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le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente ♔ bryce

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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

Somptueuse était la réception suivant cette journée de joutes et de combats. Walpurge avait nécessairement apprécié le temps passé aux côtés de tout ce que Westeros faisait de plus noble, et ce même si elle ne goûtait pas ou que peu les tournois. Il fallait bien avouer que des nuages de poussière soulevés par les chevaux, le fracas des lances et le cliquetis des éclats de bois, l'odeur forte de sueur et de bière, les hurlements : tout ceci n'était vraiment pas le théâtre adéquat pour une dame. Les seigneurs appréciaient cette ambiance euphorisante, exhalant des parfums si largement appréciés par la gent masculine. Un coup d'épée n'était pourtant qu'un coup d'épée. Walpurge déplorait que lorsque la paix semblait régner, il fallait que les grands de ce monde rappellent à tous que la guerre n'était jamais bien loin et qu'en tous temps il était plus intelligent de se tenir prêt. Walpurge n'était pas une guerrière. Elle réfléchissait, anticipait et palliait. Elle ne combattait pas, du moins, pas sur le champ de bataille. Régulièrement les hommes oubliaient que les salons et autres domaines féminins étaient également de redoutables arènes où ne régnait, a contrario de l'art de la guerre, aucune règle. Savourant le doux vin de la treille qui lui avait été servi, Walpurge ne partagea pas sa réflexion… Après tout, qui était capable de s'accorder sur ses dires ? Un homme ? Impossible, ils n'avaient pas conscience des duels redoutables qui opposaient leurs épouses. Une femme ? Incompatible, aucune lady ne reconnaîtrait être en compétition avec sa voisine, c'était se rabaisser, mais pourtant…

À cheval entre deux conversations, scindées entre deux régions, Walpurge partageait son temps entre ses voisins orageois, les alliés de feu son époux et de son beau-père, et des futures maisons d'accueil pour ses filles… Mais ne reniaient pas ses racines biefoises. Tarly. Première au combat. Jamais elle ne pourrait oublier ces mots, ses premiers mots, ceux que son père avaient exigé entendre bien avant qu'elle ne se mette à prononcer père ou mère. Rien n'était plus important pour lui que son sang, son nom, sa gloire. Walpurge avait été élevée ainsi, dans les hautes sphères de ce monde, dans les jardins du Bief, tout proche des Roses dorées, embrassant leur quotidien raffiné et élégant. Walpurge riait, écoutant les bavardages et les commérages de ses amies, ou du moins, celles qu'elle considérait comme telle… Walpurge était toujours sur ses gardes et ne se confiait que très rarement. Une autre habitude qu'elle avait prise aux côtés des Tyrell. Des mœurs qu'elle avait conservées, lorgnant sur chaque relation avec suspicion et doute. Walpurge avait connu des grands hommes tombés après un couteau dans le dos… Elle ne ferait pas cette erreur. Jamais. « Les oiseaux chantent après l’orage. Pourquoi ne pas se réjouir comme eux de ce qu’il nous reste de soleil ? » Walpurge applaudit tandis que le poète terminait sa tirade. « Des bons mots que vous avez là, poète ! » Riant à nouveau, elle appréciait ce doux moment de leurre convivial.

:copyright: Belzébuth
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le rissognol, à chaque instant, chante sur une rose différente


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Le temps des combats était à présent terminé, venait le temps des célébrations et du repas que l’on donnait en hommage au vainqueur. Déjà qu’en temps normal le seigneur de Serena n’appréciait pas particulièrement toutes ces mondanités, il devait à présent faire bonne figure avec sa place de bon second. Il n’était pas celui qui avait à rougir, il n’était pas blessé, il n’avait pas été éjecté dès le premier tour et il avait été vaincu par nul autre que la Vipère Rouge en personne. Et pourtant, son égo était froissé et sa bonne humeur jusque là avait été sensiblement mise à mal. Il avait naïvement espéré pouvoir rendre son fils fier, bien qu’il ne conserverait aucun souvenir des journées qui venaient de s’écouler. Et tout aussi naïvement, il s’était dit que s’il pouvait couronner Abigaël reine d’amour et de beauté, alors peut-être pourraient-ils connaître une paix durable dans leur couple à défaut d’y avoir un jour de l’amour entre eux. Mais il avait échoué et il avait mordu la poussière. Il sentait encore la douleur dans sa poitrine là où le Martell avait frappé avec force et précision, lorsqu’il inspirait trop profondément ou étirait son buste de trop en se tournant par exemple. Mais il n’avait plus vingt ans, il ne pouvait pas quitter Lestival comme un jeune chevalier trop fier qui aurait été touché dans son égo comme l’était son beau-frère. Oh oui son égo lui faisait au moins aussi mal que sa poitrine, mais au moins avait-il la maturité nécessaire pour savoir ce qu’il pouvait se permettre ou nous. Et si lui n’appréciait guère ces repas où trop de monde parlait trop fort en même temps, sa jeune épouse semblait s’en ravir. Elle qui se plaignait bien trop facilement du manque que provoquait chez elle son ancienne vie auprès de la nouvelle princesse Margaery. Alors pour la paix des ménages, parce qu’un tel tournoi n’existait qu’une fois par décennie, ou moins encore, Bryce avait concédé à siéger non loin du siège d’honneur, faisant de son mieux pour ne pas paraître trop austère à l’audience.

Néanmoins son regard se fit plus dur et froid lorsqu’un poète eut le malheur de déclamer des lignes qui rappeler sa récente défaite, provoquant des rires et des applaudissements autour d’eux, y compris chez sa femme et la Dame de Grandview qui siégeait juste à côté d’eux. Il fit un signe de la main au troubadour, l’invitant à réciter ses lignes là où il ne pourrait plus les entendre. Puis le Sire des Marches inspira profondément afin de conserver son calme. “Moi qui croyait que l’avantage d’épouser une bieffoise était de toujours les avoir de notre côté lorsqu’il s’agissait d’affronter des dorniens… Je ne peux qu’être déçu.” Abigaëlle et Walpurge venaient toutes deux de grandes maisons bieffoises, aussi les aurait-il pensé plus triste que lui de voir un dornien s’emparer de la victoire et couronner une Sand de Denfert comme Reine d’Amour et de Beauté. .
(c) DΛNDELION
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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

Un couple si mal assorti. Ainsi fut la première pensée de Walpurge lorsque les mots de Bryce Caron vinrent troubler leur amusement insouciant. Walpurge pouvait comprendre la complexité de cette union, après tout, n'avait-elle pas fait le choix d'épouser elle-même un orageois ? Une décision qu'elle avait prise en pleine conscience, en parfaite possession de ses moyens et entièrement contre l'avis paternel qui aurait préféré voir son unique fille épouser un seigneur influent et richissime. Hedward avait l'avantage de cocher le second critère, mais il était bien loin de pouvoir s'égosiller de posséder le premier. Grandison. Grandview. Une maison d'une envergure modeste qui avait fait le choix, jusqu'alors, de se maintenir dans cette position. Walpurge, pourtant, n'était pas femme à se contenter du peu ou encore à ne pas viser la lune pour atteindre les étoiles… Il fallait voir grand pour exister, et cela, elle l'avait parfaitement compris depuis bien longtemps. Hedward n'avait pas cette ambition. Elle aimait cet homme malgré ses travers et son caractère difficile, ses manières parfois rustres et son amour immodéré pour des activités masculines auxquelles elle n'entendait que peu de choses… Si ce n'est… Peut-être… L’intérêt politique. Les tournois. La chasse. Les séjours à la capitale. Tout devait se faire prétexte aux alliances, aux mariages et aux intrigues. Walpurge n'aimait pas spécialement intriguer, mais que vouliez-vous, en ce bas monde, il n'y avait que cette bonne vieille méthode qui fonctionnait.

