[SOLO] Agony, pain or shatter are not even close to describe how I feel inside

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Agony, pain or shatter are not even close to describe how I feel inside
302 | Lune 12 | Semaine 4
La langue coincée entre ses dents, Heida était entièrement concentrée sur cette cible qu'elle visait au loin. Sa flèche était encochée et son arc était bandé, prêt à être relâché. La jeune femme expira doucement en laissant aller vers l'arrière, dans un mouvement contrôlé, la main qui tenait la corde. La flèche ainsi libérée de son emprise fila à toute vitesse jusqu'à atteindre le centre de la cible. L'expression prise par les traits de l'héritière demeura néanmoins inchangée devant une telle réussite. Elle ratait encore trop souvent le centre pour se réjouir pleinement lorsqu'elle y arrivait. Heida encocha une nouvelle flèche et se remis immédiatement en position.

Ses bras et son dos commençaient à la faire souffrir. Elle s'entraînait depuis les petites heures du matin et, bien qu'elle ignorait quelle heure il était exactement, elle se doutait que la journée était bien avancée. Les lamentations de son estomac à elles seules ne pouvaient lui laisser penser le contraire. Pourtant, elle n'avait pas hésité à continuer. La simple considération d'arrêter ne lui avait pas traversé l'esprit. Pendant qu'elle était là, sur ce terrain d'entraînement qu'elle connaissait si bien, tout le reste n'existait plus. Et alors, l'instant d'un entraînement, cela signifiait que tout était revenu à la normale... Son père n'était pas parti à la guerre; Addam était encore à Felbois, supervisant chacun de ses tirs du coin de  l’œil; Tessayah n'était certainement pas loin non plus; Tavish ne pouvait qu'être bien en sécurité à Bourgfaon... Si elle arrêtait, l'illusion volerait en éclats et la réalité se rappellerait rapidement à elle. Alors Heida banda à nouveau la corde de son arc, prête à laisser aller une énième flèche.

Le son de l'herbe gelée qui craque sous les pas d'une personne venant manifestement à sa rencontre lui fit toutefois baisser son arme avant de se retourner. Mestre Edmund approchait, un morceau de parchemin dans les mains. Sa démarche manquait d'assurance, mais son pas était pressé et son teint était encore plus blême qu'à l'habitude. Alarmée, Heida déposa son arc au sol et se dépêcha de traverser la distance qui la séparait du mestre, évitant ainsi à ce dernier de se rendre jusqu'à elle.

Qu'y a-t-il? demanda-t-elle d'un ton inquiet, un nuage de vapeur se formant lorsque son souffle chaud rencontra l'air glacial et chargé d'humidité.

Un mot de Winterfell... tenta-t-il d'expliquer.

Le regard du mestre ne put soutenir plus longtemps celui impatient et affolé de la jeune fille. En glissant ses yeux vers le sol recouvert de givre, Edmund effectua une légère révérence et prit un air contrit en tendant le parchemin à Heida.

Je suis désolé, souffla-t-il simplement.

Le seau avait déjà été brisé, ce qui expliquait certainement l'état dans lequel le mestre se trouvait. L'héritière tendit une main tremblante vers le bout de papier. Elle redoutait ce qu'elle allait y lire. Une seule nouvelle pouvait expliquer un tel bouleversement...

La gorge serrée et le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, la jeune femme se résigna enfin à poser les yeux sur l'écriture – manifestement griffonnée à la hâte – qui se trouvait sur le parchemin. La lady n'eut toutefois aucun mal à reconnaître le nom de son père suivi des mots « mort au combat ». Sa main se porta immédiatement à sa bouche alors qu'elle relisait le message. Certainement avait-elle mal lu dans son affolement. Son père ne pouvait pas être mort. Au bout d'un long moment, après avoir parcouru le court message à plusieurs reprises, l'évidence de la nouvelle percuta la jeune femme de plein fouet.

