Plantez la graine de l'amitié ... et la souffrance germera

Melleah eut un sursaut de surprise lors qu’une voix tonitruante les coupa dans leur discussion. Jetant un regard interrogateur à la jeune roturière dont on venait de crier le nom, elle constata que cette dernière esquissait un sourire en coin. Visiblement, elle connaissait cette voix et elle vint en accueillir son hôte en repoussant la porte de la stalle qui les cachait d'une partie des écuries. Soudain intimidée, Melleah s’empressa de reculer pour faire de la place à ce nouvel arrivant. C’était un homme imposant, d’une grande stature et qui paraissait peu commode au premier abord. A moins que cela ne soit le fruit de son imagination ? Instinctivement, elle eut peur pour sa nouvelle -ou presque- amie. Est-ce que cet homme allait s’en prendre à elle ? Mais ce dernier ne semblait pas énervé, à y regarder de plus prêt, et il s’il avait l’air de la chercher, cela pouvait être pour de multiple raisons. Par ailleurs, il présentait les attributs d’un chevalier, ou en tout cas le crut-elle, et bien qu’il se montra peu causant, il les salua respectueusement et avec manière. Deux secondes passèrent tandis qu’elle l’observa, la bouche légèrement entrouverte. Septa Mirella finit par se racler la gorge, la sortant de sa torpeur. Melleah s’empressa alors de le saluer à son tour :

« Messire. » dit-elle en effectuant une petite révérence, choisissant cet appellation neutre, incertaine quant à son statut.

Derrière elle, sa Septa s’inclina à son tour, la confortant dans sa première impression. Cet homme était de noble naissance. Pourtant, quelque chose dans sa façon de parler à Sacha détonait des sieurs qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Il ne semblait faire aucun effort de présentation, ni même de conversation. Échangeant un bref regard avec sa Septa, qui semblait tout aussi surprise, elle les observa converser avec curiosité. Une certaine familiarité semblait les lier et elle comprit d’emblée qu’ils étaient proches. Fut-il possible qu’il fut un ami ? Un amant ? Cette simple pensée la fit rosir et elle se surprit à vouloir en savoir plus, curieuse. Malheureusement, elle n’en aurait pas l’occasion ce jour. Elle doutait fort d’avoir l’audace d’interroger Sacha devant cet homme, et encore moins l’homme lui-même, de toute façon. Sans oublier que cela n’aurait pas été convenable !

Apparemment, Sacha était attendu par sa maîtresse pour quelques préparatifs -pour le bal probablement- ce qui la fit grimacer. Cette réaction eut le don d’arracher un sourire amusé à la lady, comprenant immédiatement les réticences de la jeune femme, à présent qu’elle en savait un peu plus sur cette dernière. Ça oui, Sacha allait probablement détester ce qui l’attendait et Melleah ne pouvait s’empêcher de l’imaginer. Cela l’amusa grandement. Aussi accueillit-elle son départ avec plus de sérénité, encore que, elle se trouvait déçue que leur rencontre ne fut écourtée. Qui sait quand elles se reverraient, ni même si se serait le cas … ?

« Bien entendu, ne faites pas attendre lady Cersei. » répondit-elle à la jeune femme avec un sourire amical, « C’était un plaisir Sacha, je vous remercie pour cette agréable rencontre ... Et bonne chance ! »

Ses derniers mots avaient été ajoutés tandis qu’ils tournaient les talons, et prononcés avec humour, sachant pertinemment que la jeune combattante en comprendrait le sens. Tandis qu’ils s’éloignaient, Melleah continua de les fixer, se mettant même sur la pointe des pieds pour les observer. Elle put alors entrevoir leur échange avant qu’ils ne disparaissent et un léger éclat de rire s’échappa de ses lèvres à la vision de leur chamaillerie, qu'elle étouffa de sa main. Ce qu’ils étaient comiques tous les deux ! Le regard de Septa Mirella la stoppa malgré tout dans son hilarité et elle se justifia :

« Voilà un spectacle que l’on ne voit pas tous les jours, n’est-ce pas ? »
« Ma Lady ... » soupira la Septa.
« Oh Septa Mirella, ne me sermonnez pas ! » geint-t-elle alors, « J’ai passé un délicieux moment ! Sacha est une personne charmante ! »
« Quand bien même lady Melleah, imaginez donc si vous aviez été surprise à tenir de tels propos ? Et si votre tante vous avez vu vous comporter de façon si effrontée ?! Vous savez parfaitement qu’elle ne tolère pas les familiarités avec les personnes de basses naissances ! »
« Seulement parce qu’elle craint que cela ne fasse ressurgir les frasques de mère, Septa ... Et puis, Sacha est au service de lady Cersei. Vous l’avez entendu comme moi, elle est également sa protégée. Ce n’est pas rien ! »
« Peu importe, lady Nivia n’y verra aucune différence et vous le savez parfaitement. Pensez donc à votre union future, rien ne doit pouvoir l’entacher. »
« Oh je ne pense qu’à cela ! » répondit-elle avec malice, prenant son bras.
« Lady Melleah, voyons … » ronchonna la religieuse, bien qu’un léger sourire vint fleurir sur ses lèvres.

Elles prirent alors le chemin du château en conversant à propos de Ser Ashter, et tandis qu’elles quittaient les lieux, une malice de la religieuse arracha un nouvel éclat de rire à la jeune Payne, attirant le regard des garçons d’écuries. Décidément, quelle chance avait-elle de pouvoir compter sur pareille préceptrice. Jamais Westeros n’en avait connu de plus bienveillante. Ni de plus drôle !

(c) princessecapricieuse