Walpurge esquissa un sourire amusé à la réplique du seigneur de Séréna. Un orgueil blessé par une défaite qu'il n'avait pas anticipée. Walpurge ne portait pas les Dorniens dans son cœur et ne s'éperdait jamais à leur trouver la moindre qualité, néanmoins, elle ne pouvait que constater que la vipère rouge ne faillirait pas à sa réputation. Il avait dansé comme un beau diable et il était parvenu à attraper le rossignol en plein vol. L'animal vil qui se moquait ainsi du gracieux volatile. Buvant une gorgée de vin de la treille, Walpurge réfléchissait aux mots qu'elle allait pouvoir répondre à l'époux d'Abigail. Nul doute que celui-ci, comme tant d'hommes, avaient l’ego suffisamment sensible pour ne pas supporter l'incisive réponse d'une femme. Walpurge essayait au mieux de s'adapter à son auditoire tout comme à ses interlocuteurs. Elle n'était ni taciturne, ni foncièrement volubile, elle piquait avec tact et la parcimonie imposée par les circonstances. « Aussi sûrement que nous révérons la morosité. » Walpurge leva son verre en direction de son interlocuteur avant de le reposer sur la table. « Vous n'avez pas à rougir de votre performance seigneur Caron. Je puis vous assurer que votre combat face à Oberyn Martell fut le plus grisant de la journée. Tout ceci ne s'est malheureusement joué qu'à un battement d'ailes. » Walpurge observa le troubadour s'éloigner. Sinistre personnage que ce sire des marches. Il le portait sur lui, le teint blafard, les cheveux noir de jais, ses yeux perçants. Il ombrageait de son austérité la joie qui régnait à cette table. « Je suis fort circonspecte de constater que vous goûtez si peu l'art lyrique. J'ai eu la naïveté de penser que si de tout l'Orage il devait bien y avoir un seigneur appréciant ce divertissement, c'était bien vous, le sire rossignol. »

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le rissognol, à chaque instant, chante sur une rose différente


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Déçu, le seigneur de Serena l’était forcément. Les Bieffois étaient connus pour leur mésamur tout particulier des Dorniens qui le leur rendaient toujours bien. Ainsi aurait-il pensé que son épouse aurait été plus peinée de perdre la couronne au profit d’une bâtarde de Dorne. Qu’ils auraient pu se soutenir un instant dans cette déception à défaut de pouvoir se réjouir dans la gloire. Mais s’il en avait douté encore jusque-là, son attrait véritable demeurait pour les choses brillantes, animées et flatteuses. Ainsi il lui était bien plus facile de rire des mots du poète, à la vue de tous, plutôt que de se montrer solidaire à sa maison d’épouse. Et elle qui se revendiquait pourtant si fort comme une Rowan aujourd’hui encore n’avait que patience et politesse pour ses ennemis de toujours. Quant à Walpurge, il n’attendait évidemment rien de sa part. Elle n’était pas son épouse. Il l’avait croisée à plusieurs reprises, conversé quelques fois avec elle, mais il ne prétendait pas être un cher ami pour elle. Cette dernière lui répondit calmement, mais avec une intelligence dont son épouse ne pouvait jamais se targuer de posséder. Surpris, il ne put retenir un léger rire qui ressemblait bien plus à un soupir. Il haussa les sourcils brièvement avant de secouer légèrement son visage par la négative. “Bien évidemment. Mais où avais-je la tête ?” Ça n'était pas pour rien que les roses des Tyrell étaient faites d’or. Bryce leva son verre à son tour en réponse à la jeune femme, mais en bu plusieurs gorgées avant de le reposer. Abigaëlle s’était détournée d’eux, préférant discuter avec un autre invité et ainsi échapper aux reproches de son époux. “Oh, je ne rougis pas de ma performance. Mais il est toujours frustrant de voir la victoire nous filer entre les doigts aussi proches du but. Le Prince Oberyn nous a offert à tous une ravissante performance.” Il n’était pas celui avec la querelle dans la principauté. Ses mœurs étaient assez éloignées de celles des dorniens mais cela ne lui faisait pas cultiver la même haine qu’on connaissait aux bieffois pour leurs voisins. Le Sire des Marches reprit son verre à la nouvelle réflexion de l’ancienne Tarly, fixant la robe rougeâtre qu’il faisait tourner contre les parois, lâchant un nouveau rire moqueur. Il resta silencieux quelques secondes, avant de boire une nouvelle gorgée et de plonger son regard de glace dans les yeux tout aussi perçants de sa voisine. “Ma préférence va au chant naturel des oiseaux et non pas à un homme qui penserait être un oiseau, secouant son plumage à chaque rebord de fenêtre pour espérer un peu d’attention. Je n’ai pas à vous apprendre après tant d’années de mariage que dans l’Orage, ce que nous reverrons, c’est la sobriété.” Il lui offrit un sourire poli avant de reprendre. “Aussi, en toute sympathie, je vous souhaite de ne jamais avoir de chansons sur vos propres défaites personnelles, applaudies par une foule seulement quelques heures après celles-ci.” Puis ce fut à son tour de pencher son verre en sa direction d’un air entendu. Non, il n’était pas l’homme le plus jovial de Westeros, mais c’était quelque chose que l’on retrouvait beaucoup dans la région, il n’y avait qu’à voir leur suzerain. Mais c’était humain de ne pas aimer qu’on célèbre ses échecs. Il s’appuya confortablement dans son fauteuil, puis reprit une nouvelle fois la parole. “Ainsi dois-je en déduire que vous aimez et pratiquez la chasse ? Ou que vous savez dompter les lions Dame Walpurge ?” Il n’était pas le seul à posseder un blason et sa voisine en possédait même deux.
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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

Walpurge venait de comprendre le plus typique des stratagèmes masculins… Bryce Caron ne feignait certes pas son tempérament taciturne, bien au contraire, puisqu'il le portait sur lui. Mais il jouait de ce dernier pour dissimuler un redoutable esprit à la fois cultivé et rhétorique. Walpurge se trouva soulagée de pouvoir enfin participer à une conversation qui ne se contentait pas d'ordinaires banalités et d'affaires féminines toutes plus similaires les unes que les autres. Évidemment, Walpurge était une belle femme. Évidemment qu'elle le savait. Évidemment qu'elle s'entretenait et dépensait des fortunes pour paraître, plaire et toujours être à son avantage dans n'importe quelle situation. Néanmoins, la médiocrité ne l’intéressait pas. Or nombre de dames se contentaient de peu, et cela, Walpurge l’exécrait. Elle désirait l'excellence, le meilleur, et elle n'aurait pas parié un dragon d'or que la conversation qu'elle venait de débuter pouvait dissimuler pareil attrait. Il répondait avec justesse et entendement. Il disait vrai. L'Orage et sa traditionnelle austérité. Hedward avait été une étoile filante dans une nuit pluvieuse. Elle avait pensé que son époux était différent. Malheureusement, il s’agissait là de la plus grosse erreur de sa vie. L'éducation faisait l'Homme. La tradition conditionnait l'Homme. La femme, quant à elle, était bien plus adaptable, bien plus maligne, bien plus ouverte. Tolérante, il fallait l'être dans cette région. Hugh, son beau-père, s'était montré d'une banalité ennuyeuse dès leur rencontre, quant à son beau-frère, Narbert, elle n'avait jamais vu plus grand benêt. Sans charisme, il pensait certainement que culture et force ne pouvaient travailler de paire à l'élévation de l'humanité… Puisque la nature l'avait clairement avantagé sur le second aspect, il n'avait jamais recherché l'autre. Le destin était farceur. Les Sept parfois impitoyables. Que serait devenue Walpurge avec un époux comme Bryce Caron ? Elle ne le saurait jamais. Pas plus que lui. Abigaël était une sotte bien née, une enfant qui ne voyait pas l'opportunité offerte par la Fortune. Stupide enfant gâtée. Pauvre génération juvénile. Ils n'avaient plus conscience que la vie n'était qu'un amas de possibilités, de portes qui s'ouvraient avant de se refermer pour toujours… Jusqu'au jour où les portes étaient toutes closes et que tout choix s'était évanoui.

