Be a warrior, not a worrier (Roland)

Be a warrior, not a worrier

The Lord of Runestone – Part 1

Les souvenirs se multipliaient, les cauchemars persévéraient. Roland voulait quitter cet endroit et heureusement pour lui, son vœu allait être exaucé. Après les bûchers, moment d’hommages pour les morts, les sacrifiés, les valeureux soldats tombés au combat, il était temps pour les combattants valides et légèrement blessés aptes à voyager de repartir dans leurs fiefs. Il était temps de retourner chez soi et reprendre tant bien que mal sa vie là où elle s’était arrêtée quelques semaines plus tôt. Cela n’allait clairement pas être facile, surtout pas pour Roland. Mais il ne devait probablement pas être le seul, loin de là. Tous les hommes avaient vu les Marcheurs Blancs, tous les hommes avaient combattu les Marcheurs Blancs, tous les hommes avaient tué des Marcheurs Blancs. Cela devait tant marquer les esprits. Ces créatures monstrueuses aux yeux d’un bleu glaçant. Mais il n’y avait pas que cela qui avait marqué l’esprit de Roland. Il y avait également la présence des dragons, des créatures que l’on croyait morte depuis des siècles. Trois dragons étaient présents du côté des vainqueurs et heureusement d’ailleurs. Le dragon de glaces n’a pas fait long feu ni son dragonnier qui se vit attaquer de toute part par de valeureux combattants avant d’être achevé par une femme. Tout cela se passa si vite et pour la plupart, cela était des récits qu’on avait fait à Roland. Il avait vu tellement de choses cette nuit-là qu’il n’imaginait pas une seconde que ces récits puissent être faux. On parlait même de miracle concernant le prince Aegon qui tomba au combat mais qui fut ramené à la vie, dit-on, par un prêtre de R’hllor. Il s’en était passé des choses cette nuit-là, Roland en aurait à raconter à son retour. Sans oublier bien sûr, le retour du prince déchu. Un nouveau chapitre s’ouvrait sur Westeros où la menace d’au-delà du Mur n’était plus, où les dragons semblaient être de retour, où le prince Viserys faisait lui-aussi son retour dans l’échiquier ouestrien.

Ce fut la voix de son cousin, non pas Robar qu’il avait vu quelques minutes plus tôt, mais Andar Royce, le frère aîné et seigneur de Roches-aux-Runes. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’était sur le champ de bataille, luttant pour leur vie, s’aidant les uns les autres, prenant des nouvelles de leur famille. Les Vanbois, les Rougefort, les Royce étaient une seule et même grande famille. À eux, s’ajoutaient quelques Frey – Sandor et Cynthea qui étaient bien à l’abri dans le Val – et les Tallett – dont les fils de leur tante Rowena ne survécurent pas. Tous avaient la même grand-mère : Anya Vanbois. Elle était leur lien dans ce monde et c’est elle qui les rapprochait. Andar et Roland étaient, par ailleurs, les deux premiers petits-enfants de la matriarche. Ils avaient une place et un rôle particulier dans la famille. Andar était par son père l’héritier – aujourd’hui il en est le seigneur – de Roches-aux-Runes et de la famille Royce tandis que Roland était par son père, le futur seigneur de Chênes-en-Fer et de la famille Vanbois. Ils furent très proche durant leur enfance et malgré l’éloignement durant leur écuyage puis leur vie respective dans leur fief, ils gardèrent un lien fort et puissant. Cela se ressentit sur le champ de bataille. Roland était fier de pouvoir se battre aux côtés de son cousin qu’il considérait comme son frère, celui qu’il n’avait jamais eu, celui qu’il aurait souhaité, lui, fils unique. C’est probablement cette particularité qui faisait que le chevalier valois était très famille. Voyant donc son cousin au loin, allongé, ne pouvait se mouvoir, il pressa le pas et n’attendit même pas la fin de sa phrase pour le prendre dans ses bras, en faisant bien attention à ne pas lui faire mal. Pourtant, pas de sourire, pas d’exclamation de joie. Roland n’en avait pas. Pas maintenant. Mais l’étreinte traduisait néanmoins la joie que Roland avait de voir son cousin en vie. Les frères Royce s’étaient encore mis dans un sale état et tandis que le Vanbois était sur le départ, ses cousins devraient rester un temps pour se soigner.

