendre de tous :

Au nom de la Maison Lannister et des Terres de l’Ouest, voici votre récompense, Ser Daemon Sand de la Grâcedieu. Un œuf de dragon. En ce jour, je le fais vôtre.

Puis il le tendit au jeune vainqueur avant d’applaudir à nouveau, suivit par le reste de l’assemblée. Enfin, avant de retourner à sa loge, il glissa à l’oreille du chevalier :

Savourez votre victoire, puis rejoignez-moi à ma loge.


Et il tourna les talons et regagna sa loge et le reste de sa famille, Ser Kevan l’imitant après avoir accordé un dernier signe de tête au vainqueur du tournoi.

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An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Tywin Lannister&Daemon Sand

Perché sur sa monture à l'encolure tachée de sueur, Daemon n'avait d'yeux que pour l'homme qui venait à sa rencontre. Le souffle encore lourd de l'effort, il sentait les flancs de son cheval s'ouvrir et se resserrer en écho à sa propre respiration, encore fébrile de sa jeune gloire. C'était plus que ce qu'il n'avait jamais espéré, d'arracher une telle victoire sous le nez de tout ce sang bleu, sous le patronage de cet homme. C'était tant qu'il n'en éprouva que plus de fierté encore d'avoir traversé de si pénibles années pour fouler cette terre rougeâtre. Le vent se levait. Enfin.
Ne s’embarrassant pas d'effacer d'un coup de sa main la goutte de sueur qui coulait lentement sur son front brûlant, il jaugea d'un regard farouche celui dont on lui avait conté la légende. Un éclat de soleil vint transpercer la prunelle pâle qui le couvait d'un regard aussi intimidant que perçant. Tywin Lannister s'approchait, tout vêtu de brocard sombre, homme formidable s'il en était et dont l'âge n'altérait pas l'aura d'autorité sereine qu'il dégageait et à laquelle la foule répondit docilement. D'un seul geste, il réduisit au silence  mille voix. Seul la brise de l'Ouest eut l'audace de chuchoter, et les bannières qui claquaient en se gorgeant de son souffle. Fasciné par le visage intransigeant du Lord Suzerain, le bâtard ne prit pas garde à celui qui s'avançait dans son ombre. Aussi, sa voix le surprit quelque peu, crispant ses épaules. Obtempérant après avoir jeté un nouveau regard vers le Lion, il rejeta sa jambe par dessus la croupe de son pur sang, sautant souplement à terre avec l'aisance de ceux qui passaient leur vie sur le dos d'un cheval. Tandis que ses bottes foulaient la poussière rougeâtre de la lice, il ne put se résoudre à détache ses yeux bleus de la silhouette du Lannister, bien que l'envie de jeter un regard vers le mystérieux plateau que portait le frère de celui-ci ne manqua pas de lui titiller l'esprit. La mine austère malgré la lueur qui habillait ses prunelles d'un éclat pétillant, le brun préférait se concentrer sur l'homme qui lui faisait face. Il l'avait vu se lever dans la grande tribune. Quelques dragons d'or seraient bien peu de chose comparé à cet honneur qui, il l'espérait, trouverait son chemin jusqu'aux oreilles d'une certaine infante, loin au Sud, dans une tour éclairée de soleil.

Ce fut dans un silence parfait que les mains du Lannister découvrirent le présent, si inestimable et si rare que Daemon mit quelques secondes à en comprendre la nature exacte. Le velours rouge glissa comme du sang, dévoilant une surface arrondie gravée d'un motif répétitif semblable à une cotte de maille. A la vue de l'objet, ses sourcils se froncèrent brièvement, et ce ne fut qu'au son rude de la voix du Lion ainsi qu'au murmure admiratif et envieux de la foule qui s'en suivit, qu'il comprit enfin ce qu'il tenait entre ses mains. Il en resta muet. Ses yeux s'ouvrirent, saisi d'une surprise teintée d'admiration. Tandis que ses doigts gantés redessinaient précautionneusement le relief des écailles d'amarante et d'ombre, un sourire fin ourla doucement ses lèvres. Il n'eut guère besoin de laisser s'échapper le hurlement victorieux qui brûlait sa gorge, trouvant un écho suffisant à ce qu'il ressentait dans les nouveaux applaudissements qui ébranlèrent les tribunes autour de lui. Il ne releva pas le regard en entendant le vieux Lion s'adresser à lui, ne pouvant se résoudre à détacher ses prunelles de cette relique des temps anciens qui se trouvait aujourd'hui en sa possession, à lui, le bâtard. Lorsqu'il leva finalement ses yeux, ce fut pour regarder le dos du  Lannister s'éloigner, et il se contenta d'incliner humblement le menton à la salutation du frère de ce dernier, avec tant de questions lovées dans l'azur de ses prunelles que la foule dut lui réclamer une nouvelle célébration pour qu'il se rappela de célébrer sa propre victoire. Aux acclamations de la foule avide, il saisit l’œuf d'une main, le soulevant au dessus de sa tête pour l'offrir à la vue des spectateurs. Sur sa droite, il put apercevoir les mines déconfites ou affligées des opposants qu'il avait défait. Il demeura ainsi pendant près d'une minute, avant de finalement ramener sa main et sa pesante récompense contre son ventre, laissant les clameurs s'apaiser puis se retirer.

Rejoignant son destrier, il passa une main sur son chanfrein puis sur son encolure et sur ses jambes dans une gestuelle technique devenue naturelle, peinant cependant quelque peu puisque l'une de ses mains était accaparée par la pierre rougeoyante. Alors qu'il s'assurait que son étalon ne portait aucune séquelle de la joute, il apostropha le jeune page qui était toujours accroché à la bride du bai.
"Je n'ai pas d'écuyer." De son coude il souleva le quartier de la selle, desserrant d'une main la sangle pour libérer la poitrine comprimée de l'animal, il posa un regard froid et curieux sur le garçon. "Tu saurais t'occuper de lui?"le questionna-t-il tandis que le destrier de sables lâchait un long ronflement soulagé.
"Oui, Ser!" Scrutant quelques instants l'expression du jeune blond, il décida finalement de lui faire confiance. Le cheval était calme avec lui, et l'enfant semblait désireux de bien faire son travail. Il lui mit brusquement son heaume dans les mains."Il s'appelle Marwan. Tu trouveras mes affaires près des tentes des chevaliers du Val, à l'orée d'un bosquet de grands chênes." L'enfant blémit devant ces explications vagues. Il devrait cependant faire avec, le Sand n'ayant guère le pouvoir de se payer le luxe d'une tente affligée de son blason, et ce dernier se dirigeant déjà vers les tribunes d'un pas de grenadier. Daemon avait nettement plus confiance en son étalon pour guider le page plutôt que l'inverse à travers le labyrinthe de tissus puisque le bai ne manquerait pas de reconnaître les deux autres chevaux avec qui il partageait la route depuis quelques années maintenant.

