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Une charpentie… Deux ?! Encore mieux.

Grayce Bonfrère
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Grayce Bonfrère

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Une charpentie… Deux ?! Encore mieux. Qmyn
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An 300 Lune 12, semaine 4

Une charpentie… Deux ?! Encore mieux.

Bon, après le navire de Torwyn Kenning, j’avais devant les yeux celui de son… neveu ? Je crois. Qu’est-ce que j’en avais à foutre des liens entre mes clients ? Le plus important c’était qu’ils payent et qu’ils me laissent travailler, moi une fille !, sur leur navire. C’était quoi le nom ? Le Tourbillant ? Le Tordant ? Ah ! Le Foudroyant. Tu parlais d’un nom stupide. Enfin, j’avais pas de bateau je pouvais parler. Je fis craquer ma nuque en tapotant le coque du bateau comme-ci c’était un animal. Il avait bien souffert, j’allais bien m’occuper de lui. Je lui souris un peu :

« T’inquiète mon gars, on va bien s’occuper de toi. »

Vu la période, on était tous occupé sur différents bateaux, il avait souffert, mais j’allais pouvoir me débrouiller un maximum toute seule. Je tournai la tête avant de soulever un sourcil. Putain le capitaine était encore là à me regarder, à observer le moindre de mes gestes. Comme tous les jours depuis une semaine, depuis que j’avais commencé à travailler sur son bateau quoi. Rah… le casse-pieds ! Je grimpais souplement sur le bateau avant de reprendre là où j’en étais hier. Que l’autre me suive ou pas, je m’en foutais, j’avais du boulot à faire. Je coinçai ma longue chevelure blonde sous mon bandana avant d’examiner le bateau avec soin et de reprendre mes travaux.

« Grayce ! »

Je sortis du bateau vivement avant de tourner la tête et de sauter à terre. J’ôtais mon bandeau en souriant ma jumelle que je serrais contre moi au mépris de mon odeur peu reluisante. Il y avait tellement de travail que ça faisait longtemps que je n’étais pas revenue la voir et elle me manquait.

« Salut Gwen ! Tu m’as manqué. Qu’est-c’que j’peux faire pour toi ? Faut que j’me bouge, j’ai une jolie montagne de boulot à faire, j’peux pas trop traîner. Mais t’as l’air en forme ? »

Je m’essuyais un peu les mains en scrutant Gwendys. Ce n’était pas rare qu’elle vienne me voir et ça me faisait toujours plaisir. Les gars du chantier ne savaient toujours pas nous différencier, malgré les années, fallait dire qu’à part les mains y avait rien de différent. Et qu’on adorait jouer sur nos ressemblances.
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Une charpentie...Deux ?! Encore mieux

Assis dans sa cabine, Harren finissait de s’habiller. Il avait dormi ici, histoire d’économiser quelques pièces. Il n’avait pas forcément besoin d’être à terre pour dormir. Dépenser de l’argent pour un hébergement à Grand Wyk, le temps que le Foudroyant soit à nouveau pleinement opérationnel, de son point de vue, c’était de l’argent gaspillé. Ses fonds propres, il allait les dépenser pour les travaux de réparation, des travaux qui allaient être longs, compte tenu des dégâts essuyés par le Foudroyant durant leur attaque sur Salvemer. Son esprit était encore peuplé de doux songes de vengeance sur cette vermine habitant sur le continent. Il s’était d’ailleurs déjà vengé sur le meurtrier de son père en le massacrant à coups de hache. Mais ce n’était pas suffisant ; il le sentait dans son corps et dans son âme. Tout en lui réclamait le sang de leurs ennemis mais en l’état actuel des choses, il ne pouvait pas se permettre de voguer seul vers les côtes des Mallister et les attaquer une nouvelle fois. Non seulement irait-il à l’encontre des ordres du Roi ainsi que ceux de son oncle mais le Foudroyant n’était clairement pas en état de traverser le bras de mer séparant les Iles de Fer des côtes conflanaises. Il laissa échapper un soupir d’exaspération en finissant de nouer les liens de cuir de ses mitaines puis s’appuya sur sa canne de fer pour se lever. Il quitta ses quartiers et se dirigea vers le pont principal où les quelques hommes de son équipage s’affairaient déjà à leurs diverses tâches. Il en vit un laver le pont tandis qu’un autre passait une couche de cirage derrière lui dès que le bois était suffisamment sec. Deux autres reprisaient l’une des voiles noires du navire, assis sur des tonneaux de bois servant à transporter de la bière comme de l’eau potable pour leurs trajets. Korym était au niveau de la proue du navire, penché vers la coque au bas de celle-ci. Son second se retourna en l’entendant arriver :

On en est où ? demanda le capitaine à son second.

