Et le temps passe, mais les souvenirs restent (Gwendys)

Date d'inscription : 29/07/2019

# Dim 26 Avr - 16:49

An 285

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Je baillais longuement en m’étirant avant de me laisser retomber sur le matelas. Il allait faire jour dans quelques minutes, et bientôt on allait devoir s’habiller avec Gwendys. J’avais pas envie ! Je voulais aller voir les garçons et jouer avec eux ! Mais mère avait dit qu’on devait pas jouer avec les garçons. On était des filles et que les filles ça brodaient… Beurk. Jamais pas la couture et la broderie. Les servantes finirent par entrer et je fis une grimace pour faire rire Gwendys avant d’échapper aux doigts de la servante qui voulaient me coiffer. La seule qui pouvait c’était Gwendys ! Je finis par prendre la main de ma sœur dans la mienne avant de m’élancer dans les couloirs.

« Gwen… C’est leçon de couture aujourd’hui… Est c’qu’on s’ferait pas la malle ? J’ai pas envie de coudre ! »

C’était nulle la couture. Entre ça et les leçons du mestre où j’avais du mal à rester assise. J’aimais bouger, m’agiter, faire tout un tas de choses qui n’étaient pas très… Comment disait mère ? « Noble pour une future Lady» ? Surtout avec moi… Grayce… Non mais… Je n’étais pas gracieuse ! Pas du tout ! J’aurais préféré m’appeler Gwendys ! Je souris à ma jumelle avant de passer mes bras autour de son cou pour un petit câlin amical.

« Gweeeen ? Est-ce qu’on échange nos prénoms aujourd’hui ? »

J’adorais embrouiller nos parents. Déjà il y avait dix sœurs avant nous, donc pour nous appeler il fallait faire toute une liste avant d’avoir le bon. Enfin bon… Sauf si on s’en mêlait… Puis il y avait déjà en plus les trois garçons. Enfin, ça c’était encore autre chose, mais je n’avais pas envie d’être sage aujourd’hui, vraiment pas. Je préférais aller regarder les grands s’entraîner. J’ouvris la porte de la salle à manger et sourit à notre père et à notre mère.

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# Dim 3 Mai - 19:02

Si Grayce était prompte à se réveiller, ça n’avait jamais été mon cas. Et ce matin-là ne faisait pas exception à la règle. Heureusement, la plus précieuse de mes sœurs à mes yeux avait toujours une parole pour me motiver dès l’aube. La veille encore, nous avions discuté et ri jusque tard dans la nuit, rendant folle la pauvre fille qui avait entrepris de nous coucher. Et nos servantes qui essayaient de nous mettre des robes ! Moi aussi, je voulais mettre des pantalons, comme les garçons, monter à cheval et jouer avec une hache et courir dans la boue et grimper aux arbres ! Pas faire de la BRODERIE ! Grayce et moi, les deux faces d’une même pièce, on détestait coudre et broder.

Je me levais en grognant quand les servantes entrèrent dans la pièce, et concédais à m’habiller, mais je pris ma brosse des doigts de la pauvre fille en lui lançant un regard noir dont j’ai le secret. Personne ne me coiffe sauf Grayce, et aujourd’hui, c’était mon tour de lui faire des tresses ! J’avais appris très tôt à entremêler nos cheveux blonds en de délicates vagues ou à les serrer en mèches solides pour nos séances d’entraînement, et aujourd’hui je lui fis une simple couronne, voulant faire plaisir à Mère sans avoir les cheveux dans les yeux. Ajoutant la touche finale, une jolie plume de faucon que j’avais récupérée dans un nid et que je coinçais au croisement des deux tresses, je passais la brosse à ma douce sœur et elle s’amusa avec mes cheveux à son tour. Mais évidemment, nos regards se croisèrent et aussi rapides que deux anguilles nous avions déjà glissé en dehors de la chambre, Grayce m’entraînant derrière elle en maudissant les leçons de couture au passage.

- T’as raison ptite sœur, la couture c’est trop nul, moi je préfère regarder Gisella s’entrainer ! Tu crois qu’elle pourrait nous montrer d’autres techniques à la hache aujourd’hui ?

Mes yeux brillaient d’excitation, et je me mordais la lèvre inférieure d’un air espiègle et impatient. Pas très Lady comme comportement, mais je n’avais aucune intention d’en devenir une un jour, quoi qu’en dise notre mère ! Après avoir semé les servantes qui nous poursuivaient avec des colifichets absurdes de dames qu’elles auraient voulus nous faire porter, Grayce passa ses bras autour de mon cou, et je glissais les miens autour de sa taille pour lui faire un câlin et écrire un secret dans son dos. Même à travers nos couches de vêtements, nos dessinions toujours un petit quelque chose l’une pour l’autre, comme un secret inavouable qui n’était en fait que l’expression de notre amour de sœurs jumelles.

- Gweeeen ? Est-ce qu’on échange nos prénoms aujourd’hui ?

- Tu veut dire Grayce, ma chère Gwendys ! Regardez-moi très chère, je suis la grâce et l’élégance incarnée !

