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I know exactly what I want and who I wanna to be (Rhéa)
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« La Veuve | An 302 lune 13, semaine 4 »
La bataille de Winterfell s’était achevée dans le sang et les larmes. Nombreux furent les morts à déplorer, nombreux furent ceux s’étant sacrifiés pour que le Royaume des Hommes perdure. Leurs disparitions ne devaient pas tomber dans l’oubli, car grâce à leur courage, le pire avait été évité. Les opales de l’aîné des Royce se posèrent sur le cadavre de Lord Horton Rougefort. Sa disparition fut aussi inattendue que douloureuse pour ses proches. Si Andar ne pleurait pas autant que sa famille, il était attristé, profondément. Sa sagesse manquera grandement au Val et il savait que sa grand-mère n’y sera pas insensible. Le Seigneur de Rougefort ne fut pas le seul à tomber ce jour-là. Des anonymes, des seigneurs, des paysans, trop de sang avait coulé ce jour-là. L’aîné des Royce fut soulagé de constater que son frère allait bien, tout aussi amoché que lui, mais qu’ils survivraient tous les deux et rentreraient chez eux d’ici quelques lunes. Le soulagement fut tel qu’il manqua de s’écrouler dans ses bras. Maintenant que la bataille s’était achevée, il devait à présent se soigner, la blessure à sa jambe demeurait assez profonde et l’empêchait de se mouvoir, obligé de voyager allongé. Tel un infirme, le seigneur se voyait condamné à rester au lit et ce durant le trajet du retour. De longues journées à ne rien faire. Robar et lui n’hésitèrent pas à échanger quelques blagues concernant leurs états lamentables. Des infirmes incapables de tenir une épée à présent. De longues lunes risquaient d’être nécessaires pour qu’ils retrouvent toutes leurs capacités. Désormais loin du fief des Stark, ils chevauchaient en direction de La Veuve, château des Flint ayant accepté de les loger le temps que les bateaux affrétés n’arrivent. Ce chemin n’était réservé qu’aux plus blessés, dont Andar et Robar. Les valides eux, partaient pour Blancport avec les hommes de la maison Vanbois. Nul besoin de dire que la frustration se faisait entendre dans les mots parfois grossiers du seigneur des Roches-aux-Runes. Depuis quand n’était-il pas resté statique aussi longtemps ? Probablement jamais. Tout comme son cadet, il ne tenait jamais en place. Ses responsabilités l’obligeaient à toujours s’activer. Des chevauchées intenses, des entraînements, des combats, des fêtes, et surtout courir après ses enfants. Pourtant, il demeurait assez fataliste, préférant être allongé ainsi qu’être mort là-bas, dans la neige par une lame de ces immondices. Survivre à un combat contre la Mort elle-même changeait son point de vue sur la vie, chanceux de l’être en cet instant. Lui et son frère revenaient blessés physiquement mais en vie, et c’était ce qui importait réellement. Il n’aurait pu supporter le perdre et revenir seul au fief familial. Comment aurait-il pu regarder Maddy dans les yeux après lui avoir promis de veiller sur Robar ? Fort heureusement, le pire fut évité et les deux frères quitteraient rapidement le Nord pour retrouver leur Val natal. En jetant un rapide coup d’œil à l’extérieur, Andar soupira, les paysages enneigés ne lui manqueront certainement pas. Il avait hâte de profiter des températures tempérées du Val, mais surtout de l’air pur qu’apportait la mer. Roches-aux-Runes jouissait d’une place intéressante, à proximité du rivage.
Voilà quelques jours que les Royce étaient arrivés à la Veuve. Chaleureusement accueillir par les maîtres des lieux, il s’y sentait bien. L’endroit était calme, propice à une bonne convalescence. Ils étaient loin de l’influence de Corbois où affluaient les blessés de Winterfell. Loin du tumulte et de la foule, ils pouvaient ainsi se reposer pleinement. Les nuits n’étaient pas aussi apaisées qu’avant la bataille mais l’impact psychologique semblait moindre que physique. Les mestres lui déconseillèrent vivement de marcher, au risque que la blessure ne se referme moins vite. Cloué dans sa couche, Andar se sentait rapidement à l’étroit dans ses appartements, aussi confortables pouvaient-ils être. Il entendait les cris des enfants à l’extérieur, ce qui ne faisait que le frustrer davantage. Les plus petits enfants du couple jouaient joyeusement dans la cour du château. Lassé de ne pouvoir y participer, il se leva de son lit pour les apercevoir par la fenêtre, ouvrant celle-ci, il découvrit alors les deux plus jeunes et l’aînée, Rhéa. Le vent glacial s’engouffra et ne manqua pas de lui rappeler que cette région n’était clairement pas connue pour sa douceur de climat. La petite dernière, âgée de 3 ans l’aperçut et le saluait en secouant la main. Son énergie lui rappela sa propre fille, Esmée. Andar esquissait un doux sourire, attendrit par la scène. Il quitta alors sa chambre, boitant pour les rejoindre. Sortir lui faisait un bien fou. Alors que les enfants jouaient dans leur coin, il s’approchait de Rhéa, tant bien que mal, la saluant avec respect, il savait que celle-ci n’était pas une Dame comme les autres, et en cet instant, sa tenue confirmait ses pensées. Cette apparence n’était pas du tout la même que le jour où ils étaient arrivés. Loin des froufrous et de la soie. « Lady Rhéa. Vous avez dû croiser mon jeune frère. Incapable de rester au lit, il semble que je ne sois guère plus assidu que lui. » Fit-il en esquissant un sourire amusé. Il avait probablement tenu une journée de plus que le Chevalier Rouge. Un beau record. Puis, son attention se reposait sur Beren et Serena jouant tous deux paisiblement. « Votre frère et votre sœur sont adorables. Ils me font penser à mes enfants. » Qui étaient si loin et si proches à la fois. Il se languissait de pouvoir de nouveau les prendre dans ses bras. Finalement, son attention se reposait sur la jouvencelle. Aventureuse et fougueuse, tout ce qu'il n'était plus. Quelque part, elle le rendait nostalgique. Mais il savait aussi que sa vision de la guerre était trop enjolivée, quoi de plus normal lorsqu'on ne l'avait pas vécu. « Votre famille nous a fort bien accueilli, je tenais à vous remercier. J'ai d'ailleurs cru comprendre que vous savez manier l'épée et l'arc ? »
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@Andar Royce & Rhéa Flint
Difficile de rester calme ces derniers jours. Rhéa était sous tension sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Peut-être était-ce parce qu'elle avait encore le goût amer de sa dispute avec son père dans la bouche, peut-être parce que des inconnus étaient dans sa demeure, peut-être était-elle simplement déçue de ne pas avoir pu participer à la bataille de Winterfell. Quoi qu'il en soit, depuis que Byron l'avait renvoyée à La Veuve sans ménagement, sa colère et sa frustration n'avaient aucunes limites. Ses relations avec sa famille étaient très tendues et elle avait bien du mal à ne pas les agresser lorsqu'elle leur adressait la parole. Elle faisait néanmoins des efforts pour ne rien laisser paraître et laisser La Veuve calme pour les deux guerriers estropiés. La seule présence qu'elle tolérait, c'était celle de ses cadets. Lyam lui remontait le moral du mieux qu'il le pouvait et la rassurait tandis que Beren et Selena lui faisaient de nombreux câlins et voulaient toujours jouer avec elle.
