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L'heure du jugement approche. ft. Nymeria Sand-Daemon Sand-Ryon Allyrion-Oberyn Martell-Valena Allyrion

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«Don't damn me when I speak a piece of my mind, 'cause silence isn't golden when I'm holding it inside, 'cause I've been where I have been and I've seen what I have seen I put the pen to the paper, 'cause it's all a part of me. Be it a song or a casual conversation to hold my tongue speaks of quiet reservations. Your words once heard they can place you in a faction. My words may disturb but at least there's a reaction !»
Guess who's back...
Elle en aurait presque pleuré de joie. Ils y étaient presque, quelque heures et ils étaient à Lancehélion. Mais ça ne s'arrêtait pas là pour Nymeria, contrairement à Daemon qui avait plus que mérité son repos. Ce n'était peut-être pas plus mal pour lui, se disait l'Aspic. Il valait mieux qu'il prenne une rouste de son père que du prince Doran pour avoir fuit, Doran serait moins patient et ne l'entendrait pas de la même oreille, du tout.

Sans doute l'aspic ne remercierait-elle jamais assez la maison Allyrion pour son soutien. Si le chef de la maison n'avait voulu apporté son aide, elle devait néanmoins remercier Daemon et Valena pour leur soutien, tout deux à leur manières mais qui lui avait permise de garder la tête hors de l'eau. Les lettres de Valena lui avaient permise de songer à autre chose, ne serait-ce que quelque minutes. Se tenir au courant des faits à Dorne mais garder un lien avec son amie. Quant à l'aide de Daemon, sans doute Nymeria aurait-elle perdue son enfant s'il n'avait pas été là. Et pour cela, elle lui revaudrait beaucoup, beaucoup plus qu'il n'était capable de l'imaginer. Cela viendrait en temps et en heure, pour l'instant il fallait garder Daemon Sand en vie si elle voulait le remercier plus tard. Ils avaient plus que pressés le pas pour parvenir ici, ils avaient plus que pressés le pas pour venir ici, à la Gracedieu, au sein même de la maison Allyrion. Elle s'imaginait déjà la rouste du seigneur Ryon et réprimait un soupir. Il y avait plus grave à songer, l'état de Daemon Sand.

" Nous sommes arrivés, Daemon. Nous y sommes. Ca y est. "

Elle ne savait si elle pouvait tenir sa main ou si cela lui serait douloureux, elle gardait donc ses deux mains le long de son corps à défaut de savoir si elle pouvait toucher le bâtard. Le soleil cuisant n'aidait en rien, même pour les hommes et femmes habitués à la dureté des déserts de Dorne.

Ils étaient tous présents, plus que 50 guerriers sur la soixaintaine, Ser Barristan Selmy, Rhaegar Targaryen caché sous des turbans, Obara Sand, Daemon Sand, Oberyn Martell et elle-même. Elle regardait les lieux, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu tant de couleurs et cela faisait longtemps que le soleil ne l'avait pas aveuglée. Quelque chose avait changé tout en restant le même, elle ne savait quoi. Elle marchait, restant près de Daemon, s'il lui demandait quelque chose ou réagissait, s'il fallait l'aider. Elle avait retiré ses chaussures, ses bottes, pour être pieds nus sur le sable chaud et le laisser glisser entre ses orteils. A la maison, après toutes les peines encourus, ils avaient réussis à revenir à la maison.

" Tu as réussi Daemon Sand. Tu es plus coriace qu'on ne le pensait. "

Qui viendrait les accueillir en premier ? Nul doute qu'on les avait vu arriver de loin.
Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia
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L'heure du jugement


Daemon Sand & Valena Allyrion & Ryon Allyrion & Nymeria Sand



Les mots de son amie se perdirent dans les méandres de ses pensées agitées. Ce n'était qu'un murmure, comme un soupir au milieu des songes dans lesquels il était plongé depuis quelques jours et dont il ne semblait pas vouloir se réveiller. Il n'avait conscience de rien et de tout. Ses longues période de coma s'entrecoupaient trop rarement d'éclats d'éveil et de conscience pour qu'il vit autre chose qu'une réalité déformée semblable à un mauvais rêve. Le voyage était pénible, plus que pénible, insupportable alors que son esprit tentait à nouveau de prendre le dessus sur cet évanouissement forcé que lui imposait son corps. Un sommeil qui lui épargnait la douleur qui le dévorait de part en part. Ou du moins il lui en épargnait la sensation. Car elle était toujours là, incrustée dans le moindre pore de sa peau et se rappelait à lui sous forme d'un cauchemar qui ne cessait de se répéter dans sa tête. Il voyait la jeune fille, que sa faiblesse peinait à reconnaître, sur le brasier, les soldats qui l'entouraient, des fanatiques qui ne lui apparaissaient plus désormais que comme des ombres menaçantes autour de l'aspic. Il pouvait les voir se battre contre les guerriers dorniens et pourtant aucun son ne naissait de la rencontre de leurs épées, ni de leurs bouches ouvertes par la douleur de leurs blessures. Il n'y avait que le silence. Le silence lourd, pesant, vibrant. Ensuite venaient  la fumée, la lumière aveuglante, la chaleur qui brûlait ses yeux, faisait fondre sa peau. Enfin, tandis qu'il reprenait conscience dans ce rêve où il se laissait porter, des craquements parvenaient à ses oreilles, et le sifflement strident des langues de feu qui léchaient l'amas de bois venait accompagner son propre cri alors qu'il se trouvait à son tour au coeur du bûcher.
Il avait fait ce rêve des milliers de fois. C'était un cycle infernal qui aurait pu facilement le convaincre qu'il était mort et qu'il connaissait l'un des sept enfers. Parfois il en était même convaincu. Mais alors pourquoi se réveillait-il parfois, ainsi qu'il le faisait à cet instant, dans un monde qui ressemblait tant à celui qu'il connaissait?
Il pouvait entendre derrière lui le souffle des montures, aussi forte qu'une bourrasque pour sa tête endolorie et qui ressemblait trop pour lui à la respiration du feu. Les flammes, ils pouvaient encore les voir danser devant ses yeux. Etaient-ce bien elles ou était-ce le soleil brûlant qui perçait entre ses paupières, il n'aurait su le dire. Le bâtard sentait que son corps reposait sur une surface dont le simple contact le répugnait car le moindre frottement du brancard de fortune contre son dos lui donnait l'impression d'emporter avec lui un lambeau de sa peau. Il sentit un instant les linges humides dont on avait parsemé son visage et  son corps pour tenter de soulager sa peine. Il y avait de grands guerriers autour de lui, mais aucun n'avaient les compétences nécessaires pour sauver leur camarade; aussi une idée toute simple devenait rapidement un moyen désespéré de repousser ce qui leur semblait pour le moment inévitable. Un court instant avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience il fut parcourut tout entier d'un effroyable éclair de douleur, son dernier souvenir fut celui des braises qui déchiraient encore ses poumons. Puis ce fut l'obscurité.

Son état ne lui avait pas permis de reconnaître ses monts sablonneux qu'il connaissait pourtant par cœur, ni même de repérer ce cavalier tout de rouge vêtu qui les observait du haut de la colline. La Gracedieu n'était pas encore en vue à ce moment là, mais il leur suffirait d'une heure pour la rejoindre. Le vent soufflait fort en ce milieu de journée, et balayait les dunes avec une force presque menaçante pour ces arrivants venus d'ailleurs. On aurait dit que la réticence des hommes de ses terres arides à voir un Targaryen fouler leur sol se personnifiait dans l'atmosphère qui entourait les voyageurs. Les terres de la Gracedieu n'étaient pas fertiles comme ses abords de la Sang-vert, unique oasis pour accueillir ceux qui traversaient le désert. Elles étaient inhospitalières, rudes, implacables. Ainsi que l'était leur seigneur.  
Le sentinelle avait soigneusement choisi son poste pour surveiller les alentours, et le soleil avait été son allié pour ne pas être repéré du convoi. Il était difficile de repérer une silhouette sur le roc où il était perché à contre jour d'un soleil aussi puissant que celui qui brillait dans le ciel en ce jour pourtant si sombre. Les yeux verts d'Asmar scrutaient le convoi qu'il avait repéré depuis quelques minutes déjà, alors que la distance lui permettait  enfin de le détailler. Celui qui était les yeux de la Gracedieu était connu pour son regard d'émeraude, perçant et inquisiteur comme celui des faucons tandis qu'il parcourait les silhouettes fatiguées qui avançaient péniblement quelques mètres au-dessous de lui. Avec une application presque académique, il reconnaissait tel ou tel autre, comptait les hommes, mesurait leur état. Leur venue n'avait rien d'une surprise. On les attendait de pied ferme depuis quelques jours déjà, alors qu'une lettre avait prévenu le Lord de leur arrivée prochaine. Pour ce soldat qui frisait la quarantaine et qui avait servi depuis son plus jeune âge le Lord de la Gracedieu il suffit d'une simple vision pour remplir son regard d'angoisse et de colère alors qu'il reconnaissait la pouliche de Daemon. Mais elle marchait seule, tenue simplement par la bride par un cavalier de Lancehélion. Parcourant plus rapidement qu'auparavant la compagnie, son regard cherchait, inquiet, le cavalier de la pouliche grise. C'est alors que  le brancard trouva son regard. Asmar sentit sa respiration se couper l'espace d'une seconde. Etait-ce le fils de son maître sous ces voiles blancs?
Ses yeux s'ouvrirent grand alors que le pire se présentait devant lui. N'attendant plus, il fit faire demi tour à sa blanche monture; le Lord devait être prévenu immédiatement.



     
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No Foe May Pass
La Grâcedieu



   
Le retour de l'Aspic


 Ses longues mains posées sur le rebord en pierre blanche de la terrasse, le vieux lord regardait fixement l'horizon. Depuis des semaines, il attendait. Sa longue silhouette sombre et immobile ne semblait pas souffrir de la chaleur cuisante qui s'abattait sur la Grâcedieu, alors qu'une brise toute aussi brulante venait animer des pans de ses habits et de son turban. Plongé dans un mutisme total depuis des jours, jamais le seigneur n'avait paru si menaçant, si dangereux. Ni ses hommes, ni son épouse, ne s'étaient trouvés l'audace de lui adresser la parole, tant son attitude était vide de la bienveillance et de la serenité que l'on devinait encore quelques semaines auparavant dans ses yeux sombres. Les mots de son fils étaient la seule chose qui occupait son esprit. S'il en avait longtemps voulu à son ainé d'avoir ainsi quitté Dorne pour rejoindre la fille du Martell, les quelques lignes écrites par Daemon lui avait suffit pour oublier sa rancune, car elle avait aussitôt était remplacée par un sentiment bien plus fort, et implacable. Les semaines qui s'étaient écoulées après ces nouvelles envoyées par son fils lui avait parut durer des années, comme si le temps avait calqué son mouvement sur l'avancée du désert et de ses dunes immuables. Soudainement, une silhouette blanche qui ondulait sous l'effet de la chaleur attira l'attention de l'Allyrion. Ses prunelles noires suivirent sans ciller la chevauchée d'Asmar. S'il savait déjà que cela signifiait que ceux qu'il avait attendu de pied ferme étaient proches, quelque chose dans l'attitude de celui qui était un de ses meilleurs hommes vint un instant faire vaciller l'assurance et la détermination du Lord. Au plus profond de son être, une force qui échappait à l'entendement de l'Homme, lui intimait la certitude que quelque chose était arrivé. Quittant son poste d'observation dans un froissement d'habits, le seigneur de la Grâcedieu s'eclipsa pour rejoindre ses hommes. La colère du Soleil Noir n'avait jamais été plus menaçante qu'en ce jour.
Dans un bruit de tonnerre, les cavaliers de la Grâcedieu quittèrent la ville dans une galopade spectaculaire. Les civils quittaient précipitamment la route sur le chemin de la centaine de soldats qui suivaient leur Lord, soulevant dans leur sillage un immense nuage de sable et de poussière. Lancés à pleine allure, les pur-sangs de la Grâcedieu semblaient voler par dessus le sable des dunes, et c'est sans peine qu'ils avançaient dans le désert qui les avaient vu naître. Loin de modérer l'allure, le Lord intima à ses hommes d'accelérer lorsqu'ils approchèrent enfin de ceux qui n'avaient que le titre d'intus en ces terres inhospitalières. Les cavaliers de la Grâcedieu encerclèrent la troupe dans un tourbillon de rouge et de noir, le grondement des sabots amplifiés par les falaises rocheuses qui longeaient la route. Les soldats de lancehélion étaient épuisés, à moitié morts de soif, et la peau que leur turban ne couvrait pas était séchée et creusée par le soleil de Dorne. Se détachant de ses hommes, le vieux seigneur s'avança d'abord vers la silhouette de celui qui fut trahi par la couleur de son regard. Un instant, il resta face à lui, immense et silencieux, plongeant ses yeux dans les prunelles améthystes du Targaryen. Faisant faire volte face à sa monture nerveuse, il alla faire le tour de la pathétique armée qui avait osé pénétrer ses terres. Les hennissements stridents de son pur-sang et ses coups de têtes firent reculer de quelques pas les soldats titubants près desquels il passait. Le Lord repéra sans mal la pouliche gris fer, et constata plein d'amertume et d'inquiétude que les dires d'Asmar étaient vrais. C'est avec lenteur qu'il se dirigea alors vers le brancard que ses yeux avaient d'abord refusé de voir. Le corps était couvert de linges blancs, donnant la sinistre impression d'un linceul posé avec une anticipation macabre. Il ne voyait pas le visage de l'homme, pourtant il n'avait pas besoin qu'on lui dise qui se trouvait là allongé. Son ombre couvrant le blessé d'un voile d'obscurité, le vieux seigneur le contempla, le visage vide de toute émotion. En lui, il n'y avait plus que la colère. Une colère comme il n'en avait jamais connue et qu'il n'en connaitrait probablement jamais. Se tournant vers ses hommes, le lord revêtit de nouveau l'expression implacable qui ne le quittait jamais, alors qu'il s'adressait à eux d'une voix puissante et grave. Ses soldats, restés silencieux, avaient eux aussi comprit qui était l'homme couvert de blanc, et avaient cherché en vain dans le regard de leur seigneur et maître l'espoir de s'être trompé.
"Ramenez-le à la Grâcedieu sur le champs. Prévenez le Mestre." Des soldats s'avancèrent pour prendre en charge le brancard abimé par la longue route parcourue et repartirent aussitôt, essayant à la foi de maintenir une allure soutenue tout en faisant leur possible pour épargner des souffrances inutiles à celui qu'ils transportaient. "Asmar." Le cavalier s'approcha de l'Allyrion, ses yeux verts voilés d'une profonde tristesse." Prend quelques cavaliers avec toi et devance le brancard. Cherche Valena et dit lui ce qu'il se passe. Fais en sorte qu'elle ne le voit pas. Ni elle ni Deria ne doivent le voir, tu m'as bien compris?" Asmar aquiesca en silence avant de faire faire volte-face à sa monture et de partir au galop vers la forteresse, suivit de plusieurs cavaliers. Le vieux seigneur resta silencieux alors qu'il regardait son ami partir, avant de reporter son attention sur celle qu'il avait pris soin d'ignorer jusque là. Ses yeux sombres toisaient la jeune femme, et toute sa colère se lisait dans ses prunelles. Sans prévenir, il talonna sa monture qui se précipita droit sur la Sand pour ne s'arrêter qu'à une enjambée d'elle, dans une vague de sable et de poussière. " Comment as-tu osé? Comment as-tu osé franchir ces frontières, et amener cet homme sur mes terres?! Comment as-tu pu croire que je te laisserai faire, et bafouerai la devise des Allyrion pour ton nom?!"