Sous son bras gauche, posé contre sa hanche, l’œuf figé par les âges frottait doucement ses écailles de pierre contre le lin noir de son habit au rythme de sa démarche féline.  Ni l'orgueil ni l'avarice ne le portait à un tel accaparement de l'objet, mais bien une méfiance qu'il avait apprise sur les chemins. Seul un fou, ou un homme doté de compagnons fiables, se serait risqué à laisser la précieuse récompense sans surveillance. Il aurait autrefois craint pour ses précieux chevaux, mais ils étaient si peu de chose aux yeux des plus cupides comparé à ce qui reposait désormais contre sa hanche. D'amis, il n'en comptait aucun sur ces terres. Quand à sa présence d'esprit, le Sand était bien trop pragmatique pour laisser son butin hors de sa vue. Grimpant les marches quatre à quatre, son armure d'écailles cuivrées tintant au rythme de son escalade, il dépassa quelques nobles qui attendaient l'opportunité de féliciter le patriarche Lannister pour ce tournoi somptueux. Le côté présomptueux de sa démarche attrapa ici où là quelques coups d'oeil courroucés ainsi que quelques remarques impatientes. Le Sand se contenta de passer d'un pas vif à côté d'eux, la mine fermée et les sourcils légèrement froncés, le regard assombri par la concentration. Il ne put s'empecher de remarquer que le bois des marches, pourtant éphémère, était le même que celui des petits tabourets sur lequel on l'avait fait s'asseoir pour apprendre à réciter les textes sacrés. Arrivé à hauteur des gardes prévenant toute intrusion dans la loge d'honneur, il se présenta avec une sobriété si peu raccord avec l'image que véhiculaient les rumeurs sur sa patrie que les soldats échangèrent un regard dubitatif. Respirant l'austérité propre à la pieuse Grâcedieu, que certains disaient même dévote, il y avait quelque chose d'inquiétant dans son silence, dont l'humilité semblait mettre plus mal à l'aise les hommes parés de l'armure au lion que ne l'aurait fait un comportement plus flamboyant, plus "dornien" sans doute. Son bras libre collé le long du corps, son dos était droit et son menton incliné. Son attitude disciplinée contrastait avec le fourmillement coloré des nobles qui se pressaient autour et derrière lui dans un bourdonnement joyeux. Le regard baissé, attendant modestement qu'on lui permit de pénétrer la loge du Lion, Daemon laissait patiemment les secondes passer, l'esprit toujours plus fourmillant d'attente, d'appréhension et de hâte mélées.





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An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Daemon Sand & Tywin Lannister


Les deux Lions regagnèrent leur loge en silence. La même démarche, la même stature, le même port de tête, les deux frères se ressemblaient beaucoup. Seuls les cheveux, plus gris que blancs, et un léger sourire sur le visage de Kevan Lannister, le différenciait de l’austère visage de son aîné. Le chemin depuis l’estrade jusqu’à leur loge était certes court, mais Lord Tywin fut souvent interpellé par les nobliaux des tribunes et leurs dames. Ne pouvant passer sans les saluer, l’obligeant souvent à s’arrêter, contraignant Kevan à faire de même derrière lui, il mit plus de quinze minutes à regagner le calme apparent de la loge seigneuriale tandis que la foule acclamait le jeune vainqueur dornien. D’une manière distraite, il prit un morceau de poulet grillé qu’un serviteur lui tendait sur un plateau d’or et le mangea, son regard d’acier perdu dans la contemplation de la foule en liesse. Kevan le ramena à la réalité, après s’être également servit en nourriture et en vin pour eux deux :

De tous les participants, il est celui sur lequel je n’aurais pas parié de prime abord. Un Dornien qui plus est…

Il émit un léger ricanement moqueur et son frère aîné fut bien forcé de l’imiter. Kevan avait raison ; rien ne prédisposait ce Daemon Sand, un chevalier-bâtard de Dorne, à gagner ce tournoi face à d’autres chevaliers et jouteurs plus âgés et plus expérimentés, la plupart originaires de l’Ouest. Dans sa victoire, la chance n’avait joué aucun rôle. Ce sont ses capacités qui lui conférèrent la victoire. Le Vieux Lion était sûr que les perdants du tournoi devaient jalouser terriblement le vainqueur. Un œuf de dragon, chose rarissime et d’une valeur inestimable, se trouvait désormais en la possession d’un Dornien de la Grâcedieu. Lord Tywin ne considérait certes pas encore Dorne comme un territoire ennemi, mais peu s’en fallait pour que le Prince Doran et ses maisons nobles soient considérés comme tel. Une animosité semblable à une guerre froide s’était instaurée entre eux voilà plusieurs années. Comme le Prince Doran n’était pas homme à faire le premier pas pour se rapprocher de l’Ouest et comme Lord Tywin était bien trop fier pour s’abaisser à être l’auteur de cette démarche, les deux hommes, leurs maisons et l’ensemble de leurs territoires s’ignorent cordialement depuis. Le Vieux Lion ne pouvait qu’imaginer la frustration, la jalousie et même, chez certains, la colère que devaient ressentir les Chevaliers vaincus de l’Ouest.

Les deux frères mangèrent en silence alors que Ser Daemon Sand savourait encore sa victoire avec la foule. Lui tendant un verre de vin, Kevan reprit :

Que comptes-tu faire de lui ?, le questionna-t-il avant de boire une gorgée de vin.

Il connaissait son aîné décidément bien, car Lord Tywin avait effectivement une idée en tête, idée qui avait commencé à faire son chemin dans son esprit calculateur alors que Ser Daemon se trouvait encore à jouter. A son tour, il but une gorgée de vin, en goûta la robe en faisant claquer sa langue sur son palais puis répondit :

Si ce garçon a autant d’esprit que d’adresse au combat, j’envisage de l’engager à mon service.

Un garde personnel ?

Non pas un, mais « une ». A l’instar d’une certaine Garde Arc-en-Ciel ou d’une Garde Royale… S’il me convient et s’il accepte, il pourrait être le premier représentant de cette nouvelle unité…la plus prestigieuse de l’Ouest.

Kevan hocha la tête en silence, signe qu’il acquiesçait, avant d’objecter :

Il te faudra certainement acheter sa loyauté. En l’état il n’a aucune raison de rejoindre l’Ouest alors qu’Ouest et Dorne se détestent cordialement. Pourquoi préfèrerait-il se battre pour nous plutôt que pour les Martell ?

Nous ne savons rien de lui, c’est pourquoi je lui ai dit de me rejoindre pour parler. Quoi qu’il en soit, un bâtard fait chevalier pour je ne sais quelle raison ne pourra guère espérer plus que ce qu’il n’a déjà. Et si sa loyauté envers les Martell était vraiment solide, pourquoi serait-il venu participer à un tournoi dans l’Ouest ? Nos chevaliers ne se rendent pas à Dorne pour jouter et ils savent très bien pourquoi. Je veux en savoir plus sur lui avant de lui proposer quoi que ce soit.