Le pont est quasiment en état, d’même que la première voile. Mais la proue est salement endommagée et t’sais comme moi dans quel état sont les cales et la coque…

Ouais, fit Harren en hochant la tête. On a eu d’la chance que l’gouverail n’ait rien.

Heureusement en effet, où les frais pour les réparations du navire auraient vite atteint des sommets et ce n’était pas le seul navire de la Maison Kenning à avoir besoin de soins. L’ancien navire de son père, le Tonnerre Grondant, aujourd’hui propriété de son oncle, avait lui aussi connu de meilleurs jours et les Kenning n’étaient pas la plus riche des maisons des Iles de Fer. Mais son oncle, Torwyn, avait engagé une personne efficace pour le réparer et dont les services n’étaient pas trop élevés. Très intéressé au début, Harren se renfrogna immédiatement lorsque Torwyn lui dit qu’il s’agissait d’une femme, Grayce Bonfrère, surnommée la Charpentière en référence à sa spécialité. Harren avait refusé, argumentant qu’une femme ne pouvait pas exercer le métier d’un homme en pouvant dire que ce qu’elle fait est de qualité. Mais après avoir vu les résultats sur le Tonnerre Grondant, il fut obligé d’accepter qu’elle semble être capable à la tâche. Alors il l’engagea, quoique l’observant toujours travailler de loin en se laissant parfois aller à regarder certaines parties de son corps qui n’avaient rien à voir avec son travail de charpentière. Et lorsqu’il la vit grimper sur le pont et lui jeter un de ses regards exaspérés de le voir encore dans les parages, Harren eut un sourire carnacié avant de jeter un coup d’œil entendu à Korym.

Tu les veux toutes dans ton lit ?! lui lança-t-il en ricanant.

Seulement quand elles sont appétissantes comme celle-là, répondit-il en se mettant à rire à son tour avant d’entendre quelqu’un, une femme, appeler Grayce. Celle-ci aussi l’avait entendu et avait sauté à terre en voyant l’identité de la personne. Cela intrigua Harren qui se dirigea vers le bastingage à tribord pour mieux observer ce qu’il se passait en contrebas.

Korym ! Viens voir ça…l’appela-t-il sans s’arrêter d’observer non pas une, mais deux jeunes femmes blondes qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Deux pour le prix d’une, murmura-t-il lorsque son second l’eut rejoint.

J’savais pas qu’elle avait une jumelle, commenta Korym mais Harren s’était penché et lançait déjà à Grayce ainsi qu’à sa sœur :

Oh !! Grayce !! J’te paie pas pour causer sans rien faire ! Ramènes-toi là ! Emmènes ta sœur avec toi ; s’tu veux causer j’ai rien contre, mais tu causes en travaillant. J’suis pas un d’ces putains d’Lannister ; j’chie pas de l’or !!

Commentaire qui déclencha plusieurs rires gras parmi les membres de son équipage qui avait entendu la superbe comparaison !

(c) DΛND ELION
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Assise à une fenêtre, le parchemin entre mes doigts, je relis encore et encore la même phrase en espérant que le sens cesse de m’échapper. Peine perdue. Mes pensées ne cessent de me ramener à Grayce, que je n’ai pas vu depuis si longtemps que je ne suis plus sûre que cela se compte en jours. Il faut dire qu’elle est débordée de travail, et le chantier lui prends tout son temps. Je suis presque persuadée qu’elle se prive de sommeil pour pouvoir terminer les réparations à temps. Non, décidément, mon parchemin ne parvient pas à me détourner de mes préoccupations, et je me décide finalement à quitter Cormartel pour me diriger vers la seconde maison de Grayce : le chantier naval.