     

         
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L'heure du jugement


Daemon Sand & Valena Allyrion & Ryon Allyrion & Nymeria Sand



Il serait difficile de dire que la route est longue du Donjon Rouge à Lancéhélion alors qu'en réalité elle parait si interminable procurant ainsi une torture psychologique à un être inférieur mentalement et psychiquement. L'avenir est incertain et pourtant l'inquiétude ne fait pas partie de mon ressenti actuel alors que nous étions en route pour un jugement probablement bien défavorable à mon égard par mon propre frère. Énumérer les bonnes choses que j'ai fait pour Dorne serait bien trop long à mon gout, mon aîné est surement le mieux placé pour pouvoir se permettre de parlementer sur la politique Dornienne et les différents accords effectués, je ne suis qu'un simple ange-gardien de mon peuple, un homme prêt à tout pour assurer la sécurité et la survie de ces derniers aux détriments des ordres qu'on n'a pu me donner et étant contradictoire à ma vision des choses et surtout ma façon de faire. Je ne suis pas le meilleur modèle comme on me l'a souvent répété, mais de nombreuses personnes devraient songer à rester sur mes talons pour pouvoir prétendre à une vie aussi mouvementée et plaisante que la mienne. L'art des combats, du sexe, des petits plaisirs que la vie nous offre, ce sont des choses qu'on ne peut refuser et ça change un homme en bien comme en mal. Si seulement Doran pouvait me comprendre, je n'en serai pas à là aujourd'hui, à me demander quel accueil me sera fait au sein de la maison Martell. Seul l'avenir nous le dira vu qu'en ce moment meme nous avions effectués un petit détour vers la maison Allyrion tenu par le seigneur Ryon.

D'après ce que j'ai compris dans les récits de Nymeria, Daemon a été gravement blessé par des hommes de Stannis Baratheon qui a lancée une offensive. L'homme était sur un brancard prêt à se faire escorter jusqu'à chez lui, jusqu'à sa maison. Mais aussitôt nous nous trouvions à quelques pas de la forteresse, une armée de soldats se dirigèrent vers nous au galop, le sable virevoltant sous les sabots des pur-sang pour former un intense brouillard de sables. Demeurer hostile serait une mauvaise chose, surtout en connaissant le caractère peu sociable du seigneur de cette maison. Me retrouvant devant avec Nymeria et d'autres personnes de sa garde personnelle entre autre, je me figea sans pour autant baisser le regard, qu'ils tournent en rond cela ne m'impressionnait guère. Au contraire, je resta quelque peu de marbre en trouvant ça plutôt ridicule, un simple accueil n'était-il pas suffisant ? Le seigneur de la maison Allyrion vint nous scruter comme si nous étions des objets, chose qui me déplus fortement, mais dont je me tu pour ne pas envenimer plus la situation surtout lorsque le Targaryen croisa le regard du vieil homme. Les conflits commencent et si pour le moment je ne dis pas grand chose à propos de sa présence sur nos terres pour ma fille, je n 'en demeure pas moins enthousiaste, sa présence à Dorne ne présage rien de bon.

C'est après seulement quelques longues secondes que la voix dur et grave du vieil homme retentit pour ordonner à ce que ses gardes ramènent le brancard à la forteresse. Mais c'est pas ce qui attira le plus mon attention. J'étais un peu sur la défensive depuis la seconde où il a posé les yeux sur ma fille, et pas avec un regard se voulant tendre ou affectueux, un regard empli de colère, un regard que je connais bien pour l'avoir arboré plus d'une fois. La monture du vieil homme partit au galop vers Nymeria qui fut victime de la colère de ce dernier, n'hésitant pas à lui asséner des reproches interrogatives sous mes yeux. Était-il devenu fou ? Entrer en conflit au sein de Dorne n'était pas une chose recommandable et encore moins avec un membre de ma famille. Serais-je le seul à agir si tel était le cas ? Cela ne serait pas étonnant étant donné la passivité de Doran concernant la famille comme j'ai pu le voir avec le cas de notre nièce. " Elle pensait bien faire et visiblement ça n'a pas l'air de vous plaire." Je n'allais quand meme pas attendre qu'il décharge sa colère sur elle non ? Lançant un bref regard autour de moi, je le planta assez vite dans celui du seigneur Allyrion. " Avec tout le respect que j'ai pour vous être votre maison, je pense pas qu'il serait judicieux d'entrer en conflit à cause d'un seul homme sans en connaitre l'histoire complète, pensez-vous pas ?" Connaissait-il l situation délicate que subissait les terres de la couronne à l'heure actuelle ? Sans nul doute, les rumeurs doivent se propager comme la peste au sein d'un foule contaminée. Peut-être faudrait-il que je lui rafraîchisse un coup la mémoire ? Personne ne s'en prend impunément à mes filles, elle n'y est pour rien dans cette histoire et à la place de s'emporter il devrait plutôt se poser et écouter ce qu'elle avait à lui dire.


     
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Nymeria & Oberyn & House Allyrion


Une ambiance plus que pesante rendait la respiration difficile au cœur de la forteresse de la Grâcedieu. Depuis des semaines, personne n’osait piper mot. Les suivantes longeaient les murs, les valets ne bavardaient plus dans les couloirs et les palefreniers ne chantaient plus alors qu’ils nettoyaient les boxes des chevaux. Un silence de mort s’infiltrait partout où l’on marchait et cet état de paralysie catatonique m’angoissait. Même ma fougue et mon entrain naturels s’étaient tus. Ma mère était devenue mélancolique et le calme et renfermé Cletus apparaissait plus laconique que jamais. Quant à mon père, Ryon Allyrion, c’était une autre histoire… Sa silhouette me semblait encore plus longue et plus noire encore que d’ordinaire. Enfoncé dans un mutisme profond, ses yeux sombres avaient perdu toute chaleur pour ne plus arborer qu’un masque de colère froide et contenue. Tout cela depuis la lettre de Daemon. Tout cela depuis les nouvelles écrites par Nymeria, sa grossesse, leur périple jusqu’au sud. L’imbécile avait fui Dorne pour rejoindre notre amie aspic. Je ne l’avais pas encouragé. Mais ne m’y étais pas opposée non plus. À dire vrai, j’avais presque été rassurée de son départ. Lui loin, je pouvais enfin me concentrer sur les tâches qui m’incombaient en tant qu’héritière sans avoir à me soucier de son orgueil et de ses idées fumeuses. Après tout, c’était un grand garçon qui faisait ce qui lui chantait. Pourquoi se mettre la moitié de Dorne à dos lui importerait-il ? Tout cela pour son honneur, une promesse, quelques mots échangés.

Et moi qui restais là, bien cachée, en sécurité sous le sable chaud, tandis que d’autres se battaient, tandis que d’autres mourraient au Nord pour des dragons, pour des griffons et des cerfs. J’avais bien conscience que ce n’était pas mon combat. Loin de là. Il n’y avait aucune raison pour que je fourre mon nez dans ce chaos. Aucune raison si ce n’était Nymeria et Daemon. Comment les choses avaient pu en arriver là ? Nous qui jouions si hardiment dans les dunes, dans les fontaines des Jardins Aquatiques, discutions à voix basse, à l’ombre des palmiers ou nous bagarrions parfois pour rire, parfois non ? Comment Daemon avait-il pu déserter Dorne, désobéir au Prince qu’il respectait ? Comment Nymeria qui avait tant aimé Nakhti, avait-elle pu tomber amoureuse d’un roi dragon et porter son enfant ? Et par les Sept, comment m’étais-je transformée en couarde, retranchée dans ma forteresse, en attendant, désespérée et ravie, le retour des enfants prodigues ?

Un bruit de course sur les dalles me fit me lever d’un bond et ouvrir la porte de ma chambre. Je retrouvais ma mère, jaillissant elle aussi de ses appartements. Retroussant nos robes, nous descendîmes au pas de course dans la cour. Des soldats vêtus de nos couleurs et armés sautèrent sur leurs montures. Nous détonnions, mère et moi, dans ce tumulte, à chercher des yeux le lord de la Grâcedieu. Je le remarquais enfin, alors qu’il s’apprêtait à partir. Je l’appelais, mais il ne se retourna pas et tous disparurent dans un nuage de sable et de poussière qui me fit éternuer alors que je me frottais les yeux pour en chasser les particules. De rage, je tapais du pied et serrais les poings.

« Ils sont arrivés ? » me demanda ma mère, mi désespérée, mi hargneuse. « Ils sont enfin arrivés ? »

Incapable de lui répondre car je n’en avais aucune idée, je restais à ses côtés, debout, les bras croisés au milieu de la coure déserte. J’aurais été tentée de les accompagner, mais connaissant mes talents de cavalière, je n’aurais fait que les retarder. Et leur départ précipité ne me disait rien qui vaille.

Enfin, après une attente qui m’eut parue être une éternité, une silhouette blanche se détacha à l’horizon. Je reconnus sans mal Asmar, un des meilleurs hommes de la maison, à cheval sur son destrier immaculé. Je plissais les yeux tandis qu’il approchait avec derrière lui, une petite dizaine de soldats.

Je sus immédiatement que quelque chose n’allait pas. Il n’y avait rien dans leur démarche, dans leur attitude qui m’eut indiquée le contraire, mais je le savais. À ma gauche, ma mère devait ressentir la même chose puisqu’elle se crispa. L’éclaireur de la maison Allyrion arriva aux portes et intima aux autres d’attendre. Je fronçais les sourcils.

« Lady Allyrion, votre lord époux vous demande de regagner vos appartements immédiatement. »

Je le toisais et, instantanément, ma mère se transforma en chien de garde enragé.

« Je ne crois pas, non ! Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas, n’est ce pas ? Répondez moi immédiatement ! » tonna-t-elle de toute sa superbe.

Asmar, malgré la tempête en face de lui, resta de marbre. Il avait l’habitude des changements d’humeur de la famille et savait aujourd’hui y résister comme le rocher au beau milieu d’un océan déchainé. Il répéta sa phrase précédente, un peu plus froid que d’ordinaire. Devant l’inflexibilité de ma génitrice, il dut appeler en renfort deux hommes qui l’encadrèrent bientôt. Je m’insurgeais.

