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Chase the blue star in the rider's eye {FB / Brandon}

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Chase the blue star in the rider's eye

« Winterfell, Bois sacré
302, lune 13, début de semaine 3 »

Le grand départ approchait. Le mestre avait enfin juger la blessure de Lucas suffisamment guérie pour qu’il puisse entreprendre son voyage jusqu’aux confins du Conflans. Quant à la demeure des Stark elle avait retrouvé un semblant de calme qui permettait enfin à Lady Catelyn et à son deuxième fils de profiter vraiment de leurs derniers moments ensemble, afin qu’il soit envisageable de discuter du départ. Dans moins d’une semaine à présent, ils seraient partis, Bran devrait laisser derrière lui sa demeure ancestrale et plonger dans l’inconnu avec lui pour seul repère, ce grand dadet qu’il n’avait vu qu’à une poignée d’occasions. Il avait bien vu la lueur aventureuse dans son regard, mais il n’en demeurait pas moins un jeune garçon qui quittait ce qu’il avait connu durant toute sa vie, y compris l’étreinte réconfortante et sécurisante qu’offraient les bras d’une mère aimante. Si Marianne saurait faire de son mieux pour palier ce dernier manque, cela ne pourrait pas se faire avant plusieurs semaines de voyage. Alors le Nerbosc s’évertuait simplement à passer un peu de temps, chaque jour, avec son nouvel écuyer, pour qu’ils se familiarisent l’un à l’autre du mieux qu’ils le pouvaient avant le départ.

À la recherche du jeune garçon, on lui indiqua rapidement que Bran s’était rendu dans le Bois Sacré. Le chevalier aux Corneilles remercia son interlocuteur et s’aventura d’un pas tranquille dans les jardins de Winterfell, emmitouflé dans sa veste hivernale. Il boitait légèrement, pas tant que sa jambe le faisait terriblement souffrir, mais il cherchait à l’épargner au possible et cela lui donnait une allure peu glorieuse, il fallait bien le reconnaître. Enfin arrivé aux niveaux des arbres sacrés, Lucas fut surpris de ne pas voir le visage enfantin du Stark, il dû finalement lever la tête jusqu’aux premières branches pour y trouver Brandon appuyé au tronc, pensif. Lucas se racla la gorge afin d’annoncer sa présence puis attendit une réaction de sa part avant de prendre véritablement la parole. “Permets-tu mon intrusion ?” lui demande-t-il aimablement, un sourire aux lèvres. Il n’allait pas risquer à s’asseoir tant qu’il n’avait pas son accord, se relever rapidement lui demanderait trop d’efforts. “Comment te sens-tu Bran ?” osa-t-il néanmoins poursuivre en faisant un petit pas de plus en sa direction. Si son épouse serait bien plus maternelle que lui à son égard, démonstrative très probablement, cela ne voulait nullement dire que Lucas ne se soucierait pas sincèrement du bien-être du Petit Loup, bien au contraire. Il n’avait qu’une envie, que Bran se sentent chez les Harlton et les Nerbosc comme dans une deuxième famille, comme lui l’avait vécu à Harrenhal chez les Whent toutes ces années auparavant.
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Brandon Stark
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« Winterfell, Bois sacré
302, lune 13, début de semaine 3 »

D’ici peu, Bran allait devoir quitter son foyer, sa famille, les bras de sa mère pour accomplir son destin. Il le savait, que ce jour fatidique approchait à grand pas alors que la bataille s’était achevée. Ses jours ici étaient comptés et c’était souvent le cœur gros qu’il parcourait les longs couloirs de Winterfell. Il songea alors à tous ses moments passés en compagnie de ses frères et sœurs. A se chamailler, à se courir après. Des enfantillages qui paraissaient si loin. Les rires et les sourires avaient laissé place à un calme déroutant. Arya n’était pas là et reviendrait qu’après son départ, donc trop tard. Robb était en convalescence. Partir dans un tel climat ne le ravissait pas, il avait la désagréable sensation de les abandonner alors qu’ils avaient besoin de lui. Le château avait connu de lourds dégâts, probablement les gardera-t-il pour toujours. La Longue Nuit ne devait pas être oubliée par les Hommes. Ce soir-là, tous s’étaient unis pour affronter la Mort et avaient oublié les querelles d’antan. Cette harmonie n’était plus désormais que le soleil était revenu. Bien que pour l’heure, il y avait surtout le flot discontinu de blessés partant pour diverses directions. Les morts eux avaient été brûlé. Des centaines, des milliers. Bran avait pu assister à la scène, du haut d’une muraille. L’odeur de sang ne cessait de maltraiter son odorat alors que ses yeux regardaient la fumée qui s’élevait dans le ciel, comme les âmes de ces pauvres malheureux. Le spectacle devint rapidement insoutenable pour lui et il descendit, allant se réfugier dans sa chambre, en larmes. Il n’était pas prêt à faire face à autant d’horreur. Le jeune écuyer savait aussi qu’il avait échappé de peu à la mort et aurait pu terminer sur ses buchers. Sentant son désarroi, son loup se glissait dans son lit à ses côtés.

