[FB] Duty is the death of love [Maddy]

☾☾ La lettre d'Andar le hantait à la manière des histoires terrifiantes que l'on contait aux enfants qui, même adultes, ne parvenaient à les oublier. La mort de son père réveillait les souvenirs douloureux de la disparition de sa mère, de sa présence à ses côtés, sa main dans la sienne tandis qu'elle expirait son dernier souffle. Andar était sans doute, à présent, investit du même poids s'ajoutant à la nouvelle charge de seigneur qui était la sienne. Roches-aux-runes portaient le deuil d'un grand seigneur, juste et sage, qui disparaissait en laissant derrière lui, quatre enfants orphelins. La nouvelle de la mort de Yohn s'était répandu rapidement, à travers le Val tout comme Westeros et il avait pu compter sur le soutien de bien des gens attaché à sa maison, dans ce deuil qu'il débutait seul, attendant le retour de la délégation de Roches-aux-Runes parties plus tôt pour Port-Réal, funeste voyage dont le chef de file ne reviendrait jamais. Mais de tous, le plus grand soutien qu'il avait trouvé avait été les bras réconfortant de Maddy, partageant sa douleur comme si, elle même, venait de perdre son père. Seigneur apprécié, Yohn avait marqué ses gens de sa bienveillance et la jeune femme qui avait grandie au plus près des enfants Royce, était la mieux à même de saisir la peine de ce fils qui devait malgré tout garder la tête haute jusqu'au retour du reste de sa fratrie. Supposant que son aîné avait déjà informé la Garde de Nuit, et Waymar au Mur, il se concentra sur la préparation d'une cérémonie mortuaire pour honorer l'âme de son père, célébré au retour de son frère. Ce dernier n'avait pas du attendre trop longtemps pour reprendre la route du Val d'Arryn et arriverait d'un jour à l'autre, il en était certain. Dans ses habits noirs du deuil, Robar se sentait redevenir un enfant. La charge qui lui avait été confié de veiller sur la demeure familiale en l'absence de son père et de son frère, l'avait pesé, mais jamais autant que maintenant.

Accoudé sur la coursive intérieure du chateau, Robar observait les va-et-viens des domestiques, soldats et autres personnes présentes dans l'enceinte de Roches-aux-Runes. Il se sentait presque anesthésié, incapable de ressentir quoi que ce soit sous peine de laisser le champ ouvert à la douleur qui était la sienne. Le regard souvent dans le vide, il passait du brouhaha de la vie -bien moins dynamique depuis la triste nouvelle- à l'admiration du paysage alentour sans réellement s'y attarder. Il n'était même pas perdu dans ses pensées, incapable de formuler quoi que ce soit de cohérent à l'intérieur de son esprit, tout juste bon à ressasser les souvenirs, les derniers mots adressé par son père avant son départ pour Port-Réal. Il aurait du s'y opposer ! Peut être que s'il l'avait imploré de le laisser y aller à sa place. Soudain, sortant de son immobilisme, il secoua la tête. Cela ne servait à rien de se perdre en culpabilité vaine et ridicule: il n'avait pas été là et avait milles fois moins de droit à avoir ce genre de pensées. Il devait se montrer fort pour le retour d'Andar, d'Ysilla, d'Alys. Il ne devait plus s'apesentir. Et alors même que sa résolution se  dessinait dans son esprit, il revenait à un immobilisme mental. Il ne savait plus où il en était, ce qu'il faisait, où il allait. Quelle serait sa place désormais ?  Isolé de tous, il prenait un peu de repos dans ces instants de solitude qui venaient de manière quasi quotidienne, lui offrir l'occasion de cesser d'afficher son air concerné. Il se moquait bien de ce qu'on pouvait lui dire sur le nombre de bougies ou les réponses des nobles pour la cérémonie funéraire, il n'avait qu'à faire du prix du grain ou du rhume d'un palefrenier. Et pourtant, c'était toujours avec un sourire ou une mine plus sérieuse qu'il écoutait, hochant la tête, acceptant les excuses de ceux venus présenter le problème et les oubliait aussitôt. Il n'était pas un peu régent, il n'avait rien d'un gestionnaire. Il aurait préféré être là bas, chevaucher à bride abattu pour rejoindre sa famille, partager avec eux la perte de ce père tant aimé. Mais les ordres étaient clairs, son devoir était ici. Son devoir ...

