Aux rêves inexaucés | ft. Alyria Targaryen
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Aux rêves inexaucés
An 303, lune 3, semaine 1
Alyria Targaryen & Vaelle Velaryon
Assis sur le rebord du grand lit tiède, Monford observait l’horizon placide de la mer inerte par la large fenêtre. Avachie au milieu des coussins, les couvertures remontées jusqu’à sous son nez, Vaelle le détaillait sans se cacher. Ses longues respirations profondes faisait frémir les boucles beiges de mouton qui lui chatouillaient les narines.
Ses cheveux argentés, lâchés sur ses épaules, brillaient des lueurs rougeâtres de l’âtre. Les flammes n’éclairaient que le profil que Vaelle ne voyait pas. Aussi, elle observait son visage plongé dans les ombres d’où seul son oeil mauve scintillait comme une pierre précieuse. Les muscles élégants de ses bras et de son torse nu étaient au repos. L’épouse se rappela alors la force avec laquelle, cette nuit, ces mêmes muscles l’avaient étreinte. L’avaient aimée. Elle sentit une rougeur s’épanouir sur son visage et elle s’enfonça un peu plus dans le matelas. Elle ne comptait plus la tendresse dans ses habitudes. Aussi, se sentit-elle redevenir adolescente.
« Que regarde-t-il donc ? » se demanda la jeune femme. Car si le matin devait en effet se lever, la noirceur hivernale drapait les cieux d’une brume opaque qui ne s’effilochait que rarement. On aurait pu croire qu’une ancienne s’était assise derrière son rouet toute la nuit, défiant le froid et la langueur, pour y filer les nuages et en obscurcir la voute. « Cherche-t-il les étoiles ? » Les navigateurs avaient cette manie de toujours lever le nez vers l’éther pour y distinguer constellations et directions. Impossible pourtant d’apercevoir le moindre tache blanche. « Pourquoi souhaiterait-il se guider ? Compte-t-il aller quelque part ? »
Une soudaine panique l’étrangla. Souhaitait-il partir ? Maintenant ? En plein coeur de l’hiver, alors qu’il venait de survivre au pire ? Alors qu’ils venaient juste de se retrouver… ?
L’angle de la mâchoire carrée de Monford se contracta et il porta une main encore lourde de sommeil vers son oeil gauche.
Les bras pâles de Vaelle vinrent s’enrouler comme des voiles pour habiller ses épaules frissonnantes. Il sentait la braise et la nuit. Sa peau était chaude.
Lui non plus ne se rappelait plus vraiment de l’amour. Il sursauta presque au contact de sa femme. La valyrienne crut qu’il allait la repousser, mais il n’en fit rien. Au lieu de cela, il attrapa sa main dans la sienne.
« Je vous ai réveillée ? » s’inquiéta-t-il en décrochant la main de son arcade.
La mère de Monterys fit non de la tête. Elle se laissa glisser sur le côté pour observer la blessure de son époux. Le tranchant de la lame avait entaillé son front depuis son cuir chevelu jusqu’à sous sa pommette, en un sillon profond et violacé en forme de croissant de lune.
Cette fois, il eut un léger moment de recul. Derrière ses yeux se cachait le bleu des nuits qui les éloignaient. Aucun des deux ne pouvaient oublier le fossé que les années avaient tant creusé. Deux lunes de retrouvailles ne suffisaient pas.
Elle se laissa retomber sur les fesses à côté de lui.
« Vous souffrez ? » se soucia-t-elle.
Vaelle se faisait violence pour ne pas porter ses doigts vers la joue de son mari. Elle savait qu’il le prendrait mal. Elle ne comprenait pas pourquoi cette cicatrice le tracassait autant.
Cette fois, ce fut à lui de faire non de la tête.
Ses yeux tombèrent sur le ventre encore plat de son épouse.
« Et vous ? »
Elle croisa les mains sur son giron et sourit.
« Pas le moins du monde, » pépia-t-elle, à nouveau guillerette.
Monford soupira.
« Devez-vous réellement y aller ? Est-ce nécessaire ? »
La jeune femme se sentit rosir à nouveau. Il se préoccupait d’elle. Depuis combien de temps attendait-elle cela ? Que la froideur et l’ignorance s’effacent pour qu’il la regarde…
« Oui, » affirma-t-elle. « J’avais promis à la Reine Alyria que je lui rendrai visite, une fois que vous seriez rentré. »
Lord Velaryon soupira à nouveau.
« Soit. Je viendrai avec vous. »
*
Cloîtrée et solitaire à Marée-Haute depuis de nombreuses lunes, Vaelle avait l’impression de découvrir Port-Réal pour la toute première fois. Bien sûr, l’hiver avait mis un sérieux coup de frein à la vie mondaine de la capitale, mais les rues étaient loin d’être désertes, comme c’était le cas à Lamarck. Sur l’île, seuls les ports tournaient à plein régime.
Ici, en revanche, tout était plus vivant. Et la valyrienne se gorgea de cette belle ambiance. Toute pimpante au bras de son époux, elle paradait dans le Donjon Rouge en adressant saluts murmurés et hochements de tête convenus aux connaissances qu’elle croisait.
Devant eux, un domestique les guidait vers un petit salon de réception.
