I have learned silence from the talkative ♔ shyra

« Lady Walpurge ? » Demanda lady Penrose. « Lady Walpurge ? » Répéta-t-elle tandis que Walpurge feignait de ne pas l'entendre. Elle dut pourtant se résoudre à tourner la tête en direction de sa compagnie du moment. Tout le désavantage des événements mondains résidait là : vous preniez plaisir à croiser des esprits stimulants et clairvoyants, rencontrant des relations proches ou lointaines, tout en côtoyant des personnalités moins… affriolantes. Lady Penrose était de celles-ci, mais Walpurge n'était pas encore parvenue à lui fausser compagnie. « Plaît-il, lady Penrose ? » Rétorqua-t-elle enfin après plusieurs longues secondes d'un silence gênant. Walpurge n'avait jamais craint le silence. Il était d'or chez les Tarly. Sa maison d'enfance ne résonnait pas toujours des cris et des rires des enfants courant dans les couloirs, bien au contraire, son père était un homme dur et austère. Il ressemblait un peu à ce qu'était devenu Randyll aujourd'hui, et il fallait l'avouer, Walpurge. Ce chien n'avait pas enfanté de chats. « Qu'avez-vous pensé des joutes d'aujourd'hui ? Tout ceci était si... » « Physique. » Coupa Walpurge d'une voix qui n’appelait pas de réponse. « Vous permettez, je vais devoir aller saluer une dame de mes amies… Pardonnez-moi. » Fendant la foule, Walpurge n'attendit pas la réponse de la simple lady Penrose. Des parchemins. Un blason bien mal avisé pour cette femme avec si peu de culture et de jugeote. Walpurge abhorrait la bêtise. La simplicité d'esprit laissait du pouvoir à ceux qui se rendaient compte du peu de génie qui habitait un être. Il s'agissait d'une faiblesse cardinale pour Walpurge. Le savoir c'était le pouvoir. Être sot sur Westeros, c'était se condamner à la déchéance et à la décadence.

Walpurge fit signe à un page de venir lui remplir son verre. Tout le beau monde s'était pressé à Lestival. Toutes les couronnes du royaume se trouvaient ainsi représentées, à moins, peut-être, que le Nord n'ai pas prit la peine de gagner les contrées arborées de l'Orage ? Walpurge n'avait pas prêté grande attention à ces sauvages du Nord pour lesquels elle avait, là aussi, que peu d'estime. Dorne avait brillé ce jour avec la victoire d'Oberyn Martell au tournoi. Il s'était illustré comme un parfait jouteur et un redoutable chevalier. Sa renommée n'était que plus grande. Lancéhélion allait certainement se gargariser de cette victoire. Walpurge ne goûtait que peu le plaisir des tournois, néanmoins, elle avait bien ancré en elle qu'il s'agissait autant d'un endroit pour voir que pour être vu… Une maison devait être vue, sans quoi, elle était oubliée. Walpurge ne laisserait pas cela arriver. Grandison. Tarly. Bec et ongles elle ferait rayonner son nom et son sang. Lestival était un endroit où il fallait et Walpurge s'était déplacée. Hugh l'avait accompagnée. Elle avait laissé ses enfants plus jeunes à Grandview, et ses deux aînés seraient certainement présents de par leur rôle d'écuyer… Sans douter que Walpurge entreverrait leurs beaux visages à un instant à un autre. « Lady Walpurge ? » Une nouvelle voix vint interrompre ses réflexions. Arborant son plus large sourire, elle se retourna pour se retrouver nez à nez avec deux dames dont l'une lui était encore inconnue.

Interpellée par son prénom. Walpurge prit la peine de se retourner pour découvrir laquelle de ses connaissances avait ainsi l'audace de la héler ainsi. Walpurge arqua un sourcil pour découvrir une enfant. Une jeune fille qu'elle connaissait, certes, mais qui n'avait pas la prétention de pouvoir compter parmi ses intimes. Maison Grandison et Maison Fell se côtoyaient, évidemment, de nom, de visage, mais en aucun cas, Walpurge pouvait se targuer de connaître correctement le seigneur Harbois et sa famille. Pas plus qu'il ne pouvait se vanter de l'inverse. Elle esquissa un sourire cruel sur son visage tant pour se moquer que pour souligner à son interlocutrice que Walpurge ne passerait pas au-delà de cet impair. Pauvre enfant. Ainsi était-elle passée à côté d'une éducation de qualité où l'on apprenait à ne pas hucher ou apostropher les personnalités que l'on connaissait uniquement de vue. « Moi ? » Interrogea-t-elle. « Vous. » Reprit-elle avant de sourire et de lâcher un petit rire moqueur. « Lady Heida Fell, je vous serai grès de me saluer différemment lors de notre prochaine rencontre… Je ne pense pas que votre père vous ai inculqué des manières de fermière. Je suis d'avis que l'on vous a appris à saluer une dame quand vous en rencontrez une. Je vous invite à mettre en pratique vos leçons de bienséance. » Conclut-elle sèchement. Walpurge espérait que ses propres filles ne se comportaient pas de la sorte en public, sans quoi elle se retrouverait couverte de honte. Romilda avait été éduquée avec élégance et panache. Walpurge était certaine qu'elle ne commettrait pas d'aussi grossières erreurs en société.

