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(flashback) Au mauvais endroit...au bon moment [Pv Lyra]

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P'tit-Jon était arrivé sur l'île aux ours depuis deux jours, son père l'avait envoyé représenter la maison Omble pour une simple visite diplomatique. Il avait déjà rencontré Lyanna et Alysanne, ainsi que sa petite dernière. Il n'avait pas encore eu l'occasion de voir Mage depuis le début de son séjour, ses filles ne savaient même pas où elle était, c'est pour dire. Quant à Jorelle et Dacey, on lui avait dit qu'elles étaient partis en voyage. L'Omble se demandait bien où elles avaient pu aller. Lui n'avait jamais voyagé hors du Nord, il n'y avait que sa région qui comptait à ses yeux et n'avait pas vraiment envie d'en découvrir d'autres. Il était conscient tout de même qu'il serait susceptible de voyager s'il était amené à guerroyer au nom des Stark ou s'il voulait maintenir de bonnes relations avec des maisons anciennement nordiennes comme les Nerbosc et les Bracken. Il laissait cette tâche à son père pour le moment, il n'était  que son héritier, toutes les tâches ne lui incombaient donc pas encore.

Il n'avait pas croisé Lyra encore, il aurait bien voulu la voir, cela faisait un bout de temps qu'ils ne s'étaient pas croisés. Apparemment, elle était en train de s'entraîner sur l'île ou en train de chasser. Même ses sœurs ne savaient pas vraiment ce qu'elle était en train de faire. Jon profita de l'hospitalité des Mormont en mangeant à leur table. Il s'entraîna un peu avec Alysanne également. Il n'en oubliait cependant pas ses hommes, ces derniers l'avaient escortés jusqu'ici. Il alla boire à la taverne avec eux, il s'entraîna à leurs côtés.

Il insista même auprès des Mormont pour qu'ils puissent manger avec eux dans la grande salle. Son père lui avait toujours appris à être proche des hommes d'armes de la maison. Cela était très important, il devait obtenir et garder la confiance de ses hommes. Il devait vivre leur quotidien. Ainsi il s'assurait de leur fidélité et il savait qu'ils donneraient tout sur le champ de bataille pour protéger sa maison et ses intérêts. Il apprenait donc à connaître chacun d'eux, ils n'avaient pas eu la chance de naître noble comme lui, mais il voulait leur faire voir que malgré quelques détails, il n'était pas si différent qu'eux. Il gardait juste une légère distance pour s'assurer qu'ils gardent un minimum de respect envers sa personne.

Le soleil venait de se lever sur l'île aux ours, il s'était réveillé de bonne heure pour profiter pleinement de sa journée. Il n'avait jamais été du genre à se lever tardivement de tout de façon. Ce matin, il comptait bien faire le tour de l'île pour s'occuper un petit peu. Les Mormont lui confièrent un cheval, ils l'avertirent qu'il était assez énergique et qu'il devrait faire attention avec les rênes s'il ne voulait pas être désarçonné. Il n'avait jamais été un très bon cavalier et on lui donnait un cheval qui n'en ferait qu'à sa tête, c'était vraiment une mauvaise idée. Jon savait qu'il finirait au moins deux ou trois fois le cul par terre avant la fin de la journée. Ses gardes se proposèrent de le suivre, mais il affirma qu'il ne craignait rien sur ces terres. S'il croisait des sauvageons ou des fer-nés, il serait capable de se débrouiller tout seul. Ils pouvaient continuer à vaquer à leurs activités .

Il commençait donc son tour en s'enfonçant pendant un temps dans la forêt, il ne croisa que quelques chasseurs. Les habitants étaient concentrés sur les côtes. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant à l'intérieur de l'île, forêt dense et rochers s'y mélangeaient. Plusieurs fois, son cheval n'en fit qu'à sa tête et n'allait pas où le cavalier le souhaitait. Ce n'était pas le bon moment pour qu'un ours vint lui chercher des poux, avec une telle monture, il était sûr de finir en casse-dalle. Il arriva à nouveau sur la côte, son cheval trottait sur la plage, les sabots dans l'eau. Il croisa un peu plus de monde, des pêcheurs principalement, il les salua amicalement.

Après deux heures de cheval, il arriva dans une petite crique déserte, il n'avait pas encore quitté la plage. Il ne semblait y avoir personne, il stoppa quelques instants sa monture au bord de l'eau pour profiter du paysage. Puis il vit quelque chose bouger dans l'eau ou plutôt quelqu'un. C'était une femme, il ignorait ce qu'elle faisait ici, peut-être était-elle en train de se laver ou se baigner. Elle était de profil, elle ne semblait pas encore l'avoir vu. Elle semblait lui être familière, mais il n'arrivait pas à accrocher un nom à sa silhouette. Elle était brune, des courbes magnifiques, un jolie bout de femme pour sûr ! Il contempla cette beauté un moment, puis elle lui fit face et sembla surprise.

Jon fut tout aussi surpris, car il reconnut immédiatement la femme, son simple regard avait suffit. C'était Lyra ! Par pur réflexe désordonné, il tira brusquement sur les rênes. Son cheval se cabra, désarçonnant son cavalier qui tomba brusquement dans l'eau, sa tête heurta le sable.


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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Jon & Lyra


La biche avançait péniblement à travers les racines et les branches mortes encombrant le sol dans un joyeux chaos naturel. Ses pattes un peu tremblantes finissaient tout de même par se frayer un chemin, malgré ses sabots bruns glissant sur les pierres trop lisses, dissimulées dans la terre. Sans arrêt, elle jetait autour d’elle des regards paniqués et inquiets. Ses grands yeux noirs, si doux, scrutaient chaque arbre, chaque feuille, chaque recoin sombre de la forêt, à la recherche de son invisible ennemi. Elle se savait épiée, traquée, sans pourtant réussir à identifier la menace. L’instinct animal était des plus incroyables. Pas une seule fois je n’avais fais du bruit et m’étais approchée d’elle, me glissant dans les ombres des troncs robustes, m’appliquant à marcher face au vent, pour que la brise qui agitait les petites feuilles verdâtres ne souffle pas mon odeur dans les naseaux de l’animal. Rien ne laissait présager ma présence, rien. J’étais d’ailleurs partie chasser seule, pour éviter un maximum les bruits et les remuements. J’avais laissé Mouton accroché à sa chaine au chenil, à ronger un os, et même si Eleyn avait souhaité m’accompagner, j’avais catégoriquement refusé. Chez les Mormont, nous avions rarement l’occasion d’être seuls, la maisonnée étaient toujours animée par les voix de ses occupants. Et aujourd’hui, malgré l’absence de Dacey et Jorelle, parties en séjour dans le Sud, Jon Omble avait débarqué pour une visite diplomatique. Nos deux familles se connaissaient depuis toujours, même si géographiquement, nous vivions à l’opposé les uns des autres. Cela faisait de longs mois que nous ne nous étions pas vu, mais ces derniers jours, le temps était propice à la chasse. Je m’étais éclipsée quelques heures avant son arrivé, avais bourré ma besace de vivre et étais partie m’enterrer en forêt en me promettant de ne pas revenir les mains vides. Il me fallait une proie de choix pour accueillir notre invité. Et la biche qui trottinait devant moi, aux aguets, était la cible idéale.

