Retrouvailles ensoleillées ( Daven)

Les jours se suivaient et se ressemblaient à la Dent d’Or. Il y avait bien de temps à autre des visiteurs qui venaient ensoleiller le quotidien de la jeune Lefford mais tout était si calme à la frontière que cela en devenait lassant. Elle s’occupait en lisant, en dansant ou en papotant avec sa tante Alysanne. Et effrayer les serviteurs étaient aussi une activité pour la brune. Les provoquer, tester leur résistance à ses piques. En particulier les nouveaux venus qui n’avaient pas l’habitude, cela l’amusait énormément. Même si cela ne plaisait guère à son père de voir ses derniers désertés leur poste. C’était plus fort qu’elle. D’ailleurs l’un d’entre eux frappa à la porte de sa maîtresse. C’était un habitué, elle lui faisait toujours autant d’effet mais il restait malgré tout. Il s’inclina et lui annonça que son cousin était de retour.

Alyx fit répéter plusieurs fois le serviteur. Le pauvre bougre avait bien du mal et pensait avoir fait une faute alors que la jeune femme voulait être sûre de l’information qu’elle venait d’entendre. Daven était de retour. Son cousin était à la Dent d’Or. Si elle avait été plus impulsive, elle aurait traversé les couloirs en courant comme une hystérique. Mais c’était plus une joie contrôlé qui saisissait à la brune. Elle renvoya le serviteur et calma un instant les battements de son cœur. La Lefford replaça des mèches rebelles dans sa coiffure et sortie de ses appartements pour retrouver son cousin qui avait été absent si longtemps. Depuis combien d’années n’était-il pas passé par là ? Elle ne se souvenait plus mais la dernière fois elle sortait à peine de l’enfance. La reconnaîtrait-il ? C’était une bonne question et elle serait fixée dans un avenir proche.

Elle pénétra dans la pièce où se trouvait Daven. Parmi les personnes présentes, elle le reconnut immédiatement de par sa crinière blonde et ses yeux bleus. Il avait changé également. Il n’était plus l’adolescent fougueux, il n’était plus un lionceau, il était un lion désormais. Un lion majestueux qui pouvait faire trembler ses adversaires d’un simple rugissement, il était bien loin d’être comme Stafford. Son oncle n’était qu’un empoté et un idiot. Alyx pouvait le ridiculisé comme elle le souhaitait mais ne le faisait juste par respect envers sa famille et les Lannister. Mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait. La jeune femme avait depuis bien longtemps assimilé les caractères de chacun des membres de sa famille et savait comment se comporter avec eux afin de maintenir des liens forts et cordiaux. Elle s’approcha donc de Daven armé d’un regard malicieux et d’un sourire qui faisait de même.
« Ne serait-ce pas mon très cher cousin qui de retour parmi nous ? Le temps vous aurait-il transformé en véritable lion ? »

Elle n’avait pu s’empêcher de lui lancer une pique, au moins il était sur de qui il avait à faire. Si leur complicité n’était pas émoussée, il ne le prendrait pas mal et s’en amuserait. Sinon elle devrait contrer un lion vexé par ses paroles. Cela ne serait pas un problème pour la Lefford qui maniait les mots avec une facilité déconcertante. Un jour cela finirait par se retourner contre elle mais pour le moment elle savourait chaque victoire, chaque moment où elle voyait les mines se décomposer. Elle arborait trop régulièrement ce sourire fier qui lui était si reconnaissable. La digne fille de son père disait-on.

Il était différent physique, c’était indéniable. Il n’avait plus rien du petit adolescent insolent et condescendant que son père avait fait chevalier bien des années plus tôt. Et elle, elle n’était plus la petite fille désireuse de comprendre un monde de grand. Elle faisait partie de ce monde de grand. Un monde où petit à petit elle se faisait une place, se faufilant à travers les hommes pour leur faire ravaler leur ego masculin. Elle frappait là où ça lui chantait, imprévisible, frappant fort mais de façon subtile. La violence des mots était une violence bien doucereuse, une violence qui pouvait faire bien plus de mal que de mettre une droite à son ennemi. Il n’y pas peut-être pas cette notion de défoulement physiquement mais il y avait tellement plus à manier les mots et de les faire sien que cela en devenait un jeu rendant le joueur dangereux et mystérieux. Pour bien des gens, Alyx était une énigme. Sa réputation n’était plus à refaire pour bien des nobles qui l’avait vu en action. Mais le doute était toujours présent dans les premiers abords. Personne ne se doutait de ce qu’elle pouvait cacher derrière ce doux visage angélique, marqué la jeunesse. Une jouvencelle bien attrayante mais où il était si facile de tomber de haut. Beaucoup avait dû subir les frappes de la Lefford et ces derniers s’en méfiait comme si elle était la peste incarnée.

