Information may inform the mind, but revelation sets a heart on fire. - ft. Melleah

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Le perspective du mariage procurait, à présent, autant de joie que d’appréhension à Melleah. Les préparatifs lui occupaient tant l’esprit que les mains mais elle ne cessait de passer d’un enthousiasme presque enfantin à une vive agitation, pour peu qu’elle fut confrontée à quelques problématiques organisationnelles ou à des pensées angoissantes relatives à son union future, sans parler de l’état de santé de son futur beau-père qui se dégradait de jour en jour. Les broderies de sa robe étaient pratiquement achevées et on avait essayé diverses coiffures le matin même, afin qu’elle puisse opter pour la plus saillante. Elle se trouvait satisfaite de son choix ainsi que de sa tenue -quant bien même restait-elle modeste, l’ayant confectionné par elle-même- et bien qu’elle se demandait régulièrement si elle saurait plaire à son promis, elle espérait que le résultat final fut à la hauteur de ses attentes. Elle savait ne pas manquer de charme mais connaissait aussi ses défauts, et la maigreur de sa silhouette était de ceux-là, les hommes préférant généralement les femmes un peu plus en chair, aux formes plus vallonnées, signe de bonne santé et plus propice à l’enfantement. Mais de fait, les Sept ne l’avait doté d’aucun de ces critères, aussi Ser Ashter devrait-il se contenter de cela ! Elle savait ne rien pouvoir de mieux.

Le repas du midi, passé en compagnie lady Ellya –fort silencieuse depuis la dégradation de l’état de son époux-, de sa Septa, de lady Nivia avait conclu cette matinée de préparatifs. Cette dernière, connaissant l’émotivité de sa nièce, l’avait incité à prendre congés de toute cette agitation pour l’après-midi, lui laissant quartier libre pour prendre du repos et se changer les idées. Melleah n’envisageait pourtant pas de rester enfermée et c’est avec enthousiasme qu’elle accepta la proposition de Septa Mirella pour une promenade dans le domaine de Bulwark, et ce, malgré la fraîcheur de la météo. Elles entreprirent de se couvrir chaudement afin de braver les températures hivernales et prirent le chemin du terrain d’entraînement afin d’y observer les progrès de Podrick. Ce dernier ne sembla pas même les voir tandis qu’il affrontait courageusement les ruades de leur oncle, Ser Cedric. Rapidement, les invectives de ce dernier à l’encontre de son écuyer firent serrer les dents de la jeune Payne et la poussa à reprendre route vers les jardins à l’arrière du château, incapable qu’elle était de tolérer cette vision mais se sachant impuissante à y remédier. Le vent glacial eut au moins le mérite de la distraire de ses sombres pensées et tandis qu’elle discutait avec Septa Mirella de leur espoir de voir revenir l’été dans les prochaines lunes, galvanisées d’observer l’absence de neige ce jour-là, elle observait la beauté des lieux.

Le Château de Bulwark l’avait en premier lieux impressionné par sa grandeur, elle s’y était d’ailleurs égarée à plusieurs reprises depuis son arrivée. Bien que les Yarwyck ne soient qu’une Maison Mineure, la bâtisse n’avait rien à envier aux plus grandes familles de l’Ouest. L’enceinte extérieure, en revanche, était plus modeste. Et bien que les écuries occupaient une bonne partie de la cour, les jardins étaient de petites tailles mais entretenus avec beaucoup de goût de tel façon que, même au plus fort de l’hiver, il était possible de s’y promener afin d’observer les nombreuses variétés de plantations hivernales. Tout cela lui était très agréable et elle se surprit une fois de plus à s’y sentir à l’aise, presque comme chez elle. Bien entendu, les lieux n’avaient rien à voir avec la modestie du domaine Payne, ni même avec sa plaisante familiarité, mais elle s’était découvert une affinité avec les terres appartenant à la famille de son promis. Elle saurait s’y sentir bien, ce qui contribuait grandement à la rassurer quant à son avenir parmi eux, bien que de nombreuses incertitudes demeuraient. Ces dernières l’incitaient régulièrement à interroger son entourage, lorsqu’elle pouvait se le permettre et l’occasion actuelle l’y poussa, elle changea de sujet.