« Vous n’êtes pas obligé de venir avec moi, » rassura-t-elle Monford dans un chuchotement. « Nous allons parler d’histoires de femmes… »
Il parut soulagé et sa démarche s’assouplit.
« Je serai avec Jacaerys, dans ce cas. »
Le cousin du lord les avait accompagné, comme cela était souvent son habitude. Eux aussi avaient probablement des connaissances à revoir. Et il ne faisait aucun doute que leurs conversations seraient bien différentes de celles de deux dames.
Arrivés devant la porte du petit salon, Monford tira sa révérence.
« Je vais prévenir la Reine de votre arrivée, » l’informa le valet tandis que Vaelle s’installait dans un petit sofa crème brodé de roses.
Il disparut dans un discret claquement de porte.
Après un rapide coup d’oeil, la valyrienne fut déçue de ne trouver aucune collation. Elle aurait bien grignoté un petit quelque chose en attendant… Après tout, elle mangeait pour deux !
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The Queen’s Friend – Part 1
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La nouvelle lune se poursuivait. La reine reprenait ses habitudes, s’occupait de son fils, s’entretenait avec des gens de la cour, des membres de la famille royale. La veille, elle avait même rencontré une jeune femme avec qui elle faillit bien se heurter. Les couloirs du Donjon Rouge pouvaient parfois être traitres et c’est ainsi qu’elle rencontra la jeune Sacha, une jeune femme au service de lady Cersei. Cela avait été une rencontre des plus intéressantes et changeait de toutes ses entrevues où l’étiquette et les codes les rythmaient. Cela était bien sûr normal mais sa rencontre avec la jeune conflanaise avait eu un côté quelque peu imprévu, sauvage, moins formel. Cela avait intéressé la reine et permit à son esprit vagabond et meurtri de demeurer occuper. Ce matin qui s’ouvrait à elle, Alyria l’accueillit à grande joie. Aujourd’hui, elle recevait lady Vaelle Velaryon mais également ser Corlys Manning un peu plus tard pour finaliser les détails des futures fiançailles de son neveu Jaremy avec la belle Zhoe. Énormément de choses étaient à l’œuvre en ce moment. Si dans les royaumes, la nouvelle du retour de Viserys était désormais connue de tous, il en était de même pour la volonté du roi à recueillir les hommages et les promesses d’allégeance. Parallèlement, diverses petites affaires continuaient à voir le jour çà et là comme des alliances, des mariages, des banquets. La vie de Westeros reprenait son cours au même rythme que la saison hivernale semblait s’adoucir et doucement pointer vers sa fin. Alyria en était ravie. Elle voulait retrouver la douceur du printemps, saison qu’elle préférait. En attendant, quelques fourrures n’étaient pas de trop quand les nuits étaient vraiment froides ou qu’il fallait sortir du Donjon Rouge pour profiter des jardins qu’elle appréciait fortement.
Le jeune Aerion passa dire bonjour à sa mère tôt ce matin-là. Il était accompagné de lady Aemma. Alyria souhaitait le présenter à ses amies, ses connaissances et depuis quelques jours, le jeune prince, héritier du trône, apparaissait souvent aux côtés de la reine. Il tenait de mieux en mieux sur ses jambes et semblait avoir appris de nouveaux mots en son absence. Les prénoms étaient toujours bien difficiles à prononcer mais qui pouvait lui en vouloir. Rhaegar, Aegon, Aemon, Margaery, Rhaenys, Targaryen. Tout cela n’était guère facile à prononcer pour un enfant de presque deux ans et demi. Que le temps passait vite. La reine était fière de lui, fière de son petit garçon et, par ailleurs, elle ne désespérait pas pouvoir en faire un autre. À plusieurs reprises depuis le retour du roi, ils avaient essayé bien sûr, en vain. La reine n’était pas tombée enceinte, pas encore du moins. Certes, à son âge cela était risqué. Elle allait sur ses trente-huit ans. Risqué mais pas impossible, loin de là et c’est cela qui la faisait espérer, elle qui avait toujours voulu avoir des enfants comme son frère ou sa sœur avaient pu avoir. Bien sûr, elle avait eu Rhaenys et Aegon en enfants de cœur mais il fallait en convenir que cela était différent. Elle les aimait mais ils n’étaient pas ses enfants, sa chair. Gardant l’espoir qu’un jour, elle réussisse, assurant toujours plus la lignée de Rhaegar, Alyria se dirigeait tranquillement vers le salon où devait probablement attendre Vaelle après qu’un valet l’ait prévenu de son arrivée. Le petit prince marchait lentement, des pas de plus en plus assurés mais avec par moment quelques maladresses. Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce, ils trouvèrent donc la jeune femme, seule. Alyria fronça quelque peu les sourcils. Elle ne voyait aucunement de mets posés sur la petite table. Pourtant, elle était sûre d’avoir demandé qu’on prépare quelques petits choses. Un regard vers lady Aemma et celle-ci fila immédiatement trouver un serviteur.
- Lady Vaelle. Quel plaisir de vous voir ! Pardonnez-moi, je vous ai fait attendre.
