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Aucune tête n'est plus perfide que celle du serpent | ft. Elena Forrest

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Aucune tête n'est plus perfide que celle du serpent

An 297, Lune 3, semaine 3



Elena Forrest & Wayra Wyl

Les ruelles de Wyl étaient silencieuses. Le ciel d’azur limpide aveuglait quiconque osait l’observer trop longtemps et les rayons du soleil, semblables à de la lave en fusion, avaient chassé tous les badauds. La chaleur tapait sur les tuiles d’argile, faisant vrombir l’air. Pas d’ombre sur la terre battue secouée par les vents brulants des Montagnes Rouges, s’agglutinant en volutes sèches devant le pas des portes fermées. Parfois, les embruns salés osaient franchir le seuil du port pour s’enfoncer dans les bas-fonds de la ville, éveillant des relents de poissons pourris et de sueur. Cette illusion de fraîcheur n’attirait cependant personne à l’extérieur.

Pourtant, un bruit étouffé de sabots parvenait à quiconque tendait l’oreille. Et, petit à petit, une silhouette ondoyante jaillissait de l’horizon trouble. Le cavalier s’avançait en plein cagnard, comme indifférent aux souffles brûlants qui envoyait des torrents de poussières ocres vers lui.
Des grincements rouillés résonnèrent dans l’étroite rue déserte. Entre pénombre et lumière, des visages hachés par les persiennes abimées apparurent. On devinait des paires d’yeux entre les interstices, luisant de crainte et de curiosité.

Finalement, le destrier s’arrêta. Le cavalier trônait là, observant les lieux comme s’ils lui appartenaient. Il y avait dans ses yeux étranges, seule partie de son visage visible sous son turban noir, une flamme dangereuse qui maintenait les curieux à distance.
Après quelques secondes mutiques, une jeune femme accompagnée d’un homme plus âgé arriva en trottinant. L’homme n’hésitait pas à tirer le bras de sa compagne pour la forcer à aller plus vite. Elle s’obstinait à garder les yeux rivés au sol, de crainte de croiser ceux du cavalier. Vêtus simplement, ils vivaient de toutes évidence de ce coin pauvre de la petite ville côtière. Ils se plantèrent devant l’étalon, tous deux pris de tremblements.

« Ma dame, c’est elle, » dit l’homme d’une voix ténue en tirant un peu plus la jeune femme en avant. Elle finit enfin par lever ses yeux noirs comme la braise vers le cheval.

L’inconnu retira le voile qui protégeait son visage du vent. Wayra observa silencieusement le drôle de couple. Sa tante l’avait prévenue qu’ils étaient des orphelins de la Sang-Vert, un peuple opprimé qui ne s’était guère aventuré dans les montagnes. Pourtant, ils étaient bel et bien là, traînant avec eux leur collection de croyances et de rites mystérieux. La vipère ne croyait pas aux malédictions et aux sorts. Elle avait grandi avec, bien sûr, mais elle n’y accordait que peu de crédit.

« La diseuse de bonne aventure, hein ? » demanda-t-elle en cherchant l’or dans les sacoches de son cheval.

Avec un hochement de tête, elle tendit la somme à l’homme qui s’empressa de récupérer son dû. Wayra sentit ses ongles lui griffer la paume pour être certain de ne rater aucune pièce. Sur son dos pesaient tous les regards des habitants de la ruelle poisseuse.

L’étrangère sortit un sac de poudre rougeoyante, de la même couleur que les graviers qui tapissaient la ruelle. Elle en versa un peu au creux de sa paume et la porta à hauteur des naseaux noirs du cheval. L’animal trépigna, tirant sur les rênes, mais Wayra tint bon, canalisant la bête entre ses cuisses.
Les lèvres brunes de la jeune femme s’agitèrent, psalmodiant des mots dans une langue que la Wyl ignorait. « Les superstitieux… » songea-t-elle sans détourner le regard. « Que du spectacle… »

Finalement, la sorcière souffla sur la poussière qui vint s’échouer sur le bout du nez de l’étalon. Après un moment de flottement, le couple révérença rapidement et la fille du Roi Sauvage fit volte-face, rebroussant chemin.

