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Alea jacta est [SOLO]

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Alea jacta est
Chapitre Un : La nuit de noce.

La porte se referma derrière elle mais l’agitation de l’assemblée qui l’avait menée jusqu’à cette pièce se poursuivit encore un peu avant que l’on n’entende leurs voix s’éloigner. Ce n’était cependant pas le couple Arryn qui avait bénéficié de la plus grande escorte. Les jeunes femmes s’étaient évidemment précipitées pour avoir l’honneur de déshabiller le bellâtre de Catelyn, Eddard Stark. Nue après avoir été déshabillée par les invités masculins présents comme le voulait la traditionnelle cérémonie du coucher, Lysa, le bras droit sur la poitrine, la main devant son intimité, venait en effet d’être poussée vers la chambre qui verrait son mariage devenir plus réel encore, en compagnie de Lord Arryn, qu’elle devait désormais appeler son époux.

Lentement, la jeune fille aux longs cheveux roux leva les yeux vers son époux et retint discrètement son souffle. Bien sûr, elle avait déjà vu un homme dans le plus simple appareil et ça, Jon en avait été informé. Mais…Petyr était un homme de son âge. Lord Jon, lui…

Sentant le regard de Jon Arryn sur elle, Lysa laissa retomber ses bras le long de son corps. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle était effrayée ou impressionnée. Elle préférait qu’il pense que ce geste de pudeur de sa part n’était dû qu’à la cérémonie du coucher et qu’à son caractère étrange, en dépit de son ancienneté et de son ancrage.

Lui étant pleinement exposée, elle s’autorisa alors à baisser les yeux sur son corps à lui. Jon était d’une corpulence plutôt forte, son ventre était bedonnant et son torse parsemé de poils grisonnants. Elle descendit ensuite un peu plus les yeux jusqu’à son entrejambe. Ses poils y étaient de la même couleur que ceux de son torse ou encore ses cheveux. Mais, ce n’est pas ce qui retint le plus son attention…Evidemment qu’il ressentait de l’attirance pour elle. Elle était tellement plus jeune que lui. Et elle avait été si belle, dans sa robe de mariée. Tout le monde le lui avait dit… Sans doute était ce mieux ainsi, cependant. Si elle ne lui avait fait aucun effet, cela aurait été plus embarrassant. Au moins comme ça, ils pourraient s’y mettre tout de suite.

Lysa, désireuse de ne pas se montrer intimidée par la tâche qui l’attendait, prit l’initiative de s’approcher du lit, ses longs cheveux roux dévalant son dos dans une cascade d’ondulation. Au fond bien sûr, elle craignait de flancher. Elle n’avait aucun désir pour cet homme et doutait fortement d’en nourrir un jour. Mais, elle lui était désormais liée par un devoir conjugal et cette nuit ne serait que la première d’une série d’autres nuits jusqu’à ce que la mort les sépare.

La désormais dame du Val s’assit sur le bord du lit puis s’y étendit. Jon resta là à la regarder, sans s’approcher, comme s’il s’attendait à une autre réaction. Comme s’il pensait qu’elle aurait eu besoin d’être rassurée. Et bien non, justement ; ce n’était pas là le visage qu’elle souhaitait lui montrer. Elle souhaitait se comporter en femme forte et digne car voilà ce qu’elle était.

« Désirez-vous que je fasse quelque chose ? », demanda-t-elle, se donnant à nouveau davantage de contenance d’une voix qui ne connut ni hésitation ni vacillement. Se montrer forte lui permettait en fait de trouver cette force en elle pour affronter ce qui allait suivre. D’une certaine manière, sa propre comédie la convainquait aussi.

« Non », répondit Jon qui prit alors l’initiative de s’approcher du lit à son tour. Croyait-il à son attitude assurée ? Elle n’aurait su le dire. Peut-être pensait-il quand même que derrière la façade devaient demeurer des craintes de jeune fille. Elle préférait cependant se dire le contraire, ne voulant surtout pas lui inspirer de la pitié. Elle l’avait vu quelques jours avant son mariage, ils avaient pu discuter un peu et elle avait été assisse à ses côtés toute la soirée aujourd’hui, mais cela ne changeaient pratiquement rien à ce qu’ils étaient vraiment ; des inconnus. Et, Lysa ne voulait certainement pas partager ses sentiments et ses inquiétudes les plus intimes avec un inconnu, fusse-t-il son époux.