« Croyez-vous qu’il me sera possible de choisir moi-même la servante qui s’occupera de moi, une fois devenu l’épouse de Ser Ashter, Septa Mirella ? » demanda-t-elle, avec un certain espoir, « Il me semble que cela m’aiderait à me faire à ma nouvelle vie ici, à Bulwark, si j’avais une amie prêt de moi lorsque ma famille m’aura quitté. »

Cette simple idée avait tenté d’amertume ses derniers mots et elle entreprit d’ignorer le pincement au cœur qu’elle ressentit alors. La séparation avec ses proches était sans nul doute l’épreuve la plus difficile qu’il lui faudrait affronter après son union. Au delà-même de son rôle d’épouse, dans sa dimension publique autant que dans la sphère privée, jusque dans leur intimité la plus troublante. La religieuse lui adressa un sourire rassurant, pressant le bras qu’elle tenait avec compassion.

« Cela ne serait pas impossible. Il arrive souvent qu’une domestique du domaine de l’époux soit attachée à cette tâche mais il n’est pas rare que l’épouse attache un sujet de sa propre maisonnée à celle de sa nouvelle famille pour remplir ce rôle. Après tout, il s’agit-là de votre propre domestique, attachée à vos soins, je ne vois pas pourquoi on vous en refuserait le choix. Aviez-vous une idée derrière la tête, ma Lady ? »

Plus rhétorique qu’autre chose, la question lui arracha un sourire mutin. Septa Mirella la connaissait fort bien et elle s’était montré peu discrète dans ses intentions. Elle reprit la parole d’un ton léger.

« Eh bien, je ne suis pas sans savoir que Danya apprécie son passage à Bulwark … Elle m’a toujours dit qu’elle n’avait jamais envisagé de demeurer dans le giron familial toute sa vie et je me disais que l’inciter à rester auprès de moi serait une bonne manière de lui laisser prendre son envol … sans pour autant perdre son amitié. »

La jeune roturière lui était dès plus précieuse, elle se devait de le reconnaître, et la simple idée de son absence lui était intolérable. Comment tiendrait-elle à Bulwark sans sa tante, sa Septa ou même Podrick ? La présence de la pétillante Danya aurait au moins le mérite d’atténuer sa mélancolie en leur absence et elle serait l’oreille attentive dont elle pourrait avoir grand besoin. Comme elle l’avait toujours été, par ailleurs. La religieuse esquissa un sourire entendu et elles échangèrent un regard qui ne méritait nul mot. Elles se comprenaient fort bien. Cela lui manquerait.

Leur pas les menèrent finalement vers la porte principal du domaine qu’elles dépassèrent non sans un salue respectueux des garde encadrant l’entrée. Melleah leur retourna la politesse d’un sourire doux avant de reporter son attention sur la vue qui s’offrait à elle. Au loin le rivage lui semblait des plus apaisant mais elle n’eut pas l’occasion de s’y attarder tandis qu’elles progressaient lentement sur la route sinueuse menant au port, la silhouette maintenant bien connu de son promis semblait alors lui adresser un geste, l’incitant à s’arrêter pour l’attendre, lui et son fidèle ami, ser Beren. Le cœur battant la chamade, elle les accueillit tous deux d’une petite courbette polie, les joues soudain en feu. Le regard amusé de sa préceptrice ne lui échappa pas mais elle n’en dit rien alors qu’elle attrapa le bras offert par le chevalier, heureuse comme jamais.