- Vous m’avez fait une belle frayeur, les deux Royce. Je ne me voyais pas annoncer à Ysilla la nouvelle de vos morts.

Il les aurait bien traités de bougres mais il était tout de même content qu’ils soient en vie, tous les deux. Leurs blessures allaient se guérir, il n’en doutait aucunement. Il le fallait. Par les Sept, il le fallait !


@Andar Royce

Be a warrior, not a worrier

The Lord of Runestone – Part 2

La bataille de Winterfell avait bien marqué les esprits, c’était peu dire. Mais désormais, elle était terminée, les soldats, les guerriers, les hommes héritiers de leur famille, les fils cadets, les neveux, les cousins, les frères, les anonymes, les inconnues, les incognitos pouvaient désormais souffler, se reposer, panser leurs blessures et rentrer chez eux. Winterfell avait été le théâtre d’un massacre innommable et était désormais le théâtre de scène horrible. On entendait des hommes hurlés de douleur, certains se faisaient amputer des membres condamnés, d’autres finissaient par lâcher un dernier soupir, certains n’avaient pas encore épuisé toute l’adrénaline en eux et il fallait les calmer. Au milieu de tout ça, ser Roland Vanbois errait. Son visage le tirait quelque peu, conséquence d’une petite entaille qu’il reçut durant la bataille mais qui était bien superficiel face aux blessures de certains, dont son cousin, lord Andar. Il avait retrouvé ce-dernier dans un lit, le sourire aux lèvres de revoir Roland. Il venait de quitter ser Robar et voilà qu’après le frère cadet, il se retrouvait avec le frère aîné. C’était sensiblement là un signe des Sept pour rappeler à Roland que tout était fini, tout était bel et bien fini.

Les deux chevaliers étaient bien évidemment heureux, plus qu’heureux même de se retrouver l’un l’autre en ces temps plus que troublés. La famille était quelque chose d’important pour Roland et face à l’état de ses deux cousins, il ne pouvait pas ne pas être là pour eux. Il partait bientôt pour Chênes-en-Fer mais avant cela, il serait présent pour eux. Il le serait avec Andar comme il l’avait été pour Robar. S’ils avaient besoin de quoi que ce soit, ils savaient tous deux qu’ils pouvaient compter sur Roland. Le jeune chevalier valois était fils unique et ses cousins étaient comme des frères pour lui, des frères qu’il aurait aimé avoir. Il n’en avait jamais parlé de ça, à personne, enfin à une seule personne mais qui n’était plus près de lui depuis un long moment maintenant. Roland avait longtemps souffert d’être le seul petit-fils Vanbois. Quand bien même, il y avait ses nombreux cousins, souvent réunis pour les mariages des sœurs de Morton, il demeurait le seul fils Vanbois. Il sourit à la mention d’Ysilla. La jeune Royce, épouse Rougefort, bien que douce, ne se laissait jamais faire et c’est probablement grâce à ces deux gaillards Royce. La jeune femme avait dû se forger un certain caractère pour faire face à ces deux-là. Il releva alors son regard vers Andar lorsque celui-ci demanda des nouvelles de Donnel tout en sous-entendant le malheur qui avait frappé les Rougefort.

- Donnel, ça va. Un peu secoué mais ça devrait aller. Il rentrera avec les blessés graves. Quant aux Rougefort, oui… j’ai de profondes pensées pour les fils de lord Horton. C’est une grande perte pour le Val...

