Une nouvelle dame au service de Sa Majesté - ft. Hortense

Tout avait été si vite. Plongée dans ses pensées, Hortense n'avait pas vu le trajet déroulé son lent cours. Les températures étaient plus chaudes, mais la terre était encore de givre et les nuages pesaient le poids du plomb. L'horizon était sombre. Laiteux comme le ciel d'hiver. Hiver sans fin, hiver prenant fin aux dires de son père, qui, revenu victorieux des terres du Nord, lui avait assuré que la mort de glace ne rodait plus parmi eux. Une autre bataille était à venir. Jadis, la glace. Aujourd'hui, le feu. Arnaut était mort. Son oncle avait péri au combat. Il était tombé, et en l'avait inhumé sur place. De cendres à cendres. De poussières à poussières. Une cérémonie avait eu lieu. Hortense revoyait Mathilde et Baptiste. Rommy, Tonny et Tommy étaient âgés maintenant. Mais eux, les cadets, ils avaient déjà plus de mère, et désormais ils étaient orphelins de père. Hortense avait tourné et retourné cette information comme pour la comprendre. Elle ne reverrait plus son oncle, plus jamais. Il était parti, et il y était resté. Tout le trajet cette idée l'avait hanté. Comment faire son deuil quand on n'avait pas de corps à pleurer ? Clément n'avait pas permis à sa fille de s'appesantir. Un autre destin l'appelait déjà loin de lui. Port-Réal. La cour. La reine.

Hortense était arrivée la veille, après un long voyage. Des semaines sur la route à se demander où elle allait mettre les pieds. Des semaines à imaginer dans quel univers elle allait se retrouver. Hortense avait tout entendu sur la cour. Tout et son contraire. Du bon comme du mauvais. De la comédie comme de la tragédie. Du bonheur comme du malheur. Où se situerait son rôle dans ce grand théâtre peuplé de figurants, dans tous ces courtisans, elle, la fille de Château-Rosières ? La nuit n'avait pas réellement porté conseil. Au contraire. Hortense avait pleuré, beaucoup pleuré. Elle s'était allongée dans cette chambre froide et sombre. Elle avait cherché le sommeil sans parvenir à le rencontrer. Elle s'était levée à la lueur de la cheminée et elle avait tiré chacune des malles qu'elle avait apportées… Et elle avait tout vidé. Rangé. Ordonné. Un exutoire. Triste et en colère. Son père l'avait envoyé si loin de lui, si loin des siens, et sans motif, elle qui avait si longuement attendu. Quelle gloire avait-elle recherchée si ce n'est celle d'être auprès de sa famille ? Aucune. Une punition, voilà ce qu'il infligeait à son unique fille. Elle le haïssait. Elle l'aimait. Elle avait pleuré avant de s'endormir sur tous ses souvenirs et ses bibelots.

Une servante l'avait réveillée. Surprise. Amusée. Une rapide toilette et une jolie robe violette avaient été choisies pour ce jour si particulier. Une vierge dans la fosse aux lions. Un jeu qui avait déjà été observé, et ce depuis des temps anciens. Hortense ne vaincrait pas. Elle n'avait rien d'une guerrière, rien d'une intrigante, rien d'une hypocrite. Elle était franche, elle était douce, elle était sensible et de la campagne. Une paysanne en comparaison a tout le beau monde qui se pressait à la capitale. Pourtant, elle y avait été, la fleur au fusil, le bouclier contre le cœur, l'âme tremblotante et le corps secoué par tant de sentiments contraires. Une envie de vomir. Des nausées. Des frissons. Mais il était trop tard, les portes de la salle du trône s'étaient ouvertes pour des présentations officielles. Hortense s'était concentrée sur ce qu'elle pouvait, répétant ce ballet interminable de révérences et autres doctrines de l'étiquette imposées par la royauté. Une danse qu'elle n'avait pas eue pour habitude de répéter encore et encore. Une première. Une dernière peut-être ? Il aurait fallu qu'elle faute pour qu'on la renvoie d'où elle venait, mais que dirait-elle à son père alors ? Elle devrait avouer qu'elle l'avait fait exprès, car il ne pourrait en être autrement. Sa mère s'était assurée que son éducation soit assez complète pour qu'elle ne commette pas de faux-pas en pareil moment. Impossible de faillir. Elle n'aurait pas d'excuses.

