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Be owlsome [SOLO]

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Not so alone after all
Bourgfaon, 302, Lune 11, semaine 1, jour 2
   
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Avec tendresse, ses doigts se promènent-ils dans le plumage de la chouette, tendant d'apaiser de par ce tendre contact les hululements de protestations du petit rapace. Deux semaines se sont-elles écoulées depuis qu'ils ont quitté leur tanière, les faons. Deux semaines qu'à la place d'un époux, c'est Syrrax qui lui tient compagnie lors des bien trop longues nuits hivernales. Deux semaines où, durant de brefs instants, elle parvient presqu'à se croire de retour dans sa chambre à Bosquebrume, quand la Dame blanche virevolte librement autour d'elle dans les airs. Presque - car ne lui faut-il regarder uniquement de par sa fenêtre pour le voir se dresser là, ce messager de discorde et de  malheur, ce refuge de parresseux vagabonds, qui grâce à des herbes et de funestes illusions manipulent les esprits futiles... Mais si la chevêchette n'a que trop peu d'amour pour cette fausse croyance qui en deux a scindé sa famille, ce n'est point tant au temple per se qu'elle en veut. Non, par ce cette colère qui agite ses tripes depuis plusieurs de semaines est bien plus due à cette collection de foutaises qu'on ne lui ait servi pour justifier ce départ vers le Nord. Ou du moins, tenter de le faire - car peut-on réellement parler de justifications lorsque les paroles employés dans ce but évoques foutaises et illusions d'esprits dérangés? Des morts qui marchent... des histoires à assassiner toute patience de la part de ceux possédant un tant soit peu d'esprit critique. Mais si habituellement, elle n'est que trop prête, la chevêchette, à critiquer les idioties de cette folie rouge venu d'outre-mer, comment peut-elle le faire maintenant, lorsque même leur Suzerain croit en de telles histoires, aussi ridicules soient-elles ? Mais le pire, peut-être, est que ce n'est point sa colère envers le faon son époux pour ainsi l'abandonner, qui prédomine depuis le départ de ce dernier. Mais y a-t-il également ce sentiment de solitude, qui depuis, une fois de plus la frappe de plus belle. Dans ce lieu, malgré les lunes qu'elle y a passé, se sent-elle toujours comme une étrangère, un sentiment qui au cours des dernières semaines avant le grand départ pourtant s'était amélioré - jusqu'à ce qu'on ne lui arrache une fois de plus ses repères. Non, jusqu'à ce que ceux-ci ne décident de la laisser derrière, seule, et pour quoi ? Suivre un ridicule idéal de petit garçon à sauver le monde ? Mais de quoi ? Flocons de neige et cristaux de glace ? Car pour cela, point n'y a-t-il besoin de s'éloigner de la maison, l'hiver tenant Bourgfaon dans ses froides griffes... Mais peut-être ne rend-elle point justice au faon, et pourtant, si au tout début de leur union, elle a encore pensé apprécier d'éventuels absences du faon, elle doit bien avouer aujourd'hui que la présence de ce dernier lui manque - et ce point uniquement à cause de la solitude qu'aujourd'hui et la sienne, ou de la gestion du domaine qui, tel un poids, sur ses épaules, et qui depuis quelques jours déjà la fait sombrer dans le monde des rêves bien plus profondément et plus longtemps qu'à l’accoutume. Même maintenant : la nuit est-elle tombée depuis peu seulement, et déjà réprime-t-elle un bâillement.

Mais devant sa maîtresse perdue dans ses pensées, bien rapidement Syrrax perd-elle sa patience, et, avec son bec qui doucement tapote les doigts de cette chouette dont les plumes ne sont que figurés, rappelle cette dernière à la réalité. «  T'es plus impatiente que Branda quand tu t'y mets. » Un léger sourire vient-il étirer ses lèvres - n'est-ce point là triste que même l'impétueuse Branda aujourd'hui lui manque ?  

Un hululement vient une fois de plus rompre le silence tombée sur la chambre qu'est habituellement celle du couple héritier. Et juste pour s'assurer qu'une telle protestation ne puisse être ignoré, son bec acéré pince-il la main de la jeune femme un peu moins doucement qu'à l'accoutume. « Et tu peux être aussi insupportable qu'elle quand tu as faim. » Avec tendresse, caresse-t-elle le bec de la petite chouette, avant de se diriger vers la commode un peu plus loin, où entre autre est posé un bol contenant quelques morceaux de viande pour Syrrax. « Allez, descend un peu, je dois me préparer pour le dîner. » Avec délicatesse, dépose-t-elle Syrrax sur sa perche, tout en mettant son dîner sur l'emplacement prévu à cet effet. Se préparer, n'en a-t-elle point besoin - pas vraiment du moins. Après tout, la journée touche-t-elle déjà à sa fin, et est-elle impeccablement dressée comme à son habitude depuis bien des heures déjà - mais souhaite-t-elle défaire du moins un peu ce corsage qui si désagréablement comprime sa poitrine plus que d'habitude semble-t-il.