La bataille contre les Marcheurs Blancs avait enlevé bien des gens à plusieurs familles ouestriennes. Pourtant, cette bataille avait également apporté d’autres choses. Comme le soulignait Andar, des dragons avaient fait leur apparition alors que tout le monde les pensait éteints depuis bien des siècles. Cela sonnait vraiment le début d’une nouvelle ère et ils espéraient tous qu’elle soit bonne… Roland en doutait.

- Comment ne pas louper un tel spectacle bien qu’occupé à demeurer en vie. Mais, bien que voir des dragons fut un tel choc, il y eut bien d’autres choses qui furent tout aussi choq…

Roland s’interrompit et observait Andar. Ce n’était clairement pas le moment de l’embêter avec cela. Il devrait même d’ailleurs rejoindre les hommes valois qui se préparaient à partir. Il était pourtant heureux de le savoir en vie et partager ce moment avec lui était quelque chose qu’il ne voulait pas arrêter. Andar était son frère, son meilleur ami. Ils avaient été si proches durant leur enfance avant leurs écuyages respectifs. Roland espérait qu’ils pourraient retrouver cette complicité qui lui manquait terriblement.

- Argh… oublie ça… Ce n’est pas le moment de t’embêter avec ça. Tu dois te reposer et je dois bientôt partir…

Roland baissa alors le regard, se plongeant dans ses pensées, ses tracas, ses doutes… ses cauchemars.


@Andar Royce pardon pour l'attente.

Be a warrior, not a worrier

I’m afraid – Part 1

Andar Royce était le premier des petits-fils de lady Anya Vanbois. Roland lui, était le second. Il était donc tout naturel que ces deux garçons en viennent à se lier fortement l’un à l’autre. De plus, Roland était un fil unique et l’espoir de se voir un jour grand frère s’arrêta lorsque sa mère mourut subitement. Il a très peu de souvenir de cette femme que Morton décrivait encore aujourd’hui comme un réel rayon de soleil. Grâce à son père, Roland avait un semblant de souvenirs de sa mère. Mais les souvenirs les plus marquants étaient ceux avec Andar qu’il considérait comme un frère, ce frère qu’il n’avait jamais eu. Ils avaient tout fait ensemble. Même à distance, quand Andar effectuait son écuyage à Vivesaigues et Roland aux Eyriés, les deux jeunes garçons correspondaient. Devenus chevaliers, ils se retrouvaient aux grandes occasions et faisaient toujours en sorte de voir l’autre, à Roches-aux-Runes ou bien à Chênes-en-Fer. Ils étaient de la même famille, issus tous deux de lady Anya Vanbois, élevés tous deux par ses principes et ses valeurs primordiales. Malgré les années et vivant chacun leur vie, les deux cousins restèrent proches, très proches et ce, même après l’arrivée d’autres cousins et membres de la famille. C’était quelque chose d’important pour Roland. Il avait besoin de ce contact familial après la mort de sa mère et le fait qu’il n’ait pas eu de frères et de sœurs. Aujourd’hui encore, alors qu’Andar était mal en point, Roland était à son chevet, avait pris le temps de venir lui parler avant son départ, qui sait quand est-ce qu’ils se reverront. Chacun reprenait sa route désormais après cet intermède dont ils se seraient bien passés. L’esprit encore embrumé du massacre de la Longue Nuit, malgré la victoire, Roland ne pouvait embêter Andar avec ses tourments.

- Je sais bien, Andar. Mais est-ce vraiment le moment ? Tu dois te reposer et je dois bientôt partir.