Après s’être remis de ses émotions, le jeune garçon décida de se rendre au Bois Sacré. Là, il saurait trouver un peu de sérénité, loin de l’effervescence du château. Entre les blessés graves et légers, il y avait de quoi faire. Toute cette agitation ne lui plaisait pas. Ici, il se sentait mieux, au calme pour réfléchir. Il se demandait ce qui l’attendrait dans le Conflans. A n’en point douter que la famille Nerbosc allait l’accueillir chaleureusement. Les quelques moments passés en compagnie de Lucas lui avait permis de se rendre compte que le chevalier était sympathique. Ils auraient tout le temps de se connaître. Dans son perchoir, il n’entendit même pas ce dernier arriver, et fut notifié de sa présence que lorsqu’il se racla la gorge pour prendre la parole. Aussitôt, le jeune Stark tournait le visage vers lui, un léger sourire aux lèvres tandis qu’il se redressait, étant un peu avachit. « Ser Lucas. Bien sûr. Vous êtes toujours le bienvenu. » Il se rappelait que sa mère avait dit ça aux propos des Nerbosc. Les deux familles entretenaient d’étroites relations et ce n’était sûrement que le début. « Ça va merci. C’est plutôt à vous qui faudrait le demander. » Après tout, Lucas avait été sur le champ de bataille, face aux Marcheurs Blancs. Bran ne les avait qu’aperçu et heureusement car ces créatures continuaient de le hanter. Eté s’approcha du conflannais, curieux d’en savoir plus. L’animal se permit même de se placer aux pieds de Lucas pour le sentir. Cela ne manqua pas de faire sourire son maître. « Eté semble déjà vous apprécier. » Le loup relevait alors le museau pour l’observer, visiblement pour réclamer une caresse. Enième preuve qu’il avait confiance.
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Lucas offrit un doux sourire à Brandon qui faisait preuve d’une grande politesse. Il s’avança un peu plus vers le jeune Stark, avant de prendre appui sur une épaisse branche de l’Arbre Sacré, permettant ainsi de soulager un peu sa jambe. Le Nerbosc émit un petit rire avant de répondre au garçon. “Il va falloir que tu cesses de me vouvoyer Bran. Tu me donnes l’impression d’avoir le double de mon âge.” Il rit à nouveau. Après tout, il avait vouvoyé Walter Whent pendant un moment, impressionné par son rang et sa stature, pouvait-il vraiment blâmer son jeune écuyer de se retrouver dans la même position aujourd’hui ? Ils ne se connaissaient finalement que peu. Avec un regard pour lui, Bran s’inquiéta de sa jambe. Le chevalier à la Corneille massa délicatement la zone blessée de sa cuisse, serrant les dents là où la plaie était en train de cicatriser. Puis il releva ses yeux verts sur le jeune Stark et étira ses lèvres dans un sourire rassurant. “Je survivrais. Je ne vais pas te mentir, ça picote un peu, mais rien d’insurmontable.” Finalement, la pression psychologique qu’il avait vécu dans les geôles de Pyk avaient été plus dures et plus violentes pour lui. Ici la blessure était visible, la douleur était palpable. Hormis les monstres qu’ils avaient affrontés, tout avait plus de sens et c’est pourquoi il le vivait bien que sa dernière bataille. “Mais ça n’est pas moi qui quitte la demeure familiale pour voyager à des centaines de lieues de là. Au contraire, je retourne chez moi, je vais retrouver mon épouse et ma fille. Ma cuisse peut bien tenter de me faire souffrir, ça sera le dernier de mes soucis.” expliqua-t-il calmement. Comme Été s’était approché de lui pour lui renifler calmement les bottes, Bran ne put que commenter l’acceptation du grand loup. L’émissaire du Conflans avait conservé un sourire sur son visage mais il était surtout concentré. Il veillait à ne pas faire de mouvements brusques en présence de l’animal habituellement sauvage. Côtoyer Lady et Sansa l’avait un peu habitué à une telle présence, mais Lucas n’était pas complètement insensé pour autant. Des accidents pouvaient toujours arriver. “Me voilà rassuré." dit-il avec un rire gêné avant de reprendre. “Il doit sentir que sa sœur m'apprécie déjà… Je ne me trompe pas ? Tous vos loups viennent de la même portée, c’est cela ?” l’interrogea-t-il, tandis qu’il tendait une main ouverte, tout doucement, en direction d’Été afin qu’il le renifle et se rassure quant à ses intentions. Quand l’accord silencieux fut passé entre eux, Lucas se permit de le caresser entre les oreilles, vigilant quant aux réactions du loup. Il ne s’attarda cependant pas dans l’activité, préférant reprendre sa conversation avec Bran. “Je me rappelle encore du jour de mon départ de Corneilla pour Harrenhal. J’étais à peine plus jeune que toi. Ma mère était enceinte d’Hoster, mais ça ne se voyait pas encore et elle ne me l’avait pas dit. J’étais terrifié à l’idée de ne plus la voir tous les jours. Que mon père et mon frère m’oublient. Que je sois remplacé par mes cousins et que je finisse oublié chez les Whent. Mais j’étais aussi excité à l’idée d’être initié à la chevalerie, ce qu’on ne voit pas tous les jours dans des familles des Premiers Hommes comme nous. J’avais hâte de me faire peur tout seul dans les couloirs mythiques d’Harrenhal. J’avais hâte de faire mes premiers exploits qui rendraient fière ma famille et leur rappeleraient mon existence.” Il fit une pause pour reprendre son souffle et laisser le garçon se projeter sur ses propres mots.