L'eau qui avait commencée à embuer son regard se déversa sur son visage, laissant de longs sillons mouillés sur son passage. Les genoux d'Heida cédèrent sous elle alors que l'énorme poids qui avait prit naissance dans le creux de son ventre remontait le long de son œsophage pour se traduire en un terrible cri entremêlé de sanglots. Elle s'accrocha au morceau de papier comme un naufragé à une bouée et porta ses deux mains à son visage, cachant ses traits déformés par l'immense chagrin qui l'accablait.

Non... Non, c'est impossible! Fit-elle en secouant la tête, les genoux toujours au sol et le corps terrassé de violents tremblements. La jeune femme releva son visage vers le mestre. Son regard noyé par les larmes se fit implorant. Dites-moi que c'est faux, Edmund... Je vous en prie! Dites-moi qu'ils ont fait une erreur... La fin de sa phrase se perdit dans un autre douloureux sanglot.

Ma Dame... répondit le mestre en s'approchant davantage. Il faut vous ressaisir. Tout ira bien, vous verrez. À ces mots, il s'était agenouillé afin d'être à la hauteur de celle qui les dirigeait désormais. Edmund tapota doucement l'épaule de la jeune fille avant de l'aider à se relever.

Lentement, le mestre guida Heida vers le château, puis vers ses quartiers. Le trajet se fit dans un silence hachuré par les sanglots incessants de celle qui était à peine sortie de l'enfance. L'arc et la flèche était restée au sol, dans l'herbe glacée. La dernière flèche tirée par l'héritière se trouvait trouvait toujours au centre de la cible. Tout serait différent, désormais.


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#669999 Heida Fell
#336633 Mestre Edmund
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303 | Lune 1 | Début de semaine 1
Cinq semaines s’étaient écoulées depuis que la nouvelle de la mort d’Harbois avait étendu ses noires ailes sur Felbois, faisant ainsi éclater en mille morceaux la vie des filles Fell – particulièrement celle de l’héritière, maintenant reconnue comme la Dame en titre du fief. Ce qui devait être une corvée temporaire, le temps que son père parte à la guerre puis revienne à elles, avait pris une toute autre tournure. Il y avait tant à faire. C’était une chose que d’assister son père et seigneur dans ses tâches pour apprendre; s’en était complètement une autre que d’être la personne en charge, celle vers qui tous se tournaient pour être guidés et rassurés, particulièrement en ces temps incertains.

Heida était debout, son poids reposant sur ses mains, elles-mêmes solidement appuyées contre la table devant elle. Elle était absorbée par le registre des comptes de Felbois, les sourcils froncés sous l’effet de la concentration. Une des familles habitant le fief n’avait toujours pas payé les taxes qu’elle leur devait. Les temps étaient certes plus durs et l’hiver apportait son lot d’obstacles au bon fonctionnement de l’économie, mais elle ne pouvait laisser passer un tel affront. Si le mot se répandait que des habitants de Felbois se permettaient de ne pas payer leur dû et ce, sans qu’aucune conséquence ne leur soit imposée, d’autres feraient rapidement pareil. La jeune fille n’aimait pas la position dans laquelle cela la mettait, mais elle ne pouvait consentir à laisser la chose glisser.

Sa décision était prise. La nouvelle Dame de Felbois appela un des hommes postés à l’extérieur de la pièce et lui transmit ses ordres.

Qu’on fasse préparer mon cheval. Vous m’accompagnerez aussi. Nous devons aller faire une petite visite sur les terres.

Le ton de la jeune femme était sec et ferme. L’homme tourna immédiatement les talons, piqué par l’air bien sérieux de sa Dame.

Heida remit un peu d’ordre sur sa table de travail avant de s’accorder un moment de répit. Elle prit place dans l’un des fauteuils qui meublaient la pièce, pensive. Comment allait-elle réagir si cette famille qu’elle allait visiter lui tenait tête? Jusqu’où devrait-elle aller pour asseoir son autorité? La blonde soupira avant de cacher son visage entre ses mains, les coudes appuyés contre ses cuisses. Serait-elle seulement à la hauteur de la tâche à laquelle son père l’avait préparée? Saurait-elle le rendre fier, de là où il était? À cette pensée, les larmes noyèrent ses yeux. L’échec n’était pas une option.