« En effet, Ser. » acquiesça-t-elle à la question de son promis concernant leur destination, « Je ne m’y suis encore jamais rendue et l’occasion s’y prêtait. Quelle chance qu’il n’est pas neigé aujourd’hui ! Vous y rendiez-vous également ? »

Les rougeurs de son promis n’avaient rien à envier aux siennes, mais elle n’osait rencontrer son regard, aussi ne le remarqua-t-elle pas en détournant le regard vers la mer dans une attitude faussement décontractée. Elle se sentit bien entendu dès plus idiote, à la fois pour la trivialité de sa conversation mais aussi par les battements affolés de son cœur. Aussi se reprit-elle en le regardant soudain bien en face, essayant de paraître plus assurée qu’elle ne l’était dans l’espoir de ne pas lui paraître trop immature.

« Je m’étonne de vous voir. » reprit-elle avant de poursuivre avec malice, « Non pas que je m'en plaigne mais vous sembliez si occupé ces derniers jours que je m’imaginais vous retrouver que le jour de notre mariage ! Devant l’autel ! »

La boutade eut le mérite de la détendre tandis qu’un sourire s’installa sur ses lèvres. Pourtant, elle se rendit rapidement compte que le contexte ne s’y prêtait que peu et ce dernier disparu aussi sec. Apposant une main à ses lèvres, elle s’exclama honteusement.

« Pardonnez-moi, j’ai parlé trop vite ! Il va de soi que vous devez être fort préoccupé. je n’ai pas mesuré mes paroles. Je suis profondément désolé. », les joues soudain plus rouges encore, elle se mordit la lèvre, « Comment se porte Lord Weslar ? Mestre Orderic voit-il une amélioration de son état ? »

Quelle idiote était-elle ! Elle s’en serait donnée des claques. Fort heureusement, Septa Mirella se trouvait trop loin en arrière pour les entendre, tout comme Ser Beren qui l’accompagnait alors, leur laissant une intimité bienvenue.

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Fort heureusement, la bienveillance de son promis lui accorda  l'indulgence face à son étourderie. Il eut même l'air amusé de sa gaffe et elle n'en rougit que plus, à la fois gênée et parfaitement charmée par la réaction du chevalier. Elle accueillit son rire avec un sourire timide. Elle eut craint un instant de l'avoir blessé. De fait, il y aurait de quoi ! Un parent touché par la maladie aurait de quoi l'affecter. Il l'était, bien entendu. Mais la jeune Payne avait, pour la deuxième fois, l'impression que la relation entre le père et le fils était loin d'être aussi fusionnelle qu'elle l'aurait imaginé. Ser Ashter était peiné de l'état de son paternel, c'était certain, mais il affichait cette distance identique à celle qu'elle avait découvert lors de leur rendez-vous quelques semaines plus tôt à Castral-Roc. Un distance qu'elle pouvait comprendre au vue de ce qu'elle avait découvert de Lord Weslar. C'était un homme noble, mais bigrement dur. Un peu comme son oncle, Ser Cedric, à qui il lui faisait un peu penser. En moins présomptueux sans doute ... Elle ne saurait dire, son oncle avait cette désagréable habileté à l'agacer au plus haut point.

Dans tous les cas, elle espérait que les nouvelles qu'il lui apportait là était pessimiste, et non réaliste. Mestre Orderic était probablement qualifié mais elle préférait écouter son optimisme naturel et croire que le Lord de Bulwark se remettrait. Il ne pouvait en être autrement. Le mariage approchait et il serait assurément de très mauvais augure qu'un décès en ternisse les festivités. Elle ne le souhaitait nullement et pas seulement pour elle-même mais pour son promis et sa future famille qui en souffrirait. Lady Ellya en serait anéantie, à n'en pas douter. Melleah était d'avis que sa future belle-mère ne méritait nullement cela, elle qui était d'une grande douceur et d'une gentillesse peu commune.

« Je prierais les Sept pour qu'il se remette. » déclara-t-elle avec conviction.