Disparaissant derrière le paravent dans ce petit espace qu'est toujours uniquement siens, ses doigts s'affairant à défaire le laçage du corsage, son regard lui, tombe sur une boîte que trop familière. Celle qui, une fois par lune, est soigneusement déposée dans sa chambre par Janyce, et qui contient ces linges tant nécessaires toutes les quelques semaines dans la vie de chaque femme. Mais si habituellement, Janyce est des plus ponctuelles pour préparer ces ustensiles là un ou deux jours seulement avant qu'ils ne soient nécessaires à sa jeune maîtresse, aujourd'hui, elle s'est définitivement trompé. Ses saignées ne sont pas dues avant... avant... soudain, les doigts de la chouette s'arrêtent, et un « Oh. » s'échappe de ses lèvres. Cela serait-il possible ? Est-elle donc... Trop nouvelle encore est cette pensée pour la formuler, même dans son esprit, mais déjà sa main vient se poser sur son ventre. Cela peut-il être vrai ? La Mère a-t-elle véritablement bénie cette union, qui pourtant point n'existe à ses yeux ? Porterait-elle vraiment l'enfant du faon, le futur héritier de Bourgfaon ? Avec la frénésie du départ des troupes vers le Nord, n'a-t-elle point remarqué qu'elle aurait du saigner il y a plus de dix jours déjà... Comme pour tenter de confirmer ce qui pour l'instant pourtant n'est que suspicion ou espoir, observe-t-elle son reflet dans le miroir, mais pour l'instant, scrutant son bas ventre - qui pourtant, est tout aussi plat qu'à son habitude. « Ma dame ? » La voix de Janyce que interrompt sa contemplation, et rapidement, le reflet de la servante apparait-il lui aussi dans le miroir, un sourire presque maternel dessiné sur le visage. « Je me demandais quand est-ce que vous vous en apercevrez. » ajoute-t-elle d'un ton presque maternel, malgré la si faible différence en âge les séparant. « Penses-tu vraiment que... ? » Toujours est-elle incrédule, la chevêchette. Certes, ont-ils emplis leurs devoirs maritaux ces dernières lunes - et sans doute même plus que cela, ont-ils cherché plus encore l'embrassade de l'autre durant ces jours bien trop peu nombreux entre l'annonce et le départ du faon. Ou du moins, la chevêchette l'a-t-elle cherché plus qu'à l'accoutume. Elle a eu besoin de le sentir contre elle, de savoir qu'il était toujours là à ses côtés... mais aussi d'éclaircir le visage bien trop sérieux de faon, elle le soulageant, ne serait-ce qu'un instant, de ces pensées qui obscurcissaient son esprit. Et, d'une certaine façon également, de lui donner une raison de rester, ou à défaut, du moins à s'assurer qu'il ne l'oublierait point de si vite. Et lors de ce moments rythmés par le désir et la peur du futur, la graine semble avoir germée... comme ne tarde pas de lui confirmer Janyce, qui devant la bien naïve question de la chevêchette lutte pour ne point trop laisser transparaître son amusement. « J'ai moi-même deux enfants, et vue bien plus de grossesse dans mon entourage. Je crois savoir reconnaître lorsqu'une femme est enceinte. » Sans doute devrait-elle être enchantée devant une telle nouvelle, la chevêchette. Après tout, n'est-ce point là ce que l'on attend d'elle; ce que l'on attend d'un mariage? Et pourtant, nul sourire ne se dessine sur ses lèvres, alors qu'incrédule, elle observe toujours son reflet dans le miroir, une main posé sur son bas-ventre. Tant peine-t-elle encore à croire que désormais, c'est une nouvelle vie qui germe dans ses entrailles, un enfant mi-faon, mi-chouette... « Pas un mot à quiconque, d'accord Janyce ? J'aimerais garder cela pour moi, juste un peu plus longtemps. Juste pour être sûre. » Elle ne se sent point prête, la chevêchette, de parler de cela, pas tant qu'elle-même ne s'est pas faire à cette nouvelle. « Bien sûr, Lady Shoren. Comme vous le souhaitez. » Un sourire bienveillant dessiné sur ses lèvres, s'approche-t-elle de sa maîtresse. « Laissez moi donc vous aider. » En quelques gestes adroit, est-il desserré, le corsage, mais ça, elle ne le remarque à peine, la chevêchette, perdue une fois de plus dans ses pensées.
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Bourgfaon, 302, Lune 11, semaine 2, jour 1
   
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A Tavish Cafferen,
Héritier de Bourgfaon

Mon cher Tavish,


A peine ces quelques mots sont-ils juchés sur le papier qu'elle s'immobilise, la plume de la chevêchette. Perdue dans ses pensées, ne remarque-t-elle pas la goutte qui vient tacher le parchemin. Tant de chose y a-t-il à dire au faon, entre certaines difficultés rencontrées lors de la gestion du domaine, à de bien plus futiles sujet. Et bien sûr, il y a cette autre nouvelle, la plus importante de tous. Celle à laquelle elle n'a point voulu croire il y a une semaine encore, et qui pourtant désormais se trouve confirmée avec l'aménorrhée qui se poursuit, et d'autres plus subtiles signes  dont Janyce, avec son expérience de deux grossesses menées à terme déjà, n'hésite pas à souligner comme preuve qu'une nouvelle vie grandit dans ses entrailles. Ainsi, ses seins semblent-ils avoir enflés, et sont-ils devenus sensibles au point que l'habituel laçage de son corsage a du être élargie depuis quelques temps déjà. Et est-ce là sans même compter cette somnolence qu'est la sienne depuis quelques semaines déjà... des signes qui ne sauraient tromper, a dit Janyce, et maintenant que doucement, la petite chouette commence à se faire à l'idée de porter en son sein un petit être, mi-oisillon, mi-faon, est-il certainement temps de faire part de cette nouvelle à son époux. Mais comment formuler cela ? Comment annoncer au faon que d'ici quelques mois, il deviendra père ? Et surtout, comment faire cela par écrit ? Si seulement le faon serait présent à ce moment précis, alors une telle annonce sera certainement bien plus aisée à faire, n'est-ce pas ? Soudainement, ses lèvres se pincent, alors que, d'un geste énervé, roule-t-elle en boule le parchemin avant de l'envoyer contre le mur un peu plus loin. De toute façon, même si elle parvient à écrire la lettre, où l'enverrait-elle ? Elle n'a nulle idée où se trouve le faon à l'heure actuelle, où comment elle pourrait entrer en contact avec lui. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'il est loin à cause d'une bien stupide histoire inventé par ces esprits dérangés que son les fous rouges. Qu'il a choisi de partir - et les Dieux seules savent s'il n'est point en train de se réchauffer lors dans cette froid nuit d'hiver en ayant dans ses bras une de ces filles aux mœurs légères dont on compte qu'une véritable collection de brunes, blondes ou rousses, suit toujours les mouvements des troupes pour distraire les soldats entre batailles. A vrai dire, la chevêchette toujours a cru pouvoir tolérer de tels écarts de la part de son époux, du moment où point elle n'aurait à subir la présence de l'autre, ou pire des bâtards qui en naîtraient. Et pourtant, la réalité est, qu'au cours des lunes que dure déjà leur union, a-t-elle commencé à s'attacher au faon, et soudainement, l'idée de le savoir partager la couche d'une autre devient bien moins supportable - à moins que ce ne soit là aussi qu'une des autres conséquences de sa grossesse ? Après tout, Janyce a-t-elle aussi évoque le besoin des mères en devenir à assurer le bien-être de leur enfant déjà bien avant sa naissance - et avoir un père qui se promène dans les Sept Royaumes tel un vagabond à la poursuite de créatures si ridicules que personne sain d'esprit ne peut croire en leur existence certainement n'entre pas dans cette catégorie. Non, il devrait être ici, s'occupant de l'héritage que sera un jour celui de cet enfant à naître, au lieu chasser des chimères...

