-55%
Le deal à ne pas rater :
Coffret d’outils – STANLEY – STMT0-74101 – 38 pièces – ...
21.99 € 49.04 €
Voir le deal


Le goût de ton sang | Tyra

Daven Lannister
Le lion ensoleillé

Daven Lannister

Informations
Le goût de ton sang | Tyra Tumblr_p3soafHHcp1r3ucrgo2_r1_400
Ft : Todd Lasance
Messages : 914
Date d'inscription : 29/02/2020
Présence : Présent
Personnage
Badges
Les dinosaures
Serial voteur
3e Dracanniversaire
L'incarnation


   
# 
Thème
An 303, Lune 1, Semaine 2


Les mots n'avaient pas entendu longtemps. Ils avaient explosé dans l'esprit de Daven en un orage de rage, détruisant sur leurs passages tout ce qu'il avait pu s'offrir de calme. Il ne voulait plus de façade, il ne voulait plus de douceur. Immédiatement, trop vite et trop fort, le lion avait explosé. Il tenait, entre ses doigts, au creux de sa main, la vie de celui qui avait fait des rêves de Myrielle un cauchemar. Il tenait là l'occasion d'enfin, enfin, leur arracher les même cris que ceux de sa petite soeur. Myrielle n'en avait rien dit mais il la connaissait, il la connaissait trop bien. Il avait vu, au lendemain de leur retrouvailles, la peur dans ses yeux et la flamme, autrefois si vive, tuée par quelques horreurs. Il ne pouvait, ne voulait, pas leur pardonner. Ils avaient détruit Salvemer. Ils avaient tué des innocents, arraché des fidèles de Sept du droit chemin et brulé tout ce qui tombait entre leurs mains sales.

La paix du roi, la belle affaire.
La paix du roi, ce beau mensonge.

Ne pouvait-il donc pas couper des têtes, envoyer aux Greyjoy le fruit de leur sévices ? Les iliens n'oseraient plus attaquer si, si seulement, les westerosis répondaient par la  même violence. Sacager les terres, bruler les corps. Et envoyer, comme récompenses, des têtes et des corps détruits.

Il brulait de rage, sentait que rien ne pourrait le rassurer et le calmer.
Mais Daven entendait, là, quelque part dans ce qui lui restait d'esprit par encore consumé par la haine, les mots d'Alyx. Sa femme aurait été claire. Pas d'incident diplomatique. Il était ambassadeur de l'Ouest, pas un simple roturier ivre de vengeance. Il changea de direction, quittant celle de la geôle de Maron Volmark pour une autre. Elle n'était qu'une femme. Elle, personne ne remarquerait. Elle, personne ne lui en voudrait.

Daven ne prit pas d'armes, les poings tellement serrés que ses jointures en blanchissait. Ses yeux bleus, ses yeux de Lefford, criaient sa rage. Il n'avait le regard vert de ses semblables mais tout prouvait son nom, tout gueulait son allégeance première à la terre de ses ancêtres. Lannister. Frère de ce qu'ils avaient osé détruire.

Elle dormait, il pouvait l'entendre à sa respiration trop régulière. Avisant le seau qui lui servait certainement à se soulager, Daven grogna et lui jeta le contenant au visage, la réveillant par la même occasion. Qu'est-ce que cette foutue femme foutait ici ? Les fers nés n'étaient-ils assez nombreux qu'ils envoyaient des donzelles au combat ? Daven fronça les sourcils, aucun trace de sourire au creux de ses lèvres et jeta, sans présentation ni salut.

J'pensais pas trouver une femelle dans l'équipage du Levianthan. Qu'est-ce que tu fous ici ? >T'es sa gonzesse ?

Il avait des réponses et plus que tout, de la rage à faire passer avant de pouvoir parler, réellement, au capitaine du bateau. Pourtant, devant le visage de la fer née, il sentait ses forces faiblir. Elle était peut-être ilienne, mais elle n'en demeurait pas moins une femme. Et si Daven n'avait que peu de scrupules envers ses voeux de chevalier, il ne frappait pas les femmes... Du moins pas celles dans le besoin. Etait-elle dans cette catégorie ? Pauvre hère capturée puis prisonnière de ceux qui aurait dû être de son côté ? ... Non... Les hommes de Myrielle n'auraient fait une erreur aussi stupide. Il ne devait pas se laisser attendrir. Encore moins attendre autre chose que du sang de la fer née.

