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[FB] Entre déracinées

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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier

Clarysse avait entendu les festivités de sa chambre. Rires, silences et doutes, ce mariage aurait procuré bien des états. Pour la jeune Bieffoise, il s’agissait de l’anéantissement.
Son propre mariage, elle l’avait vécu comme dans un rêve ; une forme irréelle de son mode de pensée. Elle avait récité ses vœux machinalement, comme un geste mécanique et vain. Jamais, elle n’aurait pu s’imaginer la Mère observant cette mascarade. Tout avait été trop grand : son nouveau château de Midburg, l’assemblée, où même la suzeraine avait été présente, les célébrations et le comble avait été son époux. La blonde s’était sentie telle une poupée vide, un pantin avec lequel on jouait. La cape protectrice qu’Ethan Varnier avait posé sur ses épaules avait été bien trop lourde et trop riche, de par cette hermine qui la fourrait. Tout ce faste pour quelque chose qui demeurait un non-lieu dans l’esprit de la jeune Bieffoise.

Clarysse avait souvent rêvé à la vie qu’elle désirait embrasser. Très pieuse, jamais elle n’avait imaginé s’éloigner de cet idéal « d’épouse ». Sa famille et ses frères représentaient tout pour elle qui vivait dans son monde imaginaire, au milieu des fleurs d’Herbeval. Son malheur aurait été d’avoir été si heureuse durant les années de son enfance, que la réalité l’avait rattrapée tel un choc thermique qu’on ne pouvait vivre qu’une fois ; un traumatisme sans nom qui change à jamais le regard sur le monde. On dit que lorsqu’on connaît un malheur, on ne peut plus être heureux comme à la première fois : la grande désillusion.
Quitter Herbeval lui avait semblait impossible après la mort de ses parents. Elle avait voyagé dans le Bief, mais elle savait que sa place était dans son fief ; un fief qui même en hiver arrivait à avoir des fleurs du froid. Alors, si elle devait quitter l’âge de l’enfance, qu’elle avait fait durer jusqu’au-delà de sa vingtième année, elle se voyait le faire avec un bout de ce bonheur perdu. Il existait en la personne de Tavish Cafferen.
Comment s’imaginer passer le restant de ses jours dans un endroit qu’on n’aime pas, recluse dans la plus terrible des solitudes ? Comment laisser un inconnu avoir accès à son corps qui avait tant servi à jouer, danser ou courir, dans la plus tendre des innocences ? Comment envisager que Tavish Cafferen ne serait jamais le compagnon de toujours de sa vie et que le destin était désormais scellé ?

Bourgfaon n’avait plus la même saveur que durant ces jeunes années. Elle ne reconnaissait plus cet endroit où les de la Nouë et les Cafferen liaient leur amitié. Elle voyait ces appartements dans un château qu’elle connaissait bien avec un regard étranger. La Bieffoise se sentit de nouveau désemparée. On ne pouvait pas revenir en arrière et cela lui serrait le cœur.
Les rêves étaient brisés.
Clarysse avait envie de partir, mais rien ne suscitait chez elle l’apaisement. Plus rien ne lui donnait une impression de refuge. Son sentiment de solitude s’exacerba. Elle se tourna dans la couche, dans laquelle elle s’était réfugiée. Son visage strié par les larmes regardait le plafond nu sans le voir. Qu’allait-elle devenir si elle ne pouvait même pas espérer une étreinte de celui qu’elle avait toujours désiré d’embrasser en secret. Qu’est-ce qu’il l’en avait empêché ? Son statut… Bien entendu, Clarysse en avait conscience. Elle restait en partie fautive dans cette histoire. Son rêve d’épouser le compagnon de jeu de son grand-frère s’était formé au gré d’une correspondance. Auparavant, conditionnée par ses cousines d’Hautjardin et son éducation, elle répétait qu’elle espérait un mariage avec un preux chevalier ou un riche héritier. Quelle futilité ! Elle s’en mordait encore les doigts et se recroquevilla dans sa couche. Un sanglot fit trembler son corps. Des rires avinés parvinrent jusqu’à ses oreilles.
Puis Elbois… Même lui l’avait trahi dans cette entreprise, alors que Tavish portait désormais un nom, il avait préféré précipiter le mariage de la fille aînée des de la Nouë. Pourtant, Clarysse n’était pas dupe, elle savait qu’elle était restée longtemps célibataire pour que son frère puisse faire croire quelques espoirs à des jeunes nobles. Espérer un mariage avec la sœur du seigneur d’Herbeval rendait plus doux en affaire, surtout qu’Elbois n’en avait qu’une. Alors, pourquoi tant de précipitation à la marier à un Varnier de Midburg… Le pouvoir ? Encore ? Les dieux étaient si cruels.

Elle entendit tout d’abord Mia, la femme d’Elbois, rentrer dans la chambre. Puis, se fut le tour de ses frères. Les de la Nouë étaient réputés pour leur droiture et leurs convenances, Clarysse était persuadée qu’aucun de ses frères n’avaient abusé du vin et que cela expliquait qu’il rentrait également avant la fin de la fête. Ou était-ce cette gêne par rapport à la religion des Cafferen ? Les limites de la tolérance de ses fraternels, la nouvellement Varnier la connaissait bien. Même elle, malgré son amour pour le preux Tavish, avait trouvé quelque chose d’effroyable dans cette cérémonie païenne. Cependant, elle se trouvait trop chagrinée pour penser à cette réalité. L’antagonisme entre les de la Nouë et les Cafferen se creusaient davantage chaque jour et cela rendait mélancolique la Bieffoise.
Elle dormit peu. Enfin, elle ne le savait même pas. Cela faisait tant de jours que les pensées ne se taisaient plus.

***


Le jour se levait clair. Comme si le feu avait chassé la brume hivernale et offrait aux nouveaux mari et femme la vision d’un renouveau. Cernée, Clarysse ne releva pas la remarque de sa belle-sœur, Mia, anciennement Mullendore. Elle resta de marbre, dans sa pâleur fantomatique. Comme à son habitude depuis quelques temps, elle refusa le déjeuner et demeura dans la chambre qui leur avait été assignée. Elle regardait de temps à autre le cadavre qui lui servait de reflet. D’ici peu de temps, elle devrait rentrer à Midburg. Qu’allait-elle pouvoir dire à son époux qui l’avait envoyé à Herbeval se faire une santé ? Clarysse sentait encore cette boule au ventre qui la pesait. Elle craignait tant l’avenir ; même le proche.
Quand sa famille remonta et s’afféra à plier bagage, la Bieffoise ne supporta plus le monde autour d’elle et l’agitation. Tout cela lui faisait tourner la tête. Elle se saisit du manteau blanc, fourré d’hermine, signe de sa provenance de Midburg, et prétexta un malaise pour sortir. Elle vit le regard de Mia de la Nouë suivre ce manteau qui semblait trop riche pour le corps squelettique de la blonde. Clarysse avait franchi un autre monde, -ou milieu, - qui ne lui collait pas à la peau.

Dans les couloirs du château, elle réajusta avec négligence une broche qui remontait une partie de ses boucles blondes. Son visage pâle et creusé n’enlevait rien à la beauté candide qui hantait la de la Nouë, marque du fief complaisant dans lequel elle avait grandi. Sans artifice, mais bien couverte par ce manteau immaculé, elle prit la direction du septuaire. Elle se dit que c’était le seul endroit où elle trouverait le calme qu’elle recherchait. Une envie misanthrope l’habitait. Peut-être que si elle poursuivait ses prières, elle pourrait trouver une réponse à l’étrange journée du mariage de son amour de jeunesse ?

Fort heureusement, l’heure des de la Nouë restant matinale, malgré l’hiver et les festivités de la veille, elle se retrouvait seule dans le septuaire des Cafferen. Elle le connaissait bien et se dirigea donc machinalement vers la Mère. Elle n’avait d’yeux que pour la statuette modeste, mais réaliste, qui représentait la facette de la divinité que Clarysse avait tant espéré.
Un peu brusquement, comme si ce moment était tout ce qu’elle attendait depuis son réveil, elle s’agenouilla en position de prière. Des larmes s’abattirent contre les joues de la Bieffoise, silencieusement, alors que ses lèvres se mirent à remuer frénétiquement. Le cerveau épuisé, la blonde ne faisait plus attention aux alentours ni aux convenances. Elle agissait mécaniquement et dans le silence le plus complet. Elle avait clos ses yeux et semblait en parfaite communion.
« Ô Mère, aidez-moi à surmonter cette épreuve. Montrez-moi la voie pour abandonner ces sentiments pêcheurs et pour donner le bonheur à mon époux… » pensa-t-elle de toutes ses forces. Même si, entre ses paupières closes, le visage de Tavish se dessinait sans qu’elle ne puisse rien y faire.
Codage par Libella sur Graphiorum


@Shoren Cafferen
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Entre déracinées
Lune 7, semaine 4, 302
@Clarysse Varnier & Shoren Cafferen
   
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Mourantes, elles dansent, les flammes, et se reflètent dans les iris de la chevêchette perchée près de la chevêchette. Les bras enroulés autour de ses genoux, elle se tient là, immobile, observant ce dernier ballet des flammes. Bientôt, les serviteurs viendraient réanimer la braise. Bientôt, le château se réveillerait. Bientôt, il lui faudra affronter le premier jour du reste de sa vie, l'affronter lui, ce faon dont elle a fuit les draps il y a quelques heures déjà. Toute cette longue nuit durant, a-t-elle été incapable de trouver sommeil, si ce n'est quelques courtes somnolences. Pas en sa compagnie du moins. Pourtant, le faon n'a-t-il point été violent à son égard, bien loin de là même, s'est-il montré patient et sans doute également doux à son égard: car malgré toutes ces appréhensions et craintes qui avaient agitées son esprit et agités ses membres, n'a-t-elle point été aveugle aux effort qu'a fait le faon dans l'espoir de parvenir à l'apaiser. Certes, ces efforts n'ont-ils point été couronnés de succès, la crainte de l'inconnue ayant accompagnée la chevêchette à chaque instant, et pourtant... pourtant, elle lui est reconnaissante d'avoir du moins cherché à lui rendre cette étape plus facile. Et peut-être est-ce grâce à ces intentions du faon que cela a été moins horrible qu'elle ne l'a imaginé. Du moins, cela a-t-il été bien moins douloureux qu'elle se l'est imaginée après avoir reçu les confidences des femmes-chouettes. Non, la douleur, elle pourrait vivre avec, n'est-elle point si forte. Mais bien plus difficile à accepter pour la fière fille des chouettes est ce sentiment d'être salie, utilisée, en entendant le Cafferen aux armes récemment ressoudées visiblement apprécier cette étreinte! Cela a été si... rabaissant. Au point qu'elle n'a point pu le regarder de nouveau dans les yeux une fois la besogne effectuée, se contentant une fois le faon décollé d'elle de remonter ses draps pour voiler sa nudité. Et une fois le faon endormi, s'est elle faufilé du lit pour se vêtir en silence - et depuis, est-elle assise ici, ne pouvant se convaincre de retourner sur cette couche qu'elle doit désormais partager avec le faon. Pas tant que la preuve de son pêché teinte encore les draps de rouge. Car plus encore que la perte de son pucelage, c'est cette unique question qui la peine: les Sept se montreront-ils magnanimes à son égard, ou devra-t-elle sentir leur colère pour s'être ainsi adonnée à un homme ? Un homme dont, aux yeux du monde peut-être, elle porte le nom depuis quelques heures, mais qui, aux yeux des Dieux, n'est point son époux ? Et comment pourrait-il l'être, après cette dégradante facétie qu'a été la soit-disant cérémonie scellant leur union ? Cela a été si humiliant que de se tenir là et de devoir écouter le charabia d'un charlatan de rouge vêtue -  devant sa famille de plus est. Et si cela n'a point été assez humiliant déjà, il a également fallu qu'il y ait dans l'assemblée sans doute un des plus influents hommes du Royaume, ou du moins un qui un jour le deviendrait. Plus humiliante peut-être même que cette seconde partie, plus intime, de la cérémonie qui a suivie plus tard, une fois la lourde porte de bois menant à la chambre conjugale fermée derrière le si récent couple. Et à cette pensée, une fois de plus, la chevêchette mords sa lèvre, tentant ainsi de contrôler déception et honte qui menace de lui faire monter les larmes aux yeux. Mais elle refuse de pleurer. Pas ici. Pas maintenant. Pas pour quelque chose que tant d'autres femmes ont déjà traversé. Elle est plus forte que cela. Elle est une chouette de Bosquebrume, et elle compte bien faire honneur à ce nom qu'a été le sien depuis sa naissance - bien que la journée de hier l'a privé également de ce dernier. Et face à ces réalités qui la heurtent de plein fouet, face à toutes ces craintes de devoir désormais partager une vie avec une homme qu'elle ne connait point, mais au sujet duquel elle a entendu des paroles si peu flatteuses, elle a l'impression d'étouffer, la chevêchette. Elle a besoin de sortir de cette pièce. Avant que le faon ne se réveille et qu'elle doit lui faire face. Avant que des domestiques ne soient envoyés avec pour humiliante tache de recueillir les draps pour preuve de la consommation de ce mariage.