« My Lady ? » Doucement tapote-t-elle contre la porte pourtant ouverte, celle qui est devenu au cours des dernières semaines une des plus confidentes de la maîtresse des lieux, ainsi annonçant sa présence à cette dernière. « Je vous porte votre infusion aux herbes - elle a un goût quelque peu amère, mais il paraît qu'elle fait merveilles pour soulager les femmes enceintes. »

De pas légers, s'approche-t-elle de la table où quelques instants, la chevêchette a encore été assise dans sa veine tentative de trouver l'idéal manière d'annoncer la bonne nouvelle à son époux. Une bien vaine tentative, car nul messager ne pourrait porter une missive avec comme seule adresse "le Nord", comme elle n'a que trop rapidement se rendre à l'évidence. Posant le bol fumant sur la table, la jeune servante semble d'un simple coup d'oeil comprendre qu'à ce moment là, elle ne tirerait point plus qu'un simple « Merci Janyce. » de la nouvelle dame de lieu, qui, toujours énervée et déçue par par le faon qui l'a abandonné, se tient à la fenêtre, serrant si fort le rebord de cette dernière entre ses doigts que désormais des tremblements agitent ces derniers. « Vous devriez la boire tant qu'elle est encore chaude. » ajoute la servante de ce ton bienveillant, presqu'amical même, qui depuis quelques temps rythme leurs conversation, avant d'incliner sa tête et de prendre congé.

Au fond, si l'absence du faon tant énerve la chevêchette, c'est parce qu'elle aurait aimé pouvoir partager cette nouvelle avec lui. Qu'elle aurait aimé pouvoir voir son regard s'illuminer à l'idée que l'héritage des faons est assuré - et que, un an après leur mariage, ils pourraient tenir entre leurs bras l'héritier des faons. Mais pour cela, faut-il encore que le faon se rende compte que cette quêtes pour assassiner créatures imaginable n'est qu'une illusion de l'esprit. Et faut-il que le faon ne décide de revenir à Bourgfaon. Bon, peut-être ne lui rend-elle pas justice: après tout, a-t-il écouté son honneur en suivant Stannis dans cette ridicule croisade - et cela, la chevêchette ne peut que le comprendre, l'honorer même. Mais y a-t-il vraiment eu besoin que les faons s'y rende à deux? Après tout, son propre père à elle, a-t-il décidé de se montrer sourd face à l'appel de leur Suzerain, alors qu'il est de toute évidence l'homme le plus honorable et loyal que connait la chevêchette. Alors pourquoi le faon n'a-t-il point pu agir de la sorte ?

Et pourtant, lorsqu'après de longues minutes, son esprit s'est-il du moins légèrement apaisé, retourne-t-elle auprès de la table. Une fois de plus, ses doigts se referment autour de la plume. Une fois de plus, l'encre est-elle juchée sur le papier - mais le destinataire, lui, est bien différent.

A Joanna Mertyns,
Dame de la Maison Mertyns

Bourgfaon, le huitième jour de la onzième lune de l'an 302

Mon douce mère,

Je tiens à m'excuser pour le temps mis à répondre à votre dernière missive. Cela me peine que d'apprendre que mon oncle, et surtout mon cousins, soit également de ceux partis chasser chimères et flocons de neige là-haut, dans le Nord. Comme vous, je ne puis comprendre comment des hommes sains de corps et d'esprit - bien que ce dernier point certainement est discutable pour certains - puisse porter tant de crédit aux paroles de ces charlatans, surtout lorsque ces derniers content des mensonges si ridules! Malheureusement, aussi bien mon époux que mon beau-père font parti de ceux leur accordant foi - au point de se diriger eux aussi en direction du Nord au moment où j'écris cette lettre. Pour leur bien ainsi que celui de mon oncle et neveu, je prie qu'un tel égarement ne les enverra point, le moment venu, droit dans les Sept Enfers. Je prie que ce séjour dans le Nord où ils ne trouveront certainement que rustres habitants de ces terres sauvages, et peut-être quelques sauvageons, leur fera réaliser leur erreur, et leur laissera ainsi le temps de repentir. C'est là le seul point positif que je parviens à trouver dans leur absence - avec, peut-être, le fait que ce paresseux se disant être prête les accompagne, et sa vue m'est ainsi épargné pour quelque temps durant.

Mais si je ne vous ai point écrit ces dernières semaines, c'est que, comme vous devez vous en douter, la régence de Bourgfaon me revient en l'absence de mon beau-frère et de mon époux. Et si le premier a laissé derrière un homme fidèle pour me conseiller dans la gestion du domaine, je dois dire que je me surprends bien souvent à souhaiter entendre votre voix, d'entendre vos conseils. Et ce non seulement en tant que Dame, mais également en tant que femme. Si j'ai tant attendu pour vous écrire, c'est aussi parce que je souhaitais attendre de pouvoir en être certaine avant de jucher de tels mots sur le papier, de peur que cela s'avère faux par la suite : je porte un enfant. Une nouvelle que mon époux ne sait point encore, et ne saura certainement pas jusqu'à ce qu'il ne décide un bon jour de revenir, car il m'est impossible de l'en informer avant, ne sachant même pas où il se trouve à ce moment précis. Sur ce point aussi, j'aimerais tant recevoir votre conseil: à quoi dois-je faire attention? A quoi dois-je m'attendre ? Je sais que de ces choses là, vous m'aviez déjà parlé, mais à l'époque semblait-ce là encore être quelque chose appartenant à un lointain futur... Certes, ai-je ma servante qui est de bon conseil, ayant déjà traversé cela plusieurs fois elle-même, mais cela ne saurait égaler les conseils de sa propre mère.

