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there is a song about you - [solo]

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there is a song about you
An 302, lune 13, semaine 3

Une lune et deux semaines. Lysa avait passé une lune et deux semaines dans l’incertitude la plus totale, ignorant si Petyr était toujours de ce monde ou s’il l’avait quitté, quoique refusant formellement la deuxième possibilité. Lorsque le Grand Mestre était venu la  trouver, elle avait retenu son souffle. Un instant, elle avait cru que ses jambes allaient s’effondrer sous son poids. Mais, il ne venait pas lui annoncer une mauvaise nouvelle ; Petyr était vivant. Inconsciemment, sa main avait rejoint son cœur, - là où Petyr était toujours – lorsqu’elle avait expiré en un soulagement. Elle avait demandé plus d’informations, mais il n’en avait pas. Vivant, c’était tout ce qu’il savait, car Petyr ne figurait pas sur la funeste liste des morts. La née-Tully avait sincèrement remercié l’homme de science de lui avoir transmis la nouvelle et lorsqu’elle s’était retrouvée seule, l’émotion l’avait tant submergé qu’elle avait pleuré de soulagement. Toute cette angoisse avec laquelle elle avait dû vivre ces dernières semaines, ce poids si lourd qui l’empêchait même de fréquenter la cour tant elle était anxieuse et écrasée par la culpabilité... Une grande partie de ce poids s’était envolé en cet instant et elle sentait déjà la joie et la gratitude envahir son cœur à l’idée de pouvoir le serrer dans ses bras. Une grande partie, mais pas toute. Car Lysa se souvenait de l’état dans lequel Brandon Stark avait laissé Petyr autrefois…

Il lui avait brisé le cœur lorsqu’il avait déclaré son amour pour sa sœur et son désir de l’épouser alors qu’ils entretenaient pourtant une relation secrète. Elle aurait pu le détester et le maudire à jamais. Mais non. En le voyant dans un tel état, Lysa n’avait eu comme plus grand soucis que de savoir comment l’aider. Ainsi avait-elle pansé ses blessures, épaulant le mestre. Dévouée. Si jeune et déjà dévouée. Elle lui avait pardonné d’avoir été charmé par Catelyn. Elle s’était même donnée à lui de nouveau. Et en était tombée enceinte…

Elle savait pour Petyr mais son adorable suivante, Alys Elesham, ignorait toujours le sort de son père et de ses frères, également au front. Lysa avait tâché de la rassurer. Elle était certaine qu’ils allaient bien, lui avait-elle dit. Mais, elle avait malgré tout proposé à Alys de se rendre au Grand Septuaire pour prier les Dieux. Pour les Elesham. Pour les autres amis valois, aussi. Lord Andar, Ser Roland, Ser Robar…Pour remercier le Guerrier d’avoir protégé Petyr, si tel était son fait. Quitter le Donjon Rouge, Lysa n’en avait pas eu la force jusqu’alors. Mais, savoir Petyr sauf lui avait redonné courage. Elle ne se serait jamais pardonnée s’il faisait partie de la liste des morts. Elle en serait morte.

Comme souvent, Lysa était habillée dans des couleurs crèmes et bleu ciels, celle des Arryn, sa maison pendant près de vingt ans et toujours à ce jour. Le bleu lui allait très bien d’ailleurs. Cela mettait en valeur ses yeux. Une élégante ceinture à l’effigie du faucon cintrait sa robe, ne laissant aucun doute quant à son appartenance. Quant à Alys, elle était vêtue d’une élégante robe rose et Lysa, même si là n’était pas son rôle, l’avait aidée à se coiffer. Après tout, la jeune fille était plus qu’une simple suivante et Lysa l’aimait sincèrement.

Les deux valoises quittèrent donc le Donjon Rouge pour rejoindre le septuaire, accompagnée de deux manteaux d’or pour veiller à leur protection. Durant leur trajet en carrosse, quelque chose d’étrange se produisit :

« C’est le faucon des Arryn, c’est Lady Lysa Arryn ! », s’était exclamé une femme dehors, sur le chemin.

« Lady Arryn, que les dieux vous gardent ! »,
entonna ensuite une voix d’homme. La femme répéta les mêmes mots. C’était très gentil, mais aussi très inattendu. A son arrivée à Port-Réal, personne ne l’avait accueillie ainsi ce qui ne l’avait pas étonné. Ce peuple n’était pas le sien, les gens de la capitale, elle ne les avait jamais cotoyé…Que s’était-il passé depuis ? Qu’est ce qui expliquait qu’elle soit soudainement si connue et qu’on lui offre une telle bienveillance ? Où n’était-ce qu’une coïncidence ? L’affaire de quelques personnes particulièrement sympathiques ?