Délicatement, la cadette des chouettes se redresse et entreprend d'enfiler une de ses plus simples robes, une des rares qu'elle est en mesure de fermer elle-même. Mais à peine attrape-t-elle la cape épaissement fourrée pour se protéger du froid hivernal l'attendant dehors, un bruit provenant de la couche commune la fait sursauter. Inquiète, c'est au-dessus de son épaule qu'elle regarde, la chevêchette, alors que sur la pointe des pieds perchée, elle quitte cette chambre qu'elle devra apprendre à appeler sienne, laissant derrière elle le faon au sommeil agité.

Bientôt, le neige crispe sous ses pieds et le glacial vent hivernal caresse son visage marqué par le manque de sommeil, et pourtant, continue-t-elle à marcher dans la cour, dans but visible. Encore et encore tourne-t-elle en rond, ralentissant, hésitant... uniquement pour entamer un autre tour. Elle sait où elle veut aller. Elle sait ce dont plus que jamais, elle a besoin à ce moment précis. Et pourtant, à chaque fois qu'elle s'approche de son but, ses pas ralentissent jusqu'à arrêter. Y a-t-elle encore le droit de s'y rendre? Elle qui a pêché en s'allongeant avec un homme qui n'est point son époux aux yeux des maîtres de ces lieux, comment peut-elle espérer être la bienvenue ici ? Et à chaque fois que ses pas la ramène à cette petite septe, une voix semble lui souffler comment elle pouvait avoir l'audace de venir ici, alors qu'à ce moment précis, elle pourrait déjà porter en elle l'enfant du faon. L'enfant d'un adorateur des flammes. L'enfant d'un homme à double face...

Elle déglutit, la chevêchette, tentant de bien rapidement chasser cette idée de son esprit, alors que ses mains resserrent d'avantage les fourrures autour de ses frêles épaules. A ce futur, elle n'a nullement envie de penser. Elle veut juste oublier. Oublier cette réalité qui, pour l'instant encore, ressemble à un mauvais rêve duquel elle ne peut se réveiller. Frottant de ses mains ses yeux fatigués, profondément elle inspire, la chevêchette... avant de finalement rassembler son courage. Lentement, elle s'ouvre, la lourde porte de la septe, grinçant, protestant bruyamment contre le manque de fréquentation qu'elle a pu depuis que la folie rouge ne sévisse à Bourgfaon. Ou proteste-t-elle contre la présence d'elle, la chevêchette? Non, ce serait folie que de croire cela, n'est-ce pas ? Lentement, elle avance, la chevêchette, hésitante. Vers quel visage des Sept peut-elle se tourner désormais ? Toujours, ses prières se sont adressées à la Jouvencelle... mais comment peut-elle espérer être assez méritante pour s'adresser au plus pur des visages divins ? Mais alors que la petite chouette se tient toujours là, hésitante, un courant d'air met à mal les quelques bougies éclairant ces lieux. Sous les flammes vascillantes, la si jeune mariée rapidement referme la lourde porte derrière elle - et ce n'est qu'une fois que cette dernière une fois de plus ne rompe le silence de part son grincement que son regard ne tombe sur une silhouette pourtant uniquement à quelques pas d'elle.

« Je... je suis désolée. Je ne voulais pas interrompre votre prière - je ne vous avais pas vu. » murmure-t-elle à voix basse, ne souhaitant point interrompre d'avantage la prière de cette inconnue qui, pour l'instant encore, lui tourne le dos. « Cela vous gêne-t-il si je me joins à vous ? » demande-t-elle, d'une voix hésitante, alors que son regard fatigué se perd sur l'effigie de la mère. N'est-ce point là la déesse à laquelle elle est désormais censée adresser ses prières ? Et pourtant, pour la première fois de sa vie, semble-t-elle incapable de prier: comment peut-elle demander courage aux Sept, alors qu'au fond de son cœur, elle sait qu'elle ne mérite point leur bénédiction ? Et pourtant, s'agenouille-t-elle, espérant  dans la présence de cette étrangère trouver réassurance et courage pour oser s'adresser aux Sept, elle qui est si peu méritante de leur attention.
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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
A tous ces mots qui s’envolent sans jamais s’ancrer dans l’esprit.
A toutes ces paroles qui n’ont pas pu se concrétiser.
A toutes ces idées qui nous ont échappé, bien qu’elles nous aient illuminées.
A toutes ces prières qui n’ont jamais été exaucées.
Clarysse remuait ses lèvres et tentait, tant bien que mal, de se convaincre de pouvoir oublier toute cette souffrance qui la maintenait éveillée depuis plusieurs lunes. Cette souffrance qui l’abimait. Celle-ci même qui l’empêchait de se sentir totalement dans le présent hivernale. Celle-là qui rendait chaque instant amer et dénué de saveurs. Celle-ci qui grossissait son cœur de façon intempestive et incontrôlable. « Faite que je l’oublie. » suppliait-elle, encore et encore.

Sa prière était si intente qu’elle ne sentit pas approcher la jeune lady. Seul le son de sa voix réveilla la Bieffoise de sa transe. Cette voix, Clarysse ne la reconnut pas immédiatement. Cette fois-ci, elle avait perdu toute sa force avec laquelle elle avait prononcé ses vœux devant l’autel païen. Désormais, elle possédait l’accent d’une jeune fille. Non, Clarysse en était certaine, dans la tessiture de cette voix, il y avait quelque chose de femme. Un déchirement que seule les jeunes mariées peuvent connaître. Shoren Mertyns, tout juste Cafferen, se tenait devant elle, sincèrement désolée d’interrompre le culte d’une dévote.

La jeune blonde sursauta. Un peu trop fort, peut-être, car elle failli s’ébranler avant de reprendre son équilibre. Cet élan était induit par un nombre de facteurs incalculable, qui submergeait déjà la Bieffoise. Elle n’était pas venue féliciter les jeunes mariés après l’étrange et déstabilisante cérémonie de R’Hllor. Désormais, la jeune chevêchette se trouvait être son hôte, autant qu’Arstan ou Tavish. Ce manque de respect n’était pas digne, encore davantage lorsqu’on porte le besoin de bien paraître à la terre des fleurs. La réponse de Clarysse arriva donc sèche aux bords de ses lèvres. Elle racla un peu avant de pouvoir répondre dans un murmure strié par le malaise.
« O… Oui… Bien sûr. »
La nouvellement Cafferen prit donc place à ses côtés, elle aussi, à genou. Clarysse fit mine de reprendre sa prière, fermant de nouveau les paupières. Dans le noir d’une méditation, la jeune Varnier put sentir l’âme de la nouvelle épouse de son amour de jeunesse. Son aura ne dégageait ni la force ni la détermination dont elle avait fait preuve lors du mariage de la veille. Désormais, l'énergie qui sortait du corps de la nouvelle Cafferen était celle d’une jeune fille déchirée… déracinée… déstabilisée. Clarysse se sentit gênée de déranger cette mariée dans le premier recueillement de sa nouvelle vie. Réellement, elle ne se sentait pas à sa place. Elle avait tant désiré que ce mariage n’est jamais lieu qu’elle ne se sentait pas de pouvoir adresser quelques paroles réconfortantes à une femme qui change de maison et, avec cet étrange mariage, de foi. Ses yeux s’ouvrirent, cachés par ses cils et son regard baissé, afin d’observer la chevêchette devenue faon. Elle ne semblait vraiment pas respirer le bonheur. Clarysse se doutait déjà qu’elle devait faire partie des Mertyns qui n’acceptaient pas R’Hllor comme dieu. Dès lors, elle en eut la certitude : cette jeune fille souffrait de ce mariage. Comment est-ce possible, alors qu’elle, Clarysse de la Nouë, aurait tant aimé demeurer ici, à Bourgfaon, pour toujours… non loin d’Herbeval, et devenir Cafferen.
En réalité, la cérémonie d’hier avait démontré à la jeune blonde que rien n’était simple.
Le destin était ironique pour tous et les dieux étaient cruels, car ils étaient des dieux. Cette sentence, elle s’en empreignait chaque jour davantage, se rendant compte qu’elle n’avait pas eu de traitement de faveur, comme tous les autres.
Pourtant, malgré cela, Clarysse ne pouvait s’empêcher de trouver une forme d’ingratitude à ne pas apprécier s’unir à Tavish : ce chevalier si adorable, cette âme si pure, cet esprit qu’elle aimait. Non, ce n’était pas normale de ne pas se sentir heureuse d’épouser celui qu’elle désirait. Elle aurait tout donner pour que ce soit sa place.

La Bieffoise se leva ; un peu brusquement. Son corps qui n’avait rien ingéré depuis quelque temps déjà, lui fit défaut. Elle tituba et fit tomber un chandelier. Heureusement, la flamme s’éteignit sur la pierre froide, mais la jeune femme se brûla avec la cire chaude.
« Aïe… » lâcha-t-elle en se remettant droite.
Une fois son équilibre retrouvé, Clarysse prit conscience de s’être fait remarquer par la nouvelle dame de Bourgfaon. Son regard azur, apeuré, fixa Shoren Cafferen.
« P… Pardonnez-moi. Je… Je ne voulais pas. » balbutia-t-elle, d’une pâleur que l’hiver accentuait. « Ne faite pas attention à moi, je ne voulais pas vous interrompre dans votre recueillement. Celui-ci est si important…Surtout après… »
Elle s’arrêta. Son regard se détourna. La Bieffoise était prête à s’enfuir, mais si elle pouvait rétrécir, elle l’aurait fait volontiers.
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Lune 7, semaine 4, 302
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Humble et pénitente, ainsi doit-on paraître devant les Dieux.
Voilà ce que n'a cessé de lui répéter la mère des chouettes depuis qu'elle a l'âge de prier - et pourtant, jamais cela ne lui a-t-il été plus simple de le laisser au seuil de la Septe, ce masque de la fière chouette qu'elle se plait habituellement tant à revêtir dans l'espoir de ressembler, ne serait-ce qu'un peu, à cet idéal qu'incarne à ses yeux son aînée. Digne, fière, et à l'esprit aussi acérée que les lames d'un guerrier, Mary Mervault possède tant de qualités dont la petite chouette ne peut que rêver - ou du moins, est-ce là l'esprit de la chevêchette gouverne alors qu'elle se trouve au plus bas. Pourtant, au contraire de ce qu'on laissé présager les paroles des femmes-chouettes, ce n'est point l'aspect physique de sa nuit de noce qui l'a mis dans un tel état. Non, contrairement à ce qu'ont laissé pressentir ces dernières, la douleur n'a-t-elle été que peu présente - à la place, est-ce bien plus cette inéluctable sensation que pour se tenir dans ces lieux, face à ces Dieux qui ont toujours gouvernée sa vie, elle est bien trop salie qui la tracasse. La tracasse au point même que, pour la première fois de sa vie, elle hésite avant d'entrer dans ces lieux sacrés.