C'est d'ailleurs Serena qui avait sauté sur son lit ce matin-là pour qu'elle se lève et qu'elle joue avec eux. Après avoir râlé durant quelques minutes, la jeune brune avait consenti à les amuser. Elle avait commencé par se changer, troquant ses habits de nuit contre son éternelle tunique en cuir noir. Elle avait ensuite attrapé son épée qu'elle avait attaché à sa hanche puis elle avait posé son lourd manteau avec de la fourrure par-dessus le tout. Pour finir, elle s'était rendue dans la chambre de sa petite sœur pour l'aider à s'habiller d'une jolie petite robe bleue. Elle lui avait tressé les cheveux puis Serena l'avait emmenée à sa suite pour qu'elles aillent chercher Beren. Ce dernier était en train de déjeuner avec Lyam et Robin.
Rhéa n'accorda pas un regard à son jumeau et s'approcha de Beren, Serena pendue à sa main.
« Tu viens ? Serena veut qu'on aille jouer dehors ce matin, lui dit-elle avec un sourire avant de lâcher Serena pour s'approcher de Lyam et lui faire un baiser sur la joue. »
Le petit garçon sauta sur ses pieds et la nordienne rejoignit les deux enfants pour sortir du château. Elle entendit derrière elle le lourd soupir de son jumeau ainsi que le ricanement de Lyam, mais elle n'y fit pas attention et elle guida les deux garnements vers l'extérieur. Une fois arrivés dehors, elle leur proposa de jouer au chat, ce qui plut à ses cadets qui se mirent à courir en riant.
Le regard rivé dans le vide, Rhéa restait immobile au centre de la cour. Les chevaux étaient un peu agités, elle pouvait les entendre d'ici. Elle était bien curieuse de savoir ce qu'ils avaient et elle avait très envie d'aller se promener, mais elle devait surveiller son frère et sa sœur alors... ce serait pour une prochaine fois. Serena cria son prénom et la brune sursauta avant de se baisser légèrement pour que la petite fille lui saute dans les bras. Lorsque ce fut fait, elle se mit à rire face à la tête qu'elle faisait. Elle était visiblement bien déçue d'avoir perdu face à Beren.
« J'ai perdu ! »
« Allons, il ne faut pas faire cette tête pour ça... mais pourquoi tu secoues la main toi ? s'exclama la jeune fille en fronçant ses sourcils. »
Elle déposa sa petite sœur par terre et leva la tête vers la fenêtre d'où elle aperçut Andar Royce. Elle le vit disparaître et ne s'en occupa pas plus que ça jusqu'à entendre des bruits de pas irréguliers. Elle posa la main sur la garde de son épée qui était bien cachée sous son manteau et elle se tourna vers le brun qui la salua. Elle fit une révérence tendue, ne cachant pas la grimace ennuyée qui s'accrochait à ses lèvres.
« Lady Rhéa. Vous avez dû croiser mon jeune frère. Incapable de rester au lit, il semble que je ne sois guère plus assidu que lui. »
« Lord Royce, le salua-t-elle en affichant un sourire poli. En effet, il ne semblait pas très à l'aise avec l'idée de rester au lit. »
La veille, elle avait rencontré le chevalier et elle n'arrivait pas trop à savoir ce qu'elle pensait de lui. Comme le seigneur à ses côtés, elle reporta son attention sur son frère et sa soeur et un fin sourire attendri se glissa sur ses lèvres. Cependant, il s'effaça bien rapidement.
« Votre frère et votre sœur sont adorables. Ils me font penser à mes enfants. »
« Je vous assure que vous ne diriez pas ça si vous les côtoyiez chaque jour, lâcha-t-elle sans attendre avant de soupirer. Quel âge ont vos enfants ? Sont-ils plus âgés ? »
Faire la conversation n'était pas quelque chose qu'elle savait vraiment faire, mais pour une fois, elle faisait des efforts. Elle n'avait pas envie de passer pour une fille désagréable, ni que ses parents n'aient ouï-dire qu'elle avait été tout à fait désobligeante avec leurs invités.