En espérant bientôt recevoir de votre part une missive portant nouvelles et judicieux conseils comme vous savez si bien les donner,

Que les Sept vous protègent, vous et mon père,
Votre fille aimante,
Shoren


Un soupire échappe des lèvres de la chevêchette lorsqu'elle pose de nouveau sa plus. Malgré les devoir qui lui ont été confié depuis plusieurs semaines, malgré cette grossesse qui a peine début, malgré la présence amicale de Janyce, se sent-elle des plus seule en ce moment - et comment pourrait-ce en être autrement, avec pour seule compagnie une belle-soeur qui l'a pris sur ses cornes? Certes, les insolences de cette dernière se sont-elles calmées depuis leurs entrevus respectives avec Ser Arstan, et pourtant, ne peut-on pas pour autant prétendre qu'elles s'entendent bien. D'un geste paresseux, s'étire-t-elle, la chevêchette, un geste que Syrrax semble interpréter tel une invitation, car que trop rapidement, le petit rapace vient-il se poser sur l'épaule de sa jeune maîtresse, et se blottit contre son cou. Comme quoi, non, elle n'est pas seule. Elle a à ses côtés la plus fidèles des amies. Et ensemble, elle parviendront à traverses ces temps difficiles qui s'étendent devant-elles - une pensée qui dessine un léger sourire sur le visage de la chevêchette, alors que sa main vient se poser sur ce ventre encore si plat. Oui, elles parviendront à gérer cela. Et si Tavish préfère chasser chimères et illusions, alors soit. Elles n'ont pas besoin de lui.


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The drums of war
thunder once again
Bourgfaon, 302, Lune 11, semaine 3, jour 7
   
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A Shoren Cafferen,
Dame de la maison Mertyns

A ma fille bien-aimée,

Je crains que le corbeau portant cette missive en hâte sera messager de nouvelles que vous préfériez ne jamais avoir à lire - et pourtant, hélas, le faut-il. A l'heure actuelle, certainement avez-vous entendu parler de l'ordre de notre Roi qui, dans sa sagesse héritée de son noble père, a ordonné Renly Baratheon de mener au Nord les troupes levées sur Terres de l'Orage. Nous vous avons élevé à connaître toute l'étendue du mot honneur, y compris le poids qui y est associé - ainsi, je n'ai point de doutes que vous comprendrez que cet appel n'en est point un que je peux ignorer, et que, aujourd'hui même, je quitte la Tour des Chouettes et m'apprête à une fois de plus à prendre les armes sous l'insigne des Baratheon. Certainement, ces histoires de spectres, de ces créatures sorties droit des enfers, ne sont que foutaises, et que cette tant évoquée menace est d'une nature bien plus humaine. Ainsi, ne vous inquiétez point, ma petite chevêchette, nous avons dans le passé combattu plus grande menace, avec bien moins d'hommes. Et nous sommes revenus. J'ai espoir que cela sera également le cas cette fois-ci, et que votre époux sera de nouveau à vos côtés lorsqu'il sera temps d'accueillir le nouveau membre de la famille des Cafferen.

Restez forte, ma fille, et souvenez vous que, peu importe le nom que vous portez aujourd'hui, vous resterez toujours une digne descendante des chouettes.

Que la Mère vous protège.
Votre père
Raymund Mertyns

P.S: Le temps de mon absence, pouvez-vous accueillir votre mère auprès de vous à Bourgfaon? Elle tant désirait vos rendre visite - un plan pourtant avorté avec le départ de mon aîné, votre oncle, vers le Nord. Ma place était alors à Bourgfaon, à soutenir ma nièce dans cette tache qui est encore bien trop nouvelle pour elle. Mais maintenant que je m'apprête à rejoindre mon frère et mon neveu, peut-être pourriez-vous l'inviter auprès de vous ? Cela me rassurerait de ne point vous savoir seules, toutes deux.


Un tremblement parcourt-il les doigts de la chevêchette, au fur et à mesure que cette dernière n'avance dans la lecture de la missive que le mestre vient de lui apporter. Dire qu'elle est choquée de par ces paroles qui devant elles se dessinent sur le parchemin n'est que peu dire, car déjà se laisse-t-elle tomber dans un des sièges ornant sa chambre, son regard parcourant une fois ces quelques lignes qu'un corbeau lui a porté depuis Bosquebrume. Et dire qu'il y a quelques jours, non, quelques heures même, qu'elle était encore persuadée que la plus grande menace aux faons et au chouettes ayant migré vers le Nord étaient les gelures et ours vagabonds... mais maintenant ? Les paroles de son père se veulent rassurantes, et bien loin est-elle de savoir, la petite chouette, que ce dernier a pris soin, avant son départ, de s'assurant qu'en cas de sa mort, des lettres écrites par sa main seraient remises à son épouse et ses filles. Que déjà, il a songé à l'avenir de sa petite famille, désormais éparpillée à travers les Terres de l'Orage, s'il doit rejoindre l'au-delà. Car peut-être ne croit-il point que la Mort s'avance vers eux, tapotant de ses pieds, ni n'a-t-il oublié la folie qu'a atteint le précédent Roi Targaryen - mais est-il également assez réaliste pour se douter que ce n'est point entièrement sans raisons que tant d'hommes sont envoyés au Nord. Une nouvelle guerre se prépare, de cela, le Rapace en est-il persuadé - et la dernière fois que les chouettes se sont rangées derrière leur Suzerain bien des années auparavant, y ont-elles laissées des plumes. Alors point ne se fait-il d'illusions, le rapace - mais est-ce bien là une dure réalité dont il préfère protéger sa cadette. Ainsi, cherche-t-il à lui donner espoir, là où lui, guerrier expérimenté, est bien plus réaliste.

Mais tout cela, ces doutes qui agitent l'esprit de son père, elle l'ignore, la chevêchette - et pourtant, déjà ces mots mettent-ils son esprit en émoi. S'il y a un véritable danger au Nord, comme semble le penser son père alors... elle déglutit, la chevêchette, tentant de calmer ses nerfs avec une gorgée de cette infusion aux herbes que Janyce lui a porté peu auparavant dans un bol fumant. Si les dires de son père sont exacts. S'il y a vraiment danger au Nord... alors non seulement a-t-elle fait tord au faon en pensant qu'il n'utilisait ce ridicule combat contre flocons de neige et cristaux de glace uniquement pour excuse de la laisser derrière, seule. Si le danger est réel... tant irréelle lui parait encore cette pensée, et pourtant, déjà sa gorge se noue lorsqu'elle pense à son père, à son oncle, et surtout, à son cousin. Son enfant devra-t-il subir le même sort, naître dans un monde dans lequel son père a été assassiné avant sa naissance, au cours d'un ridicule conflit ? Déjà, les lèvres de la chevêchette se pincent, alors que la panique envahit son esprit et que d'un geste profectif, sa main se pose sur son ventre. 'Que le Guerrier les protège.' songe-t-elle, bien trop encore sous le choc pour se lever. A la place, son regard vague-t-il de par la fenêtre, vague au-delà de l'hideux temple, au loin dans cette direction qu'a pris le faon en partant quelques semaines auparavant. Ou sont-ils à ce moment précis, ces faons et chouettes ayant entrepris leur migration il y a une lune déjà ? Sont-ils en sécurité encore, ou doivent-ils déjà faire face à cette menace qu'a évoqué son père ? Ou sont-ils... non, cela, elle ne peut le penser. Elle refuse de croire en cet éventualité. Ils reviendraient. Le faon un jour tiendra dans ses bras cet enfant qu'elle est porte en ce moment même. Elle a besoin de s'accrocher à cette pensée. Elle a besoin d'y croire... et surtout, doit-elle prier, car à ce moment, seul le Guerrier peut tendre sa main protectrice au-dessus des faons et des chouettes. Toujours craintes et angoisses agitent-elles son esprit, mais dans cette dernière pensée, a-t-elle trouvé un tant soit peu d'espoir.