Lorsque Jon fut sur elle, un instant plus tard, que son ventre plutôt opulent poussait le sien, qu’elle se sentait écrasée par le poids de cet homme qu’elle connaissait si peu et de ce mariage qui lui convenait si mal, Lysa retint son souffle une seconde fois, discrètement. Et comme la première fois, elle déglutit plutôt que d’expirer, afin de ne point faire de bruit, de ne pas donner de voix à son émotion. Elle ferma les yeux et espéra que cela ne prenne pas trop de temps. Il ne lui restait qu’à attendre. Mais, attendre quoi, exactement ? Car une fois la chose faite, pourrait-elle trouver le sommeil alors que bientôt, elle prendrait la route avec son époux pour les Eyriés ? Et quand bien même trouvait-elle le sommeil, que cela changerait-il à sa réalité nouvelle ? Elle n’avait plus de rêves à nourrir, plus de desseins auxquels songer. Les dés de sa vie étaient jetés, peu importe si les chiffres que leurs faces avaient révélés lui plaisaient ou non...
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Alea jacta est
Chapitre Deux : Par delà le Trident.



Fin 283.

Le Trident.
Là, sur la route royale, Lysa l’observa en silence. Face à ce fleuve s’étaient affrontés Robert Baratheon et Rhaegar Targaryen. Ici s’était jouée l’Histoire des puissants auxquels elle appartenait et donc le cours de leurs vies. Ici s’était décidé qui fêterait la victoire et qui pleurerait sa défaite. Elle pensa à Edmure et à Brynden. Et bien qu’elle ne voulût point penser à lui, elle pensa à son père aussi. Le Trident portait en lui les stigmates de la mort. Etait-ce parce qu’elle savait ce qui s’était produit ici ? Ou était-ce le sang et les larmes qui s'étaient profondément ancrés dans la terre, les racines et les feuilles de cet endroit pour les décennies à venir, conférant à cette douce terre conflanaise une allure neurasthénique et la condamnant à faire remonter à la surface, chez ceux qui la regarderaient un peu trop longtemps, les réminiscences d’une douleur enfouie mais présente ? Il sembla à Lysa que le cours de ce fleuve ne pourrait jamais venir à bout du sang qui avait coulé en ses eaux, que même si on ne le voyait pas, il était toujours figé là, comme une cicatrice difficile dont on ne peut jamais vraiment se débarrasser malgré le temps.
Comme le souvenir amer d’un meurtre commis par naïveté…

Sa poitrine se souleva plus fortement au rythme de sa respiration. Elle sentit l’émotion l’envahir, mais refusa d’y céder. Elle était la dame du Val. Elle ne pouvait pas se laisser aller ainsi...

Juste au moment où elle se dit qu’elle ne tiendrait plus, une voix l’appela.

« Lady Arryn »

C’était là son nouveau nom. La jolie rousse se tourna vers son interlocuteur ; un soldat de son escorte.

« Tout va bien, ma dame ? », demanda l’homme. Tout allait bien; il l’avait interrompu pile à temps.

Lysa ajusta l’encolure de son manteau. « Oui, tout va bien. », assura-t-elle, très convaincante. S’éloignant du fleuve, la jeune dame du Val, s’adressa à son cocher. « Traversons, voulez-vous. », demanda-t-elle, impassible. Elle devait traverser, comme Rhaegar Targaryen l’avait fait allant vers Lord Robert, Lord Jon et Lord Eddard. Elle devait traverser, faire quelques pas de plus vers son destin. Vers les terres de Jon. Vers ses terres…

La porte lui fut tenue pour lui permettre de rentrer dans le carrosse et le convoi se remit en route. Elle ne voulait pas pleurer et elle était parvenue à s’en empêcher. Mais pour combien de temps encore, alors que dans ce carrosse, elle se retrouvait seule avec pour unique divertissement, ses pensées tourmentées ?...


*

Sa tête appuyée contre l’intérieure du carrosse, la née-Tully observait le paysage défiler, espérant qu’ainsi le trajet serait moins long, espérant qu’ainsi, les pensées qui venaient assaillir son esprit n’auraient point le temps de germer. Au rythme des sabots des montures du convoi, sa tête tanguait légèrement, sans que cela ne la trouble. Elle semblait même sur le point de s'endormir. Et puis, soudain…

Une montagne.