Le roi était plus impressionnant qu'elle n'aurait pu jamais l'imaginer. La reine en serait-elle de même ? Hortense ne savait pas comment son nom avait pu être murmuré aussi haut. Qui avait une estime assez importante d'elle-même pour la propulser à un tel poste ? Qui était assez fou pour penser qu'elle en avait envie ? Hortense n'avait jamais rien recherché. Elle était comme les héroïnes des histoires qu'elle lisait à Lilyanna, elle subissait les événements. Mais la reine, était-elle douce marraine ou vaniteuse sorcière ? Hortense ne tarderait pas à le découvrir. La porte du salon était déjà là. On frappa pour elle, on lui ouvrit la porte et elle entra. Perdue dans le vague, le regard cherchant un ancrage, et elle tomba sur elle, royale personne, superbe effigie, majestueuse apparition. « Lady Hortense, entrez, entrez, je vous en prie. » Sa gorge se serra. Son pouls se fit plus rapide. Allait-elle défaillir ? Elle ne le devait pas. Pour qui allait-elle passer devant toutes ces dames de haute-lignée ? Aemma Belmore. Tyana Grandison. Autant de familles qui parlaient à Hortense, mais, qui, en pareille circonstance, se mélangeaient pour ne former qu'un blougi-boulga infâme de consonnes et de voyelles. « Hortense Piper. » Répéta-t-elle sottement en guise de présentation. Elles savaient qui elle était. Inutile de le rappeler. Elle était la connue ici, et elles, elles étaient les inconnues pour Hortense. Drôle de paradoxe. La reine se fit douce, sans doute consciente du chamboulement que pouvait vivre Hortense… De son jeune âge, jamais elle n'avait été autant source d'attentions et tout en même temps, elle portait sur ses épaules une telle pression. Hortense s'installa et s'enquit enfin à répondre aux sollicitations royales. Assise sur sa chaise face au monde. Elle face à elles. « Je me porte bien. Je vous remercie de votre sollicitude. Je dois dire que le voyage m'a paru plus rapide qu'il ne l'a été… Il était néanmoins éprouvant, l'hiver mourant n'ayant pas facilité notre voyage jusqu'à Port-Réal. » Tournant ses mots encore et encore, elle hésita puis se lança. « Je ne doute pas que ces semaines n'aient pas été superflus pour orchestrer mon arrivée… J'espère ne pas avoir été source de nombre de tracas ? Allez-vous bien également, reine Alyria ? » Comment tourner cette phrase ? Comment s’adresser à une reine ? Hortense sautait dans l'inconnue, elle ne l'avait jamais fait… Elle taperait certainement à coter. Serait-elle battue pour ne pas avoir choisi les bons mots ? Serait-elle renvoyée chez elle ? Pitié oui ! Son petit cœur ne survivrait pas ici. Impossible.

Majesté. Évidemment. Hortense oubliait jusqu'à la première marque de respect pour l'altesse royale qu'était Alyria. Sotte. Stupide jouvencelle. Ainsi allait-elle passer pour la campagnarde sortie de son petit château et n'ayant pas reçu l'éducation de qualité que des dames de compagnies royales devaient exiger. Hortense ne sut quoi rétorquer si ce n'est bafouiller quelques mots très bas tandis que la reine reprenait avec dureté l'épouse Grandison. Son visage se fit fermer. Tyana n'était pas une beauté. Hortense ne pouvait que le constater, et le caractère, semblait-il, malplaisant n'apportait aucun atout à cette orageoise pure souche. Hortense ne put que souligner la véracité de ses propos. Hortense avait fait une erreur digne d'une enfant en plein apprentissage, mais un tel reproche aurait été acceptable uniquement de la part de la reine. Hortense n'était pas d'un tempérament à tenir rigueur à son prochain, néanmoins, elle espérait que cela ne se reproduise pas dans le futur… Elles allaient être amenées à passer du temps ensemble. Il fallait mieux espérer qu'elles s'entendent pour le bien-être de tous.