Oui, il ne pouvait en être autrement. Il n'y avait rien d'autre à dire et ils s'observèrent un instant en silence. Le sourire qu'il lui adressa attendrie à nouveau le coeur de la jouvencelle. Il méritait si peu cette épreuve mise sur sa route ... Elle aurait fait n'importe quoi pour l'en épargner. Dusse-t-elle prier jour et nuit, elle le ferait si cela pouvait aider. Ils  poursuivirent leur route en silence mais cela fut de courte durée.

Un geste de son promis l'incita à observer le paysage, partout où reposait les souvenirs d'enfance du Chevalier et qu'il acceptait de partager avec elle. Il avait grandit en ce lieu, et chaque endroit devait lui rappeler tant d'évènements marquants, comme elle-même en faisait l'expérience à Valmont. Elle avait hâte d'en découvrir plus, aussi s'intéressa-t-elle assidument à ce qu'il lui partageait.

« Je vous imagine tant enfant, vous entrainant à l'épée, sous la chaleur du soleil, avec le remous des vagues en arrière plan ! Quel adorable spectacle se devait être ! » s'enthousiasma-t-elle avant de poursuivre, curieuse « J'imagine que vous deviez souvent affronter Ser Beren. »

A vrai dire, elle ignorait bien quand le pupille des Yarwyck était arrivé parmi eux. Sans doute était-il plus probable qu'il n'eut apprit auprès de son propre frère, feu Ser Arthur, mais elle n'osa en parler, de peur de faire une nouvelle bourde. Elle ignorait tout du lien qu'entretenaient alors les deux frères et le décès de l'héritier Yarwyck était encore assez récent, en y réfléchissant bien. Cependant, se fut le chevalier qui aborda le sujet de lui-même quand sa question sembla lui rappeler une anecdote qu'il lui conta. Apparemment, ils leur arrivaient de se disputer. Comme toutes les fratries, sans doute. Rapidement, elle se fit la réflexion que cette famille avait décidemment bien peu de chance, entre la maladie de Lord Weslar et le décès de Ser Arthur, ce qui la fit se sentir soudain bien chanceuse, surtout en sachant qu'elle ne se rappelait pas avoir sérieusement été en conflit avec Podrick par le passé. Quant à Hector, c'était encore une autre histoire ... Elle chassa bien vite ses pensées, reportant son entière attention sur Ser Ashter et les souvenirs communs qu'il partageait avec le jeune chevalier dornien.

« Vous semblez très proches, vous et lui, comme s'il était de votre sang. » constata-t-elle, jetant un regard en arrière au jeune dornien qui discutait avec animation avec sa Septa. Après un bref silence, elle se hasarda à poser une autre question, « Partagiez-vous également cette complicité avec votre frère, Ser Arthur ? »

Inconsciemment, elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, nerveuse. C'était plus fort qu'elle, elle s'était encore montrée bien curieuse. Pourtant, il lui semblait qu'elle connaissait si peu de son promis. Il lui apparaissait inconcevable d'épouser un parfait inconnu. Et puis ... Ser Ashter la fascinait bien malgré elle. Elle avait envie de tout connaitre de lui, tout en sachant que cela était impossible. Elle espérait seulement ne pas aller trop loin.

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Au vue de sa relation avec sa sœur, lady Alerah, Melleah aurait pensé que son promis aurait été proche de son frère. Des disputes ne signifient pas nécessairement que l'on ne s'apprécie pas. Il suffisait de regarder son propre sang, elle ne doutait pas un instant de l'attachement de chacun malgré les conflits de certains membres. Ou peut-être était-elle trop naïve ... Bien entendu, elle ne parlait en aucun cas du cas maternel, car cela était un tout autre sujet. Néanmoins, Ser Ashter ne sembla pas gêné de répondre à sa curiosité malgré son caractère visiblement sensible. Il lui sembla même qu'il fut plutôt enclin à se confier et cela lui réchauffa le coeur. Peut-être la complicité naissait-elle entre eux, comme elle l'avait tant espéré ?