Lysa se redressa pour la regarder puis passa sa tête hors de la voiture tâchant de mieux la voir. Immense, majestueuse, la montagne semblait toucher le ciel de son sommet immaculé de blanc. Cela ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose ; le Val. Ils étaient dans le Val.

Tout d’abord émerveillée par ce paysage inconnu qu’elle avait déjà pourtant souvent imaginé grâce aux descriptions de Petyr, la conflanaise rentra la tête dans le carrosse et se tourna, presque par réflexe, vers sa droite.

Mais, il n’y avait personne à sa droite. Quelle cruauté de la part de son esprit d’avoir un instant imaginé Petyr à ses côtés. C'était là la réminiscence d'un vieux rêve avorté qui la frappait de plein fouet.
Mais, ce n’était pas lui qu’elle allait rejoindre...Nul visage familier ne l’accompagnait d'ailleurs ici ! Petyr n’était pas là. Son frère n’était pas là. Son oncle n’était pas là. Son père n’était pas là. Sa sœur n’était pas là. Elle n’avait personne avec qui partager cela. Elle n’avait personne avec qui partager quoi que ce soit.

Un frisson la saisit à la cheville pour se diffuser dans l’ensemble de son corps, jusqu’à  ses yeux bleus de née-Tully qui se remplirent dès lors de larmes trop souvent refoulées ces derniers temps. Il faisait froid par cet hiver, et pourtant, soudain, il lui parut manquer d’air dans ce carrosse. Tout. Tous les événements de ces dernières lunes remontèrent à la surface en une fraction de seconde, avec la violence de l’épée qui s’abat sur le cou du condamné. Une claustrophobie aussi saisissante que symbolique s’empara de sa personne alors qu’elle venait de poser ce premier regard sur le Val, terre de son avenir. A nouveau, elle passa sa tête par la fenêtre du carrosse, à la recherche d'air, mais cela ne suffit pas. Elle avait besoin de s’éloigner de ce convoi. Elle avait besoin d'accorder un moment à  Lady Lysa avant de revêtir pour de bon le visage publique de la dame de ses terres, la dame du Val.

« Arrêtez la voiture ! », commanda-t-elle au cocher.

« Ma dame ? » s’enquit un soldat qui venait vers elle, alors qu’elle sortait sans aide du carrosse. « J’ai besoin d’air. », accorda-t-elle pour seule explication, rassemblant la force mentale qui lui restait pour empêcher ses larmes de s'échapper maintenant et de la trahir lamentablement.

« Lady Arryn, tout va bien ? », insista un autre.

« J’ai juste besoin de prendre l’air un moment. Laissez-moi », ordonna Lysa, sans s’arrêter de marcher, quittant bientôt le chemin tracé par la route royale pour l’orée du bois qui l'avoisinait.  

Et là, à l'abri des regards indiscrets, face à cette montagne qui lui semblait finalement infime à côté de sa tristesse, la dame du Val libéra enfin ses larmes...
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Alea jacta est
Chapitre Trois : Premier né.

284, Lune 13.
Lysa comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas. Elle avait beau être exténuée, elle avait souffrir énormément depuis de très longues heures, elle était encore suffisamment consciente et éclairée pour savoir que ce n’était pas normal. Alors, qu’on venait de lui dire qu’elle était proche de la fin. Alors qu’on venait de lui annoncer la délivrance et l’arrivée de son enfant, plus un bruit ne troublait le silence de cette pièce qui avait entendu résonner ses cris de douleurs durant de longues heures.

« Qu’est ce qui se passe ? », dit-elle, se redressant malgré sa peine. Elle n’en pouvait plus mais elle avait trouvé cette force en elle de se redresser et de poser cette question, sur un ton clair et audible. Elle voulait le voir, son enfant. Elle voulait qu’on lui dise ce qui n’allait pas, tout de suite. Non, en fait non, elle voulait qu’on lui dise que tout allait bien, que ce n’était pas ce qu’elle pensait. Qu’elle allait l’entendre pleurer bientôt.