« Je me rends au Septuaire. » lance-t-elle Janyce qui a ce moment entre dans la chambre, et, attrapant sa cape épaissement fourée, elle quitte cet chambre qu'est désormais sa maison, la quitte pour chercher réconfort et protection pour sa famille auprès des Sept. Car les Dieux seuls seront en mesure de les protéger - et en vue de l'égarement des faons et certaines chouettes, bien des prières seront certainement nécessaires pour faire appel à la miséricorde des Dieux...
(c) DΛNDELION

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When fury fades
but worries stay
Bourgfaon, 302, Lune 12, semaine 3, jour 1
   
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Noir est-il encore, le ciel. Et aussi sombre qu'est le ciel nocturne à cette heure pourtant avancée, est l'esprit de la chevêchette - comme si ces ténèbres compagnes de ce rude hivers, tenant dans ses griffes les Sept Couronnes tout entières, ont-elles aussi fini par s'emparer de l'esprit de la cadette des chouettes, semant doutes et craintes sur leur passage. Il y a une lune encore, ses pensées étaient-elles encore tournée sur cette nouvelle vie qui, avec chaque jour, grandit d'avantage dans ses entrailles, tout en maudissant au passage ce faon qui a décidé de l'abandonner pour, tel un vagabond, chasser et assassiner ce qu'il prétendait être les messagers des enfers: de ridicules contes, inventés par des esprits dérangés et auxquels seuls les plus crédules ne portent attention. Ou du moins, est-ce là ce qu'elle a pensé près de deux lunes auparavant  lorsque debout dans la cour, elle observait les deux faons suivis de troupes rapidement soulevées quitter l'enceinte du château. Et lourd a-t-il été, son coeur, à l'idée de voir l'héritier des faons prendre la route - mais surtout, la colère grondait-elle dans ses veines face à ce comportement des plus stupides. Et des semaines durant, a-t-elle tiré force de cette colère pour éviter de trop sombrer face à cette solitude désormais plus pesante encore, et de se consacrer à ces nouveaux devoirs que son les siens, la tête haute. Et pourtant, une seule missive, quelques courtes lignes gribouillées en vitesse sur un bout de parchemin, a-t-elle suffi pour transformer tremblements de colère en tremblements de peur. Car si jamais elle ne pourra croire à ces ridicules présage qu'un de ces charlatans aurait soi-disant perçu dans les flammes, les quelques mots de son père sont-ils parvenus à semer bien plus de craintes dans son coeur que tous les sombres insinuations du faon. Et depuis une lune déjà, bien des questions, et surtout l'incertitude que ces dernière soulèvent, la ronge. Où sont-ils, à ce moment précis ? Car si son père n'a pris route qu'une lune auparavant, et donc certainement n'est point encore parvenu à se rendre si loin dans le Nord, Tavish est-il parti il y a deux lunes déjà, alors, lui, a-t-il déjà du s'approcher du danger lorgnant au Nord. La guerre insinuée dans la missive de son père, a-t-elle déjà commencé ? Les batailles ont-elles déjà débutée, ou attendent-ils toujours que ces ennemis ne fassent le premier pas, lancent la première attaque ? Le danger, ce réel danger, rôde-t-il encore dans les ténèbres nocturnes, ou les cornes de la guerre résonnent-elles déjà dans le désert de glace que doit être le Nord ? Faons et rapaces au front, comment se portent-ils? Sont-ils toujours en v... non, elle ne peut se permettre de telles pensées. Elle ne peut supporter une telle idée. Elle ne peut permettre à de telles peurs, de telles craintes, de la ronger. Pour le bien de son enfant à naître, pour son bien à elle, elle a besoin de croire qu'il est toujours en vie, le faon: son enfant aura besoin d'un père - et elle est bien trop jeune encore pour mener une vie de veuve. Certes, n'est-elle point amoureuse de son époux, de cela, elle en est sûre - et pourtant, s'est-elle assez attachée à ce dernier pour ne point souhaiter qu'il ne lui arrive malheur. Ni à son père. Son cousin. Et même son beau-père, ou même oncle.

Et alors que grince la neige sous ses souliers, traverse-t-elle la cour pour se livrer à ce rituel journalier qu'est le sien depuis bien des semaines déjà. Bientôt, les froides caresses du vent hivernal ne sont qu'un mauvais souvenir, quand à la lueur des bougies, elle retrouve cet endroit qu'est devenu pour elle un véritable refuge depuis son arrivée à Bourgfaon. De pas lents, cérémonieux même, s'approche-t-elle des statuettes des Sept, avant que, d'un geste révérencieux, elle dessine l'étoile à Sept Branche, et s'agenouille. Plus que jamais, les prières sont-elles à l'ordre du jour - mais ce n'est point pour elle qu'elle implore la bénédiction des Sept.
« Ô grand Guerrier, ô toi qui sème admiration dans les coeurs de tes fidèles  et peur dans les coeurs de tes ennemis, préserve Tavish de la guerre, je t’en conjure. Suspends les épées et suspends les flèches, permets qu’il connaisse un jour meilleur. Permet qu'il rencontre un jour son enfant à naître. Peut-être s'est-il égaré en suivant les mensonges de certains, alors permets-lui de survivre afin qu'il puisse s'apercevoir de ses erreurs et à ouvrir de nouveau son coeur à la lumière des Sept.
Ô gente Mère, ô force des femmes, daigne apaiser la rage et calmer la furie, Enseigne-nous les voies de la bonté. ** »

Mais n'est-ce là qu'une infime partie des prières qu'elle adresse aujourd'hui aux Sept, la chevêchette. Qu'elle adresse tous les jours aux Sept - et le faon n'est-il point le seul pour lequel elle implore la protection du Guerrier. Non, ce qu'elle adresse chaque jour aux Sept est en quelque sorte une collection de prières, dans lesquelles elle implore le soutient des Sept à son père. Son cousin. Son époux. Et même son beau-père et son oncle.
Et les Septs seuls savent à quel point ces quatre derniers ont besoin que l'on prie pour eux, eux qui se sont détournés de la lumière des Sept pour suivre des charlatans.  Et pourtant, le grincement de la porte bientôt lui fait lever la tête, interrompant momentanément ses prières.