Daven…Alyx le dévisageait, son visage ne laissant apparaitre que ce sourire qu’elle lui avait servi en entrant dans la pièce. Mais son regard l’examinait et ses oreilles analysaient chaque son qui franchissait ses lèvres. Elle cacha sa déception fasse à la réponse du lion. Elle allait lui rendre sa réponse de manière à le faire reculer dans ses retranchements, voir ce qu’il avait vraiment dans le ventre. Voir comment il avait grandi depuis son départ. Ils ne s’étaient pas revus depuis bien des années et il ne connaissait pas la Alyx qui était devenue femme. Il ne se rappelait que de la petite tête aux boucles brunes qui parcouraient les couloirs de la Dent d’Or, cherchant une conversion pour y laisser trainer ses douces oreilles enfantines. Voulait-il seulement voir ce qui se cachait derrière ce sourire ? Elle l’ignorait mais elle allait lui montrer, ne voulant pas jouer avec son cousin. La patience de la Lefford envers les siens concernant ses piques verbales étaient bien moins grandes qu’avec ses ennemis ou les autres nobles. Leo lui avait appris à aller droite au but avec les siens. Ne pas se cacher derrière des phrases mielleuses. L’honnêteté. Mais l’honnêteté subtile en mettant quelques formes afin de montrer tout son panache et son talent.

Alors petit à petit, Alyx prit son air hautain favori. Son sourire quitta ses lèvres fines et elle put voir du coin de l’œil que son père avait levé les yeux aux ciels connaissant parfaitement ce que ce visage signifiait et ce qu’il présageait pour la suite. Il était le seul avec Alysanne à connaître sur le bout des doigts la jeune femme, à pouvoir la contrer, la calmer et la rabaisser aisément. Leo avait une emprise plus qu’importante sur sa fille. Elle pouvait n’être qu’une petite chose larmoyante et suppliante à ses pieds s’il le désirait. Il était sa force et sa plus grande faiblesse.
« Oh…Je dois m’avouer déçue…Je pensais avoir à faire à un vrai lion… La maladresse se guérit après tout. Qu’avez-vous fait durant toutes ses années si ce n’est, ne pas pour devenir un lion tel les Lannister de Castral Roc. Je pensais que vous étiez parti pour cela. J’ai été visiblement bien naïve pour le croire…»

Elle eut un petit haussement de sourcil pour but de le provoquer encore un peu plus. Elle tapait fort et là où cela pouvait faire mal. Tout le monde connaissait la réputation de Stafford. Un homme vantard et incompétent. Sa pauvre tante n’avait pas eu de chance dans ce mariage qui était pourtant avantageux aux niveaux des alliances politiques. Les enfants avaient en eux du sang Lefford alors peut-être qu’ils pourraient se démarquer de leur père. Si c’était le cas, Alyx ne le voyait pas encore chez Daven en dehors de son physique avantageux. Mais avoir une belle bouille et des muscles ne suffisaient pas et surtout n’effrayait absolument pas la jeune femme. Elle souhaita continuer sur sa lancé, même si elle se doutait qu’à un moment où à un autre, son père la ferait taire car elle deviendrait trop irrespectueuse. Et qu’il était peut-être de leur famille, il portait le nom Lannister malgré tout. Mais la joie de le retrouver était retombée brutalement face à cette réponse.
« J’aurai espérais pouvoir entendre un lion rugir entre ses murs…mais visiblement je devrais me contentais de miaulement.
-Alyx…, gronda Leo Lefford derrière elle. »