Alyria s’avança vers la jeune femme suivie d’un Aerion soudainement timide. N’avait-il jamais rencontré Vaelle ? La reine en doutait. Il est vrai que le jeune prince était plus habitué aux membres de la famille royale comme Margaery ou bien Rhaenys. Néanmoins, sa mère l’obligea à saluer la couronnienne. Le jeune prince pourrait un jour se targuer que sa mère lui ait appris l’étiquette très jeune. Une fois les salutations faites, Alyria laissa son fils gambader comme à son habitude, voyant que lady Aemma les rejoignait, apportant par la même occasion deux tasses bien chaudes et quelques mignardises. La reine invita donc son amie à s’asseoir et donna son congé à lady Aemma. Elle pourrait aisément surveiller le jeune Aerion sans son aide. Elle savait que sa dame de compagnie avait souhaité passer la journée avec ses enfants. Elle ne pouvait que comprendre, surtout après tous ces événements passés. Ordonnant gentiment à Aerion de venir s’asseoir et de rester tranquille, espiègle et intrépide qu’il était en cette fraiche matinée, la reine porta son attention sur la jolie couronnienne assise en face d’elle et lui adressa alors ces quelques mots avec douceur.
- Comment allez-vous mon amie ? Comment votre mari et votre fils se portent-ils ?
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An 303, lune 3, semaine 1
Alyria Targaryen & Vaelle Velaryon
D’impatience, Vaelle se dandinait sur son siège en quête d’une position confortable. Le dos bien droit contre le dossier rembourré, ses doigts jouaient avec les franges d’un épais coussin brodé d’or et d’argent. Les joues roses de bonne humeur et pimpante comme un pinson au printemps, elle détaillait avec grande attention les détails des moulures, l’acier forgé du lustre qui pendant au-dessus de sa tête, le parquet fraîchement ciré, l’épais tapis de velours… Marée Haute était un incroyable château qu’elle avait pris soin de décorer à son goût et si elle avait cru pouvoir concurrencer avec le Donjon Rouge, elle se trompait. Elle en éprouva une petite pointe de jalousie, mais la chassa bien vite. Aujourd’hui, rien n’aurait pu la contrarier.
Lorsque la porte s’ouvrit, elle se redressa bien vite, toute en froufrous et en froissements de soie et de taffetas. S’attendant à trouver la Reine seule, elle lâcha un glapissement de surprise réjouie en découvrant le prince Aerion tituber timidement.
« Oh ! » s’écria-t-elle, sa voix trop aiguë de quelques octaves. « Ne serait-ce pas le prince Aerion ? Comme vous êtes grand maintenant ! Je suis honorée de vous rencontrer. »
Après tout, elle ne l’avait vu qu’une seule fois, lors de la présentation de l’enfant aux courtisans. Il lui semblait que tout cela était si loin à présent, maintenant que le nourrisson emmailloté était devenu un petit garçon… Elle était incapable de savoir à qui il ressemblait le plus. Il arborait une tignasse pâle et lisse ainsi qu’une moue timide, mais aurait-il pu en être autrement ? Il était adorable dans son petit ensemble taillé sur-mesure et ses minuscules chaussures de cuir vernis.
Elle s’agenouilla, un réflexe qu’elle avait acquis auprès de Monterys, pour ne pas intimider l’enfant. Mais cela ne suffit pas. La vue d’une étrangère suffit à le faire bien vite rebrousser chemin et à se tapir dans les jupes de sa mère.
Après avoir salué la Reine et respectueusement révérencé, Vaelle se redressa avec un sourire amusé. Elle balaya les excuses de l’épouse du Roi en secouant la tête.
« Mais pas du tout ! » la rassura-t-elle. « Je ne suis arrivée qu’il y a quelques instants. Et oui, quel plaisir, vraiment ! Vous ne pouvez vous imaginer à quel point j’avais hâte de vous revoir… À Lamarck, l’ennui et la solitude étaient mes deux seuls compagnons durant ces longues lunes. »
Bavarde comme une pie, Vaelle ne cacha à personne son bonheur de renouer avec quelqu’un de son sexe. Elle aimait son mari et son fils plus que tout, mais elle ne pouvait décemment pas échanger avec eux sur des sujets de femmes. Qu’auraient-ils bien pu lui répondre si elle s’était mise à parler commérages, arts et récentes lectures ?
Le début de l’hiver avait été une véritable épreuve pour la née-Celtigar. Recluse seule sur son île avec son fils, éloignée de la cour et incapable de recevoir des invités, elle s’était sentie dépérir, en plus de se morfondre de l’absence de son mari… tout en s’inquiétant de son retour. Elle n’avait pu trouver du réconfort que dans les Sept et s’était à nouveau investie dans la religion pour y trouver le réconfort et surtout se donner l’illusion qu’elle ne parlait pas toute seule.
Elle s’attendrit à nouveau devant la révérence polie du prince, les mains jointes près de son visage et la bouche pincée en une moue ravie.
« Ne sont-ils pas adorables à cet âge là ? » demanda-t-elle en regardant le garçonnet s’éloigner pour jouer dans un coin du salon. « Et terribles aussi ! »
Elle rit en se rappelant les propres mésaventures de son fils.