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Bran baissa un instant les yeux aux paroles de son mentor. Difficile était sa demande car il le respectait trop pour le tutoyer, marque trop familière. Ils ne s’étaient croisés que de rares fois, ce qui rendait la chose encore plus compliquée. Son père lui avait toujours enseigné la politesse, parfois à outrance mais il se devait de se comporter dignement, malgré son statut de quatrième fils. Contrairement à Robb, aucun grand destin ne l’attendait, outre ce dont il rêvait, ce titre de chevalerie. « Je vais essayer Ser. » Un léger sourire amusé, il comprenait plus que jamais le besoin du Nerbosc de se rajeunir, le vouvoiement pouvant aisément rajouter des années. Mais comment pouvait-il tutoyer quelqu’un qui lui inspirait autant d’admiration ? Autant de fascination ? Pour avoir affronté ces créatures, il avait toute sa reconnaissance. Et celle de l’humanité toute entière, mais beaucoup l’oublieraient d’ici quelques lunes. Ses opales inquiètes se posaient sur la cuisse responsable de la douleur du chevalier. Un bien maigre tribut comparé aux blessés dont les blessures étaient terriblement plus graves. Certains n’allaient pas passer la nuit, quittant ce monde dans d’atroces souffrances. Probablement était-ce pour cela que le jeune loup s’était réfugié au Bois Sacré, un endroit calme où l’on se rendait pour prier. Un sourire de circonstance étirait ses lippes, tâchant de dissimuler sa nervosité, et surtout le fait qu’il touchait un point sensible : son départ prochain. Dire adieu à ce lieu l’ayant vu grandir. Là où il passait toute son enfance. Ce départ l’obligeait à tourner la page de l’enfance pour ouvrir celle de l’adolescence puis de l’âge adulte. Le cœur au bord des lèvres, le jeune garçon était ému à l’idée de ne plus pouvoir serrer dans ses bras sa mère, ou encore ses frères et sa sœur. « Père m’a appris à être courageux alors je lui ferai honneur. J’ai hâte de rencontrer vo… ta famille ! » Lâcha-t-il, cette fois plus enthousiaste, chassant rapidement ses idées noires. Ned Stark, lorsqu’il était vivant était un exemple à suivre, et même s’il avait rejoint les Anciens dieux, il se devait de suivre ses pas. Heureusement, Eté l’accompagnait, lui permettait de se rappeler d’où il venait. D’ailleurs, ce dernier semblait apprécier le conflannais qu’il laissa bien volontiers lui donner des caresses. Bran hocha la tête, les loups étaient des frères et sœurs, à l’image de leurs maîtres. « Oui, il doit reconnaître l’odeur de Lady. » Disait-il dans un sourire. C’était comme si les deux loups communiquaient à distance via ces odeurs. Quelque chose de beau finalement qui lui donnait du baume au cœur. La distance ne dissociait aucunement leur amour. Attendri par ce rapprochement entre son loup et l’émissaire des Nerbosc, il leva ensuite son regard sombre sur son interlocuteur. Celui-ci semblait plus que jamais comprendre les émotions le tiraillant, entre peur et impatience de faire ses preuves, de devenir quelqu’un. Il se languissait de découvrir le monde mais ne souhaitait pas non plus partir trop loin des siens, par crainte qu’ils ne l’oublient. Que son visage ne devienne qu’un vague souvenir. « Tu es resté longtemps chez les Whent ? » Il était intéressé par son récit et son histoire. Le tutoiement devenait presque naturel tant il avait la sensation d’être compris par le jeune homme. Il pouvait d'ailleurs remarquer que Bran s'était détendu, plus prompt à se confier, tout comme venait le faire Lucas. « Je…j’ai tellement hâte d’être aussi fort que toi. Et d’avoir autant d’exploits à mon actif ! » Il tendait les bras de manière théâtrale, avant d’arborer un air plus sérieux. « Mais c’est vrai que quitter Mère m’effraye. Et Rickon, se souviendra-t-il de moi ? » Pensif, il affichait une mine triste. « Arya m’a déjà dit qu’être chevalier, c’est un truc de sudiste, me verra-t-elle alors comme tel et non comme un Stark ? » Des questions stupides sûrement, mais preuves de ce qui l’accablait. Il était réellement assaillit par d’émotions contradictoires, et au vu de son jeune âge, les organiser s’avérait être un parcours du combattant.
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Lucas offrit un nouveau sourire à Bran, avant de baisser son visage, amusé par la réponse du jeune garçon. Il ne pouvait pas espérer une autre réponse. Il n’avait pas besoin d’exercer sa mémoire bien fort pour se rappeler lui-même du vouvoiement qui lui échappait constamment malgré les réclamations de Walter. Combien de fois s’était-il mordu la langue et avait-il provoqué les rires de son mentor ? Du nombre exact, il n’en avait aucun souvenir, mais il savait que c’était arrivé un tas de fois pendant les premières lunes. Et lorsqu’il avait enfin réussi à tutoyer Walter, c’était Shella puis Wynafrei qui avaient exigé cela de lui et l’exercice difficile avait repris. Sans compter les sentiments romantiques qu’il avait développés pour l’unique fille du couple Whent, malgré le fait qu’elle était son aînée de plusieurs années. Cependant, il était difficile de lui adresser la parole tout court sans bégayer, tutoiement ou vouvoiement. “Tu y arriveras avec le temps.” finit-il par dire en relevant son visage après son escapade nostalgique.