@Tyra


Le goût de ton sang | Tyra NeDjfeii_oLe goût de ton sang | Tyra J9uVLTnY_oLe goût de ton sang | Tyra ORZgg4wQ_o
There are no men like me. There’s only me
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Le gôut de ton sangDaven Lannister & Tyra
Salvemer ( Savage Daughter ) ••• Le temps s’était arrêté à l’instant même où ils avaient été pris en tenaille par les hommes du Conflans. Depuis, les heures s’écoulaient différemment, le cycle des jours et des nuits avait un goût âcre et difficile à apprécier. À chaque fois que la guerrière fermait les yeux, Tyra revivait inlassablement la même scène. Le goût de leur dernier baiser, lui-même, n’arrivait pas à trouver grâce dans l’esprit de la jeune femme. En un autre temps, peut-être se serait-elle targué d’avoir réussi à lui voler une attention, lui qui lui avait interdit toute tentative charnelle, mais pas cette fois. Non. Tyra se souvenait de tout ce qui rendait ce baiser détestable, de chaque instant, du bruit du vent dans les feuillages, des pas lourds des hommes armés dans la terre sablonneuse, de l’odeur de la mer remuée par les navires des continentaux. Plus encore, elle peinait à oublier la mort et la résignation dans le regard de son capitaine. Dès lors que ses paupières tentaient de s’approcher l’une de l’autre, elle se revoyait, contrainte à l’obéissance, contrainte à l’impuissance par les mots de Maron. Ne rien faire. Attendre et prouver qu’en tant que fer-nés, ils n’étaient pas en mesure de faillir. Tyra lui en avait voulu, tellement fort, alors qu’elle avait dû l’observer se prendre cet immense coup dans le ventre avant d’être emmené loin de ses yeux. L’homme qui l’avait entraîné si durement, qui l’avait si souvent mise à l’épreuve pour l’accepter dans son équipage. Celui-là même qui l’avait jugé incapable de survivre à Salvemer, lui avait imposé le calme la seule fois où elle aurait pu lui prouver qu’il ne lui avait pas enseigné les armes en vain. Mais, il le lui avait interdit, dans sa confidence, il l’avait muselé, elle plus que quiconque, face à l’idée de combattre. Combattre sur les terres qui avaient vu mourir tant des leurs, qui avaient blessé son père jusqu’à le faire rejoindre la demeure du Noyé. Tyra avait beau comprendre qu’il avait souhaité leur éviter le charnier, elle ne pardonnait pas le Léviathan, elle ne le pouvait pas. Il ne lui avait pas promis de lui revenir vivant, elle le détestait pour cela plus que tout autre chose dans le fond.

Le sommeil lui venait difficilement, elle dormait peu, et, même lorsqu’elle y arrivait, elle n’avait pas le sommeil tranquille. Comment l’aurait-elle pu de toutes façons ? Sa situation ne le lui permettait pas. Elle était seule, isolée dans une geôle, loin des siens. Être la seule femme d’un équipage avait un prix, chez elle, elle le savait déjà, maintenant, elle l’apprenait aussi sur le continent. On ne peut pas enfermer une femme avec autant d’hommes. En un sens, elle remerciait ses bourreaux pour le geste, elle ne risquait pas les railleries des hommes de Maron, ou même de servir de défouloir à ses compagnons de mer. Oh, elle avait certe fait ses preuves, mais elle n’en était pas moins une femme dans l’esprit de beaucoup d’entre eux. Une femme avec un corps de femme qu’on honore… Comme une femme. Dans le fond, elle se doutait aussi que tôt ou tard, la façon dont elle avait agit le jour de leur capture lui retomberait dessus. Elle était restée passive, n’avait pas cherché à négocier les ordres, n’avait pas même brandi son arme et s’était gentiment pliée aux demandes du Léviathan. Si elle ne doutait pas qu’Ingvar ait compris pourquoi, elle doutait que tous soient capables de la même réflexion… La majeure partie d’entre eux n’en avait même pas la jugeotte. Pour les autres… Elle avait juste agit en bonne femme. Voilà ce qu’elle s’attendait à devoir entendre lorsqu’ils rentreraient. S’ils rentraient un jour… S’ils rentraient tous. Les mots de Maron tournaient encore dans son esprit, il n’avait pas pu lui promettre qu’il serait avec eux. Et, au fond d’elle, Tyra savait que s’il n’était pas là le jour de leur départ, elle serait incapable de quitter le continent sans avoir fait couler le sang d’un de ces maudits continentaux.