Tout péché peut être pardonné à celui qui est pénitent.
Est-ce dans ce fondamental principe de la Foi que désormais elle doit désormais placer confiance et espoir - mais alors qu'elle s'agenouille aux côtés de l'inconnue, sa crainte face à la colère des Sept est-elle bien plus grande encore que sa foie en leur miséricorde face au péché. Mais si elle baisse la tête dans un geste qu'elle a pu commettre d'innombrables fois, aucune prière ne lui vient à l'esprit. Et puis, à qui peut-elle s'adresser ? A ce sujet, l'esprit de la chevêchette n'est-il que trop vagabond. Doit-elle s’adresser à la Jouvencelle, elle qui protège jeunes filles et vierges ? Elle n'en est plus l'une, ni l'autre depuis la nuit dernière. La Mère ? Elle qui est si bienveillante, peut-être éprouverait de la compassion ? Et pourtant, n'est-ce point là ce pourquoi habituellement, on s'adresse à elle. L'Aïeule alors ? Oui, voilà ce qui semble un bien meilleur choix, est-Elle source de savoir et de conseil. Mais malgré cette décision, les mots refusent-ils de s'aligner dans l'esprit de la petite chouette: ce dont réellement, elle aurait besoin, est bien du doux soutien d'une Septa ou d'un septon - mais de la première, n'y en a-t-il point à Bourgfaon, et le second point encore n'a-t-il pointé le bout de sa corne en cette heure matinale. Alors reste-t-elle là, immobile, écoutant son cœur tapoter dans sa poitrine en pensant aux Sept Enfers dont la traversée attend les pécheurs.

Finalement, est-ce un mouvement à ses côtés, suivis du tintillement de métal qui, en un sursaut, tirent la chevêchette des ténèbres de ses pensées. D'un geste lent, se redresse-t-elle, les membres paresseux après une nuit sans repos, avant de poser sa main sur le bras de l'inconnue, cherchant là à la soutenir avant qu'elle ne fasse malaise. « Est-ce vous ne vous sentez pas bien ? Laissez-moi vous aider, je vous en prie. » La voix de la petite chouette est douce, compatissante, et alors qu'elle cherche à venir en aide à celle qui partage sa Foi. « Ne vous inquiétez pas, ce n'est rien. » D'un geste fatigué, se baisse-t-elle pour ramasser le chandelier pour le reposer à sa place, une fois qu'elle s'est assurée que son interlocutrice ne parvienne de nouveau à se tenir sur ses pieds. « Quand à mes prières, ne vous en faites pas: elles ne sont jamais réellement terminées et ne sauraient se résumer uniquement à ces moments de recueil devant les effigies de nos Dieux, ne pensez vous pas?  » Si les prière formelles peut-être sont formulées dans ce lieu de recueil et de culte, l'influence de Sept ne saurait-elle se limiter à cela : les Dieux sont-ils là, dans le cœur et l'esprit de leurs fidèles, les accompagnant partout où ils aillent. Cernes et traits crispés sont peut-être encore les messagers de ce malaise qui habite la si récente épouse, et pourtant, lorsqu'elle s'adresse à la jeune blonde qui lui fait face, du moins les tremblements agitant plus tôt sa voix ont-ils disparus. Non, du moins partiellement a-t-elle regagné l'apparence de la fière chouette que tant elle cherche à se donner en temps normal. « Peut-être me permettriez-vous de vous accompagner au château ? Je me sentirais plus sereine en vous sachant au chaud et avec les vôtres.  » Qui qu'elle soit, certainement serait-elle bien mieux au coin d'un feu, un bol empli d'un chaud breuvage entre ses mains - et pour un instant, la chevêchette regrette-t-elle que la vieille Marilla, une servante au service de sa famille depuis aussi longtemps qu'elle ne puisse s'en souvenir, n'est point du voyage, car une de ces infusions à bases d'herbes dont seul elle a le secret certainement aurait su redonner un peu de couleurs à la jeune noble se tenant aux côtés de la chevêchette. Car à la lueur des bougies, le visage de celle-ci semble-t-il si fin, ses traits si marqués, comme si elle venait tout juste de se remettre d'une longue maladie... « Je suis désolée, mais je ne semble pas pouvoir me souvenir de votre nom.  » souffle-t-elle, la chevêchette, quelque peu gênée. Au cours de cette dizaine de jours passés à Bourgfaon, certainement a-t-on du lui présenter cette blonde dans les yeux de laquelle semblent se refléter tristesse et mélancolie -  mais doit-elle bien avouer que face à cette petite troupe de personnes présentes dans la tanière des faons, elle semble bien incapable de se souvenir de tous les noms.

(c) DΛNDELION

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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
Impossible de se souvenir de la personne qui avait pu lui souffler que la tête ne fût pas la seule à devoir être nourrit afin de conserver un esprit clair et digne de ce nom. Peut-être avait-elle entendu cela d’un mestre de la Citadelle qui se trouvait là lors d’un de ces pèlerinages à Villevieille. Ou bien était-ce sa Mère qui lui avait inculqué cette idée alors qu’elle refusait de se nourrir pour plutôt jouer dans les jardins davantage de temps. « Il faut manger ma fille, ensuite tu te divertiras. ». Le corps n’est pas l’esprit, mais il le maintient en vie. En ces périodes douloureuses, durant lesquelles l’on souhaite faire éteindre ses pensées, pour les faire disparaitre, rien de tel que de commencer par faire disparaître son corps. S’assassiner pour ne plus avoir à exister, car cette existence nous est devenue insupportable. Voilà ce que, inconsciemment, Clarysse avait fait. Sautant les dîners pour ne pas côtoyer ce frère qui l’avait arraché au bonheur. Mettre en place une collection  d’excuses afin d’éviter la compagnie qui nous confronte à cette vie qui ne possède plus aucune saveur. « Je n’ai pas faim, je ne prendrais qu’un bol    de soupe dans chambre. Je ne descendrais pas. » prétextait-elle depuis presque une lune. Ne plus laisse cet esprit vagabond  la ramener, comme une boucle qui ne peut se briser, au sujet de ses tourments : le mariage. Ne plus penser à ces hommes qui l’avaient déchirée, détruite et volée cet état de Jouvencelle dans lequel elle se sentait si bien. Cette spirale infernale qui l’avait si affaiblie dans une période où les forces de la nature préparaient déjà l’Enfer pour les plus faibles, Clarysse jouait avec la mort. Pourtant, que les Sept lui en soient témoins, elle s’était enfermée sans aucune anticipation dans ce danger. Bien entendu, c’était elle qui avait choisi de ne se nourrir que de cette corne d’abondance d’inquiétudes et de dépression. Comme si elle était incapable de s’en relever ou de puiser une force de joie de vivre. Inconsciente, elle s’était mise en position d’attendre le messager   de la mort.

Ainsi, après ces jours sans bien se nourrir, dans cette stratégie d’évitement, l’inévitable se passa. Apercevoir celle qui avait su prendre possession de sa vie quasiment idéale lui procurait une émotion trop forte. Se relevant trop rapidement, la Bieffoise ne pouvait plus fuir. Elle avait frôlé le malaise et perdu l’équilibre.
Alors, la rivale lui tendit la main. Clarysse y voyait la main d’une sœur de souffrance dans cette existence féminine contrainte. Alors, son cœur se serra davantage. Culpabilité, errance, fatalité, comment avait-elle pu ressentir de la jalousie ? Insupportable réalité, que j’aimerais voir derrière ton voile ! Enfin, la Bieffoise se l’avouait. Elle avait désiré éteindre toutes ces pensées et se complaire dans ce malheur. La Faute demeurait encore sienne. Dans un tremblement, la Pénitente accepta cette main tendue.
Le Septuaire s’était embaumé des herbes qui étaient placées là si certains fidèles avaient voulu se placer dans des conditions de prières plus fortes. La baisse de luminosité accentuée par la chandelle renversée ajoutait également au caractère sacré du lieu. Les deux jeunes femmes se trouvaient dans une bulle temporelle où elles se rencontraient pour un échange sous le regard du divin.

Clarysse se trouvait à nouveau droite, bien que chancelante. La phrase pleine de vérité que lui lança Shoren, désormais, Cafferen, au sujet des prières, la poussa dans un dernier retranchement. Son regard ne pouvait s’empêcher de s’embuer légèrement. Peut-être que la chevêchette l’apercevrait, la fleur d’Herbeval le craignait. C’est pourquoi, elle détourna le regard et se mordit la lèvre inférieure. L’assurance et la sagesse de son interlocutrice la toucha légèrement. Qu’est-ce qu’elle aurait voulu être si forte, surtout à l’âge de Shoren… Pourtant, son hypersensibilité et sa volonté paresseuse lui jouaient encore des tours. Résultat de cette enfance trop dorée à Herbeval ? Peu importait le passé. Désormais, elle ne faisait plus partie de la petite troupe d’enfants jouant, s’entraînant, et vivant ce beau printemps à Herbeval. Elle était Varnier et Tavish également marié. Clarysse acquiesça d’un signe de tête.
« Vous avez sûrement raison. » dit-elle d’une petite voix, le regard encore baissé.

L’épouse de son aimé se montra agréable, ce qui tordit davantage les entrailles de l’envieuse. Elle ne pouvait la regarder dans les yeux.
« Ne… Ne vous en faites pas pour moi, lady Mer-… Cafferen. » rectifia-t-elle. « Je vais me débrouiller seule. Et je ne désire pas rejoindre les miens trop tôt. Je les rejoindrais pour le départ. »
C’est avec franchise et hésitation qu’elle répondait, la nervosité la faisait tapoter incessamment sa douce hermine. Cet état confus lui avait fait lâcher la vérité. Elle ne voulait pas retrouver Elbois. Il ne savait pas encore pourquoi sa sœur l’évitait ainsi depuis une lune. Et, la nouvellement Varnier ne se sentait pas prête à le confronter. Déjà parce qu’elle savait qu’il aurait mille arguments, et de raisons, pour justifier le refus qu’il avait posé à Tavish de la prendre pour épouse. Arguments que Clarysse sauraient totalement raisonnés et qu’elle ne pourrait contrer. Son état était loin d’être dû à la raison, mais bien au cœur. Objectivement, il était certain que le mariage de la Nouë-Varnier était une union plus qu’avantageuse. Réellement, Clarysse ne possédait pas la force pour cette confrontation. Elle rejoindrait sa famille sur le bateau, s’enfermerait dans sa cabine, comme pour l’aller, et après un repos mérité dans le fief de son enfance, elle repartirait en direction de Midburg. C’était seule qu’elle avançait désormais. Bien entendu, elle serrerait Orys et Syméon dans ses bras, mais Elbois n’aura pas ce gage d’affection. La part des choses ne pouvait être faite pour l’instant.