Je n’étais pas rentrée la nuit passée, ayant préféré ne pas lâcher l’animal. Mes sœurs et ma mère devaient se demander où j’avais bien pu passer. Mais elles savaient que je ne risquais rien. J’avais d’ailleurs profité du crépuscule pour tendre quelques pièges entre les troncs sombres. La bête se dirigeait d’ailleurs en plein vers l’un d’eux. Et elle continuait à avancer, fuyant la menace invisible que je représentais alors que je continuais à l’acculer, sans me montrer. En se glissant dans la sylve déserte, cheminant sous l’épaisse couches feuillue qui bloquait les rayons du soleil, tel un plafond végétal, la fourrure mordorée de la biche se trouvait parfois illuminée de quelques éclats scintillants. Aucun doute, nous réussirions à faire un très beau col de cape. J’étais certes considérée comme la plus douce et la plus calme des sœurs Mormont, celle qui ne s’impose que rarement et la plus avenante, mais j’avais tout de même été élevée sur l’Île aux Ours. J’étais la fille de Maege et c’était un héritage que je ne pouvais nier. Le sang des ours coulait dans mes veines et je n’hésitais pas à ôter la vie si cela était nécessaire. J’étais aussi implacable et impitoyable que ma fratrie lorsque le besoin se faisait ressentir.

Soudain, les oreilles de la biche se dressèrent, bien droites, sur sa tête. Elle leva le museau au vent, en alerte. Mais c’était déjà trop tard.  J’avais tendu plusieurs collets à travers la forêt, sélectionnant les coulées et les passages les plus empreintes par les créatures peuplant le bois. Des branches écrasées, de l’herbe couchée dans un sens, des touffes de poils prises dans l’écorce rugueuse des arbres étaient autant d’indices. J’avais, la semaine précédente acheté plusieurs mètres de cordes de pêche robuste à un marin pour une bouchée de pain. J’avais, hier soir, attaché le bout destiné à serrer le nœud coulant à l'extrémité d'un arbrisseau vigoureux. Celui-ci en fut courbé de force : j’avais ramené son extrémité dans une encoche faite au corps d'un autre arbrisseau voisin. Si le piège fonctionnait, l’encoche tenait si légèrement, que l'animal ne pouvait passer sans l'en faire échapper. Le déplacement de la tige rendait ainsi sa liberté à l'arbrisseau, qui en se redressant, serrait brusquement le nœud coulant sur l'animal. J’avais vu ce scénario dans ma tête des centaines et des centaines de fois. Aujourd’hui, il n’en fut pas autrement. Inévitablement, la biche passa la tête dans le rond de la corde dissimulée par les branches et tira. L’épaisse ficelle sortit des encoches et se resserra en un claquement de doigt sur la gorge de la bête, maintenant prise au piège. Étranglée par le nœud, je mis rapidement fin à son agonie en ouvrant sa gorge sans frémir, une fois rapprochée d’elle. Si je pris toutes les mesures nécessaires pour ne pas abimer la peau de la bête, je me salis allègrement les mains et les bras en la dépeçant. J’avais fait attention de remonter mes manches sur les coudes, mais je me tachais néanmoins de plus de rouge que nécessaire.

La sale besogne effectuée, je rangeais avec précaution les quartiers de viande dans ma sacoche, une fois les avoir enveloppés d’un tissus marron, que devait maintenant être sanguinolent. Je récupérais la peau que j’accrochais à ma ceinture. Plus tard, dans la journée peut-être, j’irais réfléchir un instant sous les feuilles rougeâtres du barral de la maison Mormont et expliquer mon geste. C’était une manie à laquelle je m’étais attachée après avoir tué mon premier animal. Au départ, je n’avais pas trouvé ça très juste. Tuer une créature qui ne nous avait rien fait ? Impensable ! Mais à cette époque, j’étais encore jeune et naïve. Me confier aux Anciens Dieux m’avait libérée d’un poids et même si maintenant je n’étais guère troublée par la chasse, je me rendais toujours sous l’ancien arbre à l’écorce aussi blanche que nos os.

Rentrer maintenant aurait été une bonne idée. Cependant, j’étais dégoutante, pleine de terre, de boue et de sang. Accueillir nos invités ainsi n’était pas vraiment du meilleur goût. Des rumeurs plus qu’amusantes circulaient sur notre famille et je m’amusais toujours à affabuler dessus, mais les Omble étaient nos alliés et même si voir la tête effarée des soldats en me découvrant accoutrée de la sorte m’aurait probablement fait rire, je préférais aujourd’hui me rendre présentable.

Marchant d’un bon pas, j’arrivais bientôt sur la côte, déserte de ce côté si de la forêt. La plupart des villages se trouaient à proximité de notre forteresse pour bénéficier de notre protection et rares étaient les hommes et les femmes s’aventurant plus au Nord ou plus à l’Ouest de notre île. Mes pieds crissèrent sur la berge caillouteuse tandis que je longeais la plage, bordée de cette mer noire et peu avenante dont nous connaissions si bien les secrets. Une petite crique que j’avais quelques fois aperçue était en vue et je décidais de m’y rincer. Je déposais mon sac sur une grosse pierre plate, coincée entre la terre et les flots, m’assis sur son rebord et me lavais avec application les mains. Je pensais que cela suffirait amplement. Mais en reniflant mes vêtements, je ne pus m’empêcher de grimacer. Ces deux jours à vagabonder dans la sylve ne m’avaient pas laissé indemne. En vérité, je sentais le vieux sanglier. Je tirais la langue de dégoût. J’étais habituée aux fortes odeurs de cuir, de viandes rances et de terre, mais j’avais aujourd’hui battu mon propre record. Un petit bain ne me ferait pas de mal. De toute façon, il n’y avait personne.