La lettre d'Andar n'était pas porteuse que de funestes nouvelles concernant Yohn. Elle faisait également part d'un projet matrimonial qu'il aurait préféré ne jamais connaitre. En sauvant l'héritier au péril de sa vie, le nom de Royce était revenu jusqu'au oreille du Roi et, en guise de remerciement -Robar songeait avec ironie au terme de compensation- on lui proposait la main de la princesse. Rhaenys Targaryen. Une offre qui ne se refusait pas, un choix qu'on ne lui avait pas laissé. Meilleur moyen de tirer un trait sur le passé, d'oublier les rancoeurs avec les dragons. Un mariage inespéré pour  les Royce, un très beau parti pour un second fils. Mais ce n'était pas tant l'idée de ses prochaines fiançailles qui le rongeait. C'était sa stupidité. Cette lettre, il l'avait reçu alors qu'il se trouvait avec Elle. Et désormais les choses avaient changé. Les choses étaient parfaites quand ils se voyaient en douce, riant de cette relation secrète, n'ayant personne à courroucer puisque son célibat, à lui, n'humiliait nulle épouse ou promise et que son veuvage, à elle, remontait à suffisamment longtemps pour la paix de son esprit. Mais désormais, il allait se voir lier à une dragonne et il le vivait comme la plus grandes des trahisons qu'il aurait pu faire à sa maitresse. Alors que ses songes le menait à Elle, elle apparut. Ce fut par ses cheveux, d'un roux vif, qu'il l'entraperçu dans son champ de vision, tournant une tête fatiguée avant de se rendre compte de qui était sa visiteuse.  « Maddy ! » dit-il en s'éloignant de la rambarde, passant une main dans ses mèches blondes comme pour se recoiffer.

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AVATARS PAR ZUZ' & SHAIRA'

☾☾ Pour chasser l’odeur de fumée des chandelles fraîchement éteintes, l'insulaire avait ouvert la fenêtre. Le jour se levait timidement sur Roches-aux-Runes, un tiède rayon de soleil vint alors caresser la joue de la jeune domestique encore engourdie par le sommeil. Inutile de s’éclairer à outrance pensa-t-elle, encore aveuglée par cette éclaircie, mais elle resta debout, laissant ainsi son regard planer sur le paysage qui s’offrait à sa vue. La servante sans nom entendit le chant des oiseaux. Cela pouvait sembler banal, mais il y avait bien longtemps qu'elle n’avait pas prêté attention à ce mince instant de beauté que voulait bien lui offrir la nature. Elle ne fut pas émue pour autant, mais intriguée, car en elle un écho nostalgique résonna sur les notes de musique de l’animal à plume. Tout était si calme au-dehors, comme figé par la brume d'un matin frileux et dès lors, le silence lui semblait être omniprésent, seulement rompu par ces oiseaux qui chantaient le jour.

La domestique du Val était emmitouflée dans une épaisse couverture. Assise au rebord de sa petite fenêtre, un doux sourire se dessina sur son visage ivoirin tant la vue l'apaisait. Elle observait ces animaux voler près du soleil levant. Ils étaient tout aussi majestueux que merveilleux et offraient à Maddy un spectacle qu'elle n'était pas prête d'oublier. Et finalement, elle se rendit compte qu'elle les enviaient. Ils pouvaient caresser les nuages sinueux, danser avec les vents d'Est, mais surtout, disparaître en un seul battement d'aile. La fuite leur serait alors si facile. Rien ne semblait pouvoir les retenir... Il y avait quelques jours déjà, l'insulaire avait tenté de quitter les terres des Royces, mais un seul regard en arrière lui avait fait changer d'avis. Ysila était la seule personne qui savait ce qu'elle avait fait et connaissait ainsi la véritable raison de sa blessure qui ornait son front. La fille du maître d'armes était la gardienne d'un secret qu'elle ne voulait pas dévoiler, pas encore du moins... Maddy sentit une boule d'angoisse gagner son estomac en repensant à celui-ci. Puis, des larmes vint à brouiller sa vision et malgré sa violente envie de ravaler ses sanglots, elle s’effondra en silence. Une fois encore.

Le travail l'abrutissait. Ce n'était pas seulement une façon de fuir son jeune amant, mais cela occupait aussi son esprit embrumer par la tristesse. Sans une véritable occupation, une petite voix s’insinuait dans l'esprit de la servante et elle se faisait plus pressante lorsqu'il se trouvait près d'elle. C'était comme une litanie qui ne l'a quittait pas : les femmes sans noms ne gagnent jamais contre les princesses. Du levé au couché, elle se répétait cette phrase comme un mantra, se persuadant que tout ira pour le mieux, parce qu'ainsi allait le monde.  

Portant son panier de linge propre, la jeune femme arpentait les couloirs du château, changeant les draps, arrangeant les lits. Ce n'était pas son rôle, mais elle secondait les servantes dans leurs tâches. Toutefois, même si elle cherchait à passer le moins de temps possible à ses côtés, prétextant de travailler, son épuisement, le soutient qu'elle offrait à Ysilla, Maddy ne pouvait pas jouer d'avantage la comédie ou même de se cacher dans les couloirs. C'est dans ses moments-là où la jeune femme se rendit compte que le château n'était pas si grand que cela. Au loin, l'héritier d'Andar se tenait debout, se tenant à la rambarde. L'insulaire aurait pu faire demi-tour, il ne l'avait pas encore vu après tout, mais elle était fatigué de ce manège, alors elle inspira profondément et se rapprocha doucement. Se laissant presque la possibilité de partie en sens inverse.

Il avait prononcé son nom avec une douceur inattendue, rendant ainsi la situation encore plus intenable pour la fille du Stone. Posant son panier au sol, frottant ses mains entres-elles, Maddy cherchait désespérément le courage de dévoiler ce secret qui la pesait. Elle connaissait son destin. Et il n'était pas auprès d'elle.

- Robar... Elle a de la chance cette dragonne, elle aurait pu être fiancé à un Frey, ironisa-t-elle la voix plus grave qu'à son accoutumé.

Maddy essayait de dédramatiser la situation, mais l'humour n'était pas réellement son fort. Comme l'honnêteté de Robar en cet instant, car la jeune femme avait attendu – et beaucoup fuit – cette annonce.

- Andar me l'a appris, le soir où il perdu son fils...

Maddy croisa les bras, se remémorant ce souvenir. Tout deux assis dans ce placard poussiéreux, leurs havres de paix qui appartenait à leurs enfances, mais qui avait été un refuge pour des secrets dévoilés.

-Les chevaliers ne refusent pas les princesses, murmura-t-elle presque à elle-même, le regard fixé sur le sol.

Elle retenait ses larmes et y parvenait miraculeusement. C'était à peine si elle osait bouger ou même respirer, de peur qu'elle n'arrive plus à se contrôler.

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☾☾ Alors qu'elle apparaissait devant lui, il prenait conscience de ce qu'ils avaient pu vivre ensemble, et de la peine qu'il avait pu lui causer. A présent que les choses prenaient un tour différent, allant vers son enchaînement à une autre femme, il se rendait compte de combien il tenait à elle, au delà de l'amitié enfantine qu'ils avaient pu partager. L'attachement venait, certes, de ces moments passés ensemble, dans leur tendre jeunesse, lorsqu'elle n'était qu'une petite sauvageonne rousse faisant fi de son statut de fille pour les poursuivre à travers la cour intérieure de Roches-aux-Runes ou quand il cherchait à la faire rire aussi fort que Waymar. Cela, il l'avait comprit à son retour, lorsqu'une fois devenue veuve, elle était venue chercher le réconfort d'un père, l'amitié d'une famille qu'elle avait toujours connu. Il n'y avait pas non plus qu'en tant qu'amante. Bien sur, il appréciait leurs rendez-vous et l'aspect secret qu'elle tenait à garder dans leur relation, mais l'amour charnel était une chose qu'il pouvait trouver auprès d'autre -et il ne s'en était ni privé, ni caché. Avoir Maddy dans ses bras, partager son lit n'était que la suite logique de la place qu'avait prit la femme qu'elle était devenue: confidente émérite et oreille toujours présente, partageant joie comme peine avant que d'un baiser, ils ne franchissent une fois de plus, les lignes de rangs sociaux. Maddy l'impossible, l'inaccessible et pourtant sienne. Elle était un soleil dans ce château, une flamme qu'il n'aurait du qu'observer de loin pour ne point s'y bruler, et il l'avait touché. Aujourd'hui, elle laissait sa trace dans son âme autant que sur son corps et l'idée que, bientôt, cela appartienne au passé le rendait fou. Il avait beau se bercer d'illusion, chercher à se rassurer en s'inventant des films, au fond de lui il savait: cette relation ne pouvait pas continuer. On ne trompait pas la fille d'un Roi, on humiliait pas sa réputation en folâtrant avec une servante. Quelqu'est pu être le statut de sa maitresse au sein du château, elle n'était point de sang noble et toute relation était vouée à l'échec. Il n'eut qu'un rictus ironique pour la tentative d'humour: mais aucun n'avait réellement envie de rire. « Oui, c'est un miracle quand on songe à l'empressement de Lord Walder à marier ses enfants et petits-enfants. » Rire du seigneur des Jumeaux était encore la meilleure manière d'oublier qu'il serait prochainement officiellement lié à Rhaenys Targaryen. Il était vrai que Walder Frey semblait fomenter bon nombre de projets matrimoniaux pour sa descendance et le fait qu'il ait pu marier l'une de ses petites filles à l'héritier de Tywin Lannister -nain mais héritier de l'Ouest tout de même- prouvait bien que le seigneur Frey était loin de vouloir rencontrer son créateur.  