A nouveau, Kevan acquiesça en silence avant de se retourner vers les nobles de l’Ouest et leur dame, venus remercier leur Suzerain pour ce tournoi grandiose. Tywin les remerciait tous avec un simple signe de tête sec et bref, de temps en temps accompagné d’un ou deux mots polis selon la personne qui s’adressait à lui. A ses côtés, Kevan préférait garder le silence, sauf lorsqu’on s’adressait directement à lui. Soudain, entre deux invités, un des gardes postés à l’entrée de la loge s’approcha des Lions et informa Lord Tywin que le vainqueur du tournoi se trouvait devant la loge et attendait d’être reçu. Le Vieux Lion lui fit savoir qu’il le recevrait en dernier, après avoir reçu le restant des nobles de l’Ouest qui attendaient pour le saluer.

Alors que le garde s’en retournait à son poste et allait transmettre l’information à Ser Daemon, Tywin dit à voix basse à son frère :

Ainsi pourrais-je juger de son degré de patience.

Plus d’une heure s’écoula jusqu’à ce qu’enfin Ser Daemon ne fasse son entrée dans la loge seigneuriale. Une fois devant le Vieux Lion, Kevan se leva et prit congé un instant :

Je vous laisse un moment, dit-il, avant de les saluer tous deux. Lord Tywin… Ser Daemon…

S’ils se tutoyaient volontiers en privé, en public, les deux frères Lannister se vouvoyaient et s’adressaient entre eux par leurs titres de noblesse. Lord Tywin but une dernière gorgée de vin, reposa le verre sur le petit plateau d’or à sa gauche et, assis droit dans son siège, contempla un moment le jeune homme qui se tenait devant lui, alors que Kevan quittait la loge, accompagné de Tyrion et de Cersei. S’il était fatigué du tournoi, l’ivresse de la victoire avait manifestement effacé toute trace de fatigue. Grand, fin et athlétique, il ne faisait aucun doute au Vieux Lion qu’il disposait de toutes les aptitudes physiques pour ce poste. Il finit par prendre la parole :

Vous paraissez habitués à ce genre de divertissement Ser, ou alors avez-vous déjà quelque expérience au combat réel ? Car se battre pour le spectacle et se battre pour sa vie, pour son Seigneur, est chose bien différente… Parlez-moi de vous, Ser, dîtes-moi ce qui a fait qu’un bâtard devienne chevalier et que ce même chevalier ne délaisse Dorne pour venir jouter sur les Terres de l’Ouest, car je suis sûr que vous êtes au courant de l’animosité présente entre les Martell et les Lannister… A moins que vous ne l’ignoriez et dans ce cas, vous êtes un imbécile ignorant… Qu’êtes vous, Ser Daemon ? Un Chevalier instruit ou un imbécile ignorant ?

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An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Tywin Lannister&Daemon Sand

Attendre. Il lui demandait donc d'attendre. Jaugeant le garde qui était venu lui porter l'information, le bâtard pinça légèrement les lèvres avant de le remercier d'une simple inclination du menton, le regard terni par la résignation. L'attente, à défaut de la patience, était devenu un sentiment familier. Lové dans l'ennui des psaumes récités par les Septons qui, régulièrement, étaient venus à la Grâcedieu à la recherche de quelque retraite spirituelle que leur eut inspiré l'austère décors, son enfance avait été rythmé de ces moments où tous se rassemblaient dans le Septuaire pour écouter les religieux déclamer les textes sacrés. Ces lectures étaient sans fin. Il se souvenait de certaines, mais la plupart était noyé dans un seul et même souvenir de la silhouette noire et replète de sa grand-mère qui lui tournait le dos, et priait à genoux devant lui. Le Sand avait appris à se reposer debout, comme les chevaux.
Daemon se tenait droit, entouré de mépris. Car c'était bien là ce qu'il ressentait dans ce défilé de satin et de brocards chatoyants qui frôlaient parfois sa main, son épaule, sans plus se soucier de lui que pour lui faire comprendre d'un coup d’œil dédaigneux que l'on passerait avant lui, aussi fortuné eut-il été en ce jour. Il empestait le cheval, la sueur et le métal, et de cela, on ne se privait pas de le lui faire savoir, à plus forte raison qu'il était dornien et que déjà les regards l'accusaient d'avoir volé sa victoire. Les nez se fronçaient parfois, on lui tournait le dos, ostensiblement. On le considérait à peine. Seuls son caractère buté et, surtout, sa grande pudeur,  l’empêchaient de s'offusquer ouvertement de l'absence de félicitations qui submergeait habituellement un vainqueur. Muré dans le silence arrogant dont il avait fait son apanage, le brun était résolu à ne pas s'excuser de sa victoire, retenant fermement contre sa hanche l’œuf rougeoyant et endurant les regards torves que l'on portait sur lui. Qu'ils regardent! pensait-il. Déplaire était bien plus supportable que de chercher à plaire de quelque manière que ce fut. Sur ce point au moins pouvait-il être d'accord avec son entourage direct. Ils voyaient en lui tout ce que la bâtardise pouvait inspirer de traîtrise, d'opportunisme et d'ambition, mais au moins ne voyaient-ils pas en lui un courtisan.
Autour de sa silhouette immobile, la rumeur des discussions enflait peu à peu. Quelque part, des troubadours jouaient un air de flûte et de tambour et de quelque instrument à corde auquel des rires joyeux de demoiselles répondirent en reconnaissant la mélodie. Son bras l'élançait de tiraillements douloureux lorsqu'il tourna légèrement la tête pour apprécier la file qui attendait d'être reçue par la famille Suzeraine. Avisant la procession qui patientait sous le soleil dans un froissement d'éventails et de soupirs, il détourna les yeux et déglutit, piqué dans son orgueil. Se forçant à garder les yeux baissés, il fusilla du regard la pointe de ses bottes plutôt que les occupants de la loge seigneuriale. Et si les lions se jouaient de lui? S'il n'attendait rien que d'être remercié de sa patience sans obtenir l'entrevue qu'on lui avait pourtant promis?