Une fois nue, je rentrais doucement dans la mer d’encre et lâchais un gémissement tremblotant lorsque l’eau glacée vint me chatouiller le ventre. Je serrai les dents, mais enfin, il fallait y aller ! Je me fis violence et me laissais engloutir par les flots jusqu’aux épaules. Derrière moi, trainais ma longue chevelure brune qui apparaissait aussi sombre que les abysses. Mon corps blanc semblait briller doucement dans la noirceur aqueuse. Il fallait nager pour me réchauffer puisque le soleil trop faible n’était pas de la partie. Si je comptais sur lui, je mourrais frigorifiée dans un peu moins d’une heure, si je restais là à faire du sur place. Aussi, je m’aventurais dans la crique, longeant les rochers, en prenant garde de ne pas trop m’éloigner tout de même. Le froid faisait circuler le sang, soit. Durant ma baignade, je gardais tout de même un œil sur ma sacoche, mes jupes, mon arc et mes flèches, laissés sur la pierre grise. L’odeur de la viande fraiche pouvait attirer les prédateurs et je n’étais guère en position de me défendre.

Alors que je m’apprêtais à rejoindre le bord, un frisson remonta le long de ma nuque. J’avais la désagréable impression d’être épiée. Je tournais lentement mon visage. La première chose que je vis fut le cheval. Puis, l’homme sur son dos. J’entrouvris la bouche, médusée, tel une truite morte. Malgré la distance, je n’eus aucun mal à reconnaître la stature impressionnante de Jon Omble, notre invité. Le réflexe premier de toute bonne dame qui se respectait aurait été de hurler et de couvrir sa poitrine en se laissant engloutir par la mer, histoire de protéger ce qu’il restait de sa pudeur. Mais nous autres, Mormont, n’étions pas de cette trempe. Je profitais de la surprise du voyeur et de sa maladresse qui le fit s’écraser dans le sable, pour nager à toute allure vers mon arc que j’attrapais à pleine main avant de le menacer d’une flèche vengeresse.

« Depuis quand es-tu ici ?! » m’écriais-je d’une voix outrée. « C’est ce que tu es devenu, Jon Omble ? Un vicieux qui observe les femmes pendant leur bain ? »

Il était toujours le nez dans le sable, à grommeler alors que son destrier mordait furieusement son mors. Je reconnaissais une de nos montures, un mâle fougueux qui adorait prendre la poudre d’escampettes. J’avais de l’eau jusqu’à la taille et ma nudité colora légèrement mes joues de rose. Je n’étais pas d’une nature incroyablement pudique, du moins, pas avec mes sœurs. Les croiser en chemise de nuit n’était plus un problème depuis longtemps.

« Donne moi une bonne raison pour ne pas laisser cette flèche transpercer ton crâne. »

Ma voix était à nouveau posée et douce, bien qu’empreinte de sévérité et légèrement mortifiée. À cette distance, je ne pouvais pas le manquer et ça, il le savait autant que moi. Évidemment que je ne le tuerai pas, mais j'étais agacée et avais décidé de ne pas laisser passer ça.

  

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Le choc l'avait quelque peu troublé. Même pour une personne de sa carrure, ça ne faisait pas forcément du bien de tomber ainsi de son cheval. C'est surtout la tête qui avait pris, ce qui expliquait qu'il était désorienté. Il avait hurler comme un pendu pendant sa chute, sa tête était immergée sous l'eau. Sa bouche en était emplie, il sentait le liquide descendre dans sa gorge. Cela lui donnait des hauts de cœur. Jon prit appui sur ses avant-bras se redresser un tant soit peu. Sa tête émergea de l'eau, il cracha toute l'eau qui s'était accumulée dans lui. La sensation était très désagréable dans la gorge, il gardait le goût du sel dans la bouche. Il reprenait ses premières bouffées d'oxygène, cela lui faisait le plus grand bien, mais il continuait à tousser par intermittence. Il pesta:

"- Saloperie ! Si jamais je t'attrape, je jure que..."

Il ne trouvait pas les mots pour dire à quel point il en voulait à l'animal. On l'avait pourtant prévenu qu'il était fougueux, mais pas à ce point. Mais après tout, il l'avait peut-être bien cherché. Les dieux l'avaient surement punis de ce qu'il avait fait, il ne pouvait que s'en prendre à lui-même. Son regard se porta un instant sur la plage, il vit sa monture en train de mordre furieusement une pièce de son harnachement. L'Omble se demandait s'il allait pouvoir remonter dessus, ce dernier ne se laisserait peut-être pas faire. Il allait peut-être devoir rentrer à pied. La douleur, qu'il ressentait à l'arrière de son crâne, était assez vive. Il porta sa main à l'endroit où il avait mal. Il fit une grimace lorsque sa main passa sur la blessure. Il reporta sa main devant ses yeux.

Pas de sang. Il aurait surement juste une bosse, ce n'était donc qu'un détail. Puis il attendit la voix plus que familière de Lyra, il l'aurait presque oubliée dans sa chute. Il était dans de beaux draps maintenant. Elle lui demanda depuis quand il était ici. Il ne chercherait pas à trouver d'excuse. Pourquoi le ferait-il ? Il était pleinement responsable et assumerait sa perversion. Sa tête était au niveau de l'eau, il la tourna jusqu'à la source d'émission de la voix de Lyra. Ses yeux tombèrent sur les hanches de la jeune femme, puis il remonta son regard. Il fit attention de ne trop s'attarder sur sa poitrine. Puis il vit que la jeune femme avait son arc bandé en sa direction. Par pur instinct guerrier, il porta sa main sur la poignée de son épée et allait dégainer. Mais pour une fois il réfléchit un tant soit peu avec ta tête, plutôt que réfléchir avec sa lame.

Tout geste brusque pourrait faire que la jeune femme lui décoche une flèche. Il savait qu'à cette distance, elle n'avait aucune chance de louper sa cible. Mais serait-elle prête à tuer l'héritier d'une des maisons les plus puissantes du Nord ? Serait-elle prête à créer un conflit sans précédent entre leurs deux familles ? L'Omble l'ignorait, mais il ne voulait pas trop la tenter. Il la regarda dans les yeux, ne les quittant pas à un seul instant. Elle lui demandait une bonne raison de ne pas le tuer. Une menace, il était donc averti. Il répondit à sa première question:


"-  Je viens d'arriver Lyra. Crois-moi que je ne savais pas que c'était toi, sinon je t'aurais directement prévenu de ma présence ou j'aurais rebroussé chemin."