Le chevalier accepta ensuite de se confier honnêtement sur sa blessure et la douleur provoquée par celle-ci, mais il recentra rapidement le sujet sur ce qui l’intéressait vraiment : l’état d’esprit de son futur écuyer. Il était important pour lui qu’il puisse partir rassuré. Il savait que cela serait impossible pour lui de partir le cœur léger, il était bien trop proche de sa famille et de ses terres pour que cela soit envisageable, mais il ne voulait pas que le jeune Stark craigne son avenir dans le Conflans à ses côtés. Au moins ce dernier voulait se montrer brave et c’était tout à son honneur. Un nouveau sourire étira ses lèvres lorsque Bran buta sur les formules de politesse avant de se reprendre précipitamment. Il comprenait mieux les rires de Walter à présent. Mais le propos du garçon étaient sérieux alors il retrouva un air adéquat pour lui répondre. “Et grâce aux Anciens Dieux, il pourra le savoir.” dit-il avec douceur, tandis qu’il posait son bras avec respect sur le bois du vieil arbre sacré. Il se tut un instant, prenant une minute afin de prononcer une prière rapide pour son propre père. Tytos et Eddard étaient morts du même fléau : l’empoisonnement. Si la mort du Stark s’était faite lentement, dans l’agonie, celle du Nerbosc avait été fulgurante et bien trop publique. Il soupira doucement et rouvrit les yeux en ôtant sa main de l’écorce blanche. “Si ma fille est encore trop jeune pour appréhender la hâte de quelque façon que ce soit, je peux te dire que mon épouse, Marianne, a hâte de te rencontrer de son côté. Castel-Bois a été privé de vitalité et de jeunesse pendant bien trop longtemps. Il sera plaisant de voir ces lieux remplis de vie.” Au moment où il avait prononcé ses vœux, il aurait espéré qu’à cette époque Castel-Bois aurait déjà été rempli avec deux ou trois Harlton, mais les Dieux, Anciens ou Nouveaux, en avaient décidé autrement et il devait s’en satisfaire, se montrer patient.

Après quelques minutes consacrées au Loup qui s’était montré curieux quant à l’identité de leur nouveau compagnon, Lucas décida finalement de se confier sur sa propre expérience avec le statut d’écuyer, lorsqu’il avait l’âge de Brandon. Il voulait que le Jeune Loup sache qu’ils n’étaient pas si différents et qu’il avait connu ces sentiments-là lui aussi. Le chevalier aux Corneilles voulait que Bran sache qu’il pouvait se confier à lui sur ses émotions. Il fut ravi de voir son visage s’illuminer à son récit et les questions se précipiter sur le bord de ses lèvres. L’excitation faisait concurrence à la tristesse pendant un instant et c’était ce qu’il voulait. Lui rappeler qu’il y aurait du bon à ce départ. Et cela ne voudrait pas dire qu’il aimait moins sa mère ou sa fratrie. “Je suis devenu l’écuyer de Lord Walder au début de l’an 284 et j’ai été fait chevalier lors du tournoi de Port-Lannis qui a couronné de gloire Jorah Mormont, après la rébellion des Îles de Fer, en l’an 289.” Si le garçon n’était pas encore à ce moment-là, au moins connaissait-il Jorah Mormont et les conséquences de cette rébellion qui lui avait fait connaître Theon Greyjoy comme un frère. Son sourire se fit un peu plus gêné cependant lorsque Brandon commença à vanter sa force et ses exploits. Il n’était pas la plus belle lame du Conflans, ni même des Nerbosc. Brynden avait toujours était plus doué dans l’art militaire que lui. Il maniait mieux sa langue que son épée. Et il ne pouvait s’empêcher de penser à sa défaite à Salvemer, tout ce que cela avait entraîné. Non, il espérait que le jeune Stark n’ait jamais à vivre cela. Il ne devait pas totalement marcher dans ses traces. Et c’était soudainement une conviction viscérale qu’il lui faudrait le protéger et s’assurer qu’il ferait des choix raisonnables. Après tout les mots des Stark étaient ‘l’hiver vient’ et non pas ‘l’honneur plus cher que la vie’. Alors il se contenta de sourire et d’attendre la question suivante, qui ne tarda pas à venir. “Castel-Bois est certes plus éloigné de Winterfell que ne le sont Corneilla et Harrenhal, mais de par mon statut d’émissaire, nous serons amenés à voyager, à nous rendre dans des événements auxquels des membres de ta famille participeront également. Si je ne me trompe pas, ton frère épousera sa fiancée d’ici quelques lunes, nous pourrons revenir à cette occasion. Je te promets que je ne laisserais pas l’occasion à ton frère d’oublier ton visage. Ca n’est pas la conception de la famille que nous avons chez les Nerbosc, ou chez les Harlton.” Puis il ne put s’empêcher de retenir un rire en entendant la remarque d’Arya. Du peu qu’il avait vu de la petite sœur de Sansa, et de ce qu’il avait entendu d’elle de par son aînée, il savait qu’elle avait un caractère bien trempé et semblait plus intéressée par les activités habituellement réservés aux garçons qu’aux dames de son rang. “Peut-être est-elle simplement jalouse de ne pas pouvoir vivre une telle aventure ? Il est vrai que le titre de chevalier est associé à la religion des Sept plutôt qu’à celle que nous pratiquons, mais il existe toujours des exceptions. Ce qui importe, ce sont les vœux du chevalier. D’être brave, d’être juste, de défendre le faible et l’innocent. Est-ce que ce sont des choses qui te semblent être réservées aux sudistes comme le dit ta sœur ? Et qui ne devraient pas exister chez les Premiers Hommes, Chez les Stark ?” Il offrit un sourire encourageant à Brandon.
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Tant de nouveautés s’offraient à lui. Entre craintes et doutes, le jeune garçon tâchait tout de même de garder le positif. Il allait découvrir d’autres paysages, d’autres cultures que celle du Nord et pour cela, c’était la chance de sa vie. Et surtout, à l’issue de cette longue formation, il obtiendrait ce statut qu’il désirait tant : chevalier. Bercé par toutes les histoires épiques, il désirait lui aussi y prendre part à sa façon. Et surtout aider son frère, être le bras armé dont il avait besoin. C’était bien tout ce qu’il pouvait imaginer, lui, le fils destiné à rester dans l’ombre de l’aîné. Sur ce point finalement, lui et Lucas se ressemblaient, tous deux demeurant aux côtés de leur suzerain et aîné. C’était ce rôle qu’il souhaitait endosser et ne pouvait rêver de mieux. Son encouragement l’extirpa de ses pensées et il esquissa un doux sourire. Un jour il parviendrait à le tutoyer sans hésiter, lorsqu’il se sentira suffisamment à l’aise. Pour l’heure, Bran ne le connaissait pas assez pour se laisser à de telles familiarités. Après plusieurs lunes, il y arriverait certainement, mais en cet instant, c’était encore trop tôt.