« Votre famille nous a fort bien accueilli, je tenais à vous remercier. J'ai d'ailleurs cru comprendre que vous savez manier l'épée et l'arc ? »
Un sourire amer se glissa sur les lèvres de la nordienne qui laissa le silence s'installer pendant quelques secondes avant de daigner lui répondre.
« C'est aux seigneurs de La Veuve que vous devriez dire une telle chose. Je n'ai rien à voir avec votre venue et votre confort, marmonna-t-elle, les dents serrées, venimeuse envers ses parents. En effet, je manie les deux et je monte à cheval. »
Pour confirmer ses dires, elle dévoila son épée qui était cachée sous son lourd manteau noir avant de tourner la tête vers Andar sans rien ajouter de plus.
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« La Veuve | An 302 lune 13, semaine 4 »
Le retour à la quiétude était encore difficile pour le seigneur de Roches-aux-Runes qui se réveillait parfois en pleine nuit. Des cauchemars ne cessaient de le hanter où ils revoyaient les visages de ces créatures. Leurs yeux bleus le fixant dans la longue nuit. Durant la bataille, il avait même affronté des enfants, évidemment, ces derniers n’en n’étaient plus, réduits à l’état de morts-vivants. Ces images restaient profondément ancrées dans son esprit car ces bambins auraient aisément pu être les siens. Les Autres, même s’ils avaient perdu avaient fait couler tant de sang. Nombreuses furent les pertes cette nuit-là. Des seigneurs, des anonymes jonchaient le sol, souillant le sol du fief des Stark. Le château de Winterfell avait perdu de sa superbe, portant les stigmates d’une bataille inédite. Les livres d’histoire auront beau la relater, il fallait le vivre pour le comprendre. Andar ne pensait pas en ressortir vivant au vu de sa vilaine blessure, une entaille profonde sur sa cuisse qui l’immobilisait totalement. Pourtant, il avait survécu, comme si les mots de son frère cadet à l’aube de la bataille avaient été entendus par les dieux. Estropié, il retrouverait sa femme et ses enfants très bientôt, inutile de dire qu’il savourait le fait d’être en vie. Après avoir traversé l’enfer, il considérait cela comme un miracle. Et fort heureusement, les dieux laissèrent la vie sauve à Robar ainsi qu’à ses cousins, mais pas à Lord Horton Rougefort. A jamais, il reposera si loin de son Val natal. Le sacrifice de ce dernier et de tant d’autres ne devait pas être oublié. Il se souvenait et se souviendrait de ces courageux combattants. Après avoir quitté l’effervescence de Winterfell et de Corbois, les Royce pouvaient à présent récupérer dans le calme que leur donnait le fief des Flint. Accueillit chaleureusement, les deux Royce profitaient de la quiétude de cet endroit. La Veuve n’était qu’à quelques jours de Goëville. D’ici quelques semaines, il allait de nouveau pouvoir serrer les siens dans ses bras. Il n’était pas parti aussi longtemps depuis le sac de Port-Réal survenu des années plus tôt. Ce n’était pas le premier conflit auquel il participait. Son expérience lui permettait de prendre un certain recul mais jamais dans l’Histoire, les Hommes n’avaient eu à affronter la Mort elle-même. Ces immondices surnaturelles furent des adversaires redoutables, ne connaissant nullement la pitié ou l’honneur. A la différence de l’humanité, les Marcheurs Blancs ne s’épuisaient pas puisqu’ils provenaient de l’outre monde. Un frisson parcourut l’échine de l’aîné des Royce alors qu’il sortait enfin de sa chambre. Sa toute première escapade, qui n’avait que trop tardé à son goût. Son comportement risquait de déplaire mais qu’importait, le besoin de s’aérer l’esprit le poussait à défier son corps. Rester immobile des jours durant n’était pas tenable et surtout pas après une telle bataille. Seul dans ses appartements, il ne cessait de ressasser ce jour fatidique. Alors, pour le bien de sa santé mentale, il prenait l’air. Le vent glacial mordant l’éveilla brusquement. Vivifiant sans aucun doute.
Tel un infirme, sa démarche s’avérait compliquée, il ne pouvait s’appuyer sur sa jambe endolorie, l’obligeant à boiter. Pester ou bougonner ne changera rien à sa condition, alors il se contentait de le faire mentalement. Personne n’y pouvait rien, ainsi étaient les conséquences de la guerre. Et encore, il n’avait perdu aucun membre, contrairement à certains autres blessés aperçus avant son départ. Andar rejoignit à son rythme la petite cour où jouaient les enfants des Seigneurs de la Veuve. Il porta un regard nostalgique sur ces derniers, cela ne fit que renforcer son impatience de retrouver les siens. Lucas et Edmée avaient probablement changé, les bambins grandissaient à vive allure, beaucoup trop. Il salua poliment l’aînée, avec qui il n’avait pas réellement encore eu l’occasion de converser, à force de rester enfermé entre quatre murs. Un léger rire lui parvint quand elle évoqua leur énergie. Ainsi étaient les enfants, doués pour faire vieillir prématurément leurs parents, et les faire tourner en bourrique. « Ils sont bien plus jeunes, mes aînés ont l’âge de votre sœur, et ce sont des jumeaux, alors je vous laisse imaginer le désastre ! » Soupirait-il dans un sourire, car malgré tout, ses enfants l’emplissaient de fierté. Avoir des enfants énergiques prouvait qu’ils étaient en parfaite santé. Il ne souhaitait pas les surprotéger ou les empêcher de jouer. C’était ainsi qu’ils pourraient apprendre et devenir autonomes. Le seigneur fut séparé de sa famille bien tôt pour devenir l’écuyer de Brynden Tully. Un choix douloureux mais réfléchi qui l’avait fait se renforcer. Ce même destin attendait ses progénitures. Il remarqua rapidement le sourire amer de la jouvencelle, probablement frustrée