Il était franc et honnête. Il ne voulait pas d'ennui avec les Mormont. Ne la quittant pas des yeux, il continua à prendre appui sur ses avant-bras pour se redresser doucement. Il se remit sur ses jambes, il fit attention à faire ça doucement et sans mouvement brusque pour éviter de se prendre une flèche. Son regard toujours plongé dans le sien, il sourit, il allait lui donner une bonne raison de ne pas le tuer:

"- Disons que je n'aime pas trop ma tête et qu'une flèche n'arrangerait guère mon portrait." Il lâcha un petit rire amusé malgré la situation et reprit: " Je n'avais pas encore eu l'occasion de te voir depuis mon arrivée, je me demandais bien où tu avais pu passer. Surement en train de t’entraîner ou à chasser je présume ? "
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Jon & Lyra


La mer grise et transparente était glacée. Elle promenait ses lèvres sur ma peau nue et je dus me faire violence pour ne pas grimacer. Plus les minutes s’écoulaient, moins je sentais mes doigts de pieds. J’avais d’ailleurs du mal à les faire bouger correctement, les articulations comme rouillées par le sel et l’eau. J’avais la désagréable impression d’avoir mon corps pris dans un étau jusqu’à la taille alors que ma poitrine, mes épaules et mes bras souffraient de sentir les perles humides encore accrochées à mon épiderme balayé par un vent si doux qu’il aurait été presque agréable d’ordinaire. Là, il devenait agressif et acteur principal de ma lente agonie. Un long frisson remonta de mon coccyx, le long de ma colonne vertébrale, ébranla mes côtes avant de se perdre dans ma nuque. Mes cheveux se hérissèrent et je me mis à claquer des dents. J’aurais déjà dû être sortie, mais comment le pouvais-je, maintenant que j’étais observée par un homme ? Pouvais-je lui dévoiler ma totale nudité sans honte et sans crainte ? Impossible ! Pourquoi avait-il dû arriver maintenant ? D’ailleurs, comment m’avait-il trouvé ? Je ne laissais guère de traces, dans la forêt, et même le meilleur chasseur et pisteur du village avait toujours du mal à repérer les chemins que j’empruntais. Par hasard ? Quel maudit concours de circonstances ! Peut-être les anciens dieux avaient-ils envie de sourire. Et ils m’avaient choisi comme marionnette de leurs jeux hasardeux.

Jon se releva de sa chute en tenant sa tête. Je mordis ma lèvre inférieure pour contenir mon grelottement et m’imaginais que mon ami avait dû se blesser. Réellement, les divinités des barrals nous jouaient un sale tour ! Il jura et posa sur moi son regard pénétrant. Le froid faisait circuler le sang et un afflux arriva subitement à mes tempes lorsqu’il s’attarda un instant de trop sur ma poitrine. Oh, la cherchait-il vraiment cette flèche ? Je m’immobilisais lorsqu’il posa sa main sur la garde de son épée. Il voulait se battre ?! Il n’avait aucune chance. Malgré mon corps tremblotant, mes mains et mes doigts étaient sûrs sur mon arc. Il était connu que je ne ratais que rarement mes cibles. Surtout à cette distance. Je l’aurais tué avant qu’il se soit complètement remis debout.

Il tenta de s’expliquer, mais je ne fis que claquer ma langue contre mon palais, mécontente, et lâcha un soupir exaspéré. Pourtant, il avait pris ma menace au sérieux et pris son temps pour se relever, évitant les mouvements brusques qui auraient pu me surprendre. J’étais loin d’être un animal sauvage qu’il ne fallait pas effrayer, mais je lui rendais son regard concentré, prête à le faire sursauter, moi aussi, en plantant une flèche à ses pieds si son regard déviait un peu trop. Je restais comme deux ronds de flanc lorsqu’il se mit à plaisanter et à rire, toute gêne semblant s’être évaporée pendant que je mourrais de froid. Pire, il me parlait comme si de rien n’était ! Mes bras commençaient à se rigidifier. Bientôt, peut-être, serais-je changée en statut de sel et de glace. Le temps effacera mon nom des mémoires et on viendrait se rire de moi, l’imbécile nue, morte gelée dans la mer.

« Je chassais ! » rétorquais-je. « Et je me baignais pour éviter d’avoir l’air d’une sauvageonne en rentrant chez moi et recevoir nos invités ! Mais il faut croire que c’est l’invité qui est venu à moi… »

Il était évident, au ton et à la gravité de ma voix, que j’étais énervée et que je n’étais guère d’humeur à rigoler. La situation faisait que j’avais perdu tout mon sens de l’humour. Pour qui cela n’aurait-il pas été le cas, à se geler dans une eau glacée ? Après un dernier combat de regards, je finis par baisser les yeux. Nous n’allions pas rester là, à discuter du voyage du Omble et de mes activités diurnes pendant que je trempais avec les glaçons. Même un phoque aurait frissonné de nager par ici. Je n’attendis pas sa réponse et reposais mon arc sur la pierre plate d’un geste sec. Maintenant, je m’attaquais à la partie compliquée qui consistait à m’habiller.

« Tu permets que je me couvre un peu ? Ce n’est pas qu’engager une conversation ici soit gênante, mais presque. Tournes toi ! » ordonnais-je d’une voix dure.

Je l’observais du coin de l’œil pour vérifier qu’il s’exécutait bien. Puis, sans demander mon reste, je grimpais sur le rocher et entrepris de chasser l’eau de ma peau grossièrement en frottant mon épiderme aussi vite que possible. Cela permettrait également de me réchauffer. Je piétinais pour refaire circuler le sang dans mes pieds. Mes dents claquaient si fort qu’on devait les entendre jusqu’au Mur. J’enfilais mes jupes et mon corsage qui m’offrirent une protection au vent. Je sentis immédiatement la différence, désormais protégée et légèrement réchauffée par le tissu épais. Pourtant, des auréoles aqueuses se formaient déjà de-ci, de-là et je me couvris de ma lourde cape. Je frissonnais de bonheur de la sentir sur mes épaules. L’arc passé et ma besace autour de la taille, je rejoignis le Omble.

« Il est certain que le temps de vous a guère arrangé, Lord Jon, » lâchais-je pour me venger, un léger sourire aux lèvres, maintenant que j’étais proche de lui et que je pouvais observer ses traits. « Et une flèche de ma part vous aurait sauvé du mariage. »

Je ne le vouvoyais pas, d’ordinaire. Mais le ton sarcastique que j’employais signifiais mon agacement. Pourtant, je ne pouvais rester bien longtemps en colère et la vue de la bosse rouge qui se dessinait déjà sur l’arrière de la tête de mon ami me fendit le cœur. Quel maladroit ! Je l’effleurais avec précaution pour ne pas l’indisposer, mais mes doigts glacées devait probablement le soulager.

