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Broken heart, broken legs, same fight - Thracy

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Broken heart, broken legs, same fight.Thracy & TyraAn 302, lune 11, semaine 4.
Pyk, suite au départ de Tyra après le discours prononcé par Theon. Une âme errante dans les couloirs. (Aequilibrium)
Sa coupe à la main, la jeune femme longeait, ou plutôt rasait les couloirs silencieux de la demeure des Greyjoy. Progressivement, pas après pas, mètres après mètres, le bruit du banquet se faisait de plus en plus sourd jusqu’à ne devenir qu’un lointain souvenir. D’une démarche peu assurée, elle s’était approchée de la première fenêtre qui s’était présentée à elle pour observer la nuit noire et en apprécier son calme. Beaucoup de choses étaient en train de changer dans le paysage des Îles de Fer et elle ne savait trop ce que cela pouvait bien présager. Bon ? Mauvais ? Il ne lui avait jamais semblé avoir la légitimité de porter un quelconque jugement à ce propos, à cet instant, encore moins. D’un rire léger, elle soulevait sa coupe vers l’horizon, là où roulait la mer avant de soupirer à qui aurait bien pu l’entendre :

“Cher Noyé, tu es un dieu avec beaucoup d’humour. Beaucoup trop pour les p’tites gens que nous sommes.”

Elle prit alors une rasade du breuvage avant de comprendre que, si elle se mettait à vider sa coupe maintenant, elle n’aurait plus rien pour la suite. Ainsi, le verre contre les lèvres, elle se contentait à présent d’en mordiller le bord avec l’air d’une femme qui réfléchit. Mais, en réalité, Tyra se débattait surtout avec toutes les informations qui tournaient dans son esprit ivre. Depuis plusieurs lunes, son esprit, déjà rendu malade par les événements de son enfance, devait se battre contre de nouveaux maux, et cela épuisait grandement la guerrière qui n’en avait jamais vraiment eut l’étoffe. Si elle portait sur son visage le masque de la femme forte comme un vieil ami, elle se trouvait si faible. Dans le silence de l’angle dans lequel elle s’était réfugiée, il lui arrivait parfois de rire nerveusement en listant ce qui clochait dans son univers, ce qui ne tournait plus rond dans sa petite tête de femme. Peut-être ce qui n’avait jamais tourné rond à dire vrai. D’un geste nerveux, elle tirait parfois avec ses doigts sur un fil s’échappant de son haut. Cela l’occupait, cela la garder les pieds sur terre. Autant que faire se peut en tout cas.

Déglutissant, se sentant comme déshydratée, elle soupirait sans grande retenue avant de poser la surface fraîche de la coupe contre son front. Comme si la fraîcheur du contenant allait sauver la gangrène qui faisait pourrir le peu de choses saines qui demeuraient encore dans son esprit. Il ne faisait que la ramener à la dure réalité : son univers était devenu si froid. D’un rapide coup d’oeil derrière elle, elle observait le couloir avant de repenser à la table d’honneur, à son amant, ou plutôt ancien amant, sa fiancée au bras. Sa belle, magnifique, douce, féminine, et surtout bien-née de fiancée. Celle qui avait volé sa liberté à Maron, qui disait pourtant tant y tenir, celle qui avait dérobé par sa simple présence, tout espoir à la jeune femme de conserver une proximité même minime avec ce dernier. À cette pensée, le visage de la jeune femme glissait contre la pierre de l’encadrement de la fenêtre. C’était ce jour là que son monde avait commencé à devenir si flou, le jour où Helga avait commencé à en faire partie. Jusqu’alors, il lui semblait avoir réussi à vivre quelques années dans une joie plutôt sincère, en dépit des mauvais débuts de son existence. Tyra savait à qui elle devait cela, mais on avait coupé l’herbe sous le pied de sa reconnaissance.

“Tu ne peux plus ? Au nom de qui ? Au nom de quoi ?” grommelait-elle à voix basse alors qu’elle reculait de l’encadrement pour se remettre à marcher dans une direction aléatoire. Le pas aussi perdu que l’esprit, elle grondait intérieurement.

Il pouvait encore mais ne la voulait simplement plus. Voilà l’évidence ! La seule. Si la guerrière avait pu penser, quelques semaines durant, qu’il l’évitait dans l’unique but de ne pas être tenté par sa simple présence, la remontée de cale qu’il lui avait offert durant l’expédition semblait lui prouver tout le contraire.  

“Si tu n’avais pas semé le trouble ! Crétiiin !”, soufflait-elle tout haut alors qu’elle prenait un énième croisement de couloir. “Ca m’évite à chaque fois hein… Mais pour une dague pointée contre un abruti, ça, pas de souciiis ! Pas. De. Soucis. Va donc te noyer. Sombre serpent.”

Tyra ne savait même plus si elle était simplement ivre ou ivre de colère lorsqu’elle se rendit enfin compte qu’à défaut d’avoir tourné en rond, elle était tout simplement perdu. Ce qui méritait bien une gorgée de bière pour se féliciter d’être aussi conne. Gorgée avalée, elle soupirait autant que faire se peut avant de tenter de rebrousser chemin. Sauf que, à force d’être plus occupée par son esprit que par son itinéraire, au premier croisement de couloirs, elle n’avait plus aucune idée du chemin qu’elle avait effectué. Alors, lorsqu’un bruit se fit entendre non loin, elle se précipitait vers ce qui lui apparaissait comme un sauveur avant de dire à voix haute :

“Hé ! Il y a quelqu’un ? Homme ? Femme ? Esprit ? Peu importe tant qu’il connait le chemin !”