Je singeais notre mère en une courte révérence sage et un ton ampoulé, et éclatais de rire en courant vers l’extérieur, suivie de près par ma sœur. Une fois à l’extérieur, je mis les poings sur les hanches et sourit au soleil.

- Alors Gwendys, on va au terrain d’entrainement ou on trouve un autre jeu ?

Date d'inscription : 29/07/2019

# Dim 3 Mai - 19:35

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Vous saviez ce qu’il y a de pire pour les servantes que de devoir ne serait-ce que gérer juste les filles Bonfrères ? Devoir gérer les jumelles Bonfrères. Ou les triplets, nos petits frères en sommes. Quoi qu’ils ne puissent absolument pas être pires que nous deux. Et pourtant il y avait tout une troupe de filles chez nous ! Et comme d’habitude Gwendys était de mon avis. Je gloussai à sa remarque avant de hocher la tête. Quoi que je ne fusse pas sûre que Gysella soit là aujourd’hui ! Peut-être qu’elle était avec notre oncle Norne ? Aucune idée. Mais en tout cas, je n’avais pas envie de passer ma journée avec Gillian, Giya ou Christy. À la rigueur nos journées avec Gormon, Gran et Greydon, les triplets.

« Mmh… Je sais pas, Gy est peut-être avec Oncle Norne aujourd’hui encore… Ou avec je sais pas qui. »

Puis la hache, on aimait peut-être regarder, mais même Gy voulait pas encore nous en donner une. Trop petites qu’on était qu’elle disait. J’éclatai à nouveau de rire en écoutant Grayce ou Gwendys, c’était au choix se moquer de mon nom. Elle était la seule à avoir le droit ! Si quelqu’un d’autre tentait : je l’assassinais ! Enfin… je tentais. Je lui sautais dessus pour la chatouiller en souriant face à son dessin invisible.

« Tu es la grâce, la finesse et l’élégance incarnée p’tite sœur ! »

Je la suivis en courant, là encore aucune différence : nous étions lestes comme des lapins courant dans les hautes herbes. Et pour nous attraper c’était toujours difficile. Surtout pour les autres. Je m’arrêtai pour profiter de l’air salin et du soleil sur mon visage. Nous étions loin de la côte comparée à d’autres châteaux, mais en tout cas, nous avions une grande flotte disait notre père. Quarante boutres ! C’était une magnifique collection de navires et d’hommes. L’une des plus grandes des îles de Fer ! Peut-être même la plus grande ! Je me mis à tapoter ma cuisse en réfléchissant. Il était encore tôt… Et au vu des serfs passant…

« Le petit déjeuner doit pas être encore servis, y aura personne au terrain d’entraînement. Donc… Trouvons un autre jeu ! Et sans nous faire attraper par Mère. Ou Père… Je sais pas… À ton avis c’quoi le pire ? Mère ou père ? »

Mère n’avait de cesse de vouloir nous transformer en lady idéale. Cette vie me semblait bien un enfer ! Je savais pas comment notre mère pouvait supporter d’être aussi grosse qu’une baleine presque tout le temps ! J’eus un tremblement de dégoût que rien que d’imaginer de devoir vivre ça. Beurk ! Beurk !

« Si on allait voir les triplets ? Oui… non mauvaise idée. Ils sont trop petits pour être intéressant… Mmh… On a qu’à aller jouer dans le foin à l’écurie ! »

De quoi rendre dingue notre mère ! Nous allions sans aucun doute revenir plus débraillées que des vagabonds ! Mais il fallait faire vite avant qu’une messagère de notre mère ne nous traîne en nous tirant par l’oreille jusqu’à la table familiale. Au pire on irait chiper quelque chose en cuisine ! Je pris la main de ma jumelle et l’entraînai sans attendre vers l’écurie.

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# Mer 6 Mai - 17:48

Quelques secondes, et nous voilà disparues aux yeux des femmes de chambre et du reste de la maisonnée. Après les longs couloirs, c’est avec plaisir que je retrouvais le soleil du matin et l’odeur des algues et de l’air marin, et je pris une grande inspiration en fermant les yeux avant de rattraper la main de Grayce. Enfin, Gwendys ! J’avais hâte de voir la tête dépitée des parents en se trompant encore sur nos prénoms…Surtout Mère, elle qui était si facile à duper ! On aurait pu croire qu’elle seule savait nous différencier, mais c’était plutôt l’inverse, et comme j’avais tendance à imiter ma jumelle, malgré ma nature plus…souple, elle se trompait sans arrêt !

Je fis une moue déçue en me rendant compte que ma sœur avait probablement raison et que Gysella n’était sûrement pas dans le coin. Mon ventre commençait déjà à gargouiller, mais je souriais à ma sœur adorée, puis tentais de m’échapper alors qu’elle voulait me chatouiller. J’avais horreur des chatouilles, et malheureusement pour moi, Grayce, enfin Gwendys, ne le savait que trop bien. Au sommet d’une butte, mon double sautillant s’arrêta un instant, tapotant sa cuisse avec un air parfaitement sérieux que je voyais parfois dans mon miroir.

