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An 301, lune 12, semaine 2



Andar Royce & Elaena Hightower

Dire que la jeune femme était autre chose qu'aux anges aurait été mentir. Quand son père lui avait acquiescer à sa demande, elle avait été prise d'un enthousiasme débordant pour les préparatifs du voyage qui l'emmènerait jusqu'à Lestival et...AU TOURNOI.
Non pas qu'elle soit particulièrement friande de hauts faits d'armes mais, élevée dans le Bief et prompte à s'enthousiasmer, elle était particulièrement excitée à l'idée d'aller encourager ses cousins, parents, connaissances et les voir gagner. Et elle avait été abreuvé des hauts faits d'armes de son grand-oncle, Gerold, ancien commandant de la Garde blanche, mort au service d'Aerys le Fol...Nul doute pour elle que le Taureau blanc avait été le parangon des valeurs chevaleresques dont le Bief avait été et était encore le berceau et le terreau.

Aujourd'hui, particulièrement emmitouflée, la toute jeune fille de treize ans était appuyée à la balustrade, complètement happée par le spectacle d'une beauté barbare qui se déroulait sous son regard gris. Et, pour Elaena, cette première journée de joutes était extraordinaire. Au-delà du spectacle principal, un second lui avait coupé le souffle : le plus grand rassemblement de maisons nobles qui lui ait été donné de voir en dehors de Port-Réal (il fallait dire qu'elle était bien jeune encore) avec des chapiteaux, les blasons de toutes les familles, la famille royale. Tout cela dans un ensemble de couleurs, de sons et d'odeurs propres à faire tourner la tête d'une personne moins avertie. Car, capable de dissimuler son ébahissement - son illustre famille avait veillé à son éducation - et s'étant coulée dans le moule de la jeune et parfaite damoiselle, bien que passionnée par ce qui les combats devant elle (elle se demandait si la mêlée serait aussi sanglante que ce qu'avait décrit son frère, Dorian), elle veillait à se tenir à peu près bien malgré quelques échauffements. La présence de membres de la famille y aidait grandement, par ailleurs. Et, de temps à autre, quelques petits regards au-dessus de son épaule lui assuraient de ne pas trop attirer l'attention lorsqu'elle criait (mais il fallait dire que sa parenté était elle-aussi en train d'encourager les participants, parfois à grands cris).

La première lance avait été l'occasion de sourire derrière sa main en contemplant la déconfiture d'un Dornien qui avait donné l'occasion à quelques plaisanteries du côté des rangs Tyrell et Hightower. Plaisanteries murmurées mais qui avait ravi la jeune fille. Non qu'elle soit, elle ou sa famille, particulièrement rapide à dénigrer les Dorniens (vu que son père avait courtisé la première femme du roi Rhaegar) mais, bon, cela faisait quand même partie du folklore. Mais la seconde l'amusa nettement moins quand son cousin Rowan chuta lourdement attirant des cris de désespoir derrière elle - sa mère, supposa-t-elle - mais beaucoup moins du côté des rangs Tyrell. Pour le reste, voir combattre des beaux-frères amusait plutôt la jeune fille. Elle acclama le prince Aegon avec tant d'enthousiasme qu'on vînt lui dire de se modérer un peu vu que l'adversaire défait n'était autre que leur voisin de la Treille. La suite l'intéressa moins mais c'est en grande supportrice qu'elle acclama ser Garland le Preux, son cousin Tyrell qu'elle trouvait du dernier cavalier.

"Allez cousin ! Allez ! Ooooh"

Le premier passage avait été un nul ce qui ne l'avait pas empêchée d'aggriper avec ferveur la balustrade contre laquelle elle était appuyée, sous l’œil parfois inquiet de son père qui la voyait se pencher avec enthousiasme pour encourager le puîné Tyrell. Bref, en un mot comme en cent, la gamine était aux anges d'avoir fait partie des bagages pour cette visite dans les terres de l'Orage.