Lutter contre la fatigue n’était plus une chose qui lui semblait aussi aisée. Sûrement était-ce dû au fait que cela ne faisait que s’ajouter à la faim, à la crasse, à l’absence de communication et à l’inquiétude qui coupait son appétit depuis des jours. Tyra semblait avoir maigri, ou était-ce juste son visage qui s’était creusé ? La fatigue avait gagné cette bataille. Recroquevillée dans sa tenue sale, déchirée et dont l’odeur n’avait rien d’agréable, elle somnolait, baissant sa garde.
Erreur qu’elle n’aurait pas dû commettre, mais cela, elle ne le savait pas encore. Plongée dans ses songes, elle n’avait pas entendu la porte de sa cellule s’ouvrir. D’un réflexe mis à mal par la fatigue, elle repoussait de son bras le projectile qui venait de la sortir du sommeil. L’humidité contre son visage la forçait à s’essuyer du revers de sa main, ce qui ne faisait qu’ajouter de la saleté à celle déjà présente. Les yeux à peine ouverts, elle eut un haut le coeur difficile à dissimuler. Elle n’était pas recouverte d’eau, cela aurait été trop beau. Non, l’inconnu qui se trouvait dans sa cellule l’avait bel et bien recouverte du contenu de son seau, ses propres excréments.

Déglutissant tant bien que mal pour tenter espérer de garder le peu de nourriture qui subsistait de son dernier repas, elle tournait son regard vers l’individu. Il n’était pas un garde, elle l’aurait reconnu à force de voir leurs visages s’immiscer dans l’ouverture de sa prison. Il n’avait pas plus la dégaine d’un roturier. Même sur le continent, les pauvres se ressemblaient tous dans l’esprit de Tyra. Non, l’homme était un noble. La noblesse transpirait à travers son regard aussi hautain que furieux, à travers sa posture, à travers ses habits aux coutures d’or… En somme, à travers toute sa personne. D’un geste rapide, elle attrapait son seau qui roulait encore dans un coin avant de le jeter avec force dans les genoux de l’homme.

“Toi, qu’est-ce que tu fous ici ?”

Son ton n’avait rien d’aimable. Il n’avait pas pris la peine de s’annoncer, pas non plus la peine de se présenter, en somme, il n’avait rien engagé pour avoir une conversation polie avec la guerrière captive. Alors, elle en ferait tout autant. Tyra se redressait avant de se lever, en profitant au passage pour tenter de faire tomber au sol tout le restant de son seau. Même si ses yeux semblaient avoir disparus entre leurs orbites, même si son visage était devenu plus pâle et creusé que les pierres de sa cage, la colère pouvait se lire dans les iris ambrés de la jeune femme. Approchant de plusieurs pas - peu en somme, vu la taille de la cellule - elle pointait un doigt accusateur contre le torse de l’inconnu. La pointe de son doigt étalait toute la crasse qui s’y trouvait contre l’habit du noble, dessinant un léger cercle noir dans le rouge immaculé de son haut.

“Et si je l’étais ? Qu’est-ce que ça changerait ? Tu pisserais dans mon seau pour me le relancer au visage ?”