Mais Andar se montrait bienveillant et insistant, opérant même une petite tape qui fit brièvement sourire le jeune blond. Après tout, cela lui ferait sans doute du bien de parler avec son cousin et frère. C’est vrai qu’il avait toujours été là, dans les bons comme dans les mauvais moments. Il se souvient aisément de sa prévenance durant la grossesse difficile d’Aelinor. Ses mots avaient atteint le cœur du chevalier et de son épouse. C’était ça, la famille Vanbois-Royce, des membres soudés, impliqués dans la vie des autres. Cela se vérifiait également chez les Rougefort, via la relation étroite entre Roland et sa tante, mais aussi, bien qu’un peu moins, chez les Tallett et les Rompierre. Quoiqu’il en soit, chaque membre avait une place importante dans la vie et le cœur de Roland. Il aimait sa famille, ferait n’importe quoi pour elle, même venir combattre dans le nord des monstres sans vie. Il était prêt à donner sa vie si cela avait du sens de le faire, si cela permettait à ceux qui restent de vivre. Reportant son attention sur Andar qui se rallongeait avec peine, Roland reprit alors la parole.

- Je ne sais pas ce qui est le plus choquant. Les Marcheurs Blancs ? Les dragons ? Viserys ? Tout cela est marqué dans mon esprit et je peine à voir plus loin, à me sortir tout ce qu’on a vécu cette nuit de ma tête. Ça tourne, ça tourne, ça m’oppresse et me fait peur...

Son regard avait rapidement quitté celui du jeune seigneur. La panique se sentait dans sa voix. Depuis son réveil, il n’avait eu de cesse de se laisser gagner à la panique, au point d’avoir eu besoin de s’allonger quelques minutes. Il avait été en proie à une crise d’angoisse et il ne se le savait pas encore mais c’était là, la première d’une longue série. Il resta muet quelques secondes, calmant quelque peu son esprit, son corps, s’éclaircit la gorge puis poursuivit.

- J’ai l’impression d’avoir oublié tout ce qu’il y avait avant, nos vies, nos joies, nos bonheurs, nos peines, notre quotidien, nos problèmes habituels. Cette bataille sera ancrée dans ma mémoire à jamais, Andar et j’ai peur que ces souvenirs aient raison de moi un jour…

Roland Vanbois serait-il en train de sombrer doucement dans la folie ? Cette bataille à Winterfell laissait déjà des traces dans l’esprit des soldats et autres chevaliers, seigneurs et guerriers qui y participèrent. Qui sait quelles autres conséquences elle aurait sur le long terme ?


@Andar Royce

Be a warrior, not a worrier

I’m afraid – Part 2

Avant la bataille de Winterfell, Roland était un homme courageux et vaillant. Il faisait partie, enfant, de ces écuyers qui rêvaient de chevalerie, de combats, de guerres. Il avait écouté les récits d’antan, les histoires que tout homme ou toute femme racontait à ses enfants. Bien que sa mère soit morte très tôt, alors qu’il n’avait que cinq ans, Roland put compter sur son père et sa grand-mère. Lors de son écuyage auprès de lord Jon, alors Suzerain du Val, il avait pu également compter sur la présence maternelle de lady Lysa. Durant toutes ces années, il en avait entendu des récits de guerre, il en avait vu des combats lors de divers tournois. Roland s’était forgé une certaine image mais cette image s’était complètement détruite ce soir-là, lors de la Longue Nuit. La guerre n’était pas ce qu’il croyait. Qui pouvait lui en vouloir d’avoir cru à des choses, des légendes ? Personne. Après tout, ils s’étaient combattus contre un mythe, celui des Marcheurs Blancs. Roland avait alors découvert le vrai visage de la guerre, le vrai visage de la mort qui frappe sans prévenir. Il n’avait récolté que quelques petites blessures dont une, bénigne, qui lui laisserait une cicatrice sur le visage. Il avait survécu à ce massacre, sauvant ainsi des millions de gens, assurant la survie et l’avenir de plusieurs centaines de familles ouestriennes du Nord jusqu’à Dorne. Qui sait ce qui se serait passé si Winterfell était tombée ? Si toutes les troupes réunies de l’Ouest, du Nord, du Val, du Conflans, de la Couronne et de l’Orage avaient été vaincues ? Roland ne devait pas se demander ce genre de choses, pas maintenant que la victoire était à eux. Mais c’était plus fort que lui. Véritablement choqué par ce qu’il avait vu, fait, vécu, subi, Roland Vanbois n’était désormais plus le même qu’avant le début de cette bataille.