« Nous sommes dorénavant traitées comme des esclaves en notre propre demeure ! » ironisais-je. « C’est un comble, un comble ! »

Deria Allyrion finit par jeter l’éponge, mais j’entendis encore sa voix forte résonner à travers les couloirs et criant que « cela ne se passerait pas comme ça ! ». L’éclaireur aux yeux verts reporta son attention sur moi.

« L’ordre vous concernait aussi, lady Valena. »

Le sourire ironique que je portais l’instant d’avant sur les lèvres disparut instantanément. Je croisais les bras.

« Ah oui ? Sinon quoi ? »

Derrière lui, les soldats se mirent en branle et je vis approcher un palanquin couvert de voilages blancs où, indéniablement, un corps se trouvait. Un long frisson d’effroi remonta le long de mon échine et vint se faire dresser les petits cheveux de ma nuque. Nymeria ? Oberyn ? Un inconnu dont je n'avais cure ? L'effroi me saisit la gorge. Daemon... ?

« Qui est-ce ? » demandais-je d’une voix dure.

Asmar baissa la tête et je vis l’éclair d’inquiétude qui traversa ses prunelles.

« Qui est-ce ? » répétais-je en augmentant le volume.

Devant le mutisme de l’homme, il n’en fallut pas plus.

« Où est Daemon ? »

Silence.

« Où est mon frère ?! Où est-il ? »

L’éclaireur fit un petit signe de tête aux autres qui se dépêchèrent d’emporter le brancard à l’intérieur, sans un regard pour nous. Je notais avec angoisse la précaution qu’ils avaient à transporter le palanquin et je sus que mes craintes étaient fondées. Je me lançais à leur poursuite, mais la poigne forte de l’homme m’empêcha de faire un pas de plus.

« Lâchez moi tout de suite, » grondais-je. « Vous ne me traiterez pas de la même façon que ma mère ! »

Je me débattis un instant, mais sus que le combat était perdu d’avance devant la force du soldat.

« Votre père m’a ordonné de vous tenir éloignée. Attendons qu’ils reviennent. »

Je retirais d’un geste sec ma main de sa pogne et croisais les bras, résignée. Depuis quand étais-je devenue patiente, mignonne petite fille destinée à attendre ?

  

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Les yeux de l'aspic s'écarquillèrent à la rencontre brutale et les mots tout aussi rudes du seigneur de la Gracedieu. Elle le dévisageait. Tout d'abord sur ses réserves, mais bien plus confiante par la suite. Elle n'était plus la petite fille de Dorne. Elle n'était plus la petite princesse, plus la jeune fille qui n'osait affronter les seigneurs Dorniens pour faire bonne figure de la maison Martell. Ce temps était révolu. Si elle pouvait comprendre la colère du lord, elle ne l'acceptait pas pour autant. Mais la fougue de Dorne jouait. Elle se tenait alors droite devant le Lord, ne défaisant pas son regard un seul instant, il était peut-être à cheval et elle à pieds à cause de son état qui ne lui permettait plus de poser ses fesses sur son étalon, Aznar, elle ne se laisserait pas dominer par qui que ce soit, pas après tout ce qu'ils avaient vécus. Il pouvait foncer sur elle avec son pur-sang qu'elle ne bougeait pas d'un millimètre, pas un seul mouvement de recule, elle ne sourcillerait pas. Son père parlait le premier, il fût plus doux que ne l'aurait été l'aspic. Mais il prenait sa défense ce qui apaisait quelque peu Nymeria sur l'instant. Mais l'aspic n'avait pas traversé tout Westeros pour se faire injurier de la sorte si près du but. Sa réponse se fit cinglante, en toute réplique au dornien.

" Lord Allyrion. Pardonnez moi d'avoir cru que les terres de Dorne appartenaient à mon oncle, le prince Doran Martell. Si l'on doit me réprimander, mon père et mon oncle s'en chargeront. Nous venons pour Ser Daemon. "

Son père était présent et son oncle, elle était en route pour aller le voir. Si elle considérait autrefois le seigneur Allyrion comme un second père ou comme un oncle, ses hormones n'aideraient en rien cette cause, ni pour lui ni pour elle. Elle n'était plus la petite fille qu'il avait connu et qu'il avait traité en fille. Il allait vite le comprendre. Elle était sur ses terres mais après tout ce voyage, elle estimait ne pas avoir à recevoir de leçons de morale si ce n'était celles de son oncle Doran, puisqu'elle avait déjà eu le temps de discuter avec son père de tout cela. Elle n'avait plus sa patience ni son calme quand bien même Rhaegar lui intimait de se calmer elle n'en faisait rien. Pas après tout ce qu'ils avaient traversés, non. Pas après tout cela, non. Pas après ces horreurs et cette fatigue accumulées, ils avaient déjà tous fort payés pour en plus devoir se faire réprimander par un seigneur dornien. Rhaegar insistait cependant, discrètement. Elle soupirait.

" Il n'y a pas d'ennemis sur ces terres, seulement ceux que votre orgueil vous force à voir. Je ne vois ici que des amis de Dorne, la maison Martell et des dorniens. "

Menaçait-il réellement l'aspic, son compagnon et son père ? Menacer Rhaegar d'ennemi était comme la menacer de même. Menacer Nymeria d'ennemi était menacer son père d'ennemi, menacer son père était menacer un Martell. Voilà comment l'aspic voyait les choses. Bafouer sa devise en son nom, il en avait de belles. Son orgueil lui vaudrait bien des chagrins. Qu'il passe sa colère sur un château de sable, l'aspic n'avait pas la tête à recevoir quelconque leçons d'un quelconque seigneur autre que Doran Martell, et cela s'arrêtait là, elle le ferait bien comprendre quand bien même cela vaudrait à se faire expulser aussi sec de la Gracedieu.

Lord Ryon avait été un bon ami, un homme qu'elle avait beaucoup aimé et admiré en son jeune temps. Elle avait toujours été bien accueillie et bien traitée, avec l'égard qui était du à son rang et bien plus. Elle avait admiré son charisme et la sagesse dans ses mots. Mais elle fût bien déçue à l'heure actuelle d'être traitée en ennemie, qu'il juge si vite la situation sans la connaître, alors qu'elle le pensait si sage. Une véritable déception à ses yeux que la fougue, l'énervement et l'inquiétude ne pouvaient suffire pour expliquer cela, pas à ses yeux.

" Par égard, nous sommes passés à la Gracedieu. Pour vous saluer mais pour votre fils, venu courageusement prêter main forte à ses amis dans le besoin, quand nombreux autres se cachaient derrière des murs, des frontières et..."

Rhaegar posait sa main sur son épaule, épaule qu'il serrait doucement, lui intimant à nouveau de ne pas continuer sur sa lancé, sachant pertinemment ce que sa maîtresse aurait répondu : de la lâcheté. Il connaissait bien Nymeria et savait très bien sur quelle lancée elle était, ils étaient déjà en mauvaise posture, il valait mieux ne pas s'enfoncer encore plus dans ce pétrin dans lequel tous étaient. Mais l'orgueil de l'aspic affrontait l'orgueil du soleil noir pour l'une des première fois. Elle aurait pu continuer longtemps ainsi, à déblatérer quand il aurait mieux valu se taire et son compagnon le savait parfaitement. Obara se mêlait à l'assemblée, sans doute pour essayer elle aussi de calmer le jeu. Une des première fois sans doute aucun, qu'Obara parlait mieux que Nymeria face à un noble.

" Lord Allyrion, nous avons chevauchés jours et nuits pour parvenir le plus rapidement possible à Lancehélion. Nous ne désirons que rentrer au plus tôt à Lancehélion et parler au prince Doran Martell. Nous avons beaucoup à lui dire. Votre fils s'est fièrement battu lors d'un conflit dans l'Orage contre un petit groupe des Baratheon. Ils nous ont attaqués et Daemon s'est opposé à ces guerriers munis de torches, sans doute des croyants du dieu rouge. Nous avons chevauchés le plus vite possible pour vous rendre votre fils et qu'il soit soigné en ces lieux. Une maison de l'Orage allié à la maison Wyl nous a prêté main forte sur le chemin et a appliqué les premiers soins à Daemon mais nous avons fait vite afin de vous le ramener. Nous n'avions pas le choix que passer sur vos terres. Ce qui est arrivé à votre fils est terrible mais il s'est battu vaillamment. Il n'a pas fait ce qu'il a fait pour que vous nous appeliez "Ennemis". Avec tout le respect qui vous est du, Lord Allyrion, cela reviendrait à dire que votre fils s'est battu et a subi ces brûlures pour protéger des ennemis. Nous ne sommes pas des ennemis. Nous sommes de Dorne. Nous sommes les filles d'Oberyn Martell, nous sommes de la maison Martell. Le roi déchu n'est point un ennemi non plus puisqu'il a aidé votre fils à ne pas périr dans les flammes. Il y a plus important à cette heure, ne passons donc pas notre temps dans un conflit dans le désert. "

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia
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L'heure du jugement


Ryon Allyrion & Valena Allyrion & Oberyn Martell & Nymeria Sand


Dans les étages supérieurs de la demeure régnait une douce fraicheur, préservée par l'ombre des épais murs de pierre et permise à cette période de la journée par l'orientation du bâtiment. On y trouvait notamment une pièce aux dimensions ridiculement larges en comparaison du modeste secrétaire en bois qui trônait là et sur lequel le benjamin du château noircissait consciencieusement une feuille de parchemin. Seul le son de sa plume grattant le papier venait troubler le silence appliqué qui régnait sur les lieux parfumés d'encens. Debout non loin de lui, Mestre Harian lisait un livre qu'il tenait d'une main, portant l'autre contre son dos. Son regard gris quittait sa lecture à un rythme régulier pour observer ce que son élève rédigeait, avant de revenir à son livre, le plus souvent avec un petit sourire satisfait au coin des lèvres. La leçon se déroulait parfaitement bien, dans l'atmosphère de concentration et d'application que l'homme grisonnant appréciait tant, jusqu'à ce qu'un grondement semblable au tonnerre ne remonte de la cour qui se trouvait en contrebas sur lequel enchainnèrent les voix irritées de Valena et de Lady Déria.
Cletus leva soudainement la tête, visiblement curieux, mais il fut instantanément rappelé à l'ordre par un claquement de langue réprobateur de son précepteur. Tandis que son élève se concentrait à nouveau sur son devoir, le Mestre jeta un regard préoccupé vers la fenêtre sans pour autant céder à la tentation d'aller jeter un coup d'oeil, sachant qu'il perdrait alors définitivement l'attention et le calme du jeune garçon. Il préféra replonger dans sa propre lecture et se mit à marcher lentement dans la pièce, attendant patiemment que le jeune Allyrion finisse son exercice. Un défi délicat et complexe qu'il avait donné là à son élève. Rédiger une lettre diplomatique, voilà qui était autrement plus important que de regarder les galopades que les soldats faisaient dans la cour. C'était un vrai casse-tête, et rares étaient les seigneurs, ou même les Princes, qui pouvaient se permettre le luxe de les écrire eux-même sans employer la plume d'un autre. Cependant, il avait confiance en les capacités du garçon et ne doutait pas qu'à la fin de sa rédaction, Cletus serait loin de le décevoir.
Mais le Mestre semblait ne pas devoir connaitre la rédaction de son élève aujourd'hui. Car peu de temps après que la tempête de sabots résonna dans la cour, de nouveaux claquements se firent entendre sur le sol dallé, suivi de peu par le son de pas qui remontaient les étages jusqu'à arriver à cette même pièce. Ce fut un regard glacial qui accueillit le soldat. Refermant son livre d'un claquement sec, le Mestre, irrité d'être ainsi dérangé et de voir que le garde avait désormais capturé la curiosité du jeune garçon, regarda le soldat s'approcher de lui lorsqu'il vint lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Des mots inquiétants qui fermèrent encore son visage pourtant déjà sombre. Il se tourna vers son élève, puis entreprit de quitter la pièce.

-Cletus, termine cette lettre et lorsque tu l'auras finie pose la sur mon bureau. Saeros, ajouta-t-il à l'adresse d'un domestique, quand il aura terminé, assure toi qu'il rejoigne ses appartements. Le jeune serviteur acquiesça, s'inclinant légèrement, ses mains jointes devant lui.