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« Lestival | An 301 lune 12, semaine 2 »
Le Tournoi de Lestival était l’occasion idéale pour les chevaliers en lisse de faire briller leur maison par leur réussite. Evidemment, il existait des malheureux, éliminés rapidement, au premier tour même. Ce n’était nullement le cas du seigneur de Roches-Aux-Runes qui avait dans ses bras sa fille Edmée et son héritier dans les pattes à jouer, à parler de tout et de rien. Il n’était pas au beau milieu de l’arène à se battre pour la gloire de sa maison. Il fut un temps où il ne quittait que rarement les arènes, participant à maints tournois et maints banquets qui s’en suivaient. Toujours en compagnie de Lucas Nerbosc son fidèle ami. Cette époque paraissait alors innocente, teintée d’insouciance où il n’avait aucune responsabilité, outre rendre fier son père en éliminant son adversaire. Pour cela, il pourfendait son épée, leurs lames joutant dans un balai impétueux. Alors, il observait les participants avec une teinte de nostalgie et de l’autre, du soulagement. Il avait ouvert les yeux sur cette fugace idée : la gloire. Elle n’apportait pas l’effet escompté et n’était plus l’objectif de sa vie à présent qu’il avait pris la tête de la Maison Royce. Être Seigneur l’empêchait de risquer sa vie pour si peu, et quand bien même, il n’en voyait plus l’intérêt. Il n’était plus le combattant fringuant d’autrefois. Les années s’étaient écoulées, rendant son corps bien moins agile et ses réflexes peu vifs.

Autour d’eux se tenaient tout le gratin noble de Westeros. Les plus grandes familles se tenaient là, à observer de pauvres bougres s’affronter pour leur simple égo. De toute évidence, Andar avait hérité du regard pragmatique de sa grand-mère qui n’avait cessé de lui dire que cette quête de gloire n’était qu’une vaste fumisterie, des balivernes dont les esprits faibles se gargarisaient. Ce fut à cause de cela que son mari disparu. Et depuis lors, la Dame de Chênes-En-Fer ne cessait de le répéter ; la gloire n’était pas une fin en soi. Les spectateurs assistèrent à l’échec cuisant du fils de Doran Martell, Quentyn qui fut éliminé dès le premier tour, loin d’égaler la superbe de son oncle Oberyn. Soupirant, le seigneur ne put empêcher son fils d’aller hors de leur portée, l’obligeant à confier Edmée à son épouse pour le rejoindre. Lucas adorait leur fausser compagnie, attiré par des visages, des odeurs, des bruits. Sa curiosité n’avait aucune limite, aussi vif qu’il ne l’était à son âge. Alors qu’un Tyrell affrontait son adversaire, l’aîné des Royce lui, s’évertuait à attraper son aîné et commençait à perdre patience. Quelle idée avait-il eu en l’emmenant ici, au beau milieu d’une foule à laquelle l’enfant ne pouvait résister. Il était attiré par une jeune fille, dont les habits laissaient deviner ses origines bieffoises. Elle était à peine âgée de dix ans, raison pour laquelle Lucas s’était précipité vers elle. Seuls les adolescents ou jeunes enfants trouvaient grâce à ses yeux. Et dans son cas, cette inconnue apparaissait pour lui comme une nouvelle camarade de jeux. Le reprenant dans ses bras alors que le bébé babillait, lançant des cris à la Hightower, il s’excusa platement, conscient qu’ils venaient de la déranger dans son admiration des joutes. « Pardonnez notre intrusion ma Dame. Mon jeune fils est parfois un peu trop curieux. » Tenta-t-il de plaisanter alors que Lucas tendait ses petits bras potelés en direction de la blonde qui accaparait vraiment son attention. A dire vrai, il n’était pas souvent entouré de jeunes gens, ne côtoyant que des adultes le plus clair de son temps. « J’en oublie même les convenances, je suis Lord Andar Royce et voici Lucas, nous venons du Val. » Fit-il en glissant un regard entendu vers celui qui l’emplissait de fierté, dans ses bras. L’enfant était happé par son observation de la bieffoise qu’il en oublierait presque la présence de son père. Lucas risquait bien de lui procurer certains cheveux blancs…
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@Andar Royce & Elaena Hightower

Alors que Elaena se lamentait de la lourde chute de son cousin – sans plus lui accorder un seul regard – une petite main, tirant le pli de sa cape attira son attention. Un enfant ? Un bébé, même. Si jeune que cela semblait être extraordinaire de le retrouver ainsi parmi la noblesse du royaume, prêt à être piétiné à la moindre vapeur ou au premier échauffement. Elle se pencha et le prit dans ses bras avec un sourire quasi maternel : « En voilà des façons, jeune homme. Tu t’es perdu ? » lui demanda-t-elle gaiement alors que le petit Royce gazouillait en lui faisant des risettes.