Les mots d’Andar sont comme ceux de Robar avant lui, réconfortants. Roland était complètement perdu et cela se lisait sur son visage. Il était un vrai livre ouvert. Il ne souriait pas, n’était pas content de cette victoire, avait le regard vide, le visage pâle. C’en était trop. Il suffoquait mais la voix d’Andar sembla l’apaiser, lui rappelant qu’il était vivant, qu’il pourrait rentrer, que tout irait bien maintenant. Il devait reprendre sa vie en main comme tout homme venu se briser ici. Il n’était pas seul. Il avait lady Anya, son père Morton, son épouse Aelinor, leur fils Jasper. Andar lui rappelait ô combien il était bien entouré à Chênes-en-fer. Quitter Winterfell lui ferait du bien et Roland ne pouvait qu’être d’accord avec ces derniers mots d’Andar. Pourtant, Roland n’arrivait pas à se réjouir de ce départ. Il laissait ses cousins et son oncle ici car gravement atteints par ces combats acharnés qu’ils subirent.

- Tu as raison, Andar… mais vous savoir dans l’état dans lequel vous êtes… et tout ce qui s’est passé. Je pense qu’il va me falloir du temps.

Du temps, il en aurait, une fois de retour chez lui, à Chênes-en-fer. Il ne comptait aucunement ressortir de chez lui. Il ne voulait pas rejoindre sa grand-mère aux Portes-de-la-Lune, il souhaitait simplement retrouver son épouse et son fils. C’est tout ce qu’il lui importait et il savait que le trajet du retour serait long. Voyant son cousin dans un sale état, grimaçant à chaque mouvement, Roland posa sa main contre la sienne, s’efforçant de se montrer compatissant. Il était là pour lui, malgré son traumatisme naissant. Il serait toujours là pour lui, ce frère qu’il n’a jamais eu. C’était là toute l’importance de leur relation depuis qu’ils étaient enfants. Ils étaient bien plus que des cousins, ils étaient des frères. Peut-être que pour Andar, qui avait Robar, cela était moins significatif mais pour Roland, cela voulait dire beaucoup. Élevé par les valeurs familiales des Vanbois puis des Arryn, Roland était prêt à tout pour n’importe lequel de ses cousins et n’importe laquelle de ses cousines. Comme pour changer un peu de sujet, ne voulant guère embêter Andar avec ses problèmes, Roland changea de sujet, mentionnant alors la jeune sœur du seigneur de Roches-aux-runes.

- Comment se porte ta sœur ? Ysilla ? Vous êtes allés la voir à Villevieille avant de monter dans le Nord, non ? Elle se remet bien ?

Roland et Ysilla n’étaient pas des plus proches mais la jeune femme était née Royce et sa mère était née Vanbois, cela était suffisant pour qu’elle ait une place de choix dans le cœur – immense vu le nombre de cousins et de cousines qu’il avait – de Roland.


@Andar Royce

Be a warrior, not a worrier

The Secret – Part 1

La convalescence serait longue pour bien des Ouestriens. Tous ceux qui ont combattu ce soir-là à Winterfell n’en sortiraient pas indemnes de corps comme d’esprit voire les deux. Andar et Robar avaient été gravement blessés et Roland avait bien failli être le porteur de mauvaises nouvelles de la famille Vanbois et de ses différences branches. Que les Sept soient bénis, il n’en fut rien. Si, malheureusement, deux cousins Tallett avaient péri, le reste avait survécu mais le jeune chevalier ne pouvait pourtant pas s’en réjouir pour autant. Son esprit était complètement ailleurs tandis que son cousin lui confiait que sa propre convalescence durerait. Il acquiesça machinalement, l’esprit tourmenté par ces créatures monstrueuses au regard bleu, à la volonté meurtrière et à l’aspect cadavérique pour la plupart d’entre elles. Ce combat pour la survie de l’homme resterait sans aucune doute un pan majeur de l’histoire de Westeros. Ils en étaient tous conscients. Roland se perd et revient à lui. Les mots de son cousin lui font chaud au cœur. Lui aussi était fier et heureux d’avoir Andar comme cousin. Il le considérait même comme un frère mais à ce moment très précis, l’émotion étant trop grande, il préféra ne rien dire, ne pas en rajouter. Il changea même de sujet, mentionnant alors la jeune Ysilla qui était en convalescence à Villevieille depuis quelques semaines maintenant. Roland voulait de ses nouvelles vu que ses frères s’y étaient rendus avant l’appel aux armes.