Ce fut en compagnie du soldat qu'il traversa à grands pas les couloirs, ruminant les inquiétantes nouvelles qu'on venait de lui transmettre. Sur sa route, il croisa La Lady de la Gracedieu qui se faisait raccompagner par des gardes et s'il ne s'arreta pas au devant d'elle, s'inclinant juste imperceptiblement sur son passage, il put sentir son regard angoissé se poser sur ses épaules comme un oiseau fragile. Un sentiment que le Mestre ne partageait qu'à peine. Bien évidemment, l'on pouvait mettre cela sur son expérience de médecin mais son détachement n'était pas seulement du à ses études. Il avait vu grandir Daemon. Et s'il partageait la fougue de sa soeur, il y avait quelque chose en lui qui avait depuis son plus jeune âge rendu Harian soupçonneux à son égard, méfiant même. Pour sûr, le Mestre, originaire du Bief, avait eu bien du mal à accepter de traiter cet enfant bâtard à l'égal des héritiers du Lord mais cela n'était rien comparé à la méfiance que lui inspirait le jeune homme qu'il était devenu. Il lui semblait pourtant parfois être seul à voir l'ambition malsaine, presque obsessionnelle qu'il pouvait lire dans le regard de glace du garçon chaque fois qu'il le voyait. Un désamour que l'enfant lui avait toujours rendu et qui l'inquietait d'autant plus, croyant voir dans les provocations du bâtard de légères menaces, comme si il avait compris que le Mestre  avait deviné ses intentions.  S'il avait plusieurs fois hésité à en parler à Valena, qui était selon lui la plus menacée, mais aussi au Lord, il s'était systématiquement résolu à garder le silence, de peur de déclencher la colère des Allyrion s'il venait à porter de fausses accusations.
Aussi, lorsqu'il entra dans la petite pièce éclairée par un puit de jour et que son regard rencontra le brancard que l'on avait posé sur une large table de pierre, il ne put réprimer un certain soulagement  qu'il savait pertinemment déplacé. Lorsqu'il souleva le voile qui recouvrait la tête du blessé on ne put lire aucune réaction sur son visage bien que son coeur fut désormais déchargé de la crainte de servir un jour un Seigneur Allyrion autre que Lady Valena. Avec un calme lugubre, le Mestre appela plusieurs domestiques afin qu'il l'épaulent dans son travail et sur ses instructions ils soulevèrent le corps du brancard avec mille précautions. A demi-réveillé par la douleur que lui infligeait ce déplacement, des gémissements plaintifs s'échappèrent des lèvres brulées du Sand.  Le travail s'annonçait long, méticuleux, fastidieux et, même si aucun n'osait avouer cette pensée face à l'étât lamentable du fils du Lord, peut être inutile.


______________________________________________________


Lorsqu'il déboula dans la cour, Cletus découvrit les montures essoufflées des soldats, ainsi qu'Asmar qui lui tournait le dos et qui regardait sa soeur, dont l'attitude l'intriguait. Il l'avait entendue crier alors qu'il échappait à la garde du jeune serviteur pour se faufiler dans les couloirs, puis les escaliers et enfin, jusqu'ici. Mais le bruit de sa course sur le sol de pierre l'avait empêché de comprendre ce qu'elle disait.  Arrivant après les cris, et alors qu'il traversait la cour, le calme semblait être revenu. Le soleil qui dardait ses rayons faisait ressortir sa blondeur et les broderies turquoises de sa tunique, tout comme il faisait ressortir la dureté du regard d'Asmar qui se retourna en l'entendant marcher vers eux. Tandis qu'il se dépêchait de rejoindre son aînée,  ses yeux bleus regardaient vers la grande porte qui s'ouvrait sur le désert. Il ne savait rien de ce qu'il se passait mais il pouvait sentir l'air vibrer de l'inquiétude qui voilait les yeux des gens autour de lui.
Il posa doucement sa main sur le bras chaud de sa soeur, inquiet.

-Valena, est-ce que tu vas bien? Je t'ai entendue crier, que se passe-t-il?Demanda-t-il de sa voix douce. Et où est mère? Rajouta-t-il en se souvenant de l'avoir entendue elle aussi, alors qu'il était encore en pleine leçon avec Mestre Harian.

Asmar s'approcha des enfants du Lord après avoir jeté un dernier regard vers les portes béantes de la grande cour. Son maître ne devrait plus tarder, mais chaque minute qui passait alimentait l'inquiétude du sentinelle quant à ce qu'il pouvait se passer non loin, à l'abri des dunes et des roches. Il s'adressa au cadet, entourant ses frèles épaules de son bras et posant sur lui un regard plus dur qu'à l'ordinaire mais qui se voulait apaisant.

-Lady Déria a rejoint ses appartements. Vous et votre soeur, vous restez avec moi jusqu'à ce que le Lord votre père revienne. Il ne devrait plus tarder maintenant. Disant cela il releva les yeux jusqu'à les poser sur la fille de Ryon. Il savait qu'il ne pouvait se permettre comme il le faisait avec son jeune frère de la retenir par une quelconque entrave physique, aussi douce fut-elle. Elle avait un coeur trop violent pour supporter d'être ainsi retenue alors que la situation ne la prédisposait en rien au calme et à la raison. L'émeraude de son regard priait silencieusement pour que la fougueuse héritière s'en tint aux ordres de son père, posant sur elle des iris presque suppliants pour qui savait lire dans le regard d'un homme qui était réputé aussi dur et intransigeant que le Lord lui même. Une brise brûlante vint soulever et faire claquer entre elles les lourdes feuilles des palmiers qui formaient une colonnade sur les pourtours de la cour. La Gracedieu elle-même semblait attendre le retour du Lord.




     
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No Foe May Pass
La Grâcedieu



   
Le retour de l'Aspic


Des bourrasques d'air chaud venaient soulever la poussière de la route qui menait à la Grâcedieu. Le vieux lord se tenait droit sur sa monture sombre, dominant l'aspic de sa hauteur. La Sand soutenait son regard, fidèle à sa réputation. Cependant, malgré le feu que le seigneur voyait dans les prunelles de la jeune femme, ce ne fût pas elle qui répondit en premier à la violente invective qu'il venait de lui servir. Le Prince Oberyn s'adressa à lui, et bien que ses paroles étaient étonnament mesurées pour être sorties de la bouche de la vipère rouge, elle ne calmèrent pas l'Allyrion pour autant. Elle pensait bien faire? Etait-ce là la seule excuse que le prince lui avait trouvé? Au vu de leur état, il n'était nulle question d'égard ou de politesse, mais bien de nécessité. Le désert de Dorne était impitoyable, et la route jusqu'à Lancehelion était longue et difficile. Le fief des Allyrion était une étape incontournable pour quiconque bravait les routes des dunes. Et si l'aspic voulait faire passer son arrêt à la Grâcedieu pour une formalité, son arrogance ne lui serait d'aucune aide si le vieux seigneur ne leur offrait pas l'hospitalité. On ne peut s'abreuver de fierté, ni se nourrir d'orgeuil. Et quand le Martell évoqua l'indésirable qui se trouvait aux côtés de sa fille, l'Allyrion tourna la tête vers le prince, cherchant à déceler dans son regard s'il pensait réellement ce qu'il était en train de dire. De quel conflit parlait-il donc? Le seigneur de la Grâcedieu avait beau être connu pour son calme et son goût pour le silence, il l'était tout autant pour sa force et ses talents de combattant, qui avaient autrefois fait de lui un chef de guerre respecté de ses hommes, et craint. Si un conflit devait avoir lieu, à l'instant, ça ne serait qu'une exécution groupée, et non pas une bataille. Les Martell qui se tenaient devant lui étaient si fiers qu'ils ne semblaient presque pas avoir conscience de leur propre état de faiblesse, de même que celui leurs hommes, ou de leurs montures. Mais ce n'était pas à Oberyn que le Lord parlait. Discuter avec la vipère rouge, surtout lorsqu'elle était en colère, revenait à donner des coups d'épée dans l'eau, car il était impossible de le raisonner. Son père venait tout juste de se taire que Nymeria prenait à son tour la parole. Silencieux, il la laissa parler, souhaitant voir tout ce qu'elle avait à lui dire.

Les espions de l'aspics avaient donc ommis de lui faire part de la position fragile qu'elle occupait, ainsi que son père. Car le Conseil de Lancehelion avait bien démontré que les actes de la fille d'Oberyn et ceux de ce dernier avaient été condamnés par les seigneurs et le Prince de Dorne. Pourtant éloignés de l'agitation qu'avait provoqué le couronnement de Viserys Targaryen, les chefs dorniens semblaient avoir plus pris la mesure des conséquences de ses actions qu'elle-même. La jeune femme restait aveugle face à ce qu'il se passait autour d'elle. Il le voyait dans ses yeux. Cette passion qui brûlait tout, tuant la raison pour ne se concentrer que sur la vie qui grandissait en elle. Il avait déjà vu ce regard, il y avait longtemps de celà, de l'autre côté de l'Océan. Pendant un instant un regard bleu s'imposa dans l'esprit du vieux seigneur. Une relique d'un passé laissé derrière lui pour faire face à des devoirs que le Dieux avaient choisis pour lui d'assumer à la place de son frère.

Sans doute à temps, le Targaryen fit taire sa maîtresse d'une main posée sur son épaule. Pourtant les derniers mots de l'aspics avaient déjà trahi son message. Pour elle, les seigneurs dorniens s'étaient cachés. Dans leur déserts, dans leurs montagnes. Loin de la folie des dragons. S'était-elle donc sentie trahie par tous ceux qui n'étaient pas venu à son aide? La demi-soeur de l'aspic intervint à son tour. Ryon connaissait peu Obara, mais il savait de rumeur qu'elle était plus réputé pour son maniement des armes que ses talents d'oratrice. Ses paroles se voulaient apaisantes, et sans doute cherchait-elle aussi à couper court à un débat qui pourrait ne mener nul part, et durer jusqu'à la nuit tombée. Sans descendre de son pur-sang, l'Allyrion le fit avancer de quelques pas vers Nyméria, s'adressant à elle, et uniquement à elle:" Ne vois-tu pas à quel point Dorne s'est déjà trop battu pour te permettre de satisfaire ton égoïsme? Ces hommes de Lancehélion, crois-tu vraiment qu'ils sont venus pour lui? Tes soeurs qui t'ont rejoint, étais-tu trop aveuglée pour ne pas te rendre compte que c'est uniquement pour toi qu'elles sont venues, malgré le danger?" La voix du Lord était redevenue posée, telle qu'on avait l'habitude de lui entendre, mais lorsqu'il continua, sa voix grave sembla se briser un instant à l'évocation de son fils:" Crois-tu vraiment que mon fils me soit revenu ainsi pour que ce dragon puisse venir trouver refuge à Dorne? Nymeria...Leur loyauté...Leur amitié...Tu les as sacrifiés sur l'autel de l'amour que tu porte à cet homme! Ce Targaryen incapable et lâche qui a abandonné son devoir envers les Sept Couronnes et brisé une paix pour laquelle tant d'hommes sont morts pour être dans tes bras? Regarde les Nymeria, regarde toi! Si ton entêtement t'empêche de voir la folie dans tes actions, j'espère que le temps fera naître en toi les regrets et la honte, car si jamais ton oncle décide de t'accorder son pardon, saches que les Allyrions, eux, n'oublieront jamais le mal que tu as causé."

Tout était dit. A présent il n'y aurait plus que le silence entre lui et la Sand. Aussi, c'est sans attendre une possible réplique, de l'aspic ou de son père, que le Lord fit faire demi-tour à sa monture, tout en donnant des ordres à ses hommes. Les Martell et leurs soldats, ainsi que le Targaryen, seraient tous acceuillis au sein de la demeure des Allyrions. Mais pour le vieux seigneur, il n'était plus question d'évoquer ce qui avait déclencher en lui une colère formidable. Car, alors que tous reprenaient la route, ses pensées allaient toutes à son fils, dont il n'avait même pas pu apercevoir le visage. Etait-il seulement encore en vie? Respirait-il encore lorsque ses hommes l'avaient remis aux soins du Mestre? Asmar avait-il exécuter ses ordres, et protéger son épouse, et ses autres enfants, d'une vision terrible qu'il ne pouvait qu'imaginer? C'est dans un mutisme absolu qu'il passa tout le temps du retour, à la tête du cortège. Lorsqu'enfin ils franchirent les portes monumentales de l'entrée de la forteresse, les premières paroles du lord furent pour ses serviteurs et ses soldats :" Les hommes de lancehelions seront logés dans la caserne. Veillez à ce qu'ils ne manquent de rien. Le prince Oberyn, Lady Obara, Lady Nymeria, ainsi que Rhaegar Targaryen occuperont les appartements de la façade Ouest. Qu'il leur soit apporté de quoi boire et manger, et des vêtements neufs." Lorsqu'il eût finit, le vieux seigneur descendit de cheval, et laissa son pur-sang aux soins de ses palefreniers, avant de se diriger vers ses enfants, sans un regard pour ses invités. S'approchant d'eux, il posa sa main ornée de bagues sur l'épaule de son cadet, qui semblait encore plus petit à côté de la longue silhouette sombre de son père:" Cletus. Va rejoindre ta mère. Je viendrai à vous d'ici ce soir." Si la voix grave et autoritaire du Lord restait inchangée, son regard, lui, s'était fait plus tendre, alors qu'il s'adressait à son plus jeune enfant. Un regard entendu avec Asmar suffit pour que ce dernier parte avec le cadet des Allyrion à l'interieur de la demeure. Le seigneur se tourna enfin vers sa fille. Il savait ô combien elle avait dû prendre sur elle pour rester là à l'attendre, comme il l'avait ordonné. Elle ignorait à quel point il lui en était reconnaissant, car il ne se le serait jamais pardonné si elle avait du affronter seule la terrible réalité qui leur revenait de si loin.