« Allons, rentrons vite. J’ai attrapé de quoi nourrir un régiment, » lui appris-je en lui présentant ma besace. « Et il faut soigner cela. En plus d’être défiguré, il ne manquerait plus que la chute t’ai rendu stupide. »

Son destrier s’était un peu éloigné, mais continuait à gratter le sol nerveusement. Nous irions beaucoup plus vite à cheval et faire le voyage retour à pied ne m’enchantait pas vraiment. Certes, cela m’aurait réchauffé un peu, mais plus vite nous serions rentrés, mieux cela sera. J’essorais mes cheveux une dernière fois, les attachais avec une lanière de cuir pour éviter qu’ils ne goutent dans mon dos et sifflais l’animal. Je grimpais sur son dos sans une once d’hésitation. Même s’il était fougueux, je le connaissais et il avait dû profiter de l’inexpérience du Omble pour le maltraiter sur la route. J’invitais Jon à s’asseoir derrière moi et à se tenir à l’arrière de la selle.

« Ma lady, je vous conduis en ma demeure ! » ris-je de bon cœur, la rancœur presque oubliée en surface.

  

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Elle ne semblait pas très satisfaite de sa réponse, il pouvait la comprendre, sa situation était plus que gênante. Du moins, disons sa nudité pouvait l'être, il lui accordait. En ce qui le concernait, il ne trouvait pas cela désagréable, c'était même intéressant, la vue était absolument splendide. Il évitait de quitter des yeux Lyra, elle aurait vite fait de lui décocher une flèche volontairement. Les Mormont  avaient un sacré caractère. "Bien Trempé" ? C'était encore trop léger pour les définir. Disons que même les Omble évitaient de s'y frotter s'ils avaient le choix, pas qu'ils en avaient peur, mais les deux maisons possédaient un fort caractère et les confrontations risquaient de tourner parfois à l’affrontement. Dans le cadre de la pérennité des bonnes relations, autant éviter que cela ne se produise. Il était toujours debout face à elle, il ne voyait pas trop l’intérêt de mettre ses mains en évidence, et c’est pour cela qu’il ne le fit pas. A cette distance, elle n’avait aucune chance de le rater et il le savait. S’il tentait quoi que ce soit, elle n’hésitera pas à rabaisser ses ardeurs. Mais bon pourquoi tenterait-il quelque chose ? C’était son amie, il ne se sentait pas capable de lui faire du mal dans l’état actuel pour sauver sa vie. Puis il s’était mis dans cette situation par lui-même, autant essayer d’en sortir en un seul morceau en essayant d’utiliser un tant soit peu de diplomatie. La diplomatie... Un terme bien étrange pour les Omble, mais il n’avait pas trop le choix aujourd’hui.

Sa tentative de détendre l’atmosphère n’avait pas marché apparemment, elle semblait en colère, ses mots en disaient long sur son état d’esprit.  Elle lui répondit qu’elle chassait et qu’elle s’était lavée pour être présentable devant ses invités. Jon était arrivé depuis deux jours et il ne l’avait pas encore vu, il ignorait qu’elle s’adonnait à des chasses aussi longue et surtout tout de seul. Bien que c’était une île, le domaine des Mormont était régulièrement attaqué par les sauvageons et les fer-nés. Se balader seul en ces lieux était un risque si on n’y était pas préparé, mais il savait que les filles de Maege étaient des farouches guerrières qui savaient parfaitement se défendre. Puis bon quand on a des invités, on essaye généralement d’être présent lors de leur venue, mais il n’était pas en position de lui rétorquer une telle chose. Il ne pouvait qu’attendre que Lyra se calme et décide de ne plus le mettre en joue.

Elle voulait se rhabiller, là encore il évita de lui lancer un mauvais jeu de mots ou une blague, autant dire qu’elle n’aurait pas du tout apprécié. Il se retint même de lui proposer un coup de main, là il pourrait dire adieu à ses bijoux de famille. L’Omble se contenta donc de se retourner et d’attendre le signal de son amie. Là encore, c’était tentant de regarder par-dessus son épaule, mais il ne le fit pas. Lyra réapparut peu de temps après, elle semblait avoir fait vite pour ne pas trop faire attendre son invité. La jeune femme semblait s’être calmée, sourire aux lèvres, elle lui balança une petite provocation sur le fait qu’une blessure lui aurait fait raté la chance de se marier. Le mariage…Il savait qu’ils devraient tous y passer un jour pour l’intérêt de leur maison respective, de tout de façon c’était surement son père qui lui choisirait une épouse. Il se contenta de rire à sa remarque, il n’avait pas grand-chose à dire à ce sujet.

Il s’approcha de lui jusqu’à aller toucher la bosse qui se dessinait à l’arrière de sa tête due à sa chute. La froideur de ses mains le fit tressaillir légèrement, car il ne s’y attendait pas. Puis elle lui présenta sa besace, remplie de tous ses trophées de ses journées de chasse. Il se souvint que ce ça n’avait pas toujours été comme ça et il ne put s’empêcher d’émettre un rire tonitruant :


« - Tu es devenu une excellente chasseuse, Lyra. Je me souviens encore de la petite fille qui s’entrainait à l’arc, qui manquait régulièrement la cible et qui avait failli castrer quelques pêcheurs qui passaient par là. »

Elle appela le cheval qui avait causé sa blessure. Quelle saloperie ! P’tit-Jon avait envie d’exprimer sa rage sur l’animal, mais ce n’était pas sa possession, puis c’était en partie sa faute s’il avait chuté, il n’était pas vraiment un bon cavalier. Lyra s’attacha les cheveux et monta sur le dos du destrier. P’tit-Jon hésita un moment à remonter sur l’animal, cette sale bête lui avait déjà joué un tour, qui dit que ça n’allait pas recommencer. L’intervention de la Mormont le sortit de ses pensées. Encore une provocation, il ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement. Il fit une révérence pour ajouter :

«  Vous m’en voyez ravi, nous pourrons peut-être déguster vos fameuses prises en arrivant. Du moins si vous arrivez à maîtriser le cheval pendant le voyage. »

Sur ces mots, il monta sur le dos de l’animal en se mettant derrière Lyra.
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Jon & Lyra


Le Omble grimpa derrière moi sur le fougueux destrier sans hésiter plus longtemps. Le froid motivait notre vélocité et notre envie de rentrer au plus vite pour nous réchauffer auprès d’un bon feu et une assiette de venaison dans le ventre. La chef des ourses me ferait probablement une remarque quant à mon absence lors de l’accueil de notre invité et elle aurait raison. D’ordinaire très polie, j’avais probablement estimé que nos liens étroits avec la famille Omble et l’intimité entre deux nos maisons m’épargnais le devoir pourtant primordial de la politesse. Après tout, il était destiné à être l’héritier d’Âtre-les-Confins et je n’étais que la troisième fille de Maege Mormont. Pourtant, il fallait bien que quelqu’un se dévoue pour remplir les auges et j’estimais que c’était faire preuve d’un grand respect que de se décarcasser et se démener pour chasser en l’honneur de notre visiteur, plutôt que d’envoyer quelques serviteurs. Les deux visions se valaient, mais il me faudrait tout de même présenter des excuses. Parce que j’avais en partie tord, je demanderais pardon, de bonne grâce. Or, Jon me devait également des excuses. Je manquais de sourire devant l’absurdité de la situation.