- Le petit déjeuner doit pas être encore servi, y aura personne au terrain d’entraînement. Donc… Trouvons un autre jeu ! Et sans nous faire attraper par Mère. Ou Père… Je sais pas… À ton avis c’quoi le pire ? Mère ou père ?

- Oh mon dieu, Père sans aucun doute. Au moins, nous arrivons encore à esquiver les éternelles pamphlets sur l’éducation d’une Lady de Mère…Je suis presque persuadée qu’elle a fait d’autres enfants après nous pour tenter d’avoir au moins une Lady digne de ce nom dans la famille !

A cas désespérés, mesures désespérées ! Le peu de joie que Mère avait eu lors de la naissance des triplés s’était volatilisé dans les années qui avaient suivi, en comprenant que de tous ses enfants, nous serions probablement moins difficiles à gérer que les garçons…Encore que, nous rivalisions plutôt bien dans ce domaine ! Parfois, je me demandais si Grayce et moi n’étions pas nées avec le mauvais sexe au départ…Rien qu’en voyant comment Mère se débrouillait pour être enceinte tous les ans ou presque, j’en avais des frissons d’horreur. Et Grayce aussi ! Comment arrivait-elle à supporter d’être aussi encombrée, aussi…enceinte !

- Ouais, et puis tu sais, où sont les triplés, Mère ou Père ne sont pas loin ! Va pour l’écurie ! Et si on a de la chance, on pourra même essayer de monter un des poneys, ça serait génial non ?

Mon sourire s’étalait jusqu’à mes oreilles rien qu’à l’idée de pouvoir monter à cru, et surtout sans permission ! Je me laissais entrainer par « Gwendys » en courant en direction de nos prochaines bêtises, heureuse comme une folle à l’idée de ruiner nos coiffures et nos jolies robes bien proprettes avec du foin et de la poussière à l’odeur de cheval. Je ralentis en arrivant près de la porte grande ouverte, et glissais un regard à l’intérieur, épiant les palefreniers pour être sûre que personne ne viendrait nous dénoncer.

- La voie est libre, vient !

Je me glissais alors silencieusement, du bout des pieds, jusqu’à l’échelle qui grimpait vers le bonheur absolu, l’étage rempli de balles de foin frais en attente d’être donné aux chevaux. Le paradis ! Il y avait même parfois des souris qui se baladaient, et rien que d’y penser, j’espérait en attraper une pour pouvoir la lâcher plus tard dans une des chambres, ou même à la table du petit déjeuner…

Date d'inscription : 29/07/2019

# Mer 6 Mai - 21:05

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Je crois que je n’aimais rien de plus que de passer du temps avec ma jumelle. On avait une grande collection de bêtise à notre actif ! Mais rien ni personne ne pouvait nous arrêter et cela malgré la troupe de sœur et maintenant de frère, que nous avions. Huitième et neuvième sœurs sans doute, mais pas les dernières pour faire tourner en bourrique les adultes. Il fallait dire que nous étions l’exact reflet de l’autre. Avec une jumelle aussi identique sur le plan physique que mental, c’était trop facile de faire vivre un enfer aux autres. Enfin, pour l’instant nous réfléchissions pour trouver le jeu idéal avant le petit déjeuner. Je hochai la tête en écoutant Grayce : Père était sans doute le pire puisque lui savait nous reconnaître ! Et qu’il n’avait pas toujours de l’humour avec ses filles bien qu’avec nous… Il était parfois plus… paresseux à faire respecter l’ordre. Je fis une grimace en écoutant la suite.

« Brr ! Je ne vois que ça ! Pour ressembler à une baleine tout le temps elle doit VRAIMENT vouloir une lady… »

Et pourtant mes grandes sœurs malgré des caractères… de Bonfrère dirons-nous, étaient plus ou moins des ladys. Bon, elles savaient se défendre, mais elles étaient beaucoup plus lady que moi ou ma jumelle ! Je hochais la tête. Les triplés s’étaient… surveillance maximale ! Ce qui nous permettait étrangement beaucoup plus de liberté ! On allait pas s’en plaindre ! J’applaudis l’idée de ma sœur.

« T’es la meilleure Grayce ! »

Je la suivis aussitôt vers l’écurie, et elle vérifia que la voie était libre. Visiblement elle l’était. Pour se faufiler sans aucun doute, pour grimper sur les poneys… J’étais sûre qu’on pouvait. Je la suivis sans attendre avant de me jeter dans l’herbe sèche en riant. Ah par le Noyé ! Que c’était bon de jouer dans le foin ! J’en jetais sur Grayce en riant, doucement, il ne fallait pas qu’on nous retrouve trop vite. On aurait bientôt l’air de vagabondes, mais ce n’était pas grave. Je glissai une poignée de foin dans le dos de ma sœur. Je crois qu’on aurait pu jouer longtemps jusqu’à ce que j’entende un :

« GRAYCE BONFRÈRE ! GWENDYS BONFRÈRE ! »

J’étais presque sûre d’avoir vu des tremblements parcourir toute l’écurie. Ça… c’était notre père. Et curieusement, j’étais presque qu’on pourrait vite sentir la corne de ses mains sur nos fesses si on se dépêchait pas de descendre. Je jetais un regard à ma jumelle et lui ôtais un brin de paille des cheveux. Là je n’étais pas sûre qu’échanger nos prénoms soit une bonne idée. Je glissai un regard vers ma sœur. On allait se faire assassiner si on ne se dépêchait pas. En tant que grande sœur je devais y aller en première. Bon et bien… Que le Noyé me protège. Mère devait encore ressembler à une baleine, ou pas. Je ne savais pas. J’avais arrêter de compter les grossesses de notre mère..