Son regard avait un arrière goût de “essayes pour voir qu’on rigole”. Non, Tyra n’avait jamais été et n’était pas la compagne de Maron. Cela lui arrachait le coeur, elle aurait aimé au moins pouvoir narguer l’inconnu et lui dire qu’il avait abîmé la précieuse dame du Léviathan. Mais il n’en était rien. Non, elle était juste un membre de son équipage, juste la seule femme parmis les hommes du Lord Volmark, un individu de plus enfermé sans aucune raison valable dans les geôles miteuses de cette demeure.
:copyright: 2981 12289 0
Daven Lannister
Le lion ensoleillé

Daven Lannister

Informations
Le goût de ton sang | Tyra Tumblr_p3soafHHcp1r3ucrgo2_r1_400
Ft : Todd Lasance
Messages : 914
Date d'inscription : 29/02/2020
Présence : Présent
Personnage
Badges
Les dinosaures
Serial voteur
3e Dracanniversaire
L'incarnation


   
# 
Thème
An 303, Lune 1, Semaine 2


Il évita d'un pas le seau volant dans sa direction. Minable mouvement de côté, sourcil froncé mais même sourire goguenard aux lèvres. Il voyait la colère dans les yeux clairs. Cette colère qu'il voulait faire sortir, pour avoir une raison d'enfin frapper dans ceux qu'il n'avait jamais eu l'occasion de tenir entre ses doigts. C'était le Leviathan qu'il voulait étranger. Le Léviathan qu'il voulait voir cracher du sang. La bonne femme en face de lui n'avait rien de ce qu'il voulait détruire; Mais elle servirait d'amuse gueule. Et si Myrielle avait été claire en arguant la paix du roi comme plus bel argument, Daven serrait les poings avec toute la fureur non contrôlée des années terrifiantes. Le Lannister n'était pas le plus calme de sa fratrie. L'impulsivité lui avait volé bien des victoires. Il se calmait, doucement, avec l'âge et la présence d'Alyx. Mais, aujourd'hui, sa belle n'était pas là. Et il tenait enfin, aux creux de ses mains caleuses, la vengeance qu'il avait tant et tant réclamée aux Sept.

Les bras se serrent sur la poitrine, musculature offerte comme une preuve de tout ce qu'il pourrait faire. Cruauté inscrite dans les gènes, enfoncée dans le regard. Les yeux du lion ne sont plus que billes d'acier, pierre aux tranchants que de simples mots pourraient aiguisé comme le Roc dont il n'aurait jamais dû partir. Seul le sourire ne ment pas. Car Daven ne s'en defait pas de cet air supérieur que Léo lui a par trop souvent reproché.  Ironie du visage en deux parties, mélangés par la colère et la moquerie. Elle n'est rien. Alors pourquoi s'acharner ainsi ? Le Leviathan avant, le Léviathan devant. Pourtant c'est vers cette catin que les pas du lion ont couru. Pour frapper là où le coeur fait plus mal que les poings. Il ne doit pas. Il ne doit pas. Ambassadeur en blason. Mais le lion s'est défait du rouge aujourd'hui. Et si tout, de son visage à son apparence, peuvent trahir son ascendance ouestrienne, il n'offre pas un seul félin pour preuve.

Le fait que je sois libre et pas toi m'offrent toutes les raisons du monde d'être là. Réponds à ma question. Es-tu sa gonzesse ?

Il se redressa plus encore, visage dont rien ne transparaissait. Seul le sourire flottait là, en réponse aux doigts immondes sur son vêtement. Elle était faible, envoyée si facilement dans la fange. Depuis combien de temps ne l'avaient-ils pas nourri d'autre choses que des ragouts infames donnés aux prisonniers comme on nourrit les chiens oubliés dans l'arrière cour.

Mais nulle violence dans les mains du lion. Il pourrait lui arrâcher les doigts pour avoir osé le toucher. Jeter à son visage une gifle pour avoir salie les vêtements; Mais l'animal reste de marbre, repliant sa musculature pour mieux agripper à la gorge celle dont les cheveux furent autrefois blonds. Moquerie qu'il ne prononce pas. Il veut une réponse. Il veut savoir. Qu'elle mentirait qu'il le saurait. Car le lion veut voir l'éclat dans les yeux alors que les choses s'emboitent et que les vérités s'offrent. Il veut comprendre. La fer née n'est que la pièce de quelque chose de plus grand qu'elle. L'élément au mauvais endroit. Celui dont le sang aura un goût bien plus amère que les autres.