Ce n’est qu’une fois arrivée que je me rends compte que je n’ai prévenu ni Père ni Mère de mon départ. Bah, il se trouvera bien un larbin pour les en informer, et puis ce n’est pas comme s’ils n’en avaient pas l’habitude. Après avoir demandé à un charpentier de passage où se trouvait ma jumelle, je me dirige vers le Foudroyant, à sec pour l’occasion. Les dégâts avaient été nombreux durant l’attaque de Salvemer, et les dégâts se comptaient autant en matériel qu’en hommes. J’avais eu la pire semaine de travail de ma vie au retour des guerriers, et il avait fallu que je lutte pour me faire ma place parmi les soignants.


- Grayce !

Ma jumelle sauta hors du bateau, puis à terre et se jeta dans mes bras. Son odeur de résine et de bois se mêlait à celle de ses cheveux, et je souris en la serrant plus près de moi. Dieu Noyé, qu’elle m’avait manqué ! Je dépose un baiser sur sa joue avant de me séparer d’elle, et rit quand elle dit que j’ai bonne mine.

- Mon dieu, tu as meilleure mine que moi ! J’n’ai pas arrêté de courir partout pour aider à soigner les hommes de Père. Et je n’arrivais plus à rien, alors je suis venue te voir. Tu me manquais…

Mon sourire se crispa bien vite en entendant les commentaires d’un des marins. Je me tournais vers les hommes accoudés au bastingage, et fronçais les sourcils en reconnaissant Harren Kenning. Je connaissais le bestiau, pas commode, coureur et parfois mal luné. Je l’avais croisé de loin dans des banquets, mais sans vraiment retenir autre chose de lui que les rumeurs et son visage. Et lui n’avais jamais spécialement fait attention à moi, parmi toutes mes sœurs.

- Calme tes ardeurs, Harren Kenning, on est pas aux pièces, et je suis pas là pour la distraire ! Et puis, t’as pas des choses à faire ?!

Je suis ma chère sœur pour retourner dans le navire, là où elle avait commencé ses réparations. Je vois sa patte partout où je passe, et je souris de réaliser que moi seule peut réellement faire la différence entre son travail et le navire d’origine. Enfin, avant les batailles. Comme quoi, elle bosse bien. Arrivée en hauteur, je toise le Kenning d’un air dubitatif. Je sens que quelque chose ne va pas dans son regard, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me fait frissonner. Je hausse finalement les épaules, et retourne à ma conversation avec Grayce.

- Alors, comment vont tes chantiers ?
Grayce Bonfrère
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An 300 Lune 12, semaine 4

Une charpentie… Deux ?! Encore mieux.

Il n’y avait rien de plus beau pour moi au monde que l’amour de ma sœur jumelle. Elle me manquait à chaque seconde qu’elle était loin de moi. Mais c’était qu’on travaillait toutes les deux beaucoup. Surtout dans cette période. Je n’avais pas le temps de rentrer, beaucoup trop de travail… Je ne pouvais pas partir, trop de travail, beaucoup trop et elle aussi. Je serrais ma sœur contre moi, elle sentait toujours bon les plantes, même si elle avait aussi l’odeur du cheval. C’était normal, Cormartel et les chantiers c’était pas à côté. J’en oubliais l’autre crétin de Kenning. J’aimais aussi son rire ! Ça m’avait manqué ! Je fermais les yeux en la serrant contre moi avant de répondre à son rire. Je sentis un peu mon cœur fondre à sa remarque.

« Moi aussi tu m’as manqué. »

Je levais les yeux au ciel à la remarque d’Harren et serrais les poings. Mais j’avais pas de temps à perdre c’était vrai. Je posais une main sur l’épaule de ma jumelle avant de l’inviter à me suivre dans le navire, je l’aidais à grimper à l’intérieur avec un soupir, je jetais un œil au capitaine en secouant la tête avant de souffler à ma sœur :

« T’approches pas de lui… Je m’en méfie comme la peste. Et il est particulièrement aux pièces. Mais bon… j’me tais, c’est lui qui m’paye. »

J’avançais sur le navire comme-ci j’étais chez moi, j’étais chez moi sur tous les bateaux après tout d’une certaine manière. J’invitais mon double jusqu’à l’endroit où j’avais laissé mes outils et je me remis au travail en lui souriant. Je haussai les épaules à sa question :

« Comme tu vois… J’sais bien que j’devrais pas forcément… être contente de ça… Mais on fait assez confiance pour rafistoler les bateaux toutes seule… Mais j’sais pas si c’est parce que j’fais du bon boulot ou si c’est qu’on est débordé. Fin tu me diras, ça fait huit ans que j’suis ici… Mais voilà, on attaque à l’aube et si on pouvait travailler à la bougie on l’ferait. R’garde. »

Je tournai une de mes paumes vers elle : j’avais beau avoir de la corne aux mains, j’avais des ampoules crevées.