La demoiselle poussa un petit soupire de résignation et obéit à son père, car elle savait parfaitement ce que signifiait son ton. Elle ne devait pas pousser le bouchon trop loin sinon il la remettrait à sa place à sa manière, si Daven ne le faisait pas. Mais la Lefford n’espérait qu’une chose : c’était de réveiller le lion qui sommeillait à l’intérieur de son cousin et qu’il lui montre qu’il pouvait rugir comme Tywin Lannister et non comme Stafford Lannister. Elle voulait qu’il lui montre qu’il était un vrai lion digne de son nom. Elle espérait que ses piques déplaisantes fassent leur effet et qu’il lui rentre de dedans afin de remonter d’un coup dans le cœur de la jeune femme. Alyx pouvait être aussi agréable que désagréable. Une vrai peste quand elle le voulait, mais aussi une jeune femme adorable bien élevé et à cheval sur l’étiquette, pouvant s’écraser et s’incliner devant un homme si cet homme obtenait son respect et sa confiance. Un seul homme pouvait se tarder d’y être arrivé pour le moment et ce n’était d’autres que son propre père.
« En dehors de ça, soyez le bienvenue chez vous. C’est un réel plaisir de vous revoir cousin. »

Le lion montra enfin les crocs pour le plus grand plaisir d’Alyx. Elle leva légèrement un sourcil pendant que le coin de sa bouche se lever de façon imperceptible. Enfin il révélait son vrai visage pour le plus grand bonheur de la jeune femme qui pouvait dire que son cousin avait grandi et qu’il n’avait plus rien du lionceau de ses souvenirs. Alors elle ne protesta pas quand il la renvoya, de toute manière le regard lourd de sens que lui lançait son père l’empêchait tout bêtement de répliquer ou de protester sur ce point. Prenant son air de lady parfaite, elle tourna les talons faisant claquer ses pieds contre la dalle de la forteresse et sortit à grande enjambé, étant à moitié hilare du retournement de situation. La journée s’annonçait plus belle que prévue.

La brune se dirigea vers les jardins de la Dent d’Or où le soleil régnait venant réchauffer l’air frais qui régnait à cause de l’altitude. L’herbe verte était finement coupé et de nombreux arbustes et fleurs venaient enjoliver le paysage et amené milles et une senteur dans l’air. Elle s’approcha du bord de ses jardins à moitié suspendu afin de pouvoir contempler les plaines de l’ouest qui s’étendait à ses pieds, un sourire heureux sur son visage d’ange. Finalement sa journée qui s’annonçait si morne s’était finalement transformé en une journée plus qu’intéressante. Son serviteur personnel lui apporta une boisson et un livre. Elle ne lui avait rien demandé mais cela faisait tellement d’année qu’il était au service de la jeune Lefford qui savait anticiper les désirs de sa maîtresse. Elle s’assit à l’ombre d’un arbuste et débuta sa lecture.

Mais après de longues minutes le jeune serviteur revint lui annonçant que son cousin la cherchait et qu’il s’apprêtait à entrer dans les jardins. Un sourire malicieux s’installa sur les lèvres. Elle le congédia et se leva afin d’aller surprendre son cousin. Emprunter des chemins aux milieux des bosquets elle trouva finalement son oncle, les yeux cherchant visiblement quelques choses. Alyx sortit de sa cachette tout sourire et s’avança vers son cousin qui n’avait toujours ne pas remarquer la silhouette de la jeune femme.
« Est-ce moi que vous cherchiez cousin ? »

Elle le contourna gracieusement pour se planter devant lui. Son sourire était malicieux comme à son habitude et les yeux verts de la jeune femme pétillaient de vie et de répondant. Elle n’avait plus rien de la petite fille au caractère bien trempé qu’elle avait pu être. Désormais le charme et la subtilité rentrait dans son jeu ce qui cachait ce caractère qu’elle possédait toujours. Et sur cela, on pouvait venir rajouter un peu de fierté et elle devenait une femme redoutable. Alyx n’avait jamais eu de tendresse envers les êtres faibles, elle les méprisait avec tact. Et il valait mieux être son ami que son ennemi, les Farman pouvait en témoigner.
« Je vois que vous avez fini de discuter avec mon père. Quel est donc la raison de votre retour à la Dent d’Or ? Notre forteresse vous manque-t-elle ? »