Enfin, après une interminable attente, on lui permit d'avancer. Son cœur se fit moins lourd et sa poitrine se détendit. Il pria en silence une dernière fois suppliant les Sept que ni le soleil, ni la fatigue, ni la soif ne firent trembler sa voix ou pire, ne troublèrent son esprit lorsqu'il serait devant le Lannister. Seul, il l'espérait, car rien ne le mettait plus mal à l'aise que le jugement que l'on pouvait porter à ses paroles. Une vieille tare d'enfant timide qu'il traînait comme une chaîne depuis que le Prince l'avait humilié devant toute la cour et qui ne faisait pas bon ménage avec sa franchise indomptable. Les pieds gourds, il quitta son immobilisme, la chaleur collant ses cheveux à son front en mèches devenues presque noires, trempées par la transpiration. En entrant, son pas et son arrêt net firent tinter les écailles de son armure, contrastant avec le frottement léger de la robe qui prenait congé de la présence du vieux Lion. Son regard passa sur la mine sévère du Lord, sur ses épaules encore carrées malgré les années, puis il s'inclina sobrement devant lui et  salua le départ du frère du suzerain d'un signe de tête respectueux.
Daemon se redressa, attendant que Tywin se décida à prendre la parole, l'estomac serré et l'oeil brillant d'une curiosité presque malicieuse malgré ses traits brouillés par la poussière du tournoi et par l'humeur sombre que l'attente avait apposé sur son visage. Un léger silence s'installa entre eux pendant quelques instants et une seule constatation vint se frayer un chemin jusqu'à son esprit: L'homme était aussi impressionnant assis dans ce fauteuil qu'il l'avait été un peu plus tôt, debout devant lui sur le sable rouge de la lice. Cette position ne manqua pas de lui inspirer une comparaison avec le Prince Doran, comparaison qu'il abandonna rapidement puisque là s'arrêtaient les similitudes entre les deux suzerains. Chaque respiration qu'il prenait en sa présence semblait soumise à ce test constant qu'il lisait dans son regard fauve et intransigeant, à des lieues des prunelles autoritaires mais chaleureuses du père d'Arianne. Ces quelques détails le laissaient avec le sentiment amer d'être debout moins comme un vainqueur devant un Lord qu'un accusé devant son juge.

Les derniers mots du Lord tombèrent sur son orgueil comme un coup de fouet, obscurcissant son regard d'un voile défiant.  Soutenant le regard froid et coupant comme une émeraude taillée, le bâtard ne répondit pas de suite, apprivoisant la perplexité que faisait naitre en lui la curiosité du Lannister à son égard. Une main sur l'oeuf posé contre sa hanche, l'autre ramenée contre son dos, il sembla chercher ses mots."Personne à Dorne n'ignore cela." souffla-t-il d'une voix calme.  "Quand les enfants jouent, ils se disputent pour savoir qui devra endosser le rôle du Lion. Celui qui est désigné n'en est jamais heureux. Ils apprennent très tôt que le rouge et l'or sont une cible. " poursuivit-il sans trésailler. Il était d'une nature qui prônait l'efficacité plutôt que la perte de son temps et de celui des autres même au nom de l'étiquette. Trop brute pour se confondre en remerciements, il n'esquissa pas même dans son esprit l'ombre d'une formule pour exprimer la gratitude qu'il ressentait à être reçu par le Suzerain. Il n'était pas un courtisan, il n'était pas un héritier prédisposé à la flatterie, il était un soldat, et il ne trahirait pas sa nature, dut-il être mené devant un roi. Et puisque le Lannister lui posait des questions il n'avait qu'un seul devoir, celui de lui répondre. Rien de plus, rien de moins. "Lorsque j'ai eu douze ans, le Prince Oberyn m'a désigné comme son écuyer. Quant à savoir la raison de son choix, je ne l'ai jamais interrogé à ce sujet. S'il y avait bien une chose que je ne souhaitais pas, c'était qu'il croit que je remettais en question sa décision." La décision du Prince demeurait à ce jour un mystère parfait pour lui. Etait ce parce qu'il était doué aux armes? Parce qu'à un caprice de vieille femme près il aurait pu faire partie à part entière de cette cours flamboyante qu'il avait découvert à Lancehélion? Parce qu'il était assez joli pour plaire au Prince, à la Princesse?... Ces derniers doutes étaient les moins plaisants. Trop innocent à l'époque pour comprendre ce que l'on désirait de lui, étranger alors aux arts de la séduction, jamais il ne saurait, sans doute, à quel moment le Prince s'était entiché de lui, et encore moins quand exactement il était tombé amoureux d'Arianne. Il ignorait cependant si le Lion connaissait son passif intime avec la famille Princière. Quelques soldats ouestriens qu'il avait rencontré par le passé avaient entendu parler d'une rumeur parlant d'un bâtard qui aurait défloré la Princesse; mais cela n'avait jamais été qu'une rumeur et le nom de Daemon Sand, bien souvent, n'avait jamais dépassé les frontières de Dorne. Par pudeur toujours, et pour la dignité de la princesse comme pour la sienne, il préféra naturellement ne pas mettre lui même ce sujet épineux sur la table.
"Le Prince m'a adoubé il y a quatre ans, et c'est grâce à lui que je suis familier des tournois depuis mes douze ans. D'abord aux mêlées, puis aux joutes, surtout à Dorne, et, plus récemment, d'autres dans le Bief, l'Orage...Après avoir prononcé mes voeux de chevalier je suis parti de la cour de Lancehélion pour devenir chevalier errant." Il se rendit compte que c'était la première fois qu'il évoquait son départ à haute voix, le rendant soudain terriblement concret, plus de quatre ans après qu'il ait eu lieu. "Je sais que je dois beaucoup aux Martell." Choisissant ses mots, il baissa son regard l'espace d'un battement de cils avant de le relever vers celui du Lion."C'est par gout de la liberté que j'ai quitté Dorne." Le brun déglutit, plus pour se débarrasser de la sensation pâteuse qui s'était installée dans sa bouche depuis qu'il avait quitté la selle de son cheval que par gène."L'oppression que je ressentais à leur devoir tout ce que j'étais était douce et confortable, mais ça n'en était pas moins une oppression. " Le jeune dornien marqua une courte pause, ne réfléchissant qu'à peine à la réponse qu'il allait offrir au Lord pour la pique qui avait le plus marqué sa fierté, celle où il avait eu la sensation que le Lion l'avait presque -comme qui dirait- presque traité de saltimbanque. Ce fut d'un ton vibrant et résolu qu'il lacha d'une voix plus forte:"Vous me demandiez si j'avais déjà combattu pour autre chose que pour le spectacle. Je ne me bats jamais pour le spectacle. Est- ce que j'ai fait semblant de frapper selon vous? Et si je suis venu ici, ce n'est pas parce qu'aucun autre chevalier de Dorne ne pouvait le faire impunément, mais parce que moi je le pouvais."





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An 297 - Lune 2 - Semaine 4



Daemon Sand & Tywin Lannister

Le Vieux Lion écouta le jeune homme parler sans l’interrompre et tout en parlant, son regard détaillait chaque morceau de sa physionomie. Le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il avait toutes les caractéristiques physiques – plus ou moins exacerbées – du Dornien. Un léger accent ponctuait de temps en temps ses mots et son air, grave, sérieux et hautain, lui donnait l’air bien plus âgé qu’il n’en paraissait. Les détails du passé de Ser Daemon lui permirent d’en apprendre plus sur cet homme sur lequel il nourrissait une idée on ne peut plus inattendue. Ainsi, Ser Daemon devait son statut et sa formation au Prince Oberyn…et par extension, à la famille Martell. Un point qu’il allait devoir clarifier avec le jeune homme si d’aventure il acceptait sa proposition car ce qu’il s’apprêtait à lui offrir n’était en aucun cas une manigance ou quelque autre idée ou projet pour se rapprocher à terme de Dorne, avec laquelle l’Ouest ne s’entendu guère positivement, tout comme ses alliés et voisins, l’Orage et surtout le Bief. Mais d’un autre côté, la façon dont se battait la Vipère Rouge était louée et fort reconnue de par les Sept Royaumes. Vu la réponse de Ser Daemon à sa question sur ses aptitudes sur un vrai champ de bataille et vu la personne auprès de laquelle il avait tout appris, il valait mieux que les talents de Ser Daemon le serve lui plutôt qu’un autre Seigneur ou pire encore, qu’un de ses ennemis. Il se rappela tout d’un coup l’évocation de Daemon Sand quant aux jeux que les enfants ont l’habitude de faire à Dorne, ce qui le fit amèrement sourire :

Je vois qu’on enseigne fort tôt aux enfants de Dorne comment reconnaître l’ami de l’ennemi.