Se présenter… La Bieffoise n’en avait aucune envie. Si Tavish avait parlé d’elle à son épouse, alors, de son air déçu, Shoren pourrait déduire le mauvais dessein qu’elle dissimulait ; ces souhaits impies qui l’habitaient encore… La gêne et la détresse se révélèrent sur son visage. « Je… »
Refuser serait davantage suspect. Prise de court, elle espérait que sa timidité et son précédent malaise ne pousserait pas la nouvelle épouse à s’attarder trop sur le cas « de la Nouë ». Peut-être même ignorait-elle que son chevalier avait fait l’écuage à Herbeval. D’une voix crispée, elle lâcha le morceau :
« Je… Je suis Clarysse Varnier. Je suis venue avec ma famille, les de la Nouë. Nous vivons dans le Bief, dans le fief voisin à Bourgfoan. C’est en qualité d’alliés proches de Cafferen que nous sommes présents ici. »
Mariages, enterrements, enfants, les Cafferen et les de la Nouë avaient beaucoup partagé. Il était possible que l’amour entre Tavish et Clarysse diminue cette amitié pour la génération suivante. Elbois s’étant brouillé avec son meilleur ami, Clarysse sentant qu’il fallait prendre ses distances avec son amour de jeunesse, il est clair que l’insouciance du printemps était loin, désormais.
Maintenant, il fallait se confondre en excuses pour ne pas être restée au mariage et ne pas avoir présenté ses félicitations aux nouveaux mariés. La Bieffoise prit un peu plus d’assurance et leva son regard chamboulé vers Shoren.
« Vous ne me reconnaissez pas car j’ai dû quitter les festivités juste après les cérémonies. Veuillez m’excuser. Mais, toutes mes félicitations. » dit-elle si rapidement que ces mots lui semblaient avoir été arrachés.
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Entre déracinées
Lune 7, semaine 4, 302
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Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Une mine impassible orne le visage de la chevêchette, mais alors qu'elle cherche à porter soutien et aide à cette inconnue, elle ne peut qu'espérer que ses plumes ébouriffées sauront aujourd'hui encore voiler ce qui réellement agite son cœur et son esprit. Après tout, n'est-elle point une jeune mariée, épouse d'un homme que beaucoup qualifieraient d'agréable au regard ? L'épouse d'un héritier, issue d'une famille supérieure à la sienne, aussi bien en richesses qu'en influence - alors ne doit-elle point paraître si ingrate aux yeux des convives s'ils venaient à la voir dans un tel état ? N'est-ce point là une idéale alliance à première vue du moins ? Après tout, ne sont-ce là uniquement des amis du faons, des personnes qui ont fini par faire abstraction de ces si peu flatteuses origines de son époux - mais après tout, n'est-il point aisé à en faire de la sorte lorsqu'on n'est point celle qui, toute sa vie durant, devra certainement subir bien des remarques et rabaissements à ce sujet ? Et même si les Sept se montrent assez gracieux pour pardonner ce péché commis la nuit dernière avec un homme dont elle partage peut-être le nom sans pour autant qu'il ne soit son époux aux yeux des Sept, et que la Mère leur accorde cet héritier tant espéré des faons, alors ce dernier devra-t-il également subir de telles remarques - après tout, ce sang d'une roturière sans la moindre vertus également coulera dans les veines de ce dernier. Et si cette vision d'un futur où elle sera exposé à bien des moqueries pour un choix qui n'a point été le sien n'est pas assez déplaisant déjà, faut-il également que ce dernier en plus soit un homme ayant trahi le plus sacré des serments. Et comment pourrait-on faire confiance à un homme s'étant même détourné des Dieux pour se tourner vers des charlatans ? On ne le peut - et est-ce là une leçon que lui a appris le Rapace, un autre de ces opportunistes ayant tourné au rouge: ce dernier a-t-il bien pris soin de voiler la religion des faons jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard, jusqu'à ce que ces derniers déjà ne se trouvent à Bosquebrume et que les fiançailles aient été annoncées. Mais si les charlatans de rouge vêtus et leurs suivants aux esprits trop paresseux pour déceler leurs mensonges n'inspirent mépris et dégoût à la petite chevêchette, ce sont les confidences d'une ancienne Cafferen qui font parcourir de tremblements ses frêles membres. Des confidences qui ne font qu'allonger d'une longueur alarmante la liste des défauts du faons... Mais sont-ce bien là des pensées qu'elle ne peut se permettre - pas maintenant en tout cas. Pas en compagnie. Pas lorsque déjà, elle nécessite toute sa force pour maintenir une digne apparence et ne point laisser paraître ses craintes. Au sujet du faon. Au sujet de la nuit qu'ils viennent de passer - et de celles qui viendront. Et pourtant, ne faut-il que deux petits mots, que de cinq courtes syllabes, pour que le corps tout entier de la petite chouette ne se crispe : Lady Cafferen. Un titre qu'elle sait désormais être le sien - et lequel pourtant, ainsi prononcé à voix haute, a l'effet d'un coup de fouet. Ainsi est-ce donc réellement fait: ce titre que jamais elle n'a désiré est bien le sien. Elle est désormais épouse - et ce dans tous les sens du terme. « Appelez moi Shoren, je vous prie. » souffle-t-elle, ne parvenant cette fois point à cacher son inconfort face à cette appellation si nouvelle - si définitive. Comment un simple nom peut-il à lui seul signifier la fin de tant de choses ? La fin de son enfance. De son innocente vie à Bosquebrume. De la vie au sein de cette famille qui l'a vu naître. De tous les illusions qu'elle a bien pu se faire sur sa vie future.

Avec peine, déglutit-elle, alors que sa gorge de plus en plus se sert. Quand reverra-t-elle sa famille ? Sa soeur, Mary ? Quel âge aura cet enfant que cette dernière porte, avant qu'elle ne le verra ? Après tout, la distance séparant Bosquebrume et Graine-de-Pluie de Bourgfaon n'est point négligeables, leur a-t-il fallu un peu plus de trois semaines pour arriver à destination... et certainement ne lui autorisera-t-on point si rapidement de s'absenter pour une si longue durée. Seules les noirs ailes des messagers lui porteront-elles nouvelles de sa famille dans les lunes à venir - une perspectives des plus déprimantes pour la petite chouette, alors qu'à l'heure actuelle, c'est toujours à Bourgfaon que réside sa famille. Ou devrait-elle dire, sa famille de naissance désormais ? Car sa famille, depuis hier, ce sont ces faons dont désormais elle porte le nom - sur le papier du moins, si ce n'est point dans son cœur. Mais est-ce bien là une vérité qu'elle ne peut se permettre d'avouer - si bien qu'une fois de plus, c'est sur sa si frêle interlocutrice que se porte son attention, détournant de ses propres tracas son esprit. « Alors laissez-moi du moins m'assurer de vous voir rejoindre un endroit plus chaud - je ne souhaite pas m'imposer, et je vous promets qu'après je vous laisserais retourner au silence et à la solitude si tel est votre souhait. Seulement ma conscience sera bien plus tranquille si je vous savais au chaud... » Point ne veut-elle se montrer trop insistante, la chevêchette, mais dans les traits si maigres et l'allure chancelante de son interlocutrice trouve-t-elle quelque chose d'inquiétant. Quelque chose qui, pour l'espace de quelques instants du moins, lui fait oublier tout ce qui jusqu'à présent occupait son esprit vagabond. Non, pour la première fois depuis son mariage, pense-t-elle à autre chose que ses propres angoisses, et cesse-t-elle de dépeindre dans son esprit l'enfer que sera sa vie ici, si loin de Bosquebrume et des siens. « De la Nouë... » repète-t-elle, songeuse, la petite chouette, avant que cela ne semble lui revenir. « N'est-ce pas auprès de votre famille que... 'mon époux' est la logique suite de cette question, et pourtant, ces mots refusent-ils de franchir le bec de la petite chouette. Alors se tourne-t-elle vers une bien plus neutre tournure. ... Ser Tavish a effectué son écuyage ? » A vrai dire, n'est-elle plus entièrement sur du nom de cette famille bieffoise qu'il lui a pourtant évoqué - mais en vue du faible nombre de convives d'autres région, n'y a-t-il point besoin d'avoir du bol pour faire ce rapprochement. « Mais ne vous excusez point, Lady Clarysse - si vous pouvez me pardonnez d'être aussi franche, je dois bien avouer qu'en vue du nombres de convives qui m'étaient inconnus, je n'aurais su dire avoir entendu nous féliciter. Surtout que ces félicitations, ne désire-t-elle point les entendre, symbolisent-elles d'avantage encore la finalité de cette union. Une pensée qui tant serre sa gorge que même si la petite chouette tente de donner à sa voix un ton digne, ce dernier se veut quelque peu tremblant sous l'émotion. Vous voyez, n'y a-t-il donc rien à pardonner. Et si je ne peux parler pour Ser Tavish, j'imagine qu'il doit être heureux de vous savoir ici, avec votre famille. » Des paroles qui pourtant, à peine prononcées, laissent la petite chouette se sentir bien stupide : qui est-elle donc, pour parler au nom d'un homme dont elle ignore tout, alors que son interlocutrice le connait bien mieux qu'elle, grâce à de nombreuses années vécues ensembles ? «  J'ose espérer que vous vous portez mieux qu'hier ? » Oh, sait-elle que ce n'est certainement point là le cas, a-t-elle bien vu la bieffoise perdre équilibre quelques minutes plus tôt. Non, cette question est-elle bien plus rhétorique, cherchant à montrer à cette dernière une fois de plus que nullement, elle ne lui en veut pour son absence - et en même temps, lui donnant la possibilité de clore le sujet si tel est son désir.

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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
Comme j’aurais aimé avoir cette force.
Se dit Clarysse en observant, de ses yeux embués de fatigue, le visage angélique de la nouvelle Lady Cafferen. La Bieffoise le savait, elle venait de vivre son propre déchirement il n’y a à peine quelques heures. Pourtant, elle était là, pénitente face à ses dieux, qui ne sont pas ceux de son époux, droite et impassible. Tavish avait dû être le plus attentionné et exquis des hommes. Peut-être était-ce là la cause de l’étrange force qui émanait de cette jeune fille devenue femme. La Jouvencelle n’avait pas dû être assassinée, mais bel et bien accompagnée par l’aimable Tavish, vers l’état de mère. Il n’y avait pas d’autres explications… Sinon… Cela revenait à admettre que…
Je suis bien moins forte que cette femme.
Lady Shoren Cafferen possédait un visage plus jeune et plus frais que le sien. Son teint laiteux trahissait sa récente sortie de la puberté. Ses traits fins et saillants donnaient l’impression qu’elle n’avait pas encore été abimée par le temps, ne serait-ce qu’à peine frôlée. Une beauté caractéristique et une prestance distinctive, Clarysse se sentait quelconque face à cette jeune fille qui ferait, quoiqu’il en soit, une meilleure épouse qu’elle. Une partenaire idéale pour Tavish qui devra appuyer son autorité sur des racines tangentes et faire face aux vives critiques vis-à-vis de son choix religieux. Lady Shoren avait les épaules. Son regard dur et droit l’affirmait. Clarysse se trouvait incapable de le soutenir. Elle qui n’avait su dissimuler sa faiblesse à Midburg et qui fut renvoyer dans son fief natal par son époux. C’est elle, qui mériterait les Sept Enfers la première, et non ce couple convaincant qui avait pourtant blasphémé par une union des plus barbares. Comment ne pas faire usage de sympathie et de familiarité avec une si jeune hôtesse qui souhaitait qu’on l’appelle par son prénom.
Elle est parfaite.
« Comme vous voudrez, lady Shoren. » accepta Clarysse, même si elle sentait que l’impressionnante Shoren avait également buté sur l’appellation Cafferen. La Bieffoise mit cela sur le fait que le mariage ne datait que d’un jour. Puis, elle baissa légèrement la tête. Réellement, elle était incapable de soutenir son regard.

Si attentionnée, elle saura prendre soin de mon Tavish… et de leurs enfants…
« Silence et solitude » : voilà son nouveau fardeau et lot quotidien. Pouvait-elle seulement l’accepter, elle qui était de nature si jouasse ? Déjà, depuis son premier jour en tant que Varnier, qui remontait maintenant à quelques lunes, elle faisait collection de ses moments d’isolement. Marginalisée et désespérément seule à Midburg, elle n’avait pas su tisser un lien avec un seul allié.
Heureux, il était certain que Tavish allait l’être. Même s’ils s’étaient tout deux avoués leurs sentiments respectifs, lui, il avait été légitimé, avait pu contracter un beau mariage malgré son ancienne condition, et avait dû passer à autre chose. Peut-être qu’il ne s’était même pas rendu compte de son absence aux festivités. Alors que pour elle, une absence pesait si lourd dans son cœur que son esprit en devenait mélancolique et vagabond. Elbois et lui ne devaient plus être en si bon terme depuis les dernières révélations… Non, finalement, réellement, tout était terminé. Aucun retour en arrière ne serait possible.

Alors, face à une Lady Shoren qui réitéra une marque d’attention à son égard, dans une émotion à son comble, Clarysse Varnier craqua brutalement. Elle ne put s’empêcher, après un tremblement, de fondre en larme.

« O… Oui, bien sûr ma Lady. C’est bien chez nous que Ser Tavish a fait son écuage. Nous sommes des amis d'enfance... » répondit-elle alors que des larmes commençaient à strier son visage et que son regard détourné cherchait à les cacher.
Le souvenir de ces douces années et de cette petite troupe berçait par les jeux innocents, ne fit qu’accentuer ses larmes qui finirent en sanglot. Il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir se reprendre et se confondre en excuses. Quel comportement faible et indigne d’une lady Varnier. Elle sentait, comme si il était présente, le regard bleu perçant de sa belle-famille l’acculant de reproche. Non, elle n’était pas forte. Ses yeux si tranchants prenaient tour à tour la forme de ceux de sa belle-mère, de sa cousine par alliance, puis de son époux…

« P… Pardonnez-moi. » parvint-elle à lâcher entre deux sanglots. « Je ne sais pas ce qu’il me prend. C’est incontrôlable. Je vais me reprendre. » Elle prit une ou deux respirations exagérées et saccadées afin de se calmer. L’odeur des herbes et de l’encens du Septuaire lui rappelait où elle demeurait.
« Quelle honte ! »  Lâcha-t-elle pour elle-même. « Dans le lieu de garde de nos Sept… Ils doivent me trouver bien paresseuse et indigne. Je ne possède ni sagesse ni force pour me laisser aller ainsi. Je bafoue leurs enseignements en me comportant ainsi. » Elle inspira et expira. Comme si ces respirations salvatrices se feraient messagères de la paix tant attendue.
« C’est que, les mariages ont souvent cet effet là sur moi. » mentit-elle à demi. Clarysse se surprit même à avoir pu détourner la réalité afin de ne pas avouer la véritable raison de son chagrin à Lady Shoren. Comment dire à une nouvelle épouse qu’on aurait voulu être à sa place. Qu’on a rêvé des années durant, de se trouver aux côtés de Tavish, même lorsqu’il était Storm. Comment dire à une épouse qu’on aime profondément et depuis longtemps son mari. Bien entendu, la situation était bien plus complexe que cela. Un flot d’émotions produisait cette perte de contrôle chez la jeune blonde. L’isolement, le mariage avec un époux distant, sa proximité avec sa famille, la trahison de son frère, l’assistance à une cérémonie barbare dans le fief des amis d’enfance, la compréhension qu’une page se tourne… Un lot de changements qui la bouleversait. Pourtant, comme elle aurait aimé que ce ne soit pas face à cette jeune et puissante rivale, à l’allure si distincte. Décidément, elle admirait tant cette lady Shoren pour une forme de courage qu’elle ne possédait pas, qu’elle n’arrivait même pas à la détester.