À cet instant, le bruit de pas précipités entrant dans la pièce lui fit abruptement relever le visage. Elle resta coite un moment, les traits figés en une expression de surprise et détaillant le nouveau venu.

Ser Addam! s’exclama-t-elle enfin, sortant de sa torpeur et se levant d’un bon pour accueillir le maître d’armes. Quel bonheur de vous savoir de retour! Ajouta-t-elle en le prenant dans ses bras.

Et moi donc, ma Dame
, fit-il en souriant devant une telle réaction.

Le chevalier l’avait vu grandir. Il était comme un second père pour elle. Apprendre qu’il avait survécu à la bataille de Winterfell était un énorme soulagement pour Heida. Toute trace d’inquiétude avait disparu de ses traits pour le moment, remplacée par l’exubération de ce retour tant attendu.

La jeune femme plaqua ses mains sur chacun des bras du Trant et l’examina de la tête aux pieds d’un œil critique.

Vous semblez bien vous porter…

Bien qu’il s’agît d’une affirmation, on pouvait facilement déceler l’interrogation dans sa voix, autant qu’une part d’angoisse.

Oui. Oui, je vais bien, Dame Heida. Ne vous inquiétez pas pour moi, dit-il alors, se montrant rassurant.

Heida sourit. C’était une réelle délivrance que de voir revenir cet homme en qui elle avait pleinement confiance.

Oh, mais si vous êtes ici, c’est donc que d’autres sont rentrés avec vous? S’enquit-elle alors, réalisant soudainement ce que la présence du chevalier signifiait.

Tout à fait, ma Dame. Tous les hommes qui étaient en état de quitter Winterfell promptement après la bataille l’ont fait. Notre groupe vient tout juste d’arriver.

Tessayah fait-elle partie de votre délégation?
Demanda alors Heida en fronçant les sourcils, à nouveau remplie d’inquiétude quant au sort réservé à la prêtresse rouge.

Je ne l’ai malheureusement pas retrouvée après la bataille, fit-il d’un ton désolé. Par contre, je peux vous dire que votre demi-frère, Lord Herston, est bien vivant.

L’anxiété gagna d’abord les tripes de la jeune fille, puis le soulagement s'installa en sachant Corwin en vie.

Je suis certaine qu’elle va bien… tenta-t-elle de se convaincre. Vous en auriez certainement eu écho si elle était tombée au combat… ajouta-t-elle en faisant les cent pas.

Addam acquiesça silencieusement. Seul le temps pourrait leur confirmer ceux qui comptaient parmi les morts. En attendant, il leur faudrait se montrer patients et garder espoir.


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#669999 Heida Fell
#0066FF Ser Addam Trant
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303 | Lune 1 | Semaine 3
Ceux qui n’avaient été blessés que légèrement pendant la bataille de Winterfell et qui avaient pu faire le chemin du retour avec Addam étaient maintenant rentrés au bercail depuis un peu moins de trois semaines. Le chevalier avait raconté tout ce qu’il y avait vu et vécu à sa nouvelle seigneuresse. À la demande de cette dernière, il ne lésina sur aucun détail et lui fit un portrait complet de la situation. Le récit troubla profondément la jeune fille. Les histoires si farfelues qu’on leur racontait étaient donc vraies? Lorsqu’il arriva au moment où il allait lui décrire les circonstances ayant amenées son père dans la mort, Heida fut prises de tremblements et le sang se retira de son visage, exacerbant son teint déjà bien pâle suite au récit qu’elle venait d’entendre. Voyant son malaise, l’homme s’interrompit et s’approcha d’elle.

Venez, Ma Dame, fit-il alors en lui prenant doucement le bras pour la guider vers l’un des fauteuils qui meublaient la pièce de travail dans laquelle ils se trouvaient.

Une fois qu’elle fut installée, Addam prit place en face d’elle en l’interrogea du regard. Devait-il continuer? Avait-elle réellement besoin de tout savoir?