« Je suis navrée de l'apprendre. » déplora-t-elle d'une voix douce, « Je suis moi-même très proche de Podrick, il m'est inconcevable de nous imaginer autrement. » Qu'avait-il ressenti en perdant Ser Arthur ? De la peine, de la confusion, rien ? Elle n'osa pas lui demander et à la place; s'efforça de laisser paraitre plus enthousiaste, lui adressant son plus beau sourire enjoué « Mais je crois savoir que vous l'êtes aussi de lady Alerah ! »

Une raison valable de se réjouir pour lui, une de s'inquiéter pour elle. Non par jalousie, ça non, mais bien parce qu'elle ne parvenait pas à cerner la jeune femme et qu'elle craignait de n'en être que peu apprécier. Comment pouvait-elle être si mal à l'aise en présence d'une femme plus jeune qu'elle ? C'était idiot, elle le savait. Mais l'assurance de la jeune lady lui donnait l'effet contraire. Il lui semblait qu'elle était la plus jeune des deux et qu'elle avait tout à apprendre -ou à redouter- d'une tel femme. Parviendrait-elle à l'égaler sur ce point ? Serait-elle à la hauteur de son futur rôle, de sa belle-famille ? Tout cela l'angoissait et elle tentait de ne point y penser. Ser Ashter lui semblait si attaché. Son regard azur dévia vers le paysage, fuyant le trouble qui s'emparait d'elle à chaque fois qu'elle y pensait. Il ne fallait point qu'il sache.

Elle n'eut cependant pas besoin de se cacher car déjà son promis reprenait la parole. Reportant son attention sur lui, elle le découvrit soudainement bien sérieux, et quelque peu mal à l'aise. Elle l'observa se triturer les mains avec surprise. Que lui arrivait-il donc ? Avait-elle laisser percer son trouble ? Apparemment non, c'était lui qui avouait lui avoir caché des choses. Et visiblement l'affaire était d'importance. Elle se sentit immédiatement dès plus inquiète et se mordilla la lèvre lorsqu'il lui avoua devoir lui faire un aveu.

« Bien sur, Ser, vous savez que vous pouvez tout me dire. »

Sa voix lui sembla soudain un peu faible, elle avait un très mauvais pressentiment. Le regard du chevalier était fuyant, comme-ci s'il avait honte, mais il s'efforça de la regarder en face. Et dès lors, il ne la lâcha pas des yeux, affreusement sérieux, la capturant à son tour dans ce regard qui la troublait depuis toujours, mais qui soudain la terrifiait.

Et elle avait raison de craindre. Ses mots furent francs, crus, violents. S'il la complimenta, ce qui lui arracha un pâle sourire, elle le perdit bien vite. Elle avait avancé un geste, une main chaleureuse, qu'elle aurait posé sur son bras pour le soutenir dans cet aveu difficile. Parce qu'elle croyait devoir le soutenir, car tel était désormais son rôle. Mais elle n'imaginait pas un instant que cela puisse la concerner elle, qu'il lui confesserait une telle chose. Il y avait une autre femme ... Son geste resta suspendu, tandis qu'il la regardait toujours. Son visage juvénile se décomposa progressivement et elle laissa sa main retomber mollement, l'air hébété. De quoi parlait-il ? Qui était-elle cette autre femme, cette inconnue qui venait briser son bonheur ? Il n'avait pas fait cela, n'est-ce pas ... ?

Il eut beau lui assurer n'avoir pas fauté, que rien de tout cela n'avait été sérieux, elle ne semblait retenir qu'une seule information. Il y avait une autre femme. Il en aimait une autre. Cette vérité semblait tourner dans son esprit comme un ouragan dévastateur et elle sentit ses jambes flageller légèrement. Il lui avoua malgré tout un baiser et se fut pour elle comme un coup de poignard en plein ventre. Elle ne voyait désormais rien du malaise de son promis, toute concentrée sur ses propres émotions qu'elle sentait monter en elle comme un raz-de-marée qui importait tout sur son passage. Il s'agenouilla et elle continua de le fixer avec horreur. Il poursuivit, implacable. Elle se sentit incapable de lui demander de s'arrêter alors que c'était tout ce qu'elle souhaitait. Qu'il arrête, qu'il se taise ! Seul ses derniers mots la firent enfin réagir.