Finalement, la dame de compagnie de la reine revint les bras chargées de victuailles. Le visage de Vaelle rayonna et elle lança un regard complice à Alyria. Décidément, elle la connaissait bien… Elle ne se fit pas prier et grignota un biscuit à la cannelle avant de serrer une tasse tiède entre ses paumes froides. Le liquide sentait bon les épices et elle soupira d’aise.
« Ma foi, très bien ! Je dirai même beaucoup mieux, » rectifia-t-elle. « Lord Velaryon est également ici. Peut-être l’avez-vous aperçu ? Il est avec son cousin. »
De se souvenir que son époux avait tenu à l’accompagner laissa irradier une douce chaleur dans sa poitrine. Elle se sentit presque rosir et elle se dépêcha de boire son thé - si c’était bien de thé dont s’agissait - pour masquer son embarras d’adolescente. Finalement, elle se brûla la langue, mais se força à déglutir et les larmes lui montèrent aux yeux.
« Attendez un peu… » toussota-t-elle en pointant la tasse du doigt. « Mais où en étions-nous… Ah ! Monterys se porte comme un charme. Il est toujours aussi turbulent… J’essaie, en vain, de l’initier aux joies de la lecture… »
Entre deux mots, elle reprit un gâteau.
« Et vous ? Il faut tout me raconter. Et le Roi Rhaegar ? Et… le Prince Aegon ? Monford est revenu bouleversé… Cette bataille a été effroyable, n’est-ce pas ? »
Quelques jours après son retour dans son fief, lord Velaryon avait fini par s’ouvrir à son épouse sur ce dont il avait été témoin dans le Nord. Vaelle - en dame délicate - en avait été toute chamboulée. Mais ce qui la troubla plus encore fut la résurrection incroyable du fils du Roi… De penser que le jeune homme qu’ils avait accueilli durant de longues semaines à Lamarck était mort avait été un choc en soit. Mais de s’imaginer qu’il s’était arraché à l’Étranger… par la force d’un autre dieu pour couronner le tout !
« Je parle beaucoup, » sourit-elle. « Il faut m’excuser, mais voyez-vous… Je suis tellement heureuse de vous voir. »
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L’arrivée de la Reine et du prince sembla avoir eu un effet positif sur la jeune femme à qui il rendaient visite. Cela faisait bien des lunes qu’Alyria et Vaelle ne s’étaient vues et encore bien plus qu’elles n’avaient pu échanger. Ces derniers temps, le monde semblait comme s’écrouler alors que la victoire contre les Marcheurs Blancs était désormais connue de toutes et tous. D’autres ombres au tableau étaient apparues comme les rumeurs entourant Aegon, la santé du roi mais également le retour de Viserys. Nul doute que les deux couronniennes viendraient à en parler au cours de leur courtoise discussion entre amies. Pour l’instant, Vaelle était plus subjuguée par la présence du jeune prince qui faisait là son timide. Il ne connaissait pas encore lady Vaelle. Il n’était encore qu’un bébé la première qu’ils se sont rencontrés. L’enfant avançait doucement mais sûrement vers ses trois ans. Il marchait plus ou moins bien, commençait à former des mots, apprenait l’étiquette entre autres choses. Il était encore très jeune mais semblait assimiler ce que sa mère lui inculquait comme leçons, valeurs et morales. Aerion était intelligent et curieux. La reine ne doutait pas qu’il ferait un grand roi un jour mais priait pour que son heure ne vienne pas trop précocement. Il était là bien trop jeune pour régner et si le roi venait à mourir maintenant, cela offrirait une porte ouverte aux avides et perfides dont font partis le prince Viserys sur le retour.
Après le passage éclair de lady Aemme qui vint apporter quelques victuailles bien méritées, la reine entama ainsi la conversation, laissant le jeune prince demeurer à ses côtés. Il ne cessait d’observer la jeune et jolie couronnienne. Si d’habitude il vadrouillait lorsque sa mère était en entrevue, là, il était plus réservé, restant près d’Alyria. De son côté, Vaelle se servit en gâteaux et boisson avant de répondre à la reine. Quel plaisir de la retrouver ! Alyria était aux anges. Elle avait, elle aussi, vécu bien des lunes longues et ennuyeuses. Heureusement, elle avait ses dames de compagnie à ses côtés. Elles avaient été d’une grande aide à Peyredragon où l’attente était insoutenable. Elle fit non de la tête alors qu’elle mentionnait la présence de lord Velaryon qui était, semble-t-il, avec son cousin. Elle devait sans aucun doute parler de ser Jacaerys. Elle n’avait pas eu le plaisir de croiser le mari de Vaelle avant sa venue jusqu’ici. Laissant son amie reprendre ses esprits et poursuivre, Alyria prit à son tour un gâteau puis quelques gorgées d’une délicieuse infusion qu’elle avait spécialement demandé pour cette rencontre. La pauvre semblait s’être brûlée et voyant qu’elle ne demandait qu’un peu de patience, Alyria n’en fit rien. Vaelle reprit alors de plus belle, confiant qu’elle tentait d’initier son fils à la lecture. Là n’était pas une mince à faire, la reine pouvait en convenir elle-même.
- Je n’en suis pas encore là pour Aerion mais je n’ose imaginer ce que cela sera. Là, il fait son timide mais il est plus de nature intrépide et parfois, turbulent. Mais c’est un amour. Tout comme votre Monterys, à n’en pas douter.