De sentir les flancs de l’animal brulants contre mes jambes gelées suffit pour me faire soupirer d’aise. C’était autre chose que de nager avec les glaçons ! Je raffermis ma prise sur les rennes, bien heureuse de quitter la crique balayée pour une douce bise mordant votre peau nue. Si l’étalon demeurait entêté, il comprit qu’il avait affaire à ma petite personne et non plus à l’immense inconnu qu’il avait réussi sans trop de mal à jeter à terre. Aussi, après quelques piaffements d’impatience et des mordillements de mors, il se rangea à mon bon vouloir et grimpa la petite pente pour nous replongea dans la forêt, en direction du village. Derrière moi, Jon se tenait fermement à la selle.

« Tu te souviens de bien des choses embarrassantes Jon… » répondis-je en rougissant à sa précédente blague. « Je ne suis pas aussi douée au combat que mes sœurs alors, j’essaye de me rendre utile. »

Mais il avait raison. Mon apprentissage avait été aussi désolant qu’incroyablement drôle, pour des yeux extérieurs. Pour ma part, je ne riais pas vraiment. Mes débuts furent ridiculement maladroits, craignait autant l’arc que la flèche et déterminée à rater toutes mes cibles. Ma mère s’exaspérait souvent, m’appelant « le désastre ambulant » et soupçonna longtemps un problème avec mes yeux. Peut-être que, finalement, j’avais bel et bien de la peau de saucisson devant les mirettes. Par chance, nous avions l’une et l’autre tenues bon et sur les encouragements de mes sœurs, je réussissais aujourd’hui à apporter ma pierre à l’édifice en défendant à ma manière notre foyer.

Autour de nous, les arbres se raréfiaient, nous indiquant que nous approchions du but. D’une main distraite, je laissais glisser mes doigts le long de l’encolure de l’animal dont les muscles se détendirent sous ma paume. Je fis claquer ma langue contre mon palais pour lui ordonner d’accélérer la cadence, ce qu’il fit après avoir secouer la tête, chassant ainsi ma main.

« Accroche toi bien, je ne voudrais pas que tu tombes à nouveau ! » ris-je. « Et ne t’inquiète pas, il nous mènera à bon port, il sait qui il a sur le dos. »

J’étais loin d’être une excellente dresseuse, mis à part Mouton, j’avais du mal à me faire obéir des animaux. En revanche, ceux-ci savaient que je n’étais jamais avare de friandises, de restes et de caresses. Ainsi, notre destrier actuel devinait pertinemment que mes pelures de pommes de ce soir lui seraient réservé. Les bêtes étaient lui d’être stupides et j’étais loin d’être autoritaire.

« Je ne sais même pas pourquoi tu es venu nous rendre visite par ailleurs, » m’étonnais-je. « Il doit bien y avoir une bonne raison derrière un si long voyage, n’est ce pas ? Ton père t’a-t-il demandé quelque chose ? »

Le voyage de la zone la plus septentrionale du Nord jusqu’à l’Île aux Ours n’était pas une mince affaire. Pareil périple signifiait des semaines et des semaines de routes, de froid et d’inconfort, le tout couronné par une traversée en bateau des plus dérangeantes pour les plus faibles d’entre nous. Il ne faisait donc aucun doute que les Mormont ne recevaient que très peu d’étrangers ou de visiteurs.

Enfin, les énormes rondins sombres de notre demeure s’offrirent à notre vue et je pressais notre cheval, serrant mes cuisses contre ses côtes. Je sautais à terre, devant les écuries et défit moi même la selle et le mors avant de les ranger à leur place. L’animal rentra dans son boxe comme un grand et je lui fis la promesse d’une récompense future.

« Tu as sûrement déjà dû voir Alysanne et Lyanna. Elles étaient encore à la maison quand je suis partie. »

Pourtant, alors que nous pénétrions dans le hall qui faisait également office de grande salle à manger, il n’y avait pas âme qui vive. Moi qui m’étais entendue à la leçon maternelle, je ne rencontrais qu’un silence pesant et inhabituel. Un peu déboussolée, je haussais les épaules.

« Hé bien, je n’ai jamais vu cet endroit aussi calme… J’espère que nous n’avons pas subit une attaque en notre absence… »

Un peu préoccupée, je laissais mes sourcils se froncer, mais rejetais assez vite ma précédente déclaration. D’ici, nous entendrions le vacarme du village sur des sauvageons et des fer-nés avaient décidé de débarquer à l’improviste.

« Mais je t’en prie ! » me dépêchais-je d’ajouter. « Installe toi ! La cuisinière et moi allons commencer à préparer le repas. Tu dois avoir aussi faim que moi. »

L’énorme cheminée fut aussitôt dotée d’une grosse marmite noire où je jetais les quartiers de viande chassés de la matinée.  


  

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L'Omble se tenait fermement avec les prises qui lui étaient offertes. Il n'avait jamais été à l'aise sur les chevaux, il préférait nettement faire les trajets à pied. Au moins il était sûr de ne pas faire de chutes. A vrai dire, le seul destrier sur lequel il était à l'aise était un puissant étalon que son père lui avait offert en cadeau d'anniversaire il y a peu. Ce dernier était suffisant grand et puissant pour supporter Jon et se mouvoir sans problèmes. Il était plutôt un bon cavalier sur celui-ci et savait même se battre sur son dos. Mais avec un autre cheval, il était plutôt maladroit et cela s'avérait souvent compliquer. Il en avait fait encore les frais. Heureusement Lyra était une bien meilleure cavalière que lui, elle serait faire face à la fougue de l'animal pour qu'il ne s'agite pas trop.

Sa remarque lui fit sourire, c'est vrai qu'il se souvenait d'un peu des débuts de la jeune femme. Il était la plupart du temps à l'Âtre pendant sa jeunesse. Cependant, lorsqu'il était en visite sur l’île aux Ours, il avait plusieurs fois regarder les entraînements de la Mormont, elle était si maladroite et inexpérimentée à l'époque que c'était comique à voir. Par contre quand elle utilisait l'arc, il faisait en sorte de trouver une protection et de la regarder de derrière son couvert. Même si elle n'aurait pas voulu sa mort, elle aurait pu la provoquer accidentellement . Lyra s'était cependant bien amélioré, notamment à l'arc où elle devait être bien meilleure que Jon.