@Tyra


Le goût de ton sang | Tyra NeDjfeii_oLe goût de ton sang | Tyra J9uVLTnY_oLe goût de ton sang | Tyra ORZgg4wQ_o
There are no men like me. There’s only me
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Le gôut de ton sangDaven Lannister & Tyra
Salvemer ( Savage Daughter ) ••• La liberté. Voilà donc le seul argument que pouvait lui offrir l’inconnu face à elle. Cet inconnu qui se trouvait là, sans raison apparente, qui l’humiliait, sans réel justificatif et qui en plus lui faisait passer un des interrogatoires les plus déplaisants de son existence. Les continentaux étaient idiots, elle le savait déjà pour en avoir entendu parler, elle le savait aussi pour en avoir si souvent croisés du temps où les îles de Fer appartenaient encore à l’ensemble des royaumes westerosis, mais celui-ci lui semblait à cet instant encore plus bête que les autres, mais elle n’aurait guère su dire en quoi. Peut-être était-ce du fait de cette fatigue qui ne la quittait plus depuis qu’ils étaient sur ces terres encore plus déplaisantes que dans ses songes les plus terrifiants. S’il était libre d’agir comme il le souhaitait, pourquoi donc se trouvait-il à cet instant dans la celule d’une femme qui n’était en somme personne ? Tyra n’avait pas l’allure d’une noble, elle n’en avait pas le nom non plus, elle n’était plus aussi jolie femme qu’elle l’eut été à son arrivée, et, par la paix du roi, et parce qu’elle n’était pas un homme, elle possédait quelques traitements de faveurs qui faisait d’elle une âme errante sans grand intérêt. La curiosité peut-être de voir à quoi ressemble une femme des îles de Fer ? Cela ne justifiait pas l’étrange question qu’il lui avait posée à son arrivée. Non, l’homme face à elle n’était pas libre, parce qu’il n’aurait pas été là s’il l'eût été totalement. Les gens qui se pensent libres sont les premiers à être enchaînés à quelque chose de bien plus lourd qu’eux. Et ça, Tyra ne le savait que trop bien. Parce qu’elle avait eu la même arrogance que ce continental, pendant au moins deux années, à s’imaginer être libre par les avantages qu’elle avait pu obtenir en étant l’amie du Léviathan. Mais l’amour qui en était né l’avait enchaîné à bien plus grand qu’elle, et aujourd’hui, elle était captive de ses propres sentiments, plus encore que de cette prison bien loin de chez elle. Et la douleur permanente qui en résultait n’était que plus intense maintenant qu’elle n’avait qu’elle-même pour seule compagnie.

La guerrière détestait le sourire qu’affichait l’inconnu, mais elle demeurait trop épuisée pour tenter une quelconque réflexion à son encontre. Non pas qu’elle ne manquait d’idée en cet instant pourtant. Tyra avait perdu de sa superbe, mais aussi de sa force, et semblait largement consciente qu’elle n’en menerait pas large à cet instant si elle se laissait aller à de tels travers. Et l’idée de finir en bouillie pour continental arrogant ne lui plaisait que trop peu. Et, après tout, Maron ne leur avait-il pas conseillé de ne rien faire ? De ne point se mettre en tort pour des futilités ? Même si l’homme face à elle était une compagnie nouvelle et d’une certaine façon distrayante en occupation - mais certainement pas agréable pour autant, il n’en valait pas la peine. Aucun des individus qui ne vivait ou ne passait ici n’avait de valeur assez grande pour qu’elle puisse se mettre en danger et compromettre d’une quelconque façon les ordres que lui avaient intimé son capitaine. La jeune femme aussi, en somme, était soumise à la paix du roi, mais pour des raisons bien différentes.