« Dame Shoren, pardonnez-moi, je ne désirais nullement vous interrompre  » Délicatement, incline-t-elle sa tête en signe de respect face au Septon qui vient de pénétrer dans l'enceinte du Septuaire, cet homme à la coupe au bol qui tant lui est caractéristique. De dehors, elle peut entendre le château s'éveiller de cet paresseux état dans lequel état le plonge chaque nuit: des voix se font-elle entendre, résonnent des bruits de sabots et quelque part, un marteau tapote il l’enclume... Bientôt, elle devra partir, s'occuper de ces charges que lui a confié Lord Arstan avant son départ, de ces tâches auxquelles on l'a depuis son enfance préparée - et pourtant, maintenant qu'elle y fait face, se dévoile-t-il la triste réalité : une Dame de la maison, elle ne qu'en l'herbe, loin encore de cet idéale à laquelle elle a cherché à se rapprocher. Non, encore bien lourdement repose-t-elle sur les conseils de l'homme que son beau-père a assigné pour lui assister à la tache. « Vous ne pourriez déranger. » laisse-t-elle échapper, d'une voix révérencieuse. « Peut-être pourriez-vous me faire l'honneur de vous joindre à mes prières? Pour Lord Arstan et le Ser mon époux, ainsi que tous ceux partis au Nord. » Car en ont-ils besoin, sur tant de points... « Puissent-ils enfin retrouver la Lueur des Sept. » acquiesce-t-il avant de prendre place à ses côtés. Depuis son arrivée à Bourgfaon, la chevêchette a-t-elle trouvé réconfort dans les paroles du septon ainsi que leurs prières communes, sans pour autant se rendre compte que l'homme place en elle l'espoir d'un retour des Faons à la véritable religion, la religion des Sept. Sans se rendre compte que, dans ses conseils, ce n'est point uniquement à elle que pense l'homme, ou accorder la moindre pensée au fait que, peut-être, il use sa piété dans l'espoir d'influencer à travers elle également le futur héritier des faons...

[part 1]
(c) DΛNDELION

[4.2]

** adapté de la prière aux Sept
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When fury fades
but worries stay
Bourgfaon, 302, Lune 12, semaine 3, jour 1
 
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Toujours est-elle  présente autour de son cou, comme elle l'est dans son coeur, cette Etoile à Sept Branches autour de laquelle désormais se resserrent les doigts de la chevêchette, y tapotant d'un geste aussi inconscient que révélateur de cette inquiétude qui, depuis plusieurs semaines déjà, agite le cœur de la cadette des chouettes. Deux lunes que sont partis les faons. Une lune qu'est parti son père. Et à l'heure actuelle, où se trouvent-ils ? Se battent-ils déjà contre ces vagabonds sauvages dont on murmure qu'ils attaquent le Nord depuis plusieurs lunes déjà? Et si bataille il y a déjà, sont-il toujours en bonne santé ? Ou sont-ils blessés ? Pire même, morts dans une guère qui n'est pourtant point la leur ? Les nouvelles provenant du Nord sont inexistantes, et ces bien trop longues nuits sont sujettes à faire naître les pires des pensées dans l'esprit de ceux laissés derrière. Face à ces craintes, est-ce qui dans la petite septe qu'elle trouve reconfort - du moins, en théorie. Car alors que les jours et semaines écoulent depuis le départ des faons et des troupes de Bourgfaon, c'est une pensée qui plus que n'importe quelle autre tracasse la petite chouette : si, malgré ses prières pour le retour en vie de son époux et des rapaces, malheur venait à frapper - alors qu'arriverait-il à ces derniers ? Son père voyagera vers les terres d'oppulence dont parlent les septons, là où l'on rit, aime et festoie jusqu'à la fin des temps dans les halles dorées du Père. Et si l'idée même de perdre son père semble insupportable à la petite chouette, ne peut-elle nier qu'il y a dans cette certitude un réconfort certain. Mais qu'en est-il des deux faons, ou même des autres membres de la famille des rapaces ? Depuis trop longtemps se sont-ils détournés du droit chemin et de la véritable religion pour espérer pouvoir accéder à cet au-delà idéal - alors seront-ils amenés à traverser les Sept Enfers au cas où l'Etranger leur dévoilerait son visage ? A la seule idée que son cousin - et même son époux - ne puisse être promis à un aussi funeste destin, des tremblements d'effroi parcourent les membres de la chevêchette. Si seulement, elle aurait pu se montrer plus convaincante, alors peut-être aurait-elle pu sauver son cousin d'un tel destin - et peut-être même le faon. Si seulement... mais malheureusement, la fumée émanent de ces maudits feux allumés par les charlatans, et son emprise trop profonde déjà dans l'esprit des ces deux égarés pour que cela puisse être facilement remédié. Alors, elle ne pouvait que prier pour que sa famille, ainsi que le père de son enfant, s'en sortent vivants de cette aventure - mais y a-t-il espoir que le Guerrier tende sa main protectrice au-dessus des âmes égarées ? Est-ce bien là une question qui tant tracasse la petite chouette - et lorsque, à la fin de sa prière, elle porte son pendentif en  forme d'Etoile des Sept à ses lèvres, son regard reste un moment rivé sur la statuette du Guerrier posée devant elle. Et alors que le silence pèse une fois de plus sur la septe, qu'elle élève sa voix, la petite chevêchette: après tout, à ces interrogations, Osmynd, le septon de Bourgfaon, saurait y répondre avec cette sagesse qui lui est presque aussi propre que cette horrible couple au bol.