Partir le cœur léger était impensable. Le jeune Stark aimait sa famille tendrement et avait toujours vécu entre ces murs, devenus familiers. Il y grimpait presque les yeux fermés, sur ces remparts, quitte à agacer sa mère ou son père. Jamais il ne s’était lassé de les parcourir, ou de jouer avec ses frères et sœurs. Les Stark étaient une meute à part entière où chacun veillait l’un sur l’autre. Si leur fierté les empêchait souvent d’avouer leur affection de vive voix, les actes parlaient d’eux-mêmes. Alors, lorsqu’il évoqua les dieux et Eddard Stark, il fut touché. Profondément. Le décès de son paternel qu’il admirait tant était encore une blessure béante. Il ressentait toujours le manque, l’absence de cet homme exceptionnel. Suzerain pour beaucoup, mais un père aimant et exigent. L’émotion l’étreignait toujours lorsqu’on parlait de son père, son exemple, celui qui le poussait à toujours se surpasser. Homme d’honneur et de courage. Sa petite main se glissa alors sur l’arbre, le bois rugueux, comme pour entrer en contact avec lui. Tout comme son interlocuteur, le brun restait silencieux, respectant ce moment de recueillement. Il n’ignorait pas la mort tragique de Tytos Nerbosc, plus brutale que celle de Ned Stark. Tous deux avaient perdus leurs pères dans d’infâmes circonstances. Une injustice qu’aucun ne méritait. Tytos ou Eddard étaient des hommes bons et justes méritant une mort plus digne. Rapidement néanmoins, ses mauvaises pensées furent balayées par son aveu. Son épouse l’attendait de pied ferme. Un sourire curieux étira ses lippes. « Il me tarde de rencontrer vot..ta fille et Marianne. » Et tant d’autres nouveaux visages. Une soif de connaissance enfantine qui le submergeait. Voyager n’était pas donné à tout le monde. L’opportunité de sa vie, si ce n’était la seule à enfin prouver sa valeur. « Promis je ne ferai pas trop de bruit pour ne pas déranger la petite. » Un sourire alors qu’il songeait à ses souvenirs d’enfance, à courir dans tous les sens en compagnie de Rickon ou Arya. Les couloirs étaient alors emplis de rires et de cris innocents. Winterfell avait toujours été peuplé d’enfants vifs. Ce n’était alors que la nuit qu’enfin les adultes avaient droit au calme.