     

         
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Nymeria & Oberyn & House Allyrion


Mon frère était moribond sur un brancard. Mon frère était moribond sur un brancard. Mon frère était moribond sur un brancard. Cette simple et violente pensée tournait dans ma tête comme une litanie malsaine. J’étais incapable de me concentrer sur autre chose. Incapable. Le regard d’Asmar avait fini de me persuader de son état. Allongé sur son étroite couche, recouvert de linges blancs tels les draps recouvrant les morts, il était passé à côté de moi sans se relever. Sans un regard moqueur et provoquant. Sans un mot rassurant, mais empreint d’ironie dont seul lui était capable. Non, il était resté muet comme la mort et immobile comme les pierres. Il n’était certainement pas déjà mort au regard du soin et de la précaution avec laquelle on le traitait, mais rien ne m’indiquait son état réel. Pourquoi, par les Sept, ne me disait-on jamais rien ? Que s’était-il passé pour que Daemon soit dans cet état ? Il était si fier combattant qu’il ne perdait que très rarement un duel. Il était resté aux côtés de Nymeria et d’Obara, toutes deux incroyables guerrières. Et bien que l’état de la première l’empêche de pleinement participer à un duel, la dernière était bien la plus redoutable des deux sœurs lorsqu’elle s’armait d’une lance. J’imaginais également que la garde royale du roi Rhaegar devait les accompagner. Alors pourquoi mon frère nous revenait-il plus mort que vif ? Quel était donc l’adversaire qui s’était dressé sur sa route ? Son orgueil et ses provocations l’avaient-ils guidé jusqu’au suicide ? Le groupe avait-il essuyé une attaque surprise dont l’ainé des Allyrion avait été la victime collatérale ? Il y avait trop de questions sans réponse auquel seul le vent brûlant et l’immensité désormais inquiétante du désert me répondait par un morne silence.  

Asmar, tout aussi muet, incarnait une présence exaspérante à mes côtés. Bien qu’il fasse mine d’être détaché, à toiser les portes de la Grâcedieu en attendant le lord, je notais bien de sa proximité et de ses regards en coin, s’assurant que je ne prendrais pas mes jambes à mon cou pour rejoindre le blessé. Finalement, même si j’avais clamé que mon sort serait différent de celui de ma génitrice, je m’étais laissée piégée. À l’exception faite que j’étais à l’extérieur et non pas cloitrée dans mes appartements. L’envie me démangeait d’aller au chevet de mon ainé, mais j’imaginais que je ne ferais que gêner. Il devait déjà être entre les mains de Mestre Harian, guérisseur aguerri auquel j’accordais toute ma confiance. Qu’aurais-je fait ? Parler ? Paniquer ? M’agiter ? Déranger, surtout. Pourtant, je me faisais violence pour rester droite, inflexible au milieu de la cour, alors qu’une voix me hurlait d’aller vérifier l’état de Daemon. S’il me voyait, il se rirait bien de moi. Moi qui me moquais régulièrement de ses petites blessures, de ses erreurs au combat et de ses rares maladresses, voilà que j’étais obnubilée par sa santé. Or, cette fois, ce n’était pas une cicatrice ou un hématome anodin. J’avais bien conscience qu’un jeu de vie ou de mort était au cœur de mes préoccupations et que les Dieux avaient déjà lancé leurs dés.

Le contact d’une main glacée sur mon bras me fit frissonner. Je sursautais légèrement et baissais la tête pour croiser les yeux bleus de Cletus. Malgré la situation je remarquais qu’il avait grandi et que, dans quelques années, il aurait vite fait de me dépasser. J’étais surprise de le voir ici. N’avait-il pas, lui aussi, été fait prisonnier de ses quartiers ? Asmar l’observait avec dureté alors qu’il répondait à sa dernière interrogation. « Vous et votre sœur resterez avec moi jusqu’à ce que votre père revienne… » J’avais la désagréable impression d’être une petite fille. Une sotte petite fille qu’on tenait jalousement à l’écart du danger car ses frêles épaules étaient incapable de supporter la réalité. J’ouvris la bouche, prête à répondre, furieuse, mais ravalais ma colère pour me concentrer sur mon frère cadet.

« Que fais-tu ici, Cletus ? » lui demandais-je d’une voix trop aiguë. « On ne t’a donc pas mené avec mère ? »

Son regard légèrement fuyant et le rouge de gêne qui colora bien vite ses joues m’indiqua qu’il avait échappé à la surveillante du valet qui était sensé répondre aux ordres. Je les attrapais la main.

« Enfin, cela n’a pas d’importance, » lui répondis-je. « Et ne t’inquiète pas, je vais bien. Quant à ce qu’il se passe ici, je ne suis guère plus avancée que toi. Figures toi que tous ont décidé de se liguer contre nous. On ne nous dit rien, et… »

Ma voix s’étrangla un instant et je déglutis bruyamment pour reprendre une contenance. Cletus ne s’angoissait pas facilement, mais lorsque cela touchait à notre famille, son émotive jeunesse reprenait le pas sur son calme mâture, et je ne voulais pas l’inquiéter plus que de raison. Il n’avait pas besoin de cela. Je cherchais un instant mes mots, tournant les phrases dans ma tête pour trouver l’intonation juste.

« Daemon est rentré. Il est blessé. Je ne l’ai qu’aperçu, mais tout est allé trop vite pour que je me fasse une idée de son état. »

Ma voix était trop dure, trop mesurée et trop feutrée pour que mon jeune frère se laisse berner. De toute façon, il avait déjà senti que quelque chose ne tournait pas rond et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne se rende compte de la gravité des blessures de Daemon. Il n’avait jamais été trop proche de lui, ayant grandi loin l’un de l’autre, mais ils demeuraient frères et cela troublait la sérénité chérie du monde de Cletus. Je désirais le préserver, le tenir éloigné de tout cela, mais cela m’était impossible. Et cela aurait été trop cruel de lui mentir ou de le maintenir dans l’ignorance.

« Je pense que c’est très grave, » laissais-je tomber comme un couperet.

Ma dernière assertion clôt la conversation, balayant le groupe d’un froid glacial malgré la chaleur du soleil et nous restâmes à ruminer jusqu’à voir s’élever à l’horizon la tempête de sable qui laissait présager l’arrivée du reste des invités. Je serrais la main de mon cadet d’appréhension.

Enfin, ils franchirent les portes de la Grâcedieu. Je fus surprise du nombre de chevaux piaffant dans la cour et m’étais naïvement imaginée que seuls Père, Nymeria, Obara, Oberyn et le Targaryen seraient de la partie. Mais des dizaines et des dizaines de soldats entraient en rang d’oignon les uns à la suite des autres. Leurs visages fatigués et émaciés portaient les stigmates d’un voyage éreintant et surtout, des dangers du désert brûlant. Certains transpiraient à grosses gouttes sous leurs casques de cuir et leur nez brulé aurait pu être drôle dans d’autres circonstances.

Il donna les ordres nécessaires pour organiser la petite troupe. Lorsque j’entendis le nom de Nymeria, je me mis à chercher son visage dans la foule et il me semblait l’apercevoir. Pourtant, mon attention se repporta sur mon géniteur qui bondit de son destrier et s’avança vers nous à grandes enjambés pressées. Malgré son air austère, seuls les personnes les plus proches de lui pouvaient déceler l’inquiétude et l’ire dans ses yeux noirs. Je lâchais la main de Cletus à regret lorsqu’il ordonna à Asmar de le raccompagner. Si notre mère avait crié et s’était débattue, son fils n’en fit rien et obéit sagement aux ordres, comprenant la complexité de la situation. S’il s’était rebellé, cela n’aurait fait qu’envenimer les choses. De toute façon, il n’était pas d’un naturel belliqueux, loin de là. Restée en tête à tête avec notre père, je m’autorisais la parole.

« Je l’ai aperçu entre deux ombres, » commençais-je sans avoir besoin de préciser de qui je parlais. « Que s’est-il passé ?! »

Je n’eus pas besoin de préciser que j’avais partiellement obéi à regret. Notre père devait comprendre le besoin que j’avais d’aller vérifier moi même de la santé de Daemon. S’il m’avait interdite d’aller le voir, c’était probablement car il me jugeait incapable de soutenir l’horreur de son état. J’en étais à la fois vexée et profondément troublée. Était-ce si grave ? L’avait-on défiguré ? L’avait-on amputé ? Une maladie avait-elle ravagée sa peau ? Etait-il si disloqué que même moi était trop fébrile pour supporter son visage ?

« Ne m’épargnez aucun détail, » terminais-je d’une voix dure. « Et si, comme moi, vous ignorez l’histoire dans sa totalité, je veux voir Nymeria. »

Mon amie me raconterait tout. Il fallait simplement que je parvienne à lui mettre la main dessus.

  

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«Don't damn me when I speak a piece of my mind, 'cause silence isn't golden when I'm holding it inside, 'cause I've been where I have been and I've seen what I have seen I put the pen to the paper, 'cause it's all a part of me. Be it a song or a casual conversation to hold my tongue speaks of quiet reservations. Your words once heard they can place you in a faction. My words may disturb but at least there's a reaction !»
Guess who's back...
L'aspic fut agréablement surprise que son père prenne sa défense. Oberyn l'avait toujours éduquée de manière à ce qu'elle sache se défendre seule, si bien verbalement que physiquement. Ainsi, de ses 6 ans à ses 23 ans, elle n'avait jamais laissé quiconque mal lui parler ou la menacer sans répliquer d'elle-même, sans jamais demander d'aide. Cela s'était transformé avec les années en orgueil, elle était bien trop fière pour laisser un homme la défendre ! Pourtant, pour une fois, elle apprenait à souffler et laisse son père faire. Elle apprenait à apprécier cela. C'était cela finalement, être soutenu peu importait nos choix. Et face à Oberyn Martell, peu osaient répliquer à Dorne. La vipère rouge avait suffisamment fait parler d'elle ces années durant. Oh, son père avait fauté. Son père était en tort. Mais il n'y avait guère que Doran Martell pour pouvoir répliquer contre Oberyn. Au même titre que pour Nymeria Sand, il n'y avait qu'Oberyn et Doran Martell pour lui faire une leçon de morale. Rhaegar lui-même aurait essayé qu'elle l'aurait envoyé paître. Et pourtant, il en rajoutait. " Ne vois-tu pas à quel point Dorne s'est déjà trop battu pour te permettre de satisfaire ton égoïsme? Ces hommes de Lancehélion, crois-tu vraiment qu'ils sont venus pour lui? Tes soeurs qui t'ont rejoint, étais-tu trop aveuglée pour ne pas te rendre compte que c'est uniquement pour toi qu'elles sont venues, malgré le danger?" et si son ton devenait plus calme et doux, Rhaegar dut retenir l'aspic fermement lorsqu'il recommençait " Crois-tu vraiment que mon fils me soit revenu ainsi pour que ce dragon puisse venir trouver refuge à Dorne? Nymeria...Leur loyauté...Leur amitié...Tu les as sacrifiés sur l'autel de l'amour que tu porte à cet homme! Ce Targaryen incapable et lâche qui a abandonné son devoir envers les Sept Couronnes et brisé une paix pour laquelle tant d'hommes sont morts pour être dans tes bras? Regarde les Nymeria, regarde toi! Si ton entêtement t'empêche de voir la folie dans tes actions, j'espère que le temps fera naître en toi les regrets et la honte, car si jamais ton oncle décide de t'accorder son pardon, saches que les Allyrions, eux, n'oublieront jamais le mal que tu as causé."

Que savait-il de leur histoire ? Que savait-il de tout ce qu'ils avaient pu traverser ? Que savait-il de sa relation avec Rhaegar ? Que savait-il des aspics l'ayant suivi et des hommes de Dorne l'ayant suivi ? Oui, il était en colère et elle le concevait bien, son fils lui était revenu brûlé et le soleil de Dorne n'avait rien du arranger à son état. On pouvait lui dire qu'elle était égoïste, elle le savait et le reconnaissait. On pouvait lui dire qu'elle était orgueilleuse, elle le savait et le reconnaissait. Mais insulter devant elle le père de son enfant lorsqu'on ne savait rien de ce qu'ils avaient traversés était sans doute une des pire chose à faire à l'heure actuelle : elle était trop fatiguée pour réfléchir à toute l'ampleur de ses mots, à la portée de ses mots. Ils avaient traversés un désert cuisant et connus pertes et problèmes tout du long.