de ne pas avoir pu participer à la bataille décisive, un point assez sensible. « Ne vous en faites pas, j’ai d’ores et déjà remercié vos parents, mais je tenais à faire de même avec vous. » Rhéa semblait plus à l’aise à manier les armes qu’en tenue de Lady, et pour cet effort, il souhaitait la remercier. Andar avait rapidement cerné son caractère. Elle ne désirait pas être enfermée à ce titre de Dame. Les Nordiens étaient décidément surprenants, là où le Val avait encore une société très machiste. Aucune femme n’apprenait le maniement des armes là-bas. Ses opales se posèrent sur son épée qu’elle dévoilait enfin. « Quelle belle épée vous avez là. » Complimenta-t-il avant de reprendre la parole, joignant ses mains, tandis qu’il fixait l’horizon, pensif et nostalgique. Il se remémorait des souvenirs heureux et bien moins heureux. Le sac de Port-Réal avait brisé quelque chose en lui. Sa hargne, sa vision idéaliste de la guerre certainement. Car oui, celle-ci n’avait rien de beau, elle brisait des vies, ni plus ni moins. « Vous devez être une adversaire redoutable. Je ne peux que comprendre votre frustration de ne pas avoir participé à la bataille. J’étais comme vous lors de mes jeunes années, pressé de combattre. J’ai rapidement déchanté une fois que j’ai battu le fer. » Conscient de s’être quelque peu emporté dans ses explications, le brun secouait alors la tête, il ne souhaitait pas assommer la jeune fille avec ses souvenirs. « Pardonnez mes états d’âmes que vous n’avez certainement pas envie d’entendre. »
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@Andar Royce & Rhéa Flint
Une grimace désolée se glissa sur les traits de la jeune fille lorsqu'elle vit le Royce se rapprocher d'elle en boitant. La guerre faisait des dommages, elle le savait parfaitement. Elle hésita quelques instants à l'aider à marcher puis elle se ravisa : cette condition devait l'irriter et il ne voulait peut-être pas qu'on le prenne en pitié. Rhéa se contenta donc de rester immobile et elle attendit qu'il s'approche, lentement mais sûrement, de sa position. Ses deux cadets jouaient à nouveau en criant et elle les surveillait du coin de l’œil pour vérifier qu'ils ne se faisaient pas mal ou qu'ils ne faisaient pas de bêtises.La conversation débuta sur une note joyeuse que la nordienne tempéra quelque peu. Elle aimait beaucoup les deux enfants, ils faisaient parti de sa famille et elle les protégerait toujours, mais il était vrai qu'elle avait tout de même beaucoup de mal avec les enfants en bas âge. Elle s'entendait bien mieux avec Lyam ou avec Robin, lorsqu'ils ne se disputaient pas pour un oui ou pour un non.
Par politesse, la jeune fille continua la conversation en lui demandant des informations sur les enfants du seigneur de Roches-aux-Runes.
« Ils sont bien plus jeunes, mes aînés ont l’âge de votre sœur, et ce sont des jumeaux, alors je vous laisse imaginer le désastre ! »
Un petit rire sincère s'échappa des lèvres de la Flint, qui se plongea quelques instants dans ses pensées. Elle se demandait comment elle réagirait lorsqu'elle aurait ses propres enfants, si elle se mariait un jour, bien entendu. Peut-être était-ce réellement différent lorsque c'était son sang et celui de son potentiel mari dans les bambins. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle se força à afficher un sourire bien que la joie et la bonne humeur n'y étaient plus. Voilà qu'elle s'était replongée dans ses tourments de mariage et de futur.
« Les jumeaux sont très certainement les pires... ou les meilleurs. Croyez-moi, je parle d'expérience. Robin et moi sommes inséparables. Il est vrai que je suis quelque peu en colère contre lui mais... il est un fragment de mon âme et il me comprend mieux que personne. Par moment, je croirais même que nous ne formons qu'un, au plus grand déplaisir de nos parents, lança-t-elle d'une petite voix, un sourire un peu faux aux lèvres. »
Difficile de faire semblant lorsqu'elle était réellement furieuse envers ses parents. Elle les aimait et ils l'aimaient mais leur dernière dispute lui restait en travers de la gorge et c'était sans honte qu'elle avouait qu'en ce moment, son père se trouvait tout en haut dans la liste des nuisibles.
Le Royce dut d'ailleurs voir de l’âpreté et de la colère sur ses traits mais il eut le tact de ne pas trop insister sur le sujet. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais elle commençait à l'apprécier. Il lui semblait calme et posé, réfléchi. Elle avait très certainement beaucoup à apprendre d'un tel personnage.
« Ne vous en faites pas, j’ai d’ores et déjà remercié vos parents, mais je tenais à faire de même avec vous. »
Rhéa inclina légèrement la tête sur le côté avant d'afficher un sourire un peu plus sincère et elle hocha la tête.
« Je vous en prie, lui répondit-elle en haussant les épaules. Vous êtes nos invités après tout et bien que je n'ai pas semblé très heureuse de votre arrivée, ce n'était pas de votre fait. C'était surtout à cause de... de mon père et de mon frère. »
La sincérité débordait de sa voix. C'est vrai que par moment, elle pouvait être un peu austère mais un peu de visite lui aurait fait plaisir si ça n'avait pas été dans un contexte si particulier. Andar appuya sur un point facile pour la dérider : ses armes et sa formation à leur maniement. Sans mentir, elle commençait à être bonne, mais elle ne valait pas les chevaliers ou les archers de l'armée, elle le savait parfaitement. Elle voulait s'améliorer encore et encore, apprendre de la guerre.. mais elle était déjà fière de savoir se défendre seule. Elle n'avait pas besoin d'aide, elle était assez habile pour manier son épée.