Alyria afficha un large sourire en direction de son amie, partageant là une pensée pour le jeune Monterys qui était bien plus vieux que ne l’était Aerion. Le jeune couronnien allait dans sa dixième année si la reine se souvenait bien. Deux gâteaux plus tard et la conversation bifurqua sur la guerre. Cela était inévitable. Le chapitre venait tout juste de se clore. Si la bataille s’acheva près de quatre lunes plus tôt, les hommes avaient bien du temps à rentrer puis il y avait l’hommage la lune passée avant que la reine elle-même ne se rende dans son fief natal pour honorer la mémoire de son frère, tombé au combat. Le chagrin était encore bien présent mais elle ne le laissait plus la dominer. Elle reporta son attention sur son amie, calmant alors son émotion grandissante. Elle demanda des nouvelles d’Aegon, ayant entendu comme tout le monde le témoignage de ceux qui l’avaient vu mourir puis retrouver la vie, de Rhaegar également, la santé fragile du roi n’étant pas un secret d’état. Puis, la jeune femme s’excusa de trop parler. Quelle idée. Alyria fit un geste de la main pour l’arrêter et lui adressa un nouveau sourire.
- C’est un sentiment que je partage, lady Vaelle. Je suis toute aussi contente de vous voir après tout ce qui a pu se passer ces dernières lunes. Ne vous excusez pas de parler trop, je me verrais dans l’obligation de vous présenter des excuses car je parle peu.
La reine laissa échapper un petit rire avant de reprendre son sérieux. Elle but une nouvelle gorgée d’infusion, s’éclaircit la gorge puis reprit d’une voix douce.
- Je dois bien reconnaître qu’avant le retour de mon époux, le roi, les jours étaient difficiles. L’attente de son retour fut interminable et lorsque ma fille, la princesse, m’a fait parvenir la nouvelle de la victoire et de son retour, je vous laisse imaginer avec quelle joie et empressement je rentrai à Port-Réal. Le roi me parut éreinté, comme tous nos hommes, encore marqué par ce qu’il avait vu et combattu dans le Nord. Nos prières envers le Guerrier n’ont pas été vaines. Elles ont permis à nos hommes de vaincre ces immondices d’au-delà du Mur.
La reine s’interrompit, prenant une nouvelle gorgée. Un petit croc dans un gâteau et la voilà repartit de nouveau, s’adressant à lady Vaelle, les yeux dans les yeux, un sourire moins prononcé sur les lèvres alors qu’elle était sur le point de mentionner les dires autour d’Aegon.
- Vous n’êtes pas sans savoir que le prince Aegon semble avoir péri dans la bataille mais que l’intervention d’un prêtre rouge l’ait ramené à nous. J’ai moi-même encore du mal à réagir face à cette réalité mais il semblerait que cela se soit passé ainsi. Comment ne pas y croire alors même que les dragons refont surface et les Marcheurs Blancs ne sont pas une légende.
Alyria semblait bien perturbée par ses propres mots. Ce qui était arrivé à Aegon, cet enfant qu’elle considérait comme son fils au même titre que la princesse Rhaenys, était inconcevable, incroyable, relevait du miracle. Elle n’arrivait pas à l’expliquer et cela s’en ressentait. Sa voix s’était quelque peu mise à trembloter alors que ses pensées se dirigeaient naturellement vers son frère. Lui avait péri mais n’était pas revenu. D’autres avaient péri mais n’était pas revenu. Aegon avait été choisi par ce dieu de la Lumière. Alyria ne faisait qu’interroger les Sept dans chacune de ses prières, tentant alors de comprendre s’ils étaient eux aussi intervenus dans la résurrection d’Aegon. C’était là une problématique sur laquelle elle ne comptait pas trop s’attarder. Elle ne voulait guère se laisser submerger par quelques émotions devant son amie. Elle plongea alors ses lèvres dans le liquide chaud que contenait sa tasse. Cette nouvelle année marquait certes une nouvelle ère mais à mesure que le temps avançait, la reine n’était plus sûre que cette ère s’ouvre sous de bons auspices.
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Alyria Targaryen & Vaelle Velaryon
Alors que les mots de Vaelle jaillissaient de sa bouche plus vite qu’une rivière s’échappant de la glace au printemps, la reine l’écouta patiemment, avec toujours le même air de bonté délicate sur ses traits. Pas une seule fois elle ne l’interrompit. Et pas une seule fois le gentil sourire qui animait ses lèvres ne disparut. Comme il était agréable d’être écoutée ! Parfois - souvent - Monterys faisait mine d’être attentif - et à raison - alors qu’il songeait à sa prochaine escapade en mer. La valyrienne savait bien qu’elle ne trouverait pas, ou peu, de retours de lui. Pourtant, sa mère s’obstinait alors à lui remplir la tête de phrases compliquées dont il n’avait que faire. Il était comme son père et leurs centres d’intérêts divergeaient. Alors, à la parole s’était ajoutée la plume et elle avait trouvé en Talya Martell une confidente salvatrice pour la sauver de l’ennui des longues nuits d’hiver… Qui aurait cru que cette connaissance rencontrée par hasard au tournoi de Lestival deviendrait une des femmes qu’elle tenait le plus cher à son coeur ? Elle lui avait tant raconté durant ces atroces lunes…
Aerion, s’agitant toujours près des jambes d’Alyria était, quant à lui, bien sage. Vaelle, si elle n’avait pas été mère, aurait eu du mal à croire les mots de l’épouse de Rhaegar. Elle acquiesça vivement, la porcelaine de la tasse caressant toujours ses lèvres roses.