Clarysse reprit une posture un peu plus droite malgré sa silhouette affaiblie. Elle sécha d’un geste qui aurait presque pu paraître gracieux ses larmes d’un coup de manche d’hermine. Puis, dans un dernier mouvement, tel une chorégraphie orchestrée par le devoir, elle inclina la tête.
« Je suis désolée, encore une fois pour ce spectacle. Merci de votre sollicitude. De toute évidence, je ne vais pas mieux qu’hier soir, je suis encore à fleur de peau. J’accepte que vous me raccompagniez jusqu’au château. Je vais tenter de me retirer. »
La Bieffoise se sentait encore si affaiblie et si honteuse de son impudique sanglot, qu’elle devait accepter la main tendue de Lady Shoren.
« C’est votre jour. Vraiment désolée de vous l’avoir accaparé ainsi. »
Faites qu’elle ne le répète pas. Surtout pas à Tavish…
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Lune 7, semaine 4, 302
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Imperceptiblement, se serrent-elles, les lèvres de la brune, alors qu'elle cherche à enfuir de nouveau derrière le masque de fière chouette l'enfant déboussolé que pourtant elle est. Car cette vérité-là, personne ne souhaite la voir - ou du moins aucun des convives ici présents. Tous amis avec les faons, pensent-ils certainement qu'elle se doit d'être une mariée resplendissante, heureuse à l'idée de rejoindre cette famille plus riche que la sienne – pécuniairement parlant du moins, car n’est-il que trop évident qu’en matière de fierté, la balance s’inverse : après tout, le Seigneur des faons ne semble point avoir de remords à rendre publique ses aventures dans les bras d’une catin, affiche-t-il si fièrement cette bâtarde issue de cette union. Même lors des célébrations. Même l’installe-t-il à la table des nobles lorsqu’est des leurs une aussi illustre compagnie que celle du plus riche héritier des Sept Couronnes – mais n’est-ce finalement là qu’une des humiliations dont elle a fait collection hier. Car comment peut-on lui demander d’être heureuse de voir à jamais teinté son nom par une alliance avec un homme aux armes si récemment ressoudées ? De sourire, sachant que la cérémonie entière n’a été qu’une ridicule mascarade ? De respecter une union qui n’existe point devant les Dieu ? D’aller à l’encontre de sa conscience, de sa croyance même ? Pourtant, l’a-t-elle fait, s’est-elle pliée, pour l'espace d'une nuit, au rôle de l’épouse idéale, tremblements aux membres et serrement au cœur. Et même aujourd'hui, tâche d'elle de voiler déception et désarroi que sont siens face à cette autre invitée. Mais quel autre choix  a-t-elle? Après tout, ce nom des faons au son duquel pourtant son cœur s'est serré est désormais sien également - et lui a-t-on suffisamment inculqué l'importance de l'honneur pour qu'elle ne saurait piétiner sur ce dernier. Même lorsque ce dernier fait rimer son futur avec enfer si les confessions de parvenues à l'aînée des chouettes portées par des messagers ailés depuis le repère même des faons ne porte ne serait-ce qu'une once de vérité. Mais comment pourrait-on avouer à une étrangère cette crainte que son désormais époux ne soit qu’un ambitieux manipulateur sans grande conscience, surtout lorsque cette dernière vient de s’identifier comme étant une vieille amie du faon aux armes ressoudées ? Ou même l’avouer à quiconque ? Non, sont-ce là des craintes qu’elle devra à jamais renfermer dans  les ténèbres de son esprit, là où jamais personne ne pourra les voir.

Et pourtant, lorsque ses délicats traits se tendent, et que l’apitoiement de sur ce sort qu’est le sien envahit son esprit, les tremblements des membres de la bien fine bieffoise attirent son attention. Pendant un instant, son regard vague-t-il sur la maigre silhouette de la blonde, et reste-t-il posé sur ce visage auquel même les cernes tant marqués ne sauraient gâcher la beauté.  Si la chevêchette aurait été moins innocente, moins aveuglée par ses propres craintes et déception, peut-être les larmes de la blonde auraient semé dans l’esprit de la née-Mertyns des doutes d’une toute autre nature que ceux qui actuellement déjà la terrassent. Peut-être aurait-elle-même craint que dans le cas du faon, cette inconstance si propre aux hommes commencerait déjà aux débuts même de leur union. Mais perdue dans ses propres pensées, et surtout dans ces déceptions qu’ont été siennes lors des dernières 24h, l’esprit de la petite chouette est-il bien trop peu vagabond pour parvenir à de telles conclusions. Non, à la place, est-ce une certaine inquiétude qui bientôt s’exprime sur le visage de la chevêchette.

« Vous n’avez point de craintes à vous faire, je suis certaine que quelques soient vos raisons, la Mère, dans sa miséricorde, saura vous comprendre. » Avec douceur, ses doigts tapotent-ils le bras de la bieffoise, qu’elle tient toujours de crainte que celle-ci ne finisse par s’effondrer si elle venait à la lâcher. Et pourtant, alors qu’elle ne se montre bien peu paresseuse dans sa tentative de réconforter l’inconnue, la chevêchette ne peut-elle s’empêcher de remarquer l’étrange ironie que résonne dans ses paroles : elle-même a tant craint entrer dans ce lieu sacré, redoutant que les Sept tourneraient le dos à la pécheresse qu’elle est devenue – et pourtant, est-ce exactement cette miséricorde de ses Dieux à laquelle elle fait appel pour chercher à conforter une inconnue… Mais en même temps, le seul faux-pas de cette dernière est de dévoiler ses émotions devant les effigies sacrées, alors qu’elle, la chevêchette, est à jamais souillée. Souillée par un homme qui n’est point son époux aux yeux des seuls véritables Dieux – et toutes les herbes et encens du sanctuaire ne sauraient la laver de ce pêché. Mais alors qu’à cette pensée, les lèvres de la petite chouette se pincent, ainsi empêchées de trembler une fois de plus sous l’émotion, son esprit, lui, s’évade une fois de plus vers les verdoyantes forêts de son fief natal. Qui sait, peut-être n’est-ce là qu’un mauvais rêve, peut-être que bientôt, se réveillera-t-elle dans le nid des chouettes… mais la voix de la bieffoise qui à ce moment déchire le silence et assassine tout espoir futile que peut avoir eu la petite chouette. Distraite, observe-t-elle de nouveau les traits de la blonde dans lesquels se mêlent délicatesse et tristesse, sans pour autant comprendre les paroles de cette dernière. Les mariages la mettent-ils donc dans cet état ? Comment cela est-il possible ? Que l’on soit ému, voilà certainement ce qui peut se comprendre, tout comme des larmes de la mariée face ou suite à une telle épreuve. Mais c’est bien plus qu’émue qu’elle est, la bieffoise, ainsi secouée par l’émotion. Peut-être a-t-elle perdu son époux, et une nouvelle union ne lui rappelle que trop douloureusement cette perte ? Elle n’en a point la moindre idée, la chevêchette. La seule chose dont elle peut être certaine, c’est que grande doit être la douleur de la blonde pour ainsi se laisser aller – ainsi n’ose-t-elle poser d’avantage de questions, craignant que ces dernières ne feraient anéantir que les efforts de son interlocutrice pour regagner contrôle sur soi. « Ce n'est rien, ne vous en faites pas. » laisse-t-elle échapper. Comment pourrait-elle en vouloir à son interlocutrice alors qu'aujourd'hui de tous jours, elle n'est que trop soulagée à l'idée de distraire son esprit de ces nouvelles responsabilités qui sont siennes depuis la journée de hier, sans même parler de la soirée dernière. Des pensées qui, toute la nuit d'hier, l'ont gardée éveillée, au point que des cernes tant contrastent avec son teint pâle.

'MA journée ?' répète-t-elle dans son esprit. 'Ma journée ?' Le bieffoise se montre polie, de cela, la petite chouette en a-t-elle bien conscience - et pourtant, ces paroles font-elles monter en elle une certaine amertume. Sa iournée. Comment cela peut-il être sa journée si elle se doit de désormais vivre aux côtés d'un homme qu'elle n'a point désiré ? Un homme qui à tout moment pourrait dévoiler ce visage décrit par l'aînée des chouettes, et que la cadette craint déjà ? Sa iournée qui commence tout comme elle terminera par cette crainte de subir le châtiment des Sept suite à ce pêché qu'elle n'a point cherché à éviter, tiraillée entre devoir, peur de l'incertain et crainte du divin. Et en fin de compte, telle une lâche a-t-elle laissé la peur de l'incertain la dominer, laissant le faon prendre ce qu'il désirait avant qu'il ne perde patience et ne ne prenne de force. Pour cette lâcheté, certainement mérite-t-elle la colère des Sept... Déglutissant, la chevêchette tente de ravaler cette amertume qu'est la sienne, et par la même occasion, pince d'avantage ses lèvres encore, cherchant à cacher les tremblements de ces dernières. Pendant un bref instant, reste-t-elle silencieuse, le regard rivé sur la statuette de l'Aïeule, espérant qu'un jour, elle soit de nouveau digne pour recevoir d'elle conseil et soutien. Mais comment peut-elle s'adresser au Sept maintenant, salie par la nuit passée avec un homme qui aux yeux de ces premiers n'est point son époux ? « Peut-être... peut-être souhaitez-vous  voir le mestre ? Peut-être saura-t-il vous aider. » finit-elle par ajouter, forçant son regard à se poser sur la bieffoise. Mais son esprit, lui, ne se laisse point si facilement détourner, ni les craintes se maîtriser. Et la crainte des Dieux, elle, est bien des plus difficiles à apaiser, surtout dans le coeur de ceux ayant péché.

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Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
Nous bâtissons nos univers sur des croyances. Un palais de cristal qui donne sens à chaque principe, chaque colonnade de valeurs et chaque ferment de l’éducation que nous recevons. Sculpté dans notre culture, ce palais inébranlable nous offre un abri de sécurité et de stabilité. Sortir de cette zone de confort nous mène dans l’inconnu et peut nous plonger dans la frayeur.

Clarysse n’arrivait pas à sortir de la chambre de ses rêves. Cette pièce de petite fille qui avait conservé toutes ses aspirations. Désormais, qu’elle y avait été arrachée et qu’elle devait partager celle d’Ethan Varnier, l’affliction la consumait. Quelle honte d’offrir un tel spectacle à sa rivale et jeune mariée. Non seulement elle perdait toute fierté mais également son altruisme. Elle devrait porter le rôle de conseillère et créer un espace où, entre femmes, elles auraient pu se rassurer afin de se rendre plus forte pour ce monde d’hommes. D’autres avaient porté ce rôle pour elle alors qu’elle scellait son union à Midburg. Pourtant, la Bieffoise, quant à elle, était incapable de rendre la pareille à l’univers. L’orgueil et la paresse la rendait dépressive et immobile. Qu’allait-elle devenir si elle se laissait glisser sur le chemin du purgatoire ?
Non, Shoren Cafferen avait tort. La Mère ne lui pardonnerait pas.