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# Dim 17 Mai - 16:27

Si nous partagions les bêtises, nous partagions aussi nos idées sur nos parents. Grayce reconnut assez vite que le pire d’entre eux deux serait probablement Père, et son idée bien arrêté de la discipline. Mère était tout simplement trop débordée. Je frissonnais de concert avec ma sœur en imaginant ce que Père ferait s’il nous tombait dessus à présent, alors que nous avions bravé les servantes et n’avions même pas été à la table du petit déjeuner.

- Oh m’en parles pas ! Rien qu’à imaginer être une grosse dondon comme elle un jour…Brrr !

Quelques secondes plus tard, nous rions à nous plier en deux, roulant de concert dans la paille sèche. J’entrepris de chercher une souris égarée dans la paille, mais ma chère sœur avait d’autres idées en tête, et fourra une pleine poignée de paille dans le dos de ma robe. Je hurlais d’horreur et de joie mêlées, et attrapais des poignées entières de paille que je m’apprêtais à rembourrer dans la robe de Grayce, mais n’eus pas le temps de procéder à l’exécution de mon plan, car une voix passablement énervée retentis dans l’écurie, faisant trembler le foin et hennir les chevaux de peur.

- Oh-oh…

Le signal du départ avait sonné. Que faire, prétendre ne pas être là et attendre qu’il parte, mais risquer une plus grosse punition s’il nous trouvait, ou nous rendre docilement dès maintenant, et essuyer l’humiliation d’avoir été trouvées si tôt…Le dilemme était réellement épineux, et je ne savais que choisir. Je croisais le regard terrifié de Grayce, et nous tombâmes d’accord sans dire un mot que l’échange des prénoms serait à remettre à plus tard. Elle ôta avec douceur un brin de paille de mes cheveux, et je fis de même avec ses jupes tandis qu’elle se relevait, tentant au passage d’enlever ce qu’elle m’avait mis dans le dos malgré la robe un peu trop serrée. Puis, la mort dans l’âme et toute joie des bêtises envolée, je la suivis le long de l’échelle qui menait au rez-de-chaussée.

Arrivée en bas, je fixais résolument le sol, tâchant d’avoir l’air le plus contrit possible pour éviter de me faire trop tirer les oreilles. Le pied de Père battait fébrilement le sol de poussière, et je pris la main de Grayce pour me donner du courage. Nous allions probablement recevoir la correction qui convenait à l’état de nos robes pleines de foin. Et je n’avais pas particulièrement envie de savoir ce que cela pouvait être.

- Bonjour, Père...

Date d'inscription : 29/07/2019

# Dim 17 Mai - 17:13

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Nous eûmes le même regard catastrophée, Gwendys et moi. Et bien sûr nous étions coincées… Impossible de se sauver ! Et au vu de son ton… On était mal, très très mal, si on ne descendait pas dans la minute. Ce n’était pas du tout le moment de jouer à quoi que ce soit avec notre père. C’était étrange qu’il soit si énervé pour juste une petite fuite du matin. Je ne savais pas pourquoi je ne le sentais pas du tout. Je descendis la première et attendis ma sœur en fixant le sol, je glissai ma main dans la sienne en détournant le regard face à notre père.

« Bonjour père… »

Et comme seul bonjour : nous eûmes le droit à une paire de claques chacune. Mon père avait sa pédagogie bien à lui pour faire rentrer les choses. Il avait de grandes mains couverte de corne et de cals, d’un guerrier, et une force qui ne laissait personne, surtout pas nous actuellement, indifférents. Je plaquai une main sur ma joue en retenant mes larmes, ça faisait mal ! Je serrais plus fort la main de ma jumelle. Ça c’était pas que pour ce matin. Vraiment pas. Notre père écumait de colère.

« La première était pour hier d’avoir accusé vos petits frères d’avoir volé en cuisine à votre place et la deuxième pour ce matin. Vous êtes magnifique ainsi, vous aller passer la journée dans cet accoutrement et si j’apprends que l’une d’entre vous a disparu au moment d’un de ses cours de la journée, vous pouvez oublier le terrain d’entraînement pour la prochaine lune. Est-ce que c’est compris ?! »

Hey ! C’était pas juste ça ! J’aurais pu ouvrir la bouche si j’avais été seule dans l’équation… Enfin je voulais essayer de protéger ma sœur et je l’ouvris finalement. Mon père me coupa la parole

« Et je ne veux pas savoir qui a eut l’idée, vous êtes toutes les deux coupables ! C’est l’heure du déjeuner. »

Il nous attrapa chacune par une épaule avant de nous traîner dans les couloirs jusqu’à la salle à manger et il installa Gwendys entre Kyra et Gianas, et moi à l’opposée entre Gillian et Giya. D’habitude on suivait l’ordre des âges. Mais il savait aussi que rien n’était pire pour moi et Gwendys que d’être séparé. On détestait simplement ça. Mais visiblement mon père était fou de rage. Il s’assit lourdement à côtés de ma mère. Je jetais un œil à ma sœur, on avait l’air malignes pleines de foin… Bon et bien… Cette journée aller être très très longue.