" Je vous pensais plus ... "

A nouveau, Rhaegar l'empêchait de poursuivre, elle se permit de lui mettre un petit coup : allait-elle pouvoir finir, oui ?! Rhaegar avait été son principal soutien sur cette route. Elle ne pouvait supporter qu'on l'insulte si ouvertement quand on ne savait rien et ne voulait rien savoir ! Si ce qu'il se passait hors Dorne lui importait peu, grand bien lui fasse. Mais qu'il ne parle pas comme s'il savait mieux qu'elle, mieux qu'eux, ce qu'il se passait. Elle serrait les poings. Rhaegar le lui avait dit, ils en avaient déjà discutés de ce qu'il se passerait une fois à Dorne. Les insultes que tous prononceraient à son égard et le manque de respect flagrant. Elle sifflait, pestait. Et bien qu'ils n'oublient pas ce qu'elle avait fait ! Qu'ils s'en souviennent tout au long de leur vie si cela leur plaisait ! Qu'ils geignent à chaque fois qu'ils la voient s'ils le veulent ! Elle savait au moins ce qu'elle valait et ce qu'elle avait traversé, ainsi que ce qui les avait obligé à prendre les décisions qu'ils avaient prise. On ne leur prendrait pas cela.

On leur ordonnait qu'on les suive et par fierté l'aspic ne voulait pas. Mais bien contrainte par Rhaegar et Obara, elle suivait jusqu'à la Gracedieu. Elle suivait jusqu'à ce qu'on leur confie leur appartements. Au moins était-elle aux côtés de Rhaegar. Une dernière fois, sans doute. Elle ne savait ce qui traverserait l'esprit de Doran. La Gracedieu ne lui semblait guère plus belle qu'avant. La fatigue lui empêchait de voir ce qu'il y avait à voir. Elle marchait, voilà tout. Le désert ne l'avait que trop épuisée et Baeron, son garde, restait toujours à une certaine proximité de l'aspic. Des gens étaient autour d'eux, les regardant comme s'ils étaient un spectacle ambulant. "C'est Lady Nym ?" "Oui c'est elle !" elle n'entendait que cela, parfois dans des chuchotements, parfois des enfants qui l'avaient connue. Elle se mordait la langue de leur répondre. Elle se contentait d'aller vers cette chambre, usant ses dernières forces pour atteindre le premier fauteuil qui serait à sa disposition pour y poser ses fesses.

Une charge en moins, Daemon était entre de bonnes mains. Elle s'inquiétait toujours de son état bien entendu mais au moins, à présent, il avait toutes ses chances de survivre et être soigné.

Dans ces fameux appartements, elle ne mit pas longtemps à trouver le premier fauteuil et d'aller s'y asseoir, soufflant un bon coup. Elle n'avait pas pris gare à ses gardes la quittant pour aller vers la caserne pas plus qu'Obara aller dans son coin, ni Oberyn parti elle ne savait où. Elle savait juste que Rhaegar était là, à ses côtés. Une autre chose en moins pour l'aspic, un poids en moins sur les épaules. Restait au dessus de sa tête la colère de Ryon et la colère de Doran et ils y étaient enfin. Finis de ces histoires.
Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia
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No Foe May Pass
La Grâcedieu



   
Le retour de l'Aspic


Le Soleil noir regardait sa fille en silence, tandis que dans la grande cour entourée de murs de pierres blanches, les invités tant attendus disparaissaient un à un à l'intérieur de la Grâcedieu, rejoignant les appartements qu'ils occuperaient pour autant de temps qu'ils en auraient besoin. Car s'ils étaient loin d'être dans les bonnes grâces du Seigneur des lieux, les Allyrion ne refuseraient jamais leur hospitalité à ceux qui avaient traversé le désert. Dans les prunelles pareillement sombres que les siennes, le vieux lord voyait la tempête d'émotions qui habitait sa fille à ce moment précis. Il se tenait devant elle, la dominant de toute sa hauteur, mais alors qu'elle le questionnait, il restait muet. Sans autre réponse à donner à son enfant qu'un regard tout aussi troublé de sentiments. La colère, démultipliée par toutes les interrogations laissées sans réponses, dominait son être, et la peine qui l'accompagnait se ressentait dans les traits tirés de son visage marqué par le temps. Autours d'eux les gardes de Lancehélion s'étaient dispersés pour se rendre dans les chambres à l'abri du soleil dont les rayons frappaient la cour. Des hauts balcons et d'ailleurs, des visages apparaissaient, pour observer presque timidement la scène qui se déroulait. Tous les yeux de la Grâcedieu étaient tournés vers le Lord et sa fille. Alors que les servantes et les gardes s'interrogeaient sans oser aller chercher eux-même la réponse à leurs questions, le vieux seigneur s'approcha de son unique fille pour l'entourer de ses bras, sa longue main posée dans un geste tendre sur la nuque de son enfant, pour l'amener tout contre lui. Il n'avait aucune intention de la rassurer par une simple étreinte. Elle n'était plus une enfant, et ce geste n'était pas une réponse pour lui rendre la réalité plus supportable. A ce moment précis, elle n'était plus une petite fille, mais son égal, son héritière, avec qui il communiait dans la même peine et la même inquiétude. Se séparant d'elle, le Lord s'avança de quelques pas en direction de la porte qui était restée entrouverte après le passage des gardes qui avaient porté Daemon, avant de s'arrêter, et de se tourner vers sa fille. "Viens". Plongée dans le silence, la grande cour semblait être hors du temps, loin de la vie et du bruit qui l'animaient presque en permanence.
Il attendit qu'elle arrive à ses côtés pour entrer à l'intérieur de la demeure, et quitter la chaleur de l'extérieur pour l'ombre et la fraicheur des couloirs vides. C'est dans un silence total, seulement brisé par  leurs pas et le bruissement de l'étoffe de leurs vêtements qu'ils parcoururent le chemin jusqu'à l'entrée de la salle où le mestre et ses assistants soignaient le fils du vieux lord. La porte de bois était close, ne laissant s'échapper aucun son. Seul un garde était posté à l'entrée, avec pour unique mission d'empêcher qui que ce soit d'entrer sans l'autorisation du Seigneur. Se tenant face à la porte, le Soleil Noir s'adressa à son héritière, son regard noir baissé et perdu dans ses pensées. "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Mais il n'y a que de la bouche d'une personne que j'accepterai d'écouter la réponse à cette question. Lady Nyméria est épuisée par le voyage et sa grossesse, mais tu peux aller chercher la réponse à tes questions auprès d'elle si cela te dit, je ne t'en tiendrai pas rigueur. Fais ce qu'il te semble nécessaire." Sans ajouter un mot, le seigneur de la Grâcedieu ouvrit la porte et pénétra dans la pièce à demi-plongée dans l'obscurité.
Les tentures sombres couvraient les grandes ouvertures, et des bougies avaient remplacé la lumière du jour. La longue silhouette du lord avançait lentement vers l'attroupement créé par les guerisseurs au chevet de celui qu'ils essayaient désespérement de sauver. Seul un serviteur venu apporter des linges et de l'eau s'aperçut de l'arrivée du Seigneur, et s'inclina hativement à son passage. Le pas du Soleil noir ralentissait à mesure qu'il approchait de là où reposait son fils, car son oreille percevait les gémissements et les râles de douleurs qu'il devinait, à moitié couverts par les voix du mestre et des autres hommes qui s'affairaient autours de son corps allongé. Alors qu'il donnait des consignes à un homme à la peau sombre, le mestre Harian releva la tête vers son seigneur. D'un geste, il ordonna à ses élèves et assistants de s'écarter, et lui même recula en baissant respectueusement la tête. Tous s'écartèrent, et le corps meurtri se révéla à la vue de Ryon. Il resta un moment immobile, à contempler l'horreur de cette chair brulée, que la vie ne semblait pas vouloir quitter, car la poitrine du blessé se soulevait et s'abaissait, d'une façon presque imperceptible. Qui était-ce? Qui était cet homme, gémissant, à moitié mort, dont le lit s'imprégnait peu à peu du sang qui coulait de ses plaies?
S'avançant au chevet de l'homme, le vieux seigneur avança sa main vers le voile blanc qui recouvrait le visage du blessé. Il arrêta son geste, hésitant, alors que ses doigts effleuraient déjà le tissus. Précautionneusement, il tira lentement le linge, jusqu'à dévoiler les traits détruits qu'il cachait. Le voile taché de rouge tomba de la main du lord. Son regard ne fuit pas ce qu'il vit alors, car il était incapable de s'en détacher. La colère si forte qui l'habitait encore quelques instants auparavant s'évanouit, à sa place une douleur immense et insupportable envahissait le coeur et l'esprit du vieux seigneur. La silhouette sombre et austère, qui semblait inébranlable, s'effondra à genoux sur le sol de pierre. Ses bras entouraient le blessé sans le toucher, posés sur les draps blancs comme une protection contre un mal qui était déjà fait. La tête baissée, la chevelure argentée du lord cachait son visage  aux yeux de ceux qui l'entouraient. Le murmure de sanglots envahirent la pièce plongée dans le silence et l'obscurité. "Mon fils...Que t'ont-ils fait?"


     

         
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L'heure du jugement


Ryon Allyrion & Valena Allyrion & Oberyn Martell & Nymeria Sand



L'odeur de pierre froide qui occupait habituellement la pièce à l'utilité devenue rare depuis la fin des guerres fut peu à peu recouverte par celles des différents encens au parfum épicé. Le mestre avait balayé d'un geste de la main le regard étonné des serviteurs lorsqu'il en avait fait la demande. Mais si eux ne voyaient pas l'utilité de telles fragrances pour guérir le fils de leur maître, le disciple de la Citadelle entendait bien masquer cette entêtante odeur de chair carbonisée avant qu'un des Allyrion ne fasse son apparition. La lumière qui se faufilait par l'étroit puits de jour creusé au plafond transperçait en rayons concentrés les volutes de fumée, telle des lances.
Retroussant ses manches, il passait son regard aussi froid que le lit de grès qui avait accueillit le corps moribond sur le travail qu'il lui fallait maintenant faire. Autour de lui, le froissement créé par la danse macabre des domestiques qui s'affairaient selon ses consignes bourdonnait à ses oreilles. Que n'avait-il pas pour l'épauler un élève de la Citadelle! Le gros de l'opération reviendrait à ses mains, et il devrait se contenter des minces possibilités ainsi que des esprits simples des laquais du palais pour le reste. Cela serait, hélàs, suffisant pour ce qu'il restait à sauver. Un simple regard lui avait suffit pour comprendre. Si son art de la guérison lui aurait indiqué en premier lieu d'abréger les souffrances d'un quelconque malheureux qui aurait été dans le même cas, il ne pouvait se résoudre à prendre une telle décision sous les toits de pierre de la Grâcedieu. Pas pour le fils du Lord, aussi adultérine sa naissance avait-elle put être.


-Vas chercher du lait de pavot dans mon armoire. ordonna-t-il à une jeune fille qui servait Lady Valena depuis peu et qui était devenue aussi pâle qu'il était possible de l'être alors qu'elle restait figée devant le corps brulé. Il lui tendit la clé de la dite armoire et elle tourna les talons, légèrement vacillante et faiblarde, mais tout compte fait heureuse de quitter cette vision ne serait-ce qu'un instant. Le bruit de ses pas légers s'évanouirent dans les dédales de couloirs. Toi héla-t-il un domestique plus agé. Prend quelqu'un avec toi et apporte du vin et de quoi le faire bouillir. J'aurais aussi besoin de vinaigre.

Alors que ses petites abeilles s'affairaient tout autour de lui, apportant force linges et cruches d'eau ainsi que ce qu'on leur avait demandé, Harian et son calme souverain surplombaient toujours la silhouette allongée et agonisante. Il put l'observer à loisir, là où ses aides d'un jour préféraient se concentraient sur les missions qu'il leur avait assigné plutôt que de regarder la carcasse qui gisait si près d'eux. Trop près pour certains. Le vieil homme les congédia plus tard qu'il n'aurait du, les libérant enfin du supplice. Quelques instants plus tard, les mains d'un petit garçon lui tendirent une vasque où reposait un liquide rouge et fumant. Il y trempa un linge immaculé qui en aspira la teinte carmine, l’essora, puis le passa précautionneusement sur la plaie qui ouvrait le flanc du garçon. C'était selon son diagnostic celle qui menaçait le plus sa survie à ce moment précis. "la lame d'une épée..." marmonna-t-il, imperturbable en dépit des râles douloureux et inarticulés qui s'échappaient dessous le voile humide.
Les brûlures étaient grandes, et profondes, mais aucune n'étaient aussi infectées  que cette affliction. Un soupir résigné s'échappa des lèvres minces du Bieffois. La course contre la montre venait de commencer, et il n'osait compter les heures qu'il devrait passer à jongler entre les blessures, avec la lourde tâche de déterminer où était l'urgence, détacher de cet amoncellement de chair brisée la menace  la plus imminente.