« Pensez-vous que nos prières suffiront pour adoucir le Guerrier afin qu'il les protège ? » souffle-t-elle, alors qu'avec adresse, elle se redresse. « Que malgré leur égarement, les Sept puissent se montrer miséricordieux à leur égard ? » Pendant un moment, reste-t-il silencieux, le septon - un bien trop long moment au goût de la chevêchette. Un silence qui pourtant ne fait que souligner d'avantage encore la gravité de la situation. Et dans un geste quelque peu dramatique, ce dernier finit-il par hausser les épaules. « Malheureusement, je l'ignore, ma dame. Louée soit la miséricorde des Sept, qui ne sont que trop prêts à pardonner les pêchés de ceux qui se montrent humbles et pénitents. » Doucement, acquiesce-t-elle la chouette: chaque pêché, chaque crime même, peut être pardonné aux yeux des Sept, si repentance est faite. Ainsi, pardonneront-ils également ceux s'étant détournés d'eux - une fois que ces derniers auront su prendre conscience de leur égarement. Mais aussi bien la chevêchette que le Septon savent que "humble et pénitent" point ne correspond à l'héritier des faons, du moins point là où la religion est concernée. « Alors s'ils viennent à réaliser l'erreur de leurs actions... » La fin de cette phrase reste-t-elle en suspens, mais point n'a-t-il besoin d'en dire d'avantage pour que la petite chouette comprenne où il veut en venir. Si le faon - ou son cousin - finit enfin par voir les charlatans pour ce qu'ils sont réellement et retourne auprès des Sept, alors y a-t-il espoir... et à cette pensée, les lèvres de la chevêchette se pincent. Pourquoi ? Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à montrer au faon l'erreur de sa pensée? Pourquoi n'a-t-elle point cherché à saisir le taureau par les cornes en tentant de le réconcilier avec les Sept lorsqu'elle avait encore le temps, au lieu de, paresseuse, se retrancher et de se contenter du fait qu'on ne la force pas à rejoindre le culte de ces charlatans ? Car si son père dans sa missive a dit vrai - ce dont elle ne doute point - qui peut-il lui dire que que, sans la protection du Guerrier, son époux et son cousins ne se soient point déjà fait assassiner par les sauvageons du Nord ? Après tout, avec l'absence de messagers provenant du Nord, comment pouvait-elle savoir ? Et que pourrait-elle dans ce cas dire à son enfant, si un jour celui-ci pose des questions sur son père ? Que celui certainement rôde dans les Sept Enfers? Avec douceur, pose-t-elle sa main sur son ventre - ce dernier n'a pas encore commencé à s'arrondir, et pourtant ressent-elle déjà le besoin de protéger le petit être qui y grandit, inconscient du tumulte de ce monde lors de sa conception. « Et s'ils ne le font pas ? S'ils restent charmés par les mensonges de ces charlatans ? » Avec douceur, la main du Septon vient se poser sur la main libre de la chevêchette. « Et bien, il est alors de notre devoir de leur faire entendre raison. Hélas, je crains avoir perdu l'oreille de Lord Arstan face à ces imposteurs, mais ne devons point perdre d'espoir. Et en tant qu'épouse du jeune Ser Tavish, peut-être pouvez-vous parvenir à lui montrer le chemin à suivre, grâce à votre piété exemplaire ? » Songeuse, elle acquiese, la petite chouette, mais avant que son bec ne peut s'ouvrir, déjà la voix jusqu'ici songeuse du septon devient-elle plus assurée, alors qu'il continue ce court monologue. « Mais d'ici leur retour, nous ne pouvons que prier - prier pour qu'ils retrouvent la douce lueur Sept, mais surtout que la miséricorde de la Mère déteint sur le Guerrier afin qu'Il protège ces pauvres âmes égarées. Mais gardez espoir, ma dame, les Sept vous sourient et écoutent vos prières, semble-t-il. » ajoute-t-il, un sourire bienveillant dessiné sur ses lèvres, alors que, pour souligner ses le sens de ses paroles, son regard se pose sur le ventre de la jeune femme. « Alors gardez espoir que ces prières si seront également entendues. » Et à ces paroles, un léger sourire se dessine-t-il enfin sur les lèvres de la chevêchette. « Merci. » souffle-t-elle, avant d'incliner la tête, pour prendre congé, le cœur bien plus léger déjà que lors de son arrivée à la septe.


[part 2]
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[5.2]
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When fury fades
but worries stay
Bourgfaon, 302, Lune 12, semaine 3, jour 1
 
Do not trap yourself into an owl's hooting soundwhere sad nights linger through the blackness of a hound.
Une main appuyée sur son ventre, se tient-elle là, près de la grande table, la chevêchette. Mais alors que son regard vague sur le livre des comptes, exerçant là son devoir de dame de Burgfaon à veiller sur les dépenses de la maison et le travail des domestiques - une responsabilité qui lourdement pèse sur ses frêles épaules, et à laquelle pourtant doucement elle commence à s'y faire. Ou du moins, s'y fait-elle en temps normal, car aujourd'hui, c'est ailleurs que se trouve son esprit. Et qui pourrait-il lui en vouloir, alors que semblent danser les chiffres devant elle, comme agités par les nausées qui menacent de lui soulever l'estomac depuis l'instant même qu'elle a posé pieds dans cette pièce, emplie de l'odeur d'une tarte fraîche dont la chevêchette ne  peut que deviner qu'elle sera servie au dîner. Mais d'ici là, bien des heures risquent encore de s'écouler, car encore le soleil est-il visible à l'horizon, signalant que trop clairement que cette pourtant si courte journée d'hiver n'est point encore terminée - ni l'est le travail pour la jeune Dame des lieux, qui difficilement décolle son regard du paysage enneigé se dessinant au loin, pour se replonger dans les comptes. Avec le départ des faons et leurs troupes, le château tourne-t-il en effectif réduit, et pourtant, toujours y a-t-il des bouches à nourrir, des domestiques à payer. Et il est du devoir de la dame de lieu de veiller sur ces taches - et peu importe-t-il si une telle occupation lui plait ou non. Avec impatience, ses doigts tapotent-ils sur la table, alors qu'elle lutte, lutte à oublier ce malaise passager et se concentrer de nouveau sur la tache devant elle - mais avant qu'elle n'y parvient, une voix s'élève-t-elle à ses côtés. « My lady, veuillez m'excusez mon interruption, mais... il y a également la bagarre sur la place du marché de ce matin qui requiert votre attention. » Le conseiller que Lord Arstan a jugé bon de mettre à ses côtés la coupent dans ses efforts. Serrant ses dents, se lève-t-elle de son siège, la petite chouette. « En effet. » En quelques pas, traverse-t-elle la pièce, avant de s'approcher d'une fenêtre qu'elle entre-ouvre. Enfin, quand l'air frais titille ses narines et attaque ses poumons, ses nausées s'apaisent-elles assez pour qu'elle puisse accorder son attention à l'homme qui, par politesse, l'a suivi dans sa migration. « Peut-être pouvez-vous être si bon de me rappeler les circonstances ? » Point n'est-elle paresseuse, la petite chouette, mais malgré ses efforts a-t-elle bien d'autres préoccupations, si bien que certains détails souvent lui échappent. Et pourtant, à peine l'homme commence-t-il son récit, qu'elle l'interrompt déjà d'une main d'impétueusement levée. « Des visiteurs. » laisse-t-elle échapper, alors que rivé est son regard sur la petite troupe qui dans la cour s'assemble. Une troupe, dont la vue des armoiries à elles seules dessinent un sourire sur les lèvres et illuminent le regard de la chevêchette.