« Croyez-le sire rossignol, je ne subis aucune défaite. » S'amusa Walpurge avant de boire une gorgée de vin. Walpurge pouvait se targuer d'avoir toujours obtenu ce qu'elle voulait jusqu'à présent. Déterminée, rien ne lui avait résisté, pas même son père. Enfant entêtée, presque capricieuse, elle avait compris que la vie ne l'attendrait pas et que joueuse, elle devrait être. « Vous me mettez à nue. » Remarqua Walpurge avant de laisser échapper un rire pincé. Il serait un partenaire de joute particulièrement attractif. Mais elle ne se laisserait pas impressionner. « Je suis première au combat, seigneur Bryce, ne l'oubliez pas. » Il connaissait ses armoiries, et elle savait parfaitement les défendre. Première au combat. Première en tout. « Je suis friande de fauconnerie. Je pense que vous concéderez aisément que le chant d'un oiseau vaut bien sa grâce en plein vol. Je ne saurai expliquer l'allégresse qui me gagne lorsque je vois l'un des rapaces de mon équipage fondre tout à coup sur sa proie… J'apprécie d'être à l'abri des serres de ces élégants volatiles. Je ne pourrais dire de même pour les lapereaux, marcassins et autres volailles des sous-bois. » Tendant la main avec sa fourchette à deux dents, elle piqua dans un perdreau disposé là avant de le mettre dans son assiette. Elle grappilla quelques grains de raisin avant de reprendre. « Quant à apprivoiser un lion, ou si ce n'est plusieurs... » Elle posa les grains devant elle avant d'en picorer quelques-uns. « Je dirais que c'est une affaire de résilience et de patience. » Conclut-elle avant de reprendre en murmurant. « Louée soit la Mère-d'en-Haut. » Elle but une gorgée de vin avant de sourire et de planter son regard incisif dans celui de son interlocuteur. Elle releva ses deux mains et frotta ses doigts les uns contre les autres dans une danse gracile, comme pour chasser les poussières et les saletés. « Le lion n'est, après reconsidération, qu'un chat. » Sa langue claqua sur son palais sur ces derniers mots. « N'en conviendrez-vous point ? » Rétorqua Walpurge. Mais elle ne comptait pas en rester là. « Maintenant que nous parlons de nos goûts respectifs, je crois savoir que nous partageons le goût des jardins et de l'arboriculture. Je crois savoir que vous avez récemment planté un chêne au feuillage arborant de sublimes tons mordorés. J'ai ouï qu'il était éclatant de beauté, mais s'acclimate-t-il à la rigueur de l'Orage ? Je n'ai pu que constater vos fins exploits chevaleresques, mais je ne peux encore me targuer de connaître votre adresse arboricole. Par pure curiosité, avez-vous réussi à faire plier l'arbre à votre volonté ? Le règne animal et le règne végétal sont si dissemblables et pourtant parfaitement similaires. Dompter un lion pourrait aisément se comparer à la maîtrise du chêne. » Un sourire moqueur naquit sur le visage radieux de Walpurge. Bryce ne parviendrait pas à la déstabiliser, toutefois, pas aussi aisément.


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le rissognol, à chaque instant, chante sur une rose différente


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Bryce était fier et orgueilleux. Tous ceux qui le fréquentaient depuis suffisamment longtemps le savaient parfaitement. Et ils savaient jouer et danser autour de lui de la bonne manière, lorsque son orgueil avait été blessé, pour éviter de subir ses foudres qui le faisait plutôt paraître pour un Dondarrion qu’un Caron, c’était certain. Malheureusement cela ne semblait pas vouloir entrer dans l’esprit de son épouse. Et sa voisine de table en cette soirée semblait plutôt s’en amuser. Mais au moins le faisait-elle avec intelligence et subtilité, trouvant grâce aux yeux de l’Orageois dans cette délicate et dangereuse précision. Au moins cela le distrayait. Au moins pouvait-il l’oublier le temps de sa conversation avec la dame de Grandview, l’ennui du banquet. Seule demeurait la douleur de sa défaite. Mais le vin qu’il buvait avait au moins le bénéfice de l’atténuer progressivement. Dorne avait pris sa victoire, mais son vin en apaisait les maux. Une belle ironie se trouvait là.

Il haussa un sourcil en entendant Walpurge se targuer de ne jamais avoir subis une seule défaite. Voilà une déclamation pour le moins orgueilleuse, que lui-même n’aurait jamais osé faire. Il fallait posséder une réelle assurance, une arrogance même pour oser prétendre cela. “Je reconnais bien là, l’arrogance des nos voisins bieffois.” commença-t-il par répondre. “Mais je crois surtout que vous misez sur ma méconnaissance de votre vie pour ne pas pouvoir vous contredire sur le sujet.” Il était bien trop aisé de mettre toutes ces choses sur le compte de ses origines. Au bout d’un moment, cet argument n’aurait plus de sens. “Il y a cependant une chose sur laquelle j’ai quelques connaissances : votre frère. Je sais ses prouesses militaires et il a tout mon respect pour celles-ci. Si vous êtes effectivement du même acabit que lui, je veux bien porter une once de crédit à ce que vous avancez.” Il la fixa, ménageant une courte pause avant de reprendre d’une voix très sérieuse, bien que basse et tranquille. “Et si ça n’est que la stricte vérité, alors je vous plains et je vous conjure de vous méfier. Nul ne peut prétendre rencontrer l’Étranger sans avoir connu de défaite. Si elles ne sont pas derrière vous, alors c’est qu’elles sont devant.” C’était un avertissement, non pas une menace.

Bien installé dans son fauteuil, finalement prêt à affronter le reste de la soirée de la sorte. Et la veuve Grandison semblait en redemander aussi. Première au combat effectivement. Il voyait bien qu’elle n’était pas le genre à baisser les armes, bien au contraire. Et si Abigäelle avait la fâcheuse tendance à lui tenir tête, ça n’était jamais pour de vrais combats, jamais sur des sujets qui en valaient la peine. Ca n’était jamais fait avec l’expertise dont Walpurge faisait preuve en cet instant. “Je ne l’oublierais plus.” dit-il simplement avec un sourire satisfait. Il écouta ensuite avec attention la suite du récit, tandis que son regard cherchait à percer un peu plus la veuve, âgée de quelques années de plus que lui. Il ne pouvait cependant dissimuler la part de surprise qui l’habitait. Il était rare de voir une femme aussi ouverte sur des sujets attribués aux hommes. La fauconnerie était certes pratiquée par les femmes, mais jamais ne les avait-il entendu parler de l’excitation de la chasse, de la conquête, de la victoire et de la mort de la sorte. Il ne savait plus à présent s’il devait être fasciné ou profondément choqué par tant de liberté de sa part. Mais il se rappela qu’elle était veuve depuis bientôt dix années. Ce statut qui libérait les femmes. Et on ne pouvait pas dire que le seigneur de Grandview était en réelle capacité de construire une cage autour de cette lionne. Le vieux Hugh était bien le lion au sommeil, tandis que sa belle-fille chassait allégrement sur bien des terrains. Il ne put rien faire d’autre que de continuer à l’observer et à l’écouter.