« C’est un sortilège ! » entendit-elle chuchoter derrière elle. « Pour que les Wyl gagnent la course ! »

Elle revêtit son voile pour dissimuler son mauvais sourire.

« Vahagn participera à la course, demain ! Pariez, mais fermez-la ! »



*


Bien sûr, la rumeur s’était répandue comme du feu grégeois. Les gradins de bois autour du circuit de la course étaient plein à craquer, tous comme les poches des preneurs de paris. Devant les petites mains des Wyl, les files s’allongeaient malgré l’heure tardive et on se délestait facilement de quelques sous, dans l’espoir de toucher le gros lot. Dans les troupes, il y avait probablement les gêneurs qui avait été témoins de la scène de la ruelle, mais également leur famille, leurs amis, leurs voisins… Et tant pis si parmi eux on trouvait des familles affamées et des mendiants qui lâchaient leurs derniers sous. Garder un secret, voilà une chose insurmontable. Et les vipères noires de Dorne le savaient bien.

Vahagn était annoncé comme grand gagnant de la course. Personne ne savait qu’au début de l’après-midi, l’étalon avait bu du lait de pavot. À côté de lui, dans les boxes, la petite jument fluette, Saris, n’avait pas la côte. Les Wyl misaient gros sur elle. Wayra était confiante et déambulait parmi les parieurs, un sourire carnassier sur les lèvres.

En filant à travers la foule pour gagner sa place, elle aperçut sa jeune cousine, Elena Forrest, en compagnie de ses frères. Ils cherchaient à parier, eux aussi. Allaient-ils se faire plumer ? Elle s’en amuserait bien. Mais elle ne voulait pas que la pauvre Elena fasse partie du lot. Elle était encore jeune et elle avait une certaine affection pour l'adolescente.

« Je ne parierais pas sur Vahagn, si j’étais toi… »
lui glissa-t-elle dans un chuchotement.

 


DRACARYS
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Aucune tête n'est plus perfide que celle du serpent
An 297, Lune 3, semaine 3
@Wayra Noirmont et @Elena Forrest

« Venez. Je souhaite voir les chevaux. » D’un pas décidé, l’adolescente aux courbes naissantes se dirige-t-elle vers la porte de sa chambre, ignorant au passage les protestations de la servante – et pourquoi y aurait-elle porté grande attention ? Après tout, n’était-ce point là une question de sa part, ni a-t-elle demandé conseil à cette femme que l’on lui a collé aux basques pour s’assurer de préserver le bon nom des Forrest – mais n’est-ce visiblement là qu’un détail mineur aux yeux de cette dernière, qui point n’hésite à lui rappeler à quel point cela est-ce peu digne d’une fille d’une maison majeure que de se rendre auprès des chevaux d’une telle course. Et pourtant, au son de sa voix, les yeux d’Elena s’élèvent-ils au ciel. « Suffit » siffle-t-elle. Douce est l’apparence de la jeune Forrest, et pourtant, n’est-ce là qu’une façade voilant le caractère de feu tant réputé des dorniennes, et des filles des Montagnes Rouges plus précisément – un point qui point n’est inconnu à la servante, qui rapidement sombre dans le silence, consciente de l’enfer que lui ferait vivre sa jeune maîtresse si elle continue sur sa lancée.