Les deux jeunes femmes s’observaient. Contrairement au regard d’autres sœurs de sexe féminin, celui de la jeune mariée était dur et profondément alerte. Clarysse, à la sensibilité maintes fois exacerbée, ressentait la teneur de ce regard et pouvait observer la couleur rouge et déchirante de l’aura qui entourait cette nouvelle mariée. Cette ambiance contrastait avec le ton de ses paroles qui se voulait doux. Elle n’y parvenait pas. Quant à Clarysse, elle ne parvenait pas à se montrer compatissante et avenante envers cette jeune Mertyns. A l’inverse, elle se laissait dominer par ses propres émotions.
Pourtant, la dernière réplique de la douce et forte Shoren amena la Bieffoise à sourire. Même la plus affligeante des scènes pouvaient avoir son lot d’ironie.
« Un mestre. » rétorqua-t-elle avec un demi-sourire en coin qui enlaidissait son visage en l’habillant d’un presque rictus. Lorsque l’Etranger habitait une âme, il pouvait aller jusqu’à effacer toutes traces de la Jouvencelle. « Je ne veux plus en voir. » Depuis son mariage à Midburg, le nombre de pseudo-expertises qui avaient été établis sur elle afin de comprendre son état dépressif l’agaçait au plus haut point. « Encore un mestre de plus et l’Etranger m’accueillera à bras ouvert. » ironisa-t-elle presque dans un blasphème.

Enfin, cela aida à la ramener à la raison. Elle s’écarta du touché aussi abrupte que prévenant de la nouvelle Cafferen et se redressa légèrement. Sa pâleur interdite rendait le tableau peu flatteur de la jeune noble sous son hermine. Finalement, elle aura peut-être une occasion de partager de son expérience avec la pauvre nouvelle mariée ici-bas.
« Les mestres sont les ennemis des femmes qui sont simplement démunies face à certaines épreuves que nous imposent les Sept. » Elle fronça les sourcils. « Tous n’ont pas la sagesse de l’Aïeule ni la bonté de la Mère… » Elle soupira et baissa son regard. Ce sera tout pour la vérité d’aujourd’hui.

« Enfin… Dans votre nouveau foyer, je ne sais même pas si les mestres feront encore long feu. Des rumeurs sont venues jusqu’à Herbeval comme quoi les familles de l’Orage ayant choisi la voie de cet autre… » Elle rechignait à le prononcer. « dieu. » Elle leva les yeux vers ceux qui peut-être étaient témoins de l’échanges entre les deux jeunes femmes. « Enfin, j’ai cru entendre que ceux qui choisissent cette autre religion préféraient l’avis des prêtres que des mestres. »

Elle avait pitié de sa rivale, bien qu’elle l’enviât toujours ; encore et encore. Comment dissocier cette tourbière de sentiments ? Et surtout, comme s’en dépêtrer ? Elle soupira.
« J’ai bien vu, lors de ce mariage, que le monde changeait et que vous serez de celles qui devront vivre pleinement ce changement. Aussi effrayant et inconnu soit-il. Il paraît que notre princesse, notre bien-aimée Margaery Targraryen, elle-même, a dû vivre ce changement au sein de son couple. Le retirement de notre prince et son amour pour l’autre dieu a effrayé la famille Tyrell et, alors, tout le Bief. Vous serez de ces femmes qui devront composer. »
Et elle, qui avait été qu’un peu déracinée, mariée à un homme qui partageait sa foi mais non ses valeurs, elle ne méritait pas d’être à ce point affligée. Shoren Mertyns était si jeune. Mais, elle possédait Tavish. Pitié ou jalousie, Clarysse avait conscience de ne pas avoir les sentiments les plus purs qu’il soit.

Elle baissa son regard et commença à s’avancer vers la sortie du Septuaire des Cafferen. La Bieffoise ne put s’empêcher de regarder la voûte de l’entrée du Septuaire encore une fois. Est-ce que la nouvelle foi des Cafferen fera disparaître cet endroit ou sera-t-il maintenu pour la jeune Mertyns ?
Que penser de son sort ? Qui était la nouvelle épouse de cet ami ou amoureux, peut-être perdu à jamais…
« Je me souviens que Tavish venait souvent me voir au Septuaire d’Herbeval lorsque je m’y attardais trop longtemps pour y prier pour l’âme de mes parents. Il semblait respecter cet endroit… Que les choses changent tant. » laissa-t-elle échappée à voix à haute.
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Entre déracinées
Lune 7, semaine 4, 302
@Clarysse Varnier & Shoren Cafferen
 
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Tant indigne se sent elle, la chevêchette, d'ainsi paraître dans ce lieu sacré, salie encore de par sa première nuit d'épouse. Et pourtant, si psychologiquement, la petite chouette encore s'en trouve démunie, pour un bref instant, l'inquiétude pour cette frêle inconnue qui dangereusement chancelle détourne de cette terrible certitude de péché qu'est le sien depuis hier déjà. Depuis qu'elle a accepté de prendre part à cette ridicule charade nommée cérémonie. Depuis qu'elle a laissé le faon l'étendre dans la couche conjugale. Que dans tout cela, elle n'a finalement point eu son mot à dire, son esprit semble commodément l'oublier à cet instant. Mais la présence de la bieffoise lui permet de mettre de côté du moins momentanément ses propres tracas - ou en partie du moins, les lèvres encore pincées de la petite chouette, ainsi que ses traits figés. Devant le malaise de la frêle blonde, ne peut-elle rester impassible, mais est-ce là certainement bien plus preuve d'empathie que l'expression de ce rôle qu'elle ne parvient dans son cœur point encore à accepter. Et pourtant, devant les paroles de cette dernière, sur le minois de la chevêchette passe d'un air de jugement, qui trop rapidement s'efface au profit d'une mine mêlant à la fois plus sévère et impassible. Se débarrasser des mestres  ? Voilà ce qui semble si scandaleux, si impossible... et pourtant, avec la Septa de Bourgfaon partie, et la maisonnée entière suivant un charlatan aux étranges dessins sur le visage, tout semble possible!

« Vous n'avez point besoin de prétendre ici, Lady Clarysse. Cette créature qu'ils idolâtre n'est nullement un dieu, pas plus que ces charlatans méritent le titre de prêtre. » La voix de la petite chouette est-elle intransigeante, comme toujours lorsqu'il est question de religion ces dernières années - un ton qui que trop souvent lui a attiré les foudres d'une part de sa famille. « Il n'y a point d'autres Dieux que ces Sept qui ne sont qu'un... et un jours, les autres finiront par se rendre compte de leur... égarement... momentané. » A cela, la petite chevêchette a-t-elle besoin de croire. Croire que les membres de sa famille ayant choisi d'écouter les rouges charlatans au détriment de leur raison point ne devront traverser les Sept Enfers. Qu'elle n'aura point besoin de la traverser pour honorer une union qui aux yeux des Sept point n'existe - et à défaut d'être déjà lié au faon, peut-être si ce dernier réalisera son égarement, pourront-ils au moins avoir une réelle cérémonie, une qui sera officié par le Septon de Bourgfaon, et surtout, qui mettra fin à cette vie dans le péché ? « Il est hors de question qu'ils renvoient le mestre. » continue-t-elle, alors que frustration et colère face à la situation dans laquelle elle se trouve, face à son incapacité de la changer, que trop clairement se font entendre. Oh, si le Seigneur des faons ou son fils décident de congédier le mestre, n'y a-t-elle rien qu'elle puisse faire pour les empêcher, de cela est-elle consciente. Et pourtant. « Cela serait déshonorable. Impensable. » 'Pour toute personne sensée du moins' ajoute-t-elle dans ses pensées. « Mais puisque la Septa a déjà quitté ces lieux depuis un bon moment d'après ce que l'on me rapporte... » La fin de cette phrase reste-t-elle en suspens, et pourtant, n'a-t-elle point de doute que la bieffoise en saisira le message. En saisira le désespoir de la petite chouette face à une telle situation. Dans le nid des chouettes déjà doit-elle se battre contre ces ridicules histoires répandues par les charlatans rouges, ces scélérats ayant profité d'une période des plus terribles pour s'immiscer dans les esprits rendus vulnérables par les pertes encourues. « S'il y a un changement que je refuse de commettre, est-ce bien celui d'abandonner ma foi au profit d'une illusion communiquant ses intentions par les flammes. » Et puis ensuite ? Attendra-t-on des Dieux de transmettre leurs intentions par corbeau ou cavalier si les temps se font plus cléments et que les feux perdront leur utilité ? « Je suis désolée, je dois tant vous paraître indigne, d'ainsi parler des... croyances... de ma belle-famille. Et celle d'une part de la mienne. » laisse-t-elle échapper, sans pour autant parvenir à prononcer le simple mot 'd'époux' en relation avec le faon dont désormais, elle porte cape et nom - et pourtant, déjà à ces paroles, le si fier masque de la petite chouette pendant un instant tremble, alors que sous l'emprise du trop plein d'émotion qui est sien depuis quelques jours déjà, transluit. « Mais je crains que la... cérémonie... d'hier ait déjà usé toute la tolérance dont je suis capable. » Puis, d'un sarcasme à peine voilé, ne peut-elle s'empêcher d'ajouter: « Tout comme je crains que Ser Tavish a bien changé sur ce point. » Fini sont les jours où ce dernier se rend au septuaire, préférant désormais les plus flatteuses et dramatiques paroles de ces charlatans rouges. Les mains de la petite chouette tremblent-elles l'effet mélangé de la fatigue, colère et désespoir. Est-ce donc là son sort, qu'une fois les invités en route, d'être la seule à seule à croire aux véritables Dieux ? De devoir crainte chaque jour que le Septon, son guide spirituel, serait lui aussi chassé de Bourgfaon, comme elle imaginait la Septa l'avoir été bien avant son arrivée à elle ? Mais alors que ses émotions que trop clairement semblent se lire dans son regard et sur les traits de son visage, la petite chouette cherche-t-elle à regagner du moins part de sa composition. Prenant une profonde inspiration, elle ferme un court instant durant ses yeux. C'est ainsi. se dit-elle Il n'y a rien à faire pour le changer, si ce n'est s'en remettre à la clémence des Sept. Elle le sait, la petite chouette, mais même lorsque son esprit le lui dicte, point n'y parvient-elle. « Il semble que le long voyage et les préparatifs pèsent plus lourdement sur mes nerfs que je ne le pensais. » Son hululument rompt le silence, offrant excuse et explication à ses dures paroles envers les faons - et pourtant, au fond de son cœur sait-elle que ce n'est là qu'une part de la vérité. Une infime part. Plus que la fatigue, est-ce l'incertitude qui sert son cœur et agite son esprit. L'incertitude sur l'avenir. Sur la promesse du faon que de la laisser garder sa croyance à elle. Et sur le caractère du faon, avant tout. Mais ce sujet là, le garde-t-elle enfuie au fond de son cœur, sa rencontre avec Ser Ashter étant encore bien trop fraîche dans son esprit pour chercher à interroger une autre personne au sujet du faon.

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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
Elle ne s’était donc pas trompée.
De tous les dépaysements, le plus difficile est probablement le déracinement spirituel. De toutes les adaptations, elle est la plus incommode. Ce ne sera pas uniquement un changement dans la façon d’être que la jeune Mertyns devra subir. Elle devra accepter de voir son époux risquer les Sept Enfers pour idolâtrer une figure de l’autre continent. Elle devra peut-être même accepter de voir son corps se consumer auprès de son époux, lorsque les deux seront séparés par la mort. Alors, même le Paradis sera peut-être refusé à la brune femme de Ser Tavish Cafferen. Le pire, et le plus inconcevable, est d'imaginer que ses propres enfants se détourneront de la voie du salut. Quel prix à payer pour satisfaire une alliance inter-familiale. Car voilà ce qu’était les mariages, Clarysse s’en rendait davantage compte, désormais. Les mariages ne sont qu’un nœud dans lequel on doit se serrer, quitte à courber l’échine.
Maintenant elle savait, c’était clair comme de l’eau de roche, Shoren nouvellement Cafferen haïssait viscéralement le mode de vie de son époux.
Clarysse ne pouvait s’empêcher de se sentir mieux lotis… Néanmoins, sa teneur, sa force de caractère et sa franchise impressionnaient la Bieffoise. Elle n’avait jamais osé parler de quoique ce soit touchant à Ethan de cette façon. Même lorsqu’on lui parlait de Midburg, elle n’avait jamais osé sous-entendre que quoique ce soit touchant au Varnier puisse lui déplaire. Même cette façon de porter l’hermine qu’elle trouvait trop pédante pour elle. Mais, étant Varnier, elle se devait de porter culturellement les effets de sa nouvelle famille. Peut-être que son mal-être tenait ses racines de ce silence qu'elle s'imposait. Alors que la jeune Mertyns savait exprimer son désarroi, le refoulement de la fleur la faisait se faner.