« Lorsque le moment viendra, ne me demandez pas de conseils ! » rit-elle.
Vaelle n’était pas sotte. Elle savait bien que les yeux jeunes, mais déjà fatigués, de son fils n’aidaient pas à lui faire apprécier les richesses des lignes manuscrites. D’ailleurs, pour avoir tenu à lui apprendre elle-même la lecture, elle s’était rendue compte de cette lacune avant le mestre et avait versé bien des larmes d’inquiétude, craignant que cette faiblesse de se transforme en cécité. Heureusement, grâce aux prières adressées aux Sept et au bon soin de l’homme de science des Velaryon, son état demeurait stable et sa vision n’influençait en rien sa vigueur et sa bonne santé.
Cela ne l’empêchait pas de se désoler du manque de curiosité intellectuelle du petit héritier. Enfant, elle passait ses journées recluses à s’imaginer des mondes incroyables grâces à ses livres d’Histoire… Mais enfin, elle n’avait jamais été un petit garçon intrépide, elle.
La née-Farring balaya ses excuses d’un revers de main et Vaelle se sentit soulagée. On lui avait tant fait la remarque de trop parler ! Mais visiblement, cela ne l’arrêtait guère. Bien sûr que la reine parlait peu… elle monopolisait la parole !
Pourtant, une fois les mots sortis, comme un poids que l’on tenait depuis longtemps sur les épaules et dont on se débarrassait enfin, l’épouse de Monford se sentit plus légère et se calma enfin. À moins que cela ne soit le thé ? Le fait était qu’elle s’installa à nouveau confortablement au fond du sofa - elle s’était inconsciemment avancée jusqu’au bord - pour écouter son amie parler.
Elle hocha gravement la tête à chacune des inflexions pleines de sentiment de sa voix. Car ce qu’elle décrivait, elle l’avait également vécu. Comment ne pouvait-elle pas comprendre la solitude, la peur et l’appréhension ? Son sourire sa fana un peu et elle marqua un silence, interrompu par quelques déglutitions de thé et la voix marmottante d’Aerion qui semblait leur répondre dans un langage encore enfantin.
La mention du prêtre rouge fit s’interrompre Vaelle dans la dégustation de son troisième gâteau. Monford lui avait raconté la même chose… Et cela la troublait. Car un autre dieu que les Sept avait accompli un miracle, un miracle bien tangible. À moins que cela ne soit autre chose ? La jeune septa vindicative de Lamarck s’était profondément outrée des dires de Monford. Il ne faisait aucun doute qu’elle aurait été chassée si la maîtresse des lieux n’avait pas supplié son époux de la garder.
Fut-un temps où la curiosité et la docilité de Vaelle aurait pris le pas sur elle et peut-être aurait-elle suivi son époux vers cette autre religion inconnue, barbare, mais fascinante, il fallait bien l’admettre… Mais les Sept lui avaient été d’un tel réconfort, d’une telle compagnie… Et ils avaient si bien entendu ses prières qu’elle ne pouvait se résoudre à leur tourner le dos. Dans son esprit, un tel acte s’apparentait à de la trahison. Et elle en était tout bonnement incapable.
« Comment va-t-il, maintenant ? » s’inquiéta-t-elle. « Est-il profondément troublé ? »
Aegon avait été sauvé par son dieu et cela, en revanche, personne ne pouvait en douter.
« Le saviez-vous ? Le miracle a tant touché Monford qu’il a rejoint le culte du Dieu de la Lumière… Mais je ne peux m’y résoudre. Sur le moment, il en a été un peu courroucé. »
« Comment ? » lui avait-il dit. « Comment pouvez-vous nier ce que je vous raconte ? Il est mort et il est revenu à la vie grâce à un prêtre rouge ! Pas de septon, ni de septa, ni d’Étranger… Cela ne vous suffit pas ? » Mais Vaelle s’était entêtée et, malheureuse de s’opposer ainsi à lui, avait manqué de fondre en larmes. Alors, il avait fini par la laisser tranquille.
« Qu’en pensez-vous ? » finit-elle par lui demander. « De ce dieu, de ces dragons… ? »
« De Viserys ? » C’était ce que demandait sa question laissée en suspens, flottant dans l’espace sans trouver de point final. Pourtant, elle ne se résolut pas à la poser.
« Et je manque à tous mes devoirs ! Quelle sotte, quelle insensible ! » s’exclama-t-elle soudain.
D'émotion, elle manqua presque de renverser sa tasse.
« Je suis profondément navrée pour votre frère… Monford m’a mise au courant. Sachez que je suis là et que j’écouterai, peu importe si vous souhaitez partager votre peine maintenant ou dans dix lunes. »
Elle finit par délaisser son thé, l’abandonnant - encore fumant - sur le guéridon à sa gauche pour tapoter gentiment la main de son amie. Vaelle avait eu le bonheur de voir tous ses proches rentrer. Monford, son oncle… Parfois, toute tête en l’air qu’elle était, elle en oubliait que certains n’avaient pas eu cette chance.