Quand soudain la porte s'ouvrit, Harian ne se retourna pas. Il ne se détacha pas plus de son ouvrage alors que les pas longs et assurés, reconnaissables entre tous, s'avançaient dans son dos, puis ralentissaient.  Pourtant tous, domestiques et serviteurs qui jusque là fourmillaient autour, s'écartèrent sur l'ordre du mestre lorsqu'il s'aperçut de la présence du Lord. Leurs visages étaient sombres pour certains, curieux pour d'autres, désolés et même effrayés pour quelques uns, comme s'ils craignaient de se voir reprocher le malheur du Seigneur de ces lieux. Mais tous étaient baissés, par respect, par crainte.
Il demeurait, ses mains au plus près des entrailles alors qu'il s'efforçait de désinfecter la plaie. Son oeil froid et chirurgical remarqua qu'une infection semblable avait touché la main gauche. Les doigts longs et fins en  étaient trop noirs. Il n'osa pas demander le matériel nécessaire à l'amputation en sentant le regard de l'Allyrion se poser sur son fils. Il se résigna à attendre. Se reculant enfin, alors que Ryon se trouvait à côté de lui, il releva ses mains de la blessure et fut abasourdit à la vue de la si terrible silhouette noire qui s'affaissait au chevet du blessé. Il fusilla du regard les domestiques qui affichaient des mines ébahies et qui baissèrent aussitôt les yeux, bien qu'il fut aussi surpris qu'eux par un tel épanchement de la part du Lord.

A la question du Lord, le fils ne pouvait évidemment pas répondre. Le silence seul vint trouver les interrogations qui agitaient l'esprit du dornien. Personne ne pouvait répondre. Ce qui s'était passé demeurait encore un mystère, même si le Mestre devinait qu'un combat était à l'origine de tout cela. Ce n'était guère étonnant. La compagnie de Lady Nym avait du traverser un Westeros déchiré de part en part. Si la situation n'était pas si grave, sans doute se serait-il permis de faire remarquer au Lord quel désastre pouvait entraîner l'utopie dornienne qui voulait accorder les mêmes droits aux enfants bâtards qu'aux enfants légitimes. Que pensait-il donc trouver auprès de Nyméria Sand? La gloire peut être...Cela n'étonnerait guère le Mestre qui ne tenait pas en haute estime la soif de célébrité de Daemon. Le plus étonnant aurait été qu'ils passèrent sans aucun dommage un pays qui goûtait aux prémices de la guerre.

Harian hésita un moment à interrompre le recueillement de son seigneur et maître, dont il ne voyait pas le visage, mais dont les épaules agitées de tremblement ne pouvaient lui échapper. Il s'approcha prudemment du père éploré.

MonSeigneur, votre fils...Commença-t-il, manquant de peu d'employer le mot "bâtard", ce qui aurait été bien malvenu. Il chercha les mots justes. Devait-il essayer de redonner espoir au lord en lui promettant la guérison, ou devait-il jouer sur la corde du désespoir, afin de ne pas décevoir ses attentes si jamais le sauvetage s'avérait impossible? Et après? Même s'il réussissait à maintenir la vie dans ses entrailles, que resterait-il de lui? Une carcasse ambulante -si tant est qu'il puisse marcher à nouveau- semblable au Prince. Il posa une main sur l'épaule du Lord. Pour démontrer une compassion qu'il ne ressentait pas mais surtout pour l'enjoindre à s'éloigner du corps.
Votre fils est mourant. Mais il y a encore un espoir. Son ton était aussi sombre que l'espoir qu'il promettait au dornien. L'Allyrion connaissait les champs de batailles. Il avait vu ce que l'on faisait aux hommes aussi brisés que l'était son fils. Et il savait pourquoi on leur préférait une mort douce à l'existence qui les attendait une fois leurs plaies recousues. Le Mestre attendit un instant, comme s'il pensait encore que Ryon serait capable de lui demander d’abattre son propre fils. Il tenta par les mots de séparer l'étreinte du Lord du blessé.
Votre épouse doit être réconfortée. Elle n'écoutera que vous. J'ai fait accompagné Cletus dans ses appartements. Et je ne saurais  que trop vous conseiller de vous entretenir avec le roi. Harian était sans doute l'un des rares de ce chateau à considérer Rhaegar comme seul et véritable roi de Westeros. Devant l'absence de réaction du Lord, il déglutit et pinça ses lèvres. Vous-même et Lady Valena devaient vous enquérir de l'état du Roi...Annoncer au Prince sa présence ici. Le protocole l'exigeait. Mais ces fichus dorniens vivaient leurs émotions avec passion, et la blessure d'un des leurs semblait leur faire oublier l'etiquette. Il perdit patience, et regretta bien vite le ton sec qu'il employa alors. MonSeigneur! Les dieux ont trop durement frappé votre fils pour que l'on se permette de le pleurer ainsi au lieu de tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Vous le pleurerez plus tard Funeste promesse que sous-entendaient les propos de l'homme grisonnant. Un frisson d'effroi parcourut le groupe de domestiques ainsi que le dos du Mestre. Une telle insolence n'était que rarement prononcée ainsi à la figure du Lord. Mais à quoi servait-il de lui mentir? L'enfant qui lui était revenu ne serait plus jamais le même. Le bâtard de la Grâcedieu était mort au delà des frontières de Dorne. On ne verrait plus Daemon Sand parader comme un paon sur la lice, faire chanter son cimeterre contre l'armure de ses adversaire. Les derniers à avoir vu Daemon danser la danse de la mort que lui avait enseigné le Prince Oberyn étaient les hommes qui l'avait réduit en charpie. Le fils qu'adorait le Lord était mort et enterré. Mais malgré cela, et peut-être aussi pour réparer ses mots qu'il ne pouvait plus rattraper, Harian se remit aussitôt à la tâche pour combattre l'infection. Il prit son courage à deux mains pour demander de quoi amputer et cautériser. On alla chercher la scie et les fers, l'âme lourde dans le silence pesant.

     
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Nymeria & Oberyn & House Allyrion


Un affrontement de regard silencieux avait fait tomber la Grâcedieu dans un mutisme dérangeant. Les caravanes et leurs passagers avaient trouvé refuge dans la forteresse et seul restait dehors le seigneur des lieux, drapé de noir et de mystère, comme à son habitude. Nous nous toisions sans rien dire. Mon paternel devait me juger, me jauger. Savait-il quelque chose qu’il ne pouvait pas me dire ? Qu’il ne voulait pas me dire ? D’ailleurs, avait-il réellement eu vent d’informations que je n’avais pas ? Il était allé en premier à leur rencontre, par delà les murailles protégeant le château, mais tout c’était passé si vite… Avait-il vu Daemon ? L’avait-il vu de ses yeux, avait-il vu son visage, son corps, autrement que recouvert de ce macabre linceul qui m’avait arrachée une grimace ? Ou alors, lui aussi n’avait peut-être aucune idée de ce qu’il s’était passé. J’étais perplexe, inquiète et dans le flou. Je ne paniquais que rarement, mais l’ensemble des éléments et des événements suffisaient à augmenter mon rythme cardiaque de façon significative et à me faire prendre des inspirations plus profondes pour m’obliger à garder mon calme. La vérité était que je menaçais d’exploser à tout moment, comme l’avait fait ma mère, quelques instants plus tôt. D’ailleurs, ni elle ni Cletus ne devaient avoir été informé de l’état actuel des choses. Ma génitrice devait être folle, à tourner en rond dans sa chambre comme un lion en cage. Quant à mon frère, le connaissant, il devait prendre son mal en patience et prier pour que tout aille bien.

Le visage de mon père était ridé dans le coin des yeux, sur le front… Ses joues creusées par le temps n’avaient que très peu de fois laissé apparaître les fossettes de son rare sourire. Pour la première fois, j’avais l’étrange impression que je le voyais enfin. Dénudé de son masque de froideur et de sévérité. Il m’apparaissait tel qu’il était. Un homme inquiet pour son fils et pour sa famille. Ma gorge se serra et cela suffit à m’angoisser d’autant plus. Geste d’affection ultime, il finit par s’approcher doucement, presque délicatement, pour m’enlacer. Je restais de marbre, peu habituée aux élans de mon père. Les démonstrations d’amour étaient la chasse gardée de ma mère et même la mienne et je prenais souvent un malin plaisir à embrasser Cletus devant ses amis. Pourtant, ces enlacements et ces baisers n’étaient que peu partagés avec le chef des Allyrion. Mon père n’était pas un de ces hommes à toujours justifier son affection et nous n’avions pas besoins de ses mots ou de ses gestes pour savoir que nous comptions. J’avais toujours eu du mal à l’embrasser comme je le faisais avec ma mère ou mes frères. D’ailleurs, mes embrassades avec lui devaient pouvoir se compter sur les doigts d’une main. Pourtant, cette fois là, je me laissais faire sans pour autant lui rendre sa marque d’affection, trop embarrassée face à lui pour resserrer mes bras autour de son torse.

Il ne m’enlaça pas plus de quelques secondes et se détacha bien vite avant de m’inviter à le suivre par la porte même où était entré Daemon. J’acquiesçais, grave et sérieuse, deux sentiments qui ne m’habitaient guère d’ordinaire. Nous marchâmes côte à côte, en silence, sans que l’un n’ose briser le mutisme recueilli de l’autre. Peut-être à cet instant précis avions-nous tout le deux peur de bruit. J’avais l’horrible impression d’aller devoir veiller un mort. Enfin, le lord de la Grâcedieu s’arrêta devant une lourde porte que je reconnus comme étant une des salles utilisées par le mestre de la forteresse. J’y avais accompagné Cletus une fois, alors qu’il s’était cassé le poignet lors d’un entrainement à la lance.

Les mots de mon père finirent par confirmer mes craintes. Lui aussi était dans l’ignorance. Lui aussi, comme moi, attendions comme deux grands benêts de constater l’étendu du désastre. Il n’acceptait d’écouter les faits que de la bouche de Daemon ? C’était ce qu’il avait laissé entendre. Pourtant, mon demi-frère semblait dans un état plus qu’incertain. Était-il prêt à attendre tout ce temps ? La patience était une de ses vertus. Mais pas la mienne. Il me fallait savoir, il me fallait comprendre ce qu’il s’était passé. Tant de questions se bousculaient dans ma tête alors que Ryon Allyrion disparaissait dans l’embrasure de la porte sans y réfléchir à deux fois. Je devais aller voir Nymeria. Elle devait certes être fatiguée, mais je la connaissais. Elle ne me mettrait pas à la porte. Elle me devait des explications. Cependant, je ne pouvais pas partir sans aller voir mon frère… Et j’étais morte de peur à l’idée de me trouver face à lui. Je ne savais pas dans quel état j’allais le voir. Lui qui était toujours si prompt à rire, à répondre à mes piques et à s’emporter, drapé dans sa fierté… Que restait-il de lui ? Que lui avaient-ils donc fait ? Qui étaient ces « ils » si mystérieux ?

Mais je n’étais pas une femme de réflexion. Prenant mon courage à deux mains et sans y accorder une pensée supplémentaire, je pénétrais dans la salle de soin, à la suite de mon géniteur. Mes yeux mirent quelques secondes à s’habituer à l’obscurité et je devinais, confinée au fond de la pièce, une foule de guérisseur et mestre Harian, regardant tous un centre du cercle qu’ils formaient. Je m’approchais à mon tour, sans hésiter.

Ni ma gorge ni mon cœur ne se serrèrent lorsque je vis la silhouette meurtrie et les chairs brûlées du blessé sur lesquelles mon père était tombé à genoux. Je ne me laissais ni aller à la stupeur, ni à la colère, ni à la peur lorsque je compris que mon demi-frère gisait là, plus mort que vif et que mon père, l’être inflexible et vaillant que je connaissais, se trouvait là, brisé et déchiré, au chevet de son aîné. Pourtant, le cri était bien là, emmêlé dans mes cordes vocales, prêt à jaillir à la moindre seconde. Il était là, à se débattre avec le choc et la terreur que mes yeux refusaient de voir. Etait-ce réellement mon frère ? Je n’osais le croire, cependant j’en étais persuadée. Je n’osais m’approcher, de peur de voir un de mes pas témoin de son dernier soupir. Je n’osais bouger, accablée et pétrifiée. Je n’allais pas vers mon père, perdu en lui même, longue silhouette sombre qui aurait pu s’éparpiller au sol en un quart de seconde.

« Vous allez devoir le sauver, » crachais-je, venimeuse. « Ou je vous assure que nous n’en resterons pas là. »

Des menaces en l’air, pour tout le monde et personne. Il n’y avait que cela pour laisser filtrer de ma rancœur et de mes craintes. Sans un regard de plus, je tournais les talons et sortis de la salle d’un pas mesurée, automatique. Seule dans le couloir désert, je pus enfin relâcher mes muscles bandés et douloureux. Mes jambes flageolantes me firent faire deux pas avant que je ne m’effondre, bouleversée. Je me rattrapais au mur, une main plaquée sur la poitrine et chaque respiration douloureuse. Aucune larme ne vint me brouiller les yeux, mais je restais là, à panteler, en état de choc. Ma cage thoracique se levait difficilement et je crus un instant qu’un haut le cœur allait finir de m’ébranler. Mais je déglutis et relevais la tête. Je devais aller voir Nymeria. Nymeria allait m’expliquer. Nymeria allait tout m’expliquer.