Heureusement, la présence du prince Aerion fit sourire la jeune Hortense. Hortense n'avait pas eu pour habitude de s'occuper d'enfants, néanmoins, sa cousine Mathilde et son cousin Lewys avaient été amenés à passer beaucoup de temps avec elle a la mort de leur mère. Hortense n'avait pas fait office de nourrice puisque Chaêatu-Rosières en était pourvu, mais fut très attentive à l'évolution de ses cousins très proches. Ils avaient grandi ensemble dans le même château. Autant dire qu'ils étaient comme des frères et sœurs les uns pour les autres, bien plus que des cousins. Hortense répondit à la révérence du jeune prince par une révérence également. Hortense aimait les enfants. Elle espérait être mère dans le futur à défaut d'être une dame de compagnie bien sous tous rapports… Un regard vers la reine qui souriait, les yeux de la jeune conflanaise ne s'attardèrent pourtant pas sur elle, trop impressionnée pour oser croiser son regard. Aemma était belle. Elle avait cette beauté pure héritée de son ascendance valoise. Elle était gracieuse et semblait avenante, souriante, bien mieux assortie à la reine en soi.

« Je suis tout aussi ravie, votre majesté. » Répondit Hortense tout en évitant soigneusement de croiser le regard de la Grandison. Hortense ne souhaitait pas que la reine prenne cela comme une attitude visant à défier la dame de compagnie en place. Loin de là cette envie, ce souhait. Hortense voulait que sa présence se déroule le mieux possible, pour son propre bien et celui de sa famille. « Pardonnez ma question votre majesté, mais, qu'est-ce qui a motivé votre choix pour me substituer à lady Frey suite à son départ ? » Hortense ne doutait pas que la reine connaisse l'existence de Château-Rosières, cependant, il existait des familles bien plus influentes que les Piper et beaucoup plus proches de la couronne… Ou des ambitieux qui auraient tenté de placer une femme de leur famille auprès de la reine. Choisir Hortense était quelque peu surprenant. Qui avait susurré ce nom à la reine ? « Je n'ai aucune forme d’inquiétude quant à mon intégration à vos côtés. Je ne peux que souligner l'accueil bienveillant qui m'a d’ores et déjà été réservé. J'ai pour unique ambition de faire mon possible pour répondre à vos attentes, votre majesté. »

« H'ense ! » Reprit Hortense de manière surprise. « Quel charmant raccourcit. » Gratifia-t-elle à l'intention de l'enfant. Aerion était un garçonnet splendide. Des cheveux blonds, des yeux envoûtants et un sourire malicieux, il lui rappelait Lewys, son petit frère, mais en moins rouquin… Targaryen et Piper avaient cela de dissemblable, les uns étaient aussi blonds comme les blés, que les autres étaient roux comme les feuilles en automne. « Mes parents ont choisi un prénom bien trop long, jeune altesse. Nous adopterons donc Hense désormais. Tout ceci sera parfait. » Assura-t-elle. Il courut dans les bras de lady Aemma avant qu'Hortense ait terminé de converser avec lui. Elle n'était pas dupe, qu'est-ce que les paroles d'une étrangère avaient de bien intéressant en comparaison des bras réconfortants d'une dame qu'il connaissait depuis de nombreuses lunes ? Hortense n'était pas si simplette. Il lui faudrait faire sa place auprès des autres compagnes royales, de la reine elle-même, mais aussi auprès du prince et de la famille royale. Hortense avait été là à chacun de leurs instants, à chaque mariage, chaque cérémonie importante, chaque tournoi, mais une parmi tant d'autres. Elle devait sortir de l'ombre pour gagner la lumière. Une éclaircie toute relative qui était certainement destinée à durer un temps certain. « Je remercierai lady Mariya quand la vie nous permettra de nous croiser. » Hortense fut surprise. Une Frey qui la recommandait ? Piper et Frey ne se fréquentaient que peu, voire, pas du tout. Hortense ne comprenait donc pas la raison de cette faveur. Auraient-ils quelque chose à demander ? Les Frey n'étaient pas connus pour être particulièrement magnanimes et généreux. Un prix serait à payer. Tôt ou tard. Hortense se garda bien de laisser transparaître sa surprise. Il ne s'agissait ni du lieu, et surtout pas du moment.