Lorsqu’il se confia sur ses propres expériences, son regard s’illuminait et il tendait ses oreilles, se penchant en sa direction. Savoir que lui aussi avait été écuyer le rassurait. Lucas pouvait le comprendre et ce mieux que quiconque. Lui aussi avait dû quitter les siens, abandonner tous ses repères. Jorah Mormont ne lui était pas inconnu, couronné de gloire avant d’être rapidement déchu. C’était suite à cet événement que Theon avait été pris en otage par les Stark pour s’assurer de l’obéissance des Greyjoy. Il s’avérait être un frère, plus qu’un otage. « Lord Walder était comment ? Etait-il gentil ? » Demandait-il dans un sourire, désirant en savoir plus sur la relation le liant à cet homme. Plus que jamais, Bran se découvrait des points communs avec le Nerbosc. Cela le soulageait réellement de se sentir compris, en plus d’admirer son parcours. Ser Lucas était l’archétype même du parfait chevalier. Il esquissa un grand sourire, il était vrai que son frère allait bientôt se marier à Kylis. Evènement qu’il avait eu peur de manquer. Lucas semblait ne pas l’en empêcher. « Oui, Robb se marie bientôt. Il sera ravi de me savoir à ses côtés. Merci… » Sincère, il l’était. Visiblement, ils partageaient la conception de famille. « Vo...Ta famille semble être soudée. Père m’a toujours dit que rien n’était plus important que ça. » Eddard Stark avait tant de facettes, tant d’anecdotes et de paroles dites avec une grande sagesse. Loin de sa propre naïveté ou celle d’Arya. Jalouse, elle l’était certainement. Et lui aussi quelque part, car elle était bien plus douée au tir à l’arc. « Ces valeurs existent chez les Stark. Mon père en était la représentation, tu as raison, ce n’est pas réservé qu’aux sudistes. » Puis, il descendit de l’arbre, se mettant debout, visiblement enjoué. « Cela veut dire que je serai le premier Stark à être fait chevalier ? » Ses opales s’illuminaient à l’idée d’être une exception, que son nom ne soit oublié.
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Les inquiétudes de Brandon avait transporté Lucas dans une douce nostalgie, lui faisant oublier la douleur de sa cuisse. Grâce à sa jeunesse et son innocence, il renouait avec ses propres désirs d’enfant que sa captivité avait bien trop longtemps occultés. Une ombre si importante que cet aspect de son cœur qu’il aurait juré l’avoir perdu. Mais le jeune Stark l’aidait à faire revivre cette partie de lui, il s’en rendait compte à présent et il lui en était infiniment reconnaissant. Avec amusement, il comprenait à présent pourquoi la tradition des écuyages demeurait depuis toutes ces générations. Il y avait certes l’alliance officielle, mais aussi cette cure de jouvence pour le chevalier dont personne ne parlait. Quelque chose que Lucas n’avait pas connu avec son précédent écuyer, Gareth, déjà bien plus âgé que Bran lorsqu’il avait commencé à le suivre dans ses péripéties.

Il dut retenir un nouveau rire amusé lorsque Bran s’inquiéta du bruit qu’il pourrait faire à Castel-Bois, dérangeant le sommeil de leur fille. Lucas s’imaginait déjà lui répondre comme il l’aurait fait à Edmund ou à Alyn, qui avaient presque le même âge que lui… Comme quoi, s’il venait à réveiller Tysha, alors ils seraient confinés à des nuits dans le Donjon, mais ses frères étaient habitués à ses menaces en l’air et ses taquineries incessantes. Ce qui n’était pas le cas du jeune Stark et il ne voulait prendre le risque que le garçon puisse se questionner pendant des semaines si c’était vraiment une plaisanterie, ou s’il y avait là une part de vérité. “Je te fais confiance Brandon. Je vois bien comment tu te comportes avec ta mère et le reste de ta fratrie. Et si jamais il devait y avoir un problème, nous en discuterions tous ensemble afin de trouver une solution qui puisse convenir à tout le monde.” Il le lui avait dit, Castel-Bois serait sa deuxième maison, ils seraient sa deuxième famille, il était hors de question de le traiter différemment.

Ainsi le Nerbosc ne se faisait pas prier pour raconter ses propres expériences, remontant dans ses souvenirs avec plaisir. À une époque où il ne connaissait pas le deuil, la guerre ou la captivité. Tout ceci n’était venu qu’après, une fois fait chevalier. “Lord Walter était un bon vivant. Ca n’était pas le meilleur chevalier de la région, son style n’était probablement pas assez… conventionnel pour pouvoir y prétendre. Mais sa famille était loyale à la mienne, et il savait se montrer sérieux lorsque c’était nécessaire. Mais dès lors que j’avais fait ce qu’il attendait de lui, alors j’étais récompensé. Je mangeais toujours à ma faim et Walter avait toujours des anecdotes à me raconter. Il avait élevé quatre fils, et il venait d’en perdre deux durant la Rébellion, je crois que m’avoir sous son toit a ménagé sa peine pendant un temps.” ajouta-t-il en se montrant un peu plus sérieux, effectivement perdu dans ses pensées. Il y avait des choses auxquelles il n’avait pas songé depuis des années et qu’il voyait différemment à présent, avec son âge et son expérience. “Hum.” Il se râcla la gorge et retourna ses yeux verts en direction de Bran, se forçant à reprendre un air plus guilleret… “Son épouse, Lady Shella, que j’aime comme une deuxième mère, était d’ailleurs la cousine de ta propre grand-mère : Lady Minisa.”