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# Dim 31 Mai - 19:14

Nos étions sincèrement, profondément dans la panade. Pour être polie. J’entrepris de brosser au maximum le foin qui s’était glissé dans les interstices de ma robe, le plus discrètement possible sous le regard implacable de notre père. La paire de claques magistrale qu’il nous infligea réveilla des aiguilles dans ma joue, et je me retins à grand-peine d’y porter la main, pour ne pas montrer le choc et la douleur que j’éprouvais en vérité. Un peu sonnée, la mort dans l’âme, je subis la diatribe véhémente de notre père, me raidissant un peu plus à chaque mot comme s’il était accompagné d’une claque. Grayce non plus n’était pas fière, et serrait ma main par solidarité, mais aussi pour distraire la douleur de nos joues brûlantes.

Privées d’entraînement ? C’était injuste ! Nous avions à peine emprunté deux ou trois gâteaux ! Bon, d’accord, plutôt deux ou trois plateaux. Mais de là à nous priver d’entraînement…J’ouvris la bouche en même temps que Grayce, m’apprêtant à protester, à m’accuser à la place de Grayce, mais Père nous moucha toutes les deux en mettant un point final à la discussion. Traînant des pieds, nous le suivîmes à contrecœur dans les jardins puis les couloirs du château jusqu’à la salle à manger. La tête de Grayce quand Père nous a séparée ! J’aurais probablement ri si je n’étais pas dans le même état de pensée qu’elle. Déçue, presque triste, et la joue toujours cuisante et dont les marques de doigts devaient commencer à se voir. Alors je m’assis sans un mot, me rassurant dans cette épreuve à l’idée que nous nous retrouverions pendant nos leçons de la journée. Qui ne manqueraient probablement pas d’être super-pénibles.

Coincée entre Kyra et Gianas, je n’avais que peu d’appétit, et je passais tout le temps du petit déjeuner à jeter des coups d’œil à Grayce, et parfois lui faire des grimaces d’ennui quand Père avait le dos tourné. Mère nous jetait des coups d’œil furieux, mais elle comprenait un peu notre détresse, alors elle se contentait des regards sans vraiment intervenir. Heureusement, ni moi ni Grayce n’avions très faim, et par chance, Mère qui habituellement engloutissait des kilos de nourriture avait encore eu des nausées matinales et préférait ne pas abuser. Quel état disgracieux que la grossesse…Chose qui obligeait la femme à se dandiner comme une oie, manger des tonnes, vomir ses tripes et dépendre de tout le monde ne serait-ce que pour s’habiller ! Vraiment, j’avais du mal à comprendre l’intérêt.

Lorsque notre mère, chargée par notre père de nous conduire au précepteur, se leva de table, c’est avec un soulagement évident que nous la suivîmes. Il s’agissait peut-être de broderie ou de couture, mais au moins, nous pourrions être ensembles ! A peine debout, je saisissais déjà la main de Grayce et profitais de la distraction de Père pour lui glisser un mot à l’oreille.

- Quel calvaire…on a bien fait d’accuser les triplets hier ! Ces petits cafards ont dû rapporter…

Date d'inscription : 29/07/2019

# Dim 31 Mai - 20:41

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Non vraiment ce n’était pas juste du tout ! Nous n’avions pas fait de si grosses bêtises quand même ! Père avait vraiment la main lourde… Et surtout caleuse, et il semblait ne pas maîtriser sa force. J’étais presque sûre qu’il faisait exprès de pas retenir sa main avec nous. Enfin, le repas fut horriblement long, sauf lorsque Gwendys me faisait des grimaces quand père lui tournait le dos et je lui répondais avec plaisir. Et ce fut l’heure des cours. Je souris à la remarque de Gwendys et pouffai derrière ma main. Mon père se tourna vers nous et je n’eus pas le temps de répondre. Il attrapa l’épaule de Gwendys avant que ma mère ne me prenne la main.

« Je crois que vous allez être séparé pour quelques heures, Gwendys tu vas aller étudier l’histoire, Grayce il me semble que tu as de quoi coudre. »

Hey ! C’était quoi ce nouveau coup bas ! Je jetais un regard catastrophé à ma sœur. Ça c’était pour moi la pire des punitions ! Je détestais broder ! C’était long, pénibles et tout à fait inutile ! Mais à la tête de mon père… je n’avais pas intérêt à protester, je fis un signe à ma jumelle.