Avec le silence comme compagne, traversent-elles les herbes brûlées par le soleil estival, jusqu'à gagner quelques temps plus tard les installations où se trouvent déjà certains des concurrents de la grande course de cette journée. Un instant, reste-t-elle là, à l'entrée, les jambes immobiles et le regard vagabond entre les divers équidés, qui, paresseux, mâchent leur foin. Pour la première fois, participe-t-elle à la course de Wyl, et déjà, sa curiosité est-elle palpable lorsqu'elle vague de box en box, laissant son regard vaguer sur les aplombs des divers occupants des box, et tapotant de temps à autre une encolure lorsque des museaux curieux viennent à sa rencontre. Toute sa vie, a-t-elle été rythmée au son des sabots, au point de connaître noms et origines des divers chevaux de l'élevage des Forrest bien avant de connaître toutes ces choses que l'on apprend habituellement aux jeunes filles nobles. Et alors qu'elle inspecte ainsi les chevaux déjà assemblés, n'y a-t-il point de doutes que les équidés toujours ont une place des plus importantes dans sa vie. De temps à autre, des tremblements parcourent les muscles peauciers des bêtes, chassant les nombreuses mouches qui en cette saison ne viennent les embêter,  mais à part cela, les écuries sont calmes. Très calmes. Et alors que le soleil s'approche de son zénith, la jeune Forrest se retire des écuries, passant les étouffantes heures  allongée sur un divan dans l'imposante demeure de sa famille maternelle.

*   *   *   *   *   *   *   *   *   *   *   *   *   *


« Et pourquoi donc ?  Il avait pourtant l'air en forme ce matin. » Flanquée par ses frères, se tient-elle au milieu de la foule, la jeune Forrest, alors que son regard se pose sur sa cousine qui vient de les rejoindre. Maintenant que le soleil s'apprête à entamer la dernière partie de sa course et que la chaleur doucement commence à se faire moins pesante, les troupes se sont-elles assemblées dans la plaine, trépignant face à ce moment où résonneront cornes et sabot, cet instant où des centaines de kilos de masses musculaires s'élanceront... Et même la jeune Forrest sent-elle son cœur palpiter en anticipation. Mais pour l'instant du moins, l'intervention de sa cousine a-t-elle détourné l'attention de la brune aussi bien des chevaux piétinant non loin d'elles en attente qu'enfin, on lache leurs brides et leur permette de s'élancer, que des arguments qu'on ses frères pourquoi l'un ou l'autre est si ignorant de miser sur un tel cheval plutôt qu'un autre... De toute évidence, même en cette journée, Mors et Dickon ne parviennent point à mettre de côté ces différences d'idéaux et cette rivalité qui toujours les séparent. Mais à ces discussions, l'aînée des Forrest n'y est-elle que trop habituée pour s'en préoccuper. Que Dickon et Mors continuent donc leur concours de 'mon cheval est plus grand que le tien', la Forrest, elle, a désormais bien mieux à faire depuis que sa cousine les a rejoint. Un amusé sourire dessiné sur ses lèvres, se penche-t-elle vers sa cousine. «Sais tu quelque chose que j'ignore ? Est-ce que cela aurait quelque chose à avoir avec le fait que son nom semble sur toutes les lèvres, mais que les murmures se meurent lorsqu'on s'approche ? » Bien peu, connait-elle de ce monde dans lequel aujourd'hui elle est immergée, et pourtant n'a-t-elle pu empêcher d'entendre le nom du favori a bien des reprises aujourd'hui, dans des murmures qui se sont toujours tues lorsque les interlocuteurs croyaient qu'on pouvait les entendre. Et pourtant, à cela, n'a-t-elle porté que bien peu d'importance - après tout, elle ne pouvait qu'imaginer qu'il soit là normal que de parler du favoris de la course. Mais en vue de la mystérieuse remarque de sa cousine, cela lui semble revenu à l'esprit. Wayra en saurait-elle plus qu'elle ne laissait paraître ? Après tout, est-ce des Wyl que l'on parle, ceux qui se mêlent aux ombres sans être vus, et qui semblent toujours avoir plusieurs coups d'avance, même - ou surtout - les fois où on ne se doutait pas de leur implication.