Le chevalier aux Corneilles offrit un nouveau sourire à Brandon alors que celui-ci le remerciait déjà pour sa possibilité de revenir à Winterfell pour assister aux noces de son frère aîné. En cet instant, la nouvelle date n’étant pas même fixé, il ne voyait rien qui puisse l’en empêcher. “Lord Eddard était un homme sage de ce que j’ai pu constater de mes précédents séjours ici. Je crois que mon père et lui aurait pu énormément s’apprécier s’ils avaient eu l’occasion de se fréquenter…” Mais Catelyn n’avait pas supporté leur vue pendant longtemps, et tout comme Eddard avait rarement quitté son Nord, Tytos s’était accroché à son Conflans, envoyant ses fils aînés pour les trajets les plus longs. “J’ai grandi entouré de monde à Corneilla. Déjà mon père et ma mère ont eu beaucoup d’enfants, mais grâce à mes oncles et mes tantes, j’ai également un grand nombre de cousins. Oh je ne dis pas qu’il n’y a pas de chamailleries et de bagarres… comme dans toutes les familles. Mais on nous a appris à être fier de notre nom et à se soutenir les uns les autres.” Et c’était effectivement quelque chose de primordial. Les yeux verts du chevalier suivirent Bran alors qu’il quittait sa branche, visiblement enthousiasmé par leurs échanges. Mais le sourire disparut un instant de son visage pour laisse place à une instance réflexion. “Euh…” dit-il, pris de court. “J’ai beau réfléchir, je ne parviens pas à me rappeler d’un ancêtre Stark qui aurait été chevalier… Mais il faudra demander à Mestre Luwin, lui saura te répondre correctement, pour sûr. Veux-tu que nous allions lui demander ?” Mine de rien, cela faisait un moment qu’ils étaient dans le froid et la neige, immobiles, et Lucas commençait à le sentir.
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Pour son plus grand plaisir, Lucas semblait être compréhensif concernant ses doutes et peurs. Probablement les avait-il traversés lors de son écuyage lui aussi. Dans un sens, Bran était soulagé de savoir qu’il partageait ses émotions, qu’il pouvait le comprendre et donc se montrer enclin à la discussion. Il était aussi persuadé que le Nerbosc serait un véritable puits de connaissances et de conseils avisés qu’il saura utiliser pour toute sa vie. Il ne se doutait pas que cet écuyage était véritablement enrichissant pour l’un et l’autre. Son innocence, sa candeur réchauffait les cœurs des hommes, et encore plus au lendemain de la Longue Nuit. Il n’avait rien vu du champ de bataille, ayant tout de même manqué de peu la mort. Rien de comparable à ce qu’avaient pu connaître les guerriers. Survivant, Lucas garderait des séquelles de cette bataille jusqu’à la fin de ses jours, tout comme le jeune loup. Les souvenirs étaient intacts, notamment l’acte de bravoure de Lord Baelish. Sans lui, il ne pourrait sûrement pas converser avec son mentor.

Il tentait déjà de s’imaginer vivre là-bas. Sa mère l’avait prévenu, son apprentissage pourrait durer des années. Les Nerbosc deviendraient une seconde famille. Il espérait que tout se déroulerait pour le mieux et tâcherait d’être irréprochable. Terminées les grimpettes sur les remparts ou les escapades un peu trop longues. Son temps serait dédié au maniement des armes et assister l’émissaire dans ses tâches quotidiennes. Un nouveau chapitre s’ouvrait pour lui, loin de ses contrées froides et des siens. Il esquissa un doux sourire aux mots du Conflanais. De toute évidence, Brandon ne souhaitait commettre aucun impair. Les conséquences seraient bien trop graves à son goût, encore plus si cela arrivait aux oreilles de Catelyn. Rien qu’en y pensant, un frisson parcourait son corps. Ses sermons l’effrayaient, bien plus que ceux de ses hôtes. Nul ne remplaçait l’autorité d’une mère et par les dieux, pas n’importe laquelle. Le jeune garçon se souvenait encore lorsqu’elle l’avait surpris à grimper les murs. Mais le pire fut le regard déçu de son père. Même si celui-ci était désormais parti, il pouvait aisément le deviner lorsqu’il se comportait mal. Il fera honneur à ses parents. L’enfance était derrière lui, débutait une autre période, différente et certainement la meilleure de son existence. C’était ce qu’il songeait en entendant son interlocuteur ressasser ses souvenirs. Son regard se teintait d’une nostalgie heureuse. Les yeux grands ouverts ainsi que les oreilles, il écoutait attentivement ses anecdotes sur Lord Walter. Malheureusement, son récit s’acheva sur la rébellion qui arracha deux fils à ce dernier. Bran afficha alors une grimace, du haut de son jeune âge, il comprenait déjà les dégâts engendrés par un conflit, quel qu’il soit. Des orphelins, des veuves, des parents endeuillés. Il avait perdu son père, dans des circonstances différentes mais pouvait amplement mesurer la souffrance subie par ces familles. « Le monde est plus petit qu’il n’y paraît. » Disait-il dans un léger sourire face à sa conclusion. Leurs familles étaient destinées à être liées un jour ou l’autre.