Son sourire assuré revint néanmoins. Le Sire des Marches se redressa légèrement dans son fauteuil, déposant sa coupe sur la table pour pouvoir se servir à son tour de la nourriture. Son appétit était revenu. “Je ne peux nier les points communs entre les deux félins que vous citez.” commença-t-il à répondre, tandis qu’il s’afférer du côté du gibier présenté devant lui. “Cependant, je ne vous crois plus assez naïve à présent pour être convaincue de cela. Je sais que vous ne pouvait pas ignorer la différence entre les crocs et les griffes d’un chat d’un côté, et ceux du lion de l’autre. Ils ont certes un ancêtre commun, lointain, mais l’un a été domestiqué et l’autre non. Il serait dangereux de l’oublier. Même un chasseur ne doit pas se montrer trop confiant au risque de finir embroché par sa proie. N’en conviendrez-vous pas ?” demanda-t-il à son tour en commençant à consommer son dîner, retournant son regard incisif à Walpurge.

Mais peut-être la sous-estimait-il encore un peu trop puisqu’il ne s’était pas attendu à la voir discuter de son mariage aussi frontalement et aussi ouvertement. Ainsi, quelques minutes seulement lui avait suffi pour savoir qu’Abigaëlle ne comprendrait jamais que c’était bien à elle que sa comparse bieffoise faisait référence. Elle n’était nullement inquiète quant au fait que la née Rowan puisse soudainement décider que la conversation entre son époux et la née Tarly l’intéressait. Son sourire se prononça mais son regard prit un air plus froid. Si la dresseuse de Lion s’était imaginée qu’il se confierait sur sa vie de couple à une inconnue de la sorte, de manière aussi publique, alors il allait lui servir sa première défaite. “J’ai d’excellents jardiniers, qui savent exactement comment s’occuper de mon jardin à Serena, je vous remercie pour votre sollicitude. Je vous inviterais volontiers à venir en attester par vous-même prochainement, mais quelque chose me dit que vous êtes indispensable à la vie de Grandview à présent… Et il demeure malheureusement des choses dans le jardin qu’on ne peut pas régler d’une chasse…” Parce que n’était-ce pas ainsi que Walpurge s’était retrouvée libérée de ses épousailles ? Un accident de chasse ?
(c) DΛNDELION
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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

Walpurge esquissa un sourire amusé. Arrogance. Walpurge ne pouvait pas vraiment se caractériser comme tel, même si, à ses yeux, tout le monde connaissait son lot de fierté. Walpurge avait certes des défauts, mais tellement de qualités qu'elle savait pertinemment mettre en avant. Elle avait appris cela, aux côtés de sa mère mais aussi pour satisfaire les exigences paternelles. Son frère n'avait pas été en reste, non plus. Il l'avait poussé dans ses retranchements, il l'avait tiré vers l'excellence, et elle était cela désormais. Hautaine certainement. Sûre de sa position, de son rang, gorgée de ce sang qui lui apportait honneur et pouvoir. « Je ne tarirai pas de détails si vous osez emprunter ce chemin, lord Caron. Je vous concède ma bonne volonté, pour vous plaire. » Répondit-elle. Walpurge ne disait pas tout. Elle n'avait jamais tout dit. Elle observait, écoutait, retenait et distillait. Elle paraissait être une mondaine, jugée, parfois, sans jugeote par certains esprits masculins peu renseignés. Mais il n'en était rien. Elle savait une chose. Savoir c'était pouvoir, et l'information valait plus chère que l'or.

« Nous avons tous deux été forgés dans le même acier. Nous sommes aussi complémentaires, semblables, qu'opposés, parfois… Je peux cependant vous affirmer que sa taciturnité vaut bien celle d'un orageois, et que sur ce point, vous vous entendriez à merveille. » Walpurge esquissa un sourire entendu avant d'écarter les cuisses de sa pintade d'un mouvement sec du poignet. « J'apprécie votre sollicitude. Je peux vous concéder que, comme tout à chacun, j'ai eu mon lot d'afflictions. L’Étranger ne m'est pas inconnu. Un belligérant difficilement mis en échec. Vous en conviendrez. » Walpurge eut la gorge serrée, la poitrine chaude et elle serra les poings avant de s'essuyer les mains, frénétiquement, comme pour chasser ces mauvais souvenirs. Romilda lui revint en mémoire. Hendry également. Deux enfants que le destin lui avait si violemment arrachés. Une fille dans la fleur de l'âge, une beauté à nulle autre pareille, aux cheveux d'or et aux lèvres couleur de pêche. Un fils promis à un brillant avenir, abattu par la maladie, emporté dans le feu païen. Des cendres. C'était tout ce qu'il était resté de cet enfant si tendrement chéri. Des cendres et des souvenirs. « Que pouvons-nous face aux puissants Sept ? » Son regard était lointain. Elle fixait la foule comme pour retrouver constance. Elle glissa souplement sa main vers sa coupe de vin, et en but une gorgée. « Néanmoins, hormis face aux dieux, je ne suis jamais défaite. » Elle accrocha un air placide sur son visage et reposa son regard dans celui de Bryce Caron. Il comprendrait. Il verrait certainement la fragilité d'une femme que la fortune n'avait pas épargnée, malgré ce qu'elle affirmait. « Ne vous en déplaise ! » Adressa-t-elle à Bryce en lâchant un petit rire.

Walpurge constata avec joie que la conversation qu'elle entretenait avec son voisin de tablée l'avait suffisamment stimulé pour lui ouvrir l'appétit. Une heureuse nouvelle qui annonçait une continuité de joutes verbales, et de discussions aussi fines que piquantes. Walpurge ne se vexait pas facilement, hormis peut-être lorsqu'il s’agissait de beauté… Vaniteuse, presque narcissique, elle s'estimait une des plus belles femmes de Westeros, et ne supportait pas qu'on affirme le contraire. Orgueilleuse, elle savait que l'avenir d'une femme et sa réputation se jouaient beaucoup au physique qu'elle arborait. Avait-on seulement vu un roi ou un seigneur épouser une jouvencelle laide ou obèse ? Cette idée fit sourire Walpurge. Un sourire carnassier. Hautjardin était un hall de beautés où Walpurge avait, bien évidemment, fait sensation. Sans doute avait-elle été trop habituée, trop formatée. Un jardin au sein duquel avait fleuri maintes fleurs, dont elle. « Je suis parfaitement consciente que chaque animal se dompte différemment. Vous charmez le serpent avec la flûte. Vous dressez le corbeau avec de bons traitements et du grain. Le chat avec un bol de lait et quelques caresses justement placées… Il suffit seulement de trouver le sens que chacun cherche pour s'éveiller. Un serpent. Un corbeau. Un chat. Un lion. » Walpurge marqua un silence, saisit ses couverts et découpa soigneusement son volatile avant d'en goûter une bouchée. Divin. « Trouviez-vous cela audacieux, si je vous demandais, seigneur Caron, vos propres aspirations ? Vous vous drapez dans un voile de mystère, je suis troublée par tant d'opacité. » S'amusa Walpurge tout en continuant à manger. Innocente, elle feignait une candeur qu'elle n'avait pas.