« Je vous remercie Votre Majesté, je ferai de mon mieux au quotidien. » Répondit-elle en reprenant les mots de la reine. « Je remercierai également ma famille pour tout le bien que je vous inspire et que je dois à l'instruction reçue de mes parents. » Sa mère ne recevrait aucune gloire car elle était décédée depuis longtemps. Son père, quant à lui, ne serait pas surpris des dires royaux tant il estimait sa fille unique. « Depuis combien de temps, lady Aemma, lady Taena et lady Tyana sont à votre service ? Je suis certaine que m'inspirer de leur parcours ne facilitera que grandement mon acclimatation  à l'étiquette de la cour que je méconnais pour l'heure. » Hortense adressa un sourire à ses nouvelles comparses. « Je ferai en sorte d'apprendre rapidement. Je ne vous causerai pas d'embarras mesdames. » Hortense sourit à nouveau. « Avez-vous déjà statué sur les missions que vous allez me confier ? » Hortense savait lire, danser et très certainement conter… Non pas que cette compétence soit vraiment utile aux yeux de la reine, mais peut-être bien plus pour ceux du prince. Hortense ferait son possible pour apprendre et surtout ne pas faire d’erreur.

Hortense avait assisté à ce mariage. Alyria était belle, magnifiquement apprêtée bien sûr, et resplendissante de beauté et de jeunesse, joyeuse tout en étant contenue par la théâtralité de pareille occasion. Le mariage, ou du moins, sa cérémonie n'était qu'une éternelle répétition de gestes et de mouvements qui s’enchaînaient à l'infini un peu partout dans le monde… Une immense vague perpétuelle qui unissait des âmes, des corps et des existences dans le but de construire et d’œuvrer dans un même but. Hortense avait longuement observé les couples qu'elle avait vus s'unir lors de ces grands événements plus fastueux les uns que les autres. Un jour, elle espérait que son tour viendrait à elle aussi. Elle ne songeait ni à un roi, ni à un seigneur puissant, juste un jeune cœur qui saurait baigner le sien dans une vie faites de douceur et de compréhension. Hortense n'était pas réellement une romantique, mais le grand nombre d'ouvrages qu'elle avait lus lui avait appris que l'espoir demeurait même dans la nuit la plus sombre. Quand bien même elle était pleine de terreurs. Une lumière dans l'obscurité, un phare pour vous guider sur une mer déchaînée. Des rêves qui la faisaient avancer depuis des années maintenant. Sa candeur serait-elle un atout à la cour, ou au contraire, la conduirait-elle tout droit à sa perte ? Hortense était idéaliste mais pas totalement dénuée de bon sens. Elle venait de mettre un pied dans la fosse aux lions. Elle devrait se faire fauve oriental si elle ne voulait pas se voir dévorer et dépecer comme une vulgaire lapine. « Je l'espère également votre majesté. »