« Courage Gwen ! Ça va aller ! »

J’aurais pus sortir une devise du Noyé… mais ce n’était pas le moment, ma mère me traîna avec mes autres sœurs, ou du moins une partie, pour coudre. Je soupirais de tout mon soûl. J’étais sans ma sœur, alors il ne fallait pas compter sur moi pour me tenir tranquille ! Et puis quoi encore ?! Je battis des jambes tout en courant vaguement. J’avais plus l’impression de planter au hasard l’aiguille dans le tissu pour faire plaisir à ma mère qu’autre chose. Je finis par ne plus y tenir, en plus le foin grattait, et mère semblait enfler de minutes en minutes… J’avais envie de m’agiter, de courir partout… Et pas de rester sagement assise à faire un truc stupide qui était moche ! Ma mère m’attrapa par l’oreille et me traîna à nouveau jusqu’à ma place avec un regard furieux.

Je me laissais tomber sur mon lit après la longue journée sans ma jumelle que j’avais passé. Même au dîné on était séparées. Vraiment pas juste. Enfin, on avait eut le droit d’enlever nos vêtements et de passer nos tenues pour la nuit. Et moi maintenant j’attendais ma sœur.

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# Sam 13 Juin - 17:55

Tout au long de ce repas interminable, ma joue pulsait de douleur suite au coup de Père. Il n’y allait pas de main morte, et de temps en temps, je surprenais Grayce qui se frottait la joue comme moi. J’avais encore le souvenir des cals que l’épée ou la hache laissaient sur ses paumes…Et trop vite, ce fut l’heure de laisser le petit déjeuner pour aller apprendre tout un tas de trucs de dames inutiles ! Mais au moins, je me réjouissais déjà d’être avec Grayce. Pour moi, la leçon était apprise, je me tiendrais mieux que d’habitude et voilà, au déjeuner et au dîner je retrouverai ma place aux côtés de ma sœur. Mais c’était sans compter sur les plans fourbes de Lord Bonfrère, qui nous envoya aussi sec dans deux directions différentes.

- Oh Père, s’il vous plait, laissez-moi aller faire de la broderie avec G…

Un simple regard noir de mon paternel suffit à couper court à mes protestations tandis qu’il m’entraînait à l’opposé de ma sœur, en direction probablement de mon cours d’histoire. J’adressais un dernier sourire triste à ma jumelle lorsqu’elle tenta de me réconforter, et suivit, plus ou moins docilement, notre père dans les couloirs.

Dieu Noyé, que je plaignais Grayce ! Au moins, moi j’avais hérité d’une de mes matières préférées, l’histoire, même si sans elle le cours paraissait bien plus long. La journée entière passa à une lenteur d’escargot, et même les repas étaient mornes et sans goût sans ma jumelle à mes côtés. Voilà qui faisait entrer la discipline comme marquée au fer rouge ! Surtout que vu la pleine poignée de foin dans mon dos et l’interdiction de me changer, j’allais avoir des griffures de grattage pendant au moins deux jours après ça !

Heureusement, après le dîner le plus insoutenable de toute ma vie, j’eus enfin le droit de retourner dans ma chambre, pour le changer et enfiler ma tenue de nuit. La paille avait laissé des marques dans ma peau, et comme je l’avais prédit, mes ongles aussi. Après ça, ma chemise de nuit me paraissait aussi douce que la soie, et je poussais un soupir de soulagement en m’effondrant sur le lit de Grayce.

- Tu veux que je m’occupe de tes cheveux petite sœur ?

La coiffure que je lui avais faite au début de la journée avait déjà mal vécu le foin, et je savais que Grayce avait dû passer plus d’une fois sa main dedans au cours des heures. Elle s’était probablement autant arraché les cheveux que moi sur ses leçons aussi.

- Mère n’a pas été trop dure avec toi ?

Date d'inscription : 29/07/2019

# Sam 13 Juin - 18:39

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

C’était une journée en enfer pour moi loin de ma jumelle. Je l’aimais, je l’adorais et être loin d’elle était une vraie torture. Et c’était ça le pire. Père le savait : il n’y avait pas de pire punition pour nous. En plus de m’imposer de la broderie. Vraiment, je n’aimais pas ça. Alors dès qu’elle arriva dans la chambre je lui sautai au cou comme-ci cela faisait des années qu’on ne s’était pas vu. Ouf ! Elle était de retour enfin, elle m’avait manqué. On s’allongea sur mon lit avant de rire à sa remarque et je tirais sur une de mes mèches avec attention. Oups ! J’avais dû passer beaucoup de temps à me tirer les cheveux.

« Oui ! S’il te plaît ! »

Je fermai les yeux un instant avant de me couvrir les oreilles à sa remarque et d’éclater de rire :

« Tu parles ! Elle m’a tiré les oreilles si souvent que j’suis sûre qu’elle m’a agrandi les oreilles ! »

J’éclatais de rire avant de lui tirer la langue avant de profiter enfin d’une bonne nuit de sommeil avec ma sœur.

***

An 290 lune 10, quatrième semaine

Nous avions dix ans depuis quelques jours et j’étais penchée sur le morceau de bois que taillait doucement l’un des gars de notre père. Il était assis près de notre cheminé, tout le monde était réuni pour une fois, frères, sœurs… Tout le monde. Moi j’étais assise aux pieds de l’homme à le regarder faire, le nez quasiment sur les outils. Il finit par éclater de rire et m’ébouriffer les cheveux.