Après avoir bu une gorgée de vin, il reprit en faisant balader son regard bleu-acier parmi la foule :

Vous avez un talent certain pour le combat, Ser. De cela, vous ne laissez personne indifférent, pas même mes propres chevaliers, même s’ils vous diront volontiers le contraire. Vous avez également du caractère, chose qui vous permettrait de vous imposer parmi tant d’autres, même si je vous demanderais de réfréner quelque peu vos paroles à l’avenir, surtout devant moi…

Il finit sa coupe. Un serviteur se précipita pour la lui remplir à nouveau mais le Seigneur de Castral-Roc fit un geste négatif. Il se leva, toisant cette fois le Chevalier de la Grâcedieu de toute sa hauteur. Les mains jointes derrière son dos, il fit un pas vers lui et parla à nouveau, mais de manière à ne se faire entendre que du principal intéressé :

J’ai une proposition à vous faire Ser, proposition que je vous demanderais de mûrement réfléchir car je ne vous la referais certainement pas une seconde fois. J’ai besoin d’un homme à mes côté, un garde personne, un homme de main. Cet homme me suivrait dans le moindre de mes déplacements, accomplirait des tâches que je ne peux faire moi-même ou donner à un tiers. Il pourrait aussi être mes yeux et mes oreilles là où je ne peux me trouver en personne. Ceci n’est qu’un aperçu de toutes les taches et autres missions que cet homme pourrait accomplir… Et je souhaiterais vous les confier à vous, Ser.

Il fit une pause afin de lui laisser le temps de digérer la nouvelle qui pouvait certes bien lui sembler des plus inattendues avant de poursuivre :

Je ne doute pas que cette proposition va à l’encontre de vos envies de liberté ou de l’animosité qui règne depuis de nombreuses années entre les Maisons Martell et Lannister. Mais ne pas exploiter vos talents et aptitudes m’est inenvisageable. Aussi, si vous acceptez, vous bénéficierez d’une rétribution financière des plus convenables et, si d’aventures vous me donniez pleinement satisfaction et que je constate que je puis vous faire confiance sans risque, [il se rapprocha davantage du jeune homme,] il se peut qu’une place dans la garnison des Manteaux Rouges vous attende…Réfléchissez-y mais j’exige une réponse de votre part avant votre départ de Castral-Roc.

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An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Tywin Lannister&Daemon Sand

Alors qu'il lui répondait, le regard obsédant de Tywin Lannister ne le lâcha pas une seconde, accusant sa fougue que le combat n'avait pas épuisée avec une patience teintée d'autorité. Il voulait l'insulter. Daemon en était persuadé.  De son visage inexpressif à l'éclat indéchiffrable de ses yeux, de cette manière inné qu'il avait de se tenir comme si tout lui appartenait de droit jusqu'au ton condescendant et lassé de sa voix. Tout le lui disait. Poussé par l'instinct farouche qui opposait Dorne aux Lions, le brun était sur la défensive, déterminé à rendre coup sur coup les reproches qu'il pensait devoir attendre. Il était si prêt à se tendre comme un arc à la moindre provocation qu'il ne se rendit pas compte à quel point ses machoires s'étaient crispées d'elles-même, ni comme sa respiration était prête à se bloquer au moindre coup de sang. Qu'allait-il lui dire? Allait-il lui reprendre son prix, ou, pire, sa victoire en l'en jugeant soudain indigne? Un imbécile arrogant, ainsi que le suzerain avait semblé hésiter à l'appeler un peu plus tôt, ne pourrait partir en vainqueur de ce tournoi. Le Lannister ne le tolérerait pas. Du moins, pas sans qu'il ne l'eut remit à sa juste place.
Un coup de vent fit frémir la frondaison des arbres et claquer les toiles brodées qui abritaient la loge. Ses doigts fins s'étaient resserrés sur les écailles rouges du fossile. Son index, tout particulièrement, appuyait si fort contre la surface rugueuse et froide que son extrémité en était devenue plus pâle, seul symptôme de sa nervosité que son corps impassible refusait d'exprimer. Tout était trop bizarre. Sa seule présence au milieu de tant de fauteuils tendus de velours rouge et sculptés d'or le faisait se sentir étrangement vide. Devant le grand Lion du Roc, et entouré par une population qui était susceptible de le haïr à nouveau aussi rapidement qu'elle en était venue à l'aimer à l'issue de du tournoi, il se savait vulnérable. Et il détestait cela. De ce fait, une petite peur le rongeait comme un angoisse instinctive, encourageant ce sentiment profond d'être parfaitement inadapté à l'environnement léonin dans lequel il avait mis les pieds, il ne se souvenait plus trop comment tout à coup. Autour de lui, il n'y avait que des lions auxquels il avait jeté sa victoire comme un morceau de viande fraiche. Bientôt, ils auraient de nouveau faim, et lui  ne serait toléré guère plus que nécessaire. Ils finiraient par se souvenir qu'il était dornien, ainsi que l'homme en face de lui ne semblait pas l'avoir oublié.

Malgré tout cela, il sentait monter en lui la vantardise qui seyait si bien aux hommes de sa patrie, née de la fierté fébrile qui avait animé ses derniers mots. Qu'il le brocarda, après tout, si le cœur lui en disait. Etre la cible d'un tel homme serait un honneur qu'il rapporterait, côte à côte avec celui qu'il tenait contre sa hanche.
Etre discipliné ne l’empêchait pas de savoir tenir tête, ce dont son interlocuteur ne tarda pas, d'ailleurs, à lui faire le reproche. A cela, le Sand ne trouva rien d'autre à répondre qu'un silence buté de méfiance. Certain d'avoir en face de lui ce que Westeros avait de moins disposé envers les dorniens, Daemon ne se doutait pas à quel point cette entrevue singulière était sur le point de prendre un tournant inattendu. Lorsque Tywin lui fit sa proposition, le jeune dornien était en train de déglutir. La surprise fut telle que sa salive se trompa de route, envahissant aussitôt sa gorge d'une irritation irrésistible qui le fit tousser, ornant ses joues d'un voile rosé alors qu'il s'étouffait à moitié. Contraignant sa soudaine indisposition, il sentit vite quelques larmes humidifier ses yeux d'un voile trouble juste avant qu'une soudaine chaleur n'envahisse son visage. Le Sand ne s'était qu'à peine détourné pour épargner sa toux soudaine au Lord qui le toisait, faute de temps et de lucidité, mais sa main libre avait tout de même quitté le creux de son dos pour masquer sa bouche et étouffer son toussotement. L'irritation finit par glisser de sa gorge tandis que le vieil homme précisait ses intentions. La fierté qui l'habitait jusque là céda le pas à une honte subtile. Daemon renouait soudain au fond de lui avec l'écuyer farouche et maladroit qu'il avait été autrefois. Ses épaules s'affaissèrent quelque peu, écho affligeant de la timidité dans laquelle il s'enfonçait lorsqu'il était désarçonné, et jamais il ne l'avait été aussi parfaitement qu'à cet instant.