Ils furent vite rejoints par un homme grand et brun, qu’elle ne connaissait pas et, qui à bien le regarder, ne lui disait rien du tout. Ce dernier s’excusa immédiatement, l’air presque désolé que son fils soit venu déranger la jeune fille qui, après tout, l’avait accueilli comme une distraction bienvenue alors que le Bief tout entier pleurait l’échec de Garlan le Preux. « Ce n’est pas grave… » commença-t-elle, en rendant l’héritier de bonne grâce, alors que le père du jeune fugueur se présentait. Et, par la même occasion, présentait son rejeton qui venait de se jeter dans les jupons d’une damoiselle. Peut-être était-cela qui lui avait valu de plates excuses… Après tout, sans doute que des guerres avaient commencé pour moins que ça mais quand même. Enfin, si jeune soit-elle, elle doutait que sa famille ait la fierté aussi mal placée que cela. Elle laissa une de ses mains dans celle du bambin, tout en s’inclinant en un semblant de révérence, gênée par la presse, les gradins étroits et quelque peu par la situation. Royce donc. Du Val d’Arryn. C’était…loin. Loin de Lestival en tous cas. Tout autant que l’était Villevieille. Elle en revînt donc aux convenances en se présentant à son tour : "De Roche-aux-Runes même," commença-t-elle sans trop savoir pourquoi elle étalait sa géographie, sans doute pour qu’il n’ait pas l’impression de saluer une complète ignare qui jouait avec des bambins et hurlait son soutien au premier chevalier qui concourait. "Elaena. Elaena Hightower, lord Royce. La fille de ser Baelor." D’un mouvement de tête, elle désigna la loge qui se situait non loin au-dessus d’eux et où s’étalaient plusieurs bannières du Bief dont la grise tour flambante des Hightower et la rose d’or des Tyrell. Elle désignait un homme dans la force de l’âge plongé en pleine discussion avec un second, plus âgé, grisonnant, et qui arborait sur le torse une des chaînes d’or les plus connues des Sept Couronnes dont le pendentif était une Main.

Son attention se reporta très vite sur le petit garçon qui lui tenait toujours la main. « Enchanté, Lucas. Je gage, monseigneur, qu’il sera le premier au tournoi dès qu’il aura l’âge. Toute cette agitation a l’air de le mettre en joie, » déclara-t-elle poliment mais avec l’accent particulier des natifs du Bief qui donnait rondeur et préciosité à leurs propos. « Encore qu’à son âge, j’imagine que tout ce qui est nouveau, coloré ou bruyant l’attire immanquablement. En tous cas, je vous prie, ne vous excusez plus, lord Andar. J’ai un petit frère à peine plus âgé à la maison et il est la copie conforme du jeune Lucas. A tel point que l’on a préféré le laisser enfermé tout en haut de la Grand-Tour de Villevieille plutôt que de risquer de le retrouver agrippé au premier chevalier errant en le suppliant de le prendre comme écuyer, » termina-t-elle en riant, laissant le seigneur de Roche-aux-runes imaginer un petit blondinet armé de son épée de bois suppliant un à un tous les chevaliers du tournoi rassemblés à Lestival pour les supplier de l’emmener avec l’un d’eux.

Elle jeta un coup d’œil vers les lices avant de revenir vers Andar avec un moue enfantine et déçue. « Cette première journée n’a guère été favorable au Bief. Mes deux cousins se font fait désarçonner…Pfff. Par contre, j’ai vu votre blason devant l’une des tentes mais encore aucun Royce ne s’est présenté. Est-ce que l’un de vos parents va jouter ? » demanda-t-elle d’un ton non plus poli mais enthousiaste ne doutant pas un seul instant de l’intérêt d’un aussi puissant seigneur pour un sport guerrier voire meurtrier qui animait avec passion la moindre maison avec tourelle de sa propre région.