L’agitation des serviteurs suffit à me guider à travers les couloirs jusqu’aux appartements du roi. Il me semblait avoir oublié le labyrinthe qu’était le lieu où j’avais grandi. Arrivée devant les grandes portes de bois sombres, les domestiques s’écartèrent à ma vue et je vis dans leurs yeux que mon visage devait porter les stigmates de la vision de mon frère. Je frappais lourdement trois fois avant de rentrer, sans attendre l’autorisation des hôtes des Allyrion. Lady Nym, assise dans un fauteuil, semblait attendre ma venue. Je remarquais à peine son ventre rebondi de femme enceinte.

« J’ai vu mon frère, » annonçais-je d’une voix que je tentais de maitriser. « Que s’est-il passé ? Que s’est-il passé ?! »

Je tentais de ne pas céder à l’hystérie et fébrile, passait une main sur mon front brûlant. A la différence de mon père, je savais pertinemment que Nymeria n’avait rien à voir là-dedans. Mais elle seule pouvait m’apporter ce que je voulais. Des réponses.

  

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Lourdement assise, l'aspic devait reprendre des forces avant de retourner affronter les Allyrion. Elle avait du caractère mais elle était épuisée, épuisée au point qu'elle savait pertinemment qu'elle n'aurait aucune retenue sur ses mots. Preuve en était dans le désert et Rhaegar n'aurait pas toujours emprise sur elle et sur ses mots. Elle savait aussi qu'ils n'auraient pas l'intimité voulu pour se reposer avant un moment, peu étonnant au vu de ce qu'il s'était passé... Elle s'était assise au moins pour quelque instants et avait posé ses mains sur son ventre fort rond.

On toquait. 3 fois. Pour le coup, ce fût Rhaegar qui allait s'agacer : osait-on embêter un roi dans sa chambre ? Ils avaient tous besoin de repos, leur garde, Daemon, Obara, Oberyn, Rhaegar et elle. Valena entrait, chamboulée. Evidemment, elle lui posait des questions avant toute chose. Nymeria, d'une main, se frottait sous les yeux, un coup de fatigue monumental l'assaillant.

" Valena... Viens, prends place. "

Elle indiquait le canapé à ses côtés. Reste calme, reste calme... se disait-elle.

" Je t'expliquerai tout ce que tu veux savoir lorsque je serais en état. Je comprends ton désarroi mais je ne peux prendre le temps d'expliquer tout cela maintenant. "

Se lancer dans des récits, alors qu'ils étaient encore tous marqués à vif, c'était rude, ils revenaient du désert et avaient, au moins, besoin d'eau. Ne serait-ce que cela. Nymeria, enceinte de cinq lunes, avait besoin de se reposer plus que jamais.

C'est au bout de quelque minutes qu'on leur apportait ce dont ils avaient besoin et Nymeria crut boire cinq litres d'eau d'une traite avant de pouvoir reprendre. Valena était impatiente, sans aucuns doutes, c'était compréhensible aussi. Après ces quelque minutes, après avoir bu, Nymeria soufflait à nouveau pour reprendre :

" Nos voisins de l'Orage sont revenus et n'ont guère appréciés qu'on traverse leur terres sans leur accord. "

Les seules traces de brûlures qu'elle pouvait avoir étaient du au soleil, Daemon ne pouvait se vanter de ce luxe.

" Comme tu le sais, ton frère est venu me quérir à Vivesaigues. Cela faisait déjà quelque temps que je réfléchissais à un moyen de partir. Plusieurs moyens s'offraient à nous. La terre ou la mer. J'avais gardé quelque bons contacts à la Couronne, notamment avec la maison Velaryon, Lord Velaryon et moi conversions de temps à autre par corbeau, par mots plus ou moins secrets. J'ai proposé à Daemon trois alternatives. Partir de son côté pour explorer Westeros, nous suivre par la mer, partir de son côté vers Dorne sur la terre, seul, sur certaines routes, on ne l'aurait pas importuné. Nous étions conscients des risques qu'on encourait à traverser les terres avec autant de personnes mais je n'allais pas laisser les guerriers de Dorne dans le Conflans. Lorsque nous étions pour partir vers le Val pour rejoindre lord Velaryon, un corbeau m'est parvenu. Viserys préparait un plan de guerre et passerait par la mer et irait au Val, ou tout du moins, y passerait à bateau. Nous avons du renoncer à la mer et les fleuves étaient trop risqués. Pas le choix, nous avons du prendre par les terres. Un de mes garde avait un plan, une route possible qui traversait le Conflans, le Bief, l'Orage jusqu'à Dorne sans toucher une seule Maison. Nous avons réussis cela, en traversant uniquement de nuits, au galop. Nous pensions que nous étions sauf, que nous avions terminés. Jusqu'aux Montagnes Rouges. "

Très sincèrement, elle avait une colère monstre envers Nakhti de les avoir abandonné. Elle ne lui pardonnait pas sa trahison, les avoir abandonné au moment où ils avaient besoin de mains armées. Ses traits étaient tirés, ses poings serrés : il serait là qu'elle lui casserait la figure.

" Nous les voyons, au loin. Mais quelqu'un d'autre nous avait vu. Une troupe armée de Stannis. Le roi Rhaegar et moi-même avions souvent du les remettre à leur place au Conflans, mais ils n'avaient jamais été ainsi. Ils ont sortis des torches, des flèches qu'ils avaient enduites de feu. Ils n'étaient que dix mais ils étaient prêts à en découdre. "

Avouer qu'elle avait foncé dans le tas par colère ... Elle buvait une nouvelle gorgée pour s'y reprendre.

" J'ai voulu en tuer un, quitte à lui couper le bras pour faire tomber sa foutue torche. Mais Daemon m'a poussé, m'empêchant de m'occuper de ce fanatique. Il s'est fait brûler par la torche et je n'ai pas pu le défendre puisque Obara me retenait, c'est ser Barristan Selmy et le roi Rhaegar qui ont réussi, à temps, à maîtriser ce fou. Daemon a fait ce qu'il a fait pour me protéger. "

Orgueil, elle n'irait pas préciser qu'elle n'avait pas réfléchi son coup lorsqu'elle avait foncé dans le tas. Avec un certain recule, elle trouvait ça d'un ridicule...

" Et je lui en suis extrêmement reconnaissante, bien que cela ait peu d'intérêt au vu de la situation dans laquelle il est. Ton frère a été courageux et a rempli son devoir de chevalier en faisant ce qu'il a fait. "

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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Nymeria & Oberyn & House Allyrion


Le souvenir répugnant de la chair à vif, brulée, de mon frère semblait danser devant mes yeux alors que je me tenais face à Nymeria. Je ne l’avais vu que quelques secondes, à peine deux minutes et pourtant, mon cerveau avait réussi à graver le moindre détail, la moindre cicatrice dans ma mémoire. J’entendais encore sa respiration sifflante, paniquée et si faible ainsi que ses râles d’agonie. L’odeur de sa peau craquelée et sanguinolente m’aurait arraché une grimace et un haut le cœur si je m’étais trouvée seule dans mes appartements. Mais devant l’aspic, je devais garder la face. Tant bien que mal. Aussi, je me faisais violence pour la toiser dans les yeux, sans me laisser attendrir par son ventre rebondi et son visage las de fatigue. Je voulais savoir. Savoir ce qu’il était arrivé à mon frère. Pourtant, la panique devait se lire sur mes traits. Une lame de fond puissante soulevait mon estomac. Je n’avais aucun mal à identifier ce sentiment sourd qui laissait un goût âpre et amer sur ma langue. Daemon était plus mort que vif et une voix mauvaise susurrait à mon oreille qu’il ne se relèverait pas, cette fois là. L’ombre de l’Etranger, tel le vautour guettant sa proie blessé, suffocante dans le désert, planait autour de son lit, se cachait dans les fumées de l’encens et attendait patiemment, le moment idéal pour arracher ce qu’il restait de Daemon Sand.

J’en avais le tournis. Aussi, sans trop y réfléchir, j’acceptais volontiers l’invitation de mon amie à s’asseoir à ses côtés. Je fus soulagée de ne plus sentir le poids de mon corps, qui semblait m’être devenu trop lourd, sur mes jambes flageolantes. La première réponse de la fille d’Oberyn me fit grincer des dents. Je faillis répliquer, acerbe, mais je la laissais souffler quelques instants, rongeant mon frein alors que des domestiques vinrent nous porter de quoi boire. Si la jeune femme bus verre sur verre, je trempais à peine les lèvres de le mien. Je n’avais besoin, ni envie de rien. Si ce n’était la véritable histoire de leur voyage. Ce qu’il leur était arrivé. Pourquoi mon frère était-il désormais aux portes de la mort. L’impatience, la colère et la panique qui dansaient dans mon cœur étaient à deux doigts de me faire perdre pied et me plongeaient dans un état de tel trouble que j’éprouvais l’incapacité presque totale à poursuivre la conversation. Je m’exaspérais de la voir ainsi prendre son temps, se gardant le luxe de me laisser mourir sur ce canapé que je voulais maintenant éventrer à mains nues. De plus, la proximité de Rhaegar, à quelques pas de nous n’avait rien pour me mettre à l’aise. Si je l’avais soutenu, en tenant tête à mon père et à Dorne tout entière il y avait quelques lunes de cela, il ne restait en moi rien de cette soudaine envie d’apporter mon aide au dragon déchu. À cause de lui, Daemon… Je me mordis la lèvre inférieure. Je devais arrêter de penser à cela si je voulais garder ce qu’il me restait de sang-froid.

Lorsqu’enfin elle se mit à parler, j’enfonçais mes ongles dans le velours du coussin sur lequel j’étais assise. Ainsi, l’Orage était donc fautif. L’Orage, cette région si calme depuis la chute des Baratheon. Je serrais les poings à l’évocation du nom de Stannis et des fous qui lui servaient de chien de garde. J’avais entendu les plus terribles rumeurs sur son retour à Westeros, accompagné d’admirateur du Dieu Rouge, une entité venant tout droit d’Essos et dont le feu était placé au centre du culte. De penser aux flammes dévorant le visage de Daemon m’arracha un grognement mêlant douleur et dégoût et je plongeais mon visage fiévreux entre mes mains. Je ne pensais plus désormais qu’à une chose : faire payer Stannis Baratheon. Il avait osé s’attaquer aux Allyrion et il le payerait. Tôt ou tard, il le payerait. Nous aussi, nous pouvions patiemment attendre le bon moment, tels les scorpions qui hantaient le désert.

« Chevalier ou pas, je n’appelle pas cela du courage. Il a agi en idiot ! » explosais-je en laissant tomber le coussin que j’avais fini par déchirer, presque sans m’en rendre compte.

Je me dressais d’un bon. Tentant de calmer ma colère, je me mis à faire les quatre-cents pas.

« Tous ! Vous avez tous agi en idiots ! En imbéciles ! » rageais-je.

Je savais que je n’étais pas juste, que j’accusais tout le monde et personne à la fois, mais j’avais besoin d’un bouc-émissaire. Et Stannis Baratheon n’était malheureusement pas présent pour recevoir mes coups. Je serrais les dents. Une goutte de plus et je laissais le volcan bouillonnant se réveiller pleinement. Pourtant, je tentais de me calmer. J’inspirais et soufflais longuement pour apaiser les battements rapides de mon cœur.

« Je suis désolée Nymeria, mais je suis à deux doigts de devenir folle, » sifflais-je.

Je me tournais enfin vers elle, osant affronter son regard épuisé alors qu’elle se remémorait les précédents événements. Le voyage ne l’avait pas épargnée et sa peau était rougie par endroit. Pourtant, alors qu’elle tenait sur ses deux jambes, parlait et portait dans son ventre l’enfant bâtard du dragon, mon frère agonisait et ne serait plus jamais comme avant. Comment pouvais-je espérer une guérison totale et complète ? Daemon subirait jusqu’à la fin de ses jours les séquelles de son accident. Et cela si seulement il y survivait. Et s’il vivait, trouverait-il la force d’accepter ce qu’il serait devenu ? Pourrait-il marcher ? Pourrait-il sourire avec ces lèvres brulées et ces joues cloquées ?

« Félicitations pour ton bébé, » lâchais-je finalement d’une voix amère.

Sans un mot de plus, je fis volte-face et sortis de la pièce. Cela ne servait à rien. A quoi bon continuer cette conversation ? Les esprits ne finiraient que par s’échauffer, le mien de colère, le sien de lassitude.

Je ne voulais plus voir personne. Ni Nymeria, ni ma mère, ni Cletus, ni mon père et encore moins Daemon. Je ne désirais plus qu’une chose, laisser libre cours à la crise de larmes qui faisait trembler mes lèvres.


  

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