"Pardonnez moi, Lord Tywin." articula-t-il finalement après avoir repris son souffle. Déglutissant difficilement, son regard se releva lentement vers le seigneur de Castral Roc avec une prudence qui trahissait le soupçon qui pesait sur sa poitrine. Ne décelant pas la moindre trace de malice, aussi cruelle fut-elle, dans l'émeraude des prunelles qui le dévisageaient, le bâtard hésita un instant avant d’acquiescer nerveusement. Le piège n'était nulle part, si ce n'était dans son esprit gangrené par une vie de défiance envers la famille suzeraine de l'Ouest. "Si selon vous..." Sa phrase mourut d'elle-même sur ses lèvres en un souffle résigné. Même le plus simple et sincère des remerciements lui semblait stérile. Lorsque le bâtard ne trouvait rien à dire, le silence lui était mille fois préférable à de vaines paroles. Observant avec une curiosité nouvelle lovée dans le  bleu de ses yeux celui dont il ne savait plus très bien s'il était un ennemi, un allié, ou autre chose encore, sa voix plate perça une dernière fois le silence tandis qu'il s'inclinait dans un salut raide et militaire. "Je...Je vous ferai parvenir ma réponse." Puis il s'empressa de quitter la loge, visiblement troublé sous sa façade bourrue.



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Enfermé dans un mutisme total, le bâtard contemplait les eaux sombres de l'Océan. La nuit avait dévoré le soleil de l'Ouest depuis plusieurs heures maintenant, laissant dans son sillage une fraîcheur qui le ferait frémir si son esprit n'était pas tant dévoué à sa réflexion. Les sourcils froncés, le regard fixe, c'était à peine s'il regardait les vagues qui s'allongeaient sur le sable quelques mètres devant lui. Son petit campement improvisé n'avait rien d'un campement. Ni tente, ni feu, seule la chaleur de ses trois chevaux et leur souffle sourd l'accompagnaient dans l'obscurité. Dans la pénombre, leurs dos luisaient à peine, et seuls leurs grands yeux noirs lui apparaissaient parfois, éclairés par un éclat de lune. Tout était calme autour de lui, et son esprit lui semblait aussi ardent que son coeur lui paraissait froid. Au dessus de lui, l'ombre du Roc était massive et pesante sur sa nuque comme un orage d'été.

Lorsqu'il avait remporté la joute, son exhalation avait été teintée de la mélancolie propre aux bonheurs que l'on sait fugaces. Un tournoi, aussi prestigieux fut-il, ne pouvait effacer de son coeur toute son ambition étouffée depuis cinq longues années par trop de déceptions. Chaque jour qu'il avait passé seul l'avait emporté un peu plus loin du monde qu'il s'était rêvé. Il avait l'impression d'avoir brûlé sa jeunesse trop vite, et ne se reposait qu'à peine lorsqu'il était seul, répugnant à la solitude d'un lit froid. Et maintenant sa solitude avait changé de visage. Debout sur la plage, il tenait du bout des doigts l'Oeuf de dragon. Sa silhouette noire se détachait, découpée par la lueur nocturne, et l'on eut dit qu'il hésitait à jeter le fossile dans la marée montante plutôt que de le laisser à portée de main des vautours qui lorgnaient déjà dessus, il le savait. Il devrait quitter Castral Roc rapidement, et espérer semer les bandits jusqu'à ce que son nom retombe à nouveau dans l'oubli.
Depuis qu'il avait quitté la présence du Lord, le Sand était hagard, perdu dans une réflexion qu'il ne parvenait guère à construire. Pour la première fois depuis des années, il regrettait que son père ne fut pas à ses côtés pour lui prodiguer ses conseils qu'il avait été si prompt à rejeter dans son adolescence. Mais ce n'était pas des conseils qu'il aurait voulu recevoir à cet instant. L'avis qu'il appelait d'un coeur terne ressemblait à s'y méprendre à une autorisation. La permission, oui, et peut-être simplement la possibilité de lui répondre à lui, Tywin Lannister, le grand adversaire de Dorne. Si seulement il pouvait encore le voir comme tel, tout serait plus simple alors. Pourtant, entre ses doigts, la pierre rougeoyante lui paraissait moins qu'une babiole comparée au présent qu'il avait lu dans les yeux implacables du Suzerain. Cet homme, le dernier qu'il aurait cru capable d'un tel acte, souhaitait lui accorder une chance. Une opportunité aussi inespérée que venimeuse pour un bâtard de la Principauté, à la fois dangereuse et miraculeuse.
Il se laissa  aller à quelques pas, observé du coin de l'oeil par la jument grise et dont le calme de matriarche était imité par les deux étalons, plus jeunes et impatients. On m'a toujours dit qu'il était étouffé d'orgueil, aveuglé par l'or, bête d'avarice et d'envie, et que la rébellion l'avait rendu aussi acariâtre et incapable qu'une vieille veuve. Oberyn disait qu'il mourrait bientôt d'amertume , se souvenait-il. Aussi succincte avait-elle pu être, son entrevue ne lui avait cependant pas laissé la moindre trace de ce sentiment qu'il était accoutumé à ressentir dès lors qu'il était question des Lions de l'Ouest. La haine facile de ses jeunes années, la moquerie innée et le mépris s'étaient effacés avec une humilité rare. Tant bien que mal, Daemon avait essayé de renouer avec ces sentiments perdus, avant de renoncer à se battre contre son instinct. Après s'être souvenu comme il avait été animé de la seule envie d'avoir l'occasion de l'insulter au nom de la fierté de Dorne, le bâtard ne parvenait plus à se reconnaître dans ce jeune homme présomptueux et gâté qui s'était tenu devant le Lord à la conduite digne d'un souverain, le trouvant même puérile. Risible et ridicule. Un imbécile ignorant.