Un sourire naquit à la naissance des lèvres du brun ténébreux. Ainsi, Walpurge avait piqué où il fallait. Il lui restait à savoir si cela indiquait une bonne ou une mauvaise chose. Le regard de Bryce se fit plus froid, mais Walpurge ne s'inquiéta pas. Il était homme joueur, vraisemblablement. Sa participation au tournoi semblait également l'indiquer. Il n'était pas homme à reculer face à un adversaire, quand bien même il était féminin. Il révélerait le défi. Walpurge aussi. Retenant un rire narquois. Walpurge dodelina négativement de la tête tout en souriant largement. Elle tendit son verre vers Bryce Caron aux mots prononcés à son encontre. « Touché. » Hedward et sa fin tragique. Perforé au cours d'une chasse. Tragique destinée pour un homme que Walpurge avait véritablement aimé… Jusqu'à une certaine limite. Elle n'avait pas pu tout tolérer. « Je vous adresse un conseil à mon tour, sire rossignol. » Walpurge se pencha en direction de Bryce et fit son ton plus doux, plus suave et plus calme. « Il est des activités qu'il vaut mieux réaliser par soi-même, sous peine de se voir confronter à quelques… surprises. » Walpurge plongea son regard dans celui de Bryce avant de se redresser. « On finit par ne plus savoir qui de l'habile jardinier ou du vulgaire bourdon est le dernier à avoir joui du jardin et de ses plaisirs. » Son regard demeurait plongé dans celui de Bryce. « Mais... » Posant sa main sur la table en direction de Bryce, elle appela à l'entente. « Point d'ombrage. Je ne risquerai pas de perdre votre verve et votre verbe. Pas ce soir. Vous m'êtes fort agréable… En dépit de votre morosité. »


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L’aveu de Bryce quant à sa méconnaissance de la vie de Walpurge sembla finalement se transformer en invitation à la questionner. Voulait-elle simplement parler d’elle ou voulait-elle susciter un intérêt chez lui en particulier, il ne le savait guère et ne se risquerait pas à le deviner aussitôt. Il apprenait ses leçons au fur et à mesure que la veuve lui répondait. “Alors que voulez-vous que je sache de vous ?” demanda-t-il de but en blanc. Bryce était désarçonnant de franchise, c’était sa façon d’être. “Et si ma question vous semble trop vaste pour être abordée le temps d’un dîner, alors racontez-moi une anecdote, un moment de votre vie, que je ne dois pas ignorer.” Alors il pourrait se faire son propre avis sur ce qu’elle avançait, voir si elle était vraiment du même bois, au plutôt du même fer comme elle l’avait annoncé, que son aîné, connu pour être un stratège militaire redoutable. Il sourit un instant, les yeux dans sa coupe, à la propre comparaison qu’elle faisait de lui et de Lord Randyll. Il songeait à sa propre relation avec Beth. Leurs similarités oui, mais surtout leurs différences. Elle parlait de complémentarité et il voyait parfaitement ce qu’elle voulait dire. Il revela son regard azur pour chercher celui de l’épouse Selmy justement, le temps d’échanger un sourire avec elle avant de reconcentrer son attention sur sa camarade de la soirée. Son sourire disparut néanmoins à l’évocation de l’Étranger. Il était celui qui l’avait évoqué le premier, mais parlant obscurément du jour où lui serait amené à le rencontrer, pas des jours où Celui-ci l’avait privé des siens. “J’aime avoir le dernier mot mais j’ai trouvé plus fort que moi sur ce terrain là…” reconnut-il d’une voix plus basse avant de boire une nouvelle gorgée de vin, comme s’il avait parlé pour lui plutôt qu’à la veuve Grandison. Il releva le nez pour la regarder sérieusement alors qu’elle évoquait le peu de pouvoir qu’ils détenaient face au Dieu à Sept Visages. Si le rapport de Bryce aux Sept était déjà bien compliqué à ce moment là, il était loin d’imaginer que cela empirerait encore très prochainement. “Peu de choses, semblerait-il…” répondit-il, à nouveau d’une façon un peu distraite. Après cela, il n’avait plus vraiment le cœur à la contredire. Il n’était pas du genre à ôter la dignité d’une personne pour simplement avoir raison. Il avait été ce jeune arrogant fut un temps, il ne l’était plus. Il lui offrit donc un sourire plutôt bienveillant, chose rare lorsqu’il n’était pas adressé à Bethany.

“Alors nous devrons être d’accord de ne pas trouver d’accord. Vous partez du principe que tous les animaux peuvent être domptés. De mon côté, je pense que l’on peut avoir l’illusion d’être le maître pendant un temps, parce que quelques astuces fonctionnent, et s’en réjouir, mais qu’il faut garder à l’esprit qu’un animal sauvage sera toujours un animal sauvage. Viendra un moment où ses instincts primitifs seront plus forts que n’importe quelle flute ou carresse bien positionnée. Et je ne sais pas vous, mais je trouve une réelle beauté dans la vision d’un animal sauvage dans son habitat naturel, au plus fort de sa puissance.” Il lui rendit son sourire satisfait. Parce que si tous les animaux étaient domestiqués et domptés, alors n’étaient-ils pas eux-mêmes les animaux des Dieux ? Appâtés par un joli son de flute ou un bol de lait savamment placé ? Non, malgré son besoin de contrôle, il aimait aussi sa sensation de liberté et de libre arbitre.

Une nouvelle fois, dame Walpurge fit preuve d’audace en le questionnant sur ses aspirations. Il ne put dissimuler son choc d’un tel aplomb, la dévisageant quelques secondes. Grâce à une nouvelle gorgée de vin dornien, il parvint à reprendre le contrôle de ses émotions. Ca n’était pas une question qu’il entendait tous les jours, encore moins de la bouche d’une femme, aussi belle soit-elle, et moins encore dans celle d’une quasi inconnue. “Peut-être que je vous préfère vous, et tous mes interlocuteurs, troublés. Et votre beauté vous permet peut-être de soutirer des informations à d’autres hommes sans en avoir l’air… Mais je crains que vous ne vous donniez du mal pour pas grand chose. J’aspire simplement à honorer mon héritage familial… comme tout héritier, puis seigneur, qui se respecte, non ?”

Cependant le Sire des Marches apprécia bien moins l’audace de la née Tarly lorsque celle-ci choisit de s’aventurer sur le terrain de son mariage, vraisemblablement décidée à s’en mêler et à donner son avis. Mais le mariage de Bryce était loin d’être heureux et ça n’était pas un sujet dont il voulait parler publiquement à une personne dont il ne connaissait pas les véritables intentions. En tant que née Bieffoise, nulle doute qu’elle connaissait la famille de son épouse et ressentirait probablement une forme d’affection pour elle, reconnaissant peut-être un chapitre de sa propre histoire : liée à la famille Tyrell, un joli visage, une belle chevelure blonde et un mariage avec un homme plus âgé de l’Orage. Mais par respect pour l’agréable échange qu’ils venaient d’avoir jusque là, Bryce prit sur lui de dresser des barrières fermes là où il estimait que Walpurge avait franchit ses limites. Il pensait que son ton sérieux et qui n’appelait pas à la contestation suffirait, mais visiblement pas. Son sourire disparut. Il serra sa coupe avec vigueur, les jointures de ses doigts virant au blanc tandis que la Dame de Grandview osait évoquer la possibilité qu’Abigaëlle puisse entrenir une relation extra-conjugale. Ses mâchoires se serrèrent avec force également tandis qu’il faisait de son mieux pour ne pas voir rouge et rétorquer violemment le fond de sa pensée en public de la sorte. Il lui fallut une longue minute pour retrouver un semblant de calme et pouvoir se pencher à son tour vers l’oreille de la bieffoise. “Dame Walpurge, si vous ne souhaitez pas que ma morosité ne me rende désagréable à votre égard, sachez que s’il y a des barrières autour d’un jardin… puisque vous voulez parler ainsi… c’est pour une bonne raison. Ne ressemblez pas à un vulgaire voleur à qui je serais obligé de couper une main pour lui faire apprendre sa leçon. Respectez-les.” Il y avait deux sujets sur lesquels Bryce ne savait pas plaisanter : ses défaites et sa vie de couple. Au moins la dame de Grandview était avertie à présent. Après tout, il la trouvait bien culottée d’oser le conseiller sur un sujet qu’elle n’avait plus eu à travailler depuis une décennie.
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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