Heida inspira profondément avant de relever le regard vers ce chevalier qu’elle connaissait depuis toujours. Elle comprit immédiatement son hésitation et, après s’être redressée sur son siège, l’enjoint d’un mouvement sec de la tête à poursuivre son récit. La jeune femme se devait de connaître toute l’histoire. Si elle n’avait pas pu être présente aux côtés de son père pendant cet ultime moment, elle ne pouvait néanmoins éviter de connaître l’étendue de ce qui l’avait mené à sa perte.

Addam expira longuement, cherchant les bons mots pour débuter, avant de se lancer.

Votre père a combattu courageusement. J’étais à ses côtés, avant que la bataille ne commence et quand la prêtresse Tessayah a embrasé nos épées. C’était complètement irréel… voir ainsi le feu apparaître de nulle part... l’homme fit une courte pause, le regard dans le vague, revisitant manifestement les images de ses souvenirs. Heida fronça les sourcils et se rapprocha légèrement sur le siège de son fauteuil, buvant déjà les paroles du chevalier, anticipant avec angoisse la suite. Les créatures sont arrivées peu de temps après et j’ai malheureusement perdu Lord Harbois dans la mêlée. L’ennemi était dur à vaincre et tombait lentement. Addam passa sa main sur son visage avant de trouver le regard de la jeune fille. Il soupira de tristesse avant de poursuivre son récit qui s’étira pendant de longues minutes. Heida n’osa pas l’interrompre et l’écouta en silence. Il lui détailla l’apparence des spectres et fit mention de l’existence de dragons. Quand il en arriva à parler de l’effondrement des remparts de Winterfell causé par la bataille entre deux d’entre eux, la nouvelle seigneuresse en resta bouche bée par tant d’informations nouvelles. Elle n’arrivait pas à formuler ses questions de façon cohérente et préféra se taire pour le moment. Elle aurait tout son temps pour poser davantage de questions plus tard. Pour l’instant, seul le sort réservé à son père l’intéressait vraiment. Quand j’ai retrouvé votre père, beaucoup plus tard, il semblait en piteux état. J’ai voulu m’approcher de lui, mais il a choisi ce moment pour s’élancer vers le Roi de la nuit. La voix de l’homme prenait un débit de plus en plus rapide. La douleur commençait à s’y lire alors qu’il s’enjoignait à continuer. Il s’en voulait tellement de ne pas avoir été à ses côtés en ce moment fatidique. J’ai tenté de le rattraper, mais j’étais trop loin. J’ai vu le coup qu’il a réussi à lui porter et la main du monstre se refermer ensuite sur son cou. J’ai perdu le contact visuel avec lui à ce moment-là, quand un spectre s’est élancé sur moi…

Addam soutint le regard de sa Dame pendant un moment. Celle-ci avait porté sa main à sa bouche depuis un moment déjà et le regardait avec effroi. C’était une chose de savoir son père tombé au combat; de reconnaître qu’elle ne pourrait plus jamais le serrer dans ses bras. C’en était une toute autre de connaître en détail la façon dont il avait perdu la vie; d’imaginer la douleur qu’il avait pu vivre tout comme les pensées qui avaient pu lui traverser l’esprit juste avant que ses yeux ne se ferment pour toujours. Leurs regards s’embuèrent alors que tous deux se fixaient en silence, puis le faciès d’Heida se fissura alors qu’un sanglot montait dans sa gorge.

Le chevalier se leva d’un bond pour s’approcher d’elle et lui témoigner son support en déposa sa lourde main sur la frêle épaule de la jeune femme. Il la laissa pleurer un moment, faisant simplement office de présence rassurante.

Heida n’arrivait pas à se calmer, ni à contenir les larmes qui ruisselaient sans fin sur ses joues. Toute la véracité de la mort de son père l’avait soudainement happée de plein fouet en entendant le récit de ses derniers moments. Comment allait-elle pouvoir continuer sans lui?


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#0066FF Ser Addam Trant
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