Elle est là.
Elle est enfin là.

« Nous y reviendrons plus tard. » Sur ces mots se détourne-t-elle de son conseiller, avant de quitter la pièce avec une précipitation peu distinguée. Bien des semaines se sont-elles écoulées depuis qu'elle a suivi les conseils de son père, en invitant sa mère à la rejoindre à Bourgfaon. Et depuis l'acceptation de cette dernière, une semi-éternité semble-t-elle s'être écoulée, durant lequel aucun messager, soit-il ailé ou humain, ne lui est parvenu de sa part. La première fois depuis son mariage même a-t-elle été privé du réconfort porté par leur missives presque hebdomadaires - et ces dernières n'ont-elles que trop manqué à la petite chouette, au point que désormais, vole-t-elle au travers des couloirs de Bourgfaon, jusqu'à se trouver dans la cour. Jusqu'à se trouver dans les bras de sa mère, tel l'enfant qu'elle a autrefois été, et qu'elle pensait avoir depuis longtemps laissée derrière elle. « Et bien, voilà un accueil des plus chaleureux. » « Je suis si heureuse de vous voir. » laisse-t-elle échapper, la chevêchette, se découlant doucement de sa mère, tout en laissant glisser sa main dans celle de cette dernière. De Bosquebrume, de sa famille, tant en a-t-elle rêvé au cours des dernières lunes qu'encore maintenant, a-t-elle du mal à croire qu'est-ce là réellement sa mère qui se trouve devant elle. « Je crois l'avoir deviné de par cet accueil exubérant. Est-ce donc là la manière dont se conduit la Dame de Bourgfaon ? » Malgré ses mots, le sourire dessiné sur le visage de la mère des chouettes que trop clairement montre qu'elle est toute aussi heureuse que cette dernière, et comme pour effacer tout doute potentiel, pose-t-elle tendrement ses lèvres sur le front de celle-ci, avant d'en saisir les mains dans les siennes. « Peut-être devrions nous entrer? Après ce long voyage, la chaleur d'un feu serait bien agréable - et la vue y sera bien meilleure. » laisse échapper la corneille devenue chouette, et le regard qu'elle laisse traîner sur le temple ne laisse que bien peu de doutes sur le sens de ses paroles.  « Bien meilleure en effet. » Un rire échappe des lèvres de la petite chevêchette: comment peut-elle un jour exprimer à quel point tout cela lui a manqué ? Sa famille bien sûr, et en particulier sa mère et les conseils que cette dernière peut lui donner pour ce qui l'attend dans huit lunes à peine - mais également le simple fait de ne point toujours se sentir en minorité lorsque le sujet de la religion est abordé. Aux côtés de sa mère, a-t-elle enfin l'impression que cette menace rouge qui semble toujours se tapir à l'ombre de cet horrible temple s'évapore - mais est-ce là certainement aidé par le fait que ce terrible charlatan a quitté les lieux, embarqué vers le Nord dans l'équipage des faons. « Portez les bagages de ma mère à l'intérieur, et assurez vous que sa suite ait à manger, et sache où dormir. Et après, veillez à ce que l'on s'occupe des chevaux. » Le ton de la petite chouette est-il doux, et pourtant, y trouve-t-on cette autorité si propre aux personnes nées dans la noblesses. Et alors que plusieurs domestiques s'affèrent à la tache, la petite chouette passe-t-elle tendrement son bras autour de celui de sa mère. « Avez-vous fait bon voyage ? » Tant de questions, de sujets, se bousculent-ils dans l'esprit de la chevêchette, et pourtant, après la pourtant si légère réprimande de sa mère, veut-elle se rattraper. Peut-être n'est-elle point une lady idéale sur tous les points, mais compte-t-elle bien montrer à sa mère qu'elle n'a point encore oublié l'éducation irréprochable qu'on lui a fourni. « Il était long et froid. Mais ne parlons point de cela, l'important c'est que je suis là maintenant. Parles-moi plutôt de toi. Comment te sens-tu? » Avec douceur, passe-t-elle la main sur le ventre encore si plat de sa fille, alors que dans ses yeux luit tout l'amour et l'inquiétude d'une mère. « Bien, maintenant que vous êtes là. » Avec douceur, ressert-elle l'emprise sur le bras de sa mère, se collant d'avantage encore à celle qui lui a tant manqué au cours de ces dernières lunes. Et pour un instant, parvient-elle même à oublier cet enfer que cause l'absence de nouvelles provenant du Nord, cette incertitude si résonnent déjà les cornes de la guerre, si sa famille et son époux sont encore en vie, où si neige et vagabonds sauvages les ont assassiné déjà. Non, à ce moment là, ces tracas-là sont-ils presque oubliés, repoussés dans un coin de son son esprit. A ce moment là, retrouve-t-elle presque ce sourire qu'a été le sien, avant ce mariage, avant ces fiançailles même. A ce moment là, est-elle heureuse, et même les tremblements provoqués par le froid vent hivernal ne sauraient le changer. De toute façon, bientôt pourront-elles s'installer au chaud devant une cheminée, un bol d'infusion à base d'herbes entre leurs mains. Et alors, pourront-elles enfin échanger librement.


Car elle est là.
Elle est enfin là.
[part 3]
(c) DΛNDELION

[5.3]
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