(c) DΛNDELION

[2.4]
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Aucune tête n'est plus perfide que celle du serpent

An 297, Lune 3, semaine 3



Elena Forrest & Wayra Wyl

Le champ de course était en effervescence. Les spectateurs se bousculaient pour avoir les meilleures places. Les parieurs jouaient des coudes pour atteindre les preneurs de paris. Les cavaliers haranguaient la foule en s’écriant et en levant les bras, parades dont l’objectifs était de faire monter l’euphorie et la liesse des gradins. Les destriers piaffaient d’impatience dans leur boxe. On pouvait presque sentir les fourmis qui courraient dans leurs pattes tandis qu’ils hennissaient. Pas ou peu de nobles aujourd’hui. Tout sentait la terre, la sueur et le cheval. Dans la fin de l’après-midi, le soleil rasant dessinait de grandes ombres sur la terre battue. Au loin, les montagnes aussi assistaient à la course.
Bientôt, les monteurs disparurent pour grimper sur leur cheval. Dans les petites cages de bois, seuls leurs turbans colorés apparaissaient à travers les barreaux. Wayra remarqua rapidement celui de Saris. « Jaune, » nota-t-elle. Lorsque les équidés étaient lancés à pleine vitesse, leurs sabots soulevaient des quantités phénoménales de sable, enroulant la plupart du temps les coureurs dans des manteaux rougeâtres opaques. Alors, on se repérait aux tissus criards qui décoraient leur tête.
Le cavalier de la jument, elle le connaissait bien. C’était un homme des Anjomans. Fluet, petit et malin, il avait gagné le surnom de « Fennec » dans les Montagnes Rouges et était aussi roublard que l’animal. La brune ne lui accordait aucunement sa confiance. Mais elle ne niait pas son talent sur le dos d’un cheval. Ni l’amour conséquent qu’il éprouvait pour l’or… Tout cela faisait qu’il était un allié de choix dans les courses organisées par les Wyl. Il ne participait pourtant que rarement aux courses. Car chaque cheval qu’il accompagnait l’emportait à coup sûr. Alors, les spectateurs habitués n’auraient qu’à parier sur le cheval du Fennec pour gagner le gros lot… Et là n’était pas l’objectif.
Vahagn avait la couleur verte. Et déjà, l’oeil expert de la chienne des Wyl observait qu’il s’agitait moins que ses comparses.

Les questions de sa cousine la firent se rapprocher d’elle avant que Wayra ne lui siffle :

« Baisse d’un ton, n’attirons pas l’attention. »

Il n’aurait plus manqué que ça, tiens ! Elle finit par se détacher d’elle avant de hausser les épaules.

« Je me demande… Tu en poses beaucoup de questions toi, hein… »

Et sa réponse trouvait écho dans les trois interrogations de la Forrest. Avait-elle déjà assisté à une course ? Il ne semblait pas à la vipère l’avoir déjà vue fouler cette terre de tricherie, de coups bas et d’argent volé. Si elle était encore vierge, sa famille avait déjà vu une compétition, bien sûr. Après tout, sa mère était une Wyl. Elle connaissait bien les ressors secrets de ce genre d’événements… Sa tante était-elle venue ? Wayra ne la connaissait guère, mais elle savait que Wassyla avait les faveurs de Warden, en particulier face à Wydad avec laquelle l’entente était plus que vacillante. Enfin, l’épouse Forrest n’avait visiblement pas partagé à ses enfants les secrets des courses de chevaux. Peut-être s’en amusait-elle, elle aussi. Après tout, chaque enfant avait besoin d’expérimenter et de subir ses propres leçons. Pas Elena, pourtant. Malgré ses airs hautains, elle cachait une drôle de gentillesse dont la Wyl s’était abreuvée, il y avait peu. Et malgré sa morale plus que discutable, la brune n’avait pas coeur à truander la personne qui avait su lui tendre la main. Geste qu’elle ne parvenait toujours pas à expliquer, d’ailleurs.

Ses yeux améthystes se posèrent sur le preneur de paris et elle hocha imperceptiblement la tête. Sans perdre une seconde, le vieil homme se dépêcha de faire crisser sa craie contre la pierre noire qu’il tenait sous le coude.

« Donne-lui ce que tu comptais parier, » lui conseilla-t-elle comme un ordre.

Consciente d’avoir été un peu brusque avec elle, la Wyl rajouta :

« Fais moi confiance. »

Devant elles, les frères d’Elena continuaient à se manger le bec, attirant sur eux plus d’attention que nécessaire. « Idiots… » songea la vipère avec l’ombre d’un sourire.
 


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