- Mes pensées et prières seront tournées vers elle, aussi souvent que faire se peut. Si les mestres sont confiants alors il faut l’être aussi.

Quoiqu’il en soit, la jeune valoise était à l’abri, loin de tout champ de bataille. Elle ne risquait rien là-bas, loin dans les contrées vertes du Bief. Tout comme les Dorniens qui n’avaient pas bougé le petit doigt. Il avait entendu çà et là quelques couronniens mentionnés ce refus alors qu’il tentait de retrouver son oncle. Le départ pour Chênes-en-Fer approchait. Roland devait prendre la route bientôt mais avant de partir, il voulait rester quelques instants au chevet de son cousin. Cela lui revient soudainement mais Robar lui avait précédemment parlé et dévoilé des choses, un secret. Il ne pensait pas du tout que ce genre de révélation lui serait fait et il devait en parler à Andar. Après, c’est Andar lui-même qui l’avait appris à Robar. C’était presque risible comme cette petite affaire familiale était ridicule à côté de ce qu’ils avaient vécu lors de la désormais nommée Longue Nuit. La vie avait déjà repris son cours. Les morts étaient brûlés que les survivants songeaient déjà à l’avenir, se posaient des questions sur ce que serait leur quotidien désormais. Dans les rangs, on pouvait aussi entendre murmurer le nom de Viserys qui avait fait son grand retour sans oublier celui des dragons. C’était une drôle d’époque qu’ils vivaient là et pourtant, Roland décida d’omettre tous ces sujets évidents pour parler avec Andar du secret de Robar.

- J’ai vu Robar tout à l’heure et nous avons parlé. Je demanderai à une servante de vous mettre en contact, pour vous retrouver tous deux. Vous avez été salement amochés, vous ne serez pas contre vous soutenir tous les deux.

Il marqua une courte pause avant de reprendre plus sérieusement. Son regard était concentré mais cela se sentait qu’il divaguait, allait et venait dans son esprit entre son cousin, sa famille, les Marcheurs Blancs, la guerre, le sang, la mort. Passant une main sur son visage, sur cette légère cicatrice qui le piquait encore quelque peu, Roland reprit.

- Il m’a parlé de Maddy et de... sa fille.

Il voulait avoir l’avis du chef de famille, du seigneur de Roches-aux-runes. Maddy ayant porté l’enfant de Robar. Ce n’était pas rien. Encore que, l’enfant était née et bien avant le mariage de Robar avec la princesse mais l’enfant demeurait une bâtarde. Anya Vanbois ne tolérerait pas cela de ses petits-enfants. De plus, le mariage avec la princesse ne semblait pas être au beau fixe et seuls les Sept pouvaient savoir ce qu’il adviendrait de ces deux êtres que tout opposait.