« Refuser ... » murmura-t-elle, semblant ailleurs, « C'est ce que vous voulez ... ? Que je refuse de vous épouser ? »

Sa voix se fit soudain plus forte, mais elle sentit qu'elle se briserait, aussi se tut elle quelques secondes. Elle en oubliait dors et déjà tout ce qui les entourait et le drôle de spectacle qu'ils devaient offrir. Elle fit un léger pas en arrière tandis qu'il se relevait, lui offrant un regard presque apeuré. C'était cela n'est-ce pas ? C'était ce qu'il attendait d'elle. Il voulait cette autre femme, pas d'elle. Il l'avait dit lui-même. Comment pouvait-il lui demander cela ? Sa voix se fit tremblante.

« Comment avez-vous osé ... ? COMMENT OSEZ-VOUS ?! »

Elle sentit les larmes monter et son regard se fit soudain dès plus flou. Elle ne comprenait pas. Qu'attendait-il d'elle ? Que devait-elle répondre ? Elle retint un sanglot tandis qu'elle portait sa main à sa bouche dans l'espoir de se retenir, de ne point se donner en spectacle. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle devait faire, que dire, quoi ressentir. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle n'avait jamais ressenti pareille souffrance.
 

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Elle tenta tant bien que mal d’étouffer ses sanglots tandis que le silence se prolongeait. Elle n’eut même pas la force de le regarder en face après ce qu’elle venait de faire. Elle ignorait même si il était furieux, ennuyé ou indifférent. Que lui importait ! Elle-même bouillonnait de rage et de douleur, balançant de l’un à l’autre. Il lui avait finalement tourné le dos et elle continuait de pleurer, recroquevillée sur elle-même, n’ayant pour seule envie que celle de fuir pour ne point se donner en spectacle. Pourtant, si elle fuyait, elle craignait que cela ne fut la fin de sa belle histoire. Une histoire qu’elle semblait pourtant s’être totalement inventée. Aussi, resta-t-elle planté là, essayant vainement de contrôler son affliction, partagée quant à ce qu’elle devrait faire ensuite et laissant le temps s’étirer douloureusement pour lui comme pour elle.

Elle savait tout, à présent. Les sentiments du Chevalier pour la belle Sacha, ceux qu’elle semblait lui vouer à son tour, l’absence de sentiment à son égard, la raison de son indifférence passée, la mascarade que représentait leurs fiançailles et les promesses qui avaient été tenues. Tout cela avait été un immense mensonge, un non-dit destructeur. Elle s’était inventé une idylle qui n’existait pas. Elle avait été naïve, comme toujours. Elle peinait à le croire, mais c’était là la strict vérité. Elle avait été abusée par les deux camps. Son fiancé qui avait tenté de faire semblant, par devoir sans doute. Ou par couardise ? Quant à la roturière qu’elle voulait considérer comme son amie … Elle ressentait à présent une haine intense à son égard. Et dire qu’elle s’était inquiété d’elle. De ses états d’âme alors même qu’elle lui volait ce qui était à elle ! Quelle garce ! Et dans tout cela, elle ignorait encore contre qui elle était le plus en colère. Tout ces sentiments se mélangeaient bien trop pour faire le tri. Elle se noyait littéralement dans ses émotions.