« Quelle belle épée vous avez là. »
Rhéa inclina légèrement la tête pour le remercier mais elle n'ajouta rien de plus. Un silence s'installa entre eux deux, ponctué par les cris et les rires des deux enfants qui jouaient encore en courant partout dans la cour et en évitant le personnel de La Veuve avec plus ou moins d'habilité.
« Vous devez être une adversaire redoutable. Je ne peux que comprendre votre frustration de ne pas avoir participé à la bataille. J’étais comme vous lors de mes jeunes années, pressé de combattre. J’ai rapidement déchanté une fois que j’ai battu le fer. Pardonnez mes états d’âmes que vous n’avez certainement pas envie d’entendre. »
« Je n'irais pas non plus jusque là. J'ai encore beaucoup à apprendre pour arriver à un niveau comme le votre ou celui de votre frère. Mais je suis fière de ce que j'ai déjà accompli, lui dit-elle dans un premier temps avant que ses yeux ne se mettent à briller de curiosité en entendant ses paroles. Vous ne m'ennuyez pas voyons. Je serais ravie d'en savoir plus si vous y consentez. Je sais que la guerre n'est pas quelque chose de joyeux, mais j'avais vraiment envie de montrer à mon père ce que je valais. Et quand il me l'a refusé... ça a sonné comme une trahison à mes oreilles. Peut-être est-ce une réaction puérile d'être furieuse pour si peu, mais ça a été une véritable déception. Alors si je peux entendre des récits de votre bouche, qu'ils soient bons ou mauvais, ce sera un petit réconfort. »
Elle afficha un petit sourire, priant pour qu'il accepter de lui en dire plus. Rhéa avait toujours été curieuse, surtout en ce qui concernait les armes et la guerre.
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Le voilà qui boitait comme un infirme. Cette vision l’agaçait au plus haut point. Jamais Andar n’était resté immobile aussi longtemps, jamais ses blessures n’avaient été aussi sérieuses. Beaucoup de sang avait coulé lors de cette Longue Nuit. Fort heureusement, il s’en était sorti car bon nombre de combattants n’avaient pas eu cette chance. Des anonymes, des seigneurs, tous reposaient à Winterfell. Leurs âmes reposaient dans le Nord, si loin des leurs. Ils y étaient tous préparés à cette éventualité. Le Seigneur de Roches-Aux-Runes n’avait pu s’empêcher d’y songer et avait soigneusement préparé les choses si la mort l’avait attrapé ce soir-là. Mais il n’en fut rien. Aujourd’hui, il était bel et bien vivant et n’avait qu’une hâte : retrouver son fief et sa famille. Son épouse lui manquait. Et ses enfants qui grandissaient trop rapidement, allait-il seulement les reconnaître après tant de lunes loin d’eux ? Le froid mordant de l’hiver commençait à bien faire, il se languissait de retrouver la douceur du climat du Val. Et surtout ses paysages à couper le souffle. L’air iodé de la mer caressant sa peau, mais en cet instant, c’était malheureusement le vent glacial qui le rappelait à l’ordre. Son corps encore affaibli l’empêchait de se mouvoir normalement, il devait alors faire face à certains regards emplis de pitié et de compassion. Tout ce qu’il détestait. Et fort heureusement, la jeune Rhéa ne lui proposa pas son aide. Digne, il devait le rester et tant qu’il pouvait se débrouiller seul, il ne quémandera la main de personne. Apercevoir les enfants jouer plus loin ravissait le cœur de l’aîné des Royce. Cela lui donnait l’impression de revoir ses propres enfants jouer, lorsqu’il était encore auprès d’eux. Cette vision attachante ne faisait que renforcer son envie de rentrer dans son Val natal. Non pas que le Nord était une région qu’il n’appréciait pas, mais il en avait suffisamment vu. Les Flint étaient des hôtes irréprochables, les accueillant à bras ouverts, permettant à Robar et Andar de se remettre de leurs blessures. Loin du tumulte de Corbois ou de Winterfell, ils étaient au calme, propice à une bonne convalescence. Un peu trop longue au goût du Royce. Mais c’était ainsi, il se devait de se ménager s’il voulait remarcher à nouveau. Il venait de braver la mort, être en vie était un miracle au vu de la Longue Nuit et des nombreuses pertes engendrées. Un fin sourire étirait ses lippes, il ne pouvait que comprendre cette relation unissant Rhéa à son jumeau, Robin. Ces propres enfants étaient des jumeaux et possédaient une complicité indéniable. « Hé bien, je saurais à quoi m’attendre. » Souffla-t-il à l’égard de la dame des lieux. Les nordiennes différaient grandement des femmes du Val. Ici, l’on apprenait à ces dernières à manier l’épée ou l’arc. Dans le Val, leur éducation était plutôt axée sur les livres ou encore la couture. Rhéa représentait très bien cette différence entre le Nord et les Sudistes. Leurs routes n’auraient pu ne jamais se croiser. Et faire la connaissance de cette jeune fille pleine e vie qu’était la jeune Flint. Son ardeur et sa volonté de combattre était tout à son honneur. Il partageait cette même envie de faire ses preuves à son âge. L’expérience l’avait assagi et lui avait alors prouvé que la guerre ne causait pas que des blessures physiques. Certaines ne se voyaient pas, s’immisçant au plus profond de l’âme. Les mestres ne pouvaient rien contre ce genre de maladie. Ce fut probablement pour cela que le seigneur se décida à évoquer ses anecdotes de guerre ou d’armes. Son épée était de très bonne facture, cela se voyait amplement. Conforme à son rang après tout. Il constata alors qu’en la complimentant, il avait suscité son intérêt. Et encore plus avec une ébauche de son expérience. Du haut de ses trente-deux ans, Andar avait déjà vécu deux conflits. Et malheureusement, la liste risquait de s’agrémenter d’un de plus. Le retour