La nuit ne serait pas déchirée par l'aube avant plusieurs heures lorsqu'il atteignit les portes de la forteresse troglodyte. Sur la pierre jaune, la lumière des torches frissonnait, et il lui semblait que les murs prenaient vie pour frrémir comme la peau d'une bête colossale. Juché sur son pur-sang, il apostropha les gardes qui lui jetaient des regards torves d'une voix calme et plate. "Je dois voir Lord Tywin." Disant cela, il dévoila au yeux des ouestriens une parcelle de l'oeuf cramoisi afin qu'il ne fut pas confondu et chassé comme un vulgaire mendiant. Bien que son expression fut sereine, l'éclat déterminé de son regard donnait malgré lui une allure butée à son visage aux traits arrogants. Peu importait ce que les soldats de rouge vêtus lui répondraient. Le Sand était prêt à patienter des jours entiers.



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Daemon Sand & Tywin Lannister

Lord Tywin fronça les sourcils mais ne fit aucun mouvement à l’encontre du jeune Sand alors que celui-ci avait l’air de s’étouffer avec sa propre salive. Manifestement, sa proposition l’avait totalement déstabilisée, au point de s’en étouffer. Il lui laissa le temps nécessaire pour se ressaisir mais ne s’enquit nullement de son état lorsque sa quinte de toux cessa. Au contraire, il resta plongé dans son mutisme et se contentait d’observer le jeune vainqueur d’un air aussi détaché que possible. Finalement, Ser Daemon l’informa d’une manière hésitante qu’il lui ferait parvenir sa réponse et quitta précipitamment la pièce, sans lui demander l’autorisation de se retirer au préalable. La fougue de la jeunesse se dit-il, une sorte de sourire se dessinant sur son visage tandis que Ser Kevan revenait prendre place à ses côtés.

Alors qu’il s’asseyait, il jeta un coup d’œil en arrière et questionna son aîné sur la raison de toute cette précipitation alors qu’un serviteur s’empressait de venir le resservir en vin et lui proposer quelques amuses bouches sucrés.

Est-ce ta proposition qui l’a mis dans cet état ?

Je crois que notre vainqueur ne s’attendait pas à une telle offre.

Que t’a-t-il dit ?

Qu’il me fera parvenir sa réponse. S’il est intelligent, il acceptera. Il m’a tout l’air d’être le genre de chevaliers cherchant la gloire et la richesse et ce n’est pas en restant à Dorne qu’il les trouvera. Vu son statut de bâtard, il ne peut espérer guère plus en-dehors de la Principauté que ce qu’il a déjà. Personne d’autre ne voudra confier la moindre tache ou le moindre rang d’importance à un bâtard, tout chevalier qu’il est.

Kevan acquiesça du chef et grignota un morceau de gâteau au miel. Les deux Lions restèrent sur l’estrade jusqu’à la tombée de la nuit, après quoi, ils rejoignirent la Grande Salle où se tenait la fin des festivités. Peu porté sur ce genre de divertissement, Lord Tywin disparu après deux heures de présence parmi ses invités, qu’il laissa aux bons soins de Ser Kevan, et se retira dans ses appartements. Le Vieux Lion avait depuis quelques temps du mal à trouver le sommeil. Aussi, au lieu de demander une quelconque potion à son Mestre personnel, préférait-il de loin se plonger dans un livre, écrire ses notes ou tout simplement, lorsque les douces nuits d’été et de printemps le permettaient, s’asseoir sur le balcon et écouter le bruits des vagues qui venaient s’écraser contre les rochers loin en contrebas de ses appartements. Comme la nuit était trop fraîche à son goût, il s’installa à son bureau pour y rédiger ses notes et y préparer ses courriers en prévision de son absence à venir, absence qui l’amènerait à séjourner à Hautjardin pour affaires maritales de la plus haute importance.

La nuit était à un stade déjà bien avancé lorsqu’on frappa soudainement à sa porte.

Oui ?

Un membre de l’unité des Manteaux Rouges de Castral-Roc, Ser Forley Preste, entra, vint à lui et s’inclina légèrement et d’une façon des plus militaires avant de parler.

Lord Tywin, pardonnez ce dérangement en pleine nuit mais le Dornien vainqueur du tournoi demande audience…Dois-je lui dire de revenir au matin mon Seigneur ?

Le Dornien vainqueur du tournoi…En voilà un qui n’est encore qu’amertume et jalousie envers celui qu’il refuse même jusqu’à prononcer son nom et son titre… se dit-il.

Ce ne sera pas nécessaire répondit-il en relevant les yeux de son parchemin.Faîtes-le entrer.

Ser Forley eut un instant d’hésitation mais finit par s’incliner et par quitter la pièce. Tywin l’entendit dire, par la porte restée entrouverte, un Lord Tywin va vous recevoir prononcé sur un ton sec ou pointait une désapprobation non feinte envers le bâtard de la Grâcedieu. Lord Tywin entendit des bruits de pas s’approcher et la porte se refermer mais il ne releva pas la tête pour autant, concentré sur la missive à l’attention de Lord Mace Tyrell et de Lady Olenna Tyrell de Hautjardin sur les raisons de sa venue prochaine. De longues minutes se passèrent et rien, hormis le griffonnement régulier de la plume sur le parchemin et le bruit de la plume trempée dans l’encrier, ne vint le troubler. Finalement, Lord Tywin reposa sa plume de côté sur son bureau, lança un regard rapide vers le jeune Dornien, puis, alors qu’il attendait que l’encre sèche, entreprit de chercher son bâtonnet de cire rouge et son sceau au Lion Rugissant à apposer sur le parchemin à côté de sa signature. Tandis qu’il commençait à faire fondre la cire, il rompit le silence, toutefois toujours sans regarder le Sand :

Et bien Ser ? Je suppose que vous n’êtes pas ici pour me voir travailler. Parlez et soyez bref.

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An 297 | Lune 2 | Semaine 4



Tywin Lannister&Daemon Sand

Si le raffinement baroque de Hautjardin l'avait autrefois déstabilisé, la richesse qui régnait sur ces lieux avait des allures bien différentes. Il y avait quelque chose de brutal dans la manière qu'avaient les ombres des torches de se jeter contre les murs de pierre ocre, dans l'épaisseur et la résistance qu'évoquait le moindre ornement. La prospérité était présente dans chaque couloir qu'ils traversaient, mais elle ne ressemblait en rien à l'abondance oisive qu'exposaient constament les Tyrell. Le superflu n'existait pas entre ces murs. Tout paraissait avoir un but précis et, caché sous les courbes délicates de l'artisanat, le moindre objet ressemblait à un piège ou à un avertissement. L'or, ici, avait un gout de fer.
Daemon posait un regard calme mais alerte sur la forteresse qui s'était refermée sur lui. Seuls le claquement des bottes sur les dalles se faisaient entendre. Une rangaine répétitive et claire qui traduisait mieux qu'un discours la tension silencieuse qui régnait entre les deux hommes. Devant lui s'avançait la silhouette ramassée du garde. Comme tout ouestrien qui se respectait, ce dernier s'était montré parfaitement désobligeant à son encontre et il l'amenait à la porte de son maître moins comme un problable futur membre des manteaux rouges que comme un vulgaire jean-foutre de passage.  Le moindre pas qu'il le voyait poser sur le sol devant lui exprimait toute la contrariété que ce que lui servir de guide lui inspirait. Il me faudra plus qu'un habit brodé pour gagner ma place parmi ces hommes, songea-t-il. Ses lèvres se pincèrent subtilement. Bientôt il devrait intégrer les troupes Lannister comme un renard viendrait se greffer à une meute de limiers. Du moins, l'espérait-il. Si tout soldat entre ces murs était aussi peu disposé à son encontre que l'était son guide de ce soir, il ne donnait pas cher de sa peau lors de ses premiers jours de service. Après avoir fixé le mur qui glissait sur sa gauche pendant qu'il s'avançait, ses yeux se relevèrent pour se poser sur le dos du Ser. L'homme était doté d'une barbe brune et broussailleuse, et ne ressemblait pas vraiment à l'idée que Daemon se faisait des si fiers chevaliers de l'Ouest. Mais s'il ne ressemblait pas au légendaire Jaime Lannister, le Ser Forley n'en était pas moins assorti au reste du décors de Castral Roc: à l'image de sa voix rocailleuse, son esprit semblait inflexible.