@Andar Royce

Be a warrior, not a worrier

The Secret – Part 2

La famille était une chose sacrée pour Roland Vanbois. Il tenait cette valeur primordiale de son père qu’il tenait lui-même de sa mère, lady Anya Vanbois. Étant fils unique, sa mère étant morte très jeune, Roland avait tout de même pu compter sur ses frères et sœurs de substitution qui étaient en réalité ses tantes, lady Talia et lady Lysa par exemple, ou ses cousins, Andar et Robar Royce. Il était proche de sa famille, de ses divers membres. Il les chérissait et était prêt à tout pour eux. Roland était un chevalier vaillant et courageux, toujours digne comme les mots de sa maison le disent. Il avait vu Robar quelques minutes plus tôt qui lui avait alors appris un secret. Cela allait bien avec la famille les secrets. Chacune d’elles en avait et ils finissaient par se savoir. Tout finit par se savoir. Robar Royce, marié à la princesse Rhaenys Targaryen, avait une fille bâtarde issue d’une relation avec Maddy, une servante de Roches-aux-runes. Mais quel scandale ! Si lady Anya savait cela, Robar ne ferait pas long feu. Sur le moment, Roland avait cru qu’il s’agissait d’Andar. Lui qui avait combattu avec brio son alcoolisme, Roland ne pouvait pas croire qu’il ait eu une bâtarde. Fatigué, déboussolé et clairement pas en état de réfléchir, le jeune chevalier était tombé dans un quiproquo qui avait bien fait rire son cousin. Mais à en juger par le regard de son cousin, cette discussion n’avait pas été des plus sympathiques. Effectivement, Andar avait caché à Robar ce secret et il était évident que les deux frères étaient quelque peu en froid désormais. Aux dires du seigneur valois, son frère lui en voulait.

- Cela se calmera, j’en suis sûr. Laisse-lui le temps de digérer tout ça.

La fatigue prenait Roland et il avait du mal à se concentrer. Il tenait bon pour son cousin qu’il voyait bien triste que son frère lui en veuille mais il semblait malgré tout l’accepter et le comprendre. Cela se tassera avec le temps. Ils finiront par se rabibocher. Tels étaient la vie de frères. Andar était désolé que Roland soit mêlé à tout cela et ce-dernier fit un signe de la main. Qu’importe, il était, est et serait toujours là pour sa famille. Pour les Vanbois. Pour les Royce. Pour les Rougefort. Pour les Tallett. Pour les Rompierre. Toutes ces familles rattachées à la sienne et avec qui il entretenait des liens plus ou moins proches. Il répondit alors à Andar avec une voix bien faible et débordant de fatigue.

- T’en fais pas, va. C’est la famille ! Quoiqu’il arrive, nous sommes là les uns pour les autres.

Une voix au loin les interrompit. Roland était appelé. Lorsqu’il se retourna, il vit son jeune écuyer, Martyn Lannister. Courant jusqu’à lui, il prit une petite pause pour reprendre son souffle. Il venait lui annoncer que le départ pour Chênes-en-fer était imminent. Le convoi était prêt. Le chemin serait long, Roland le savait. Il remercia le jeune blond et le renvoya avec un message, disant qu’il serait bientôt prêt. Il voulait profiter encore de quelques instants auprès de son cousin Andar. Les deux Royce étaient bien amochés et il priait déjà pour leur guérison, leur convalescence, leur remise sur pied le plus vite possible. C’était tout ce qui comptait par-dessus tout, même ce secret qui ne serait pas sans conséquence, les trois valois le savaient pour sûr.

- Je vais devoir y aller, Andar. J’aurai aimé rester un peu plus longtemps à tes côtés. J’espère que tu te remettras vite. Repose-toi et surtout ne force pas. Tes blessures sont encore fraiches.

Les adieux suivirent alors les dernières recommandations de Roland. Il aimait ce cousin comme son frère. Ils avaient été élevés ensemble, avaient grandi ensemble. Si leurs routes avaient par moment s’éloigner l’une de l’autre, elles avaient toujours trouvé un moyen de se réunir à nouveau. Winterfell les avait réunis et les séparait désormais. Ils se retrouveraient une fois guéri de retour dans le Val. Roland le savait. Un dernier regard, une dernière parole et le chevalier valois à l’esprit bien tourmenté rejoignit son jeune écuyer et quitta la demeure des Stark pour retrouver le confort de la sienne, à Chênes-en-fer.

HRP: