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Love brings you home | Marthe & Lyra

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Love brings you home

An 302, Lune 8, semaine 1



Marthe Mormont & Lyra Norroit

La mer était calme. Grise, plate, infinie. Sans début et sans fin, Lyra n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que ce qu’elle laissait derrière elle ressemblait à l’horizon inerte qui l’attendait. La brume fantomatique bouchait la vue. Le bateau s’avançait dans du coton. D’ailleurs, tout était silencieux. Un de ces silences hivernaux. Un de ces silences de mort. C’était à peine si l’on entendait la coque fendre la surface des flots. Seuls les grincements du bois répondaient parfois aux voix des marins et des soldats de Winterfell qui se mouvaient en secret, cachés par les voiles.

C’était un voyage qu’elle connaissait. Un voyage qu’elle avait fait des dizaines de fois. La troisième ourse pensait le connaître par coeur. Que rien ne pourrait jamais plus l’étonner sur ce trajet familier qui reliait le continent à l’Île aux Ours. Pourtant, aujourd’hui, tout était différent. Le paysage n’avait pas changé, cependant. Il était immuable. Elle reconnaissait presque l’ondulation de l’eau pour l’avoir observée de si longues heures durant les traversées. Pourtant, elle n’était plus la même. Dans son sillage, elle laissait, une fois encore, les mirages d’un bonheur éphémère.
D’ordinaire, toujours ravie de rentrer chez elle, elle se laissait aller à la rêverie sur le pont, les yeux perdus tantôt vers l’horizon, tantôt dans la noirceur d’encre des profondeurs. Elle songeait à ce qu’elle ferait en rentrant, à la chasse, à sa harpe, à son chien. Des pensées simples qui lui venaient naturellement. Maintenant, elle ne savait plus comment s’y prendre. Son esprit, embrumé par des sentiments contraires, ne parvenait guère à se focaliser sur autre chose que sur l’appréhension qu’elle avait de revoir sa maison. Elle n’y était pas retournée depuis son mariage, il n’y avait pas si longtemps, et pourtant elle avait l’impression désagréable d’être partie depuis dix ans.

Elle craignait de découvrir ce qu’elle y trouverait. Elle craignait du sentiment de vide qu’elle éprouverait. Elle craignait de ressentir plus vivement encore l’absence de sa mère.
Car, à Winterfell, l’annonce de la mort de la matriarche lui était apparue comme irréelle. Encore aujourd’hui, elle ne parvenait à y croire. Ou pouvait-elle donc se trouver ailleurs que sur son île ? Auprès de ses filles ? Auprès de son peuple ?
Mais Lyra savait. Elle savait qu’elle ne la trouverait pas auprès du feu. Qu’elle ne serait pas non plus à arpenter les villages de pêcheurs. Et qu’elle ne l’embrasserait pas lorsqu’elle poserait le pied sur la jetée. Mais encore une fois, tout cela n’était que pensées. Rien de tangible. La réalité la frapperait bientôt, elle en avait conscience. C’était de cela qu’elle avait peur.

Qu’en pensait Dacey ? Alysanne ? Jorelle ? Lyanna ? Marthe ? Comment les trouverait-elle ? Dans la lettre de son aînée, elle n’avait pas réussi à capter son état d’esprit. L’héritière, désormais chef, de la famille Mormont avait toujours eu un tempérament sérieux qui ne laissait que rarement filtrer les émotions. Elle l’avait bien reconnue à travers les mots funestes, fermes et décidés. Mais encore une fois, les choses seraient peut-être différentes.

« Terre ! »

La voix éraillée de l’homme, perché à l’avant du navire, se perdit dans le brouillard. Arya se précipita à l'avant du navire pour avoir une meilleure vue. Quant à Jon, il resta non loin d'elle, mutique. En plissant les yeux, Lyra aperçut les falaises escarpées de l’îlot et en reconnut sans mal chaque pointe rocheuse. Instinctivement, sa main vint se porter sur son ventre. Celui-ci était déjà rond, mais bien dissimulé sous son manteau de voyage, il paraissait être de l’embonpoint. Mince et fluette, cette boursouflure donnait à Lyra une allure étrange.

« Rentrons à la maison, » chuchota-t-elle.



DRACARYS
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Lyra
Norroit

Marthe
Mormont

Love brings you home
   Il lui faut un instant pour remarquer les déplacements de garde et les bruits caractéristiques, métalliques, des armes brinquebalée dans leurs fourreaux. C'est qu'avec les yeux encore collés il est plutôt difficile de discerner correctement le monde qui vous entoure. Ajoutez à cela le fait que Marthe n'est définitivement pas du matin et vous aurez l'image d'une Oursonne qui fait de son mieux pour garder son équilibre tandis qu'elle s'avance vers le tonneau rempli d'eau situé là, à côté de la chaumière. Il lui faut briser la glace qui s'est formé à sa surface avant de pouvoir y plonger la tête. Le choc est brutal mais c'est exactement ce qu'elle attendait d'une telle entreprise. Aux grands maux les grands moyens. Lorsqu'elle retire le visage de l'eau, ce qui ne tarde évidemment pas à arriver, elle s'est enfin extirpée de ses rêves éveillés. Ce qui lui permet de considérer l'empressement des soldats avec l'intérêt qu'il mérite.  « Eh ?! S'passe quoi ? » L'un des hommes d'arme s'arrête et contente très vite la curiosité de la jeune noble. « Un navire s'approche d'la côte, Lady Marthe ! » Plus que l'information en elle-même, c'est avant tout la manière dont elle lui parvient qui attire son attention. « J'suis pas une L'dy... » soupire-t-elle, lasse. Elle ne compte plus le nombre de fois où elle a tenté de le faire comprendre aux habitants de l'île. Il semble que ce soit une cause perdue. Tant qu'elle sera une Mormont - et elle compte bien le rester jusqu'à la fin de ses jours ! - elle semble condamnée à vivre avec ce titre qui lui colle à la peau aussi sûrement que la sève des arbres. Le garde patiente encore un instant puis, ne sachant que répondre ou voyant qu'elle n'attend plus rien de lui, se hâte de rejoindre ses camarades pour faire face à l'éventuel envahisseur. C'est que la sécurité s'est drôlement renforcée depuis que la Mère des Ours n'est plus. Il suffit à l'enfant d'y songer pour que ce point mystérieux, invisible, lui torde les entrailles. « M'rci ! » Les remerciements sont un brin tardifs et très vite suivis d'un long bâillement qu'elle ne cherche même pas à réprimer. Ce qu'elle peut détester les matins... Mais si les désirs personnels ne sont pas ignorés sur l'Île aux Ours, les devoirs et les obligations le sont encore moins. Marthe se drape rapidement dans ses peaux, récupère ses armes et se hâte finalement de rejoindre la côte pour réceptionner ce fameux navire. Elle doute qu'il s'agisse des Bolton. Pas à bord d'un seul navire. En réalité l'arrivée de l'embarcation lui procure du plaisir et non des inquiétudes. Elle espère qu'à son bord se trouve Lyra ou Jorah. Peut-être même les deux à la fois ? Elle fait de son mieux pour ne pas céder à l'appel de cet improbable espoir.

   Elle arrive essoufflée sur les quais du petit port de l'île et les yeux encore rougis par la nuit qu'elle vient de passer. Elle a retrouvé le sommeil. Ou alors la fatigue a fini par la terrasser. Elle ne saurait dire. L'Oursonne se sent coupable de parvenir à nouveau à dormir. C'est... comme si elle trahissait sa grand-mère ou, du moins, sa mémoire. Comme à chaque fois qu'elle sourit ou qu'elle plaisante. Le plus dur semble passé. La tristesse et la douleur persistent mais laissent maintenant plus de place à d'autres sentiments. Le désir de vengeance est désormais le plus imposant d'entre eux. Elle suppose que la haine qu'elle ressent pour ce Ramsay est une bonne chose, le signe d'une guérison qui aura mis du temps à se dessiner mais qui a enfin débuté. En tout cas le navire continue de se rapprocher et lorsque les armoiries estampillées sur ses voiles sont enfin et correctement discernables, un large sourire se dessine sur le visage de l'enfant. Lyra ! « C'pas trop tôt ! » Le vent emporte sa remarque et les soldats se dispersent, certains pour retourner au donjon et d'autres pour prendre la relève de leurs camarades qui ont veillé toute la nuit. Et comme bien souvent lorsque l'on attend l'opportunité de pouvoir serrer à nouveau dans ses bras un être cher, le temps nécessaire à l'embarcation pour s'amarrer semble bien trop déraisonnable. Marthe est en train de sautiller sur place, autant à cause de l'excitation que du froid, quand enfin la tignasse de sa tante se dévoile à son regard. « Bon ben t'descends ou bien ? » réprimande-t-elle presque son aînée lorsque sa patience s'envole. Ce n'est qu'alors qu'elle peut se jeter dans ses bras et enfoncer son visage contre ses fourrures avec, semble-t-il, la ferme intention de ne plus jamais la lâcher. Et un manque de délicatesse flagrant, par ailleurs. « Il a été g'til avec toi l'Brandon ou faut qu'j'aille lui b'tter les fesses ? » demande-t-elle avec un réel intérêt après s'être enfin écartée de sa tante. Elle n'a pas oublié la promesse qu'elle a fait à l'époux de Lyra. Et elle espère que lui non plus ! Le regard de l'enfant se baisse ensuite sur le ventre de son aînée, suspicieuse. Elle a bien noté le subtil embonpoint de l'Ourse. Son sens de l'observation ou le simple fait de l'avoir serrée contre elle ne laissent que peu de place au doute. Un large sourire se dessine sur les lèvres de la gamine. « J'vois qu'ça bouffe bien chez les N'rroit ! » Le ton sur lequel elle a prononcé sa remarque prouve bien qu'elle ne croit que moyennement à la faute d'un simple régime alimentaire. Mais ces choses-là peuvent attendre et si Lyra a quelque chose à annoncer, elle le fera bien assez tôt. Le regard de l'enfant se ternit peu à peu tandis qu'elle s'avance pour venir saisir la main de la nouvelle arrivante et l'envelopper dans les siennes. « J'suis d'solée ! » Elle ne sait tout simplement pas exprimer ces choses-là. Elle sait bien qu'elle n'a pas à s'excuser pour la mort de Maege mais elle ne voit pas comment aborder autrement le sujet. Si Lyra est présente, c'est avant tout pour cette raison. Elles ont toutes beaucoup de choses à se dire. L'ìle que sa tante a quitté n'est plus la même que celle qu'elle est en train de retrouver.