Dans tous les cas, Clarysse se voyait mal contredire la jeune mariée sur son aversion pour le dieu des Cafferen. Elle était également en proie à la colère. Mais la décision d'accepter Tavish avec cette « passade » avait été prise il y a bien longtemps, alors qu'elle lui écrivait une lettre où elle exprimait ses condoléances pour la perte de sa belle-mère et qu'elle lui disait qu'il avait son soutien inconditionnel.

L'amour rend bel et bien aveugle et renverse les valeurs.

« Je… Je vous le souhaite. » murmura Clarysse, au sujet du Mestre. Elle n’avait pas voulu provoquer cette dureté chez son interlocutrice. Pour cette fervente des Sept, elle souhaitait sincèrement qu'elle pourrait garder un peu de son mode de vie au sein de sa nouvelle demeure.
Pour les femmes, le mariage était davantage lié à la religion que pour les hommes qui y voyaient de la politique. Ce devait être un déchirement pour l'ancienne Mertyns.

Clarysse baissait son regard, trop gênée d'avoir suscité l'inquiétude chez son hôtesse. Décidément, leur conversation n'avait rien d'apaisant.
« Ne vous excusez pas... Bien que notre famille soit proche des Cafferen, nous avons eu du mal à comprendre ce revirement. Parfois, dans la peur, les esprits sont influençables. Que les Sept les pardonnent. » affirma la fleur des landes.

« Cependant... » décida-t-elle d'ajouter après un moment d'hésitation. « Mon frère, Elbois de la Nouë, seigneur d'Herbeval, et moi-même, avons conservé notre amitié pour ser Tavish. » Le nom de l'ancien Storm sonnait encore familier dans la bouche de la Bieffoise. Il est clair que le mot lord ne viendrait pas... Ils étaient des amis d'enfance et Tavish était un enfant Storm. « L'amour fait qu'on accepte davantage de chose. Il effacera vos tracas à ce sujet... Avec le temps... »
Mais quel amour avait-il dans un mariage ? Clarysse était bien placée pour en parler.  
« Ce ne sera pas facile, c'est certain. Mais, les sentiments d'épouse vous guideront dans cette voie. Vous n'avez plus le choix... A vrai dire, aucune d'entre nous n'a vraiment complètement le choix... »
Le visage de la blonde se durcissait. Cela faisait écho à sa propre histoire. La nouvelle Cafferen devait percevoir ce côté fantomatique et la gorge serrée de son interlocutrice à ce sujet.
« C'est votre destin lié qui sera votre planche de salut. Et puis... »

Se sentant un peu mal d'avoir soulevé un sujet sensible, Clarysse voulut rassurer sa rivale.
« Tavish est quelqu'un de très tolérant et attentionné. Vous verrez. Son cœur est pur et ses sentiments profonds. Vous n'aurez pas affaire à un mur d'insensibilité. » Rien à voir avec Ethan Varnier, cela était certain. « Il saura vous écouter et fera tout pour vous incommoder le moins. Bien entendu, sa droiture fait qu'il assure ses choix, mais c'est une qualité qui pourrait se tourner en votre faveur par la suite. »

Cependant, malgré ses paroles qui se voulaient réconfortantes, la Bieffoise ne se sentait pas d'entrer en contact avec la femme de son aimé. Elle se sentait figée face à elle, alors que face à une autre personne, elle aurait pressé le poignet de son interlocutrice. Là, elle ne pouvait que lui témoigner ce qu'elle savait sur l'ancien Storm.
« Je comprends que vous soyez inquiète, néanmoins. Un mariage laisse des séquelles et lorsque vous me voyez ainsi, dans cet état d'extrême fatigue, s'en est qu'une preuve de plus que je ne peux que comprendre vos propos et préoccupations. »
Elle soupira. La fleur se redressa tant bien que mal.
« Mais il faut garder la tête haute. Je consulterais de nouveau un mestre à Herbeval ou à Midburg pour l'entendre me répéter la même rengaine. »
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@Shoren Cafferen - Je suis vraiment désolée du temps de réponse... (taff + prépa thèse) Mais je pense que ça ne se reproduira plus... En tout cas merci de ta patience !
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Lune 7, semaine 4, 302
@Clarysse Varnier & Shoren Cafferen
 
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Jamais elle n'aurait-elle du se laisser aller à de telles confessions - et cela, l'a-t-elle su bien avant même que ces mots franchissent ses lèvres. Mais un bref instant durant, les bien trop fortes émotions qui ces dernières lunes agitent son esprit ont-elles fini par avoir le dessus sur sa raison, déliant bien trop sa langue sur ce sujet qui tant lui tient à cœur: cette foi, qui a bercé sa vie depuis aussi longtemps qu'elle ne puisse s'en souvenir, et qui toujours lui a été d'une si grande consolation. Excepté maintenant, où le devoir lui dicte d'agir contre sa conscience, contre ses convictions même. Car après tout,en l'obligeant à pleinement devenir l'épouse du faon, en l'obligeant à honorer une alliance qui point n'existe aux yeux des Dieux, on la condamne à traverser les Sept Enfer lorsque l'Etranger l'emportera de ce monde. Tout comme les âmes égarées qui à Bourgfaon l'entourent. Parce qu'elle a cédé sous la pression. Non, sous la peur même, craignant qu'en se refusant au faon comme sa croyance l'aurait voulu, il ne finisse par tout de même se prendre ce qui lui revient de droit. De peur de la douleur dans ce monde, elle a accepté que son âme doive traverser les Sept Enfers... Une décision dont désormais, tant elle éprouve-t-elle de la honte - mais n'est-ce là rien comparé au mépris qu'elle éprouve envers son oncle, sans lequel rien de tout cela ne serait arrivé. Il l'a vendu à un ancien bâtard, un adorateur des flammes de plus est - et pour quoi, si ce n'est pas avarice et désir de baisser toute dot, tout en se débarrassant d'une nièce gênante ?

« Que les Sept entendent vos paroles, Lady Clarysse, et se montrent miséricordieux à leur égard, même si leur foi a été trop faible pour résister à l'épreuve qui leur a été imposée. Qui nous a été imposée. » finit-elle par répondre, chassant ces sombres pensées sur la vie après la mort et se concentrer de nouveau sur le présent - ne jugeant pas moins ceux qui face à l'épreuve de leur foi ont lamentablement échoués. Comme quoi, ce n'est peut-être pas tant la maladie qui deux ans auparavant a plongé les Terres de l'Orage dans la peur et le deuil qui mérite le nom de peste rouge, mais bien ce mal qui toujours infeste leurs terres telle la gangrène. Ce mal où des charlatans de rouge vêtus prétendent savoir lire dans les flammes, et où nombreux sont assez simples d'esprit pour croire en leur supercheries. Mais sur ce point, sans doute en a-t-elle trop dit, car les prochaines paroles de la frêles bieffoise portent en elles un doux avertissement - et la petite chouette point ne compte l'ignorer.

« Cela est en votre honneur, Lady Clarysse, tout comme celui de votre frère que de maintenir votre amitié envers Ser Tavish. Et si je vous ai mis dans l'embarras  avec mes paroles trop franches, sachez que cela n'était point voulu. » Elle aurait pu s'excuser, peut-être point pour ses paroles qui, elles, venaient droit du cœur, mais bien plus pour visiblement avoir mis mal à l'aise son interlocutrice - sauf que ces mots là refusent de franchir ses lèvres. Ce masque de fierté dont elle s'orne le visage semble être la seule chose qui lui soit restée après qu'on la prive de sa maison, de son nom et même de son innocence, alors craint-elle qu'en le baissant ne serait-ce qu'un peu, le masque tout entier s'effondra, dévoilant les nerfs à vifs de la petite chouette. Et pourtant, au prochaines paroles de la bieffoises, si douces et encourageantes pourtant, sent-elle ses lèvres trembler, et un long moment, reste-t-elle silencieuse, mâchoire serrée et regard fixé sur les statuettes des Sept. Ce n'est qu'après un instant qu'avec l'évident, elle brise le silence tombé sur le septuaire. « En effet, je n'ai pas eu le choix. C'est le sort de toutes les femmes que d'épouser l'homme que leur choisit le patriarche de la famille. » Est-ce la un fait : point n'est-elle la première à subir ce destin, tout comme point elle n'en sera la dernière - à cette épreuve, depuis son enfance, on l'y a préparé. Parce que dans leur société, chacun a son rôle à jouer: les hommes doivent vbâtir l'honneur leur famille d'origine, alors que les femmes se doivent de créer les liens permettant aux premiers d'emplir ce rôle. « Je l'ai toujours su. Toujours accepté... mais je n'ai jamais cru que pour emplir mon devoir, je devrais mettre en péril mon âme. » '...en vivant dans le péché.' ajoute-t-elle dans ses pensées. Quand au faon... un long moment durant, son regard sonde-t-il celui de la blonde, alors qu'elle cherche à donner ses à ces paroles qui que trop contrastent avec les confidences que lui a transmise l'aînée des chouettes. Des confidences dressant le portrait d'un homme ambitieux, manipulateur et bien peu scrupuleux, soit l'opposé exact de ce que lui décrit la bieffoise. Alors pourquoi lui ment-elle ? Sont-ce là uniquement des paroles nées de la pitié ? Des paroles avec pour seul but de la rassurer, peut-être ? Pour ne point l'inquiéter d'avantage encore sur son avenir ici à Bourgfaon, lorsque déjà sa conscience est tant alourdie par le péché ? Mais si c'est là un mensonge, alors Lady Varnier excelle-t-elle dans ce domaine, car rien dans son visage pourtant marqué par l'émotion ne trahit sa supercherie - rien du moins que la petite chouette soit en mesure de déceler, mais vu fatigue et crainte incessante qui alourdissent ses membres et serrent son esprit, peut-être n'est-ce point étonnant. « Votre sollicitude est touchante Lady Clarysse - et je prie les Dieux que le portrait que vous dressez là se réalisera. » Point son ton ne laisse-t-il de doutes qu'à cette éventualité, elle n'y croit qu'avec peine. Trop lourdes les confessions de la chouette aînée pèsent-elles sur son esprit pour qu'elle puisse croire à celles que lui fait une parfaite inconnue. Même si celle-ci a grandi avec le faon, bien avant qu'il ne voit ses armes ressoudées par décret royal. Alors bien plus que sur ces paroles au sujet du faon, est-ce sur une bien autre confession, plus intime encore, que tique la petite chouette. « Est-ce... est-ce votre mariage qui vous pèse à ce point ? » Hésitante, formule-t-elle l'impensable, bien trop perdue face à ce statut d'épouse que depuis cette nuit, elle partage avec son interlocutrice, pour se rendre compte qu'à cette question, la seule réponse que la descende autorise est 'bien sur que non'. Ou du moins, ne s'en rend-elle point compte avant que les fatidiques mots ne franchissent ses lèvres. « Je suis navrée, je n'aurais point du vous poser une question aussi personnelle et indécente. » cherche-t-elle à se rattraper, privant ainsi la bieffoise de tout besoin de répondre. « Cela... devient-il un jour plus facile ? De vivre loin de sa famille, de l'endroit qui nous a vu grandir ? » Un jour, non, quelques heures à peine, se sont écoulées depuis qu'elle est devenue épouse. Les invités de leur mariage à peine se réveillent-ils au château - et pourtant, déjà craint-elle le moment où sa famille quittera ces lieux. Le moment où elle sera seule pour la première fois avec ceux dont elle porte désormais le nom. Et est-ce là sans parler des forêts embrumées qui lui manquent depuis le moment même où le dernier des conifères la composant a disparu au loin...
Et pourtant, un regard sur le visage de la frêle blonde lui montre que cette question, peut-être ne la pose-t-elle point à la bonne personne. Qu'en vue de la confession à demi-mots de cette dernière, elle en souffre autant de son union qu'elle. Plus, peut-être même...