« T’aime ça le bois Gwendys ? »

Je me tournai vers ma jumelle avant de rire :

« Gwendys t’aime le bois toi ? »

Il s’était trompé ! Je fis une grimace à l’homme qui tourna la tête vers Gwendys, puis à nouveau vers moi, puis à nouveau vers Gwendys. J’éclatai de rire avant de tendre la main à ma jumelle pour qu’elle me rejoigne.

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# Lun 22 Juin - 18:07

An 290 lune 10, semaine 4.

Dix ans. J’avais tellement attendu cette date fatidique avec Grayce, comptant les jours qui me séparaient de notre anniversaire avec impatience. Et pourtant, rien n’avait changé. Notre train-train quotidien était resté le même, Père toujours aussi sévère, Mère toujours aussi débordée même si elle n’était enfin plus enceinte depuis Krestenne. Et en cette soirée familiale bien trop calme à mon goût, où même les triplets restaient sages, j’avais entrepris de décortiquer un parchemin que j’avais dégoté dans la bibliothèque familiale. Mère n’avait pas vu ça d’un très bon œil, que je m’intéresse plus aux plantes qu’à la broderie et à mon futur mariage, mais elle avait fini par me laisser faire. Après tout, c’était bien utile quand il fallait s’occuper des petits bobos des frères et sœurs, et puis c’était toujours plus féminin que Grayce et son amour du bois.

D’ailleurs, en cette belle soirée près du feu, elle observait avec une attention toute particulière l’un des hommes de notre père, assise à ses pieds. L’homme avait l’air très concentré, tandis que moi je ne l’étais plus vraiment, et Grayce quant à elle semblait littéralement envoûtée par les mouvements réguliers et précis du guerrier. Je levais les yeux lorsqu’il prononça mon nom, et un petit sourire moqueur apparut sur mes lèvres quand je vis qu’il fixait Grayce et non moi. Il nous avait confondu, comme la plupart des gens sur les Îles de Fer. Grayce se retourna vers moi avec le sourire miroir du mien sur les lèvres, et j’éclatais de rire à l’unisson avec elle en voyant la tête de l’homme lorsqu’il s’aperçu qu’il s’était trompé.

Lâchant mon parchemin, je rejoignis la main tendue de Grayce et la pris dans la mienne en me moquant un peu.

- Non moi je préfère les plantes, c’est plus…vivant.

L’air complice de ma sœur me fit sourire, et ma soirée bien morne et trop calme jusqu’à présent venait de s’éclairer.

- Par contre Grayce j’ai cru que t’allais te faire éborgner par un outil tellement tu les regardais de près !

Je ris, ravie d’avoir une occasion de me moquer gentiment de ma sœur chérie. Gysella, assise dans un coin et occupée à affuter un petit couteau pouffa, et je lui lançais un clin d’œil amusé. Elle aussi avait remarqué que Grayce n’était pas indifférente au travail de l’homme. Je m’assis à côté de ma sœur, délaissant définitivement mon parchemin, et entrepris de tresser ses cheveux avec douceur.

Date d'inscription : 29/07/2019

# Lun 22 Juin - 18:30

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

C’était toujours pareil, personne ne savait nous différencier, sauf nous-même. Et L’homme de notre père n’avait pas fait exception à la règle. Et il semblait… contrarier ? Hey ! C’était pas notre faute ! Les triplets aussi c’était le même modèle trois fois ! Pourquoi nous ça posait problème parce qu’on se ressemblait ? Je serrais aussitôt la petite main de Gwendys quand elle prit la mienne. Je la laissais se nicher derrière moi en gloussant à sa remarque. Vivant… Et puis quoi encore ! Je plissai un peu le nez, ce n’était pas mort le bois ! Il y avait plein de chose à faire avec le bois ! C’était vivant.

« C’est vivant le bois aussi ! »

Je pourrais presque avoir l’envie de lancer le débat. Mais ça c’était autre chose. Je plissai le nez à sa remarque alors que je regardais à nouveau l’homme et sa manière de tailler le bois. C’était très intéressant ! Je tournai à nouveau la tête vers Gwendys et remua le nez :

« T’aurais pu tester tes plantes comme ça. »

Je lui tirais la langue avant de sourire et la laisser jouer avec mes cheveux. J’aimais ça, c’était agréable ça faisait des papouilles au niveau du crâne. L’un des garçons, je ne vis pas qui il était dans notre dos, s’exclama :

« De toute façon le bois c’est pour les hommes ! T’es qu’une fille ! Tu pourras jamais être aussi douée qu’un homme ! »

Je bondis sur mes pieds, échappant aux mains de ma sœur. J’étais peut-être qu’une fille, mais en tout cas j’étais déjà meilleure en mathématique et en dessin que tous les garçons réunis. Je me jetais sur le premier que je vis pour le bourrer de coups de poings.

« Je t’interdis de dire ça ! »

Je le frappais sans douceur aucune, il faisait le fier parce qu’il était un garçon ! J’étais peut-être plus grande, mais lui avait déjà plus de force. Il me donna un coup dans la mâchoire qui me fit voir trente-six chandelles en me rendant plus enragé encore.