de Viserys Targaryen n’augurait rien de bon. La Guerre frappera de nouveau sur Westeros et cette fois-ci, cela ne sera pas pour survivre mais simplement une quête de pouvoir. « Vous pouvez être fière. Vous atteindrez le niveau que vous désirez avec du temps et du travail. Peut-être serez-vous meilleure que mon frère ou moi. » Disait-il avec une pointe de défi. La constance était primordiale pour ceux qui désiraient réellement progresser. Ce n’était qu’en s’entraînant tous les jours que le corps apprenait, développait des réflexes. Les feignants n’étaient pas destinés à devenir de grands chevaliers, et cela ne semblait aucunement être le cas de l’adolescente. Plutôt ravi de constater qu’il avait piqué sa curiosité, l’aîné des Royce affichait un sourire doux. Il ne pouvait qu’apprécier, non pas qu’il aimait parler de lui, mais parce qu’il était heureux de pouvoir aider une jeune fille. En savoir plus sur ce qui l’attendrait, bien que celle-ci paraissait déjà bien aux faits des conséquences de la guerre. Car lui n’y avait pas été préparé, il avait fait face à l’horreur sans aucune préparation. « Je serai ravi de vous conter mon humble expérience. Avant tout, je vais m’asseoir si cela ne vous dérange pas, rester debout m’est encore insupportable. » Admettait-il en s’asseyant alors sur le rebord d’un mur. Il était un infirme en cet instant, loin d’être aussi fier qu’à l’allée. Tout en s’installant, il écouta attentivement les paroles de la fille de Lord Byron. Elle désirait faire ses preuves et en avait été empêchée. « Vous aurez d’autres occasions de prouver votre valeur à votre père. Néanmoins, je comprends votre colère, elle est légitime. » Il levait les yeux au ciel pensif, se remémorant sa première bataille. Le Sac de Port-Réal. Un traumatisme l’ayant fait sombrer dans l’alcoolisme. « Vous avez probablement dû entendre les récits concernant la rébellion de Robert Baratheon. Je fus présent lors du sac de Port-Réal, alors que je n’avais que 13 ans. Pour être honnête avec vous, si je suis revenu non blessé physiquement, intérieurement, je n’étais plus le même. » Ses yeux s’étaient quelque peu assombris. « Une partie de mon âme est morte, restée là-bas, à Port-Réal. Tout ça pour dire que même si nous pensons être prêts, nous ne le sommes jamais, et tout comme la Bataille de Winterfell, j'y ai laissé des plumes, au-delà de l'aspect physique. Ce sont avec de telles épreuves que nous nous renforçons, autant l'esprit que le corps. » Avouait-il dans un léger sourire, tentant un peu d'humour afin de ne pas rendre son récit trop sombre. Pourtant, c'était l'unique vérité. La rébellion de Robert Baratheon l'avait transformé. Détruit ce qui restait de son innocence enfantine.
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« Hé bien, je saurais à quoi m’attendre. » Un petit rire la secoua et elle finit par afficher un sourire plus sincère en observant les deux enfants qui jouaient et hurlaient ensemble, tout souriants et heureux. Voir sa famille ainsi lui réchauffait le cœur, surtout après l'épisode "Winterfell". Tout le monde semblait heureux que la guerre se soit enfin terminée, mais tout au fond d'elle, Rhéa avait cette étrange impression : celle que rien n'était fini et que tout commençait. La nouvelle du retour de Viserys le traître faisait son chemin dans tout le pays : l'homme était revenu d'exil, accompagné d'une femme et d'un dragon gigantesque. Pour être surprise, elle l'avait été. Qui aurait pu croire qu'il reviendrait un jour ici ? Qu'il oserait revenir sans craindre une guerre ? Les nordiens n'attendaient que ça : le faire payer pour avoir voulu assassiner la jeune Wylla Manderly. Même elle, elle ne pensait pas qu'il reviendrait, et encore moins qu'il reviendrait avec un dragon. Croyait-il pouvoir les faire ployer le genou avec un saurien ? Il était bien idiot s'il croyait que tous s'agenouilleraient devant lui. Mais ce n'était pas la seule inquiétude qui régnait. Le retour de Byron et de Robin était un évènement heureux, surtout qu'ils étaient accompagnés de la tante de la jeune fille, Geneva Bolton. Mais lorsqu'elle avait appris ce que son nouvel oncle avait fait, le feu de la vengeance et de la colère s'était rallumé dans ses veines aussi aisément que si on avait mis le feu à un baril de poudre. Elle le tuerait pour ce qu'il avait osé faire : tuer l'ancien mari de sa tante, assassiner ses deux cousins. Tout était de sa faute et il paierait ses dettes, elle se le promettait. Si guerre contre lui il y avait, Byron ne pourrait pas la laisser derrière. Elle irait avec eux, qu'importe le moyen, qu'importe la punition. On ne touchait pas à sa famille sans en craindre les conséquences. C'est ce feu ardent qui brûlait dans les veines de Rhéa, en cet instant. La haine, le dégoût, le besoin de vengeance reluisait dans ses prunelles sombres, aussi ardents qu'un feu grégeois. La fougue de la jeunesse. Et c'est cette fougue qui lui permettait de s'améliorer, jour après jour, au maniement des armes. Elle avait un but désormais, et le fixer ne ferait que faire croître sa détermination et son envie de se battre. « Vous pouvez être fière. Vous atteindrez le niveau que vous désirez avec du temps et du travail. Peut-être serez-vous meilleure que mon frère ou moi. » « Je fais de mon mieux pour être un peu meilleure chaque jour, lui dit-elle d'un ton calme, bien loin du grand désordre qui habitait son esprit et mugissait dans son ventre en cet instant. »La nordienne le pria de bien vouloir lui contenter ses expériences de guerre, prise de curiosité, oubliant durant un instant ses tracas et la colère qui l'habitait. « Je