Oh, comme elle l’avait attendu cet enfant. Dès qu’elle s’était découverte enceinte, Lysa s’était impliqué corps et âme dans sa maternité à venir. Cet enfant, même s’il était de Jon, un mari auquel elle n’était liée que politiquement et non sentimentalement, elle l’aimait déjà tellement. Elle ne faisait que penser à lui. Serait-ce une fille ou un garçon ? A quoi ressemblerait-il ? Comment l’appellerait-elle ? Elle l’aimait, elle l’aimait, elle l’aimait. Plus encore, elle avait besoin de lui. Elle avait besoin de devenir mère, d’avoir quelqu’un à aimer, quelqu’un qui aurait besoin d’elle et dont elle aurait besoin aussi. Quelqu’un qui égayerait ses journées d’un simple sourire, quelqu’un qui lui donnerait une raison d’exister. Elle avait besoin de cet enfant.

« Qu’est ce qui se passe ? Pourquoi ne pleure-t-il pas ? », demanda-t-elle encore, d’une voix qui s’imprégnait de colère. Une colère due à la peur et à ce sentiment épouvantable d’impuissance. Elle savait. Elle savait ce qu’on allait lui dire. Mais, elle refusait qu’il en soit ainsi. Elle le refusait catégoriquement.
« Lady Arryn, je suis désolé, il n’a pas survécu… », entendit-elle.
Il. C’était donc un petit garçon. Son petit garçon.
« Quoi ? Non, sauvez-le, faites quelques chose ! », ordonna-t-elle.
« Lady Arryn…Je suis désolé, vraiment, mais il n’a rien à faire….Il est mort. »
Ce mot, un jour de naissance ? Non. Non, elle refusait de l’entendre. Lysa eut l’impression d’être entourée de fous. Pourquoi ne faisait-il rien ? Pourquoi n’essayait-il pas de sauver son enfant ? Il ne pouvait pas être déjà mort, non. Elle demanda à ce qu’on lui donne son enfant. Elle insista. Elle, elle allait faire quelque chose. Elle ne resterait pas les bras croisés.

« Non… », murmura-t-elle d’abord. Une main se posa sur son bras, en guise de soutien. Cela l’irrita encore plus. Elle ne voulait pas de soutien ou de mots de réconforts. Elle voulait son enfant, son enfant vivant ! Mais, il ne bougeait pas, il ne respirait pas. Elle chercha à entendre son cœur et elle n’entendit que le silence.

« Non, non, non, non, non », ne s’arrêta-t-elle pas de prononcer. Elle ramena son fils contre elle. Il aurait dû être en train de pleurer, il aurait dû être en train de bouger ses petits bras et ses petites jambes contre elle. Mais la vie n’émanait pas de cet enfant que Lysa tenait contre elle. La vie l’avait déjà quitté.

Lysa cessa de prononcer ses « non » répétés car le déni ne dure qu’un temps. Et lorsqu’il cède sa place à la réalité, et à l’effroyable sentiment d’impuissance qu’elle transporte dans son giron, c’est un cri comme on en entend rarement qui transperce le silence.
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Alea jacta est
Chapitre Quatre : Premier mort.

Les heures défilaient et Lysa observait alternativement plafond et mur, subissant l’incessant flot de ses pensées. Pourquoi ? Pourquoi son enfant lui avait-il été retiré sans qu’elle ne puisse même entendre sa voix et sentir battre son petit cœur contre le sien ?

Y-avait-il une raison à ce malheur ? Etait-ce une punition des dieux ?

Tombée enceinte quelques mois après son arrivée dans le Val, la jeune Lysa Arryn avait remercié les dieux, pensant qu’ils lui accordaient une seconde chance. La grossesse s’était déroulée à merveille, laissant la jeune fille tout le loisir de préparer l’arrivée de son enfant avec enthousiasme et optimisme. Elle, l’épouse d’un homme de cinquante ans son aîné, elle, l’une des deux dernières d’une maison détruite, pensait qu’elle allait enfin trouver sa place dans le Val et dans le monde, en devenant la mère d’un enfant, l’univers entier d’un petit être sans défense.

N’était-ce, finalement, rien d’autre qu’une cruelle punition ? Les dieux s’étaient-ils joués d’elle pour la punir davantage à l’aide de cet espoir éventré et de cette attente impatiente évanouie dans les pleurs et la tristesse ?