Lorsqu’elles sortirent du carrosse qui les avait amenées du château ancestral des Targaryen à la demeure des Dieux, Lysa remarqua tout d’abord des regards curieux. Certes, elle était noble et bien vêtue, mais certaines personnes s’arrêtaient pour la détailler, comme s’ils cherchaient à avoir une confirmation de son identité. Elle n’était pourtant pas une princesse. Elle n’était…plus rien à vrai dire. Alors que les deux valoises gravissaient les marches vers le septuaire en compagnie des gardes, une femme s’adressa à Lysa. « Lady Arryn. », la salua-t-elle sur son passage, l’ayant reconnue au bannière Arryn du carrosse derrière elle et au faucon de sa tenue. «  Que votre fils repose en paix, Lady Arryn, et que les Sept veillent sur vous. » Lysa se retourna vers cette femme et croisa un regard plein de sympathie et de compassion. Interloquée, elle lui répondit cependant : « Merci. Qu’ils vous veillent sur vous, aussi... »

Le Grand Septuaire, avec ses immenses statues à l’effigie des Dieux, ses murs de marbre blanc et son ravissant dôme lumineux, était des plus impressionnants. Après avoir fait le signe de l’étoile, les deux femmes s’approchèrent du centre, pour y prier comme cela était prévu. Lysa eut cependant l’impression de sentir le regard de certains s’éterniser un peu en direction d’Alys et elle elle, dans ce territoire prompt au silence, on n’osait guère la déranger. Tout cela était très étrange…

Alors qu’elles s’apprêtaient finalement à quitter le Grand Septuaire après leur temps de prière, un manteau d’or souffla à l’oreille de Lysa que quelques curieux semblaient s’être amassés à l’extérieure.

« Des curieux ? Mais, pourquoi ? », demanda Lysa. Il n’y avait donc pas que trois personnes bienveillantes à son égard en ville. Mais… ?
Alys semblait se poser la même question, car malgré tout le respect et l’admiration qu’elle avait pour sa dame, la jeune fille avait bien remarqué que leur arrivée à Port-Réal n’avait en rien été accueillie de la sorte. Et pourtant, les bannières Arryn avaient précédés leur carrosse…
« Je pense qu’ils veulent simplement vous voir, ma dame. », lui répondit le garde. « Ne vous inquiétez pas, nous nous occupons de votre sécurité. »

Mais pourquoi ?, pensa Lysa. Pourquoi veulent-ils me voir ? La précédente dame du Val n’avait jamais été particulièrement proche du peuple et ne savait comment réagir à cette situation qu’elle ne comprenait pas. Sur le parvis du Septuaire de Baelor, Lysa et Alys purent observer qu’en effet des personnes s’étaient rassemblées sur les escaliers, afin de voir et de saluer respectueusement la précédente dame du Val sur son passage. Il ne semblait pas y avoir de risque de bousculade, ces quelques « curieux » avaient l’air respectueux et civilisés.

Et ainsi des exclamations s’élevèrent sur le passage de Lysa : « Que les Sept vous protègent ! », dit l’un, « Que les Dieux vous gardent ! », dit l’autre. D’autres se contentaient de lui sourire et d’incliner la tête poliment, prononçant un « Lady Arryn » respectueux. La veuve de Jon Arryn continuait d’incliner la tête poliment en réponse à cette gentillesse inattendue, sans toutefois être des plus à l’aise, nageant toujours dans l’incompréhension. Elle n'avait jamais été très proche du peuple, les Arryn ne l'étaient pas particulièrement. De là haut, perché sur les Eyriés, le faucon côtoyait rarement son peuple, disséminés parmi les montagnes. Et à Vivesaigues, Lysa avait été une jeune fille bien trop timide que pour entreprendre d'elle-même de discuter avec des inconnus, qu'ils soient nobles ou roturiers. Sa surprise atteint sans doute son maximum quand une femme sur son passage lui adressa un « Que les Sept vous protègent, Lady Arryn, ainsi que Lord Baelish ! »

« M…Merci beaucoup…», répondit Lysa. Etait-ce courant d'ailleurs, à la capitale, que le peuple ait connaissance des fiançailles des nobles ? Ou était-ce parce que Petyr…passait autant de temps dans le Donjon Rouge qu’en ville, où il gérait ses « établissements » ? En tout cas, cette bienveillance la touchait autant qu'elle la dépassait...

Ce ne fut que lorsqu’elle arriva au niveau du carrosse, avant d’y entrer et profitant de cette accalmie que Lysa s’adressa à l’un de ses gardes.

« Comment se fait-il qu’ils me...connaissent ? », demanda-t-elle, au risque de paraître idiote. Qu'ils m'apprécient autant, pensa-t-elle en réalité. « C’est probablement à cause de la chanson, ma dame. », lui répondit-il. « De la chanson ? », s’étonna Lysa. « Il y a une chanson qui parle de vous », répondit le garde.