Au visage de lady Tyana, Hortense su que ces leçons sur l'étiquette royale ne seraient pas de tout repos et source de bon temps. Tyana avait une tête égale à celle de sa mère, bien que plus jeune. Elle avait cette dureté dans le regard. Hortense retint un soupir. Tout ceci serait si long. Hortense n'était ni aigreur, ni dureté, elle était calme et joie, elle parlait avec son cœur et n'était pas dans le calcul. Tout ceci devrait changer. Au plus tôt, pour le plus grand bonheur de la reine. Hortense ne devrait plus être Hortense, elle allait devoir se réinventer, à défaut de pouvoir mettre un masque. La reine adressa un clin d’œil à la jeune Conflanaise, ce qui la fit sourire. « Je mettrai cœur et corps à l'ouvrage lady Tyana. Je tendrai à être une élève parfaite en tout point. » Affirma-t-elle avec égaiement. La remarque royale surprit Hortense. Comment savait-elle que Hortense appréciait les lettres ? Ainsi, elle se rendit compte que les informations qu'elle pensait contenues au Conflans n'en étaient rien… Les mots parcouraient la campagne au gré des ragots et des rumeurs, courant à vive allure jusqu'à une capitale bourdonnante de bruit. « Je suis une amoureuse des mots. Je suis persuadée que lorsqu'ils sont justement choisis, ils peuvent à la fois infliger une peine vive comme une caresse réconfortante. De surcroît, il s'agit souvent du travail de toute une vie, un livre, et j'estime apporter une petite contribution en œuvrant à ce qu'on n'oublie pas le labeur de l'existence de ces auteurs. Je faisais régulièrement la lecture à une dame de mes amies, voisine de mon château natal. J'espère que le prince et lady Aemma apprécieront tout autant qu'elle mes choix romanesques. » Hortense afficha un large sourire sur son visage subitement radieux. « Je tâcherai de ne pas me perdre dans les couloirs dans un premier temps pour réaliser au mieux chaque office que vous me confierez. »

Un claquement de mains de la reine, et toute l'assemblée, jusqu'à présent si calme, rompit sa tranquillité apparente pour retourner à ses occupations. Hortense se rendit alors compte dans quoi elle venait véritablement de mettre les pieds. Une fourmilière grouillante d'activités, de tâches, d'étiquette, de normes et autres conventions à respecter par une application scrupuleuse. Dame de compagnie ne signifiait pas rien. Hortense qui n'avait jamais eu d'emploi du temps, qui avait vécu une vie que de loisirs depuis la mort de sa mère voilà de nombreuses années, allait voir son quotidien à jamais chambouler. Elle imaginait bien sûr que comme tout à chacun, elle aurait un peu de répit, mais rien de comparable avec sa vie champêtre du Conflans. Elle réalisa alors qu'elle ne goûterait plus jamais à cela. Son père avait décidé de son destin. Mais avait-il seulement réalisé qu'il ne reverrait certainement plus sa fille entre ses murs ? De Château-Rosières, elle était partie vers Port-Réal. Et de la capitale, elle se rendrait vers la demeure de son futur époux. À moins que son service auprès de la reine ne se termine jamais, et que de vie maritale, elle ne soit jamais comblée. Hortense venait de réaliser que son enfance était définitivement terminée, et ce, sans avoir été vraiment consulté. La reine invita Hortense à la suivre. Hortense afficha un large sourire ravi. Elle l'était. Heureuse de quitter cette pièce si étouffante tout à coup.

Couloir après couloir, coursive après coursive, Hortense resta silencieuse, attentive aux moindres mots et aux moindres gestes de la reine : analysant son attitude pour réussir à appréhender au mieux  cette figure incarnant la majesté. Les courtisans s'inclinèrent devant la reine, et saluèrent la jeune Hortense, qui ici, pourtant, n'était pas grand-chose… Était. Il faudrait qu'elle se fasse à cela aussi, que maintenant, son service auprès de la reine lui imposait de grandes responsabilités mais lui ouvraient également des privilèges, et une influence certaine. Non pas qu'Hortense n'avait jamais été une fille envieuse de pouvoir, mais c'était bon à savoir pour tout comprendre. « J'apprécie votre sollicitude votre majesté, ainsi que le temps et la patience que vous voudrez m'accorder. Je ferai au mieux pour apprendre aussi rapidement que possible. Je suis certaine que lady Taena sera une aide précieuse, et je ne manquerai pas de m'adresser à mes consœurs. » Hortense esquissa un sourire discret. « Je ne parlerai pas de peur, mais je dois avouer que je suis relativement impressionnée par tout cet environnement… Château-Rosières est bien plus simple, tout y est rythmé par le cycle des saisons et des années. Je crois comprendre que d'autres cycles régissent la vie à la capitale, et je vais devoir totalement les appréhender. Mon regard champêtre porté sur tout ce gigantisme saura s'effacer au profit d'un œil neuf. J'ai confiance. » Hortense se voulait rassurante à la fois pour la reine, mais aussi pour elle-même. Elle voulait se convaincre que tout irait bien, car tout devrait bien aller.