*

Si elle était sûre de vouloir se rendre au septuaire ? Aujourd’hui, elle n’en avait rien à faire du septuaire et des dieux, qui se montraient plus cruels que bienveillants. Mais, oui elle était certaine de vouloir assister à l’enterrement de son fils, quelle question ! Le mestre avait recommandé à la dame du Val de rester alitée. Jon lui avait réitéré les mêmes recommandations. Elle avait perdu beaucoup de sang durant l’accouchement, elle avait souffert durant de longues heures et aujourd’hui, quelques jours plus tard, elle était encore très faible, il est vrai. Mais, elle se devait d’être présente. Il n’y avait pas de négociation possible. Elle devait être là pour son fils.

*

C’était une très belle journée. L’été était de retour depuis peu sur Westeros. Les oiseaux chantaient dans les arbres et les montagnes valoises offraient un sublime panorama sur la verdure revenue de cette chaude saison. Il y aurait dû avoir un banquet pour fêter la naissance de l’héritier du Val. Il y aurait eu avoir une fête, des chanteurs, des cadeaux, des comédiens. A la place, un cortège solennel marchait derrière un minuscule cercueil blanc, porté par deux chevaliers du Val. Vêtue de noir, un foulard recouvrant une partie de ses longs cheveux roux, la jeune fille de dix-sept ans marchait aux côtés de son vieil époux. Il lui avait offert son bras et elle l’avait pris ; elle était encore très faible et la marche du septuaire au cimetière, même si elle n’était pas longue, demeurait une épreuve supplémentaire.

Dans un premier temps, elle marcha, déconnectée de la situation. Elle regardait ce petit cercueil devant elle. Et elle savait bien sûr, qui se trouvait dedans. Mais, c’était comme si son esprit lui imposait un rôle de spectatrice, pour sa propre protection. Cela lui donnait l’air forte, cela lui donnait l’air digne. Elle n’était pourtant pas réellement là. Il y avait ces tambours et cette trompette qui jouaient une marche funèbre. Elle écouta la musique et s’y accrocha.

Mais ensuite, lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin devant ce trou creusé dans la terre, le voile tomba. La marche funèbre était terminée. Privée de ce bruit parasite, Lysa se retrouvait seule avec ses pensées. Elle tenta de les chasser. « Je dois être là pour mon fils. Je dois être forte pour mon fils », se disait-elle. Elle chercha le regard de Jon. Pourquoi ? Elle n’aurait su le dire vraiment. C’était son fils aussi alors…Sans doute cherchait-elle du soutien. Elle le regarda un court instant seulement, alors que ses yeux rougissaient, témoin de sa détresse et de ses larmes à venir. Déséspérée, la jeune fille cherchait un geste de soutien. Et il arriva ; ayant senti son regard sur lui, Jon Arryn la regarda à son tour puis lui prit la main. Et rien. Cela ne lui fut d’aucune aide. Elle ne ressentit rien. Elle eut même envie de retirer sa main.

« Je dois être forte pour mon fils »

L’incongruité de la chose la frappa soudainement, comme cela arrive souvent. Son fils n’était pas là, il était mort. Tout le monde partait, tout le monde mourrait. Et son fils…Son fils n’avait même jamais vécu. Il n’avait pas besoin qu’elle soit forte, il n’avait pas besoin qu’elle soit là. Il n’était plus là. Il ne l’avait jamais été…

La reconnexion totale à la terrible réalité fut violente. Lysa sentit ses jambes se dérober sous son poids, mais tenta de rester debout. Elle sentit son cœur s’emballer, comme s’il criait son refus d’endurer la souffrance de cette réalité bien trop difficile. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux puis ses cheveux la gratter sous son voile, elle manquait d’air. Sa main s’échappa de celle de Jon pour repousser ce voile sur ses épaules et c’est son corps tout entier qui s’effondra finalement, rattrapé juste à temps par les bras de Jon.

Elle entendit les cris de ceux qui, dans ce petit comité, l’avait vue partir vers l’inconscient. « Qu’ils s’en aillent », pensa-t-elle. « Qu’ils me laissent seule avec mon fils ». Elle aurait pu leur dire, si elle en avait eu le temps car il n'y avait plus de place pour la dame du Val, en cet instant. La dame du Val n'était qu'une jeune fille de dix-sept ans. Une jeune fille de dix-sept ans qui venait de perdre un enfant. Mais, elle ne dit rien. Car l'instant d'après, ce fut le noir total ; son corps avait forcé la déconnexion...
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