@Thracy
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¤ Broken heart, broken legs, same fight - Ft. @Tyra ¤


~ An 302, lune 11, semaine 4 ~



La grande salle du banquet désemplissait. Les ombres des hôtes tapissaient les parois des couloirs et l'écho portait leurs murmures. Tous restaient effarés au souvenir des annonces du Lord Greyjoy. Les uns, satisfaits de voir enfin l'allégeance remise à Asha, quoique surpris du sacrifice du prince ; les autres mécontents, incapables de digérer le butin leur passant sous le nez. Thracy écoutait mais ne disait rien, tête penchée vers les piles de vaisselle sur ses genoux. Son chariot de bois zigzaguait entre les valides. Le serf évoluait avec précaution : ne pas heurter la moindre jambe et demeurer l'ombre de ces gens, dévoué à sa tâche. Il fallait aller, venir, débarrasser les tables, nettoyer coupes, aiguières et plats. La soirée fut longue et le plomb commençait à coller aux paupières du garçon.
Au détour d'un corridor, le grincement de ses petites roues métalliques s'interrompit : un curieux et triste spectacle retint l'attention de l'infirme. Une femme, blonde, sans doute roturière, tanguait en bateau ivre le long d'un chemin qui devait lui être aussi houleux qu'une vague. De toute évidence, l'alcool avait fait son œuvre. Fronçant un sourcil, mi-caché derrière une colonne, Thracy la reconnut rapidement : il l'avait vue au cours de la soirée, à l'écart, échouée, ses mornes prunelles ancrées à Lord Volmark... comme dans une attente qui se savait bien vaine mais continuait de s'auto-nourrir.
Elle passa la main et son verre à travers la fenêtre. Porter un toast au ciel noir d'encre... ouvert telle une gueule au-dessus des dents des falaises découpées par la faible lumière de lune. Quelle drôle d'image, songea le serf : c'était comme si dans cette gueule, l'égarée y plongeait volontiers le bras. Puis ses paroles le retinrent tout autant, faisant naître un ourlet ironique aux coins de ses lèvres : le Noyé et tous les autres dieux, effectivement ils savaient se montrer imprévisibles et plein d'humour. Le garçon en était arrivé lui aussi à cette conclusion depuis le temps. Qui aurait jamais parié qu'un petit vagabond estropié d'Essos, magicien et danseur aux couteaux, ne serait pas passé par le fil de l'épée des Fer-Nés mais atterrirait sur leurs Îles pour servir ?

Un rire grinçant de l'errante tira Thracy de ses pensées. Pour le ramener à ses scrupules de loyal serf : il ne s'agirait pas que cette femme commence à aller et venir n'importe où dans les couloirs du château. Les propriétaires seraient mécontents. L'invalide la garda à vue, ne perdant pas une miette – ou plutôt une goutte – des autres paroles décousues coulant de sa bouche. Elle avait le cœur lourd et ça se déversait, aux sons de sombre serpent et d'injures en trémolos. Le garçon se pinça la lèvre, de plus en plus mal à l'aise de se trouver là à surprendre ce moment gênant. Comment intervenir ? Comment aborder l'égarée, l'inviter à vider les lieux sans la brusquer ni sortir de sa condition ?
Il sembla que le destin l'y aida. La jeune femme parut bringuebaler, se mettre aux aguets d'une présence qu'elle viendrait de sentir. L'aurait-elle entendu ? Quoi qu'il en soit elle demanda quelqu'un qui l'aidât à renouer avec le fil du bon chemin à travers le labyrinthe. Thracy apparut devant elle, accompagné des habituels couinements de ses roues et cliquetis des quelques breloques à son cou.

« J'peux être celui des trois qu'vous voulez. » rebondit-il avec un petit sourire à la fois doux et joueur, aux appels qu'elle adressait au choix à un homme, un femme ou un esprit.

Et il y avait en effet de quoi hésiter, parfois, devant l'étrange personne dans ces vieux habits, assise sur cette caisse de bois. Longiligne corps-souffle à la gorge parée d'amulettes d'une humble facture. De roue en cap un morceau de mystère, à la lueur faiblarde des torches du couloir : sa morphologie ne semblait pas tout à fait celle d'un homme – taille et jambes fines, cou étiré, mais un torse et des bras déjà un peu sculptés à force de diriger son fauteuil dans des endroits parfois peu commodes, et à force des danses de jadis. Un rien semblerait pouvoir le casser et pourtant, il y a du félin dans la précision de ses gestes et au fond de son regard ambré. Thracy veilla à rester humble, un masque de secret aux traits neutres de son visage, et des pupilles ne s'accrochant pas à sa vis-à-vis plus longtemps que ne l'exigeait la politesse. Il était serf. Elle était ivre. Ne pas brusquer. Sa dernière rencontre avec une femme et une bouteille s'était soldée de façon tout à fait désagréable.