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« Lestival | An 301 lune 12, semaine 2 »
Lucas et Edmée allaient réellement lui faire pousser de manière prématurée. Les jumeaux possédaient une énergie infinie, épuisant nourrices et leurs propres parents. Andar suivait son jeune garçon du regard évidemment, ne le quittant jamais. Il fallait avouer que l’enfant savait parfaitement se faufiler entre les nombreux spectateurs, ne se souciant guère du protocole ou des manières. Peut-être avait-il hérité de la sociabilité de son oncle ? Certainement pas de son père. Le Seigneur de Roches-Aux-Runes n’était pas un animal social, préférant la solitude aux grands événements. Il se complaisait dans une vie simple, dans le silence d’un feu crépitant aux conversations bruyantes et trop longues. Heureusement, son héritier croisa la route d’une jeune femme agréable et dotée de bonnes attentions. Il avait été attiré par son jeune âge certainement, comme tous les bébés dès qu’ils voyaient des adolescents. Etant entouré d’adultes, la jeunesse les attirait irrémédiablement. Pour son plus grand malheur d’ailleurs. Contrit et gêné par le comportement de son enfant, il s’excusait platement, tentant de dissimuler son embarras. Récupérant volontiers le bébé dans ses bras, il était soulagé. Alors que le bambin jouait avec ses cheveux jaïs, Andar esquissait un doux sourire face aux paroles de la jeune fille, visiblement, elle ne lui tenait pas rigueur. Au contraire, même, elle semblait apprécier Lucas et cela semblait réciproque car il jouait joyeusement avec sa main. « Il semble vous apprécier. » Commenta-t-il, afin de détendre l’atmosphère lorsqu’elle tenta une révérence, trop guindée à son goût. Entre les gradins étroits et la situation, faire une révérence parfaite remontait du miracle. Surpris par sa réponse, un sourire sincère étira ses lippes quand elle mentionna son fief, preuve qu’elle connaissait très bien la géographie de Westeros. « C’est bien cela Ma Dame, vous avez une très bonne culture. » Il devait l’avouer, elle l’étonnait. La famille Royce était influente au sein du Val, mais certainement pas autant dans les autres régions telles que le Bief. Du moins, Les Royce avaient été mis en lumière grâce au mariage de son frère avec la princesse de sang. Alors, il était honoré par ses connaissances. Penchant la tête en signe de respect lorsqu’elle se présenta, l’aîné des Royce se doutait qu’au vu de son nom, elle avait reçu une très bonne éducation, digne de son rang. « Ravi de faire votre connaissance Lady Eleana. » Il n’ignorait pas que sa sœur ainée avait épousé le Suzerain du Bief, ce qui donnait à la Maison de la Grande Tour une place importante dans l’échiquier politique.

Lucas ne cessait de jouer avec les doigts de la jeune fille, ne la quittant pas des yeux. Décidément, elle était à son goût. Appréciait-il alors les femmes du Bief ? Andar espérait que non car il n’en croiserait pas souvent dans le Val. Outre à de grands événements comme celui-ci où des familles de toutes les régions se rencontraient. Si l’agitation le mettait en joie, c’était sûrement un peu prématuré de songer à une prédisposition aux armes, mais plutôt cette énergie débordante qui le caractérisait tant. « Les enfants nous épuisent mais je crois que s’ils sont aussi vifs, c’est plutôt signe de bonne santé, n’est-ce-pas ? Espérons que Lucas ne croise pas votre petit frère. Auquel cas, j’ignore si nous parviendrons à éviter la tornade. » Amusé, il l’était, malheureusement, sa sœur jumelle avait hérité de cette même vivacité. « Sa sœur jumelle est identique, je pense d’ailleurs que mon épouse a dû la retenir de le suivre. » Levant les yeux au ciel, il soupira. Comme si Lucas ne suffisait pas, les dieux les avaient dotés de jumeaux. L’aîné reporta son attention à la liesse autour d’eux. Entre cris et paroles, difficile de faire le tri, difficile de calmer des enfants déjà surexcités. Contrairement à beaucoup, le Royce ne hurlait pas, ne s’égosillait pas face à la passion qui submergeait certains. Il restait dans le contrôle et surtout, avait appris à prendre du recul de l’époque où ces tournois importaient tant. « Demain est un autre jour, votre maison aura sa chance j’en suis persuadé. Quant à ma famille, elle est représentée par mon frère cadet, Robar. J’ai foi en lui et je sais qu’il a toutes ses chances. Il fut un temps où je n’aurai pas hésité à jouter, mais il semble que mon temps est révolu. »
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