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Death among Us [SOLO]

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Death among Us
Âtre-lès-Confins • An 302, lune 10, semaine 2



Des cris inhumains résonnaient dans l’obscurité. Etait-ce l’aube ou le crépuscule ? Nul n’aurait su le dire. Des silhouettes indéfinissables s’affrontaient dans la pénombre. La lune se décida enfin à émerger de derrière les épais nuages noirs, et éclaira de sa lumière spectrale le champ de bataille. Alors, un des guerriers releva la tête, et son visage était celui de la mort. Ses yeux injectés de sang brûlaient d’un bleu glacial, sa peau était d’une blancheur cadavérique, et il tenait sa lance de ses doigts noirs et boursouflés. Il reçut sans broncher une flèche en pleine poitrine et abattit froidement l’archer. Ses lèvres se découvrirent sur une bouche sans dents, ses gencives noires dégoulinant d’une salive proche du pus, comme avides de massacre…

Kylis se réveilla d’un bond, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Elle grelottait, malgré la sueur qui perlait par tous les pores de sa peau. Ses muscles étaient douloureux, courbaturés, comme après une longue chevauchée ou un entraînement à l’épée. A ses pieds, Géant la fixait d’un œil inquiet, alerté par les spasmes incontrôlables qui avaient parcouru les membres de la jeune fille durant son sommeil. Elle repoussa les mèches de cheveux qui collaient à son front et jeta un œil par la fenêtre : la lune était encore haute, le château tout entier devait être endormi. D’une main tremblante, elle se servit un verre d’eau depuis la cruche posée à son chevet et le but goulûment. Elle avait la gorge sèche et un début de migraine qui, elle le savait, ne la quitterait pas pendant plusieurs jours.

Ces créatures, elle en avait déjà rêvé ; cependant, elles n’étaient jamais aussi nombreuses, jamais aussi réelles que dans le songe dont elle venait de s’échapper. Elle repensa à ses conversations avec Arya, à l’intérêt de celle-ci pour les visions oniriques de la Géante. Et si elle avait raison ? Si il y avait une part de vérité dans ces affreux cauchemars ? C’est à ce moment là que Kylis réalisa que des larmes coulaient sur ses joues. Elle était terrifiée. Elle aurait voulu pouvoir se mentir, se dire qu’il ne s’agissait que d’une chimère inventée par son esprit, mais elle savait au fond d’elle que ce n’était pas le cas. L’ombre de ces monstres planait sur elle depuis assez longtemps pour savoir ce que cela signifiait : ils venaient. Ils arrivaient, et elle n’y pouvait rien.

Si. Elle était Kylis Omble, fille du grand Lard-Jon, future épouse du gouverneur du Nord. Il fallait qu’elle les alerte, même si on la croirait folle, même si on repousserait ses supplications. Elle voulu sortir de son lit, et, s’appuyant aux froid murs de pierre, tituba avec difficulté jusqu’à la porte de sa chambre. Sa tête tournait et la faisait souffrir, et une remontée acide lui brûla l'œsophage. Elle eut la présence d’esprit de se précipiter jusqu’à son pot de chambre pour y vomir le contenu de son estomac, et s’écroula, inanimée, à côté de celui-ci.


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Death among Us
Âtre-lès-Confins • An 302, lune 10, semaine 3-4



Au cours de la quinzaine qui suivit ce terrible cauchemar, la fièvre ne laissa aucun répit à Kylis. Elle se souvenait à peu près s’être évanouie ; le reste des évènements lui parvint à travers le brouillard que formaient les obscurs remèdes du mestre dans son esprit.  

Sa mère se présentait souvent à son chevet, accompagnée de ses deux plus jeunes enfants ; les visites du Lard Jon et des grands frères de la Géante se faisaient plus rares, certainement trop occupés par leur lutte contre les sauvageons. Un soir où P’tit John lui tenait compagnie, il lui avait confié son étonnement :

Ils n’essayent même pas d’attaquer le château. Ils ne font que… que… passer.

Kylis avait tenter de lui confier son rêve, mais les seuls mots qui réussirent à passer ses lèvres au prix d’un effort surhumain furent :

Ils fuient…

Ce à quoi son aîné lui avait répondu avec un sourire goguenard :

Evidemment, qu’ils fuient ! Ils craignent la maison Omble, le Géant qui les écrasera tous comme des fourmis !

Kylis avait vaguement nié d’un mouvement de tête, avant de replonger dans ce sommeil trouble que la fièvre lui imposait.

Cette situation était intenable pour la jeune fille. Elle avait à plusieurs reprises tenté d’alerter son père, ses frères et le mestre, et même sa mère, mais ses explications se faisaient confuses et tous lui intimaient le repos, attribuant comme à leur habitude ses visions de guerriers morts à des délires liés à la maladie. Pourtant, elle sentait une certaine nervosité chez chacun d’eux, qu’ils tentaient de lui dissimuler, craignant de nuire à sa guérison. A plusieurs reprises, elle avait essayé de quitter son lit, sans grand succès ; si bien qu’on avait affecté Déa à sa garde nuit et jour, dans le but d’empêcher sa maîtresse de réitérer ses tentatives effrontées. Géant ne la quittait presque pas, s’absentant rarement pour chasser et revenant toujours se coucher près du flanc de la Géante, ronronnant avec emphase quand celle-ci le caressait derrière les oreilles.