Là. Bryce venait très certainement de poser un véritable dilemme. Réussir à révéler une anecdote qui permettrait au sir rossignol de mieux saisir toute l'identité de la belle lionne de Grandview. Une tâche ardue. Il était certain. Évidemment que Walpurge aimait exposer ses exploits et parler de son passé, mais qu'allait-elle trouver de suffisamment intéressant à dire pour captiver son interlocuteur ? Là était la question. Bryce, comme tout homme, et orageois de surcroît, ne donnait que peu de crédit aux affaires féminines et autres exploits de cour. Il adorait, certainement, ce que sa région natale le prédestinait à aimer. Walpurge allait-elle seulement trouver de quoi satisfaire ce dernier ? La vraie question était sans doute de savoir ce qui rendait fière Walpurge au point de se confier à Bryce Caron. Sans doute devait-elle trouver quelque chose de spirituel plutôt que physique, et de moins terre à terre que la maternité et le mariage. Il était incontestable que sa plus grande fierté était  sa beauté, son éducation et ses manières qu'elle avait transmise à ses enfants. Néanmoins, elle était déjà sure que tout ceci ne trouverait pas grâce aux yeux du seigneur de Serena. Il s’agissait de sujets bien trop biefois pour intéresser un orageois habitué à la rusticité et à l'austérité. Il allait falloir chercher au plus profond d'elle, à moins de sacrifier l'esprit et de simplement parler à cœur ouvert… Mais s'y risquerait-elle ? Un sourire de la part de Bryce Caron la conforta dans le fait, qu'au fond, au-delà de sa bougonnerie et son air renfrogné, il n'était pas un mauvais homme. Son silence combla Walpurge. Évoqué, encore aujourd'hui, la mort de ses enfants était particulièrement difficile pour elle. Elle mettait de coter le trépas d'Hedward qui était survenu à une époque critique de leur union, et qui, s'il avait survécu, n'aurait pas changé l'issue de leur coexistence. Walpurge et Hedward auraient demeurés ensembles mais complètement dissociés. La mort n'avait fait que rendre plus facile et définitive cette séparation. Elle regrettait l'homme qu'elle avait épousé, le fier chevalier qui l'avait confortée dans son choix de tourner le dos aux conventions et d'épouser un seigneur non-héritier d'une maison moins bien née… Cependant, elle détestait l'époux qu'elle avait mis en bière. Un homme se laissant aller et diriger par ses pulsions les plus primaires et répugnantes. Elle avait épousé un lion, mais elle avait enterré un porc. « J’acquiesce à vos propos. » Walpurge se remémora la beauté des paysages du Bief, et la violence des territoires de l'Orage, leurs extrémités. Le verdoiement incessant de sa région de naissance, et la force bestiale de celle qui l'avait adopté. « Bief et Orage se réunissent sur ce point. Il est certes des dissemblances entre ces deux royaumes mais quel spectacle que la nature nous a offert à contempler. Faune et Flore sont maître d'harmonie. Nous ne sommes que des spectateurs face à toutes ces beautés. » Walpurge pensait sincèrement cela, et si, par chauvinisme, elle préférait naturellement la douceur du Bief, elle reconnaissait que l'Orage, avait, lui aussi, beaucoup à offrir. Grandview offrait des vues imprenables sur les vallées environnantes, et les saisons coloraient de tons différents chaque recoin du paysage, offrant un spectacle saisissant.

Un sourire amusé naquit dans le recoin des lèvres de Walpurge. Venait-il seulement de lui adresser un compliment déguisé ? Mais visiblement, ils s'étaient mal compris. Bryce avait pris au pied de la lettre la question de la née Tarly. Or, elle n'avait que faire de ses aspirations politiques, qui, comme beaucoup, devaient certainement s'articuler autour de la conservation de son propre pouvoir, de l'augmentation de son influence et sur des revanches à prendre sur ses ennemis. Stratège, elle l'était, évidemment, mais pas ce soir. « Je dois concéder que mes mots n'ont peut-être pas été suffisamment choisis avec soin. Pardonnez-moi seigneur Caron. Je m’intéressais plus à vos goûts, vos occupations et vos plaisirs qu'à vos ambitions seigneuriales, qui, au demeurant, me sont et me demeureront étrangères… » Elle but une gorgée de vin avant de continuer. « Néanmoins, je déduirais que vous êtes tout entier dévoué à votre maisonnée, corps et âme, et que, ostensiblement, rien ne semble capable de vous en éloigner… Pas même les menus plaisirs terrestres. Je garderai précieusement le compliment voilé que vous m'avez adressé, et sur cette note, cesserai ainsi de vouloir broder quelques conversations tissées de banalités. » À nouveau, Walpurge but une gorgée de vin avant de reposer son verre. Bryce se fit plus sombre, plus crispé. Sa main se referma sur sa coupe, et Walpurge, feignant un air distrait, continua à picorer ce qu'elle avait préalablement mis dans son assiette. L'avertissement fut clair. Suavement susurré, mais ferme. Il était évident que comme le tournoi précédent, Bryce n'aimait pas perdre la partie. Walpurge esquissa un sourire féroce. Son visage se fit plus fermer, plus sombre. Abigaëlle devrait être volontaire avec cet homme. Cette conclusion sauta aux yeux de Walpurge qui s'estima chanceuse de ne pas avoir eu tant de difficulté à percer son propre époux. Certainement que leurs noces n'auraient pas été aussi prolifiques si elle avait dû ainsi travailler Hedward pour mieux apprendre à le connaître. Walpurge oubliait parfois que la sociabilité n'était pas le fort de tous, et, la curiosité un vilain défaut. « Abigaëlle, ma douce ! » Interloqua Walpurge à l'intention de l'épouse Caron. « Votre époux est un vrai rébus. Je m'avoue vaincue. » L’intéressée rit et Walpurge se retourna à nouveau vers Bryce sans que son attitude ne soit devenue plus chaleureuse. « J'ai finalement trouvé une question à votre question précédente, seigneur Caron. » Elle arqua un sourcil, posa ses couverts, essuya ses mains et plongea son regard azur dans celui de Bryce. Il était certain que leur conversation agréable était terminée. Walpurge n'était pas femme à se faire traiter ainsi, et Bryce n'était pas homme à supporter la curiosité et les conseils d'une femme. Or. Walpurge savait. L'Orage n'était pas peuplée d'un grand nombre d'épouses biefoises, rendant ce monde petit, très petit. « Sans conteste, je dirais que ma plus grande réussite est d'avoir donné huit enfants à la maison Grandison. Je me doute que vous allez trouver cela simple et emprunt d'une grande sottise maternelle. Je l'accorde volontiers. Au demeurant, je ne suis pas convaincue que les belles années que j'ai passées aux côtés de lady Alérie Tyrell ou mon choix, insufflé par le désir provocateur que contrarier mon père et tamiser par de précieux sentiments émergents, d'épouser un second né d'une maison mineure de l'Orage vous passionne réellement. » Tendant la main pour attraper une pèche, Walpurge croqua dedans avant de la poser dans son assiette. Elle saisit sa serviette et tapota ses lèvres avec délicatesse. « Je me remets à votre ordonnance puisque je semble bien incompétente dans l'exercice de notre conversation. À l'image, en définitive, de ce poète qui n'a su vous conquérir par sa prose et son art. » Elle tendit la main vers sa coupe et attendit une réponse de Bryce Caron. « Un choix de roi. Conversons à nouveau ou retournons tous deux à nos primes occupations. Moi à mes affaires féminines, et vous, à votre grogne renfrognée. » Un sourire taquin illumina le visage impassible de Walpurge.