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Entre déracinées
Shoren Cafferen • Clarysse Varnier
Une intransigeance sans faille se dégageait du caractère de la jeune Mertyns. Il s’agissait d’un trait de caractère qui impressionnait la douce et conciliante Clarysse. Beaucoup de femme possédaient cette droiture venant d’une force presque masculine en elle, une force de pouvoir et de tranchant, qui leur permettaient de se révolter face à certaines situations. La Bieffoise n’aurait jamais soupçonné l’intérêt de posséder une telle force de caractère. Elle à qui on avait appris à s’effacer. Ce qui était davantage impressionnant était que cette assurance résidait chez une personne aussi jeune que la nouvelle épouse de Tavish.

Tavish… Lui qui était aussi accommodant que la blonde aux airs d’ange. Il n’oserait s’opposer à une puissance de conviction comme lady Shoren. Peut-être même, admirerait-il cela chez son épouse. Ou, peut-être, qu’il en souffrira… en silence, se contentant de ce que lui accordait le destin, comme il l’avait toujours fait dans sa condition de bâtard, comme il l’avait fait avec son nouveau statut d’héritier ou auprès de ceux qui avaient un plus haut rang que lui, comme Elbois, son meilleur ami. Comment tout cela allait-il finir ?
J’aurais dû être son épouse. Peut-être en aurais-je souffert, mais je l’aurais toléré par amour. Nous nous ressemblons sur ce point. Nous ne savons pas imposer notre volonté aux autres ; du moins, pas aussi bien que ceux qui sont faits pour diriger. Moi, j’aurais peut-être été faible… J’aurais accepté. Si lady Shoren le savait, elle se montrerait moins agréable avec moi.

Que la nouvellement Cafferen croyait ou non le portrait qu’elle faisait de Tavish lui importait peu. Finalement, elle n’allait pas non plus les pousser dans les bras l’un de l’autre. Probablement que le poids de la culpabilité de ne pas l’avoir fait reposera sur ses épaules en sortant du Septuaire. Cependant, à ce moment précis où lady Cafferen buvait ses paroles sur le portrait du faon, elle espérait, dans une part obscure de son cœur, que ce différent entre les deux nouveaux époux ne s’apaisent pas.

Quant à elle, son propre différent, allait-il s’apaiser ?
La Mertyns ne tarda pas à lui demander. Son ton sarcastique sur l’union matrimoniale fut remarqué aisément par son interlocutrice. Bien entendu, plus que de la culpabilité de ne pas avoir ouvert son cœur à temps à Tavish, parce qu’il ne répondait pas à ses attentes d’élévation sociale, plus que son mal-être de ne pas avoir été assez forte pour oser demander à son frère si cette union était possible, elle souffrait de ne pas aimer son mari et de haïr sa condition d’épouse.  
Ainsi, face à cette question aussi tranchante de réalité, une réponse péremptoire reposait dans l’air autour des deux femmes dévotes des Sept.
Clarysse se mua dans le silence, ne pouvant se confesser à sa rivale et encore moins sous le regard inquisitoire de la Mère. La Bieffoise pâlit. Elle avait laissé trop paraître. Son cœur meurtri laissait apparaître ses blessures béantes. Elle était devenue un livre ouvert qui ne pouvait plus cacher son signifiant : elle détestait sa vie. Cette vie que les Sept lui avaient accordé. Cette chance incroyable d’être lady et de vivre nourrie et entourée. Mais, alors, pourquoi se sentait-elle si seule ? Quel était ce vide ?

Heureusement, face à ce silence, lady Shoren tentait de se rattraper en parlant et en justifiant cette question honteuse dans un Septuaire. Comment ne pouvaient-elles pas aimer, elles, femmes, leur condition de Mère aux côtés du Père ? Il s’agit de leur essence, elles devaient s’en émerveiller. Alors, pourquoi … ? Pourquoi cela ne fonctionnait pas ?

Quelque chose faisait davantage souffrir Clarysse. Elle se sentait proche de cette jeune femme qui possédait la vie qu’elle avait tant désiré. La blonde aurait voulu la détester. Elle aurait voulu que Shoren Cafferen soit heureuse pour pouvoir trouver une raison à son propre mal-être. Si elles s’entendaient sur cette souffrance, c’est qu’il n’y avait pas de réponse pour que Clarysse ou Shoren s’émancipent de cette dernière. Cela voulait dire que même l’épouse de l’homme idéal pouvait ne pas être comblée ? Alors, quel était l’état qui satisfaisait l’âme ?

La Vanier s’agrippait de sa main droite à sa manche gauche d’hermine. Le touché doux de cette fourrure rassurait la jeune femme, totalement déboussolée. Face à Shoren Cafferen, elle ne se sentait pas porteuse de la maturité nécessaire pour répondre à ses interrogations. Il suffisait de constater son propre état.
« Et bien… » commença-t-elle, peu assurée.
Elle était retournée dans l’endroit où elle avait grandi, cela n’avait pas été une réponse à sa dépression. A l’inverse, voir que tout changeait, que rien ne rappelait plus jamais l’enfance, était rajouté à ce sentiment de vide et de désarroi.
« Ce… Ce n’est pas facile. » Elle baissa la tête. Elle regrettait de s’être lancée dans cette conversation avec l’épouse de son amour de jeunesse. Le regard de Clarysse fuyait autant que ses mots.
« Tout vous manque. Vos habitudes, les regards familiers, l’insouciance, l’irresponsabilité… Mais,… même si vous retourniez chez vous, dans le fief de votre enfance, vous ne serez pas rassurée. Tout change. Le fief de votre enfance meurt dès votre départ. Ensuite, il devient le fief de vos parents et de vos frères et sœurs, mais plus le vôtre. Alors, vous n’êtes plus chez vous nulle part… »
S’en était trop. Elle aurait voulu parler de cela à des tas de personnes, mais pas à elle. Pas à celle qui avait volé sa vie, son souhait, son bonheur. Lady Shoren devrait être heureuse. Tavish fera tout pour qu’elle se sente chez elle, comme il a toujours su rendre heureux la belle blonde.

Des larmes impures lui montaient aux yeux. Ce n’était plus de la peine ou de la souffrance, mais bien des larmes vertes de la jalousie.
« Et alors, même les prières ne suffisent plus. Parce que la compagnie des dieux ne vaut pas celles des hommes… » blasphéma-t-elle. Les dieux n’avaient pas su l’écouter ni la sauver.
Son rêve d’un mariage en blanc et d’une ascension sociale, les dieux lui avaient accordé mais… au prix du bonheur. Quel drôle de sort ? Finalement, ce qu’elle aurait voulu, elle l’avait eu sous les yeux depuis le début. Mais, orgueilleuse et bercée par des rêves de lady, elle s’était laissée glissée vers son propre supplice ; consciemment et avec consentement.
Après ce blasphème, elle n’adressa pas même un regard à la nouvelle mariée. Elle partit en la bousculant par l’épaule et s’échappa du Septuaire.
Rien n’avait de sens… rien… Alors, face à cette spirale de réalité, la nouvellement Varnier se faisait engloutir.

Clarysse monta en trombe les escaliers du château jusqu’aux appartements dédiés aux de la Nouë. Elle ne trouva pas Elbois mais sa femme, Mia.
« On t’attendait. Tout est prêt. Nous allons partir. » dit-elle laconique et blasée par l’attitude de sa belle-sœur. Même l’once de pitié qu’elle avait pour elle diminuait dans son regard. Clarysse allait être une cause perdue.
Codage par Libella sur Graphiorum


HRP: Dernière réponse pour Clarysse. Je la mets en page dès que j'ai plus de connexion. Là je suis dans le train. En tout cas merci pour ce rp ! On en sait un peu plus sur la relation Shoren/Clarysse.  [FB] Entre déracinées 1156090823
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Entre déracinées
Lune 7, semaine 4, 302
@Clarysse Varnier & Shoren Cafferen
 
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.

Quelques heures.
Quelques heures seulement qu'elle a abandonné la Jouvencelle pour se tourner vers la Mère - et pourtant, dans son coeur déjà résonne la nostalgie d'une vie inéluctablement terminée. Jamais la vie à Bosquebrume ne lui a-t-elle paru aussi enviable qu'à ce moment précis. Jamais le haut nid des chouette lui a-t-il autant manqué - ni même la compagnie des chouettes. Ces dernières ont beau être encore au sein de la tanière des faons, mais lui paraissent-ils tant loin désormais. De toute sa vie, l'a-t-on préparé au rôle d'épouse et de mère qu'inévitablement, toutes les femmes de son statut occupent - et malgré sa profonde conviction de ne pouvoir considérer aucun fief autre que celui des chouettes comme chez soi, a-t-elle tout de même imaginer avec le temps de pouvoir s'acclimater à son nouvel environnement. L'apprécier, même - mais semble-ce être là qu'un autre rêve brisé, car de tout ce qu'elle aime dans ce fief qui l'a vu naître, rien ne se trouve Bourgfaon. Même la vue depuis le chateau avec ses grandes étendues blanches est-elle tant fade. Ou sont donc les craquèlements des branches au vent, ou les hululements des chouettes qui aussi longtemps qu'elle puisse imaginer, l'ont bercé dans son sommeil ? A la place, sont-ce les bruits de la ville qui résonnent à Bourgfaon... face à ce constat, tremblent-elles, les lèvres pincées de la petite chouette, alors que désespérément, elle cherche à s'accrocher au masque de la digne chouette. Et pourtant, faut-il seulement quelques mots, une confidence, pour que d'une larme se voilent les yeux immaculés de la petite chouette. Haut est-il toujours son port de tête, et impassible l'expression sur son visage, et pourtant, quiconque laissant son regard s'aventurer vers ses yeux pourrait-il sans peine y voir mourir l'enfantine innocence et les illusions accompagnant cette dernière.

« Je vous remercie pour votre candeur, Lady Clarysse. »


Nombreuses sont celles qui en de telles moments auraient choisi des paroles réconfortantes, prometteuses d'un avenir meilleur, mais pas la bieffoise. La franchise de ses mots sert-elle d'avantage encore le cœur de la petite chouette - et pourtant, préfère-t-elle cela à de fausses promesses auxquelles point elle ne saurait croire. Aussi dure que peut être la réalité, est-elle toujours préférable aux illusions a eu pour habitude de dire la Grande Chouette, et depuis la mort de cette dernière, sa petite-fille a adopté ces paroles, espérant qu'un jour, elle puisse égaler la grande Mary Mertyns. Et pourtant, aujourd'hui, une pourtant simple question ne cesse d'occuper son esprit: sa grand-mère au caractère tant marqué, a-t-elle également été tant chamboulée par son mariage ? Bien sûr que non, semble la réponse tant évidente à la petite chouette. Mais cette grand-mère tant adulée, que dirait-elle en la voyant de la sorte, se décomposer doucement mais surement devant une étrangère ? Et tout cela pour une étape par laquelle toute femme doit passer. Une étape pour laquelle pourtant le faon s'est montré doux et patient, mais qui pourtant reste gravée dans l'esprit de la chevêchette comme humiliante. Alors, comment est-elle supposé le regarder dans les yeux après cela ? Pire même, supporter cela soir après soir ?  

Et dans ces sombres images de l'avenir qui l'attend, la petite chouette se noie - jusqu'à ce qu'un contact ne la ramène à la réalité.

« Lady... » Le nom de la bieffoise sombre-t-il dans les abysses du silence, la jolie blonde ayant quitté le septuaire avant que la chevêchette ne puisse le prononcer. Elle devrait la suivre. Elle devrait s'assurer que la blonde parvienne jusqu'au château en toute sécurité, surtout après l'épisode de faiblesse peu auparavant. Elle devrait. En tant que Dame de ces lieux. Mais elle ne peut pas. Elle ne peut pas continuer à prétendre. Continuer à masquer son chamboulement, son malheur, ni pour mener discussion à une inconnue. Ni pour assumer un rôle que jamais elle n'a souhaité occuper.

Doucement, s'affaisse-t-elle, la chevêchette, mais même dans cette position tant connue des croyants des Sept, aucune prière ne semble vouloir franchir ses lèvres, salie et indigne qu'elle est à ce moment précis. Mais les larmes, une par une, se mettent-elles à mouiller son minois, alors que débordent peine et craintes réprimées depuis bien trop de lunes déjà.
(c) DΛNDELION



HRP: merci pour ce superbe RP [FB] Entre déracinées 3992757740
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