Dans l’air, flottait l’odeur suave de la cannelle, des épices et le lourd parfum de tristesse qui émanait de la reine.
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3e Dracanniversaire
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Gods and Kings – Part 1
- Fire & Blood -
Lady Vaelle Velaryon était une amie chère à la reine Alyria, une amie comme elle avait eu peu dans sa vie. Bien sûr, elle en avait eu çà et là quand elle était dame de compagnie de la princesse Rhaenys ou au sein même de ses dames. Elle ne pouvait nier les liens forts qu’elle avait avec lady Taena ou encore lady Aemma. Seulement, de véritables amies comme lady Vaelle, elle pouvait les compter sur les doigts d’une main. Elle ne savait pas pourquoi elle en avait si peu, peut-être était-ce à cause de son statut de reine. Cela pouvait en rebuter certaines ou en effrayer d’autres, qui sait ? La reine s’en moquait bien. Elle profitait de chaque instant avec ses dames et de chaque instant avec celle qui venait lui rendre visite comme lady Vaelle en ce jour. Alors que le jeune Aerion s’occupait dans son coin, la reine entra dans le vif du sujet. La bataille de Winterfell. Le retour du roi. Les dires sur Aegon. Il ne manquait plus que la mort de son frère, le retour des dragons et celui de Viserys et la boucle était bouclée. Pour le coup, Vaelle était silencieuse et attentive. La reine parlait, partageait ses sentiments avant l’annonce du retour du roi. Elle s’en souvient encore aujourd’hui de ces longues nuits à Peyredragon partagées entre cauchemars et inquiétudes. Ces deux lunes avaient été longues, très longues et Alyria ne crut jamais qu’elles finiraient. La lettre de Rhaenys, elle l’avait gardée, précieusement la plaçant avec d’autres correspondances chères à son cœur qu’elle gardait dans un secrétaire dans ses appartements. Elle mentionna bien sûr la mort puis la résurrection de son fils, récit qui avait fait le tour de Port-Réal en moins de temps qu’il ne faut pour dire Targaryen. La reine ne savait vraiment pas quoi penser de tout cela. Aegon avait été sauvé par son dieu comme le disait sa comparse mais les Sept n’y avaient-ils pas mis du leur dedans ? N'étaient-ils pas intervenus ? N’avaient-ils pas permis ce retour ? Plongée dans ses pensées, Alyria se persuadait que si tandis que lady Vaelle lui demandait comment se porter le prince.
- Pour être tout à fait franche avec vous, il ne sera plus jamais comme avant. Il semble très éprouvé par tout cela… Au moins, il est… en vie.
Alyria ne fit même pas attention à la réflexion que lady Vaelle avait lâché ensuite, trop concentrée sur ses pensées et questionnements quant à ce miracle qui avait touché son fils de cœur. Elle revint soudainement dans la conversation lorsqu’elle lui demanda son avis sur ce dieu de la lumière et le retour des dragons. Buvant une gorgée de thé avant de lui répondre, la reine ne put le faire, lady Vaelle reprenant expressément la parole pour présenter des excuses. Elle mentionna alors la mort d’Anton et il fut bien difficile pour Alyria de contenir l’émotion qui monta d’un cran directement à la mention de son frère. Anton Farring était un homme bon, valeureux et bienveillant. La reine avait encore du mal à faire face à la mort de son frère, une mort honorable au combat. S’éclaircissant la gorge, prenant une bonne gorgée de thé, elle calma son émotion, afficha son sourire et répondit à son amie.
- C’est une perte inconsolable...
Alyria se tut, marquant une pause, ravalant un sanglot, ravalant ses larmes. Gardant son sourire, bien qu’il lui fut difficile, elle vit alors son jeune fils venir près d’elle. Elle lui embrassa le front puis revint vers son amie.
- Je ne vous cache pas qu’il est encore… difficile pour moi de penser ou de parler de cette perte. Mon frère et moi étions si proches. Nous nous écrivions régulièrement et cela… va énormément me manquer bien sûr.
Alyria se tut de nouveau. L’émotion était définitivement trop forte et elle laissa échapper une larme par mégarde. Elle sortit alors un mouchoir qu’elle apposa délicatement sur le coin de son œil. Elle adressa un nouveau sourire à son amie et but une nouvelle gorgée de thé, demeurant pour le moment silencieuse. Il lui fallait du temps pour calmer son esprit, laisser ses pensées pour son frère de côté et se concentrer sur la présence de son amie. La reine ne pouvait se laisser aller à quelques émotions que ce soit en présence d’une invitée.