« On bosse à fond, mais pas l’choix. T’en penses quoi ? J’suis d’ssus d’puis quelques jours, mais je trouve que j’avance pas assez vite encore. Père sait qu’t’es là ? Tu dors avec moi c’soir ? »

Je fronçais les sourcils en reconnaissant le bruit de pas d’Harren, je fis signe à Gwen de se déplacer pour que je garde le capitaine dans mon champ de vision.

« Fin bon… J’ai l’impression d’être lente. »

Je finis de raboter la pièce et je passais ma main sur la réparation avant de me déplacer pour soulever en partie la poutre, je n’avais pas autant de force qu’un homme, alors je devais improviser et surtout je refusais de l’aide pour ça, c’était fors de question. Je repris le travail en souriant à Gwen, tendant vivement une main pour effleurer sa joue :

« Et toi ? Ça s’passe à Cormartel ? Raconte un peu. »

Je savais pas quand je pourrais rentrer à la maison.
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Une charpentie... Deux ?! Encore mieux@Grayce Bonfrère, @Gwendys Bonfrère & Harren Kenning

Chantier naval de Grand Wyk, à bord du Foudroyany, navire d'Harren Kenning, An 300 Lune 12 Semaine 4

Accoudé au bastingage de son navire, Harren les observa discuter entre elles. Par le Noyé, elles se ressemblaient en tous points ! Celle qui venait rendre visite à Grayce lui adressa la parole, lui conseillant de « calmer ses ardeurs », ce à quoi répondit :

J’aime pas les calmer seul…Viens m’aider !

Il accompagna ses mots d’un rire grivois et, joignant ses doigts entre eux, il les observa remonter à bord du Foudroyant, les dents de sa mâchoire supérieure mordant sa lèvre inférieure. Grayce et sa sœur disparurent alors de son champ de vision. De là où il était, il la vit repartir vers l’endroit où il l’avait vu en train de travailler la dernière fois qu’il était allé vérifier ce qu’elle faisait. Bon…on moins elle travaille…c’tout c’que j’lui d’mande pensa-t-il avant de se faire héler par un de ses hommes à la proue du navire. Il le rejoignit et répondit aux questions qu’il lui posait au sujet de l’état de la coque et des calles. Lorsqu’il eut terminé, il s’en retourna vers Korym et lui demanda s’il avait vu les « deux blondes » comme il les qualifia :

Non pas vu, répondit-il. Sont toujours à causer, s’tu veux mon avis.

Harren émit un grognement sourd, fit demi-tour et se dirigea vers l’endroit où travaillait Grayce. Son arrivée serait sans doute remarquée. Devoir marcher avec une canne de fer dont les bruits que faisaient le fer sur le bois du navire étaient bien audibles pour n’importe qui, à moins que les bruits se retrouvent noyés dans d’autres bruits plus forts encore, n’aidait pas à passer inaperçu et à faire une entrée discrète. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pu le faire. Et lorsqu’il les rejoignit, il les trouva effectivement en train de causer. Harren s’appuya alors négligemment contre les parois de bois du navire et les observa longuement sans mot dire, jusqu’à ce que l’une d’elles ne tourne son regard vers lui, gênée par sa présence. Harren avait cependant entendu les derniers mots de Grayce, qui se qualifiait elle-même de lente, ce qui le fit sourire d’un air moqueur :

S’tu causerais moins, t’avancerais ! lâcha-t-il avant de s’approcher du duo. T’es pas d’accord toi ? fit-il à l’attention de la sœur de Grayce dont il ignorait le nom. S’tu veux avancer Grayce, j’peux bin m’occuper d’ta sœur pendant une heure ou deux. Snöfrid a jamais été déçue. Elle en r’demandait même. C’quoi ton nom d’ailleurs ? demanda-t-il à la jumelle, à cette intruse qui empêchait Grayce de poursuivre le travail.

HRP:

©️crack in time
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