« Femme de l'orage ? » S'interrogea Walpurge. « Nous le sommes toutes trois ici. Une étrange manière de présenter une si chère et grande amie, lady Fell. » Asséna Walpurge. Tout ceci sentait le mystère et le secret. Deux choses qu’abhorrait Walpurge. Elle savait, d'expérience, qu'aucune cachotterie ne demeurait longtemps inconnue de tous. « Dois-je deviner moi-même de quelle maison vous êtes issue ? » Walpurge feinta de réfléchir. L’intérêt de cette conversation était moindre. Walpurge se demanda qu'espérait lady Fell en lui présentant une demoiselle de la sorte ? Walpurge avait deux fils célibataires. Elle était issue de la belle noblesse biefoise et côtoyait les suzerains du Bief. S'agissait-il là d'un stratagème pour placer son amie dans les hautes sphères de la noblesse ? Elle laissa échapper un petit rire moqueur. « D'après les couleurs que vous arborez, vous appartenez sans doute à une maison verdoyante du Bief… À moins que votre sang ne soit issu des Frétilletrique ou des Morrigen ? Bien que votre vert soit bien trop pâle pour évoquer le vert foret de la maison au corbeau. » Amusée, Walpurge dévora du regard la jeune Shyra, de haut en bas, de bas en haut, analysant le moindre détail de sa tenue et de sa posture. Elle semblait effacée, naïve presque candide. Au vu de la manière dont agissait Heida Fell, elles semblaient bien assorties. « Quant à notre rencontre. L'inintelligibilité qui entoure cette dernière ne m’occasionne, à cet instant, aucun ravissement. »

« Je crois, lady Fell, que vous feriez mieux d'écouter votre amie. » Walpurge avait été froide dans sa réponse. Elle n'était ni dédaigneuse, ni particulièrement agressive. Son attitude était distante, son regard déjà lointain. Tout ceci ne l’intéressait guère, finalement. À quoi bon essayer de faire entendre raison à une orageoise ? Inutile de préciser que le caractère emporté de la jeune femme ne lui apporterait rien hormis quelques soucis de voisinage. Walpurge n'avait pas pour habitude de laisser n'importe qui l'appeler par son prénom. Lady Grandison était de rigueur lorsque son interlocuteur, ou interlocutrice, en l’occurrence, ne pouvait se targuer de faire partie de ses intimes. Il fallait poser la véritable question qui alimentait cette incompréhension. Heida Fell n'était ni de son sang, ni de ses intimes. Elle était l'héritière du lord Fell, lui-même connaissance de la famille Grandison, et surtout, de lord Hugh, le beau-père de Walpurge. Rien ne liait Heida et Walpurge. Aucune relation. Aucun centre d’intérêt. Un passé commun peut-être si elle avait arpenté les événements mondains où Walpurge était apparue, mais cela s'arrêtait là. Tout au plus. Un regard à l'intention de Shyra Storm confirma à Walpurge que la jeune bâtarde était peut-être plus sage que la lady lord. L'humilité était difficile à apprendre, et certainement que Shyra l'avait appris bien malgré elle, mais désormais, elle avait la capacité de mettre en pratique cette agilité de l'esprit. Walpurge n'était pas humble. Sa naissance ne lui fit pas ce cadeau. Elle n'était pas non plus femme à baisser la tête devant une enfant effrontée, mais, en tant qu’aînée, elle devrait certainement se résoudre à laisser méditer cette inconsciente bavarde. « Je vous prierai de ne pas m'appeler par mon prénom lorsque nous ne nous connaissons que pour avoir fréquenté les mêmes événements… Enfin, de surcroît, dois-je vous rappeler mon statut ainsi que le vôtre. Au-delà du fait que votre famille et celle de feu mon époux partagent la même condition nobiliaire, je demeure votre aînée. Je réitère mon conseil de tendre une oreille sage aux mots prononcés par damoiselle Storm. » Walpurge adressa un regard entendu à Shyra. « À dissimuler l'identité de Shyra, cela suggérerait-il que vous avez honte ou bien que vous êtes gênée de présenter votre amie pour ce qu'elle est… » Son regard se fit plus perçant sur Shyra, la dévisageant avant d'esquisser un sourire, presque radieux. « On n'est-ce qu'on est. Omettre et mentir, c'est à la fois différent et similaire. » Ses paroles s'adressaient bien plus à Shyra qu'à Heida. Shyra n'avait pas choisi de naître. Ses parents eux-mêmes n'étaient pas à blâmer. Les choix des Sept étaient impénétrables. Tout avait un sens. Walpurge pouvait avouer, sans rougir, que la présence des bâtards ne l'importunait guère tant qu'ils se trouvaient chez les autres. « Je mets fin à cet échange fort déplaisant, et je vous invite à méditer une fois que vos nerfs ne seront plus en proie à la tourmente orageoise qui vous domine actuellement. »