#663300 : Alyria Targaryen
@Vaelle Velaryon
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Aux rêves inexaucés
An 303, lune 3, semaine 1
Alyria Targaryen & Vaelle Velaryon
Ce fut en la posant, en écoutant les mots sonner à ses oreilles, que Vaelle se rendit compte de l’absurdité de sa propre question. Aegon était mort et avait été arraché aux limbes de l’étranger - ou quel que soit le nom que les adorateurs de R’hllor donnait au monde des trépassés et du souvenir -… Bien sûr qu’il devait être confus ! Pareille expérience ne pouvait s’accepter comme un premier voyage en bateau. Pourrait-il jamais se faire à l’idée ? S’y habituer comme on s’habitue au lever et au coucher du soleil ? Probablement pas. Qu’avait-il vu ? Ressenti ? D’autres questions - plus censées cette fois, elle croyait - lui brûlaient les lèvres, mais elle se mordit la langue pour les tenir prisonnières derrière ses dents. Non seulement elles étaient inappropriées, mais la Reine était en proie à un émoi tout particulier que la curiosité mal placée de la Velaryon aurait pu bousculer.
Elle acquiesça avec une gravité inconnue sur son visage poupin. Cet air de sérieux était risible. Un peu comme si une poupée toujours souriante se prenait à faire la moue. Elle tapota à nouveau gentiment le dos de la main d’Alyria, maigre, mais un des seuls réconfort dont elle était capable.
« L’inverse aurait été surprenant… » concéda-t-elle. « Vous avez raison, il est en vie et c’est tout ce qui importe. L’amour de son épouse, le vôtre, celui de sa famille et le temps ne pourront qu’apaiser ses tourments. »
Monford lui avait dit un jour que pour les hommes les plus atteints, touchés dans leur chair par la guerre, mieux valait la mort que la vie. Il lui avait dit qu’ils étaient alors plus des fantômes faits de peau et d’os, muets et livides qui ne vivaient plus qu’en décalage. Que le traumatisme était tel que le moindre geste leur semblait vide de sens. Que la moindre parole était vaine. Et que toujours, dans leur tête, les images glaçantes des batailles se jouaient sans arrêt, peintes de rouge, de noir et de blanc.
Son épouse ne parvenait pas à comprendre comment la mort pouvait être préférable à la vie. N’était-ce pas ce pour qui il s’était battu dans le Nord ? Et la mort était si glaçante, si définitive… Non, vraiment, mieux valait vivre. On se laissait une chance d’aller mieux. De tourner la page. Peut-être le suicide de son père encourageait-il une telle réflexion. Mais Vaelle ne préférait pas y songer.
L’épouse du Roi, quant à elle, était toute à sa réflexion. Les yeux perdus dans le vague elle dérivait, loin, entre le bleu du ciel et l’azur de l’eau, voguant sur des réflexions qu’elle était la seule à connaître. Lady Velaryon fut tentée de lui tapoter un peu plus fort la main pour la ramener à elle.
Aerion tira légèrement sur sa robe en se retournant. Alyria papillonna des paupières et reprit une gorgée de thé. Mais l’occasion d’élaborer une réponse était déjà passée car la valyrienne profita de ce moment au creux de la vague pour présenter ses condoléances.
Son amie sourit et dans ce sourire elle entraperçut toute la peine et le chagrin qui l’habitait depuis l’annonce de cette terrible nouvelle. Malgré ses lèvres ourlées en demi lune, les commissures tombaient légèrement, comme des gouttes de pluie qui chutaient inexorablement. Au coin de ses yeux, les rides d’avoir trop pleuré s’affichèrent, discrètes, mais bel et bien présentes.
Vaelle n’était pas proche d’Aemond comme la reine l’était avec son frère. Ils avaient eu leur différends. Ils les avaient toujours, d’ailleurs. Mais Vaemond était l’unique famille qui lui restait. Certes, leur grand-père était encore en vie, mais la jeune femme avait renoncé depuis belle lurette à lui parler. Aussi, elle se doutait que perdre son frère aîné serait vécu comme une catastrophe. Du moins, c’était ce dont elle se persuadait.
Un baiser posé sur le front blond du fils et des larmes ravalées, bloquant la gorge comme un noeud de marin, et Alyria reprit difficilement la parole. La mère de Monterys demeura silencieuse, les mains serrant celles blanches de son amie.
« N’ayez pas honte de pleurer devant moi ! » l’encouragea-t-elle en voyant la Reine détourner le visage pour essuyer la perle qui roulait sur sa joue. « Nous sommes des femmes, pas des statues de pierre. »
Prise à son tour par l’émotion de la née-Farring elle se rapprocha d’elle sur le sofa et coinça son bras sous le sien.
« Allons, allons, pour vous aussi, le temps ne pourra qu’apaiser vos tourments. Il ne faut pas chercher à vouloir aller mieux tout de suite. C’est impossible. Et surtout, c’es très normal d’être malheureuse. »
Elle étira son bras droit pour se saisir d’un des derniers gâteaux au citron qu’elle déposa dans la paume de l’épouse Targaryen.
« Tenez, mangez donc. Ça n’enlèvera pas la peine, certes, mais ils mettent du baume au coeur. »
Face au chagrin de la perte de sa mère, la nourriture avait été d’un grand réconfort pour la née-Celtigar… Peut-être un peu trop, d’ailleurs. Mais enfin, un biscuit ne pouvait pas faire de mal.
« Souhaitez-vous que nous parlions d’autre chose, peut-être ? » lui demanda-t-elle. « Moi qui souhaitait vous voir pour vous remonter le moral, me voilà bien gourde. »
DRACARYS