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le rissognol, à chaque instant, chante sur une rose différente


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Le silence s’installa un temps entre les deux voisins orageois, alors que la née bieffoise cherchait à répondre à la dernière interrogation du Sire des Marches. Ce dernier savoura discrètement cette légère victoire d’avoir mis la dame de Grandview dans l’embarras en lui laissant simplement trop de choix. Il profita de sa réflexion pour déguster les fins mets qui se trouvaient dans son assiette. La question était peut-être trop précieuse aux yeux de la veuve Grandison puisque finalement la conversation reprit sans qu’elle n’ait pu lui apporter une réponse. Il espérait cependant que d’ici à la fin de leur échange, il aurait un élément pour le satisfaire, sans quoi il serait obligé d’en conclure que comme beaucoup de ses compagnes régionales, Walpurge misait tout sur les apparences. Ses bonnes manières et sa vivacité d’esprit lui sauvant la mise en société, il craignait qu’il ne restait peu de choses intéressantes une fois la surface grattée.

Mais cela ne les empêchaient pas de trouver des terrains d’entente. Si elle s’était montrée si fière dans sa capacité à dompter son monde, elle reconnaissait la beauté et la force des éléments laissés sauvages lorsqu’il était donné de pouvoir les admirer. Il releva son verre en sa direction et le pencha subrepticement vers elle, témoignant son léger plaisir de ne rien avoir à rajouté à ses propos puisqu’ils étaient finalement en accord.

Il avait évoqué sa beauté lorsqu’elle l’avait questionné sur ses aspirations et le sourire qui s’était brièvement dessiné sur ses lèvres n’avaient pas échappé aux Caron. Ainsi, même sans être naïve, elle n’en demeurait pas moins sensible à la coquetterie. Il avait noté qu’elle était particulièrement fière et cela ne se limitait donc pas à son esprit et à sa langue acérée. Elle avait parfaitement conscience de ses beaux traits, de ses magnifiques yeux bleus et de sa belle chevelure blonde. Il ne savait pas si elle avait toujours était ainsi, mais il ne pouvait qu’imaginer le plaisir que pouvait avoir une femme d’un certain âge de toujours faire son petit effet sur la gente masculine. Pour beaucoup de femme de son rang, son pouvoir venait de là et il devait être cruel de le voir se dissiper avec le temps. La contradiction de Walpurge quand à ses aspirations lui tira un rire qu’il ne put retenir. Il baissa les yeux un instant, le temps pour lui d’évacuer l’amusement d’une telle réflexion sur ses loisirs. Il ignora également Abigaëlle qui s’était retournée quelques secondes vers lui, surprise d’entendre son époux réagir de la sorte. Lorsque Bryce eu enfin retrouver un semblant de sérieux, il releva à nouveau son regard sur la belle veuve. “Votre première analyse était très proche de la vérité. Je suis austère et morose Lady Walpurge. Je ne “vaque” pas à des loisirs futiles quotidiennement. Ma famille a été décimée plusieurs fois par la maladie, cela fait des années que le poids de tout Serena et de tous les Caron reposent sur mes épaules. Je suis certain de ne pas avoir à vous rappeler la localisation de mon fief sur une carte et des enjeux qu’une telle position représente. Voilà bien des années qu’il n’a pas été question pour moi d’autres choses que de mes devoirs seigneuriaux et je n’ai aucun mal à dire haut et fort qu’ils me définissent et que j’en suis fier.” Il avait parlé avec vigueur et l’ombre d’un sourire au coin des lèvres. “Je ne suis pas le troisième frère d’un seigneur bieffois dont les seules préoccupations pourraient être de courir les tournois et les jupons, avec pour simple but d’y prendre d’y plaisir, sans jamais penser aux conséquences. Ca n’est pas moi. Ca n’est pas qui je suis. Tout simplement.” Il marqua une nouvelle pause avant de reprendre. “Je prends plaisir à m’entraîner et à jouter, il est vrai, mais j’y prends d’autant plus de plaisir que je sais que cela fera de moi un bon seigneur, protecteur, et que les conséquences n’en seront que positives pour ma maison en cas de victoire. Bien sûr qu’il m’est fort agréable de galoper, mais je ne chevauche jamais sans but, c’est pour rendre des comptes à mon suzerain et apporter mon aide ou mon jugement à un tenancier. L’exercice de la chasse ne me déplait pas, j’apprécie moins toutes les discussions autour mais je sais qu’elles sont nécessaires pour la bonne tenue des relations diplomatiques entre voisins. Et le butin d’une telle excursion permet toujours de nourrir une maisonnée. Mais j’aurais en horreur de chasser constamment et d’ignorer mes devoirs à Serena. Il va sans dire que j’apprécie tout particulièrement les visites de ma soeur, et je me soucie toujours de son bonheur et de son état, parfois pour son plus grand désespoir parce que cela est mon rôle d’aîné. J’apprécie lorsqu’elle ou mon épouse chante occasionnellement, pour mon fils ou pour le plaisir. Parce que je sais que cela apaise les cœurs sous mon toit.” Bryce fit finalement un signe à un jeune page passant par là afin de voir sa coupe être remplie à nouveau, sa gorge était desséchée après cette longue explication. “Nous ne venons pas du même monde, nous ne sommes pas du même bois…” finit-il par lui dire simplement avec un haussement d’épaule.

Il aurait pu lui dire que cela ne les empêchait pas de trouver des terrains d’entente comme ils l’avaient fait précédemment mais son audace à s’aventurer sur sa situation maritale, se permettant des analyses et des conseils malgré ses avertissements avaient mis à mal sa patience et l’amabilité qu’il avait ressenti pour elle jusque là. Il aurait espéré des excuses, la voir se mettre en retrait un instant pour apprendre de son erreur, pourquoi pas enfin trouver une réponse à sa lointaine question. Mais il tressaillit en l’entendant interpeller sa jeune épouse. Il fulminait intérieurement et nul doute que si sa coupe avait été en cristal et non pas métallique, elle lui aurait éclatée entre les doigts, faisant jaillir le sang. Heureusement ses propos furent mesurés. Abigaëlle ne saisit pas ce qui se jouait là, mais voyant la tension dans les muscles du coup de son époux, elle se contenta de sourire poliment à sa comparse bieffoise et de s’en retourner à sa conversation. Et peut-être que Walpurge avait lu dans ses pensées puisque finalement elle en revint à sa question. La prise de Bryce sur son vin se détendit progressivement et il pris appui contre le dossier de son fauteuil, écoutant la née Tarly avec attention et cherchant à calmer sa fureur digne d’un Baratheon. “Il n’y a rien de simple ou de sot à donner la vie huit fois et à s’en tirer en vie.” répondit-il finalement, un peu plus durement qu’il ne l’aurait souhaité, encore sous l’effet de sa précédente colère. “Et je ne puis dire que la provocation dont vous êtes capable soit finalement une grande surprise pour moi.” Il piqua dans la dernière portion de viande qui se trouvait dans son assiette et la mâcha lentement avant de formuler sa réponse. “Il y a des sujets que l’on ne doit jamais évoquer avec des inconnus, parfois même jamais en dehors du cercle familial. Et il y a des conseils qu’il n’est jamais avisé de donner, surtout basé sur de brèves suppositions. La conversation ne m’était pas désagréable jusqu’à ce votre orgueil ne vous aveugle. Du moins c’est ce qu’il me semble qu’il se soit passé… Mais il n’est pas impossible que je me trompe et que ma perception de vous ne soit également faussée.” S’ils voulaient s’entendre, ils devraient jouer tels des équilibristes. Ainsi sa décision ne pouvait pas être prise unilatéralement. Si Walpurge n’avait aucun désir de se trahir, de devoir maîtriser et dompter sa langue pour pouvoir lui parler, alors ils auraient meilleur compte de s’arrêter là. “Soyez un peu plus docile, moins curieuse et j’accepterais de me montrer moins morose. Peut-être même oserais-je à nouveau vous complimenter pour votre plus grand plaisir.” Ils devaient se rencontrer à mi-chemin, avec des compromis, ou tout bonnement changer de direction.
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Le rossignol, à chaque instant, chante sur une rose différente