Quand, à la fin de la dixième lune, elle se fut tout à fait remise, on l’autorisa enfin à quitter sa chambre. La première chose qu’elle fit fut de se rendre auprès de son père et de son frère le plus âgé, pour leur faire à nouveau part de la terrifiante vision qui l’avait assaillie à l’aube de son mal. Elle eut beau insister, se récrier, supplier qu’on l’écouta, rien ne fonctionna. Désespérée, elle alla trouver mestre Evlyn, qui sembla ravi de voir sa jeune protégée sur pied.

Mestre, peut-être voudrez-vous bien entendre ma requête…

Elle lui raconta son rêve dans les moindres détails, le pressant d’envoyer des corbeaux au Mur, à Winterfell et même à Port-Réal, mais celui-ci hocha doucement la tête pour lui répondre :

- “ Ma chère enfant, vous savez bien que les morts ne marchent point. Je crains que ces histoires que l’on raconte aux enfants vous obsèdent au point que vous les preniez pour la réalité.

- Pourtant, Arya Stark m’a affirmée que certains de nos ancêtres étaient dotés d’un don qui leur permettaient de deviner des choses dans leur sommeil !

- Balivernes que cela ! Ne soyez pas si butée. Ce ne sont que des contes, ma dame. Nous avons déjà assez de soucis à nous faire avec les sauvageons, pourquoi voulez-vous y ajouter un ennemi imaginaire ?

Furieuse, elle lança sur le bureau encombré les lettres qu’elle avait écrites pour son frère jumeau Bowen, apprenti à la Citadelle, ainsi que pour la petite Louve qui se trouvait sur l’Île-aux-Ours, comme celle-ci l’en avait informé dans un précédent courrier, et quitta les appartements du mestre.

Si personne ici ne la prenait au sérieux, elle ne pouvait risquer d’essuyer le refus de son fiancé et de se ridiculiser auprès de lui ; mais la sœur de celui-ci ne se ferait certainement pas sourde à son appel, pas après leurs longues discussions autour des rêves de Kylis.


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Death among Us
Âtre-lès-Confins • An 302, lune 11, semaine 1



Kylis avait lu avec attention le courrier de sa future belle-sœur en réponse à ses propres supplications, sans y trouver aucun réconfort. Son récent deuil et le sentiment de devoir en porter d’autres dans très peu de temps faisait croître en son sein une angoisse de plus en plus vive. Déjà petite mangeuse, la jeune fille ne s’alimentait que très peu, faisant même dire à lady Cassana qu’elle serait bientôt contrainte de la gaver comme un chapon si elle ne voulait perdre un autre enfant. Ce à quoi Kylis avait répondu qu’en ne l’écoutant point, ce serait toute la famille Omble qui y passerait. La réaction de sa mère fut sans appel : elle consigna la jeune fille dans sa chambre pour le reste de la journée. Cela ne changeait pas vraiment les habitudes de la Géante qui, de toute façon, tournait comme un lion en cage dans l’attente de nouvelles de son frère jumeau, Bowen. Celui-ci étudiait à la Citadelle, dans le but de devenir mestre, et Kylis lui avait écrit en même temps qu’à Arya pour lui demander son aide. Il était le seul membre de sa famille à ne pas tourner ses rêves en dérision, du moins pas en sa présence. Leur gémellité comme leur soif commune de connaissance les liaient depuis toujours, et il était, aujourd’hui, son dernier espoir.

Bowen n’avait jamais été un modèle de courage, du moins pas du point de vue de sa maison. C’était un garçon grassouillet et empoté, plus à l’aise à la plume qu’à l’épée. A l’instar de sa jumelle, il était passionné de lecture et de poésie, ce qui lui valait les moqueries des autres membres de leur fratrie. Cependant, il aimait sa sœur plus que tout, et celle-ci savait qu’il ferait tout pour elle. C’est pourquoi elle lui avait écrit à Villevieille, lui demandant de se renseigner sur ces terribles visions qu’elle avait eue. Peut-être parviendrait-il à déchiffrer les rêves de Kylis à l’aide du savoir enfoui depuis des siècles dans les ouvrages de la Citadelle…

Elle s’était assise à sa coiffeuse, caressant distraitement Géant qui s’était pesamment allongé sur ses genoux. Quelques coups étouffés à la porte l’arrachèrent à ses pensées et effrayèrent le chat qui alla se réfugier sous le lit de sa maîtresse. Mestre Evlyn pénétra dans la pièce, l’air embarrassé.