serai ravi de vous conter mon humble expérience. Avant tout, je vais m’asseoir si cela ne vous dérange pas, rester debout m’est encore insupportable. » « Je vous en prie, lui dit-elle avec un sourire avant de le rejoindre pour s'asseoir à ses côtés, plutôt souriante. » Elle l'observa, impatiente à l'idée d'entendre son récit. Elle savait qu'elle enjolivait un peu trop la guerre, mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Elle rêvait tant de bataille, de gloire et de reconnaissance... Elle voulait briller, jouer sur le devant de la scène, être reconnue, ne pas passer derrière quelqu'un, ne pas se cacher derrière un homme. Non, ce genre de vie ne lui conviendrait pas. Elle était née pour être vue, par pour rester cachée. « Vous aurez d’autres occasions de prouver votre valeur à votre père. Néanmoins, je comprends votre colère, elle est légitime. Vous avez probablement dû entendre les récits concernant la rébellion de Robert Baratheon. Je fus présent lors du sac de Port-Réal, alors que je n’avais que 13 ans. Pour être honnête avec vous, si je suis revenu non blessé physiquement, intérieurement, je n’étais plus le même. Une partie de mon âme est morte, restée là-bas, à Port-Réal. Tout ça pour dire que même si nous pensons être prêts, nous ne le sommes jamais, et tout comme la Bataille de Winterfell, j'y ai laissé des plumes, au-delà de l'aspect physique. Ce sont avec de telles épreuves que nous nous renforçons, autant l'esprit que le corps. » Le silence s'installa entre eux durant quelques instants. Loin d'être pesant, il était plutôt apaisant, calme. Et la Flint en avait bien besoin, de calme. Sa haine mugissait dans son ventre et elle devait se calmer et faire comme si tout allait bien, donner le change. Personne ne devait savoir qu'en cas de conflit, elle irait se battre. Et conflit il y aurait, elle en était presque certaine : son père ne laisserait pas passer un tel affront, sa mère non plus. Enfin, elle détourna finalement son regard vers la cour de sa demeure et observa les passants. « Je comprends ce que vous voulez dire. La guerre n'est pas un jeu et elle blesse les gens, murmura-t-elle simplement. La guerre a été longue et pleine de terreur, vous devez avoir hâte de rentrer chez vous. Comment est-ce, à Roches-aux-Runes ? Est-ce très différent d'ici ? Du Nord ? lui demanda-t-elle pour changer, finalement peu désireuse d'en entendre plus. »
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avec @Rhéa Flint
« La Veuve | An 302 lune 13, semaine 4 »
Retrouver une certaine sérénité après avoir vécu une bataille aussi éprouvante que celle qu’il avait vécu lui faisait beaucoup de bien. La Veuve apportait une certaine tranquillité dans l’esprit du seigneur de Roches-Aux-Runes qui ne pourrait décrire l’horreur vécue. Tant de choses étaient survenues. Entre la boue, le sang, ces monstres décharnés, les gémissements de douleur de ceux qui perdaient la vie, des mots ne pouvaient correspondre à la réalité. Il fallait le vivre pour le comprendre et cela, Andar ne souhaitait guère s’y replonger. Bien qu’il ne bataillait pas pour la première fois, il n’avait pas été préparé à se battre contre de telles choses, surnaturelles et appartenant au monde des morts. Si le pire était terminé, il était lui aussi empli de doute quant à l’avenir. Le retour de Viserys s’ébruitait. Ce dernier avait pourtant été exilé, n’ayant pas le droit de remettre les pieds en Westeros. Pourquoi revenait-il maintenant ? Son intervention, bien que salutaire n’était certainement pas dénuée d’intérêts. Il convoitait très probablement le trône de son frère. Seule explication valable expliquant sa présence ici. Cette idée déplaisait fortement à l’aîné des Royce qui avait déjà assisté à une rébellion pour accéder au pouvoir. Il ne connaissait que trop bien ce que cela engendrait. Une nouvelle guerre menaçait encore le monde, encore du sang, des pleurs et des familles endeuillées. Pour quoi ? Pour suivre des fous en quête de puissance égoïstement. En recherche de gloire, en recherche de pouvoir, ils étaient prêts à risquer des milliers de vies. La politique et les jeux de pouvoir continueraient tant que des Hommes peupleraient Westeros. Alors, ce genre de moment lui permettait d’oublier un instant que de nouveau, ils replongeraient dans l’horreur. Le Royce n’y était certainement pas préparé, tout ce qu’il désirait était de protéger les siens. Il n’avait d’autre choix que de se rallier à Rhaegar Targaryen, son Roi, celui qui l’avait gracié es années plus tôt. Il avait une dette envers lui, ce qui l’obligeait à prendre les armes si le Suzerain le désirait. Ainsi était l’histoire, elle se répétait. Esquissant un doux sourire, il ne pouvait alors que féliciter le calme de la jeune femme. Son tempérament tempétueux semblait s’apaiser un instant. De toute évidence, Rhéa possédait de nombreuses qualités, elle était si jeune et curieuse, tout comme lui l’avait été. C’était avec une certaine nostalgie qu’il la regardait, regrettant alors ce temps où les choses étaient plus simples. Malheureusement, la guerre l’avait brisé. Si autrefois c’était mentalement, aujourd’hui, c’était plutôt son corps qui en avait les stigmates. Il fut alors obligé de s’asseoir là où il le pouvait, se forçant à sourire afin de ne pas montrer son agacement profond. Voilà bien longtemps qu’il ne s’était pas vu diminué de la sorte. Assis aux côtés de l’adolescente, une certaine tranquillité régnait. La jeune Dame ne semblait pas être désintéressée par ses récits. Andar avait vécu bon nombre de batailles, aucune ne ressemblait à celle de la Longue Nuit. Son expérience