D'ailleurs, le soldat drapé d'une lourde cape cramoisie ne lui accorda pas un regard lorsqu'enfin ils arrivèrent à la porte qui cachait Tywin Lannister, se contentant de lui intimer d'un geste ferme mais négligeant  de la main de s'arrêter et d'accompagner son geste d'un "Restez ici" sechement jeté à sa figure. Daemon obtempéra, faute de pouvoir faire quoique ce fut d'autre. Lorsque la voix du garde se fit entendre, il tendit malgré lui son oreille pour attraper ses mots au vol. Un soupir mince s'échappa de ses lèvres quand il entendit s'exprimer son si désagréable compagnon. Cependant, sa déception ne dura que l'espace d'un instant, juste le temps pour lui d'être soudain aussi attentif qu'une biche aux aguet alors qu'il attendait la réponse du potentat qui, manifestement -et heureusement-  ne semblait pas avoir réussi à trouver le sommeil. Le messager contraint réapparut soudain. Surgissant dans le filet de lumière qui s'échappait du battant entrouvert de la grande porte, le garde ouvrit à peine un peu mieux la porte, obstruant le passage au bâtard jusqu'à la dernière minute. Pour l'intimider, ou l'avertir, sans aucun doute. Après l'avoir jaugé de pied en cap d'un regard dégoulinant de blâme, la bouche de Prestre cracha quelques rares mots aussi succints que pesant de toute la désapprobation qui faisait vibrer sa voix. Puis il s'écarta enfin. Daemon le frôla à peine lorsqu'il pénétra dans la pièce sans manquer toutefois de le gratifier d'un regard appuyé, réponse silencieuse à celui dont il l'accusait tandis qu'il le regardait passer. L'éviter n'aurait fait qu'encourager la méfiance que le chevalier entretenait déjà à son encontre et, de toutes les manières, ce n'était pas devant lui qu'il était venu s'incliner.

La porte s'était refermée derrière lui. Ses pieds le menèrent jusqu'à une distance respectable du bureau sur lequel était penché le maître des lieux. La pièce était riche de la lumière des bougies qui brûlaient sur les candélabres en fer forgé, écrasant sur le tissus rèche et noir de sa chokha des ombres plus sombres encore lorsqu'elles ne soulignaient pas de reflets brillants le lustre que le temps avait fini par imprimé sur ses épaules et sur ses hanches. Il joignit sobrement ses mains dans son dos.
Durant la nouvelle attente que lui imposa le mutisme et l'occupation du Lannister ses yeux se posèrent longuement sur sa silhouette mince découpée par la lumière vive des flammes. Ils ne s'en détachèrent que rarement, et d'autant plus brièvement, pour observer vaguement l'océan sur lequel plongeait la grande fenêtre. Désormais libéré de la crainte d'être moqué du Lion par la faveur qu'il lui faisait de le recevoir si tard dans la nuit, Daemon se sentait plus serein qu'auparavant. Il se souvenait encore de l'appréhension qui lui avait tordu l'estomac dans la grande loge des tribunes. Il se souvenait aussi de sa mine revèche, et il n'en était pas fier. Son visage se releva en entendant la voix de Tywin briser le silence sans pour autant en perturber la tranquilité. Lorsque le regard émeraude croisa le sien, il se fit un devoir de le soutenir respectueusement. Néanmoins, un frisson inquiet quoiqu'agréable coula le long de sa nuque. Le vieil homme n'avait pas besoin d'être debout pour toiser les gens de haut. Son menton s'inclina légèrement dans un salut austère.

"Non, en effet." Sa voix était plate, sans fioriture, mais c'était ce qu'il avait de mieux à offrir de neutralité dans sa détermination qui, bien souvent, ornait son ton d'accents hautains. Bien qu'il fut détendu, il sentit ses mains ses serrer contre le creux de ses reins.
"J'ai réfléchi à votre offre et, si elle tient toujours, je l'accepte. Je serai honnoré de vous servir" Ayant hérité du port altier de son père, le bâtard n'avait pas d'effort à fournir pour rester digne alors que, en dépit de son assurance, les dernières traces de scepticisme assombrissaient le bleu de son regard. Mes voeux de chevaliers appartiennent à Dorne, ça c'est un fait , s'assura-t-il une dernière fois avant de se résoudre, inébranlable: Mais il revient à moi, et uniquement à moi, de décider du destin de mon sabre.


D'autant plus qu'il ne voyait aucune raison de refuser. Il plaisait aux grandes familles de Dorne d'entretenir cette vieille rancune, mais le pragmatisme du Sand l'empéchait de se lamenter ainsi sur le passé. La main des Dieux l'avait poussé vers la lumière. Son existence misérable de chevalier errant allait enfin prendre fin. La fortune à laquelle il aspirait - plus pour le pouvoir et l'influence qu'elle lui permettrait d'acquérir un jour que par simple avidité - ne pourrait que commencer à se construire sur des bases solides auprès des Lannister. Après tout, n'avait-il pas d'ors et déjà dans ses bagages un fossile inestimable?
La partie que lui proposait le Lion du Roc était audacieuse, mais jouable. Quand bien même le dédain du peuple envers les bâtards égalait celui que les dorniens entretenaient à l'égard des Suzerains de l'Ouest,  cette chance représentait une opportunité inespérée pour le Sand, et l'ascencion qu'il comptait entreprendre dans la carrière militaire qu'il souhaitait embrasser. Certes il n'était pas près de grimper les échelons, surtout au vu de l'accueil glacial et fermé qu'il s'attendait à recevoir des troupes du Lion, mais ces chevaliers, pour la plupart, manquaient d'envergure, étaient trop timorés et se montraient brouillons aussi, s'il en jugeait par leur comportement lors des joutes. Il ne doutait pas qu'il réussirait à se faire une place, le temps aidant. Et puis, il ne pouvait que reconnaitre dans la sévérité qui émanait de l'homme vieillissant celle qui épousait ses souvenirs de l'austère Grâcedieu.




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