S'il y avait bien une chose sur laquelle ils tombaient d'accord, c'était bien le fait qu'ils n'étaient pas fait pareils, et n'étaient pas, a fortiori, du même monde. Walpurge avait été élevée dans le raffinement du Bief, avec une idée d'élégance féminine poussée à l'excès et où le loisir côtoyait amplement les devoirs d'un seigneur. Tarly n'était pourtant pas un nom qui inspirait immédiatement l'oisiveté et la légèreté. Son père était austère, au même titre que son frère aîné, qui, elle était certaine, se serait parfaitement entendu avec Bryce Caron, et seraient tombé d'accord sur bien des points s'ils avaient discuté de Walpurge et de son tempérament. Néanmoins, le sire rossignol avait quelque chose de bien plus mystérieux et d'accrocheur que Randyll. Ils avaient eu une discussion tout à fait délicieuse. Bryce n'était peut-être pas d'un bois aussi chatoyant et parfumé que celui dont était fait Walpurge, mais il avait quelque chose de plus que les orageois qu'elle avait pu rencontrer jusqu'à présent… Certes, il partageait leur air renfrogné, leur difficulté de nouer une conversation et un caractère très affirmé, et une nature plutôt dominatrice sur la gent féminine. Néanmoins, à l'évidence, il était plus aisé de discuter avec le seigneur de Serena qu'avec d'autres seigneurs de l'Orage. Walpurge pouvait bien le reconnaître. Il était presque plus abordable que son propre époux lors de leur première rencontre. Hedward avait alors paru si chevaleresque et en même temps si inatteignable. Seuls les yeux bleus de Walpurge et sa chevelure d'or liquide étaient parvenus à attendrir les mœurs rustres de ce fils non destiné à hériter du titre de seigneur de Grandview. Cependant, Hedward n'avait jamais été aussi plaisant à écouter. Ils avaient partagé beaucoup d'amour durant leur mariage, mais aussi de nombreux désaccords et de grandes difficultés de communication. Walpurge retrouvait cela en Reynold, son fils aîné. Des moments qui l'effrayaient parfois, quant à d'autres instants cela lui inspiraient une grande nostalgie d'une époque maintenant révolue depuis longtemps. Huit enfants. Un exploit de ne pas être morte durant son service marital. Mais elle n'avait jamais douté d'elle-même. À chaque grossesse, elle s'était sentie plus forte, plus puissante, prête à tendre la main et à attraper Grandview pour le garder précieusement entre ses doigts graciles. Jamais elle n'aurait jamais imaginé périr déchirer par l'un de ses nouveau-nés. Jamais. Une assurance qui l'avait peut-être sauvé. Seuls les dieux pouvaient l'affirmer. « Je saurais faire des compromis pour gagner vos faveurs, et qui sait, peut-être un jour aurais-je le droit de porter un blason beaucoup plus commode que celui d'inconnue. » Un sourire malicieux vint naître sur son visage. Voilà qui était mieux. Walpurge grappilla quelques raisins de-ci de-là avant de les grignoter un à un. « Je crois que nous avons trouvé là notre entente… Je me ferai plus douce à mesure que vous me complimenterez, sire rossignol. » Walpurge leva son verre en direction de Bryce pour trinquer en faveur de cette relation à venir. Un peu de vin et des mots tendres arrangeaient toute situation. Il fallait croire.



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le rissognol, à chaque instant, chante sur une rose différente


« Lestival | 301, lune 12, semaine 2 »

Lorsque Dame Walpurge avait entamé la conversation avec lui, jamais Bryce n’aurait songé qu’elle le ferait passer par autant d’états différents. Pourtant le seigneur des Marches n’étaient habituellement pas de ceux qui sous-estimaient ses adversaires, et certainement pas des femmes pour la simple raison de leur sexe, il avait grandi avec suffisament de soeur et de tantes pour apprendre cette leçon dès son plus jeune âge. Peut-être cependant, à force de côtoyer sa propre épouse et d’entendre parler de tout ce qu’il y avait de mieux dans sa région natale, d’après ses dires, lui avait confié un certain aveuglement. Pourtant, il avait rapidement remarqué que sa voisine de table se démarquait grandement de sa jeune épouse. Mais cela n’avait pas suffit à le préparer. Il était passé de l’amusement à la colère et cela lui avait demandé beaucoup d’efforts que de maîtriser son agacement au mieux. Il avait déjà la défaite du tournoi pour lui, il ne pouvait pas faire un esclandre maintenant, si proche de la table d’honneur. Au moins la veuve de Grandview semblait exprimer des regrets, du moins autant qu’elle pouvait les formuler avec sa fierté, chose qu’Abigaëlle ne faisait tout bonnement jamais et qu’il trouvait exaspérant au plus au point. Avec le Sire des Marches s’accorda quelques instants pour respirer et relâcher son emprise sur sa coupe de vin. Il proposa finalement un marché, un compromis à la belle blonde, une façon de trouver un terrain d’entente leur permettant de continuer d’échanger sans devoir se sauter à la gorge. Cependant, le seigneur de Serena pouvait parfaitement entendre que Walpurge ne souhaite pas plier face à ses principes et que leur avenir se résume ainsi à s’ignorer, n’échangeant que de brèves politesses lorsqu’il lui faudrait passer par Serena pour rendre visite à sa famille natale. Ce fut plutôt à lui, qu’elle refusa de renoncer, non sans flatter son égo depuis longtemps oublié pourtant. Il inclina son visage légèrement pour mieux poser son regard sur elle, par dessus sa coupe de vin et l’observer au mieux tandis qu’elle continuait de parler. Il était évident que la veuve Grandison s’amusait bien trop de ce genre de conversations et des allusions qu’elle pouvait lui faire. Et tout cela n’était pas pour déplaire à Bryce, bien trop las de la naïveté de son épouse. Tant que la Lionne de l’Orage acceptait de ne plus se mêler de ce sujet justement. “Ainsi j’ai découvert où le Lion appréciait les caresses pour s’endormir… Et voilà que vous avez trouvé les bonnes miettes pour faire des Rossignols vos amis…” Il approcha sa coupe pour trinquer avec elle, lui rendant un léger sourire, malicieux chez lui également. “Je m’assurerais d’avoir révisé mon catalogue de compliments pour votre prochaine halte à Serena lorsque vous rendrez visite à votre frère…” Peut-être qu’un jour, elle ne serait plus une inconnue, Bryce n’en n’avait plus envie en tout cas, il s’en rendait bien compte en piochant à son tour dans le plateau de fruits pour quelques raisins.
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