« Vous avez menti. » ne cessait-elle se répéter entre deux crises de larmes, « Comment avez-vous osé ? »

Au loin, Ser Beren avait tenu l’attention de la religieuse chargée de la chaperonner, dans l’espoir sans doute de leur laisser de l’intimité. Savait-il ce dont les fiancés allaient parler ? Était-ce une consigne de Ser Ashter, ou une simple coïncidence ? Melleah l’ignorait bien et peu importe. Grand bien leur fasse, il avait réussi ce tour de force. Septa Mirella sembla avoir raté le principal de leur dispute, mais pas l’état de bouleversement de son élève et la vision de la jeune lady en pleurs l’incita finalement à se libérer de l’emprise du chevalier dornien pour la rejoindre, bien qu’ayant hésité à intervenir. Mais qu’importe qu’il put essayer de l’en empêcher. Qu’il s’y essai seulement et il verrait à qui il avait affaire.

« Lady Melleah ? » s’inquiéta-t-elle en s’approchant, le chevalier dornier s’attardant quelque peu sur ses talons.

Le simple son de cette voix eut l’effet d’un électrochoc sur la jeune lady, se rappelant soudain à la présence de témoin. Par les Sept, que faisait-elle là ? Elle les avait oublié mais elle ne devait surtout pas être vu ainsi ! Sentant la religieuse s’approcher par derrière, elle s’empressa d’essuyer ses yeux et de respirer  à grand coups pour se calmer. Vainement, bien entendu mais au moins put-elle tenter de donner le change en se retournant. Un coup d’oeil à Ser Ashter lui apprit qu’il n’avait pas bougé, semblant de marbre ainsi dos à elle. Un léger sourire flotta sur ses lèvres mais elle sut d’emblée qu’il sonnait faux. Ses yeux devaient être rougis et encore emplis de larmes, quand à la situation en elle-même … Elle n’osait même pas penser à ce qu’elle avait perçu de leur échange. Elle ne semblait pas désapprobatrice, cependant, seulement inquiète. Sans doute n’avait-elle pas vu son geste, peut-être seulement entendu ses cris … Elle pouvait encore sauver les meubles.

« Ce froid est si intense qu’il m’en arrache des larmes, ma chère Septa. » dit-elle avec légèreté mais la voix tremblante, « Je crois que nous devrions rentrer au chaud, je ne me sens pas vraiment à mon aise. »
« Bien entendu ma lady, rentrons nous abriter. Cette promenade n’était peut-être pas une bonne idée, finalement. »
« Non, sans doute pas. » approuva-t-elle dans un murmure.

Feindre le malaise, voilà une solution bien banale mais qui sembla fonctionner. En tout cas ne la perceptrice ne chercha-t-elle point à en savoir plus. Elle la prit par les épaules et elles saluèrent les deux chevaliers, Melleah n’ayant la force que de prononcer les noms des deux hommes à demi-mot, sans oser les regarder plus avant. Puis, elles partirent en sens inverse, dans le silence.

Une unique larme coula sur la joue de la lady. Elle ignorait encore que tout reposait désormais sur ses épaules.

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Elle tenta tant bien que mal d’étouffer ses sanglots tandis que le silence se prolongeait. Elle n’eut même pas la force de le regarder en face après ce qu’elle venait de faire. Elle ignorait même si il était furieux, ennuyé ou indifférent. Que lui importait ! Elle-même bouillonnait de rage et de douleur, balançant de l’un à l’autre. Il lui avait finalement tourné le dos et elle continuait de pleurer, recroquevillée sur elle-même, n’ayant pour seule envie que celle de fuir pour ne point se donner en spectacle. Pourtant, si elle fuyait, elle craignait que cela ne fut la fin de sa belle histoire. Une histoire qu’elle semblait pourtant s’être totalement inventée. Aussi, resta-t-elle planté là, essayant vainement de contrôler son affliction, partagée quant à ce qu’elle devrait faire ensuite et laissant le temps s’étirer douloureusement pour lui comme pour elle.