Elle pensait qu'elle était moins douée que ses autres sœurs, il ignorait pourquoi la jeune femme lui disait cela. A vrai dire, il n'avait jamais comparé leurs niveaux, cela ne l’intéressait pas. Les Mormont étaient vraiment des farouches guerrières, il avait pu les voir à l'oeuvre plus d'une fois, elles étaient redoutables contre leurs adversaires. Les gilles de Maege étaient vraiment douées, il n'y avait aucun doute à avoir là-dessus. Il ne comprenait donc pas les paroles de Lyra, doutait-elle de ses capacités ? Sa maison était régulièrement la cible des Fer-nés et des sauvageons, il n'y avait pas de place au doute au combat. C'était une source de distraction qui pouvait mener à faire des erreurs, et celles-ci pouvaient bien se révéler fatales.

C'était son amie et il était donc de son devoir de la rassurer en ce qui concerne ses capacités, ils ne voulait pas qu'elle courre un quelconque danger:


«  - Tu aurais tord de douter de tes capacités, Lyra. Moi, je sais ce que tu vaux. Les capacités d'un guerrier ne sont pas seulement jugées sur ses faits d'armes ou ses exploits, mais aussi sur son habilité à protéger les siens.    »

Et il savait très bien qu'elle était prête à tout pour protéger sa famille et les habitants de l'île, il espérait que cela l'aurait rassuré un tant soit peu. Elle ordonna au destrier d'accélérer la cadence, au grand déplaisir de l'Omble qui avait déjà bien dû mal à tenir comme cela. Lyra lui lança une pique, encore une fois pour le provoquer et se moquer de lui. Elle semblait prendre un grand plaisir à le faire. La Mormont lui dit qu'il savait qui il avait sur le dos, donc il ne ferait pas trop de bêtises. Jon avait été sur son dos à l'aller et sa bosse pouvait témoigner de l'accident qui s'était produit. Il se contenta donc de marmonner :

«  C'est justement ce qui m'inquiète...  »

Il renforça sa prise sur la selle quand le cheval accéléra. Jon faillit perdre l'équilibre. Il faillit avoir pour réflexe de agripper aux hanches de la cavalière pour se maintenir en selle. Mais après l'avoir vu nue, il se disait que c'était une bien très mauvaise idée et qu'elle l'avait déjà assez mal pris comme ça. Par chance, le terrain devint moins escarpé, et l'Omble se sentit un peu plus à l'aise dans sa position. Ils arriveraient bientôt à destination, les arbres se faisaient de moins en moins nombreux ou certains d'entre eux présentaient des marques de coupe, preuve qu'il y avait des habitations dans le coin.

Elle lui demanda la raison de sa venue sur l'île. C'est vrai qu'il ne lui avait pas encore dis, il n'avait pas vraiment eu l'occasion de le faire jusqu'à présent.


«  Il n'y a pas vraiment de raison précise à ma venue, j'avais juste envie de te revoir, toi et sœurs. Cela faisait un moment que je n'avais plus mis les pieds sur l'île. De plus mon père veut je garde des liens étroits avec les autres maisons Nordiennes. Et je comprends son raisonnement, les relations entre familles sont importantes, d'autant plus qu'un jour, je serais destiné à le remplacer quand le moment sera venu. Il veut que je m'assure que je puisse compter sur mes alliés quand il sera parti. »

Le géant avait fini sa phrase sur un ton triste, nul n'était immortel, ça il le savait. Tout Homme doit mourir un jour, mais il savait que cela lui déchirerait le cœur de perdre une personne qu'il aimait et qui lui avait tout appris, même s'il ne le montrait pas clairement pour ne pas paraître faible. La demeure ancestrale de l'Île aux Ours apparut enfin, il allait pouvoir descendre de ce maudit cheval ! Elle dirigea le destrier vers l'écurie et Jon put toucher la terre ferme. Il n'avait jamais été aussi heureux de descendre d'un cheval ! Il attendit qu'elle eut fini de ranger le matériel, puis ils se dirigèrent vers l'entrée de la demeure.

Lyra lui demanda si il avait déjà vu Alysanne et Lyanna, il lui répondit par un simple hochement de tête.  Il les avait vu la veille de son départ pour aller trouver Lyra, elles aussi semblaient heureuses de le voir, un peu moins Alysanne qui avait toujours été distante avec lui. Ils pénétrèrent dans le hall et comme à son arrivé il y a quelques jours, il n'y avait personne.  Son amie s'inquiéta sur la possibilité d'une attaque, mais il n'y avait aucun signe, aucune marque de combat, il la rassura donc:


«  Ces pouilleux de fer-nés et de sauvageons ne font jamais dans la demi-mesure quand ils attaquent. Crois-moi que s'ils auraient mené une attaque, nous l'aurions déjà constaté »

Elle lui proposa de s'installer pendant qu'elle alla cuisiner . Il lui demanda s'il pouvait l'aider d'une quelconque manière, mais elle refusa.  Jon n'aimait pas trop se tourner les pouces à rien faire, il détestait attendre et ne tenait pas en place. Il alla donc faire un tour de quelques minutes, juste le temps d'aller voir le barral pour être proche de ses dieux pendant un cour instant. Il se recueillit un moment, c'est dans cet endroit qu'il se sentait le plus proche de ses croyances et de ses ancêtres. Comme s'il était en communion avec la nature. Il finit par se relever et aller reprendre place dans le hall. L'Omble en profita pour nettoyer brièvement ses bottes, il ne se préoccupait pas de son apparence, c'était surtout par respect pour ses hôtes, pour ne pas dégueulasser davantage leur demeure.

Il patienta un petit temps à table avant que le repas soit servi, tout des mets qui semblaient succulents à première vue. Jon se montra extrêmement galant pour une fois et aida son amie à s'installa à sa place, qu'il faisait de beaux progrès ! Une fois qu'elle fut assise, il prit place.