Néanmoins, l’insistance de la question que lui posait l’étranger piquait sa curiosité, animant quelque peu la carcasse vide qu’elle tendait à devenir avec le temps. Détachant le doigt qu’elle avait gardé pressé jusqu’alors, non sans un sourire satisfait de la souillure offerte sur le tissu, elle se mit à réfléchir, en le sondant du regard. Cet homme n’avait l’air d’être que colère et haine, violence et arrogance, et, à en croire par la façon qu’il avait de vouloir savoir le rôle qu’elle pouvait avoir auprès de son seigneur… Tyra eut un éclair de lucidité, peut-être court, mais elle venait enfin de comprendre. Détachée du Léviathan, elle n’était rien, mais affiliée à celui-ci, il y avait fort à parier qu’elle gagne une certaine valeur qui pouvait, en fonction de la situation, lui servir ou désavantager. Dans le cas présent, il n’était pas compliqué de comprendre que cela ne lui serait pas avantageux. Elle prit conscience, tout du moins il lui semblait, de la place qu’elle pouvait occuper dans l’esprit fou du continental. Un pion pour atteindre le Volmark. L’était-elle vraiment d’une façon ou d’une autre ? En tant que membre d’équipage, elle n’en doutait pas, le capitaine du Démon Silencieux ayant de la considération pour chacun des membres qui composaient son équipage. Mais si l’étranger était à la recherche d’un pion professionnel, il se serait forcément tourné vers un de ses lieutenants et il serait plus probable qu’il soit aller voir Ingvar plutôt que Tyra. Non, il cherchait une corde sensible, quelque chose de plus personnel, de plus… Sentimental ? De précieux ?
Pouvait-elle seulement se considérer comme une personne si précieuse pour Maron ? En tant qu’amie, peut-être. Les derniers échanges qu’ils avaient eu prouvaient bien qu’il la tenait encore en haute estime. Mais en tant qu’amante ? Le souvenir de ce baiser qu’elle avait échangé avec le jeune seigneur la fit frémir. Ses yeux tremblèrent un bref instant alors que cette sensation lui revenait plus vivement à l’esprit. Il ne l’avait pas repoussé. Mais l’avait-il seulement fait parce qu’il était aux portes d’une mort potentielle ?

À cet instant, son regard devait trahir tout le trouble qui l’animait, tout le doute qui était sien. Qui était-elle vraiment pour Maron Volmark ? Quelle place avait-elle dans la vie de ce dernier ? Dans son coeur ? Comment était-il possible que, depuis toutes ces lunes où il l’avait pourtant rejeté, cette question ne lui soit jamais venue à l’esprit clairement avant ce jour, là, dans cette geôle miteuse. Son désespoir avait noyé sa vivacité d’esprit. Ainsi, Tyra ne savait pas. Ne l’avait jamais su en fait à bien y réfléchir. Elle s’était toujours contentée de plier tel un roseau, à l’espace qu’il lui avait offert, sans jamais chercher à le nommer clairement. Et lui-même ne l’avait jamais définie d’une quelconque façon. Le naturel des instants de vie qu’ils avaient échangés n’avaient pas de nom.

D’un geste inconscient et nerveux, elle s’était gratté la gorge, puis la nuque avant de baisser les yeux dans le vide, son regard fixant tout et rien à la fois. La vérité vraie était qu’elle ne pouvait pas offrir une réponse certaine à son interlocuteur. Elle n’était pas la compagne de Maron d’un point de vue officiel, il était vrai, puisque cette place était occupée par Helga Harloi, mais s’il lui demandait de se définir… Elle n’aurait su le faire. Un doute écrasant s’abattait sur ses épaules. La possibilité de ne rien être lui avait effleuré l’esprit, mais cette pensée s’était vite envolée. Elle n’était pas rien. Elle n’était pas tout non plus. Reculant de quelques pas pour aller s’adosser au mur de sa cellule, elle se mit à gratter nerveusement ses doigts en continuant de fixer au loin dans cet espace restreint.

“Je crois ne pas l’être.” répondit-elle plus pour elle-même, mais il pouvait l’entendre clairement. Du même aveu, elle ajoutait alors. “Mais je ne pourrais pas vous l’affirmer non plus.”

En cet étrange instant, dans cette situation qu’elle ne pensait jamais vivre de son existence, Tyra comprenait avec stupeur, qu’elle ne savait rien. Et ceci la perturbait grandement. La guerrière faisait l’expérience saisissante du doute. Constituait-elle seulement le pion que cet homme voulait voir en elle ? Impossible à dire.
:copyright: 2981 12289 0
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#