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# Ven 17 Juil - 18:20

Je ris de la remarque de ma chère sœur. Et aussi de son froncement de sourcil, un peu outré, quand l’homme de Père nous a encore confondues. Je sais à demi-mots ce qu’elle doit penser, que les triplés aussi sont pareils et qu’il n’y a pas de raison qu’on nous confonde plus qu’eux. Moi je trouvais simplement ça drôle, et puis ça nous permettait d’en jouer aussi.

- Mais oui, c’est vivant le bois. Et tu sais, mes plantes auraient pas pu faire grand-chose pour un œil crevé ! J’ai testé l’autre jour avec le type, tu sais là, un des marins de Père. Bah ça a pas été très utile, mais bon au moins l’infection est partie, il souffre moins.

Je me retournais comme une furie, quelques secondes avant que ma jumelle ne se lève en furie pour se jeter sur l’un de nos frères. Malheureusement, elle ne s’en était pas pris au bon vu la gouaille dont faisait preuve Gran, alors pour venger ma sœur de l’affront, je me jetais dans la bagarre avec elle. J’assenais un bon coup de poing dans la mâchoire de Gran, de quoi lui faire un bon gros bleu à défaut d’avoir la force de lui faire voir des chandelles, et sortis les griffes quand il m’empoigna. A mes côtés, Grayce se débattais comme une furie contre Gormond, mais malheureusement, malgré nos deux ans de plus que les garçons, nous fûmes vite vaincues. Du moins, jusqu’à ce que Greydon, trop fier d’être « Monsieur l’héritier de Père », n’en rajoute.

- Vous voyez, vous êtes même pas capables de nous battre !

Gormond m’avait envoyée rouler dans un coin, et j’étais en train de me relever quand il avait dit ça. Je vis rouge, et fonçais sur Greydon toutes griffes dehors, le giflant de toute la force de mes dix ans. Mes ongles s’enfoncèrent dans sa joue, et ce jour-là, je le balafrais, lui infligeant sa première cicatrice sur la paumette.

- IL SUFFIT !

La voix brutale de Père nous interrompit tous. S’il n’avait pas réagi jusque là, c’était probablement parce qu’il trouvait la fureur de Grayce justifiée. Après tout, Gysella était l’exemple vivant que les filles ont autant de valeur que les garçons. Et je savais que ma jumelle retiendrais à tout jamais cet affront, et se démènerait pour prouver encore et encore que nos frères avaient tort de nous considérer comme plus faibles.

Date d'inscription : 29/07/2019

# Ven 17 Juil - 19:01

Et le temps passe, mais les souvenirs restent

Je levai les yeux au ciel. Ça va ! C’était pas en regardant que j’allais finir par avoir un œil crevé ! Puis ma sœur avait de la chance… Elle pouvait assister le mestre dans les opérations tout ça… Moi j’avais pas le droit d’aller sur les chantiers navals, sur… tout le travail du bois, je pouvais juste regarder pour l’instant. Je hochais la tête en l’écoutant quand même. Elle était la meilleure ma petite Gwen ! Elle faisait tellement de chose tellement géniale ! Et moi je devais juste regarder les autres et apprendre les bases comme je pouvais d’une manière ou d’une autre. Et la remarque de Gran ne passa pas et je me jetais sur lui.

Il était fort déjà ce sale petit cafard ! Et j’avais beau avoir de la force et faire tout ce que je savais faire et tout ce que je pouvais, il avait plus de force que moi. Et même s’il y avait Gwen ils étaient trois ! Je grondai avant de sauter sur Gormond et le frapper dans le nez, quand il essaya de me repousser d’une main, je plantais mes dents dans sa main et il glapit de douleur, je serrais la mâchoire alors qu’il essayait de me l’arracher. Même pas en rêve ! T’as fait mal à Gwendys ! Le cri de père ne fit que me faire serrer les dents davantage sur la main de Gormond.

« Grayce ! Lâche ton frère ! »

Je grondai en regardant mon petit frère, j’avais encore les dents serrer sur sa main. Ma mère se leva brusquement, les mains sur les hanches en répétant son ordre. Je restais immobile, sans savoir comment lâcher la main que je serrais. La claque de ma mère me fit lâcher mon frère et je crachai par terre, il avait une belle trace de morsure sur la main.

« Ça t’apprendra à faire du mal à Gwen ! »

Une nouvelle claque tomba et je refusais de me frotter la joue. Je croisai juste les bras sur ma poitrine en faisant la moue. Je refusais de m’excuser, secouant la tête pour affirmer que je n’ouvrirais pas la bouche pour ça. Têtue vous avez pensé ? Si peu. Je restais sourde aux menaces de mon père, de ma mère et de n’importe quelle figure d’autorité. On avait fait du mal à Gwen : je la vengeais. Et malgré la menace de ne pas pouvoir sortir de ma chambre pour les trois prochains jours ne me fit pas plier. À peine une tête de bois.

Je fus emmené manu militari dans ma chambre, visiblement Gwen dormirait ailleurs, je détestais dormir sans elle, et enfermée. Pendant trois jours. À part les repas et la toilette, je n’avais rien le droit de faire. C’était long..

Codage par Libella sur Graphiorum

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