«  Tout cela me parait succulent, Lyra. Du moins ça sent très bon! »

Jon se permit de saisir la carafe de vin, il remplit la coupe de la Mormont, puis la sienne. Il trinqua avec elle, porta la coupe à sa bouche pour en boire deux-trois gorgées. Puis il sourit avant d'aborder un sujet qui la mettrait mal à l'aise. Après tout, elle aimait lui lancer des piques, il fallait un juste retour des choses:

«  Une combattante émérite, une femme ravissante et intelligente, ainsi qu'une parfaite cuisinière.  Je m'étonne presque que Maege n'est pas encore trouvé un homme digne de toi.   »
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Jon & Lyra


Etonnamment, l’imposante demeure de bois des Mormont était plongée dans un calme olympien. Un silence bien inhabituel régnait dans la maison qui, d’ordinaire, résonnait toujours de voix fortes, de discussions animées ou de rires. Il était vrai que depuis le départ de Dacey et Jorelle il semblait que la forteresse de rondins était moins animée et souvent, je me demandais comment elles allaient, ce qu’elles faisaient et surtout, si nous leur manquions. Je m’inquiétais souvent pour ce genre de chose et l’angoisse était souvent telle qu’elle me plongeait dans un mutisme dérangeant. Mes sœurs et ma mère savaient que, une fois plongée dans cette état, il fallait simplement laisser faire le temps. Mes accès de mélancolie arrivaient sans crier gare et repartaient de la même manière. Il était donc naturel pour moi que, constatant le grand hall vide, je commence à me faire des idées. Voilà pourquoi l’idée des fer-nés m’avait d’abord frappée. Nous qui étions si sujets aux attaques de ces barbares, il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’ils se préparent à ravager de côtes, une fois encore. Et je n’aimais pas savoir ma famille dehors, hors de portée. Ils étaient grands, bien entendu et Maege et Alysanne étaient avec eux, mais…

Je respirais un bon coup. Jon venait de me dire qu’il les avait aperçues, peu de temps avant son départ pour venir me trouver dans la forêt et une attaque lui semblait à lui aussi peu probable. Il fallait simplement que je me calme. Tout allait bien et il suffisait que je pense à autre chose. Jon m’avait rassurée, lors de notre retour sur mes capacités. Mon habileté à protéger les miens, avait-il dit. Je savais me défendre et je savais défendre cette Île. À ses yeux, cela semblait suffire. Mais pour moi, il n’y avait pas assez. Les attaques se faisaient toujours plus redoutables et pressantes. Les sœurs Mormont ne tiendraient pas longtemps maintenant que deux d’entre elles avaient quitté le foyer. Il fallait que je fasse plus. Toujours plus. Mon ainée et Jorelle étaient parties le cœur léger, en nous faisant confiance. Et nous devions nous montrer à la hauteur. Je devais me montrer à la hauteur. Et la peur d’échouer me tétanisait, parfois. Les Stark nous avaient confiés cette île et continués à nous considérer comme leurs plus fidèles vassaux, malgré les problèmes qu’avaient provoqué Jorah. Là encore, nous devions nous montrer dignes.

Alors que le bruit des couteaux sur le plat de travail battait le rythme, Jon en profita pour sortir et aller se recueillir auprès des Anciens Dieux. Les Omble étaient de fervents spirites. L’éloignement de leur demeure et leur isolement expliquait probablement en partie cela. Nous mêmes, Mormont, agissions de la même façon. De vivre sur une Île, loin de tout et de tous nous rapprochaient inexorablement de nos Anciens Dieux, protecteurs de la nature, de la faune et de la flore dont nous étions entourés et encerclés.

Après sa sortie le Omble s’installa à table, mais prit soin de nettoyer ses bottes, crottées de boue. J’étouffais un rire et manquais de m’étrangler. Un regard au sol aurait dû le convaincre de laisser ses chaussures telles quelles. Les dalles grises étaient brunes de terre, de poussières et de boue séchée. C’était ici qu’il salirait ses bottes ! Il n’avait aucunement le besoin d’être présentable. Nous avions l’habitude, ici. C’était sa réaction qui était ridicule et étonnante.

« Je crois qu’il te reste un peu de boue là ! » me moquais-je en montrant le bout de sa chausse.

Une fois le repas prêt, je remerciais la cuisinière qui repartit à ses affaires, dans l’antre de la forteresse. Je sourcillais lorsque Jon m’aida à prendre place. Voilà encore quelque chose d’étonnant ! Enfants, nous ne faisions que nous taquiner et faire les quatre-cent coups, lors de nos rares rencontres sur l’Île ou à Winterfell. Je ne m’étais pas rendue compte que depuis notre dernière entrevue, il avait peut-être grandi et c’était mis en tête d’agir comme un gentlemen. Et voilà qu’il complimentait maintenant la cuisine ! Je hochais la tête, pour le remercier et cette pensée me fit sourire, tandis qu’il servait nos coupes. Comme lui, j’en pris quelques gorgées et manquais de tout recracher par le nez à sa dernière intervention. Je m’éclaircis la gorge et reposais mon verre.

« Hé bien, Jon, je ne sais pas ce qu’il te prend. Tu nettoies tes bottes, tu t’extasies devant ma cuisine et maintenant voilà que tu me complimentes ! » ris-je, pourtant gênée. « Quelle mouche t’a donc piquée ? Tu es sûre que tu n’as pas de fièvre ? Que le coup sur la tête ne t’a pas abimé la cervelle ? »

Il était possible que sa chute l’ait dérangé. Une fois, j’avais vu un pêcheur glisser sur le ponton mouillé du port. Son crâne avait heurté les planches et depuis, il pouvait à peine parler et manger. Il passait son temps à baver sur sa chemise dans son lit et sa femme avait repris les rennes de la famille tout en s’occupant de lui. Il serait bien cocasse que le jeune Omble finisse comme le pauvre villageois.

« Et avant de juger ma cuisine, attends donc de goutter. Peut-être même l’ais-je empoisonné pour que tu t’endormes à l’instant jusqu’au matin et que tu arrêtes de raconter des bêtises plus grosses que toi, » souris-je sans méchanceté.

Ma mère n’avait trouvé personne peut-être parce que nous n’avions besoin de personne. Les filles Mormont s’étaient toujours débrouillées seules, sans homme pour les protéger ou jouer au chevalier. Nous étions nos propres chevaliers. Alysanne était la seule mère et même nous, ses propres sœurs et sa propre mère, nous ne connaissions qu’à peine le père. Sur l’Île, nous n’avions pas cette culture de dépendance masculine.

« C’est que nous n’avons pas besoin d’homme par ici, » lui expliquais-je en haussant les épaules. « Regardes par toi même… Connais-tu mon père ? Moi même je ne l’ai qu’à peine connu et ma mère n’en parle jamais. Connais-tu le père de Marthe, le fille d’Alysanne ? Ici, tout est différent du continent. Et si je venais à me marier, il me faudrait quitter l’Île, n’est-ce-pas ? Or, les habitants ont besoin de moi. J’ai besoin de rester ici. »

J’attaquais mon ragoût, désireuse de savoir s’il était vraiment bon. Et, au final, cela n’était pas si mauvais.

« Et de toute façon, tu devrais savoir que les Mormont sont les filles, les épouses et les mères d’ours, » lui lançais-je avec un sourire malicieux.  

  

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