Un corbeau pour vous, de la Citadelle…

Sans attendre la fin de la phrase, elle bondit sur ses pieds et arracha la lettre des mains du vieil homme. Alors qu’elle parcourait la réponse de Bowen, le mestre enchaîna :

Lady Kylis, nous avons reçu un autre corbeau, qui vient du Mur…

Ces simples mots la firent frissonner. Elle fixa le mestre d’un air grave et le pressa de continuer :

- “ Eh bien, parlez !
- Le message qu’il délivrait est plus qu’inquiétant… Je l’ai transmis à votre père.

Il se tut, l’air interdit. Il semblait chercher ses mots, ce qui ne fit qu'accroître l’appréhension de la jeune fille. Après quelques secondes qui parurent durer des heures, il reprit :

Les morts, mon enfant. Vous aviez raison. Ils sont aux portes de la Garde de Nuit.

Ces mots lui firent l’effet d’un coup dans l’estomac. Elle était comme soulagée d’avoir vu juste, mais aurait mille fois préféré avoir tort. La nausée s’empara d’elle, et elle retint un haut-le-coeur. Elle se précipita à son bureau, prit sa plume et rédigea dans la précipitation une lettre à destination de son fiancé, qui contenait les mêmes informations que celles de Bowen, c’est-à-dire peu de choses : malgré ses investigations, le jeune apprenti avait trouvé peu de mentions des marcheurs blancs et des spectres dans les ouvrages centenaires de la Citadelle. Une seule information fiable pourrait avoir son utilité en temps venu : ils pouvaient être tués par le feu. Kylis s’appliqua à le souligner dans son message, de peur de ne pouvoir le délivrer de vive voix au seigneur de Winterfell. Quand elle eut terminé, elle tendit le courrier au mestre et serra ses deux mains tremblantes entre les siennes :

- “ Mon ami, je vous en prie, envoyez ce courrier à Robb Stark immédiatement. Il pourrait lui être d’une grande aide dans la lutte contre ces créatures.
- Je n’y manquerai pas, ma dame…

A cet instant, Déa pénétra dans la chambre, les joues rouges et le souffle court.

Il nous faut partir, m’dame. Vot’ père a ordonné qu’on fasse vos affaires sans tarder.

☽ ☾

Une atmosphère pesante régnait dans la cour du château. Les visages étaient fermés, les chuchotements inquiets, et même les chevaux semblaient nerveux. Ned, le plus jeune frère de Kylis, pleurnichait en s’accrochant à la robe de celle-ci tandis qu’elle essayait de l’installer dans le carrosse.  

Le Lard Jon avait ordonné le départ immédiat de sa femme, lady Cassana, accompagnée de ses plus jeunes enfants, Kylis, Barbrey, Lyra et Ned. Le convoi serait protégé par la moitié de la garnison d’ Âtre, tandis que les aînés resteraient en arrière en compagnie de leur père afin d’aider à l’évacuation des habitants des hameaux. Ils partiraient la semaine suivante, si les dieux le permettaient. La Géante avait d’abord insisté pour que toute la famille voyage ensemble, mais son père s’y était opposé, expliquant qu’il ne pouvait abandonner les gens du peuple derrière eux. Elle avait alors trouvé sa requête égoïste ; mais peut-on blâmer une jeune fille ayant déjà perdu un frère et un oncle de vouloir voir le reste de sa famille en sécurité ?

Le convoi se rendrait à Winterfell, la demeure du fiancé de la jeune lady Omble. L’idée de retrouver Robb rassurait quelque peu Kylis ; ils n’étaient pas très proches, mais elle avait confiance en lui, et savait que celui-ci l’écouterait, surtout après la dernière lettre qu’elle lui avait adressée.

Après avoir installé ses frères et sœurs dans le carrosse qui leur permettrait d’atteindre la citadelle des Stark, la jeune fille alla retrouver son père et ses frères aînés pour leur faire ses aurevoirs. Jon et Othor la serrèrent dans leurs bras avec leur rudesse habituelle, et elle leur fit des recommandations de prudence qu’ils n’écouteraient sans doute pas. Enfin, elle embrassa son père, les larmes aux yeux.

J’aurais du écouter tes avertissements, ma douce.

Cet aveu dans la bouche de son père surprit Kylis.  

Il est trop tard pour les regrets, Père. Je vous en prie, rejoignez-nous le plus vite possible.

Une larme coula sur sa joue lorsque sa douce main quitta celle, énorme et rugueuse, du Lard Jon. Sans se retourner, elle alla prendre place dans le carrosse aux côtés de sa mère, qui semblait elle aussi en proie au tourment. Le convoi se mit en mouvement, et Kylis posa sa tête sur l’épaule de lady Cassana, qui lui caressa affectueusement les cheveux. Géant aussi était du voyage, et avait pris place sur la banquette en face d’elles, aussi flegmatique qu’à son habitude.

Ainsi, une partie de la famille Omble quitta Âtre-lès-Confins, leur demeure ancestrale, sans savoir si ils la reverraient un jour.  


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