Alors qu'elle lui confiait en avoir été averti par Andar, il se maudissait de n'avoir trouver le courage de le faire lui même. Comment annoncer à la femme qui partageait votre couche depuis un moment que leur petite relation allait devoir s'arrêter prochainement ? Comment, en constatant la colère que provoquait ses écarts avec d'autre chez la rousse, lui annoncer qu'il allait sans doute se marier ? Il n'avait tout simplement pas pu. Andar n'était pas l'aîné pour rien ... « Je vois ... J'imagine que le moment était propice au mauvaises nouvelles. » La perte du petit garçon avait été douloureuse pour tout le monde. Il avait déjà vu Andar dans de mauvais moment, mais ce drame, il le vivait avec le reste de sa famille, avec son épouse. Robar appréciait Alys: elle avait de l'esprit et riait volontiers aux bêtises qu'il pouvait bien dire. Avec la mort du petit Yorwick, il accédait à un statut qu'il n'avait jamais eut: celui d'héritier. Il s'en serait bien passé, ayant la sensation que cela se faisait au détriment de la famille de son frère, au détriment de ses propres désir. Robar n'avait pas d'ambition politique, il ne désirait pas le pouvoir et le titre de seigneur. Il n'avait pas été élevé dans ce but. Aussi, savoir que, si le mariage demeurait infécond, il hériterait du titre de son frère et de ses obligatiosn, le mettait mal à l'aise. Il n'osait imaginer l'état de son aîné lorsqu'il avait apprit la nouvelle à la jeune femme, ni celui de Maddy en découvrant que son amant épouserait bientôt une princesse. « Je ... Je suis désolé, j'aurai du te le dire moi même mais ... Je n'y arrivais pas. » La nouvelle l'avait laissé littéralement sans voix. Il n'imaginait pas cela possible, lorsque Yohn Royce avait quitté le fief familial pour Port-Réal. A vrai dire, s'il devait être honnête, il n'avait jamais pensé mariage. L'union d'Andar avait été l'occasion d'une alliance avec les Grafton, mais aucune opportunité ne semblaient venir pour le cadet de la fratrie. Avec le départ de Waymar pour le Mur, ne restait qu'Ysilla et lui. Il s'était dit que cette place de second lui donnerait plus de liberté, peut être même la possibilité d'avoir le choix. S'il avait su peut être aurait-il chevauché avec Waymar en direction de la Garde de Nuit ! Car après tout, les derniers mots de Maddy n'étaient pas infondé: on ne refusait pas la main d'une princesse. Il soupira. « Si seulement je pouvais te détromper. Malheureusement, je doute qu'on me laisse vraiment le choix. Tout cela repasse encore et encore dans mon esprit: je comprends que Père ait voulu ... Faire table rase du passé mais ... De là à épouser la fille du Roi. » Il savait combien son père voulait pacifier les relations avec la Couronne, surtout après avoir vu les Tully de Vivesaigues, chez qui Andar avait fait son apprentissage, s'éteindre après la Rébellion ratée du Baratheon. Même si le sauvetage du prince Targaryen s'était fait contre la vie du seigneur de Roches-aux-Runes, il n'imaginait pas ce qui avait pu passé par la tête du Roi pour proposer la main de sa fille. N'y avait-il pas meilleur parti ? Robyn Arryn était bien jeune, mais il y avait bien d'autres héritiers de maison suzeraines qui devaient être plus à même de l'épouser. Bien sur, il fallait oublier Hautjardin et Castral Roc mais une union avec Corneilla ou Winterfell n'aurait rien eut d'étonnant et aurait été bien plus prestigieuse. Mais non. C'était sur lui que ça tombait, la dernière personne au monde à se réjouir d'épouser une princesse. Ironie des dieux. Il finit par considérer avoir assez songé à sa future promise: il aurait suffisamment de temps pour se poser tout un tas de question et pour l'heure, tout ceci faisait suffisamment de peine pour qu'il n'enfonce davantage le couteau dans la plaie. « Tu sais au fond que ce n'est pas ce que je veux. » dit-il en relevant les yeux vers elle, suppliant presque de sa voix qu'elle le regarde à nouveau. Il demanda « Tu le sais, hein ? » Après tout, ne le connaissait-elle pas mieux qu'aucune femme dans ce royaume ?

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