Elle savait tout, à présent. Les sentiments du Chevalier pour la belle Sacha, ceux qu’elle semblait lui vouer à son tour, l’absence de sentiment à son égard, la raison de son indifférence passée, la mascarade que représentait leurs fiançailles et les promesses qui avaient été tenues. Tout cela avait été un immense mensonge, un non-dit destructeur. Elle s’était inventé une idylle qui n’existait pas. Elle avait été naïve, comme toujours. Elle peinait à le croire, mais c’était là la strict vérité. Elle avait été abusée par les deux camps. Son fiancé qui avait tenté de faire semblant, par devoir sans doute. Ou par couardise ? Quant à la roturière qu’elle voulait considérer comme son amie … Elle ressentait à présent une haine intense à son égard. Et dire qu’elle s’était inquiété d’elle. De ses états d’âme alors même qu’elle lui volait ce qui était à elle ! Quelle garce ! Et dans tout cela, elle ignorait encore contre qui elle était le plus en colère. Tout ces sentiments se mélangeaient bien trop pour faire le tri. Elle se noyait littéralement dans ses émotions.

« Vous avez menti. » ne cessait-elle se répéter entre deux crises de larmes, « Comment avez-vous osé ? »

Au loin, Ser Beren avait tenu l’attention de la religieuse chargée de la chaperonner, dans l’espoir sans doute de leur laisser de l’intimité. Savait-il ce dont les fiancés allaient parler ? Était-ce une consigne de Ser Ashter, ou une simple coïncidence ? Melleah l’ignorait bien et peu importe. Grand bien leur fasse, il avait réussi ce tour de force. Septa Mirella sembla avoir raté le principal de leur dispute, mais pas l’état de bouleversement de son élève et la vision de la jeune lady en pleurs l’incita finalement à se libérer de l’emprise du chevalier dornien pour la rejoindre, bien qu’ayant hésité à intervenir. Mais qu’importe qu’il put essayer de l’en empêcher. Qu’il s’y essai seulement et il verrait à qui il avait affaire.

« Lady Melleah ? » s’inquiéta-t-elle en s’approchant, le chevalier dornier s’attardant quelque peu sur ses talons.

Le simple son de cette voix eut l’effet d’un électrochoc sur la jeune lady, se rappelant soudain à la présence de témoin. Par les Sept, que faisait-elle là ? Elle les avait oublié mais elle ne devait surtout pas être vu ainsi ! Sentant la religieuse s’approcher par derrière, elle s’empressa d’essuyer ses yeux et de respirer  à grand coups pour se calmer. Vainement, bien entendu mais au moins put-elle tenter de donner le change en se retournant. Un coup d’oeil à Ser Ashter lui apprit qu’il n’avait pas bougé, semblant de marbre ainsi dos à elle. Un léger sourire flotta sur ses lèvres mais elle sut d’emblée qu’il sonnait faux. Ses yeux devaient être rougis et encore emplis de larmes, quand à la situation en elle-même … Elle n’osait même pas penser à ce qu’elle avait perçu de leur échange. Elle ne semblait pas désapprobatrice, cependant, seulement inquiète. Sans doute n’avait-elle pas vu son geste, peut-être seulement entendu ses cris … Elle pouvait encore sauver les meubles.

« Ce froid est si intense qu’il m’en arrache des larmes, ma chère Septa. » dit-elle avec légèreté mais la voix tremblante, « Je crois que nous devrions rentrer au chaud, je ne me sens pas vraiment à mon aise. »
« Bien entendu ma lady, rentrons nous abriter. Cette promenade n’était peut-être pas une bonne idée, finalement. »
« Non, sans doute pas. » approuva-t-elle dans un murmure.

Feindre le malaise, voilà une solution bien banale mais qui sembla fonctionner. En tout cas ne la perceptrice ne chercha-t-elle point à en savoir plus. Elle la prit par les épaules et elles saluèrent les deux chevaliers, Melleah n’ayant la force que de prononcer les noms des deux hommes à demi-mot, sans oser les regarder plus avant. Puis, elles partirent en sens inverse, dans le silence.

Une unique larme coula sur la joue de la lady. Elle ignorait encore que tout reposait désormais sur ses épaules.

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