commençait à être assez conséquente. Lui qui rêvait aussi de gloire, de reconnaissance lors de ses jeunes années. Il se rappelait pertinemment des mots de sa grand-mère. Courir après la gloire n’apportait rien et causa la perte de son grand-père. Aveuglé par ce besoin de reconnaissance, il fut pris par la grande Faucheuse. Combien de fois la Dame de Fer l’avait renseigné à ce sujet ? Il ne comptait plus. Et il fallait avouer qu’elle n’avait pas tort. La clairvoyance de sa grand-mère l’avait toujours ramené sur terre, même dans les pires moments. Evoquer son passé n’était pas évident mais les années s’étaient écoulées. Il prenait à présent du recul. Guerroyer à 13 ans fut probablement une erreur. Il n’avait pas eu les armes mentales pour passer outre les horreurs vécues. Malgré tout, cela faisait partie de sa vie, de son histoire et avait forgé l’homme qu’il était aujourd’hui. « Dans tous les cas, la guerre n’apporte pas la gloire. » Finissait-il par dire suite à la remarque de la fille des seigneurs des lieux. Il reprenait alors d’une voix apaisée. « Ma grand-mère n’a cessé de me dire qu’il ne nous faut pas courir après la gloire et la reconnaissance. Et que c’est probablement pour cela qu’elle est encore en vie. Qu'en pensez-vous ? » Un fin sourire étirait ses lippes avant qu’il ne lève le nez dans le ciel. En effet, il avait hâte de retrouver les siens et son fief. La mer lui manquait grandement. « Je vous confirme, j’ai hâte de retrouver mon fief et l’océan qui est à proximité. Le climat y est un peu plus chaud que le Nord. L'herbe et les arbres sont verts. Notre château se trouve aux abords de la mer, en hauteur, ce qui nous donne une vue sublime. Petit, j'adorais m'y baigner et encore aujourd'hui. » Un sourire étirait ses lippes, nostalgique. Il aimait profondément les lieux qui l’avaient vu grandir. « Si un jour vous venez, je suis persuadé que vous adorerez. »
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@Andar Royce & Rhéa Flint
« Dans tous les cas, la guerre n’apporte pas la gloire. » Rhéa prit un instant pour réfléchir aux mots du Royce. Avait-il raison en disant que la gloire ne venait pas par la guerre ? Elle n'arrivait pas réellement à le croire. Les vainqueurs écrivaient l'histoire, et à ses yeux, ils étaient couverts de gloire. Pourtant, les mots d'Andar sonnaient d'une vérité étonnante et la jeune fille ne sut plus quoi réellement croire, laissant le silence s'installer sans qu'elle n'émette la moindre réponse aux paroles du seigneur de Roches-aux-Runes. « Ma grand-mère n’a cessé de me dire qu’il ne nous faut pas courir après la gloire et la reconnaissance. Et que c’est probablement pour cela qu’elle est encore en vie. Qu'en pensez-vous ? » Qu'allait-il penser d'elle, qui cherchait justement la reconnaissance des autres, ne supportant pas d'être cachée, oubliée, reléguée à une place dans l'ombre ? Durant un instant, elle eut presque envie de lui mentir, mais cette pensée ne fit qu'effleurer son esprit. A quoi cela l'aurait-il mené, qu'elle mente à ce sujet ? Il avait déjà dû remarquer qu'elle était différente des jouvencelles : un esprit plus sauvage, plus tourné vers le maniement des armes que celui des mots. Et même, si elle mentait, elle ne ferait que se cacher, chose à laquelle elle n'aspirait pas. Prenant alors son courage à deux mains, quitte à froisser l'homme en face d'elle, elle lui répondit, le regard porté sur l'horizon. « Je mentirais en disant que je n'ai jamais cherché la reconnaissance. C'est en fait là tout ce que je recherche. Peut-être trouverez-vous ceci idiot ou déplacé, mais je n'aspire qu'à être dans la lumière, à me faire une place dans ce monde d'hommes. Je crois que... j'ai besoin de cette reconnaissance pour être entière. Il est possible que je cours à ma perte en m'obstinant de cette façon, mais je me dois de trouver qui je suis et de me montrer au monde, marmonna-t-elle en tournant lentement son regard vers le brun à ses côtés, affichant un petit sourire timide. »« Je vous confirme, j’ai hâte de retrouver mon fief et l’océan qui est à proximité. Le climat y est un peu plus chaud que le Nord. L'herbe et les arbres sont verts. Notre château se trouve aux abords de la mer, en hauteur, ce qui nous donne une vue sublime. Petit, j'adorais m'y baigner et encore aujourd'hui. » La Flint écouta avec intérêt le récit passionnant d'Andar. Rien que par l'utilisation des mots et par son intonation, elle comprit qu'il était profondément attaché à sa demeure, tout comme elle était attachée à La Veuve. Un sourire éclaire son visage aux traits parfois encore un peu enfantins et elle observa son petit frère et sa petite soeur se battre. « Ce doit être un lieu merveilleux pour y grandir, loin de la froideur et de la rudesse du Nord, commenta-t-elle avec un petit rire. » Son regard, éclairé par la curiosité, se tourna vers le seigneur qui était assis à côté d'elle lorsqu'elle entendit ses paroles. « Si un jour vous venez, je suis persuadé que vous adorerez. » L'excitation de découvrir un nouveau lieu, éloigné de son Nord natal, se mit à luire dans son regard sombre alors qu'elle observait Andar, cherchant à savoir s'il parlait sérieusement ou non. Rhéa n'avait eu que trop peu d'occasions de voyager et de découvrir d'autres contrées : aller dans le Val d'Arryn lui semblait être une idée bien excitante pour elle qui ne connaissait que le vent glacial et l'air austère des nordiens. « Vous... Vous me laisseriez venir ? demanda-t-elle d'une voix moins assurée, comme si elle ne croyait pas encore réellement aux mots du Royce. »
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