l'éclaircie vient après la pluie — (feat maron)

Le ciel de plomb pleurait ses myriades de perles glacées sur les l'îles et le vent soufflait sa froideur hiémale tandis que les vagues venaient inlassablement s'écraser contre les rochers sous le regard cérulé de la sirène. L'hiver bien installé, elle frissonnait sous les caresses glacées de la brise marine en observant l'horizon pleurante face à elle. Ces heures, toujours ces heures dédiées à une solitude des plus rébarbatives en se mourant peu à peu dans une quiétude des plus élégiaque. Sa chevelure de feu s'envolait derrière elle sur le balcon empierré du donjon du château de la Tour des Moires. Un père absent et une demi-sœur en voyage chez des cousins, la jeune fer-née errait seule dans ses appartements sans vraiment savoir quoi faire pour tuer ce temps acrimonieux. Hypnotisée par le chant des vagues, elle souffla sur ses mains pour les réchauffer un peu avant de retourner à l'intérieur de sa chambre où sa servante venait de déposer son petit déjeuné sur une table près de l'âtre dévoré par les flammes. Un sourire forcé pour la vieille dame avant de picorer dans son assiette dans un silence assourdissant d'ennui. Depuis sa discussion avec la princesse Alana, elle n'avait qu'un certain léviathan en tête et n'arrivait pas vraiment à se l’ôter de l'esprit. Elle se demandait ce qui pouvait bien clocher chez elle pour ne point attirer les faveurs de l'héritier Volmark, quelque-peu blessée dans son estime de ne pas avoir réussi à intéresser le fer-né. D'après sa soeur, c'était sûrement dû à son caractère trop réservé et d'après son père — parce-que elle n'était tout simplement pas au goût de Maron. Dans les deux cas, dévalorisée même par sa famille, elle s'était enfermée dans sa tour depuis son retour sur l'île d'Harloi après avoir visité la princesse Alana à Pyk. Peut-être qu'elle ne gagnerait jamais les faveurs du beau Maron, mais elle espérait avoir sincèrement tisser les prémices d'une amitié avec la belle princesse qu'elle voyait comme un modèle. Le repas terminé, la rouquine sauta ensuite dans un bain chaud pour se délasser tandis que sa domestique s'occupait de dompter sa longue crinière rousse. Une routine des plus ennuyeuses avec laquelle elle était vraiment lasse de danser. Plus le temps passait et plus elle avait en horreur ce sinistre château, prisonnière de ces murs en attendant d'appartenir à celui pour qui elle sera dévouée pour le reste de sa vie. « Tu peux me laisser Gladys. » La vielle servante hocha la tête et laissa la jeune femme terminer sa toilette en paix, fermant les yeux pour apprécier ce petit moment de détente.

Coiffée, corsetée et habillée d'une jolie robe couleur émeraude — sa longue chevelure rousse était détachée et décorée de quelques tresses sur l'arrière tandis qu'elle ajustait son collier à la naissance de son décolleté. Elle glissa sur ses épaules un long châle de la même teinte pour se réchauffer et se parfuma légèrement. Helga soignait depuis toujours son apparence dans l'unique but de plaire à un quelconque prétendant. C'était sa seule arme contre la folie des hommes et bien qu'elle n'était pas vindicative et de celles sachant manipuler, elle savait se cacher derrière ses sourires pour camoufler ses émotions. L'astre solaire commençait à décliner doucement, les heures diurnes étant plus courtes en hiver, elle ressentait l'envie de s'échapper du château pour aller flâner dans les marchés d'Harloi. Malheureusement, en l'absence de son père, elle n'était gère autorisée à jouer les aventurières seule et n'avait point envie d'être chaperonnée par un garde ou une servante. Même son vieux luth qui d'habitude lui offrait la perspective de quelques heures de répit ne semblait pas la charmer, profondément ennuyée jusqu'à que l’olifant sonne la venue d'un visiteur en approche. Curieuse, la rouquine souleva les pans de sa robe pour descendre les marches de sa tour jusqu'au grand hall du château enténébré où les domestiques se hâtaient à nettoyer et à préparer le repas du soir. « Père est déjà de retour ? » Sa servante semblait tout aussi surprise que la jeune femme tandis que des gardes s'approchaient pour ouvrir les portes pour laisser la sirène sortir afin de voir qui était cet invité surprise. Le vent vint alors la faire frissonner tandis que son cœur lui était réchauffer par la vision du jeune léviathan qui débarquait à l'improviste. Sans voix, Helga lança une œillade à Gladys qui affichait un petit sourire conquis avant de retourner à l'intérieur pour laisser la maîtresse des lieux accueillir comme il se devait le jeune seigneur. Elle descendit alors quelques marches pour rejoindre Maron, décontenancée par sa venue tandis qu'elle s'inclinait respectueusement devant le géant charismatique. « Lord Volmark, c'est un plaisir de vous revoir. » Elle releva son visage pour hanter un instant le regard du léviathan pour lui offrir la douceur d'un sourire ensoleillé sur ses lippes. Il était comme dans ses souvenirs, grand, beau et mystérieux. Elle laissa le palefrenier s'occuper du cheval du seigneur en l'invitant ensuite à la suivre à l'intérieur du château pour se préserver de la prochaine averse qui commençait à tomber.

Helga conduit rapidement son charmant visiteur dans le grand hall, près du feu pour qu'il puisse se réchauffer tout en faisant signe à Gladys d'apporter au deux jeunes fer-nés de quoi se sustenter. « Que nous vaut le plaisir de votre visite ? Si vous souhaitiez rencontrer mon père, il est actuellement en déplacement j'en suis navrée. » Pourquoi aurait-il fait tout ce chemin sinon ? La jeune femme ne se doutait pas une seule seconde qu'elle aurait pu être la raison de cette venue en restant debout près du feu, curieuse et charmée à la fois de le revoir. Son palpitant battait à la chamade en baissant ses yeux sur le sol, embarrassée à nouveau de se retrouver face au lord après avoir confié à Alana son envie de s'unir à lui.