Les larmes montèrent aux yeux du jeune garçon qui tenta de les cacher en baissant la tête. Parler de son père était un sujet épineux. Si sensible. « B » Comment arriver à la cheville d’un homme si grand ? Levant ses opales brillantes vers Lucas, il hochait la tête, pour avoir connu brièvement Lord Tytos, c’était évident qu’ils auraient pu bien s’entendre. Tout comme lui, l’on avait arraché à Lucas son père par le biais d’un terrible poison. Ils pouvaient que se comprendre sur ce point. « C’est vrai, ils se seraient bien entendus. Ils seraient fiers de voir que l’amitié entre les Stark et les Nerbosc perdure. » Tentait-il de positiver, l’éternel positif qu’il était. Et pour cause, il était encore enfant et empli de bonne volonté. L’amitié entre leurs familles étaient plus que visible, scellé par un mariage et désormais cet écuyage. Une marque de confiance importante car Catelyn ne lâchait pas aisément ses enfants. La mère louve était attentive et méfiante, mais pas à l’égard des conflanais. Un sourire étirait ses lippes lorsqu’il évoquait les chamailleries et bagarres. Bran se remémorait les siennes avec sa grande sœur. Des enfantillages qui semblaient loin. « Se protéger les uns les autres. Un peu comme une meute. » Disait-il pour compléter les dires du Nerbosc, dires qui résonnaient en lui. Quittant son perchoir, le juvénile s’enthousiasmait à l’idée d’être l’unique Stark à être chevalier. Une fierté non négligeable. « Mestre Luwin doit le savoir oui ! Allons lui demander ! » Il frissonnait, les températures étaient encore négatives. Ni une ni deux, il emboita le pas, tournant la tête pour inviter son loup et Lucas à le suivre. En route pour de nouvelles aventures certainement. Une chose était sûre, il était plus serein maintenant qu'il connaissait un peu mieux Lucas Nerbosc.
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Un nouveau sourire encourageant étira les lèvres du chevalier aux Corneilles alors que Bran s’amusait de la petitesse du monde lorsqu’il s’agissait d’alliances politiques, constatant que leurs deux maisons étaient déjà liées d’une certaine façon, avant même que Sansa ne devienne l’épouse d’Hoster. “Et encore, je ne te parle pas de deux de mes ancêtres, Ladies Alysanne et Melantha, qui ont toutes deux épousé des Stark il y a bientôt cent et deux cents ans…” Ainsi ils avaient leur union séculaire… et si jusqu’à présent les filles Nerbosc étaient devenues des femmes Stark, cette fois-ci ils avaient inversé la tendance. Ils étaient de vieux alliés et le seraient toujours, Lucas en restait intimement persuadé, même si l'extinction des Tully avait mis cela à mal pendant une décennie. Ils étaient des descendants des Premiers Hommes et rien ne pourraient jamais changer cela.

L’émotion fut plus palpable ensuite, lorsque Lucas évoqua leurs pères L’émissaire du Conflans marqua donc un temps de silence, observant avec beaucoup d’attention Brandon, mais sans le presser. Il sentait que le garçon se trouvait dans cette difficile minute où le moindre mot arraché ferait couler des larmes douloureuses. Il lui offrit plutôt un sourire compatissant. Son regard disait tout. Il vivait avec cette perte immense lui aussi. Et la Bataille qui venait de passer avait blessé autant de jeunes hommes qu’eux. “J’en suis certain.” conclut doucement Lucas en posant une main réconfortante sur le genou du Stark toujours perché sur son arbre.

Les larmes semblèrent derrière Bran lorsque Lucas se mit à parler de sa famille et de ce qu’il avait connu à Corneilla jusqu’à son mariage à sa douce Marianne. Quelque chose disait au chevalier que son écuyer parvenait à se reconnaitre, à retrouver dans ses descriptions, quelque chose qui lui était un tant soit peu familier. Catelyn avait donné beaucoup d’enfants à Eddard elle aussi. Les cousins venaient à manquer, si ce n’était Jon Snow qui palliait un tant soit peu la longue absence de Robb Stark. Le Nerbosc se refusa à songer une seconde à Theon Greyjoy et à son pupillage ici-même. Un nouveau rire amusé franchit les lèvres du Nerbosc. “Tu découvriras donc une meute de Corneilles chez les Nerbosc… et d’Arbres Blancs à Castel-Bois… J’ose espérer que tu ne seras donc pas trop dépaysé !”

Puis Bran lui posa une question pour laquelle le Nerbosc n’était pas certain de la réponse. Quelque peu enthousiaste à l’idée de retrouver les couloirs chauffés de Winterfell, il proposa l’idée d’aller vérifier son propos auprès du Mestre des lieux. Une suggestion qui sembla enthousiasmer son nouvel écuyer au plus haut point. Nul doute que s’il avait été seul, il aurait couru jusqu’aux appartements de l’homme de la Citadelle. “Attends donc ton invalide de chevalier, veux-tu…” lui demanda Lucas avec un nouveau rire, tandis qu’il reprenait appui sur ses deux jambes et avançait avec l’allure d’un crabe dans la neige.
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